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Giraudoux : " Le peuple de France est le plus intelligent du Monde. C'est vrai... mais c'est un peuple de 5000 personnes".
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Giraudoux : " Le peuple de France est le plus intelligent du Monde. C'est vrai... mais c'est un peuple de 5000 personnes".
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Giraudoux : " Le peuple de France est le plus intelligent du Monde. C'est vrai... mais c'est un peuple de 5000 personnes".
... Ici Radio Courtoisie, la radio libre du pays réel et de la francophonie. Dans le cadre des archives de Radio Courtoisie, voici le libre journal de Jean Ferré du 21 mai 2001. Nous revoilà. Cher Jean Dutour, bonjour. Comment ça va ? Bien, quand je vous entends. Ah bah comme c'est gentil de me dire ça. On dit toujours des choses gentilles dans ce studio avec vous. Oui, c'est vrai ça, c'est vrai, c'est vrai. Alors dites-moi, dans notre petite préparation hebdomadaire, vous m'avez cité une phrase de Giraudoux qui m'a bien intéressé. Ah bah il avait comme ça des éclairs, Giraudoux. Giraudoux, oui, oui, la phrase que je vous ai citée, je me la rappelle, c'est Giraudoux disait, le peuple de France est le plus intelligent du monde. C'est vrai. Mais c'est un peuple de 5000 personnes. Ah, c'est pas mal, mais je voudrais quand même vous faire optionner de... Je trouve que c'est déjà pas mal, être un peuple de 5000 personnes, c'est d'être le plus intelligent du monde. Vous savez, un écrivain... Ça c'était comme ça en 1935, maintenant je sais pas si ça a pas un peu changé. Ah bah attendez, parce que la question que j'allais vous poser, c'est qu'il parlait pour 5000 personnes pour 40 millions. Bah oui, voilà. Maintenant on en a 60. Alors ça a dû descendre à 2500 personnes. Ah bon ? Oui. La quantité fait pas la qualité ? Bah non, rarement. C'était un peu d'ailleurs le sujet d'un article que vous aviez donné dans un... Ah bah oui, ça m'a fait foutre à la porte de François, oui, oui, oui. Oui, mais que... Bah voilà. Et la deuxième question, c'est que c'est pas très gentil, parce que quand même, à Radio Courtoisie, nous avons plus de 2500 auditeurs. Bah oui, j'espère bien. Bon, très bien. J'espère bien, parce que ceux-là ils sont à part. Ah ! C'est des Français immémoriaux. Qu'est-ce que vous avez lu de beau ce temps-ci ? Qu'est-ce que j'ai lu de beau ? Ah bah j'ai lu un très petit, un petit, un livre très marrant de Patrick Rambeau. Ouais ? Qui sont des interviews imaginaires de Pivot, enfin des apostrophes imaginaires de Pivot. En 1950, 52, 53 ou 55. Alors il invite Moriac, il invite Sartre, Céline, et il les fait parler, et c'est très amusant. Ils sont sur le même plateau ensemble ? Ils sont sur le même plateau ensemble, et qui s'engueulent plus ou moins. Y a André Brodson en particulier, avec lequel j'ai l'impression que Patrick Rambeau a un compte à régler. Ah bon ? Ah oui, comme ça, là. Par exemple, qu'est-ce qu'il dit ? Oh bah vous savez, la façon dont il le présente, cet espèce de personnage prud'hommesque et un peu ridicule, je ne sais pas, là j'ai senti chez Patrick Rambeau, chez l'auteur, une certaine rancœur posthume. Mais vous savez, il était un peu agaçant, le pauvre André Brodson. Moi je me souviens, j'avais écrit une nouvelle qui s'appelait Ludwig Schnorr, ou La marche de l'histoire, que j'avais écrite un peu dans la manière de Borges, c'est-à-dire comme si c'était un truc vrai avec des extraits de journaux de l'époque, c'est l'histoire d'un révolutionnaire 48 heures venant d'Allemagne, il y avait 5 lettres, Abakounine en particulier, enfin des trucs comme ça, et ça avait l'air très vrai. Et cet espèce de couillon d'André Brodson est tombé dans le panneau, et ça a fait une histoire absolument terrible. C'était à l'époque de votre recueil qui s'appelle La fin des peaux rouges ? Non, ça s'appelle Les Dupes. Ah bah oui, vous moquiez aussi de Sartre dedans, il me semble, non ? Oui, il y a un effet, je l'appelle Monsieur Mélas. Oui, c'est pas très gentil. Mais finalement, en Breton, Sartre vous les a tous payés, hein ? Bah, qu'est-ce que vous voulez ? Il était très exaspérant, de leur vivant. Maintenant qu'ils sont morts, c'est tout à fait autre chose. On va peut-être se faire de la littération plutôt dans l'anecdote littéraire. Ouais, il continue d'embêter le monde. Pour revenir au bouquin de Rambeau, donc il met sur le même plateau Sartre et Céline ? Oui, il y a Sartre et Céline. Oui, vous vous rappelez que Céline appelait Sartre pour l'échapper du vocal ? Oui, l'agiter du vocal. Oui, l'agiter, pardon, l'agiter. Alors, ils doivent se battre sur le faux plateau d'apostrophes des années 50. Ah, c'est assez rigolo, c'est bien fait. Vous savez, c'est un type de talent, Rambeau. Moi, j'aime beaucoup. Je me rappelle, j'ai été un de ses supporters les plus ardents quand l'Académie lui a donné le grand prix du roman pour La Bataille, qui est un très bon livre, très bien. Mais vous savez, un des trucs les plus formidables qu'il ait écrit, c'était son pastiche de Marguerite Durand. Oui, oui, oui, je me l'ai lu, c'est très amusant. Et après ça, il s'en est pas relevé. Oh, vous croyez ? Oh, c'était plus vrai que vrai. Oui, c'est bien, enfin. C'était très ennuyeux, mais c'était de l'ennuyeux rigolo avec Rambeau. Tandis qu'avec Durand, c'est de l'ennuyeux ennuyeux. Ah, ben, c'est de l'ennuyeux pur. Alors, j'ai trouvé que c'était une très, très bonne idée qu'il y avait eu Rambeau, mais il a toujours plein d'idées rigolotes. J'étais avec lui hier, là, dans le salon du livre en Vendée, à Montaigu, et il est très marrant. Mais je trouve, je vais le lire, mais je trouve que ça aurait peut-être été encore plus rigolo de faire un apostrophe qui se déroulerait non pas en 1950, mais en 1850. Ah, ben oui, bien sûr, oui. Juste un an avant la mort de Balzac. Oui, avec, sans doute, Mérimée, Baudelaire, Flaubert, en supposant qu'ils étaient... Je vais vous dire, ceux-là, on les aime bien, hein. Oui, on les aime bien, je trouve. Ouais, ben, enfin, les écrivains entre eux, ça peut être... Je suis pas absolument sûr que vous ayez raison contre Rambeau. Et en 1750, un apostrophe en 1750, alors. Oh, et puis alors, et puis alors, Rue de Boeuf, aussi, pendant qu'on y est. Ah oui, peut-être même. Oui, Rue de Boeuf, c'est ça. Avez-vous regardé Lost Story ? Ben, j'en ai regardé un petit bout, puis j'ai trouvé, j'ai eu deux réactions. D'une part, j'ai trouvé ça tout à fait passionnant comme phénomène social, et deuxièmement, je me suis rasé, parce que finalement, c'est pas rasoir. Et c'est quand même une forme moderne édulcorée des jeux du cirque, hein. Oui, mais il n'y a pas de mort. Ah non, il n'y a pas de mort, mais il y a quand même une espèce de mise à mort. Et c'est ça qui plaît aux gens, d'ailleurs, c'est pour ça qu'il y a un tel succès. Oui, je crois que les gens... Le jour où on remettra les exécutions publiques et la guillotine en place de grève, ou bien à Boulevard Aragaud, à ce moment-là, vous aurez des foules entières qui se presseront pour voir les gens cracher dans le son. Alors, vous êtes en train de nous dire qu'ils attendent que quelqu'un d'érable prenne un couteau de cuisine. Est-ce qu'ils ont des couteaux de cuisine, d'ailleurs, dans le Loft ? Ben, non, mais ils pourraient. Ou alors, vous savez, avec les appareils ménagers... C'est ce que je disais, c'est pas intéressant de faire du voyeurisme avec des exhibitionnistes. Ben oui ! Ben oui, c'est vrai, parce qu'effectivement, c'est pas vulgaire. L'exhibitionnisme ouvre son imperméable et fait d'avance ce qu'on verra. Oui, par définition, le voyeur, il veut voir sans être vu. Il veut voir sans être vu, et puis il veut voir des choses que tout le monde ne voit pas. Eh oui ! Eh oui, voilà. Ah, les années 50, quand les voitures s'ouvraient par l'avant, on en voyait des choses. Oh là là ! Il y a l'abbé Vartel, on parle de voyeurisme, donc il intervient. Oui, alors ? À propos de voir des choses qu'on ne voit pas, puis je vais vous poser une question. A qui vous voulez poser une question ? A vous-même. A moi-même, l'abbé ? Il s'agit de vos œuvres qu'on ne voit pas. Envisagez-vous de faire une édition complète de vos œuvres, par exemple dans la Pléiade ? Oui, moi je l'envisage tout à fait, mais c'est l'éditeur qui l'envisage pas. Et il n'y a pas un éditeur qui envisage cela ? La Pléiade, il n'y a qu'un éditeur qui l'envisage. Il n'y en a qu'un seul, pour vous ? Oui, il n'y en a qu'un seul. Alors, moi je veux bien, oh là là, je ne suis pas contre. Ah bon, c'est déjà quelque chose, on peut au moins le savoir. Oui, à propos d'œuvres complètes, bonjour M. Dutour. Bonjour. La semaine dernière, dans la bibliothèque de l'Alliance Française à New York, j'ai eu le plaisir d'apercevoir les œuvres de Jean Dutour, pratiquement toutes. Oui, enfin, on a fait des recueils, oui, c'est vrai, mais enfin... D'abord, est-ce qu'il y a une bibliothèque dans le Love Story ? Non, je ne crois pas. Non, non, non, il n'y a pas de bibliothèque. Il doit y avoir de la musique bruyante. Mais savez-vous si les participants savent lire ? C'est une bonne question que vous venez de poser, là. Ah oui ? On donne aux Français l'exemple, un modèle de vie. Il y a, je ne sais pas combien, quel pourcentage d'imbéciles, 30 ou 40% d'imbéciles, des Français, donc les plus bêtes, qui regardent ça. Personne encore n'a posé la question, comment peuvent-ils vivre sans lire ? Oui ? Ah oui, c'est extraordinaire. Ils n'ont pas le droit d'avoir des journaux et tout ? D'accord. Non, mais ils ne savent pas lire, les pauvres chéris. Ils pourraient avoir, je ne sais pas, même un petit polar, quelque chose. Mais ils ne savent pas lire, les pauvres chéris, pourquoi mieux qu'ils sachent lire ? Personne ne leur a appris. Est-ce qu'ils ont des stylos et du papier, aussi ? Non, bien sûr que non, pourquoi faire ? Faut faire des dessins. Je ne sais pas, oui, déjà, ça serait pas mal, ça serait un début. Ça serait déjà quelque chose. Mais on ne leur a pas donné de machin pour faire des tags sur les murs. Ah, des bombes pour taguer les murs, ça oui, peut-être. Je ne vous posais pas cette question pour que nous fassions de la pub à cette infamie. Je voulais simplement avoir vos commentaires, mais je crois que je n'en parlerai plus. C'est pauvre, on ne vit pas dans une époque très à stress spirituel. Oui, ça confirme, en tout cas, ce qu'a dit ce type qui n'était pas un grand artiste, mais un type qui avait souvent des visions profondes, qui en dit Warhol, car c'est lui le véritable père du Loft Story. Il s'est payé un loft dans les années 50 à New York, une caméra 16 mm, il a filmé ses copains, il en faisait des films qui passaient à la Cinémathèque. On allait les voir dans les 60, au bout de 10 minutes, on se tirait tellement c'était ennuyeux. Et il a quand même dit, tout le monde aura droit à 5 minutes de célébrité. Les gens, ils ont 70 jours. Et Festival de Cannes, alors ? Je n'ai pas été invité. Ah bon ? Je l'ai été autrefois, quand j'étais juré au Festival de Cannes. Non, mais je me suis fait un copain d'abord, absolument charmant, que je n'ai jamais revu depuis. Pendant les 3 semaines que le Festival a duré, j'étais absolument enchanté, on ne sait pas qui c'était. C'était un charmant homme qui s'appelait Mario Soldati, qui était un cinéaste italien. Mais attendez, c'est avant tout un écrivain. Un écrivain, d'accord. Et son film le plus célèbre en France, c'est La fille du fleuve, avec Sofia Loren. Oui, oui, oui. Et c'était un type absolument adorable. Il vous avait présenté Sofia Loren aussi ? Non, Sofia Loren, j'ai connu autrement. J'ai connu un jour où j'ai été invité à déjeuner par Lazareff. Il m'avait mis à côté d'elle et j'étais ébloui. Ah bon ? C'était une femme merveilleuse, elle était belle. Et en même temps, un esprit charmant de vieille mama sicilienne, ou de vieille mama napolitaine. Enfin, elle n'était pas tante. Mais vous avez toutes les chances, on vous met à côté de Sofia Loren. Oui, mais on n'a pas toutes les chances, on n'est pas profité. Ah, d'accord. On vous a peut-être mis aussi à côté de Marilyn Monroe ? Non, on ne m'a pas mis à côté de Marilyn Monroe, j'aurais bien voulu. Que Marguerite Durand ? Oui, mais ça, je ne crois pas que c'était son type. D'ailleurs, je crois qu'elle l'a dit que ce n'était pas son type. Ah, ça, c'est une bonne nouvelle pour tout le monde. Enfin, intellectuellement. Cher Jean Dutour, notre quart d'heure hebdomadaire. Ah ben déjà, je n'ai même pas dit bonjour à la Beverstelle. Ah oui, mais vous avez répondu à ma question. Oui, mais vous savez pourtant que je vous porte dans mon cœur. Je vous rends la réciproque du plus profond de mon cœur. C'est pas mal, parce que vous êtes un homme d'église, un homme de Dieu, mais moi qui ne suis pas un homme de Dieu, c'est parce que je suis un homme de Dieu, mais pas un homme d'église. On sent que vous le dites, il y en a beaucoup d'autres. Eh ben, moi, je vous porte dans mon cœur, voilà, c'est ça que je voulais vous dire. Pour la prochaine émission, dressez la liste de toutes les créatures de rêve qu'on a placées à côté de vous. Ah ben oui. Il ne faudra plus d'un quart d'heure. Alors, écoutez, il y a une dernière chose dont je voulais parler, c'est le numéro du littéraire de la semaine dernière. Faut-il mettre les auteurs vivants au programme du bac ? C'est intéressant, ça. Oui. Moi, je suis absolument con. Je crois qu'il faut qu'on ne fasse étudier aux étudiants et aux écoliers que des auteurs morts depuis plus de 50 ans. De même que quand un type meurt, il ne faut pas lui donner tout de suite une rue pendant 50 ans. Au bout de 50 ans, on sait à quoi ils ne sont pas là. Vous dites ça vous, mais vous avez votre place. Ah, c'est une petite... Oh oui, mais pas à Paris. Ça, c'est dans un petit patelin. Oui, mais dans ce patelin-là, ils en sont fiers. Cher Jean Dutour, je vous dis à lundi prochain. Eh ben oui. Et un grand merci pour cette conversation hebdomadaire. Ah ben, ça me fait plaisir.