Details
Nothing to say, yet
Nothing to say, yet
Arline Bagdane, a Belgian-Armenian, is currently the interim president of the Prime Minister's Chancellery. She discusses her career in the Belgian public administration and her experiences as an Armenian in Belgium. She emphasizes her gratitude to Belgium for the opportunities it has provided her and her commitment to public service. She also discusses the importance of maintaining connections with her Armenian heritage, particularly through language and the need for an Armenian school in Belgium. Bonjour chers auditeurs pour cette nouvelle édition de l'émission de Belgarhaï, 100 ans de parcours arménien. Comme à chaque émission, nous aurons l'occasion aujourd'hui de rencontrer un ou une Arménienne de Belgique et de découvrir son histoire. Mais je dois vous prévenir, aujourd'hui, hélas, Arminé Haréyan n'est pas là et vous êtes donc seul avec moi et je mènerai l'interview en français uniquement. Lors de notre dernière émission, notre invité nous avait recommandé de nous tourner aujourd'hui vers Arline Bagdane que j'ai le plaisir d'accueillir aujourd'hui. Nous avons pu mettre la main sur elle et j'ai donc le grand plaisir de saluer Arline. Bonjour Arline. Bonjour Nicolas. Voilà. Alors Arline, tout de suite ma première question. Parle-moi de toi. Qui es-tu et quelle est ton occupation ? Je m'appelle Arline Bagdane. Je suis actuellement présidente ad interim de la chancellerie du Premier ministre. Et depuis 9 ans, directrice générale communication externe, toujours à la chancellerie du Premier ministre. Qu'est-ce que c'est la chancellerie ? C'est l'administration du Premier ministre. Donc on s'occupe de tout ce que le Premier ministre nous demande de faire en matière juridique, l'administratif de communication. On fait en sorte que le Premier ministre ne s'occupe pas des choses au secondaire. On le soutient dans l'exercice de sa fonction de Premier ministre. Donc tu es responsable de toute l'administration du Premier ministre. Oui, affirmatif. Sur les questions non politiques, si je comprends bien, c'est le cabinet qui s'occupe des questions politiques ? Tout à fait. Donc il y a d'un côté l'administration qui s'occupe de tout ce qui est administratif justement. Et puis de l'autre côté, il y a le cabinet. C'est ainsi dans tous les services publics fédéraux. Le cabinet s'occupe de toutes les affaires politiques, arrive avec le Premier ministre et part avec le Premier ministre. Alors que l'administration est neutre et reste en place et veille à la continuité des services et du fait que tout tourne de la même manière d'un Premier ministre à l'autre. Et moi, je suis actuellement, je travaille actuellement avec mon quatrième Premier ministre. Et quel a été le premier alors ? Elio Di Rupo, ensuite Charles Michel et puis Sophie Villemette. Maintenant, c'est Alexandre Decroix. D'accord. Donc tu as eu l'occasion de comparer et de te faire une idée. Alors repartons en arrière. Comment est-ce que tu es arrivée en Belgique ? Parce que tu n'es pas née en Belgique, si je suis bien informé. Je ne suis pas née en Belgique. Je suis arrivée en Belgique quand j'avais 19 ans pour les études universitaires. Donc moi, je suis née à Istanbul, en Turquie, d'une famille arménienne. Je suis arrivée tout à fait par hasard en Belgique. Ça aurait pu être la France. Ça aurait pu être aussi la Suisse. À Istanbul, j'ai étudié dans une école française, dans un lycée français, le lycée Saint-Benoît. Et ensuite, pour les études universitaires, on s'est dit que ça serait peut-être bien de les entamer en Europe, dans un pays francophone. À ce moment-là, quelqu'un m'a dit qu'en Belgique, on parlait français. J'étais incapable à l'époque de mettre la Belgique sur une carte. Mais voilà, de fil en aiguille, j'avais quelques contacts avec le consulat, une liste d'universités francophones, des échanges, une acceptation. Et puis je me suis retrouvée en septembre 1990 en Belgique à l'ULB pour entamer des études en journalisme et communication, des études que j'ai faites pendant 4 ans. Et puis j'ai encore fait une spécialisation en études européennes, à l'Institut d'études européennes. Pendant mes études, j'ai rencontré le père de mes enfants qui, lui, est Belge. Donc du coup, ça fait 32 ans, voire 33. Je suis toujours là. Tu as commencé ton parcours. Et après, donc, tu as épousé le père de tes enfants. Tu as eu deux enfants. J'ai eu deux enfants, Taline et Daniel, qui sont Belges et Arméniens. Ils vivent très bien avec les deux identités. Et toute ma famille est à Istanbul. Donc mes parents, ma soeur, toute ma famille est forcément à Istanbul. Parce que mon arrivée en Belgique était un accident. Le destin, je ne sais pas comment il faut appeler. Mais ce n'était pas planifié. Ça s'est fait comme ça. Donc c'est un parcours personnel. Mais toute ma famille est encore à Istanbul. Et après tes études, tu es allée directement dans l'administration. Après mes études, j'ai fait d'abord du petit boulot à gauche, à droite, compégiste comme petite main à faire des petits rapports à gauche, à droite. Mais mon but était toujours de travailler dans la fonction publique. Donc l'intérêt général, c'était quelque chose qui me tenait fort à cœur. Donc j'ai présenté des examens pour accéder à la fonction publique. J'ai commencé ma carrière au commissariat général aux réfugiés et aux apathistes, dans un premier temps comme officier de protection. Ça veut dire la personne qui fait les auditions avec les demandeurs d'asile et statut sur la demande d'asile. La Belgique octroie ou pas ce statut. J'ai travaillé donc deux ans et demi en tant qu'officier de protection. Et puis toujours au commissariat général aux réfugiés et aux apathistes, j'ai accédé à la fonction de responsable de communication. Ensuite, je suis passée au service du bipédal personnel d'organisation. C'est un peu le ministère de la fonction publique où j'ai travaillé aussi six ans. Et en 2014, j'ai réussi des assessments organisés par CELOP, une fonction de top management qui était donc la fonction de directrice générale à l'agence élue du premier ministre, directrice générale communication externe, que j'exerce depuis 2014. Et depuis un an, en plus de ma fonction de directrice générale, j'ai la charge de la présidence de la chancelière d'intérim. C'est une fonction élective. On est élu président de la chancelière ? On passe des assessments. On passe une sélection. Et puis, on est nommé pour un mandat. Donc, je suis nommée pour un mandat de six ans pour ma fonction de directrice générale. J'ai effectué un premier mandat qui s'est terminé en 2020. Et sous Sophie Dumas, j'ai été renouvelée pour encore six ans. Donc, mon mandat court jusqu'à fin mai 2026. Donc, ça fait encore du travail en plus. C'est sportif, on va dire. On ne chante pas. Mais c'est un métier passionnant. La chancelière élue du premier ministre, c'est un lieu... Donc, c'est 16 lieux de la loi. C'est un lieu emblématique où beaucoup de choses se passent. Nous, on travaille dans la discrétion. Notre travail, c'est vraiment faciliter la tâche du chef du gouvernement dans l'exercice de sa fonction. Oui. Donc, si on regarde en arrière, tu arrives en Belgique presque par hasard. Et peu à peu, tu t'es fait une place qui est non seulement une place importante, mais une place qui reflète vraiment un engagement au service du public en Belgique. Qu'est-ce qui t'est arrivé ? Quelle est ta relation avec la Belgique ? Comment est-ce que c'est d'être une Arménienne en Belgique ? En tout cas, je suis toujours reconnaissante à la Belgique parce qu'effectivement, j'arrive ici par hasard à 19 ans. Donc, je viens de me destiner à occuper les fonctions que j'occupe aujourd'hui. Dans le côté, il est vrai que j'ai beaucoup travaillé, j'ai beaucoup bossé. Mais la Belgique m'a donné aussi l'opportunité déjà d'accéder à la fonction publique, que j'estime déjà une fonction très noble, et puis dans la fonction publique, accéder à des fonctions supérieures. Je ne sais pas si j'étais restée en Turquie. J'aurais pu faire un parcours professionnel pareil. Oui. Donc, tu as eu l'occasion de comparer quand même tes 2 expériences en Turquie et en Belgique. En Turquie, c'était surtout l'enfance et l'adolescence. Donc, ma carrière professionnelle s'est faite entièrement en Belgique. Mais je n'ai jamais été bloquée parce que je suis une femme, parce que je suis d'origine étrangère. Jamais ces considérations ne sont entrées en ligne de compte. C'est uniquement sur base du travail que j'ai pu accéder à ces fonctions. Donc, je n'ai jamais subi de discrimination, peut-être même discrimination positive. Oui. C'est tout à l'honneur de la Belgique. Mais tu nous parlais, Orantem, de ton nom de famille, Bagdad, qui est un nom très évocateur. Est-ce que les gens font des commentaires parfois ? Les gens me demandent souvent de quelle origine c'est. Bagdad, ça fait directement j'ai fait science à l'Irak. On me demande si je suis irakienne, si je suis libanaise, si je suis espagnole. Ces gens-là sont les gens qui pensent que je suis arménienne. Je ne pense pas que c'est très connu. Chaque fois, je signale arménienne, de Turquie, actuellement belge, donc plusieurs identités, des identités avec lesquelles je vis très bien. Je trouve toutes ces identités très enrichissantes. Et tu gardes le lien aussi avec la Turquie ? Je garde le lien avec la Turquie puisque toute ma famille y est. J'y retourne à chaque occasion. J'ai toujours veillé aussi que mes enfants gardent les liens avec ma famille, que les enfants parlent ou du moins comprennent l'arménien. C'est peut-être un sujet sur lequel on peut venir tout à l'heure parce que j'estime que la langue est très importante. Parce que quand on s'interroge qu'est-ce que l'arménité, difficile de déterminer vraiment quelque chose de bien précis. Qu'est-ce qui nous lie toute la communauté dans le diaspora et en Arménie ? Moi, j'estime que c'est surtout la langue, peut-être l'église. En Belgique, on a l'église. En Belgique, on n'a pas encore du moins une école qui pourrait perpétuer justement la transmission de la langue de manière structurelle. Ce que je trouve actuellement dommage mais peut-être un projet pour le futur. Donc le prochain grand projet, le grand défi indispensable, à ton avis, c'est une école ? C'est ce que je pense. Et quand on parle école, on parle d'école quotidienne bien entendu. Oui, bien sûr. Ce n'est pas uniquement comme c'est le cas déjà, ce qu'on peut apprécier, l'initiative bien sûr des cours de langue qui sont donnés à Edoun. Mais ça, c'est mieux d'avoir une école maternelle, primaire, secondaire, d'un bon niveau, pour que justement les familles arméniennes de deuxième, troisième génération, les enfants qui sont nés ici puissent aussi avoir les bases nécessaires pour pouvoir bien parler la langue. Et on peut préciser que toi, tu as eu la chance de bénéficier d'une éducation arménienne, d'une école arménienne. J'ai eu la chance de pouvoir aller à l'école primaire en arménien. Toute ma famille est passée par cette école. Donc on a tous au moins l'école maternelle et primaire en arménien. A la suite, l'école secondaire, j'ai été dans un lycée français. On va changer un petit peu de braquet. Je voudrais te demander s'il y a une tradition, une habitude arménienne à laquelle tu es particulièrement attachée et que tu souhaites absolument conserver ou promouvoir. Ce sont des petites choses. Par exemple, à Pâques, aller à l'église le jeudi soir, colorier des œufs, faire le tchorek. C'est vraiment des choses toutes simples, mais que j'ai tenu toujours à continuer à perpétuer. J'ai vu comme ça de mes parents et j'ai voulu perpétuer ces traditions avec mes enfants. Donc ça tourne beaucoup autour de la cuisine, mais sinon c'est surtout, je pense, les fêtes religieuses. Je pense que même si on n'est pas un croyant ou pratiquant, l'église reste un vecteur qui lie les Arméniens et qui permet à perpétuer l'arménité. Oui, il est vrai que les Arméniens, en particulier à Pâques, ont des traditions particulièrement lumineuses de joie, où on exprime la joie, la résurrection, le retour du printemps, tout à fait. On va parler un tout petit peu de la communauté des Arméniens de Belgique, puisque le titre de cette émission, c'est 100 ans de parcours arménien. Et on fait référence de manière tout à fait intentionnelle au fait que les institutions de la communauté des Arméniens de Belgique ont été créées il y a exactement 100 ans. Est-ce que, tout d'abord, tu as des réflexions à partager sur ce centenaire ? Est-ce que ça a une signification particulière pour toi ? Évidemment, toi, tu es arrivé il y a 30 ans. Donc ce ne sont pas toutes les familles arméniennes de Belgique qui sont là depuis 100 ans. C'est la communauté, ces institutions. Est-ce que tu as des réflexions particulières à ce sujet ? Mais comme tu dis, Nicolas, pour moi, c'est plus ce centenaire. Mais effectivement, les premiers Arméniens qui sont arrivés en Belgique, ça remonte à une centaine d'années. Mais cette célébration du centième anniversaire, c'est peut-être une occasion, justement, pour donner plus de visibilité à la communauté et aussi montrer tout l'apport de cette communauté à la société belge. Parce que les Arméniens, justement, ceux qui sont arrivés il y a 100 ans, mais aussi ceux qui sont arrivés plus récemment, ils s'intègrent très bien dans la communauté. Les jeunes, aujourd'hui, sont dans les universités. Ils occupent une place importante dans le milieu professionnel. Donc leur donner de la visibilité, ça, c'est un peu la déformation professionnelle. Mais peut-être mener des actions de communication, justement, pour mettre quelques visages au-devant de l'actualité, ça serait une bonne occasion. Oui, au-devant de l'actualité, c'est-à-dire même dans la presse belge ? Pourquoi pas. Dans la presse, oui. Pourquoi pas. Voilà. Très bien. Les Arméniens sont partie de la société belge, également. Ils ont aussi diverses identités. Etre Arménien est un plus, je pense, à côté de l'identité belge. Donc faire connaître des Arméniens dans la société belge. Et l'apport de la communauté à la société belge. Et est-ce que tu as des réflexions sur les... Quelle est ton implication dans les institutions communautaires, avec les organisations de la communauté ? Est-ce que tu as des propositions à faire ? Est-ce que tu as quelque chose à dire sur ce sujet-là ? Je ne suis absolument pas un bon exemple. Mais à coup de pas. Non, je ne suis personnellement pas vraiment impliquée dans la communauté. Mais la réflexion, ça, c'est vraiment prendre l'exemple de ce qui se passe dans la communauté arménienne à Istanbul, par exemple, où il y a de nombreuses institutions, beaucoup plus qu'il y en a en Belgique. En Turquie, il y a plusieurs... Enfin, à Istanbul déjà, mais aussi en Turquie, il y a plusieurs églises, il y a plusieurs écoles, il y a des centres culturels, il y a des orphelinats, il y a des vastes fondations. Et toutes ces institutions vivent, survivent avec le soutien et l'apport de la communauté. Il y a une solidarité assez importante. Donc essayer peut-être de trouver cette dynamique pour que la sauce prenne aussi ici, parce que de ce que je vois en tant qu'observatrice externe, ici, la communauté est beaucoup plus dispersée. Je pense qu'un mouvement de collaboration, de solidarité pourrait être aussi quelque chose pour le centenaire qui pourrait être tenté. Donc on retient collaboration, solidarité et aussi l'école. Oui, l'école. L'école, c'est vraiment... Je pense que si on veut, dans l'avenir, perpétuer les traditions et maintenir la langue pour que les jeunes qui naissent ici, qui grandissent ici, qui vont à l'école en français ou en irlandais puissent aussi connaître l'arménien, l'école est indispensable au projet communautaire. Oui. Voilà. Arline, nous touchons tout doucement vers la fin de l'interview. Et la question traditionnelle que nous posons toujours en conclusion, c'est qui est-ce que tu recommanderais pour la prochaine interview ? Qui est-ce que nous devrions approcher et interviewer sur Belgarraï la prochaine fois ? Je vous suggérerais un personnage incroyable que j'ai connu un peu par hasard, mais qui est vraiment quelqu'un qui a un réseau inimaginable en Belgique et qui est Yannick Calatian. Yannick est issu d'une famille arménienne de Géorgie. D'ailleurs, actuellement, il est même personnellement consul honoraire de Géorgie. Il est actif sur divers, divers, divers sujets et dans divers domaines. Il a un réseau incroyable. C'est un homme aussi incroyable. C'est vraiment un personnage à connaître et à faire connaître. Je pense que vos auditeurs pourraient découvrir quelqu'un qui oeuvre aussi pour la communauté dans Londres, qui était une des chevilles ouvrières aussi du bal du comité il y a 2 ans, juste avant Covid. Donc voilà, je te suggérerais d'interviewer Yannick. Mais ce sera avec grand plaisir. Donc on va aller demander à solliciter Yannick pour la prochaine interview. Arline, je te remercie beaucoup. Avec plaisir Nicolas. Merci. Merci de l'invitation. Voilà. Et pour nos auditeurs, nous sommes arrivés à la fin de cette émission. N'hésitez pas à nous faire connaître vos commentaires et vos suggestions. Vous pouvez nous écrire à l'adresse 100ansdeparcoursarménien.com. Je vous souhaite une excellente journée et je vous donne rendez-vous à la prochaine émission. Sous-titrage ST' 501