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In this episode of the show "Église Verte", Alcef Loren interviews Dominique Potier, a politician who is passionate about agroecology and corporate social and environmental responsibility. Potier discusses the issue of cohesion in agriculture and criticizes the idea of not opposing different models of farming. He emphasizes the need for a reference model for agriculture that takes into account sustainability and the well-being of the territory. He also highlights the importance of justice in addressing issues such as land distribution and fair value sharing. Potier concludes by emphasizing the role of collective action and solidarity in tackling the challenges of climate change and agricultural transitions. Bienvenue dans l'émission d'Alcef Loren, Église Verte, qui s'intéresse aux acteurs locaux d'une transition d'écologie intégrale à l'esprit de l'encyclique publié pendant les accords de Paris, l'Odates. Dans ce sixième et dernier épisode enregistré lors d'une rencontre avec des agriculteurs meusiens organisée à Comprisson le 10 février 2023, nous retrouvons notre invité politique, le député le Rhin Dominique Potier, très investi sur les sujets d'agroécologie et de responsabilité sociétale et environnementale des entreprises. Il s'attaque aujourd'hui à l'épineuse question de la cohésion dans le monde agricole. Est-ce qu'ils peuvent pourvoir tous ensemble à changer les choses ? Sa phrase fétiche, et qui est reprise en boucle dans les mêmes cercles, c'est « il ne faut pas opposer les modèles ». Je ne la supporte plus cette phrase. Je ne la supporte plus parce que, et je l'ai dit, il ne faut pas opposer les modèles. Si on dit « il ne faut pas opposer les modèles », dans la vraie vie, on sait qu'il y a un modèle qui va manger les autres. Ici, on le connaît, c'est le modèle d'agrandissement, c'est l'agriculture. L'entreprise s'agrandit, le territoire s'appauvrit. Mais c'est mécanique. L'entreprise va optimiser les moyens des capitaux, les machins et tout. Elle va s'enrichir, ça c'est certain, à court terme. Je ne sais pas si ce modèle-là vole longtemps sur le plan agronomique, mais en tout cas, elle va être plus riche, mais le territoire s'appauvrit. Et le territoire, c'est notre planétaire, que ce soit le territoire meusien du canton d'ici ou de machin et tout. On est sur une planète aux limites philies, donc dès lors qu'on s'agrandit, qu'on appauvrit le territoire, on est en train d'appauvrir notre capacité de survie collective. Ça, c'est un vrai critère de discernement. Donc dire que si un modèle domine les autres, il ne faut pas opposer les modèles. C'est comme si on disait à l'échelle du monde, il ne faut pas opposer les modes d'élevage canadiens ou brésiliens au modèle de la vache à l'étante, qui fait un veau par an, dans des conditions qui dépoussent, etc. à l'herbe, etc. Bah si, il faut à un moment donné... Alors je ne suis pas non plus, parce que je suis un social-démocrate et qui a le sens du compromis, je ne dis pas qu'il y a un modèle unique. Il n'y a pas de modèle unique, mais il doit y avoir un modèle, la troisième voie, c'est le modèle de référence. On doit être capable de dire, voilà ce qui est bon comme modèle agricole. Et ce modèle de référence, on peut comprendre que la plaine d'Alsace, ça ne durera pas aussi longtemps que les contributions à l'or maïs sur le captage et tout, ça ne durera pas. Que les Landes avec le maïs également, etc. Que le massif central et tout. Mais on peut comprendre qu'il y a des modèles différents, adaptés à des contextes pétroclimatiques. Mais si on ne dit pas avec force qu'il y a un modèle de référence pour l'agriculture, un type de système, un modèle, alors on est dans le mensonge. Parce qu'on permet aux modèles les plus puissants économiquement, ceux qui sont sous le goulot de la PAC et qui ont avec eux tout un modèle agroalimentaire, etc. de triompher des autres au détriment de l'intérêt général. Donc ça c'est un premier point. Donc il y a dans nos agricultures aujourd'hui, dans nos territoires, des forces qui s'affrontent, etc. Moi le risque c'est que toutes les initiatives comme les vôtres, qui sont extrêmement séduisantes, et je vous félicite pour l'énergie, 3 jeunes qui partent dans une aventure innovante comme ça, c'est formidable. Mais si il y a le type d'agriculture de Jérôme, c'est ça, et d'autres qui sont plutôt sur des petites surfaces, etc. font de l'innovation commerciale, de produits, etc. des produits à haute valeur ajoutée, sentimentale, organoleptique, bio, super bio, etc. et tout ce qu'on veut, équitable et tout ce qu'on veut. Et puis à côté, le mouvement d'agrandissement qui est sidérant aujourd'hui. Et quand je suis, si je parle à Agroparitech et que je demande à des ingénieurs agro, ils me disent, j'en dis, qui est votre paysan ici ? Il y en a un sur trois qui lève la main, et quand je parle après avec eux et qu'ils me disent que leur ferme, si elle pouvait être grande comme la salle, serait parfaite pour eux parce qu'ils veulent faire de la permaculture en tout petit, tout petit, tout petit. Je dis, mais vous n'avez pas payé cinq ans d'études, la République, pour faire ça. Et il faut reprendre des fermes de polyculture élevage. Il va falloir produire du lait, puis en bonne quantité. Il va falloir sortir des tonnes de viande, il va falloir sortir des tonnes de protéines, etc. Il va falloir quand même s'occuper de nos territoires, de l'agroécologie, en grande quantité. Il suffit que ça aide. Sinon, tous ces espaces qui vont être libérés et cette baisse de tension sur la régulation du marché et la reprise des fermes, 50% qui vont partir dans les 15 ans, regardez quand même le paysage que ça va donner en Meuse et ailleurs, ça va être la cohabitation dix lots d'agroécologie à haute valeur ajoutée pour Bobolande, et puis à côté, une agriculture qui va, par sa simplification, emporter tout le reste. Et ça, ce n'est pas acceptable. Donc, la réconciliation, j'en reviens à la conclusion sur la question de Charles-Édouard qui est fondamentale. Les modèles, elles passent par la justice. On ne se réconcilie pas dans notre société sur des avis contraires, parce qu'il y en a un qui gagne sur l'autre ou sur un compromis foireux à l'autre siade. On fait un petit peu de ceci, un peu de cela. On se réconcilie par le haut. Et si il y en a qui sont chrétiens parmi vous, c'est la question de la transcendance, de la verticalité qui est posée. C'est l'esprit de justice. C'est autour de la question de la justice qu'on peut trouver un accord par le haut et pas un accord par le bas, avec un dominant et un dominé, ou des compromis qui fassent que ça continue comme avant en plus doux. Moi, je pense vraiment qu'il faut remettre de la justice. La justice, elle passe par deux grandes catégories. La première, c'est le partage du sol. Tant qu'on n'aura pas une politique de régulation foncière qui fera que le phénomène sociétaire ou le travail délégué ne continue leur ravage, leur rolo-compresseur d'agrandissement des fermes, tout le reste, ça sera de la littérature, parce que ça change les modèles agronomiques. Et ça provoque une perte de pouvoir. Deuxièmement, c'est le partage de la valeur. On n'a pas le temps de développer, mais j'ai beaucoup travaillé sur les conventions tripartites. On a travaillé sur la loi Ecalim 1 et Ecalim 2. Il y a une oligarchie aujourd'hui de 5 acheteurs qui couvrent 80% du marché dans les GMS. Ce système doit être déconstruit. Ou il faut en face y remettre un système d'organisation de producteurs capables de négocier. Et il faut des règles commerciales qui abolissent cette fausse libre concurrence, puisqu'on a un phénomène quasiment d'oligarchie dans le commerce agricole, avec des parts de bénéfices sur la grande distribution qui sont éhontées, à un tel point que même l'industrie agroalimentaire s'est retrouvée à genoux et qu'on a dû recorriger la prise en compte des intérêts de l'agroalimentaire. Parce que s'il n'y a pas d'agroalimentaire, ça, Charles-Édouard, on sera d'accord, s'il n'y a plus d'industrie agroalimentaire ou d'artisans, mais surtout de l'industrie agroalimentaire, la perte de valeur est immédiate. On termine avec des céréales qui partent dans les ports et qui vont ailleurs. Et là, il n'y a plus de valeur. C'est bien parce qu'on a une industrie de transformation et de valorisation qu'on tire. Donc, je le dis ici, nous réconcilier, c'est organiser par les rapports de force et l'organisation collective une capacité non seulement à aller chercher des niches, c'est bien les niches, mais surtout à rechercher de la valeur pour tous. Donc, la juste rémunération du travail, c'est caler les indicateurs de prix des produits pour récompenser le travail du monde paysan, partager ce travail en partageant la terre, installer des jeunes là où les fermes s'arrêtent et pas les laisser s'agrandir. C'est ça qui peut permettre de nous réconcilier. C'est autour de ces deux principes de justice et d'autres. C'est poursuivre ensemble le défi du carbone, poursuivre en France ensemble le défi d'une moindre dépendance au phyto, etc. Et toutes ces aventures-là, nos pères ont vécu plutôt avec enthousiasme la grande aventure du productivisme. On peut vivre avec le même enthousiasme l'aventure du partage et de l'agroécologie. Moi j'en suis absolument persuadé. Je peux encore donner une anecdote, c'est Manuel ou pas ? Dernière. J'avais fait dans la lettre de vœux, j'ai toujours une lettre de vœux, et j'ai raconté l'anecdote qui m'avait habité pendant toute la campagne électorale la dernière. En 1976, beaucoup étaient gamins ici, mais ont connu. En 1976, ça s'est passé partout ailleurs, mais moi j'ai connu l'histoire du Toulon. Une poignée de paysans ont réuni les autres pour faire face à la sécheresse. Ils ont décidé d'aller dans la Marne chercher la paille. D'autres l'ont fait sous plein de formes. Mais la forme qui a été faite, celle-là, moi mon père avait le permis par l'Algérie, donc il avait eu un camion, donc j'avais fait des voyages, j'avais 16-12 ans, je me rappellerai toujours les gens qui dormaient sur place, etc. Ils ont parti des besoins, les familles, le nombre de vaches, tout ça, chacun a fait sa part de travail, ils ont fait une banque de travail, ils ont partagé. Il y en a un qui était un peu canu à ce moment-là, ils ont fait pour lui. Ils ont fait à la fois des règles et puis de l'humanité. Tout le monde a passé l'hiver. Tout le monde était là au printemps 77, toutes les fermes étaient vivantes, il n'y a pas eu de faillite. Tout le monde avait à manger, ils avaient partagé. Et un jeune du Saint-Thoy qui m'a raconté qu'il avait fait un truc un peu dans le genre, il m'a dit, j'avais 18 ans, on était crevés sous la canicule, on ne pouvait plus, mais c'était le plus bel été de ma vie. On avait une œuvre commune, on avait une entreprise commune, on s'est entraîné, l'armée qui est venue après, c'était formidable. Aujourd'hui, quand au mois d'avril il ne pleut pas, le cours de la paille monte. Pas seulement dans la marne, mais partout. C'est le marché, c'est le marché qui répond. Et si je suis engagé politiquement, c'est que je pense que c'est par la justice, donc les institutions justes, le politique, c'est-à-dire notre capacité de discuter, de décider ensemble, qu'on trouvera les solutions aux transitions qui viennent. Parce que des étés comme 1976, le GIEC et les autres nous disent que ce ne sera pas tous les 30 ans, ce sera tous les 3 ans. Et si c'est le marché qui répond, alors on n'est pas bon, on est cuit. Ce sera forcément la solidarité qui passe par le sentiment, l'empathie, la fraternité, mais qui passe aussi par des régulations, sinon on n'y arrivera pas. Ça c'est le sens de l'engagement qui est le mien, cette leçon de 1976 elle est extraordinaire. Et finalement ils ont été d'une modernité extraordinaire qui peut encore nous inspirer aujourd'hui. Vous nous avez dit beaucoup de choses ce soir, j'ai essayé de prendre quelques notes. Tout est lié, ça vous avez bien insisté là-dessus, et pas simplement parce que le pape l'a dit, mais parce que c'est une vraie nécessité et vous l'avez souligné. Vous nous avez dit aussi la nécessité du politique pour être à une échelle suffisante pour agir sur notre milieu. Vous avez répondu à beaucoup de questions qui intéressent les agriculteurs. Vous avez beaucoup insisté aussi sur la nécessité de la justice pour atteindre la cohésion, en arriver à une certaine cohésion. Et un grand merci à Dominique Potier pour ses propos, je crois qu'on peut l'applaudir. Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org