The speaker discusses various topics on the radio show. He expresses his opinion that France is no longer a major power and that he wishes for the French to speak French again. He also talks about the reconstruction of the Tuileries and the pyramids at the Louvre. The conversation touches on language and cultural issues, as well as historical events and figures. The speaker mentions his admiration for the salle des armures at Les Invalides and quotes Napoleon Bonaparte. He also discusses a book by Renan and the publication of drawings by Jacques Faisan in Le Figaro.
Radio Courtoisie Ici Radio Courtoisie, la radio libre du pays réel et de la francophonie. Vous écoutez un libre journal de Jean Ferré, assisté de Marie Vaughn. Document d'archive 12 décembre 2005. Bonsoir. Bonsoir, cher Jean Dutour. Alors, cher Jean Dutour, je vais d'abord vous poser, comme à tous les invités de ce soir, les deux questions. Premièrement, quel est selon vous l'événement le plus important de l'année qui vient de s'écouler ? C'est maintenant qu'il faut que je réponde.
Si vous le voulez bien. Il n'y en a pas. Je vais vous dire pourquoi. C'est parce que la France n'est plus une grande puissance. Tant fois, quand elle Ʃtait une puissance hƩgƩmonique, elle faisait des ƩvƩnements. Maintenant, elle ne fait plus des ƩvƩnements. Elle subit les ƩvƩnements que font les autres, quand il y en a. Alors, Ƨa ne m'intƩresse pas. Je ne peux que vous rƩpƩter ce qu'on disait dans La Vie Verte. Il ne se passe rien depuis la chute de la monarchie hƩrƩditaire.
Alors, deuxiĆØme question. Parmi les vÅux rĆ©alisables, quel est votre vÅu le plus cher pour l'annĆ©e qui vient ? Que les FranƧais se remettent Ć parler franƧais. Ah, voilĆ aussi un bon vÅu. C'est rĆ©alisable ? Il faut toujours espĆ©rer. Si un certain nombre de personnalitĆ©s, comme Jean Dutour, continuent leur action... OulĆ , Ƨa ne fait rien du tout. Si Radio Contuasie Ć©tend ses diffusions, nous aiderons... Oui, trĆØs bien. ...aux FranƧais. Ce qui est intĆ©ressant... J'en ai un peu marre aussi, des cendres que nous nous versons sur la tĆŖte.
Et comment ? Je voudrais une France altière, qui emmerde tout le monde, et non pas qu'il soit là comme ça, à plornicher sur les erreurs passées, à des époques où elle était beaucoup plus heureuse qu'en maintenant. C'est bonnifice. Il manque un peu de grandeur, oui. C'est une bonne question. Une France qui emmerde tout le monde, c'est une bonne réponse, je veux dire. La France altière aussi. C'est ce qui l'emmerdait le monde. C'est ça qui nous manque, et c'est ça qui fait que nous sommes tellement repliés, comme de vieux oiseaux déprimés.
Toi, Michel Kalagès, vous voulez intervenir ? Ah oui. Je dirais à Jean Dutour qu'il nous réconforte beaucoup par les faims, et par tous les souhaits qu'il vient d'exprimer. Et en remerciement, je voudrais lui soumettre une citation d'un écrivain que j'affectionne beaucoup, lui aussi, qui est Cioran. Et j'ai relu récemment... Ah oui, c'est très bien, Cioran. J'ai relu récemment chez Cioran ceci, c'est que reprendre les idées de l'adversaire, ça n'est qu'une lâcheté, qui tout compte fait n'est qu'une coquetterie d'agonisant.
Qu'est-ce que vous en pensez, Jean Dutour ? Vous voyez les choses. Elle est belle. Il voyait l'envers des choses. Votre vÅu Ć©tait fort original, et savez-vous quel Ć©tait le vÅu, pour l'annĆ©e qui vient, de l'homme qui vient de vous prĆ©cĆ©der, c'est-Ć -dire Maurice Druon, on se confirme, Maurice Druon ? Eh bien, son vÅu, parmi les vÅux rĆ©alisables, pour l'annĆ©e qui vient, que l'on reconstruise les Tuileries. Ah bah oui, moi aussi, alors lĆ , Ƨa fait 25 ans que je le demande.
Ce qui est dommage, c'est qu'il n'a pas précisé ce qui compte. Alors, il nous a dit qu'actuellement, on allait retrouver le Louvre, etc. Mais, on n'a pas eu le temps de l'interroger, il nous a aimé l'interroger, et qu'est-ce qu'on fait de la pyramide ? Ah, ça pose un problème, c'est-à -dire, pour retrouver la plus belle perspective du monde, il faut... Je sais ce qu'on va faire de ces pyramides. On peut la mettre à l'envers, déjà , on le verra moins.
Lorsque Léotard a été nommé ministre des Affaires culturelles, par Mitterrand, je ne sais pas si vous vous rappelez, je pensais que la première chose à faire, c'était d'extirper les colonnes de base. Je lui avais demandé à l'Assemblée nationale. Et moi. Et il m'a répondu que c'était trop cher. Non, mais c'est complètement crétin. C'est pas trop cher parce qu'on les a enlevées, on les est en train de les réparer en ce moment. Bien sûr, mais c'est ce qu'il m'a répondu.
Parce qu'en plus de ça, c'est de la camelote. De la camelote. Bon, et pour les pyramides, alors, qu'est-ce que vous faites ? Ben, la même chose. Moi, je n'ai aucun pouvoir de décision. Si tout le monde sait que c'est un peu vous qui tirez toutes les ficelles, tout ça. Si tout le monde sait que c'est vous Oui, je voudrais rappeler à Jean Dutour. C'est Cadegues qui parle que parmi les plus forts arguments qui ont été brandis en faveur de la pyramide, il y a celui selon lequel elle est transparente.
Alors, quand vous voulez faire un compliment Ć quelqu'un, Jean Dutour, est-ce que vous lui dites qu'il est transparent ? Oui, moi, j'ai toujours eu horreur d'ĆŖtre transparent. Ben voilĆ . Je pense que c'Ć©tait une des calamitĆ©s du monde moderne qui en compte tellement d'autres. Et est-ce que Ƨa serait un compliment de dire Ć quelqu'un qu'il est pyramidal ? On dit pourtant qu'un homme d'Ćtat, un bon homme d'Ćtat, c'est un homme, justement, qui est transparent. Par la langue de bois, c'est lui.
Elle représente un état d'esprit qui est malheureusement actuel. C'est l'ignorance totale de l'urbanisme. On met n'importe quoi à cÓté de n'importe quoi. Evidemment, les pyramides au Louvre, c'est complètement incongru, ça n'a pas de sens. C'est le truc moderne. Coller des choses comme ça au milieu d'un annonce, c'est fait par des gens qui se considèrent comme des estates qui, au fond, sont les plus épais, les bourgeois. Vous faites du bon français, Jean Dutour. Ce ne sont plus les mots anglo-saxons qui nous embarrassent, là .
Oh, non, qui remplacent les mots franƧais, par exemple. N'importe qui, aujourd'hui, dit opportunitĆ© ou occasion. Ce n'est pas la mĆŖme chose, une opportunitĆ©, une occasion. Ća, c'est plus grave. C'est comme Ƨa. Le franƧais est tellement dĆ©truit de cette faƧon. On dit aussi expertise au lieu d'expĆ©rience. Ah, expertise, oui, c'est Ƨa. Et puis, sophistiquĆ©. SophistiquĆ©, Ted Ledy. Pour dire compliquĆ© ou savant. Alors que Ƨa veut dire exactement le contraire. Bon, enfin. Bon, ben, Ƨa y est, j'ai assez rĆ¢lĆ©, maintenant.
Il vous reste encore beaucoup de sujets. C'est trĆØs simple. Alors, ne rĆ¢lez plus, maintenant. Parlez-nous de quelque chose qui, presque, vous m'avez dit, vous a beaucoup touchĆ©, Ć©mu. La salle des armures aux Invalides. Ah, oui, j'Ć©tais enchantĆ© de savoir qu'on l'avait rouverte. Parce que la salle des armures, c'est un endroit merveilleux. Moi, j'y ai passĆ© les jeudis entiers, quand j'Ć©tais gamin. J'Ć©tais absolument fou du Moyen-Ćge et du passĆ©. Et je touchais du doigt, lĆ . On voyait des armures, des gens qui Ć©taient hardachĆ©s pour le tournoi.
On voyait l'armure de FranƧois Ier, je crois bien, qui Ć©tait plus grande que les autres. Et grĆ¢ce Ć laquelle, nous savions qu'il avait prĆØs de 2 mĆØtres de haut. Et puis, le cabinet des armes, aussi, qui est immense et passionnant. On n'a pas encore condamnĆ©, cette Ć©poque-lĆ . Ća va venir, hein ? Bien sĆ»r que Ƨa va venir. On va condamner FranƧois Ier, on va condamner Marignan. Ća me semble une nĆ©cessitĆ©. Il y a un mot qui, je trouve, moi, m'a toujours Ć©merveillĆ© chez Bonaparte.
Il n'était pas encore Napoléon, à ce moment-là . Quand il a été nommé Premier Consul, il a dit cette phrase magnifique. Il a dit « J'assume tout » de Flovis au comité de salut public. On connaît quelqu'un qui a dit quelque chose à ses voisins. C'est le général, oui. Ah ben, le général, c'est... C'est tout à fait un homme à dire des choses de ce genre. Absolument. Mais c'est beau, non ? C'est très beau. Oui, mais d'ailleurs, on n'assume plus rien, aujourd'hui.
On n'assume mĆŖme plus au Staline. Non, on n'assume rien. On n'assume personne, gars. On n'assume rien, oui. En envoyant le Charles de Gaulle, ce qui est quand mĆŖme un comble. On devrait faire lire, aujourd'hui, aux gens, qu'ils comprendraient. C'est un petit livre de Renan, qu'il a publiĆ© aprĆØs 1870, aprĆØs la guerre de 70, 71. Ća s'appelle Ā« La rĆ©forme intellectuelle et morale Ā». Il a tout vu, tout compris, et la France d'aujourd'hui l'a dĆ©crit par le menu.
C'est formidable. Ah ben, on va le lire. Vous le relirez. « La réforme intellectuelle et morale » de Renan, c'est un livre de premier ordre, très grand bouquin. Est-ce que Gaulle l'en trouve toujours ? Oh, je ne sais pas. Oui, je pense. Il a été réédité il n'y a pas tellement longtemps. Bon, on ira se faire un tour à la Mazarine, hein, si on trouve. Pardon. De toute façon, il est dans toutes les bibliothèques, ça, c'est évident.
Et il sert de modèle au gouvernement actuel ? Il y a un événement, ces jours-ci, qui est assez agréable. C'est que le Figaro qui avait, je crois, viré Jacques Faisan, lui rend hommage, maintenant, en publiant certains de ses anciens dessins. Ah oui ? Ah ben, il y a les chaînes qu'on a là -bas. Ah oui ? Ah oui. Et puis, il y a un dessin très drÓle de lui, aussi, qu'on a ressorti, qui représente une des grosses dames de Faisan, regardant son portrait en jeune fille, et disant à son mari que c'est un barbu qui fume la pipe.
Ben, tu vois, t'as de la chance. Mes yeux, c'est ce qui a de moins changƩ en moi. J'ai refusƩ. J'ai refusƩ. C'est un homme charmant, Faisan. C'est un homme charmant. C'est un homme charmant. C'est un qui fait pas tant que j'aime beaucoup, et qui a deux passions qui sont la pipe, la fumeur, et le vƩlo. Est-ce qu'ils vont avoir le courage de publier un dessin de Faisan qui contient une phrase historique ? Je ne sais pas s'il vous souvient.
Après que Chirac avait dissous l'Assemblée Nationale pour refaire un vote qui lui serait plus favorable, le vote a été une catastrophe, et Faisan a publié dans le Figaro, le lendemain, un très beau dessin, montrant Chirac faisant une déclaration, et disant « Si j'aurais su, j'aurais pas dit celui-là . » Ah, oui. Oui, mais c'était Milpin qui lui le réconseillait. Ah, c'est possible. C'est qui ne change rien à l'affaire, car un chef d'Etat assume et choisit ses conseillers.
C'est pas un alibi. On m'avait répété tant et plus que le premier ministre était le fusible du Président. Et dans l'affaire dont nous parlons là en ce moment, c'est le Président qui a été le fusible du premier ministre. Ah, messieurs. Allez, allons pleurer chacun de notre cÓté. Ah non, non, vous ne nous faites pas pleurer, Sergent Dutour. Pas du tout. Merci. Je voulais vous dire, avant de vous quitter, car je sais que vous vouliez partir plus tÓt, je voulais vous remercier d'avoir accepté de décaler votre intervention de ce soir, pour permettre à Maurice Druon d'intervenir, parce qu'il n'avait plus aucune possibilité d'horaire.
C'est très bien comme ça, tout s'arrange. Et j'en étais très touché. Deux illustres académiciens l'un derrière l'autre. On se bat. On se bat pour parler à Radio Courtoisie. Sergent Dutour, un grand merci, et à l'année prochaine. Et un joyeux Noël. Merci, merci Marie-Vonne. Et un bon Noël, oui. Avant de partir, il faut quand même que je vous cite le petit poème de Raoul Ponchon qui est tout à fait de circonstance. Encore une année qui se ramène, encore une autre qui se tire des pieds, et moi qui ne reçois pas des traînes, il faut que j'en fouille à mon portier.
Merci. Au revoir. Merci. A l'annƩe prochaine.