The podcast discusses the famous painting "La Vierge et l'Enfant entourés d'anges" by Jean Fouquet. The painting's erotic content and various interpretations have sparked controversy. Originally part of a diptych, the painting shows the Madonna and Child, while the other panel depicts the donor, Étienne Chevalier. The controversy stems from different theories about the identity of the Madonna, ranging from Catherine Budet (Chevalier's wife) to Agnès Sorel (King Charles VII's mistress). The painting's political implications are also explored, as it was used to criticize the king. Despite the various theories, the most likely explanation is that the painting represents an ideal beauty, inspired by Agnès Sorel. The podcast concludes by mentioning the modern interpretations of the painting, including the extraterrestrial queen theory. Ultimately, the painting's true meaning remains a subject of debate, but it continues to fascinate and captivate audiences.
Les tableaux qui parlent Une série de podcasts par Francis Rousseau Jean Fouquet 1420-1481 La Vierge et l'Enfant entourés d'anges Volet droit du dipstik de Melun Musée des Beaux-Arts d'Anvers Cette oeuvre est véritablement un monument de l'art. Son contenu érotique a fait couler beaucoup d'encre et toutes sortes d'interprétations ont été données sans que l'on ne sache toujours pas exactement quelle est la bonne. Reprenons les choses au départ. Cette célèbre madone qui n'est pas la première à montrer son sein fait partie à l'origine d'un dipstik dont elle a été détachée après la révolution française le dipstik de Melun.
Ce dipstik représentait sur le panneau droit la madone à l'enfant que l'on voit ici aujourd'hui au musée d'Anvers et sur le panneau gauche, aujourd'hui à la guémale de galerie de Berlin, le donateur, en l'occurrence Étienne Chevalier, trésorier du roi Charles VII, son ministre des finances si on préfère, qui commanda ce tableau au peintre Jean Fouquet. Jusqu'à la révolution française, le dipstik était suspendu au-dessus du tombeau du trésorier et de son épouse dans l'église Notre-Dame de Melun.
La première interprétation la plus logique aurait dû être qu'il représentait le ministre et sa femme, née Catherine Budet, dans la posture d'une madone allaitante montrant son sein. L'incarnation très pâle, d'une blancheur presque surréelle de la madone, comme celle d'une apparition divine, ce qu'elle est supposée être d'ailleurs, est rehaussée par de nombreux chérubins en bleu et séraphins en rouge qui l'entourent et qui se détachent de façon frontale d'un fond abstrait, et l'on se dit que ce monsieur chevalier avait bien de la chance de partager son existence avec une pareille beauté, même si on peut supposer que Jean Fouquet en avait un peu magnifié l'apparence, un peu beaucoup.
Les proportions trop parfaites, basées sur le nombre d'or de la figure et du corps de la madone, sont le signe le plus flagrant de cet embellissement de circonstances. Mais plutôt que d'admettre cela, et le fait assez banal, somme toute, que Jean Fouquet ait embelli les traits de la femme de son donateur pour mieux lui plaire, d'autres interprétations se sont mises à circuler très vite. Ainsi, dans sa première description détaillée, on peut comprendre par allusion qu'il s'agit là, non pas de Catherine Budet, la femme du trésorier, mais d'Agnès Sorel, célèbre maîtresse du roi Charles VII, dit le bien servi, Agnès Sorel décédée deux ans avant que le tableau ne soit peint.
Bien servi, Charles VII le fut, assurément, mais le choc est immense pour ceux qui découvrent ce portrait. Qu'une maîtresse royale soit utilisée comme modèle pour une madone, fit un scandale dont on n'a plus idée aujourd'hui. Scandale qui servit bien, lui aussi, les dessins politiques des opposants du roi, qui lui reprochaient d'avoir abandonné Jeanne d'Arc à son triste bûcher, mais oui, c'est toujours lui, de faire de sa cour un lieu, je cite, de libertinage blasphématoire, d'impiété décadente et de ribauderie sans fin.
Si le portrait est bien celui de sa maîtresse, on comprend alors qu'au-delà du choc éthique, cela provoqua surtout un choc politique, Agnès Sorel ayant été soupçonnée par certains d'avoir influencé le roi, pour qu'il n'empêche pas les anglais de brûler Jeanne d'Arc en 1431. La thèse de la madone ribaude, comme on disait alors, s'opposant à Jeanne d'Arc, qui tenait elle aussi son pouvoir de la reine des cieux, sert donc en priorité des intérêts politiques très puissants et très précis, en l'occurrence ceux du duc de Bourgogne, le pire ennemi de Charles VII.
A y regarder de plus près, la ressemblance est grande avec les portraits que l'on connaît d'Agnès Sorel. Ce grand front dégagé, ce nez droit et pointu, cette bouche petite, cette faussette au menton, se retrouve à l'identique sur le gisant de la belle Agnès, dans son tombeau de la collégiale de Saint-Ours-de-Loche, aussi bien que dans la multitude de portraits dessinés de celle que l'on appela la « dame de beauté », d'autant que la maîtresse royale, initiatrice de nombreuses modes, avait, semble-t-il, l'habitude, si l'on en croit Georges Astlin, chroniqueur des ducs de Bourgogne, de «descouvroir les espoles et le sein devant, jusqu'aux tétagnes».
Pourtant, plusieurs historiens de l'art rejettent cette identification à Agnès Sorel. Selon Albert Chatelet, par exemple, il s'agit d'une légende totalement infondée et à but principalement politique. Il se fait un plaisir de rappeler, notamment, que le fameux gisant du tombeau de Loche, qui est pris comme référence à la ressemblance, a été totalement restauré par Pierre-Nicolas Beauvalet au XIXe siècle, en s'inspirant justement du portrait de la madone d'Udithic de Melun. En effet, ça fait des ordres. A l'inverse, il pourrait bel et bien s'agir, selon lui, d'un portrait de Catherine Budé.
Pour beaucoup d'autres historiens, l'avis est plus nuancé. Il ne s'agirait ni d'Agnès Sorel, ni de Catherine Budé, mais d'une tentative de Jean Fouquet de rendre une beauté parfaite, idéale, en ayant à l'esprit celle d'Agnès Sorel qui venait de mourir et qui était considérée comme la femme la plus belle de son époque. C'est la thèse la plus probable, lorsque l'on regarde des portraits déjà existants d'Agnès Sorel avant sa mort et qui, pour ressembler un peu à celui-ci, en sont tout de même assez éloignés, le visage étant toujours plus long et les yeux plus grands dans ses autres portraits.
Et quand bien même il s'agirait d'Agnès Sorel, rien ne permettrait d'expliquer précisément la raison d'un tel choix pour le modèle d'un tableau destiné à la dévotion qui plus est, ce portrait n'était pas destiné au roi, mais à son trésorier. L'attribution est si fantaisiste que certains sont même allés jusqu'à imaginer une liaison entre la maîtresse du roi et son trésorier, simplement pour justifier sa présence sur ce tableau. L'œuvre, à cause de l'hardièse du sujet, fut connue assez tôt.
Le portrait fut si célèbre qu'Henri IV tenta de l'acheter pour la somme de 10 000 livres, sans succès. En s'engouffrant derrière les surréalistes qui, au XXe siècle, élevèrent au rang d'icônes mondialement célèbres celles qui qualifièrent de poupées mannequins aux seins sphériques, le XXIe siècle, si hystériquement religieux par ailleurs, lui dénie cependant sa qualité de divinité chrétienne et préfère la présenter sur certains réseaux sociaux comme une reine d'origine extraterrestre. Mais oui, mais oui. La pâleur de sa peau et la forme oblongue de son front l'attesterait, mais aussi la minceur de sa taille de guêpe.
Ne parlons pas des créatures qui l'accompagnent dans leur, je cite, « combinaison de lycra rouge et bleu ». Ben oui, quoi, on n'y pense jamais assez aux lycra rouges pour les Séraphins. David Vincent les avait. Ces nouveaux adorateurs du portrait, qui ne savent même plus qui était Agnès Sorel et encore moins Catherine Budé, veulent pour preuve de l'origine extraterrestre du modèle le dessin de la galaxie sur laquelle elle règnerait et dont la représentation orne le dossier du trône.
En réalité, il s'agit d'une vanne du marbre. Et le reflet de la fenêtre dans les boules des poignets, on figurait le vaisseau spatial qui l'attend dehors. Les envahisseurs, des êtres inconnus venus d'une planète en train de mourir. Leur destination, la Terre. Leur dessin, confère leur univers. Bon, on va essayer de réconcilier tout le monde, après tout, la Vierge Marie est bien la première des souveraines de l'univers. Cette constatation n'est basée sur aucun dogme religieux, mais tout simplement sur le nombre de fois où elle est montée et descendue du ciel, ou apparue subrepetissement dans les arbres, les grottes ou les buissons.
Quelle activité ! En tout cas, avec tout ça, elle a bien gagné son brevet de pilote de la navette spatiale galactique. Allez hop, qu'à cela ne tienne ! Et le plus probable est que ce portrait ne soit ni celui d'Agnès, ni celui de Catherine, ni celui de Léa, mais celui d'un idéal sorti tout droit de l'imaginaire de Jean Léa, qui presque 500 ans après l'avoir peint, fait toujours parler de lui, et d'elle.