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N° 69 - LLoyd Patterson : un afro américain chez les Soviets

N° 69 - LLoyd Patterson : un afro américain chez les Soviets

LES TABLEAUX QUI PARLENTLES TABLEAUX QUI PARLENT

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Portrait de Lloyd Patterson par un peintre anomie soviétique Hillwood Estate Museum, Washington DC. C'est une histoire réellement fascinante que celle de l'acteur afro-américain Lloyd Walton Patterson (1910-1942) représenté sur ce portrait peint en 1932 par un ou une peintre soviétique anonyme retrouvé par hasard dans un magasin d'antiquités de Moscou en 1992. Ce tableau a été formellement authentifié en 1993 comme étant le portrait de Lloyd Patterson par sa propre épouse.

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Transcription

This is the story of Lloyd Walton Patterson, an African-American actor, who traveled to Soviet Russia in 1932 with a group of 22 African-Americans to participate in a film project called "Black and White." The film aimed to expose racism in the United States and the harmful actions of the Ku Klux Klan. However, they struggled to find a director for the film and eventually most of the group decided to return to the US. Patterson chose to stay in Moscow, where he married a Ukrainian fashion designer named Vera Aralova. He had a successful career as an engineer and radio announcer in Russia, and his family flourished. During World War II, they were evacuated to Siberia. Patterson was injured during a bombing and joined his family in Komsomolsk-on-Amur. He continued working for the radio until his death in 1942. One of his sons, James Loidovich, became a renowned poet in Russia before eventually returning to the US. Les tableaux qui parlent, une série de podcasts par Francis Rousseau Portrait de Lloyd Patterson par un peintre anonyme soviétique Hillwood Estate Museum C'est une histoire réellement fascinante que celle de l'acteur afro-américain Lloyd Walton Patterson, 1910-1942, représenté sur ce portrait peint en 1932, retrouvé par hasard dans un magasin d'antiquité de Moscou en 1992. Petit-fils d'esclave, Lloyd Patterson étudie au début des années 30 la scénographie dans une école de théâtre pour noirs en Virginie. Mais voilà que celle-ci doit fermer après un scandale impliquant un des professeurs qui s'avérait être un membre du Ku Klux Klan. Menacé de lâchage, il cherche désespérément une voie pour mener une vie meilleure ailleurs. Il la trouve par accident à travers une publicité parue dans un journal local qui l'informe que la Russie soviétique recherche un groupe de jeunes noirs pour une production cinématographique. C'est donc en 1932, alors que Staline commence à semer la terreur dans son pays, que Lloyd Walton Patterson décide de se rendre en Russie soviétique, pas seul, puisqu'il est avec un groupe de 22 afro-américains. Black and White, le projet de film germano-soviétique de propagande, se propose de mettre en lumière le racisme aux Etats-Unis et l'action néfaste du Ku Klux Klan. Parmi les autres membres, et non des moindres, de ce groupe, on peut citer Langston Hughes, Louis Thomson, Dorothy West, personnalité littéraire et militante du mouvement de la Renaissance de Harlem, ainsi que Homer Smith Junior, un postier et journaliste de Minneapolis. Rappelons au passage qu'à peine quatre ans plus tard, en 1936, le petit-père des peuples réitéra le même type d'opération en invitant cette fois-ci, en pleine guerre civile espagnole, le célèbre écrivain français André Gide à prononcer sur la place rouge l'éloge funèbre de l'écrivain officiel du régime Maxime Gorky qui venait de décéder. J'épousais ces théories communistes avec enthousiasme et, je peux dire, avec aveuglement, estimant que sans doute là, d'après ce que certains témoins nous disaient, il y avait qu'une solution sociale vraiment qui échappa à cette horreur que pouvait être l'exploitation de l'homme par l'homme. Écoutez, je regrette en 1932, une fois sur place, en pleine période des purges staliniennes, le groupe des 22 afro-américains s'aperçoit que la recherche d'un réalisateur pour black and white s'avère plus difficile que prévu. Aucun réalisateur allemand de l'époque ne devait le faire et en URSS, même le grand propagandiste de l'espoir communiste, Roman Karmen, qui n'hésitait jamais à réinterpréter l'histoire devant ses caméras, est tout à coup très occupé ailleurs. Il faut dire qu'un refus l'aurait conduit en Sibérie directe. « Je vais tout de suite à la fin de notre voyage, nous devions prendre l'avion pour Paris un certain mercredi, et je me souviens très bien que le lundi, nous nous sommes dit, ça commence à sentir le roussi, partons mardi la veille. C'est pour vous indiquer l'état d'esprit dans lequel nous étions. » Faute de réalisateur, donc on comprend vite que le film ne se fera pas. La plupart des membres du groupe des 22, menés par les fortes personnalités de Langston Hughes et Louis Thomson, décident alors de retourner aux États-Unis pour ne pas faire le jeu de la propagande stalinienne. Loïc Paterson, lui, choisit de rester à Moscou. Il n'a rien à regretter des États-Unis et dit vouloir mener une nouvelle vie dans ce pays, totalement exotique à ses yeux. D'ailleurs, il apprend le russe en quelques mois. « Privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, privet, de Vera Aralova, artiste et créatrice de mode ukrainienne, qu'il rencontre lors d'une fête à Moscou et il veut l'épouser. Là encore, et malgré le fait que les mariages avec des étrangers aient été assez rares en Union soviétique et que les autorités les désapprouvaient totalement, elle donne avec un maximum de publicité leur accord à cette union exemplaire entre un petit fils d'esclave et la fille d'un éclaireur de la première armée de cavalerie. Le mariage eut lieu devant des nuées de photographes à Moscou. C'était maintenant que commençait la véritable histoire. Lloyd et Vera allaient-ils être plus heureux en vivant à Moscou qu'en vivant aux Etats-Unis ? Le petit père moustachu des peuples allait en tout cas tout faire pour le démontrer. Ainsi commença-t-on par fournir à Lloyd Paterson un travail camarade conseiller et concepteur en bâtiment, lui donnant statut d'ingénieur conseil, un statut social parmi les plus honorables de l'ère staliniste. Il intervint donc dans la conception de l'hôtel métropole et dans la modernisation de certaines villes du Kremlin. Le travail du camarade Paterson étant hautement apprécié par le parti, il fut exposé à la maison de l'armée rouge et au théâtre de la jeunesse ouvrière de Moscou. Sa vie privée elle-même était florissante puisque trois fils s'en acquirent de souvenirs avec la belle Vera Aralova, James Lloydovitch, Tom et Lloyd Junior, en russe dans le texte. Sans cesse sous les feux de la rampe, la famille Paterson quittait rarement la scène publique, au point que le camarade Lloyd devint annonceur puis animateur sur la chaîne de radio All Union Radio dont il contribuait largement à l'essor en langue anglaise. Le petit James Lloydovitch quant à lui à peine haut comme trois pommes, fut enrôlé pour participer au film Le Cirque où il jouait peu ou prou son propre rôle transposé dans l'atmosphère d'un cirque itinérant. Vera quant à elle fit une carrière florissante de styliste en dessinant notamment un modèle de bottes féminines en cuir et des chaussures à talons qui se répandirent par wagons entiers pendant plus de trois décennies dans toutes les républiques soviétiques d'alors jusqu'en Pologne, Hongrie et Roumanie où l'on en trouvait encore dans les années 2000. Pendant la seconde guerre mondiale, la famille Paterson dont le petit père prenait toujours le plus grand soin, fut évacuée de Moscou vers la Sibérie. Lloyd lui resta cependant à Moscou où il fut réquisitionné pour travailler. En 1941, lors d'un bombardement, il fut blessé et électrocuté. Cet accident lui permis de rejoindre sa famille en Sibérie avant de déménager à la pointe extrême orientale de la Russie dans la bourgade au nom engageant de Komsomolsk-sur-Amour, fondée de toute pièce dix ans plus tôt par les jeunesses communistes, les Komsomolks donc, sur une terre conquise à l'ancienne Chine impériale. Camarade, j'avoue que je n'avais pas l'intention de parler, mais notre estimé Nikita Sergeyevich m'a amené de force à cette réunion. Fais un bon discours Matilde. Le camarade Paterson continua de travailler à la radio, émettant vers le Pacifique des émissions de propagande en langue anglaise. Dix années après avoir posé le pied dans l'empire soviétique, en 1942, un obus vint l'endetter brusquement. Ses fils, et notamment son fils, James Loidovich, rare exemple d'enfant d'un couple mixte russo-afro-américain, fut une véritable star en U.R.S.S. Devenu poète, celui que l'on appelait quelquefois le poète noir de Sibérie, très apprécié de ses compatriotes russes, choisit cependant de quitter la Russie avec sa mère Vera pour aller s'établir à Washington D.C. Retour à la source donc. Dans un des poèmes de James Loidovich Paterson, on peut lire « Mon père a abandonné sa patrie où il avait enduré l'amère insulte de tant de choses niées. Mon père le gaucher a combattu dans la grande guerre patriotique pour la patrie soviétique. Mon père est mort. » Sa légende ne devrait pas l'être de si tôt.

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