Details
Nothing to say, yet
Details
Nothing to say, yet
Comment
Nothing to say, yet
The speaker is talking about their experience participating in the Eco-Trail, an 80km race. They discuss the importance of mental preparation and focus, as well as the physical challenges they faced. They emphasize the need to switch to a long-term mindset when undertaking such a challenge. The speaker also mentions the importance of prior preparation and maintaining a positive mindset. They share their personal approach to mental preparation and encourage listeners to find a method that works for them. They describe the morning of the race as a time to relax and mentally prepare before the start. Ok la team, j'espère que vous allez bien, ça va être l'occasion de faire mon premier spin-off du podcast insubmersible, puisque nous sommes le dimanche 17 mars, l'éco-trail vient de se terminer, en tout cas il s'est terminé hier, et comme je l'avais annoncé dans le podcast, c'était un gros objectif de l'année, et donc dans ce podcast j'ai envie de vous prendre le temps de vous raconter cette aventure, parce que dieu sait que c'est une sacrée aventure l'éco-trail de 80 km, je ne vous donnerai pas le dénommement tout de suite, mais j'ai des belles choses à vous partager, déjà pourquoi est-ce que je fais ça, déjà par plaisir, je pense que c'est assez intéressant de vous partager ce qu'on a vécu hier avec mes frères, et aussi parce que, encore une fois, ça me donne beaucoup de joie et de plaisir de vous apporter de la valeur par rapport à mes expériences sur la partie insubmersible, évidemment, mais plus que ça, et je pense que l'éco-trail est clairement un événement sur lequel il y a beaucoup de choses à vous partager, à vous raconter, des anecdotes assez intéressantes, et qui, je l'espère, vous donneront envie derrière de faire de grandes choses, et, encore une fois, d'accomplir la vie que vous méritez. Donc, on va passer en revue, aujourd'hui, l'éco-trail de Paris, 2024, du 16 mars, je suis crevé, je ne vous ai pas encore donné le dénouement, vous l'aurez à la fin, ce que je peux vous dire, c'est que je suis crevé, j'ai mal partout, j'ai une ampoule au pied droit, vous n'avez même pas idée à quoi elle ressemble, tellement elle est affreuse, mes genoux, je peux les mettre à vendre sur le bon coin, j'ai un mal aux abdos, au bas du dos absolument terrible, j'ai absolument mal partout, au niveau des bras, j'ai des irritations, on n'a plus de pouvoir, bref. Me voilà dans un corps de 70 ans, 80 ans même, allez, histoire de pousser un peu, bon, vous l'avez compris, j'ai fait les kilomètres, j'ai fait les 82,6 kilomètres annoncés pour cette édition 2024, c'est ce que je vais vous dévoiler au cours de cet épisode. Alors déjà, l'éco-trail 2024, j'ai envie de vous parler d'un point de vue plus conception du temps puisque c'était l'objectif de l'épisode 10 et quand vous embarquez dans une aventure de 80 kilomètres, la gestion du temps et votre conception du temps, est ultra importante. Pourquoi ? Parce que vous allez partir dans un challenge sur lequel votre cerveau doit impérativement switcher sur le temps long. Ça implique beaucoup de choses parce que je vous disais dans l'épisode 10 qu'il faut être effectivement centré sur le présent, avoir une vision pour ses objectifs en fait, qui doit être centré sur un minimum de temps assez raisonnable. Quand vous partez sur l'éco-trail ou sur ce genre de trip sportif, votre cerveau ne peut pas être en mode, ok je fais mon run du dimanche, je vais courir une heure et demie et je sais que ça va durer une heure et demie. Non, là en fait, vous ne savez pas combien de temps ça va durer, vous savez que ça va durer. Et donc, il faut switcher sur le temps long et ça implique plusieurs choses et je vous en parlerai en fait dans mon découpage de l'éco-trail 2024 et en fait des éco-trails que j'ai déjà fait, comment est-ce que je conçois ça et comment j'espère ça peut vous aider aussi au quotidien à avoir une meilleure conception du temps. Déjà, avant de parler de l'événement même, c'est l'avant, la préparation. Pour ceux qui m'ont vu cette semaine, vous avez vu à quel point j'étais déjà dans l'éco-trail. C'est un événement qui est très difficile. Alors, je le redis, je n'avais pas couru depuis le mois de juillet avec mon frère, je n'ai fait aucun entraînement cardiaque, je n'ai pas couru. Enfin, en tout cas, je n'avais pas couru depuis le mois de juillet. Je suis arrivé à l'éco-trail sans aucune idée de mon niveau de course. En parallèle, j'avais fait mercredi mes 122,5 au déroulement couché avec comme ambition d'allouer deux sports qui sont totalement antidémiques, à savoir un sport de powerlifting, donc de musculation et en parallèle une épreuve d'ultime endurance. Généralement, les deux profils ne vont pas ensemble et on verra au cours de cet épisode si j'ai réussi à prouver le contraire. Tout ça pour vous dire que l'avant déjà est important. En fait, l'avant, la préparation, se mettre dans les conditions que vous allez avoir un événement sur lequel vous allez souffrir est hyper important. En tout cas, j'étais préparé, j'étais focus. Alors, qu'est-ce que j'ai fait pour me focus ? Après avoir fait le bench, donc l'objectif était coché, donc je l'ai fait mercredi après-midi. Le lendemain, j'ai fait un jeûne de 24 heures, même plus, 36 heures. Pour mes équipes qui m'ont vu, on avait un salon ce jour-là. L'objectif là-dessus est de deux choses. Déjà, préparer son corps à l'effort qui m'attend le samedi. En fait, l'effet du jeûne, c'est que déjà, ça met votre corps au repos. Quoi qu'on en dise, certes, vous avez faim, vous n'avez pas non plus une énergie de malade, surtout quand vous en faites de manière un peu irrégulière. Mais d'un point de vue organe, etc., ça prépare déjà votre corps à accueillir tout le bordel qui va arriver le jour J, à faire le vide au sens propre, au sens figuré. Et ça, c'est important. Je pense qu'avant d'avoir des gros échéances, que vous pouvez vous fixer si vous faites de la compétition sportive, si vous avez des grosses échéances au niveau du boulot, des gros événements personnels, je ne sais pas si vous allez vous marier, une chose comme ça. Les quelques jours avant, c'est important, je pense, pour arriver en condition de juste faire le vide. Et ce que je vous le disais dans l'épisode 10, donc d'essayer d'être dans le présent, au calme, d'éviter toute dose de négativité, de stress venir intercepter ce moment de calme. Donc globalement, d'un point de vue du travail, je n'ai pas pris de call, j'ai passé du temps avec mes équipes au salon. Le vendredi, je n'ai vraiment rien fait, je n'ai pris aucune décision. Vraiment, là pour le coup, je vous le dis, j'ai fait le lâche. Non, j'ai fait le loukoum. Vraiment être dans une optique de, ok, on se repose, c'est calme, on fait le vide. J'ai recommencé à m'alimenter bien le vendredi, à manger assez régulièrement, à refaire un peu une dose de sucre, de sucre lent, évidemment, pour avoir de l'énergie, tout en sachant que l'objectif du jeûne, c'est aussi de calmer toutes les inflammations de la muscu que j'ai pu avoir en début de semaine pour faire mon objectif. Bref, c'était d'arriver quand même en condition dans un corps qui a fait le vide, qui est calme, qui est reposé, qui est zen, un mental rechargé comme quand on prend 3-4 jours de vacances et qui est prêt globalement à découdre. Alors l'idée, c'est pas de se cacher la réalité en se disant il va rien se passer, c'est plus de concentrer l'ensemble de votre énergie à cette préparation mentale pour le jour J. Et c'est super important parce que finalement, sur ce type d'épreuve qui demande certes de l'endurance sportive, mais aussi une certaine résistance mentale puisque finalement le corps et l'esprit vont se perdre dans ce type d'expérience. Allouer des préparations sportives, c'est bien, mais trop souvent, en tout cas je pense, on oublie la partie mentale. Et la partie mentale c'est quand même ce qui va vous porter le plus loin, peu importe la condition physique dans laquelle vous êtes. Et donc voilà, mon pari en tout cas de mon côté, quand j'ai ce type d'échéance, en tout cas sportive, je privilégie quoi qu'il arrive la condition mentale à la condition physique. Parce que je me dis même si je suis dans la pire condition physique possible, mon mental est prêt à en découdre, est prêt à accepter la douleur qui arrive et à repousser les séances d'un potentiel abandon par lâcheté, par épuisement ou autre. Donc j'ai quand même fait, même si je vous dis que je ne me suis pas entraîné du tout en courant, certes la préparation physique était nave, je pense que j'étais la seule personne au départ de l'éco-trail 80 km à ne pas avoir couru depuis globalement huit mois. En revanche, en termes de préparation mentale, je pense que j'étais une des personnes les plus préparées. Donc ça c'est la préparation mentale quelques jours avant, mais la préparation mentale je l'applique au quotidien, je pense que vous le voyez déjà travers ce podcast. Et puis voilà, j'ai habitué quand même depuis plusieurs semaines, mon corps et ma tête à être dans des situations assez désagréables, encore une fois, de pousser les séances au sport, de faire des journées un petit peu plus longues, d'avoir quelques privations de s'envahir de temps en temps pour, encore une fois, travailler cette résistance mentale. Je n'ai jamais suivi de préparation mentale dans ma vie, je n'ai pas suivi de formation, c'est plus du test and learn par rapport à qui je suis et comment je perçois mon mental au quotidien. Donc c'est des choses que je vous encourage à observer déjà de base avant de trouver une formule qui fonctionne pour vous. En tout cas pour moi ça semble marcher. Et donc j'ai eu toute cette préparation mentale avant d'arriver le jour J. Matin de l'éco-trail, du coup le 16 mars, l'appareil, je me suis levé assez tôt pour prendre le temps de réaliser que j'allais courir 80 km. Il faut dire quand vous levez le matin et que vous y pensez, en fait, ça crée quand même une certaine dose de stress, c'est à dire, attends, là en fait aujourd'hui je vais courir 80 km, ça peut effrayer. Donc l'idée voilà, encore une fois, c'est de prendre le temps le matin, c'est zen, de bien réveiller le corps, profiter aussi avec les frérots, donc avec mes deux frères qui étaient là, avec les parents, passer du bon temps. Encore une fois, rester dans cet objectif de ses zen, ne jamais perdre de vue l'objectif qui nous attend et la montagne qui nous attend, mais aussi continuer de recharger les batteries jusqu'au dernier moment, s'alimenter évidemment comme il faut, sans excès, mais s'assurer qu'on arrive sur la zone de départ dans les conditions les plus pures possibles. Alors petite anecdote marrante, c'est que le vendredi soir quand je récupère mon dossard, j'ai pas fait gaffe, donc on prépare un peu le matériel le vendredi soir, encore une fois pour être zen le samedi, et là je récupère mon dossard et je vois qu'il n'est pas à mon nom. En fait, j'étais le 2626 je crois, et la personne qui m'a remis mon dossard à l'écotrail m'a donné le 2526. Bon là, j'étais un peu dégoûté, des émotions négatives que je voulais pas ressentir, parce que je me disais bon bah ok, en fait, du coup, sur l'application, Thomas Moufflard n'arrivera jamais, ne prendra pas le départ de l'écotrail, un peu con par rapport à ce que vous avez annoncé. Heureusement, j'ai envoyé des mails à toute l'équipe de l'écotrail et j'ai réussi à récupérer un dossard à mon nom le matin. Donc ça, c'était la bonne nouvelle, parce que je me suis réveillé, j'avais un mail de l'équipe de l'écotrail me disant que je pouvais, au moment du départ, récupérer un vrai dossard. Alors, arrive ensuite quelques heures, enfin non, l'heure avant où il faut partir, il faut s'habiller, donc là, c'est le moment de rentrer en condition, c'est le moment de se dire ok, on va commencer à rallumer les écoutilles et à se mettre vraiment dans le bain, conditions physiques, pareil, switcher le cerveau sur le temps long et être prêt à affronter tous les hauts et les bas. C'est important d'avoir ça en tête, je ne sais pas comment décrire se mettre dans le temps long, mais si vous voulez, quand j'appelle mettre son cerveau sur le temps long, ça va être dans une optique de ne pas désirer. Quand je dis ne pas désirer, c'est quoi ? C'est que souvent, quand vous allez faire un peu de sport ou quand vous avez des échanges assez courts, c'est-à-dire vivement la fin, vivement que ce soit terminé, vivement dans une heure, vivement que j'ai fini mon jogging du dimanche, etc. Non, là, c'est on ne désire pas et on se met en fait dans l'instant présent, comme s'il n'y avait pas de fin, c'est-à-dire que ok, on ne désire pas, on reste dans l'instant présent, on accepte les hauts, on accepte les bas, on profite des moments de haut, on laisse passer les moments de bas et c'est comme ça. Et puis ça s'arrêtera au moment où ça devra s'arrêter, mais ce n'est pas moi qui décide. En fait, qui décide, c'est la course, évidemment, mais c'est ce que j'appelle se mettre sur le temps long, c'est ne pas désirer de choses dans le futur, juste se regarder dans le présent, ce que je vous disais, en tout cas, ça fait écho à l'épisode 10. Donc là, c'est le moment avant course de switcher, de ne plus penser du tout au futur, le futur n'existe plus à ce moment-là, il n'y a que votre certitude du passé, d'être sûr que votre préparation était bonne, avoir confiance en vous, et ensuite être dans le présent, switcher son cerveau sur le temps long, il n'y a pas de fin, et donc, quand il n'y a pas de fin, la seule chose qui compte, c'est le présent. Maintenant arrive le moment où il faut se lancer, et pour vous décrire l'éco-trail, j'ai envie de vous l'associer en fait à l'idée que c'est une vie dans une vie. Vous avez 80 kilomètres, chaque kilomètre représente globalement une année, et c'est vraiment assez fascinant de voir à quel point je pense des compétitions comme l'éco-trail représentent assez bien ce qu'est la vie, je pense, en général, pour une majorité de personnes. Le départ est lancé. Déjà, pareil, en termes de vie, le départ est lancé, sur l'éco-trail, c'est des départs de vagues de 500, et là, pareil, déjà, globalement, c'est un peu petit bonheur la chance, si vous êtes bien placé, si vous êtes arrivé tôt, etc. C'est bien le départ de la vie comme quoi on n'est pas tous égale, parce qu'en fait, ceux qui partent le dernier, ils arrivent après 1500 ou 2000 coureurs, il y a de la boue partout, ça glisse beaucoup plus que si vous êtes premier et que, entre guillemets, la voie est libre. Nous, on est passé dans le sas numéro 4, donc on était clairement dans les derniers, donc là, pareil, c'est de se dire, au lieu de se dire, bon, ok, fait chier, on a eu le dernier sas, ça va être boueux, parce qu'il avait beaucoup plu, tout de suite se mettre des émotions négatives, non, on accepte, c'est comme ça, faisons comme si ça avait toujours été gadoueux, boueux, qu'il y avait des traces de pas partout, et on va pas commencer, dès le kilomètre zéro, à se mettre des énergies négatives qui vont venir nous polluer après, si jamais ça devait se passer mal. Arrivent donc, du coup, les kilomètres de zéro à dix. Alors, de mon point de vue, elles sont assez intéressantes, ces dix premiers kilomètres, parce que c'est vraiment, je pense, un très bon parallèle avec vos premières années sur cette planète, à savoir le zéro à dix ans, où, globalement, vous découvrez le monde. Vous découvrez le monde, vous êtes émerveillé de tout, donc là, quand je dis, au niveau de l'éco-trail, vous êtes émerveillé de tout, c'est que vous faites attention à chaque détail. Est-ce que je me sens bien ? Est-ce que j'ai pas une petite douleur ? Tiens, là, je pense que j'ai des bonnes jambes. Mon estomac, comment il est ? Ça a l'air de tenir. Est-ce que j'ai bien mangé ? Est-ce que je me sens rassasié ? Ma foulée, comment ? Et vous redonnez attention à plein de petits détails qui, en fait, vous avez, quand vous avez entre zéro à dix ans, où, globalement, vous mettez n'importe quoi dans votre bouche, vous commencez à marcher, vous allez explorer n'importe où, enfin, vous voulez explorer quinze milliards de trucs, vous êtes un gosse, quoi, vous souhaitez de joie pour n'importe quoi, vous êtes ultra alerte de tout, mais toujours dans le moment présent. Un gosse ne se projette pas. Et c'est pareil sur les dix premiers kilomètres. Et ça, c'est vrai que c'est dix kilomètres assez, à la fois effrayant et intéressant parce que soit tout va bien et vous sentez, globalement, que ça va plutôt bien se passer, soit tout va mal et là, il faut commencer à déjà accepter que ça va être un long voyage. Alors, de mon côté, on a couru trois, quatre kilomètres avec mes frères et puis mes frères ont commencé à ralentir. Je vous avoue, je n'ai pas trop fait gaffe. Moi, j'étais dans ma bulle et j'ai pris un petit peu d'avance. Donc, on est arrivé aux dix kilomètres. Alors, sur les premiers kilomètres, je ne me sentais pas bien du tout, sincèrement. J'étais pas bien parce que, voilà, je n'ai pas couru depuis huit mois. C'est simple, le corps, il ne comprend pas ce qui se passe. Il était habitué à des efforts courts et intenses avec la salle de sport. Là, il se retrouve à faire des petits efforts, mais sur une longue durée. Je n'étais pas bien. Et je me suis dit, ça va être dur, ça va être dur, ça va être dur. Je sentais que les gens ne répondaient pas de ouf. En même temps, pareil, voilà, instant présent, je savais qu'il fallait que le corps se mette en route, qu'il y a des hauts et des bas et qu'on ne pouvait pas vraiment se projeter. Enfin, que c'était normal. C'est normal que j'ai mal aux jambes parce que je ne m'étais juste pas entraîné. Et puis, bon, j'ai quand même suivi un bon rythme. Je me suis mis derrière un petit groupe. Aux dix kilomètres, j'ai attendu mes deux frères. J'ai vu qu'ils n'arrivaient pas. J'ai compris qu'ils avaient adopté une autre stratégie qui était vraiment de glander. De mon côté, j'avais besoin de faire quand même des kilomètres. Donc, j'ai suivi un groupe sur les dix premiers kilomètres et j'ai commencé à faire la course. Ensuite arrivent les dix et vingt kilomètres, du kilomètre dix au kilomètre vingt. Là, c'est vraiment la force de l'âge. C'est la force de l'âge. Votre corps est en route. Tout va bien. Vous avez l'euphorie. La tension du départ est passée. Vous commencez à avoir l'euphorie de la course. En plus, il était super beau. Donc, on a eu trop de chance. Il y avait pas mal de gadou, mais ça allait. C'était grand soleil. Bref, c'est vraiment un petit peu comme l'adolescence et le début de l'âge adulte. Vous êtes au top. Vous êtes invincible. Vous êtes juste invincible. C'est les années lycées. C'est le début des études. Vous êtes au top. Vous êtes au top de votre forme. Vraiment, le dix à vingt kilomètres, ça passe crème. En même temps, vous savez que ça ne va globalement pas durer. Mais vous êtes un petit peu dans la souciance où c'est le moment où on se dit que ça va être easy. On se dit que je pourrais peut-être courir un peu plus vite. Limite, si les frères mettent un peu de temps, ce n'est pas grave. J'arrive à Paris. Je refais le chemin arrière. C'est un peu la partie euphorique qui est bien parce que ça vous donne beaucoup d'espoir en général. Quand vous êtes encore jeune adolescent, vous avez plein de rêves, plein de trucs, de tout défoncer. Il faut le garder. C'est assez intriguant de voir qu'à l'échelle de l'écotrail, tout le monde fait cette erreur de jugement de se voir trop beau lorsque ça va bien. Surtout avec l'euphorie de se dire que c'est bon, j'ai retrouvé mes jambes, etc. Et donc ça, c'est quelque chose qui, je pense, est inévitable pour tout le monde. En même temps, la première phase de sagesse de ce type de course et de la vie, je pense, est de savoir que ça ne durera pas. Ça ne durera pas. C'est bien d'en avoir conscience. Évidemment, il ne faut pas se freiner. Il faut profiter de ces moments, je pense, dans la vie ou en tout cas dans l'écotrail où tout va bien. En même temps, il ne faut pas faire foncer tête baissée et se dire que le chemin va être quand même un peu long. Arrive le ravitaillement à Bucs. Donc là, on est au 24e kilomètre. Donc là, tout va bien. Petit moment de joie. Vous avez fait une première étape. Vous arrivez au premier ravitaillement. Là, je retrouve les parents qui nous attendent. C'est le moment de manger un petit peu. C'est cool. C'est vraiment pareil dans votre vie où, en fait, là, vous terminez les études à peu près. Vous voyez ce que je veux dire ? C'est bon, vous avez terminé, vous avez eu votre diplôme, je ne sais quoi. Enfin, enfin, vous savez, c'est toujours ce qu'on dit, c'est j'ai hâte d'en finir et enfin d'arriver sur le marché du travail. Donc un peu joie, succès, c'est-à-dire, OK, les 24 premiers kilomètres sont bien passés, c'est trop bien, j'ai des super jambes. Se pose la question quand même, OK, est-ce qu'il faut attendre mes frères ou pas ? J'en parle avec mes parents qui me disent qu'il faut quand même que je fasse ma course. Moi, je sais au fond de moi que si je m'arrête trop longtemps, mes jambes vont... En fait, les jambes que je peux avoir là vont m'attraper. Et je sais aussi que l'euphorie que je peux avoir à ce moment-là ne va pas durer et que probablement, je vais avoir des moments de moins bien où ils auront l'occasion de me rattraper. Donc, je continue mon voyage. C'est aussi une belle analogie de dire qu'on prend tous des chemins un peu différents. Mes frères avaient une stratégie de course vraiment beaucoup plus à l'économie que j'ai pu avoir. Et donc, ils ont vraiment pris leur temps au début pour pouvoir boucler le 80 kilomètres. De mon côté, j'étais plus euphorique en mode j'ai des bonnes jambes. Je ne sais pas combien de temps ça va durer parce que je n'ai aucun point de repère d'un point de vue physique. Donc, autant en profiter quand tout va bien. Ensuite arrive du coup du kilomètre globalement 25 au 30 qui peut être le début de la vie active pour un être humain. Et c'est là où globalement, les espoirs se font et se défont les ennemis. C'est le moment où vous rentrez sur le marché du travail. Donc, vous avez 25, 26, 27, 28, 29, 30 ans. Et vous voyez que ce qu'on vous a vendu quand même du système, ça va être en fait pas si simple et que c'est peut-être un mensonge. Globalement, à partir du 25ème kilomètre, votre corps commence à vous dire, attends, là je ne comprends pas. D'habitude, tes sorties, tes machins, quand tu fais du sport, ça dure 2h, 2h30. Pourquoi on continue là ? Ce n'est pas le moment d'aller à la douche, de se faire un petit sauna et de repartir tranquillement à la maison ou d'aller bosser. Non, non, non. Pourquoi je suis en train de courir là ? Je ne sais pas si tu es conscient de ce qui se passe, mais en ce cas, moi, ton corps, je vais te le faire montrer que c'est le moment de s'arrêter. Et c'est là où ça commence à faire mal. C'est là où ça commence à faire mal. Donc, les jambes deviennent très lourdes à partir du 25ème kilomètre. En plus, il y a des bosses à ce moment-là, c'est absolument affreux. Vous avez mangé un petit peu au ravito, donc votre corps est un peu en mode digestion après l'effort. Donc, il n'a clairement pas envie de continuer. La lucidité commence à partir, c'est-à-dire que l'euphorie des 15, 20 kilomètres, donc de la quinzaine, vingtaine, commence à partir. Et la rationalité commence à vous gagner de type « Non, mais attends, pourquoi tu fais ça ? À quoi ça sert de souffrir autant ? Tu n'en as pas besoin. En vrai, ce n'est pas grâce si tu ne finis pas. » Tous ces petits moments de lâcheté où votre cerveau va commencer à vous convaincre que peut-être le fait d'avoir pris le départ de cette course n'est pas la bonne. Pareil, dans la vie en général, c'est ce que je vous ai expliqué au quotidien quand vous avez ces petits moments de lâcheté, mais aussi quand il s'agit de faire des efforts. Clairement, notre vie en tant qu'être humain, on la construit entre 25 et 35. Tous nos choix à cette époque-là sont les plus importants. C'est le moment où on va choisir globalement notre carrière pro, qu'on va choisir la personne avec qui on va probablement fonder une famille, où est-ce qu'on va vivre, est-ce qu'on va rester dans notre pays natal, à l'étranger. Bref, tous les choix importants de notre vie, en général, vont se faire entre 25 et 35. Et du coup, dans cette course, c'est un peu pareil. C'est le moment un peu décisif où votre corps commence à tout remettre en question et se dire « mais attends, est-ce que tu as fait le bon choix ? Qu'est-ce que tu fais là ? Pose-toi les bonnes questions, essaie d'être rationnel, et en fait, arrête-toi. » Et c'est là où, quand je vous dis qu'il faut switcher sur le temps long, c'est que très vite, votre cerveau peut vous « triquer » si vous n'êtes pas prêt mentalement à accepter ça. Donc, clairement, là, je me suis mis à avoir très très mal au genou à partir du 25, j'étais pas bien, donc baisse de lucidité, j'ai mon cerveau qui commence à tourner en boucle en mode « non mais c'est idiot de faire ce truc, t'arriveras jamais, t'es pas bien, de toute façon t'avances plus, tu commences à avoir mal au genou, etc. » Et là, il faut juste accepter. Il faut juste accepter. Donc dans ces cas-là, qu'est-ce que je fais ? Je marche un peu, je mange un ou deux abricots secs, je prends un petit peu de sucre, je prends des moments, je contemple les beaux paysages, on est quand même en pleine nature. Donc, il y a toute une raison d'essayer de s'extérioriser et de ne pas s'intérioriser. Donc là, le plus important dans ces moments-là, c'est pour le coup de s'extérioriser. S'extérioriser, prendre le temps, prendre du recul, essayer d'être dans l'instant présent, mais pas centré sur soi-même, mais vers l'extérieur. Donc là, je prends mon temps, je regarde les gens qui passent, j'essaie de les suivre et j'attends que ça passe. J'attends que ça passe au niveau de la douleur, que mon corps ait eu le temps de synthétiser le sucre que j'ai pu absorber et d'essayer d'attendre un moment un peu plus euphorique. Donc, c'est clairement un image de la vie, à savoir qu'il y a des hauts et des bas. Ce que j'essaie de vous partager dans ce podcast, c'est que le bonheur est éphémère, la douleur est temporaire. Et donc là, clairement, c'est, si vous voulez, un goût de ma propre médecine qu'il fallait tester à ce moment-là. Donc là, j'avance, je cours quand je peux. Je crois que sur l'application, j'ai regardé sur cette partie-là, j'ai dû faire du 4,5 km heure, 5 km heure. Clairement, j'ai niaisé, mais je ne pouvais pas plus, je ne pouvais pas plus. Après, je connais beaucoup cette course. Arrive le 35e kilomètre. Donc là, vous êtes bientôt à la mi-course. Et comme dans la vie, c'est un peu le moment où vous vous retournez et vous dites, OK, bon là, j'approche globalement les 40, où j'en suis, comment je me sens. J'ai très, très mal partout, on peut se le dire. Mais en même temps, il faut se dire que c'est normal. C'est normal de se poser ces questions-là. Et là, le piège, en fait, c'est de se dire, mais ce n'est pas normal, je vois des gens qui courent, je ne suis pas bien, je ne peux pas y arriver. Tout le monde souffre à ce moment-là. Absolument tout le monde souffre. Et donc, encore une fois, il faut essayer de rester en présent et juste accepter kilomètre après kilomètre la douleur, l'inconfort, la fatigue mentale, la fatigue physique, les hauts, les bas, etc. Sachant que ce qui est intéressant quand même entre le 35e et le 40e kilomètre globalement, c'est que vous allez avoir, certes, globalement 80% de moments de fatigue, mais de temps en temps, il y a des moments où vous avez cette euphorie, où vous vous sentez bien, une petite descente, ça vous dégourdit les jambes, vous avez un petit peu moins d'acide lactique dans les jambes. Et donc, il faut capturer ces moments de bonheur. C'est ce que je vous disais dans l'épisode 10 où il faut savoir profiter des moments d'exception, des moments sur lesquels vous vous sentez bien, tout va bien. Et là, il faut en profiter. Donc, tous ces kilomètres-là, ils sont centrés sur, en fait, l'état de base, c'est que la vie est difficile, la course est difficile, c'est normal de se sentir mal parce que, de toute façon, c'est comme ça. Maintenant, essayons au maximum de trouver les moments de bonheur dans ce cas-là. Et ça, je pense que c'est très important. Enfin, ça fait un beau parallèle avec la vie en général puisque plus vous avancez dans la vie, plus vous avez des bas qui vous ont probablement atteint d'un point de vue optimiste, qui peuvent mettre un terme à certains rêves, etc. Mais ce n'est pas pour ça qu'il faut s'abattre et ce n'est pas pour ça que votre vie, elle est terminée. Il faut toujours aller chercher ces moments de bonheur, continuer à se battre, évidemment, rester dans l'instant présent et juste attendre que ça passe. Je vous le redis, les amis, la douleur est temporaire, le bonheur également, mais il y a toujours une lumière au bout du tunnel. Donc, c'est un peu la philosophie que je me suis appliquée jusqu'au 40ème kilomètre pour laisser passer une douleur qui était quand même très vive. A partir du 40ème, je connais par cœur l'éco-trail, je sais que c'est l'enfer. Je sais que de 40 au 47ème kilomètre, c'est là où il y a un autre ravitaux, c'est une partie qui est très difficile parce qu'il y a beaucoup de montées, il n'y a aucun rythme et là, vous avez passé le marathon. Donc, globalement, il y en a qui sont morts pour moins que ça. Qu'est-ce qu'on veut dire ? À ce moment-là, c'est très difficile. Je ne connais pas les stats d'abandon, en tout cas, je pense que c'est à ce moment-là qu'il y a le plus d'abandon parce que c'est à ce moment-là que vous commencez à croiser des personnes où vous savez qu'elles n'iront pas au bout. Vous commencez à avoir des gens qui sont assis au bord de la route, vous voyez 2-3 collègues s'arrêter pour vomir, des personnes que vous dépassez, qui ont l'air de tituber, vous sentez que c'est très très dur. Et ça, moralement, en fait, on peut dire que c'est top parce que moi j'arrive à continuer. Non, ça vous mine le moral. Ça vous mine le moral parce que vous voyez des rêves autour de vous aussi petit à petit s'éteindre et je pense que c'est une bonne image de la vie quand on parle souvent de la crise de la quarantaine, c'est qu'à ce moment-là, en fait, vous remettez tout en question. Et vous voyez qu'autour de vous, tout est remis perpétuellement en question. Et c'est là où il faut avoir la force de continuer et ne pas globalement se dire « Ok, j'ai raté le truc. En fait, lui aussi, il n'y arrive pas. Abandonnons, quoi. » Je me suis dit pendant toutes les preuves, en tout cas, à ce moment-là, en fait, le 40 et le 46e, c'est là où les hommes se forgent. C'est là où les hommes se forgent, entre guillemets, parce que c'est à ce moment-là qu'il faut avoir le courage de continuer, d'accepter que la vie est difficile, qu'il y a des hauts et des bas dans cette course, mais que c'est pareil pour tout le monde. Et c'est le moment de se dire le pourquoi en fait ça. Le why, je vous en ai pas mal parlé dans les épisodes précédents, c'est dans les moments les plus durs qu'il va vous permettre de continuer. Quand je vous dis que le caractère d'un homme ne doit pas être jugé à la manière dont il célèbre la victoire, mais à la manière dont il réagit lorsqu'il est dos au mur, c'est à ce moment-là. C'est « Qu'est-ce que vous faites quand vous êtes vraiment tendu ? Est-ce que vous vous arrêtez au bord de la route, vous vomissez vos tripes et vous repartez plus ? Ou est-ce que vous prenez votre courage à deux mains, vous savez pourquoi vous le faites et vous acceptez la douleur ? » Moi, je savais pourquoi je le faisais, déjà parce que, encore une fois, c'est ce que je vous explique dans le podcast. Pour moi, c'est un parallèle à la vie et que si je ne suis pas capable d'accepter pendant 80 kilomètres une souffrance assez intense, comment accepter les difficultés de la vie ? Donc, à aucun moment, c'est un objectif supra de ce que je peux faire dans le podcast. C'est un objectif de vie. On ne fait pas le lâche et on accepte aussi ces phases de bas puisque, de toute façon, la douleur est temporaire et qu'il s'agit ensuite de trouver sa voie, de savoir ce qu'on veut faire et d'avancer. Continuer d'avancer, c'est le plus important. Donc, j'ai tenu. J'ai tenu, les amis. Je sais que j'étais très, très mal. Après, le gros avantage que j'ai eu, c'est que comme je n'avais pas trop niaisé, j'étais quand même au-delà des morts que j'ai pu rencontrer au fur et à mesure de la route. Il y avait quand même des dégâts très, très solides. Et notamment, certains profils qui sont extrêmement « inspirants » dans leur manière dans un éco-trail. Mais j'ai croisé quelqu'un, en tout cas, qui était à mon rythme, qui courait en tongs. Oui, oui, en tongs. J'ai croisé un autre gars qui n'avait pas de sac. Il était en jogging, basket. Vous voyez l'ado qui va au sport au collège, qui avait un long jogging, un peu oudise. Tu sens que le cours de sport, il n'en a un peu rien à foutre. Avec des chaussures qu'il a dû acheter la veille chez des kettlons à 40 euros. Et le gars, sans sac. Et le gars, il envoie du pâté. Et donc là, vous vous dites « Ok. Attends. Ces mecs-là, ils y arrivent. Il y a un truc que je ne sais pas. Mais en tout cas, je vais les suivre parce qu'ils sont inspirants. » Et donc, j'étais quand même dans un bon groupe. Et ça, pour le coup, quand on dit qu'on est la somme des 5 personnes qui nous entourent, ce n'est pas plus vrai à l'éco-trail. Si vous vous retrouvez dans un groupe où tout le monde est à l'agonie, vous allez être à l'agonie vous-même. Par contre, quand vous êtes avec des meneurs d'allure qui vous envoient du bois, vous avez envie de les suivre. Il y a quelque chose qui se fait dans votre cerveau, je pense, à ce moment-là, qui vous dit « Attends. Suis ce groupe. Suis ce groupe. Bat-toi. Avance. Prends exemple sur eux. Inspire-toi d'eux. Et fais comme eux. » Quand je vous parlais dans les premiers épisodes des personnes qui m'inspirent, ça le vaut aussi à l'échelle de l'éco-trail. Ces deux personnes-là, force à eux d'ailleurs. Je ne sais pas qui elles sont. Peut-être qu'elles m'écoutent. Je ne pense pas. En tout cas, je vous remercie parce que ce quinquagénaire qui courait en tongs et cette adolescence en sacs vous m'a beaucoup inspiré et vous m'a donné la force de garder le rythme. Et ça, c'est extrêmement important, encore une fois. Inspirez-vous des bonnes personnes. Ce sont ces personnes-là qui, dans les moments les plus durs, viendront vous donner la force de continuer. C'est pour ça que d'ailleurs, j'adore l'éco-trail parce que, encore une fois, c'est une vie, cette course, à l'échelle d'une journée. Arrive donc le 47ème. Il était le moment de retrouver les parents, puisque c'est le deuxième récito de la journée, d'avoir des nouvelles des frères, parce que je savais que mes parents avaient croisé mes frères entre-temps, et d'apprendre aussi que les nouvelles du front ne sont pas bonnes de leur côté, puisque Adrien, mon grand frère, apparemment, n'était pas très bien, et Benjamin également. Donc là, et que j'avais globalement quasiment une heure déjà d'avance sur eux, un petit peu plus de la moitié du parcours. Donc là, c'est un co-moral supplémentaire, parce qu'évidemment, dans l'objectif personnel, c'est d'arriver au bout, mais l'objectif supra est d'arriver tous les trois en haut de la tour Eiffel. Donc là, vous vous posez des questions sur des choix que vous avez pu avoir, parce que j'ai fait le bon choix, j'aurais peut-être vu les attentes, en même temps j'avais tellement mal aux jambes que ce n'était pas une option pour moi de pouvoir traîner, parce que ça m'aurait aussi amené dans leur propre chute. Et donc là, pareil, vous vous questionnez de manière générale sur des choix que vous avez pu faire par le passé, et c'est ce que je vous disais dans l'épisode 10, c'est qu'il faut essayer de faire en sorte que le passé, dans ses éléments les plus négatifs, ne vous impacte le moins possible pour le présent et le futur. Et c'est là où j'aurais pu me dire, ok, je les attends, j'aurais pas dû gérer ma course comme ça, peut-être que j'aurais peut-être pas dû partir aussi vite, etc. Mais en même temps, c'est aussi de se dire les bonnes questions, attends, si je les avais entendues, probablement que c'est moi qui aurait eu le plus de crampes, parce que j'aurais pas trouvé mon rythme, et donc je n'aurais non seulement pas réussi à déjà passer le 47ème kilomètre, et je les aurais peut-être encore plus freinés, parce que je me serais embourbé dans un rythme qui n'est pas le mien, et je les aurais ralenti encore plus. Donc, l'un dans l'autre, je n'avais pas le choix, et il faut que je sois strong avec mes choix, et c'était probablement la meilleure décision. Peu importe si c'est vrai ou pas, on s'en fiche. Encore une fois, il faut essayer de donner l'instant présent dans vos difficultés, et rester quand même aligné avec les décisions que vous avez prises, de toute façon, vous ne pouvez rien y changer. La décision était prise, maintenant il y avait une heure d'écart entre mes frères et moi, je ne pouvais plus revenir en arrière, je ne pouvais pas les attendre une heure, sinon je ne serais jamais reparti. Donc, encore une fois, essayez de faire en sorte que le passé, tant que vous ne pouvez pas changer le passé, ou le rattraper, n'impacte pas vos décisions futures. C'était le moment, à partir du 47ème, de « je savais que j'allais finir maintenant la course tout seul, que même si j'avais une énorme défaillance, sachant qu'eux-mêmes n'étaient pas au top, ils ne m'en rattraperaient pas. Donc, que j'avais globalement 35km devant moi, tout seul à affronter, sans l'appui émotionnel de mes frères. Donc ça, c'est dur à affronter, évidemment. Et donc là, encore une fois, vous vous posez encore plus de questions, du « why, j'ai déjà fait deux fois, j'ai déjà fini deux fois cette éco-trail, pourquoi est-ce que je vais m'infliger encore une fois des souffrances supplémentaires, alors que finalement, je n'en ai pas besoin ? ». Donc là, votre cerveau vous refait des tours de passe-passe, je pense que c'est les mêmes tours de passe-passe qui doivent vous faire à 45 ans, au moment où vous avez peut-être la crise de la quarantaine, vous n'avez peut-être pas eu la vie que vous vouliez, vous avez eu des échecs, et donc votre cerveau va naturellement venir se plaindre et trouver des excuses pour vous mettre la tête dans le caca. Donc là, encore une fois, il faut être grand, il faut être fort mentalement, il faut se redire pourquoi vous êtes là, remettre l'église au centre du village, et surtout, surtout, surtout les amis, continuer à avancer. Continuer à avancer, ne jamais abandonner et ne pas rester dans le passé. Donc, je prends mon courage à deux mains et je repars. Avec une douleur, une douleur musculaire, vous n'avez pas idée. Je sens les crampes arriver, je commence à avoir très mal aux genoux, bref. Je savais que ça allait être compliqué, mais j'étais encore une fois entouré de ces personnes, puisque j'avais quand même gardé le rythme, il ne faut pas oublier que je n'ai pas niézé. Donc, j'avais toujours ce petit groupe d'une dizaine de personnes, alors vous vous dépassez, vous vous recroisez tout le temps, mais vous savez qu'il y a du rythme. Et l'objectif était, ok, suis ces personnes qui t'inspirent, suis ce groupe et avance. Arrive le moment du 50 km, et là, c'est inévitable, c'est le déclin physique. Vous avez beau être en la meilleure forme possible, vous déclinez. Vous déclinez, votre corps, il y en a 6 heures d'effort, non-stop. Vous avez beau avoir le meilleur entraînement de la planète, vous déclinez, c'est évident. Vous déclinez à tous les points de vue, vous déclinez mentalement, votre lucidité commence à s'estomper petit à petit, à fur et à mesure que la nuit gagne le terrain, parce qu'à ce moment-là, il a environ 18 heures. Votre lucidité physique, vos sensations commencent à disparaître, vous ne savez plus trop où vous en êtes, et vous commencez à rentrer vraiment dans une phase 2 qui est un peu de début de trance où vos sensations s'estompent, votre lucidité s'estompe, votre morale s'estompe, et il faut se réaligner avec l'essentiel. Et là, l'instant présent devient de plus en plus important, il n'y a plus de passé qui compte, il n'y a plus de futur qui compte, il n'y a que maintenant et les 100 mètres qui vous séparent du prochain tournant et les 100 mètres suivants. Et ça je pense que, alors j'ai pas 50 ans évidemment, mais c'est ce qu'on doit probablement ressentir à partir de la cinquantaine où globalement notre vie elle est faite, le déclin physique arrive, et que finalement ce qui commence à être fin à ce moment-là c'est juste d'être dans l'instant présent, le futur a de moins en moins d'importance, le passé ne doit plus nous atteindre et notre horizon de temps doit commencer à s'estomper et juste à profiter et à se rapprocher du présent. Donc là il n'est plus moment de se dire plan sur la comète, est-ce que je vais finir, en quel temps, etc. Non, c'est juste d'être dans l'instant présent. Ce que j'aime bien faire à ce moment-là, c'est mettre de la musique pour me redonner un peu de dopamine. De base, pour ces efforts-là, je cours très peu avec de la musique, j'aime bien profiter du bruit, etc. Autant là, je sais que c'est un moment où il faut que mon cerveau pense à autre chose et qu'il profite d'autres choses pour encore une fois s'extérioriser, regagner peut-être un petit peu plus en lucidité, mais surtout accepter la condition dans laquelle il est et que malgré la douleur physique, le bonheur d'écouter de la musique que j'aime me permet d'avancer. Donc là, je mets mes écouteurs, je mets de la musique, j'ai mis quoi, je ne sais plus, j'ai des musiques un peu trans-techno qui me permettent de penser à autre chose. Très très bon d'ailleurs pendant l'Echo Trail et d'autres musiques, je ne connais pas le style, mais c'est plus des trucs... En fait, je ne connais même pas le style. Peut-être qu'il faudrait que je fasse une playlist Echo Trail, parce que j'ai toujours une playlist Echo Trail, mais ça je ne vous l'ai pas dit. J'ai une playlist Echo Trail de son, de très techno à beaucoup plus introspectif, que j'aime bien écouter justement à partir du 55ème km pour rester au maximum dans l'instant présent et continuer d'avancer. Donc arrive ensuite le moment où, quand je vous dis que le futur n'a plus de sens, c'est qu'à ce moment-là, à partir du 55ème km, tout est une question de progression dosée. C'est-à-dire que vous courez, vous essayez de courir autant que vous pouvez, puis à un moment, vous avez tellement d'acide lactique dans les jambes que vous devez vous arrêter. Là, vous mangez peut-être un petit truc, vous buvez tranquillement, et puis vous essayez de repartir quand vous pouvez. Et ça, ça va dicter globalement les kilomètres qui suivent dans une optique de se dire, je prends ce que mon corps me donne, j'ai fait déjà ce qu'il fallait, maintenant il faut que je puise dans mes ressources qui me restent et continuer d'avancer. Donc très dur, sincèrement très dur à ce moment-là. Je pensais vraiment à la partie de 50ème, j'étais tellement mal, sincèrement les amis, que je n'arriverais pas au bout. J'ai eu des douleurs que je n'ai rarement eues, et pourtant j'ai couru, je crois que j'ai fait du 12 ou 13 km sur la partie 55, donc j'ai vraiment pas niaisé. Mais j'avais tellement mal, c'est indescriptible je pense, sauf pour ceux qui ont fait ce type d'épreuves. Et j'arrive enfin au 3ème ravito, à 58 km, donc là je retrouve les parents. Pareil, ce que je vous disais, moment d'exception à l'échelle de l'éco-trail, prendre le temps juste de savourer ces 10 minutes avec les parents, même si vous n'êtes pas bien, faire le vide, profiter de ces moments, remettre un peu le cerveau à zéro, sortir de ces moments de douleur et profiter. J'en ai profité aussi pour bien manger à ce moment-là, parce que je sentais que les ressources étaient déjà bien cramées. Donc là, encore une fois, il faut se faire plaisir, à partir du 60ème, il vous reste 20 km globalement. C'est plus le moment de calculer, c'est plus le moment de se faire des plans sur la comède, il faut que je mange toutes les 30 minutes, patati patata, en tout cas à mon niveau, j'entends bien d'amateurisme complet, il faut se faire plaisir, il faut prendre ces moments un peu off et essayer d'en profiter le plus possible. Et je pense qu'encore une fois, ça fait un très bon parallèle avec les 60 ans, vous êtes quasiment au 60ème km, où la retraite approche, c'est plus le moment de se faire des plans sur la comède, c'est de profiter maintenant, profiter de ce qu'il reste, de ce que la vie a encore à nous donner, même si notre forme, nos espoirs, nos rêves se sont éteints à plein d'échelles, il faut profiter de ce qu'il en est, de la famille, des proches, de ce qu'on a construit, et rester toujours positif et se concentrer sur le positif. Donc là, il y a la soupe, quel bonheur, je pense qu'il n'y a pas une épreuve ou un moment dans l'année où vous profitez plus d'une soupe, mais qui n'a rien d'exceptionnel, globalement c'est un bouillon à cul-bord, si ce n'est le bouillon cul-bord de l'éco-trail, mais quel bonheur, quel bonheur de sentir cette soupe chaude, après 60 km d'effort, bien salé comme il faut, manger 2-3 tucs, 3-4 carrés de fromage, oh la la, quel bonheur, quel bonheur. Donc là, vous repartez ensuite, et vous avez remis les batteries à plat, tout comme on fait le vide avant le départ, à partir du moment où on est au 60ème km, il faut remettre les batteries à plat, et se dire que c'est fine, j'étais dans l'étang, j'avais globalement, il me restait quoi à ce moment là, pour être hors délai, je sais pas, il fallait que je mette 5 heures pour faire 20 km, du 4 km heure, donc à ce moment là, vous savez que même si vous marchez de bout en bout, et que vous faites vraiment le pantouflard jusqu'à la tour Eiffel, vous êtes censé y arriver, certes en ayant mal, en ayant des vomissements, du mal au coeur, une lucidité râle et pas crête, c'est pas grave, vous êtes censé y arriver. Donc ça, ça fait du bien, et encore une fois, ça permet de relativiser, c'est un peu le moment de la big picture, ce que je vous disais dans l'épisode 10, de se dire, quand ça va mal, reprenez de la hauteur, la vie c'est fantastique, c'est exceptionnel, là c'est pareil, si on reprend de la hauteur, attends, c'est fine, en fait il faut juste que je marche là, c'est juste qu'il faut que je marche, pas besoin de courir, qui est affreusement douloureux, bon, après il y a un moment aussi où, je fais encore le parallèle avec le numéro 10, c'est que si vous avez la force de continuer et de faire de grandes choses, même à 60 ans, même au 60ème kilomètre, pourquoi s'en priver, on n'a qu'une vie. Donc j'étais toujours entouré de ce fameux groupe qui m'apportait, et donc je me suis remis à courir avec eux, parce que je sentais que je pouvais courir, je sentais que je pouvais, la suite à ce moment un peu de décompression du 60ème kilomètre, repartir, relancer. Et arrive au 65ème kilomètre, le fameux bois de Saint-Cloud, où autant du 40 au 46ème les hommes se forgent, autant au bois de Saint-Cloud, donc c'est du 65 au 70ème, l'histoire s'écrit. Vous savez que si vous passez ces 5 derniers kilomètres, vous arrivez au bout, vous le savez, c'est l'ultime truc, pourquoi, parce qu'après les 10 derniers kilomètres, les 10 derniers kilomètres le long des quais jusqu'à la tour Eiffel, c'est du bitume globalement, je veux dire la probabilité qu'il y ait des blessures, que vous vous cassiez la gueule, que vous ne soyez pas bien, c'est tout plat, c'est zéro. C'est zéro, et puis vous avez l'euphorie de la tour Eiffel, donc généralement ça se fait. Donc l'histoire de l'éco-trail, votre médaille de finisher s'écrit à ce moment là. Et c'est un peu le dernier barreau d'honneur, je pense, au moment justement où, dans la vie, on va atteindre des 65-70 ans, où on va prendre le temps de faire ce dernier projet qui nous tient à cœur avant de rendre les armes et de laisser notre place à la génération future. Il y a beaucoup de retraités qui vont se lancer dans des projets associatifs, qui vont faire des tours du monde, qui vont se casser en plein milieu de la France et ouvrir une écurie, ou je sais pas, qui vont rénover des bagnoles. Voilà, c'est le moment de faire un dernier barreau d'honneur. Et celui-là, je l'aime bien, j'adore ce passage, parce que quand je dis que l'histoire s'écrit, c'est le moment de profiter de ce que vous avez fait et d'avoir ce dernier pic de dopamine ultime, d'euphorie à construire et avancer. Et quand vous êtes dans cet état-là, un peu de trance, tout va bien. Et c'est clairement le meilleur moment de la course. C'est le seul moment de la course, là, 65-70 ans, ça paraît débile, où je me suis vraiment senti invincible. J'ai avancé à fond, je courais, je pense, entre 11 et 12 km heure. Aucune douleur, plus rien, etc. Enfin, des douleurs atroces, mais en fait, votre cerveau shutdown total. Je ne sais pas comment il fait, un pic d'endorphine probablement. Et vous avancez. Et vous avez ce sentiment d'euphorie, vous sentez l'émotion monter. Je ne vous dis pas que j'étais en train d'avoir des larmes qui écoulent, mais il y a quelque chose d'absolument fantastique qui se passe. Et je pense qu'on ressent, en fait, quand on approche ses 70 ans, on regarde derrière nous tout ce qu'on a fait, la vie en général, qu'on regarde les moments qui nous restent à vivre et qu'on se dit « Rah, putain, malgré tout, c'était bien. Allez, j'en profite à fond. Encore les années qui me restent. » Et c'est un peu ce que vous ressentez à l'Ecotrail. C'est pour ça que j'adore cette course. Et vous arrivez enfin au 70e km, où là, vous êtes en haut du parc de Saint-Cloud, pour ceux qui connaissent. Vous avez la tour Eiffel droit devant vous. Et donc, vous voyez la fin du parcours. Là, vous voyez ce qu'il vous reste à vivre. Et c'est un peu un moment où, globalement, vous savez que vous allez le faire. Vous savez que vous allez terminer. Il n'y a plus d'attente à ce moment-là. Il n'y a plus aucune attente. Tout est écrit. Donc je pense, encore une fois, que c'est ce qu'on ressent au 70e. À 70 ans, c'est qu'il n'y a plus d'attente. Là, globalement, vous avez tout fait. Votre forme physique commence vraiment à décliner. Vous avez eu la vie que vous avez eue. Vous pouvez plus la changer. C'est comme ça. Et vous savez que les années qu'il vous reste à vivre, le plus possible, évidemment, on se le souhaite tous, il va, globalement, moins se passer de choses. Et donc là, il faut profiter. Il faut profiter de ce qu'il y a. Et là, la décision, à ce moment-là, dans l'écotrail, elle est simple. C'est soit vous êtes totalement K.O. et vous acceptez que la vie vous a juste ravagé et vous essayez de prendre ce qu'il vous reste à prendre pour arriver au bout, soit, en fait, vous avez bien géré. Et puis, finalement, vous avez encore de l'énergie à donner. Et pourquoi s'en priver ? Et c'est un peu mon cas. Du coup, moi, j'ai cette euphorie au 70e et j'avais envie de profiter à ma manière qui me semblait la plus correcte pour terminer. Et quoi de mieux de terminer avec ce groupe qui m'a porté du 25e kilomètre au 70e ? Je pense que ça fait écho avec nos proches. Je pense qu'à partir de 70 ans, en fait, ce qui compte plus que tout ne compte plus que nos proches, finalement, et les gens avec qui vous avez envie de passer votre temps à la fin. Donc, à coups de petits chitchats tout au long de la course, j'avais envie juste de terminer la course avec eux, à défaut de la terminer avec mes frères et juste de continuer à avancer. Alors, au 70e, je savais que mes deux frères étaient totalement dormes, mais je ne savais pas, en fait, si l'un des deux avait avancé. Je sais qu'ils étaient toujours en course. Après, je crois que j'étais à 9h, au bout de 9h de course à Saint-Cloud. Donc, il était 20h, 20h30. J'avais globalement pas d'infos sur mes deux frères. Je savais qu'ils étaient encore en course et que tout était possible. Donc, j'avance. J'avance avec, évidemment, les douleurs qui étaient miennes, mais avec la volonté de finir avec ce groupe qui m'a porté et donc de courir, qu'est-ce que je vous dis ? De courir malgré la douleur. Et on a fait, du coup, les dix derniers kilomètres assez vite, finalement, ce que j'ai fait en 1h20, alors que, généralement, je mets 2h40 parce que je ne fais que marcher à ce moment-là. Et donc, j'arrive à la Tour Eiffel. 82,3 km au bout de 10h50 d'effort avec ce groupe qui m'a porté de bout en bout. Et évidemment, une joie extrême, mais en même temps, un énorme goût d'inachevé de ne pas être avec mes deux frères en haut de la Tour Eiffel. Et c'est là où, en fait, on se rend compte que le bonheur n'a de sens que s'il n'est partagé. Donc, évidemment, quand vous arrivez en haut, vous êtes très fiers de vous et hyper, hyper heureux d'avoir terminé. Mais finalement, le must du must était d'arriver avec mes deux frères en haut de la Tour Eiffel. Donc, je redescends vite. Ma mère m'avait attendu à ce moment-là, puisque, en fait, mes parents ne s'étaient relayés. Donc, mon père s'occupait de mes deux frères et ma mère m'avait attendu à la Tour Eiffel. Donc, là, évidemment, je demande des nouvelles. Où est-ce qu'ils sont ? Est-ce qu'ils vont bien et tout ? Ma mère me dit que, malheureusement, un de mes frères a rendu les armes pour le coup. Vomissement long, entre autres, en me forçant à abandonner. Sa condition physique n'est pas bonne. Donc, un peu, les espoirs s'écroulent. Mais il en restait un deuxième en course et qui, à ce moment-là, était très, très loin. Et là, vous savez que, globalement, il était 23h pile, d'ailleurs, puisque la Tour Eiffel s'est mis à sortir ce mois-là. Donc, je suis arrivé à 23h et, globalement, je savais qu'il restait 2h de course à mon dernier frère et qu'il fallait que je patiente 2h. Et c'est là où, encore une fois, c'est l'ultime épreuve. Vous pensez que vous avez terminé cette course. Vous avez mal partout. Vous avez eu envie d'aller rentrer dormir. Et là, il vous faut attendre 2h dans le froid que votre frère attend. Et donc là, c'est un peu l'ultime épreuve où votre cerveau vous dit « Attends, toi, tu as fait le job. Maintenant, c'est bon. Va t'allonger. » Alors, il y a des centres de massage juste en bas de l'écotrail. Donc, c'est facile d'aller faire le lâche et d'aller se faire masser. Mais je me suis dit « Ok. Mais, en fait, pourquoi tu fais cet écotrail depuis le début ? Pourquoi tu le fais ? En fait, tu le fais juste pour arriver en haut avec tes 2 frères en haut de la Tour Eiffel. » Entre temps, ma mère m'a dit que mon 3e frère s'est remis à courir. Donc, en fait, les 2 sont en course même s'il y en a un qui est sur le papier abandonné. Et que finalement, la photo en haut de la Tour Eiffel est possible, que tout devient possible. Et là, la leçon qui en est tirée, c'est que le bonheur n'a de sens que s'il n'est pas partagé. Et donc, l'ultime objectif, quand il n'y en a plus qu'il y en a encore, c'est d'attendre mes 2 frères à l'arrivée de la Tour Eiffel. Donc là, c'est encore une fois une antagonie puisqu'il faut savoir qu'après 80 km, vos muscles se tétanisent très très vite. Vous avez des crampes qui arrivent, des douleurs. Je ne pourrais même pas en parler. Et vous savez que vous allez devoir remonter à pied à la fin de la Tour Eiffel puisque, je ne l'ai peut-être pas dit, vous arrivez au premier étage de la Tour Eiffel. Donc, il faut se taper les 300 marches après 80 km. Et, je le sais, que le faire une fois après 80 km, c'est dur. Mais alors, le faire 2 fois après 80 km et attendu 2 heures dans le froid, ça allait être très difficile. Donc là, encore une fois, votre cerveau vous dit que vous trouvez tout un tas d'excuses de lâches, etc. Et il faut encore puiser une ultime fois sur pourquoi vous faites ça, pourquoi vous l'avez fait, etc. Et tout donner jusqu'au bout. Minuit 45, un quart d'heure avant la fin de l'écotrail puisque la barrière horaire est 1h du matin, mes 2 frères arrivent enfin en bas de la Tour Eiffel. Et c'est le moment de savourer tous les 3, de monter ces 300 marches. Je passe sur la douleur ressentie à ce moment-là. Et d'arriver en haut, de recevoir les médailles et de se faire la photo tous les 3 en haut de la Tour Eiffel. Et ça, quand je vous parle de moment d'exception, ça en fait clairement partie. Il n'a pas accepté de faire plus que les 60 km que tu as fait. Et donc, tu n'as pas fait de lâches. Et donc, c'était tout simplement le best que les 3 frères pouvaient faire hier soir. Et donc, on peut en être fier. Et ça n'enlève rien à la joie et au bonheur de t'arriver tous les 3 en haut de la Tour Eiffel. Donc, un grand moment, les amis, qui met à l'épreuve, encore une fois, l'ensemble des choses que j'essaie de vous partager dans ce podcast. Je me les suis appliquées tout au long de cette journée, puisque Dieu sait que j'ai eu très très mal. Que là, je vous parle, je suis assis sur un tabouret. Et chaque minute qui passe, je pense que ma hauteur décline d'un centimètre et que je vais finir complètement allongé par terre tellement que je suis fatigué et j'ai mal partout. Mais, quel bonheur de vous partager ça aussi. Et surtout, quel bonheur d'avoir réussi. Donc, fixez-vous des objectifs qui vous dépassent. Je pense que c'est l'objectif de ce podcast. Des hauts et des bas, vous en aurez tout le temps en témoignant, encore une fois, cette course absolument affreuse. Je ne la referai plus avant longtemps, mais qui renforce votre mental, vous rassure sur vos certitudes. N'oubliez jamais pourquoi vous faites tout ça. Ce qui compte, c'est évidemment pas la destination, c'est le voyage. N'oubliez pas qu'on ne juge un caractère d'un homme qu'à la manière dont il agit lorsqu'il est dos au mur et pas à la manière dont il célèbre la victoire. La douleur est temporaire, puisée au fond de vous. Et finalement, ce qui compte, c'est que plus on avance dans le temps, plus l'instant présent est la clé pour profiter de la vie. J'espère que ce récit vous a plu, que ce spin-off insubmersible vous a plu. Peut-être vous a-t-il donné envie de faire l'éco-trail de Paris de 80 km. Je pense avoir prouvé que c'est possible de le faire sans absolument aucun entraînement, simplement avec une bonne préparation mentale. Et l'habitude de toujours vous dépasser et de vous créer des situations inconfortables pour passer les difficultés de la vie. C'était Thomas pour Insubmersible.