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The speaker expresses a series of wishes for various experiences and emotions. They wish for absurd conversations, late-night makeovers, taking random streets, and not sharing their ideas too soon. They also wish for taking initiative, not ignoring victims of aggression, receiving the correct diagnosis, and indulging in harmless silliness. They wish for small joys like chocolate, lavender-scented blankets, and purring. They mention collective anger and justice, and they wish for the potential and possibility of becoming something more. They acknowledge that tomorrow they may not embrace these wishes fully, but they believe that words can remind them of their aspirations. Je vous souhaite une conversation absurde dans les bouches de métro, un relooking au ciseau de cuisine à trois heures du matin. Je vous souhaite de rebourser chemin, de prendre une rue au hasard, d'aller un peu plus loin, de ne pas lire trop tôt vos fulgurances, les couvrir un temps. Elles ont besoin de vivre en vous avant que vous ne les offriez au monde. L'éclairage des autres pourrait les abîmer. Je vous souhaite de poser la première question de la première heure de cours, d'être la première à danser, de manger la première part du gâteau, de ne pas invisibiliser une deuxième fois une victime d'agression. Je vous souhaite le bon diagnostic, des bains de lumière matinales à enrayer le parquet, des journées à trois mètres dénuées à se scotcher des rondelles de concombres sur la gueule au réveil. Je vous souhaite des bêtises inoffensives et le vol du temps, une salle de cinéma microscopique où l'écran fait à peine la taille d'une télévision, où il n'y a personne d'autre que vous et une femme âgée au premier rang, qui s'est endormie à la quatorzième minute et qui ronfle allègrement. Je vous souhaite des catastrophes culinaires, des obsessions fugaces comme les palmitos et les gnocchis. Je vous souhaite des souvenirs Facebook à faire mentir dont c'était mieux avant. Je vous souhaite le bonheur simple, celui du chocolat praliné, du plaid qui sent la lavande, de la bouillotte et des ronronnements. Une colère collective, Adèle fait fertile. Je vous souhaite une pluie de cordes auxquelles s'accrocher. Je nous souhaite la justice dans laquelle il ne peut y avoir de paix. Enfin, je nous souhaite la marge de Romain Gary, cette potentialité, ce qu'on n'est pas encore, ce qu'on pourrait devenir, ce que peut-être nous sommes déjà un peu à l'abri des regards. Sans doute que demain je n'assumerai plus cet élan, cette vulnérabilité de ce que j'espère en dépit de ce que je sais. Mais les mots souvent précèdent ma pensée, et ils seront là, je crois, pour me rappeler ce vers quoi je tends.