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La Dose Audio 19

La Dose Audio 19

00:00-12:55

Dose du 11 décembre : Ocean Vuong / ciel de nuit blessé par balle Traduction de l’états-unien : Marc Charron Rosa Luxemburg / Herbier de prison Traduction de l’allemand : Claudie Weill, Gilbert Badia, Irène Petit et Muriel Pic Jacques Henri Michot /Comme un fracas (extrait) Ossip Mandelstam Traduction du russe : Philippe Jaccottet Donika Kelly / Poème d’amour, satyre Traduction de l’ états-unien : Raluca Maria Hanea et François Heusbourg Louise Glück / Recueil de recettes d'hiver

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Transcription

The first part of the transcription is a poetic reflection on the significance of music and beauty in the speaker's life. The second part discusses the personal connection between the author and nature, specifically birds and flowers. The third part mentions various painters and their depictions of landscapes. The fourth part is a conversation between a student and their blind art teacher about the interpretation of their own artwork. Une certaine dose de peau, de peau, et, une certaine dose de peau et, et, et, et, et, En ce corps où tout a un prix, j'étais un mendiant. À genoux, j'ai regardé par le trou de la serrure, non pas l'homme qui se douchait, mais la pluie qui le traversait, des cordes de guitare se brisant sur ses épaules galbées. Il chantait, c'est pourquoi je m'en souviens, sa voix, elle m'a rempli jusqu'à la moelle, comme un squelette, même mon nom s'est agenouillé au fond de moi, demandant d'être épargné. Il chantait, c'est mon seul souvenir, car en ce corps où tout a un prix, j'étais vivant, j'ignorais qu'il existait une meilleure raison, qu'un matin mon père s'arrêterait, un poulain sombre immense sous la verse, pour écouter ma respiration crisper derrière la porte. J'ignorais que le prix à payer pour entrer dans une chanson était de perdre le chemin du retour. Je suis entré, et donc j'ai perdu, j'ai perdu tout, les yeux grands ouverts. Ocean Wong, ciel de nuit blessé par balles Traduction de l'étasunien Marc Charon A vous, ou je peux bien le dire, vous n'irez pas me soupçonner aussitôt de trahir le socialisme. Vous le savez, j'espère malgré tout mourir à mon poste dans une bataille de rue ou au pénitencier. Mais mon moi profond m'appartient davantage à mes mésanges charbonnières qu'aux camarades. Pendant que j'écris ces lignes, un gros bourdon est entré dans la pièce et l'a rempli d'un son grave. Comme c'est beau, quelle joie profonde de vivre recèle ce son plein, vibrant d'énergie, de chaleur estivale et de parfums florals. Il y a surtout une famille de pinceaux qui vient plusieurs fois par jour. La mère que je connaissais bien avant ses noces m'apporte toujours une petite oiselle sur ma fenêtre. Une seule chose me tourmente, c'est qu'il me faille jouir seule de tant de beauté. Rosa Luxembourg, Herbier de prison Traduction de l'allemand Claudi Weil, Gilbert Badia, Irene Petit et Muriel Pic. Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org Jacques-Henri Michaud, comme un fracas, extrait Musique Je me suis lavé de nuit dans la cour, le ciel brillait d'étoiles grossières. Leur lueur est comme du sel sur la hache, le tonneau plein jusqu'au bord refroidit. Le verrou est tiré sur le portail et la terre en conscience est rude. De trame plus pure que la vérité, de cette toile fraîche, on n'en trouvera pas. Dans le tonneau, l'étoile fond comme du sel, et l'eau glacée se fait plus noire, plus pure la mort, plus salée le malheur, et la terre plus vraie et redoutable. Musique J'ai limé mes cornes et taillé ma barbe, et réchauffé ma gorge d'un petit gazouillis sobre et délicat. Je chante une chanson dans la clef de ton nom. Je t'appelle avec un souffle de printemps, un petit vent dans ma poitrine, et formé par les lèvres que tu aimes. Amour, je vois que tu as barré la fenêtre de ton cœur, barré aussi la porte et éteint la lumière. Je colle mon oreille contre la vitre, contre le bois, j'entends ton cœur comme le vent dans les roseaux, diffusant mon nom. Tonika Kelly Poème d'amour satyre Traduction de l'étasunien Raluca Maria Anea et François Reusbourg Musique Les peintres ont représenté le territoire, mais à la Renaissance principalement. On l'aperçoit derrière la Vierge aux Rochers, puis, noyée dans la brume sous le soleil de soufre du Saint Jérôme que conserve et parfois laisse se toucher la Pinacothèque du Vatican. Son horizon traversait déjà les fresques dont certains visionnaires, d'anciennes, dévastés par la peste, revêtirent les murs de leurs cachots. Et ces brouillards voilent encore le regard que fait au musicien Pietro della Francesca, que c'est à peine s'il s'en réveille dans cette nativité qu'on prendrait pour un enterrement, tant le temps s'y écoule désormais à rebours. Il est de notoriété publique que Géant Fouquet a rempli sa piéta de personnages à seule fin de recouvrir le territoire, l'a étouffée sous les badauds et les pleureuses, et le ciel seul subsiste à la patte d'ardoise. Mais ce ciel, en dit-on, le territoire ne ressurgit pas à Vendée-1880, et encore chez de petits maîtres, pour approfondir des salles de restaurant. Chez Grimshaw, mais les couleurs ont tourné, puis Watts et Rory, que reproduisent les boîtes à biscuits. Je voudrais contredire tout le monde, et jurer, aussi objectivement que possible, que nul ne sut porter sur le territoire de regard aussi pénétrant que mon père, qui le multipliait dans de petites aquarelles au milieu des années quatre-vingt-dix. Il m'en reste une, sur un secrétaire, dans le fumoir de la Tour Ouest, où la lumière bleuit plus purement qu'ailleurs. Antone Berabeur, La Pieta Mon professeur tenait un pinceau, mais bon, moi aussi je tenais un pinceau. Nous observions ensemble la toile dont surgissait des quatre coins une obscurité turbulente. Au centre, il y avait un portrait de chien, bien visible. Le chien avait quelque chose d'exagéré, je pouvais le voir à présent, je n'ai jamais été très bonne avec les choses vivantes. Avec la lumière et l'obscurité, je me débrouille plutôt bien. J'étais très jeune, il s'est passé beaucoup de choses, mais rien ne s'était passé de façon répétée, ce qui fait une différence. Mon professeur, qui n'avait dix mots, commença maintenant à se tourner vers les autres étudiants. Aussi navré pour moi que je fusse, je le fus encore plus pour mon professeur qui portait toujours les mêmes vêtements et n'avait pas de vie, ou pas que l'on sache, seulement un sens aigu de la vie sur la toile. De ma main libre, je touchai son épaule. — Mais, monsieur, demandai-je, vous n'avez pas de commentaire à faire sur l'œuvre devant vous ? — Je suis aveugle depuis de nombreuses années, dit-il, mais quand je pouvais voir, mon regard était clairvoyant et perspicace, ce que l'on peut, je crois, aisément constater dans mon propre travail. C'est pour cela que je vous donne des exercices, dit-il, et pourquoi je remets en question chacun d'entre vous si scrupuleusement. Quant à la situation difficile qui m'occupe, lorsque j'estime du désespoir et de la colère d'un étudiant qu'il est devenu un artiste, alors je prends la parole. — Dites-moi, ajouta-t-il, que pensez-vous de votre propre travail ? — Pas assez de nuit, répondai-je, dans la nuit je peux voir mon âme. — C'est aussi ce que je vois, dit-il. Marie-Olivier.

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