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La dose audio 6

La dose audio 6

Les Fées FâchéesLes Fées Fâchées

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Norman MacCaig / Pour en finir avec les grenouilles Traduction de l’écossais : Camille Manfredi et Paol Keineg Ossip Mandelstam / Les libellules aux yeux bleus Traduction du russe : François Kérel Roxanne Moreil / L’âge d’or (extrait) Constantin Cavafy / Le vote d’Athéna Traduction du grec : Socrate C. Zervos et Patricia Portier Jean Gabriel Cosculluela / Ne touche pas leurs voix (Inédit) Zheng Xiaoqiong /Scène Traduction du chinois : Jean-René Lassale Monchoachi /La case où se tient la lune

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Transcription

The first passage is about the author's love for frogs and their elegant way of jumping. They feel a connection to frogs and expect to see a prince charming in the mirror, but only see themselves. The second passage discusses complex phrases and the importance of music. The third passage talks about the creation of a tribunal and the importance of justice and mercy. The fourth passage describes a deserted house and the feeling of being alone. The fifth passage discusses the writer's life in a factory and the importance of self-love. The last passage is about the poet's perception of the Caribbean and its language. Une certaine dose de peau, de peau, et une certaine dose de peau et, et, et vie ! Les gens me disent, vous avez l'air d'aimer les grenouilles. Elles n'arrêtent pas de sauter dans vos poèmes. C'est vrai, j'aime la façon dont elles s'assoient, ramassées comme les chats, comme eux, indifférentes à tous au faustile, comme des dames qui pensent à garder leurs genoux serrés. Et j'aime leur façon élégante de sauter, comme leur façon inélégante de se recevoir, tellement humaine. Je me sens si proche d'elles qu'il doit y avoir de la grenouille en moi. Je me regarde dans la glace et je m'attends à voir un prince charmant. Mais non, ce n'est que moi, avachie, qui coace dans le vide et jette des coups d'œil alentour, guettant le héron furtif et son bec affilé. Norman McKay Pour en finir avec les grenouilles Traduction de l'écossais Camille Manfredi et Paul Kenney Il y a deux ou trois phrases fortuites qui m'obsèdent. Je ne cesse d'affirmer grâce et ma tristesse. Mon Dieu, comme elles sont noires et comme elles ont les yeux bleus, les libellules de la mort comme l'azur et noir. Où sont le droit d'aînés, c'est l'heureuse manière. Où est au fond de l'œil le vol glissant de l'épervier ? Où sont la courtoisie, la dérobe à la mer ? Où est la droiture ? Où est la rectitude ? Des paroles enchevêtrées comme de vrais zigzags en flammes bleues sur les crasses du patineur et le duvet du fer tourbillonnant l'appel d'air. Les solutions des scelles les plus complexes, les voix des penseurs allemands, les premiers esprits de Russie, les joutes somptueuses, lui faisaient vivre un demi-siècle en une demi-heure. Et la musique, c'est la musique. La musique, c'est la musique. La musique, c'est la musique. La musique, c'est la musique. La musique, c'est la musique. La musique, c'est la musique. La musique, c'est la musique. La musique, c'est la musique. La musique, c'est la musique. La musique, c'est la musique. La musique, c'est la musique. La musique, c'est la musique. La musique, c'est la musique. La musique, c'est la musique. La musique, c'est la musique. La musique, c'est la musique. La musique, c'est la musique. On rêvait de faire un demi-pas en avant. Et parmi la foule, il y avait un graveur qui s'apprêtait à transposer sur du cuir véritable ce que la feuille noire scie, le dessinateur n'avait pu transmettre qu'en lésinant. Comme si c'était moi suspendu à mes propres cils et qu'avant de lâcher, j'incarne sur mes traits mûrissant tout entier, m'étirant tout entier la seule chose que l'on sache désormais. Ossip Mandelstam Les libellules aux yeux bleus Traduction du russe François Querelle Le premier jour Depuis l'aube du premier jour, nous avançons d'un pas mal assuré guidé par un esprit de concorde fragile. Ce que la campagne fertile offre en abondance nous le partageons tout comme le fruit de notre labeur commun. À nul ordre naturel notre destin ne répond. Nos volontés partagées dessinent telles seules notre horizon. Nous sommes faits du même sang, un même fer dans lequel nous forgeons nos lois. Qui se dresse et se part de l'habit du prince nomme ici le maître, là le serviteur, fait de l'injustice une vertu. Amis, gardons souvenir les hivers passés. Jamais d'étirant rien ne fut donné, mais conquis dans les combats menés. Depuis l'aube du premier jour, nous semons les plaines d'un nouveau monde où sous la courbe lente du soleil, l'ombre ne fait que passer. Roxane Moreil, L'âge d'or, extrait Quand le droit fait défaut, quand défectueux le jugement des mortels en appellent à la lumière divine, les hommes de la loi se taisent, impuissants, désarmés. C'est la bonté des dieux qui décide. Un jour, Pallas dit aux Athéniens, J'ai fondé votre tribunal. Nulle cité au monde n'en possédera jamais de plus illustre. Hommes de la loi, montrez-vous dignes de lui. Renoncez aux passions déplacées. La clémence doit servir le droit. Si votre jugement est sévère, qu'il le soit aussi clairement que le diamant est pur et transparent. Soyez honnêtes et nobles dans votre tâche, sages dans votre gouverne, point de sotte vengeance. Émus, les Athéniens lui répondirent, Déesse, nous ne saurions trouver un tribut de reconnaissance digne de ton précieux secours. La déesse aux yeux bleus leur dit, Mortels, les dieux n'exigent de vous nulle récompense. Soyez vertueux et impartiaux, il me suffit. D'ailleurs, hommes de la loi, je me suis réservé un droit de vote. Les juges lui demandèrent, Déesse, comment, toi qui habite la voûte étoilée, pourras-tu voter ici-bas ? Quittez, leur dit-elle, ce souci. Je n'entends pas abuser de mon vote, mais si d'aventure vous ne pouvez trancher, les uns étant pour, les autres contre, vous-même utiliserez mon vote. Tandis que je serai en ma demeure céleste, que ma voix, citoyen, soit chaque fois en faveur de l'accusé, le pardon habite l'âme de votre déesse. Il est immense, sans limite, ancestral, instinct de métisse. Il est dans les cieux, le sommet de la sagesse suprême. Constantin Cafafy, Le vote d'Athéna, Traduction du grec, Socrates et Cervos et Patricia Portier Nous avons vissé l'échelle dans le vide du bleu et de l'ocre pour habiter l'invisible. Nous sommes au milieu de nulle part, sur le chemin du bleu et de l'ocre. Le chemin s'est ouvert ici, où il n'y avait plus de chemin, ici, où nous restons avec ce mot. Nous n'appartenons pas, nos corps se donnent au bleu et à l'ocre. Leurs voix absentes prennent la matière même du silence et nous déroutent. Dès lors, nous sommes ici, où, avec la mort, à défaire et refaire le silence, avec au sol les seuls mots de terre et de ciel. Le silence est la peau de leurs voix absentes. La fable, la maison, nous sommes là, sans appeler l'oubli. L'oubli est déjà là, avec nous. Nous restons appuyés contre le mur de la maison, sur l'échelle, et nous levons les yeux au ciel, impatients, les yeux tombés à côté du ciel qui nous tient lieu de jour et de nuit. À demeure, nous sommes seuls, avec nos silences seuls, du seuil de la maison vide et sans voix que nous avons fini par franchir. Nous nous retrouvons avec la table, les chaises, de vieux journaux sans plus de temps, des verres traversés de lumière. Nous sommes venus dans ce lieu abandonné, cette maison seule, même la neige est restée dans l'oubli. Pourquoi soudainement la neige sur les vitres, les visages, les verres traversés de lumière, donnent subitement le vertige ? Nous nous rappelons quelques mots, n'éteint pas la lumière. Nous prenons une feuille de journal laissée là. Le mot table était un mot mendiant. Il voulait qu'on mangeât, qu'on s'accoudât ou non, qu'on écrivit. Les mots ne décrochent pas du silence dans les marges laissées par la lumière. Jean-Gabriel Koskoulouela Ne touche pas leur voix, inédit. Jean-Gabriel Koskoulouela L'écriture de Jean-Gabriel Koskoulouela De son corps elle tire un espace vide, où elle enfouit atteintes à la santé, colère, où elle plante des mots clairs, tenaces, tranquilles, résolus, et cantonner dans le corps une puissante machine qui fort un trou dans le temps, comme dans ses forces et sa jeunesse, lui octroyant une fausse vie replète de soucis engloutis, qui la breuve en misère fictive. D'aucuns imaginent cette vie dans les haillons d'une femme de tragédie antique, quand ses jours sont arides, monotones, chaque moment recelant une âme silencieuse qui écrit des poèmes sur la machine langue chinoise, support archaïque autant que virtuel. Son casque sur la chaîne de montage remplace son nom et sexe par un numéro de poste se fabrique à la fraiseuse, des plaintes et un amour. Si certains croient que sa minuscule colère ne révèle que l'esprit du temps, elle se cache en un corps maigre, et la use de tout pour s'aimer elle-même, et les montagnes, rivières, époques, ses guerres, capitales et paysages, si on lui demandait, meilleur serait d'aimer ce qu'elle doit apprendre, son équipe quotidienne de douze heures, fatigue et pointage, une vie mince à découper avec la machine qu'elle pilote pour enregistrer son cœur gonflé avec le chinois qu'elle écrit. Le plus souvent, elle est debout à une fenêtre d'usine métallurgique, adossée à une immense patrie au réverbère pali, et manie la machine pour stocker sa solitude. Zheng Xiaokong, scène Traduction du chinois Jean-René Lassalle Musique Le poète, comme l'Indien, l'oreille tendue collée au sol, il perçoit ce qui a eu lieu et raisonne encore et ce qui vient. Il vient des couleurs fauves de carême à s'affoler. Il entend parler créole dans un gosier créole, ce qui est rare et émouvant. Il note cette singulière manière que nous avons de nous dévisager. La géographie est un montré, elle est figure. Comme toute écriture, elle est d'abord marquage, empreinte faite en marchant. Qu'y a-t-il de plus catastrophique que l'écriture et la terre ? Chez nous, le passage du créole au français est vice-versa, comme un art subtil qui s'apparente aux jeux de jambes au football. Il fait alterner une manière de distinction et de convenance sociale avec le pur plaisir du mot et de la parole dans la bouche. Le grand art est dans la conjugaison et d'y laisser paraître certains chatoiements. Il y a comme cela des lieux sourds où la tendance naturelle est de forcer la voix. En Caraïbe, du fait d'un relief souvent chaotique, de morne en morne, et d'une géographie éparse, d'île en île, nous nous sommes accoutumés au saut. Nous avons pris l'habitude ici de nous hailer. Ce relief et cette géographie bondissant, de morne en morne et d'île en île, il en perçoit l'écho en créole dans la forme de la réduplication. Héritage de la langue des Caraïbes. Le poète voit les îles. Oui, elles étaient nombreuses, les îles. Et belles. Comme un texte dans lequel les consonnes ne seraient que des rochers ou simplement poser le pied pour bondir dans l'ouvert du ciel et de la mer. Comme dans ces mots Caraïbes. Bonambay, Cabonacati, Amalaka. Qu'ils crèvent dans son bondissement par les choses inouïes et innommables. Manchoachi, la case où se tient la lune.

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