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La puissance du je(u)

La puissance du je(u)

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Adopter une attitude joueuse et curieuse face à la vie, et aux évènements, faire du je-u- un art de vivre, voici ce que nous propose Clémentine Jolivet, metteure en scène, louangeuse publique, clown, comédienne

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CLEMENTINE, an actor, director, clown, and public praiser, discusses the power of play. She explains that self-praise is a practice of revealing the praise within oneself, not just a religious concept. Self-praise involves writing or speaking in the first person, amplifying one's qualities and embracing the poetry of self-expression. Clementine also emphasizes the importance of humor and play in navigating life's challenges. She shares exercises and encourages a shift in perspective to embrace the childlike joy of self-expression. Clementine's upcoming workshop, "Adieu ma vieille peau" (Goodbye, Old Skin), aims to help participants remove obstacles to self-expression and embrace their natural ability to tell stories. Bonjour à toutes ! Bonjour Clémentine ! Bonjour Laurence ! Alors Clémentine, je te reçois aujourd'hui pour parler de la puissance du jeu, mais avant toute chose, je vais faire une petite présentation de toi, de ton parcours, donc n'hésite pas, je te demanderai sans doute notamment une question subsidiaire pour que tu puisses expliquer certaines choses un peu mystérieuses de tes pratiques au public, et n'hésite pas à préciser aussi si tu vois des choses à préciser. Donc Clémentine, tu es acteur en scène, metteur en scène, clown et louangeuse publique. Après des études littéraires, philosophiques et spectaculaires à Lyon et Burkina Faso, tu plonges dans la pratique du théâtre physique et du jeu masqué. Tu diriges la compagnie Sisma à Lyon pendant 11 ans, puis tu fondes la compagnie Les Hommes Sauvages en 2019, structure avec laquelle tu transmets, tu crées des spectacles et tu accompagnes d'autres artistes sur leurs projets. Passionné par la poésie comme un art de livre, tu as coutume de chevaucher tes élans artistiques et il n'est pas rare de te voir traverser la France en clown ou performeuse sur des airs de danse soufie, à moins que tu ne sois en train de louanger des inconnus sur une place de marché ardéchois ou de mettre en scène un spectacle de cirque sur la tour de Baden. Exploratrice passionnée, tu étudies l'humain sous toutes ses coutures et tu t'es formée à la médecine traditionnelle chinoise, le chivaïsme non-dual du Cachemire, à l'anthropologie du chamanisme et aux approches systémiques du vivant. Quel parcours ! Alors avant toute chose parce que je pense que beaucoup de personnes dans le public ne connaissent peut-être pas, est-ce que tu pourrais nous parler de ton, la branche de ton métier de louangeuse et nous dire un peu ce qu'est l'auto-louange ? Oui, je peux. Alors l'auto-louange c'est une pratique, l'auto-louange et la louange c'est une pratique millénaire qu'on retrouve, on retrouve des traces en Egypte antique, enfin voilà, ça fait partie de l'humain on va dire et c'est une pratique, l'auto-louange c'est une pratique qui consiste à non pas se jeter des fleurs comme on pourrait le voir comme un premier abord mais à révéler, faire jaillir, faire sortir la louange qui est en soi. Et la louange, alors nous ça renvoie souvent à un vocabulaire religieux mais c'est pas que ça, ça se limite pas à ça, c'est cette parole en fait qui me permet d'affirmer qui je suis, d'affirmer ma couleur, d'affirmer la flamme de vie, l'âme, on l'appelle comme on veut, et en l'anomant qui permet de mieux la connaître et mieux s'en nourrir et s'en inspirer. Et donc l'auto-louange est une pratique de l'écriture ou d'oralité, on n'est même pas obligé de passer par l'écrit, qui consiste très simplement à écrire à la première personne, donc avec le pronom « je » et avec une amplification qui amène de la poésie, qui amène à l'univers tel, qui permet de sortir de quelque chose qui est très personnel, très individuel, qui part de soi mais qui permet d'aller vers plus grand que soi. Et c'est une pratique qu'on retrouve dans plein de cultures à travers le monde, qu'on peut pratiquer pour soi, écrire et dire pour soi, c'est-à-dire donc là on est dans l'auto-louange, et moi ce que j'ai fait avec ce personnage de louangeuse publique, c'est je le propose pour les autres, donc j'écris à partir d'une personne qui est en face de moi ou qui m'envoie sa photo, et je dresse comme ça une sorte de portrait politique, amplifié, de cette personne, en me connectant à ce que je ressens au fondément d'elle, de son énergie, de sa spécificité, et donc ça donne des textes comme ça, vieillis, et que j'offre à la personne. Et l'an dernier, dans la première voie d'activité de la magicienne, la louange et l'auto-louange ont été très présentes, on a eu des moments très émouvants où certaines participantes ont lu leur texte, leur louange, devant en fait tout le groupe, avec beaucoup d'émotions, avec vraiment cette puissance qu'il peut y avoir de le faire devant un public aussi bienveillant en fait, donc c'est quelque chose que tu intègres vraiment aussi toi dans ton quotidien. Oui, c'est vraiment la puissance des mots, de se dire soi, donc c'est la puissance du « je », J-I-E, quand j'affirme quelque chose ou je dis « je », je prends ma place dans le monde, je prends ma responsabilité de ce que je pense, ce que je ressens, et ce que j'exprime, ce que j'apporte au monde, ça c'est déjà très puissant, et de le faire en collectif permet que cette reconnaissance, en plus d'être de soi vers soi, elle soit validée, adoubée par un collectif soutenant, dire oui je reconnais cette personne dans ses qualités là, et donc c'est aussi une responsabilité collective parce que je m'attends à ce que cette personne assume, manifeste ses qualités et ses talents là, donc ça va dans les deux sens. Alors justement, le thème d'aujourd'hui que tu as choisi est la puissance du « je », J-I-E et J-E-U, trouver le chemin vers soi par le « je ». Alors est-ce que tu peux nous expliquer un peu ce processus qui permet de trouver ce chemin vers soi en utilisant justement ce « je », J-I-E et J-E-U ? Oui, dans mes outils, j'ai déjà cette auto-louange, et puis le clown qui est aussi pour moi un art de la première personne parce qu'il n'y a pas une façon de faire le clown, du clown, c'est il y a autant de clowns que de personnes qui existent. Voilà, il n'y en a pas deux pareils. Autant en danse classique, on peut dire c'est une chorégraphie, mais en clown, voilà. Et donc ça c'est le « je », J-I-E, c'est-à-dire qui je suis profondément, comment je l'exprime avec des mots, avec le corps, avec mes émotions, avec un costume, et j'ai toujours à cœur de rajouter ce petit « u » qui nous emmène du « je », J-I-E vers le « J-E-U », donc le « je », le fait de jouer. Parce que pour moi, plus c'est fait avec une distance au sens où je recule, la possibilité d'avoir de l'humour sur ce que je vis, sur ce que je vis, plus ça met de l'air en fait, et plus ça permet d'en jouer, de ne pas en être, de ne pas subir les choses, mais vraiment de devenir acteur, actrice de qui on est, de ce qu'on exprime. Et le « je », moi j'adore les mots, vous l'aurez tout compris, et c'est aussi, on parle du « je » qu'il y a par exemple dans une porte du petit espace, il y a le bois qui joue, donc qui tout d'un coup peut, si c'est très serré, peut faire que les portes n'arrivent pas à s'ouvrir, et à partir du moment où il y a du « je », un peu d'air, un peu d'espace, et bien c'est plus fluide, ça s'ouvre, ça se ferme, ça circule, et ça pour moi c'est très très important, d'avoir toujours ce regard sur la vie de… Ok, ça peut être très difficile, ça peut être très épouvant, et si je fais un pas de côté, ou si je le dis avec un nez rouge, ou si je le dis avec une image poétique, est-ce que ça me permet de prendre tout ça avec plus de philosophie, plus de légèreté, même dans le drame, en clown, moi j'adore proposer des choses où on va faire un drame, et on exagère justement les émotions dites difficiles ou négatives, on exagère la tristesse, et là c'est tellement énorme qu'on peut en rire et on peut respirer à l'intérieur, moi j'aime mettre de l'air dans les airs. D'accord, et est-ce que justement tu peux nous donner quelques pistes possibles, pour peut-être quelqu'un qui voudrait faire ses premiers pas sur ce changement, c'est aussi un changement de positionnement, je dirais d'attitude par rapport à la vie, en utilisant justement ces outils, ou en tout cas cette démarche particulière, en même temps être connectée à son jeu JE et en même temps ajouter du jeu JEU dans sa vie. Est-ce que tu aurais quelques idées ou quelques pistes possibles pour peut-être les tout premiers pas ? Oui, il y a une pratique que j'aime bien faire pour moi, c'est d'être attentive aux mots que j'utilise, et ça m'arrive très souvent de dire « ah oui, le ON fait » ou « les gens ci » ou « les gens ça » ou « telle personne ci, telle personne ça » et je me dis « putain, si je le mets au jeu, si je le mets à la première personne, qu'est-ce que ça me fait ? » et comment je reprends justement quelque chose qui me prend de l'énergie, comment je reprends du pouvoir dessus. Donc ça c'est quelque chose de très très simple, et puis il y a un autre exercice, une pratique que j'aime beaucoup, c'est quand je sens que je prends les choses très au sérieux, ou que j'ai beaucoup de pression sur un sujet, je me mets debout dans un espace où j'ai un peu d'espace pour trottiner comme ça, comme si je faisais un petit footing, et je secoue les épaules pour les relâcher, et en trottinant, je dis « je m'en fous, je m'en fous, je m'en fous » et l'action physique de relâcher les épaules, de dire, le fait de dire, il faut le dire à voix haute et puis on peut le dire vraiment très fort, ça relâche la pression en fait, tout simplement, et ça ne veut pas dire que je ne vais pas m'occuper de ce qui est à se faire, mais c'est pratique comme ça de détendre, de prendre un peu de distance, de mettre du jeu, et puis c'est très drôle à faire, vous pouvez en faire plusieurs, en équipe, en famille ou en couple, et après c'est mis à plat et on peut commencer à échanger vraiment. Donc c'est une manière de faire baisser en intensité l'émotion de combat en fait. Et de détendre la partie de nous, et c'est toujours qu'une partie, qui s'identifie aux problèmes, aux sujets, à l'idée, à la volonté, et pour moi jamais perdre de vue que ça c'est qu'une partie, et qu'il y a plein d'autres parties de nous qui ont la possibilité de prendre la chose différemment. Et est-ce que justement, ce jeu JEU, selon toi, permet aussi de rencontrer ces différentes parts de nous, et du coup, en les rencontrant et en les exprimant, de venir effectivement, de sortir d'un peu de la position de victime, par rapport peut-être à certaines parts de nous qui pourraient prendre le pouvoir à certains moments ? Comment tu vois ce processus, toi ? Moi je le vois vraiment avec l'approche du clown, c'est-à-dire à partir du moment où je mets ce nez, et puis éventuellement un costume, un maquillage, de toute façon je deviens autre. En tout cas je permets à l'autre d'entrer en moi, de s'incarner, des différentes parts de moi de s'incarner. Et moi je l'aborde toujours comme ça, le clown c'est toutes les facettes de l'humanité. Il peut être extrêmement, elle peut être une clown amoureuse, lyrique, fleur bleue, mais aussi cruelle, fasciste. Je parle souvent de Charlie Chaplin, qui était un immense clown, et dans le film qu'il a fait, Le Dictateur, où il incarne finalement une figure qui rappelle Hitler, il est le dictateur absolu, et pourtant c'est du clown, et pourtant, c'est même pas « et pourtant », c'est « et il est humain ». Et donc c'est plutôt qu'à de la choisir, et puis quelle part j'ai envie d'être et de montrer, c'est de réintégrer le plus, c'est le « et ». Je suis ça et ça, et j'ai une part complètement dictateur, et j'ai une part sublime, et j'ai une part jalouse, et j'ai une part… Et j'en joue. Pour moi, le problème ne vient pas qu'on ait ces différentes parts, c'est que ça circule pas. Et celles qu'on veut pas voir et qu'on met sous le papier, de toute façon, elles sont là et elles poussent, à des moments. – Oui, justement, pendant que tu parlais, je me disais que c'était une manière de sortir de la peur de certaines facettes de nous, et de, quelque part, les rencontrer, et puis se rendre compte que finalement, en les rencontrant, elles sont pas si terribles que ça, et qu'au contraire, elles peuvent peut-être même nous servir si, justement, on arrête d'en avoir peur, quelque part. – Oui, parce que je les connais, elles peuvent être très utiles à des moments, et en tout cas, j'avais un ami qui faisait des arts martiaux, de façon très poussée, il me disait, le but n'est pas… on connaît des gestes, des prises qui peuvent tuer, et le fait d'avoir… le but n'est pas de tuer l'autre, évidemment, mais tout d'un coup, je récupère la possibilité de choix. C'est-à-dire que je sais que je peux, et ça veut dire que je peux choisir de ne pas solliciter cette part meurtrière. Bon, là, c'est un exemple extrême, mais c'est pareil. Si j'ai visité la jalousie extrême, par exemple, en impro de clown, et c'était tellement démesuré, que même je peux en rire, pourquoi pas, et le vivre, et voir comment ça circule dans tout le corps, je récupère une possibilité de choix là-dessus. Est-ce que je laisse ce personnage à un moment émergé, ou pas ? Est-ce que je l'invite ? S'il s'invite de lui-même, est-ce que je peux jouer avec ? – Oui, il met trop de l'humour aussi, ça c'est quand même une clé… – C'est ma pratique que j'aime beaucoup, je parlais de faire la drama queen, ou drama king, c'est-à-dire que souvent, il y a des petites choses très simples, par exemple, il suffit de mettre dans ses phrases « toujours » et « jamais », et « c'est toujours comme ça », si vous engueulez, alors il faut se mettre d'accord avec le partenaire de la partenaire, et de toute façon, il y a un truc qui vous agace, c'est de vous augmenter, plutôt que d'essayer de diminuer, de dire, allez, on fait une scène, et c'est toujours comme ça, tu fermes jamais la porte du cellier, et de toute façon, et d'aller, d'y aller, et en le disant, en le grossissant, on se rend compte à quel point, on peut en rire, à quel point on se raconte souvent nous-mêmes nos propres drames. Et justement, ça me fait vraiment connecter à cette notion de l'enfant intérieur, tout ce que tu exprimes, tout ce côté aussi du jeu, de l'humour, de faire ce pas de côté, et puis de, quelque part, sortir du côté trop sérieux, trop identifié aussi, à nos personnages, finalement. Comment toi, je dirais, tu jongles avec cette notion, ou comment ça te parle, justement, l'enfant intérieur ? Oui, c'est pas une notion que j'emploie moi dans mes pratiques, mais là, par contre, je le relie à ce que permet le clown, c'est-à-dire que pour moi, le clown, c'est un être qui n'a pas encore, enfin, qui n'a pas de filtre de censure, de hiérarchie dans ce qui est valable ou pas. Et ce que je connais de plus proche, nous, humains, c'est l'enfant, en fait. C'est vraiment cette part de petite enfance où j'ai un désir, j'ai une intention, je la suis, j'ai pas de jugement dessus, voilà, je suis cash, je suis, quand je joue à quelque chose, j'y crois à 200%. Donc en ça, oui, ça pour moi, qui se rapproche de l'enfant intérieur, c'est ce qu'est le clown profondément. Est-ce que tu aurais un exemple ou quelque chose que tu aurais envie de nous partager sur la façon dont le jeu, ou les jeux, du coup, le J.E. et le J.E.U., ont pu transformer ta vie, ou en tout cas, ont pu donner une certaine, peut-être, coloration à ta vie ? Oui, je me souviens, il y a eu un avant et un après, j'ai fait un long stage de clown de trois semaines, il y a des années, à Paris, et j'étais avec une amie, et on rentrait le soir, on rentrait en métro, enfin, on traversait Paris, on avait une heure de transport, deux heures de pointe, et en fait, au fur et à mesure du stage, au fur et à mesure que je développais ce regard joueur sur le monde, j'avais envie de jouer avec absolument tout, donc les gens dans le métro, donc c'est pas franchement un espace ludique au départ, et c'est là que j'ai compris que c'était vraiment une question de regard. Je me suis dit, mais c'est pas possible, et la vie est une aventure, et on s'est retrouvés un soir, on a voulu prendre des vélib', et je sais pas par quel miracle on s'est retrouvés en bord de périph', alors derrière la barrière, on n'était pas… Mais c'était complet, et on avait l'impression de continuer ce truc, donc on faisait du vélo en bord du périph', les gens nous klaxonnaient, et il y avait une espèce de, à l'intérieur de nous, d'épaumer, en fait on était, mais de légèreté, et de dire, mais rien n'est grave, ça c'est ma devise, rien n'est grave, mais tout est important. Et pour moi, ça c'est quelque chose qui m'accompagne, c'est-à-dire que, attends, est-ce qu'il y a des moments où je suis un peu trop collée à ma réalité, est-ce que c'est si grave, et en même temps, tout est important, c'est-à-dire que je peux me saisir de tout, parce que quelque chose se manifeste, je le prends, je l'accueille, voilà, le moindre petit regard est important, l'émotion à l'intérieur de moi est importante, mais sans gravité si possible, je n'y arrive pas toujours, bien sûr. Comment est-ce que tu vas justement amener toutes ces notions et ce regard, ce changement quelque part de paradigme, de point de vue sur la vie, dans la retraite active à magicienne ? Est-ce que tu peux nous en dire quelques mots sans tout dévoiler, évidemment ? Déjà, j'ai très à cœur de faire partager cette pratique d'auto-louange, de faire sentir ce que ça amène quand je m'exprime en jeu, y compris devant un collectif, donc vraiment amener les femmes à sentir cette puissance à laquelle ça peut connecter cette parole en jeu, et sentir comment c'est pareil avec les outils du clown, ça peut faire très peur de se présenter au monde, de se confronter au regard des autres, et comment une fois passée cette appréhension et tranquilliser, moi j'aime bien tranquilliser le rapport justement au regard de l'autre, le fait d'être simplement là, présente, comment je redeviens maîtresse de ça, de cette possibilité d'être là, d'aller tranquille avec ça, d'aller vers cette tranquillité d'être face au monde, et avec le monde et dans le monde, pas qu'à face à ça. Et du coup, ton enseignement, ton atelier s'appelle Adieu ma vieille peau. Oui. Adieu vieille peau, mais en tout cas, voilà. Est-ce que tu peux nous dire quelques mots ? Oui, oui. Cette proposition elle vient, elle est très en lien aussi avec la période à laquelle se passe la retraite, c'est-à-dire vraiment à l'automne où tout laisse, les arbres laissent tomber les feuilles, ils n'en ont plus besoin, il y a une espèce de retour à l'essentiel et de préparation pour l'hiver. Donc, pour moi, ce que j'aimerais transmettre, il n'y a pas d'effort à se faire pour s'exprimer, tout le procès c'est d'enlever les obstacles et l'expression se fait d'elle-même. Donc, venir enlever ces vieilles peaux. Ils ne dévoilent pas, c'est ça. S'il vous plaît, il faut venir. Voilà, exactement. Ok, c'est intéressant ce que tu as dit. Est-ce que tu peux juste un petit peu développer cette idée que finalement il n'y a rien à… En fait, il suffit entre guillemets, il suffit d'enlever ces obstacles à l'expression pour que celle-ci puisse se faire. Ça veut dire que quelque part, pour toi, l'expression est quelque chose à la base de naturel ? Oui. Par exemple, là je vais être plus concrète, mais une personne entre sur la scène avec un nez rouge, parce que le nez rouge c'est magique, ça éclaire, ça illumine, etc. Moi, je propose souvent de ne rien faire. Et là, on se rend compte que c'est très compliqué de ne rien faire. Et toutes les personnes qui regardent, souvent se marrent déjà, parce qu'en fait nos corps et tout le reste racontent déjà tout plein d'histoires. Je n'ai même pas d'efforts à faire pour venir essayer de jouer quelque chose, de dire, d'être intelligente, d'être intéressante, d'être belle. Tous ces efforts qu'on fait tout au long de notre vie. Je suis là et ça suffit. Ça suffit à raconter des histoires. Et ça, on ne se rend pas forcément compte quand on le fait, mais c'est pour ça que c'est intéressant de le faire en collectif. Quand on voit les autres passer, par exemple, on se dit, mais oui, il y a déjà une histoire dans ce corps-là, dans cette façon de ne rien faire, dans cette façon de se tenir debout ou assise. Et c'est en ça que j'exprime déjà énormément de choses, juste en existant. Et toute l'énergie passée à essayer d'exprimer autre chose que ce que je suis et de l'énergie, ça coûte. La proposition que je vais faire, c'est de revenir à cet endroit où c'est sans effort, ce n'est pas coûteux. Et ce qui se présente ensuite, c'est, tiens, dérouler le fil. Tiens, la façon dont je suis assise, naturellement, sans avoir rien fait, dessine déjà un personnage, une atmosphère, une émotion. Juste, je monte un petit peu le curseur, je commence à jouer avec ça, à l'amplifier, à jouer un petit peu. Et on y va comme ça, mais très, très progressivement. Je suis vraiment, je suis une grande flemmarde, donc partisane du moindre effort et partir de ce qui est là, de ce que je suis, de ce que chaque femme est, parce que c'est là que c'est parfaitement unique. Comment tu... Est-ce que tu le nommes, toi, cet espace, justement ? Tu disais cet espace en nous, où on est juste nous, quelque part. Je ne sais pas s'il y a besoin de le nommer, mais est-ce que toi, tu le ressens à un endroit particulier dans ton corps ? Est-ce que tu le connectes ? Est-ce que pour toi, c'est un espace qui est connecté peut-être à l'esprit, peut-être à l'âme, peut-être au cœur ? Est-ce que toi, tu mets des mots là-dessus ? Oui, le mot qui me vient, c'est « simplicité ». Et puis la sensation que j'associe, c'est vraiment une sensation de rayonnement, quelque chose qui émane, qui diffuse, comme une fleur qui diffuse son parfum, elle fait un effort pour se dire « tiens, je vais sentir de telle ou telle manière ». Ça émane. Donc, oui, s'il y a un mot qui me vient, qui serait plus juste pour moi, c'est « disponibilité ». C'est être là, disponible. Et ça permet à déjà tout ce qui est présent là de s'exprimer sans filtre ou sans obstacle. Et puis ça permet aussi à tout ce qui tourne autour. Moi, j'ai souvent l'intuition que les idées, par exemple, quand je crée un spectacle ou quoi, elles sont quelque part en l'air ou sous la terre ou autour de moi. Et si je suis suffisamment disponible, elles peuvent arriver à travers moi. Et si je ne suis pas disponible, c'est-à-dire entre quelqu'un d'autre, c'est très bien. Mais, ouais, comme un canal ou comme un… Oui, justement, j'allais dire, du coup, il y a cette notion de vide, quoi, de faire l'espace à l'intérieur suffisamment, d'avoir un vrai spectacle suffisamment vide pour pouvoir accueillir aussi, dans ce que j'entends. Donc, on retrouve vraiment la connexion avec plein de pratiques, en fait. Finalement, c'est toujours un peu ce qu'on cherche en méditation, en yoga, en tantra, etc., cet endroit en nous où on peut être quelque part disponible pour la vie, finalement. Oui. Et c'est vraiment, moi, je le sens, parce que je me sens rarement vide. Donc, pour rassurer toutes celles-ci, c'est un espace, cet espace de disponibilité, comme une passoire, j'ai envie de dire, un endroit où il y a un trou, il y a une ouverture où ça peut circuler, ça peut arriver. Ouais. Et comment, dans ton parcours, il y a en même temps, justement, tout cet espace artistique et également cette exploration de l'humain à travers différentes voies, on a parlé du chivalisme, du chamanisme, toutes ces voies, finalement, d'exploration de l'humain, comment est-ce qu'elles viennent, ou pas, je dirais, alimenter la partie artistique et inversement ? Comment ça se relie, tout ça ? Oui. Déjà, elles viennent m'alimenter, moi, c'est le départ, parce que je suis mon premier outil de création. Et ça me permet, moi, d'avoir un accueil plus global de l'humain, des autres humains. Comme je travaille avec des humains, c'est très utile. Comme je parle souvent dans mes créations de l'humain, ça m'aide aussi à le percevoir dans toutes ses dimensions, sa dimension physique, d'avoir des connaissances précises sur l'anatomie, par exemple, énergétique, émotionnelle, de comprendre que tout ça fonctionne ensemble dans un système, tout, le monde, nous. Et ça nous donne comme ça une sensibilité, je dirais. Par exemple, quand j'accompagne des personnes, soit en stage, soit sur une création, à pouvoir leur dire, tiens, juste en l'observant et en l'apercevant, dire, tiens, là, si tu ouvres, juste ici, au niveau des épaules, qu'est-ce que ça te donne si tu passes ton bassin un petit peu comme ça ? Et hop, ça la permet de basculer dans autre chose, justement, avoir accès à d'autres parties d'elle-même, pas pour des entrées très physiques, par exemple. Ça me permet d'accompagner plus globalement le travail et d'avoir des perceptions plus subtiles de ce qui se passe présentement avec les personnes, la création que j'ai envie de mettre en place aussi. Et l'art, et dans l'autre sens, je dirais, la partie artiste, moi, me permet, je la relie beaucoup à l'exploratrice, en fait. Donc, me permet d'aller explorer plein de choses sans trop de craintes. En tout cas, les peurs que je peux avoir ne m'empêchent pas d'explorer parce que c'est un jeu. Je crois que moi, je suis une grande joueuse. Donc, même quand je vais explorer des choses très existentielles, j'essaye en tout cas de ne pas perdre sa vue. Tout ça, c'est de grandes histoires qu'on vit, qu'on se raconte. Et il y a toujours la place pour le héros ou l'héroïne de l'histoire pour renverser le cours des choses. Est-ce que tu as envie de nous proposer une petite pratique courte pour qu'on puisse un petit peu sentir ce petit goût en nous, ce que tu proposes? Moi, j'ai envie de proposer, je m'en fous. En termes de rapport, durée, efficacité, c'est le mieux que je connais. Donc, je l'explique, c'est ça? Je la guide pour les personnes qui récitent. Donc, on peut vous mettre dans un espace où vous avez quelques mètres carrés pour trottiner comme si vous faisiez un tout petit footing. Ça peut même être quasiment sur place. Donc, vous vous placez là et vous commencez à trottiner d'un pied sur l'autre. Et puis, les épaules vont venir se soulever, se baisser au rythme du footing, vraiment pour venir comme si on les rapprochait des oreilles. Et on relâche. Et à chaque fois qu'on les relâche, ça les détourne un peu plus. Et en trottinant, vous pouvez chantonner cette petite ritournelle qui dit « je m'en fous, je m'en fous, je m'en fous, la, la, la, la, la, la, je m'en fous, la, la, la, la, la, la, je m'en fous ». Et vous pouvez continuer comme ça pendant deux ou trois minutes, ou la refaire une fois l'interview terminée. Et ça, vraiment, à chaque fois que vous sentez qu'il y a trop de pression, c'est top. Merci. C'est bien, j'ai beaucoup plaisir en faisant. Avec plaisir. Et en plus, on peut le faire avec ses enfants, si on est jeune maman, par exemple. Parce que c'est vrai que souvent, les jeunes mamans me disent « oui, mais j'ai pas le temps », etc. Ben là, pour le coup, on peut vraiment faire avec ses enfants. Ils adorent. On l'a fait il y a deux jours en famille. Moi, j'ai un petit garçon de trois ans presque. C'est une grande joie à partager. Essayez, vous verrez. Ok. Pour finir, Clémentine, est-ce que justement, tu nous en as un peu parlé, mais tu pourrais nous offrir ta formule magique, ta ou tes formules magiques, ces petites phrases qui te font du bien, qui peut-être te réalisent quand tu sens que justement, tu es peut-être trop sérieuse, qu'il y a trop de gravité dans ta vie, etc. Est-ce que tu aurais des petites phrases à nous partager ? Une idée a surgi. Alors, je vous ai livré ma phrase « rien n'est grave, mais tout est important ». Ça, je la redis. Et en fait, en t'entendant me poser cette question, je me suis dit qu'une des meilleures choses que je pourrais faire, c'est de lire un petit bout d'une autoloange que j'ai écrite. Alors, il faut que je le dise, j'en ai dix sous les yeux. Et là, c'est le moment de choisir. C'est bon, j'en ai. Merci beaucoup, Clémentine. Oui, c'est un avant-goût comme ça, des autoloanges. C'est vrai que ce sont des textes, ensuite, qui sont comme des soutiens auxquels on peut revenir et ça nous reconnaît l'état dans lequel on était quand on l'a écrit ou quand on l'a proclamé. Oui, on peut en extraire vraiment son manquera ou ses manqueras. C'est quotidien aussi. Merci beaucoup pour cet échange, Clémentine. Et puis, si vous voulez expérimenter directement avec Clémentine et avec les autres intervenantes, la retraite active la magie du ciel, c'est du 23 au 29 octobre 2023, dans un superbe lieu qui s'appelle Au fil de Soie, en Ardèche, au bord de la rivière. Un ancien moulinage où vous serez vraiment cocouné, bien reçu, bien confortable. Un lieu où on se sent chez soi, en fait, comme une grande maison. Donc, n'hésitez pas à regarder mon site laurence-verrier.com, à m'appeler. Vous pouvez aussi, évidemment, contacter l'une ou l'autre intervenante directement si besoin. Tout est sur mon site. Et je vous dis à très bientôt pour la dernière interview, l'interview de Marie-Cécile. Au revoir à toutes. Sous-titrage Société Radio-Canada

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