In this transcription, the speaker shares an excerpt from the book "Souvenir de la maison des morts" by Dostoyevsky. The book is about Dostoyevsky's experiences in a Siberian prison and the similarities between the prison and the modern-day gulag system. The speaker discusses how the Russian and modern-day European political systems suppress dissent and create a culture of fear and silence. In the second part, the speaker describes a character in the book, an old believer, who is respected by the other prisoners and entrusted with their money. The speaker also talks about the prisoners' desire for freedom and their tendency to spend their money quickly on indulgences. The excerpt ends with a discussion of the prisoner's celebrations and drinking habits.
Je vais vous partager un extrait du livre intitulé Souvenir de la maison des morts. Souvenir de la maison des morts de Dostoyevsky, en quatrème de couverture, est écrit ceci « La maison des morts, c'est le bagne de Sibérie où Dostoyevsky a purgé comme condamné politique une peine de quatre années de travaux forcés et de six ans de service militaire. Mais la maison des morts, c'est aussi le goulag. La Russie de Dostoyevsky est déjà celle de Staline, de Beria, de Vyshensky, des grands procès où les accusés rivalisent devant leur procureur de contrition et d'aveu.
Comme l'écrit Claude Roy, la Russie d'hier et la Russie moderne sont exemplaires dans la science du châtiment, sur deux points essentiels. Elles ont poussé, plus avant peut-être qu'aucun peuple, l'art de donner aux torsenaires cette paix de l'esprit que procure la bonne conscience. Elles ont su simultanément contraindre un nombre important de leurs victimes, non seulement à subir sans révolte les épreuves infligées, mais à donner à leurs tourmenteurs un total acquiescement. Donc en fait, j'aime bien cette dernière phrase.
Elles ont su simultanément contraindre un nombre important de leurs victimes, non seulement à subir sans révolte les épreuves infligées, mais à donner à leurs tourmenteurs un total acquiescement. Alors à partir du moment où l'esprit de révolte est tué dans l'œuf, on est face à un état politique stalinien. Alors est-ce que le terme stalinien est réservé uniquement à la Russie ? Je ne le pense pas parce que le système stalinien existe aujourd'hui en Europe, Europe dite occidentale démocratique où nous sommes loin de la démocratie mais en plein dans la démagogie.
La démagogie enferme les gens dans une forme de peur, de tyrannie, tyrannie de la peur et où finalement personne n'ose ouvrir sa bouche. Nous sommes enfermés chez nous, nous sommes enfermés dans notre tête et cela rappelle un épisode actuel. Je partage donc dans la première partie les premières impressions, chapitre 3, de Dostoyevsky qui est en prison. « À peine M. Shki, le Polonais, s'était-il éloigné que Gazin, tout à fait ivre, fit irruption dans la cuisine. En plein jour ouvrable où chacun devait être à la corvée, avec un chef sévère qui pouvait surgir d'une minute à l'autre, avec un sous-officier en permanence, des factionnaires des invalides avec tout cet appareil de surveillance, l'entrée de cette ivrogne déroutait complètement les idées que je m'étais faites sur la vie du bagne.
Je fus très longtemps sans pouvoir m'expliquer de pareils faits qui me semblaient au début de véritables énigmes. J'ai déjà dit que les forçats s'occupaient chacun à sa manière. C'est là une exigence toute naturelle de leur vie de prison, mais en plus de ce besoin, un détenu prise l'argent presque autant que la liberté. Il trouve une consolation à faire sonner quelques sous dans sa poche. Il se sent mal, à l'aise, triste, inquiet, découragé quand il n'en a pas et prête à tout pour en posséder.
Néanmoins, si l'argent semblait un trésor inappréciable, son heureux possesseur ne le conservait jamais. D'abord, comment le dissimuler de manière qu'il ne fût ni volé ni confisqué ? Le major découvrait-il quelques pécules durant une de ses perquisitions soudaines, il s'en emparait soudain. Peut-être l'empoyait-il à l'amélioration de l'ordinaire, en tout cas, on le lui remettait. Mais le plus souvent, l'argent se volait, impossible de se fier à personne. Nous découvrîmes enfin un moyen d'en garder sans danger. On le remettait à un vieillard qui appartenait à la confrérie de Viet-Quang, aujourd'hui réfugié aux environs de Starodouba, et je ne puis me défendre de dire quelques mots de lui, même si cela me détourne de mon propos.
C'était un petit bonhomme tout grisonnant, d'une soixantaine d'années, il m'intriguait beaucoup dès l'abord, tant il différait des autres forfats. Son regard avait une expression si douce, si calme, que je contemplais toujours avec un plaisir particulier ses yeux clairs, lumineux, auréolés de petites rides. Je m'entretenais souvent avec lui, et j'ai rarement rencontré une telle bonté, une telle mensuétude. Il avait cependant commis un crime très grave. Certaines défections s'étaient produites parmi ses coréligionnaires. Le gouvernement encourageait fort les transfuges, et mettait tout en œuvre pour obtenir de nouvelles conversions.
Le bonhomme et quelques fanatiques de sa trempe résolurent de maintenir la vraie foi comme il disait. Quand on voulait ériger une église orthodoxe, ils ignirent le feu. Arrêtés comme l'un des instigateurs de ce crime, il fut envoyé en Sibérie aux travaux forcés. Ce petit bourgeois aisé, qui avait abandonné son commerce, sa femme, ses enfants pour prendre résolument la route de l'exil, estimait dans son aveuglement souffrir pour la foi. À vivre auprès de lui, on se demandait malgré soi comment cet homme résigné, timide comme un enfant, avait bien pu se révolter.
Je l'entrepris plusieurs fois au sujet de la foi. Il ne relâcha pas un iota de ses convictions, mais ses répliques ne décelaient jamais la moindre animosité. Cependant, il avait brûlé une église et ne le niait point, car à ses yeux son acte et son acceptation du martyr constituaient un honneur, une gloire. Néanmoins, juste beau le sonder, l'interroger, je ne remarquais jamais en lui la moindre trace d'orgueil ou de vanité. Nous avions parmi nous d'autres vieux croyants, les Sibériens pour la plupart, assez instruits mandrés, forts dialecticiens à leur manière, extrêmement serrés sur les textes saints, mais intolérants, pleins d'astuces et de présomptions.
Notre vieux ne le ressemblait point. Versé sans doute plus qu'eux dans les Écritures, il fuyait toute discussion. Il avait un caractère extrêmement communicatif, demeurait gai, riait souvent. Non pas du rire grossier et cynique des forçats, mais d'un rire doux et clair qui convenait fort bien à sa tête grise et dans lequel on sentait beaucoup de simplicité naïve. Je puis me tromper, mais il me semble qu'on connaît un homme à son rire, et que si, à première rencontre, un inconnu rit d'une manière agréable, le fond est excellent.
On lui vouait un respect unanime dont il ne tirait pas la moindre vanité. Les forçats qu'il appelait « grand-père » ne l'offensaient jamais. Cela expliquait en partie son influence sur ses co-religionnaires. Toutefois, malgré la fermeté réelle avec laquelle il supportait les travaux forcés, une tristesse couvait en lui, une tristesse profonde, inguérissable, qu'il dissimulait de son mieux. Nous occupions la même chambrée. Une nuit vers trois heures, j'entendis quelqu'un pleurer sans bruit. Le pauvre homme, assis sur le poêle à la place même où priait auparavant le lecteur de la Bible qui avait voulu tuer le Major, lisait des prières dans un recueil manuscrit.
Il sanglotait et, de temps en temps, prononçait « Seigneur, ne m'abandonnez pas ! Seigneur, donnez-moi la force ! Mes petits-enfants, mes enfants chéris, jamais plus je ne les reverrai ! » Je ne puis dire quelle peine cela me fit. Ce fut donc à ce brave homme que, petit à petit, les forçards remirent leur argent. Bien qu'ils fussent presque tous voleurs, chacun d'eux acquit soudain la conviction qu'avec lui, on pouvait être tranquille. On lui connaissait une cachette dans un endroit que personne ne saurait découvrir.
Par la suite, il nous confia son secret à quelques-uns des Polonais et à moi. Dans un des pieux de la palissade se trouvait un nœud en saillie qui semblait faire corps solidement avec le tronc, mais on pouvait le retirer, ce qui produisait dans le bois un creux assez profond. Il y mettait l'argent, puis il replaçait le nœud d'une manière si adroite que personne ne se douta jamais de rien. Mais je m'écarte encore de mon sujet, et je m'étais arrêté à ceci.
Pourquoi l'argent reste-t-il si peu de temps dans la poche d'un forçard ? Non seulement il est difficile de le conserver, mais le bagne provoque une telle tristesse. Le forçard est par sa nature même tellement assoiffé de liberté, par sa position sociale tellement insouciante, tellement désordonnée, que l'idée lui vient tout naturellement de s'en donner, une fois pour toutes, à cœur joie, de riboter de tout son saoul dans le tapage et la musique, afin d'oublier, ne fût-ce qu'une minute, son abominable chagrin.
Rien de plus étrange que de voir certains d'entre eux travailler des mois durant sans lever la tête, à seule fin de pouvoir dépenser un jour d'un coup tout leur gain, après quoi ils se courbent de nouveau avec acharnement sur le labeur jusqu'à la prochaine bamboche. Beaucoup d'entre eux aiment apporter des habits neufs plus ou moins singuliers, pantalons noirs de fantaisie taffent en cours à la sibérienne. Les chemises d'indiennes et les ceintures à la boucle de cuivre jouissaient aussi d'une grande faveur.
Les forçats se pomponnaient le dimanche et se pavanaient aussitôt dans les chambrés pour se faire admirer sur toutes les coutures. La satisfaction de se sentir bien nippé touchait à l'enfantillage. D'ailleurs, en bien des cas, les détenus ne sont que de grands enfants. À vrai dire, toutes ces belles affaires disparaissaient brusquement. Quelquefois, le soir même, leur propriétaire les avait engagées ou revendues presque pour rien. Au reste, la bamboche allait en montant le diapason. Elle commençait d'ordinaire, soit à une fête carillonnée, soit en l'honneur du saint patron du forçat.
Le détenu dont c'était la fête allait, dès son réveil, mettre un cierge devant l'icône et y faire sa prière. Puis, il, sans dimanche, se commandait un repas de la viande, du poisson, des pâtés à la sibérienne, et s'empiffrait comme un bœuf affamé, seul presque toujours, rarement avec un camarade invité à partager le festin. Puis l'eau de vie apparaissait. Le forçat buvait comme une outre et rodait dans les casernes, titubant, trébuchant, mais fier de montrer à chacun qu'il avait bu et qu'il vadrouillait, car il tenait à gagner ainsi l'estime générale.
Le peuple russe éprouve une étrange sympathie pour l'ivrogne, mais, au bagne, cette sympathie allait jusqu'au respect. Les riboteurs constituaient une sorte d'aristocratie. Dès qu'il se sentait engueté, le forçat exigeait de la musique. Il y avait parmi nous un Polonais condamné pour désertion, extrêmement crapuleux, mais qui possédait un violon et savait en jouer. Comme il n'avait aucun métier, son unique ressource consistait à se faire engager par un bamboucheur et à lui jouer de joyeuses airs de danse.
Cette fonction l'obligeait à suivre sans arrêt son ivrogne de patron, de chambré en chambré, en relâchant du violon de toutes ses forces. Souvent son visage réflétait l'ennui, le désespoir, la lassitude, mais, au cri « Joue donc, animal ! Gagne ton argent ! », il s'évertuait de plus belle à manœuvrer son archer. Le détenu Henri Botte pouvait être certain d'avance que, si son ivresse devenait trop tapageuse, on y mettrait ordre. On le coucherait, on le dissimulerait dès l'apparition d'un chef, et cela avec un complet désintéressement.
De leur côté, le sous-officier et les invalides, qui veillaient au bon ordre, pouvaient aussi être tranquilles. L'ivrogne ne causerait aucun trouble, toute sa chambrée ayant les yeux sur lui, au moindre tapage, à la moindre révolte, on le faisait taire et, tout bonnement, on le ligotait. Pour cette raison, les subalternes du pénitencier fermaient les yeux. Ils savaient fort bien que, s'ils ne toléraient pas l'eau de vie, les choses iraient beaucoup plus mal. Mais comment cela procurait-on ? On l'achetait au bagne, même à des forçats, qu'on appelait « cabas retiés », et dont les affaires marchaient fort bien, encore que les buveurs et les bamboucheurs fussent peu nombreux.
Toute bonbance coûtait cher et les forçats avaient trop de mal à se procurer de l'argent. Ce genre de commerce débutait, se développait et s'achevait d'une manière plutôt originale. Prenons un détenu sans métier défini, un peu enclin à travailler, il y en avait, mais désireux et impatient de s'enrichir. Comme il possède quelques sous, il se décide à vendre de l'eau de vie, entreprise audacieuse. Le risque est gros, on peut le payer avec son dos et voir en même temps argent et marchandises confisquées.
Cependant, le cabas retié passe outre. Tout d'abord, n'ayant qu'une petite somme à engager, il introduit lui-même l'eau de vie, dont cela va sans dire. Il se défait avec un large bénéfice. Il répète l'expérience une seconde, une troisième fois. S'il n'est pas découvert, il possède bientôt un pécule qui lui permet de donner de l'extension à son commerce. Il devient entrepreneur, capitaliste. Il a des agents et des aides. Il risque beaucoup moins et s'enrichit beaucoup plus. Ce sont ses aides qui s'exposent pour lui.
Il y a toujours au bagne des cerveaux brûlés que le jeu, la débauche ont ruiné jusqu'à la corde, gens sans métier, pitoyables, deux guenillers, mais doués jusqu'à un certain point d'audace et de décision. Ces gens n'ont plus qu'une chose en propre, leur dos. Encore peuvent-ils servir à quelque chose. Le bambocheur ruiné se décide donc à tirer parti de cet ultime capital. Il s'entend avec l'entrepreneur pour lui apporter de l'eau de vie. Un riche cabaretier se sert de plusieurs employés de ce genre.
En ville, il y a des incointances avec un individu, soldat, artisan, fille publique même, qui, moyennant une commission relativement élevée, achète pour l'entrepreneur de l'eau de vie dans un cabaret et va ensuite le cacher près de l'endroit où les forçats travaillent. Le fournisseur commence toujours par vérifier la qualité de la marchandise, il remplace impitoyablement ce qu'il a ôté par de l'eau pure, c'est à prendre ou à laisser, et un forçat ne peut guère faire le difficile.
Il doit s'estimer heureux de ne pas perdre son argent et de prendre l'eau de vie telle qu'elle. Le fournisseur voit donc venir à lui les porteurs indiqués à l'avance par le cabaretier. Ils ont sur eux des boyaux de bœufs que l'on a au préalable nettoyés et remplis d'eau pour leur conserver fraîcheur et souplesse. Quand l'eau de vie a été transversée, le détenu enroule les boyaux autour de leur corps autant que possible dans les endroits les plus secrets.
Là se montre toute l'adresse, tout l'esprit de ruse du contrebandier, son honneur se trouve en jeu. Il s'agit de trompés et surveillants et factionnaires, et il ne les trompe pas. Un bon contrebandier s'arrange pour qu'un son soldat d'escorte, bien souvent une recrue, n'y voit que du feu. Bien entendu, le forçard étudie tout d'abord son homme. Il prend aussi en considération l'heure et l'endroit de la corvée. Si, par exemple, il est chauffeur à la briquetterie, il monte sur le faux, qui donc ira voir ce qui y est fait.
Quand il rentre au bagne, il tient à toit hasard une pièce de quinze ou vingt copecs dans sa main, puis il attend à la porte le caporal de garde, lequel est tenu d'examiner, de fouiller, avant qu'on n'ouvre la porte, tout détenu qui revient du travail. Le porteur d'eau de vie espère qu'on ne lui fera pas la honte de le palper minutieusement en certains endroits, mais il arrive qu'un caporal dégourdit, y aille tout droit et qu'il découvre l'eau de vie.
Une dernière chance reste alors au contrebandier. À l'insu du soldat d'escorte, il glisse dans la main du caporal la pièce d'argent préparée à cette intention. Cette manœuvre lui permet le plus souvent de pénétrer sain et sauf dans la forteresse, mais quelquefois l'affaire tourne mal. Il ne doit plus alors compter que sur son dernier capital, c'est-à-dire son dos. On fait un rapport au major, on laboure sans pitié le capital, et l'on confisque le corps du délit. Dans ce cas, le contrebandier prend tout sur lui et se garde bien de dénoncer l'entrepreneur, non pas qu'il craigne d'être déshonoré par sa délation, mais tout bonnement parce que cette délation ne lui servira à rien.
Il serait quand même fustigé et verrait pour toute consolation l'entrepreneur fustigé en sa compagnie. Or, il a encore besoin de celui-ci, bien que, selon l'usage et les engagements pris d'avance, il ne touche pas un traître sous pour son dos en compote. Or, il a encore besoin de celui-ci, bien que, selon l'usage et les engagements pris d'avance, il ne touche pas un traître sous pour son dos en compote. D'ailleurs, la délation est au bagne monnaie courante. Le délateur n'encourt aucun mépris, ne soulève aucune indignation.
On ne le tient pas à l'écart, on se lit même d'amitié avec lui. Si quelqu'un se mettait en tête de démontrer au forçat la vilainie de la délation, aucun d'eux ne le contredirait. Cet ancien noble débauché et crapuleux avec lequel je rompis toute relation dès le début avait pour ami Fedka l'ordonnance du major. Il lui servait d'espion, et Fedka rapportait à son chef tout ce que l'autre lui apprenait. Nul ne l'ignorait, mais jamais personne ne songea à corriger ce grédin, ni même à lui faire la moindre remontrance.
Mais me voilà de nouveau loin de mon sujet. Quand l'eau de vie pénètre sans encombre, l'entrepreneur s'empare des boyaux, paie le contrebandier et se prend à calculer. Estimant que la marchandise lui redevient fort chère, il juge bon d'augmenter son bénéfice en y ajoutant à son tour jusqu'à une bonne moitié d'eau. Le voilà enfin tout à fait prêt, il peut attendre le chaland. Le dimanche suivant, quelquefois plus tôt, le chaland se présente sous les aspects d'un des tenues qui a travaillé plusieurs mois comme un bœuf de labour et a massé sous à sous de quoi faire ribote au jour qu'il s'est fixé d'avance.
Depuis longtemps, et à travers son sommeil et durant son travail, le misérable s'est fait de cette date un enchantement. La pensée de la fête future l'a soutenue dans sa pénible vie. Enfin l'aurore de ce beau jour vient de luire et, comme l'argent amassé n'a été ni volé ni confisqué, il la porte au cabaretier. Celui-ci lui sert d'abord de l'eau de vie, autant que possible pure, c'est-à-dire à peine baptisée deux fois, mais à mesure que la bouteille se vide, il la remplit avec de l'eau, dans ces conditions, la tasse se payant cinq ou six fois plus cher qu'au cabaret.
On s'imagine combien il faut en boire et quel argent il faut débourser pour atteindre l'ébriété. Toutefois, vu le manque d'habitude et l'absidence préalable, le forçat s'enivre assez vite. Mais d'ordinaire, il continue de boire jusqu'à ce qu'il n'ait plus le sou. Alors, comme le cabaretier exerce aussi l'usure, le fêtard engage toute sa défroque, d'abord ses beaux habits neufs, puis ses vieilles frusques, enfin les essais qu'il tient du gouvernement. Son dernier chiffon, une fois bu, l'ivronne se coucher, quand le lendemain il se réveillera avec l'inévitable mal de tête, il priera en vin le cabaretier de lui donner une goutte d'eau de vie pour le remettre d'aplomb.
Alors, tristement, il endurera son malaise et se remettra incontinent au travail. De nouveau, il va s'échiner pendant quelques mois en regrettant la bienheureuse journée. Mais, peu à peu, il reprendra courage et attendra un autre jour semblable, encore lointain peut-être, mais qui finira bien par luire. Quant au cabaretier, lorsqu'il a gagné une somme énorme, quelques dizaines de roubles, il prépare une dernière provision d'eau de vie, point baptisée celle-ci, car il se la destine. Assez trafiqué, il va s'amuser à son tour.
Et la baboche commence, boisson, repas, musique, il a de quoi peut graisser la pâte aux autorités subalternes. La fête dure quelquefois plusieurs jours. Bien entendu, la provision d'eau de vie est vite épuisée, alors il va trouver ses confrères, qu'il attendent de pied ferme, et continue à boire tant qu'il lui reste un sou. En dépit de la surveillance des détenus, il arrive qu'un riboteur tombe sous le regard du major ou d'un officier, on l'amène alors au corps de garde, on lui confisque son argent si on en trouve sur lui, et finalement on lui administre les verges.
Il les subit, se relève, se secoue, rentre à la caserne et reprend au bout de quelques jours son métier de cabaretier. On trouve parfois parmi ces bambocheurs, j'entends parmi les riches, quelques amateurs du beau sexe. Pour une grosse somme, le galant corrompt son soldat d'escorte, et tous deux, au lieu de se rendre à la corvée, gagnent à la dérober un faubourg éloigné. Là, dans un petit coin bien tranquille, tout au bout de la ville, on festoie, on dépense réellement sans compter.
L'argent d'un forçat n'inspire pas plus de dégoût que celui d'un autre homme, et d'ailleurs le soldat d'escorte, lui-même candidat aux travaux forcés, a eu soin de dresser ses batteries à l'avance. Comme l'argent arrange tout, ses petits voyages demeurent presque toujours secrets. Il faut avouer cependant que, du fait qu'ils coûtent trop cher, ils sont plutôt rares. Les amateurs du beau sexe ont recours à d'autres moyens, ceux-là sans danger. Tout au début de mon temps de bagne, un jeune détenu fort avenant, appelé Sirotkin, piqua particulièrement ma curiosité.
Il me parut plutôt énigmatique à beaucoup d'égards. La beauté de son visage m'avait frappé. Il ne devait pas avoir plus de vingt-trois ans. Comme il faisait partie de la section spéciale, on devait le croire un dangereux criminel. Tranquille et doux, il parlait peu et souriait rarement. Il avait les yeux bleus, les traits réguliers, le teint pur, les cheveux d'un blond cendré. Son crâne mirasé ne le déparait même pas, tant il était bien tourné. Il n'exerçait aucun métier, mais se procurait assez souvent de l'argent par petites sommes.
D'une paresse insigne, Sirotkin soignait peu sa tenue. Mais si quelqu'un lui faisait cadeau, par exemple d'une blouse rouge, il ne cachait pas sa joie et allait se pavaner dans toutes les chambrées. Il ne buvait pas, ne jouait pas aux cartes, ne se querellait presque jamais. Il se promenait parfois derrière les baraques, les mains dans les poches tranquillement, pensivement. À quoi pouvait-il bien songer ? Si on l'appelait ou si on lui posait une question, il répondait aussitôt avec une sorte de différence inaccoutumée chez les forçats, par quelques mots brefs, sans bavardage inutile, en fixant sur vous un regard d'enfant de dix ans.
Avait-il quelque argent ? Il ne s'achetait rien d'indispensable, ne donnait pas sa veste à rapiécer, ne se payait pas de bottes neuves, mais se procurait des croissants ou du pain d'épices qu'il dévorait comme un bambin. — Hé ! Sirotkin, lui disaient les forçats, pauvre petit orphelin de quinze ans ! Aux heures de loisirs, cet unique désœuvré errait d'une caserne à l'autre parmi des gens occupés à leurs besognes particulières. Quelqu'un lui lançait-il une apostrophe rayeuse ou se moquait souvent de lui et de ses camarades ? Il faisait demi-tour sans répondre et filait dans une autre caserne.
Quelquefois, quand on dépassait par trop les bornes, il rougissait. Je me demandais quel crime avait bien pu commettre cet être simple et paisible. Pendant un de mes séjours à l'hôpital, je lus pour voisin de lit. Le soir venu, nous liâmes conversation. Il s'anima par hasard et me conta comment on l'avait fait. Soldat, comment sa mère l'avait accompagné en pleurant ! Quel tourment il avait enduré au bataillon ! Il ne put jamais s'habituer à cette vie à cause de la dureté des chefs toujours mécontents de lui.
Et après, lui demandai-je, quel méfait t'as donc conduit ici et dans la seconde spéciale encore ? Ah, Sirotkin, Sirotkin, c'est vrai, Alexandre Petrovitch, je n'ai passé qu'un an au bataillon, et je suis ici pour avoir tué Grigory Petrovitch, mon capitaine. Je l'ai entendu dire Sirotkin, mais je ne le croyais pas. Alors c'est vrai, tu as tué quelqu'un ? Que voulez-vous, Alexandre Petrovitch ? Je ne pouvais plus tenir. Mais les autres recrues, voyons, il faut bien qu'elles s'y fassent.
Évidemment, les détenus sont difficiles, mais on s'habitue que d'y entre, on finit par devenir un bon soldat. Ta mère t'aurait gâté, elle t'a nourri au pain d'épices et au laitage jusqu'à tes dix-huit ans. C'est vrai que ma mère m'aimait beaucoup. Quand je suis parti soldat, elle s'est mise au lit, et à ce qu'on a dit, elle ne s'est plus relevée. Je n'en pouvais plus. Le capitaine m'avait pris en grippe, il me punissait tout le temps, et pourquoi ? J'obéissais à tout le monde, je faisais attention à mon service, je ne buvais pas, je n'avais point de vices, et cela, voyez-vous, Alexandre Petrovitch, c'est mauvais quand un homme se met à avoir un vice.
Tout le monde était si cruel. Je ne savais à quoi confier mon chagrin. Je me fourrais quelquefois dans un coin pour y pleurer, tout le monde saoule, et une fois, on m'avait fait prendre ma faction au corps de garde, près du râtelier d'armes, le vent d'automne soufflait, la nuit était si noire qu'on n'y voyait pas à se planter les doigts dans les yeux. D'abord, le malaise m'a serré la gorge, et quel malaise ! Tout à coup, je mets l'arme au pied, j'enlève la baïonnette, je la pose à côté de moi, je retire ma botte droite et je presse la détente avec mon gros orteil, mais le coup rate, j'ai examiné mon fusil, vérifié la lumière, versé une charge de poudre fraîche, rajusté la pierre, et de nouveau j'appuie le canon contre ma poitrine.
Qu'est-ce qu'il y a-t-il encore ? La poudre s'enflamme, pas, mais le coup ne part toujours pas. J'enfile ma botte, j'ajuste de nouveau ma baïonnette, et je me mets à faire les cent pas en silence. C'est à ce moment que j'ai décidé d'en finir, plutôt le bagne que cette chienne de vie. Au bout d'une demi-heure, le capitaine qui faisait la grosse ronde arrive droit vers moi, alors qu'il dit « c'est comme ça qu'on se tient quand on est deux factions ».
J'empanne mon fusil et je lui planque la baïonnette jusque à la garde. Ça m'a valu 4000 coups de verge et mon envoi dans la section spéciale. Il ne montait pas. Mais pourquoi l'avait-on déporté dans la section spéciale ? Ce genre de crime entraîne d'habitude un châtiment moins sévère. Seuls les quinze individus qui constituaient cette section, si rôdkines, pouvaient se vanter d'être beaux. Sauf deux ou trois physionomies à peu près supportables, tous les autres faisaient peur avoir.
Longue oreille, décollé, très hideux, habillé en désordre, il y avait parmi eux quelques têtes blanches. Si les circonstances le permettent, je donnerai un jour des détails sur eux. Si rôdkine était souvent en amitié avec Gazine, que nous avons vu au début de ce chapitre pénétrer en chancelant dans la cuisine, exprès semble-t-il, pour dérouter les idées que je m'étais faites sur la vie de Bagne. Cet effroyable individu produisait sur tout le monde une impression d'angoisse et d'horreur.
Il m'a toujours paru impossible de trouver créatures plus féroces, plus abominables. J'ai vu à Tobolsk le brigand Kamenev, dont les crimes sont célèbres. J'ai vu plus tard le déserteur Sokolov, affreux meurtrier lui aussi. Mais ni l'un ni l'autre ne m'inspire d'autant de dégoût que Gazine. Je me croyais parfois en présence d'une araignée énorme, gigantesque de la taille d'un homme. C'était un tatar, dont la force monstrueuse dépassait celle de tous les forçats, d'une taille au-dessus de la moyenne, bâti en hercule, pourvu d'une tête difforme, démesurée.
Il marchait, le dos voûté, le regard en dessous. Des bruits étranges couraient sur son compte. On savait qu'il venait du régiment, mais les détenus prétendaient à tort ou à raison que c'était un évadé de Nershkink. Déporté plus d'une fois en Sibérie, il avait pu s'enfuir. On racontait aussi qu'il prenait autrefois plaisir à massacrer les petits-enfants. Il les entraînait dans un endroit favorable, les tourmentait, les martyrisait, et après avoir pleinement joui de leur effroi, de leur palpitation, il les tuait lentement, posément, en s'envourant sa joie.
Tout cela n'était peut-être que des racontards, engendrés par l'impression pénible que Gazzine causait à tous, mais ses inventions cadraient avec son allure, avec son visage. Cependant, quand il n'avait pas bu, il se conduisait d'une manière très raisonnable, toujours imperturbable, ne cherchant chicane à personne, évitant les disputes. Il paraissait mépriser ses camarades et se croire fort au-dessus d'eux. Peu locas, il faisait preuve d'un caractère intentionnellement renfermé. Ses mouvements demeuraient lents, tranquilles, posés. Ses yeux décelaient de l'intelligence et une ruse extrême.
Son visage, son sourire, avait une expression uniformément arrogante, railleuse, cruelle. C'était un des plus riches cabaretiers du bagne, mais deux fois lent, il buvait outre mesure et montrait au grand jour toute la bestialité de sa nature. Plus il s'enivrait, plus il criblait les gens de railleries mortifiantes, savamment calculées, qu'il semblait avoir préparées longtemps à l'avance. Parvenu au paroxysme de l'ivresse, il devenait furieux, empoignait un couteau et se jetait sur les détenus. Connaissant sa force prodigieuse, ceux-ci le fuyaient et se cachaient, car ils attaquaient tous ceux qu'ils rencontraient.
Mais bientôt, on trouva le moyen de le réduire. Une dizaine d'hommes se précipitaient sur lui, et le roue à deux coups, en pleine poitrine, en plein ventre, sous le cœur, dans le creux de l'estomac, on ne serait rien imaginé de plus cruel. Et cela, jusqu'à ce qu'ils en perdent du connaissance ! Pareil traitement aurait tué tout autre que Gazine, mais avec lui, on ne risquait rien. Après la correction, on l'enveloppait dans sa peau de mouton, et on l'étendait sur le bat-flanc.
« Qu'il cuve son eau de vie, maintenant, le salaud ! » En effet, le lendemain, il se levait, presque d'aplomb, et s'en allait à la corvée, l'air sombre en silence. Chaque fois que Gazine se mettait en ripote, tout le monde savait comment la journée finirait pour lui. Il le savait aussi, mais se saoulait quand même. Quelques années passèrent, de la sorte, enfin, on remarqua un changement dans Gazine. Il se plaignait de toutes sortes de maux, maigrit sa vue d'œil, fréquentait de plus en plus l'hôpital.
« Il baisse ! » disaient de lui les détenus. Le jour de mon arrivée, l'entra dans la cuisine, pendant que j'y étais encore, suivi du vilain polonais au violon que les fêtards engageaient pour compléter leur réjouissance. Ils s'arrêtaient au milieu de la pièce, et dévisageaient en silence tous ceux qui s'y trouvaient. Enfin, m'apercevant avec mon camarade, il planta sur nous un regard moqueur, cruel, mais avec le sourire satisfait de quelqu'un qui prépare un bon tour. Il s'approcha en chancelant de notre table.
« Pourrait-on demander, » dit-il, « si vos rentes vous permettent de boire du thé ici ? » J'échangeai un regard avec mon camarade, nous comprime que mieux valait nous taire. À la première contradiction, sa furie se serait déchaînée. « Ainsi, vous avez de l'argent ? » continua-t-il. « Vous en avez un bon paquet, hein ? Mais dites-moi, c'est pour siroter votre thé que vous voilà au bain ? Mais répondez donc, mandin ! » Voyant que nous étions décidés à nous taire et à ne lui prêter aucune attention, il devint pourpre et se mit à trembler de rage.
Il aperçut à côté de lui, dans le coin, une lourde planche sur laquelle on rangeait les morceaux de pain destinés à nos repas. Elle était assez grande pour contenir la ration de la moitié des détenus. À ce moment, on ne s'en servait pas. Il la saisit à deux mains et la brandit au-dessus de nos têtes. Encore un instant, il nous fracassait le crâne. Un meurtre ou une tentative de meurtre amenait toujours les plus graves ennuis. Enquête, perquisition, redoublement de sévérité.
Aussi les détenus s'appliquaient-ils de toutes leurs forces à éviter de semblables excès. Et cependant pas un ne bougea, pas une voix ne s'éleva, pas pour nous défendre, pas un cri ne fut poussé contre Gazine. Leur haine contre les nobles allait si loin qu'ils se réjouissaient de nous voir en danger. Mais l'affaire prit un tour inattendu. À la minute même où Gazine allait lâcher la planche, quelqu'un lui cria de la porte « Gazine, on t'a volé ton eau de vie ! » Il laissa choire la planche sur le sol et se précipita comme un insensé hors de la cuisine.
« Allons, le bon Dieu les a sauvés ! » dirent entre eux les forçats, et longtemps ils le répétèrent. Je n'ai jamais pu savoir si le vol de l'eau de vie était réel ou si on l'avait simulé pour nous sauver. Ce soir-là, avant la fermeture des casernes, j'allais me promener le long des palissades dans l'obscurité commençante. Une lourde tristesse m'était tombée dans l'âme, une tristesse telle que jamais plus durant tout mon séjour au bagne je n'en éprouvais de pareille.
Le premier jour d'internement était particulièrement pénible à supporter, dans une prison, dans une casermate, comme dans un bagne. Mais il m'en souvient, je remunais déjà une question qui me tourmenta sans répit au cours de ma réclusion et qui aujourd'hui encore me paraît en partie insoluble, à savoir l'inégalité du châtiment pour des crimes similaires. Car en vérité, aucun crime n'est tout à fait semblable à un autre. Prenons par exemple deux assassinats, on a pesé toutes les circonstances et infligé aux deux coupables un châtiment presque identique, malgré les différences assez sensibles qui existent entre eux.
L'un prétend une légende en honneur chez les forçats, l'un a tué pour rien pour un oignon embusqué sur la route. Il a assassiné un pauvre diable qui passait et il n'a trouvé sur lui qu'un malheureux oignon. — Eh ! quoi, mon père, tu m'as envoyé faire du butin, j'ai tué une âme chrétienne et je n'ai trouvé sur lui qu'un oignon ? Un imbécile, un oignon, ça vaut un copec. Sans âme, ça fait cent oignons, et cent oignons, ça fait un rouble.
L'autre a tué un débouché tyrannique pour sauver l'honneur de sa fiancée, de sa sœur, de sa fille. Celui-ci, cerf fugitif, à moitié mort de faim peut-être, a tué un des policiers lancés en foule à sa poursuite pour défendre sa liberté et sa vie. Celui-là égorge par plaisir de jeunes enfants, il trouve une satisfaction à sentir leur sang chaud couler sur ses mains, il se réjouit de leur effroi, de leurs derniers sursauts de petits pigeons égorgés. Pourtant, les uns et les autres subissent la même peine.
Il y a bien une variante dans la durée du châtiment, mais elle est peu de choses par rapport à la variété dans la même espèce de crime. Autant de caractères, autant de différences. Vous objecterez qu'on ne saurait aplanir ces différences, qu'elles représentent une énigme insoluble, la quadrature du cercle. Laissons de côté cette inégalité, considérons-en une autre, celle des suites du châtiment. Tels condamnés se consument, font comme une chandelle, tels autres ne se doutaient pas qu'auparavant existât de par le monde une vie aussi réjouissante, un cercle aussi agréable de hardilurons, car aux bagnes on trouve même ces gens-là.
Tel détenu homme cultivé, en proie au remords d'une conscience affinée, aux tortures d'une souffrance morale devant lesquelles palie tout autre châtiment, porte sur son crime un jugement beaucoup plus implacable que la loi la plus sévère ne pourrait le faire. Et à côté de lui, tel un tel autre ne songe pas une seconde durant toute sa détention au forfait dont il s'est rendu coupable. D'aucuns vont jusqu'à commettre un crime tout exprès pour aller aux bagnes et se débarrasser ainsi d'une existence infiniment plus pénible.
En liberté, le malheureux vivait peut-être dans la pire des abjections, ne mangeait jamais à sa faim, travaillait pour un patron de l'aube à la nuit. Aux bagnes, le labeur est moins lourd, le pain plus abondant et de meilleure qualité. On mange de la viande le dimanche et les jours de fête, on reçoit des aumônes, on peut gagnoter quelques sous et quelle société ? Des gens délurés, malins, qui la connaissent dans les coins. Aussi un infortuné de ce genre regarde-t-il ses camarades avec une admiration respectueuse.
Il n'a jamais vu leur pareil, il les tient pour la crème des hommes. Se peut-il vraiment que l'on impose un châtiment identique à des êtres aussi dissemblables ? Mais à quoi vont s'occuper de questions sans réponses ? Le tambour bat, il faut rentrer à la chambre.