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Paroles d'anciens 3 : Tim études de médecine en France

Paroles d'anciens 3 : Tim études de médecine en France

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Timothy Ruban, a former student of Claudel High School, graduated in 2008 and now works as an emergency doctor in France. He talks about his experience studying medicine in France and the challenges he faced. He also discusses the differences between the Canadian and French education systems. Timothy emphasizes the importance of perseverance and finding a specialization that suits one's abilities and interests. He encourages students to pursue their passions and not be discouraged by the difficulty of their chosen field. Bonjour à toutes et à tous, aujourd'hui pour notre deuxième épisode de Paroles d'Anciens, nous recevons Timothy Ruban, ancien élève du lycée Claudel qui a gradué en 2008, obtenu son bac série S et donc il vient nous retracer son parcours remarquablement atypique, presque du combattant, jalonné de succès et je suppose de quelques sacrifices dont il nous parlera peut-être au cours de cette interview. Timothy a une double casquette ou du moins une double formation, toutes deux très admirées de nos élèves, à la fois ingénieurs, à la fois médecins, Tim nous révèle les secrets de son endurance académique et se replonge dans ses souvenirs. Bonjour Timothy. Bonjour, merci beaucoup de ton accueil, c'est vraiment plaisir d'être là et de découvrir ce nouvel espace. Un vrai plaisir de te recevoir, bienvenue dans notre studio. Alors quelles sont tes premières impressions en revenant 15 ans après au lycée ? Ça fait 15 ans que j'ai eu mon bac filière S et c'est l'architecture, on dirait que c'est une école de l'avenir, on se trouve actuellement. À mon époque le lycée Tchédèle était une école avec une vive communauté, on était très solidaire entre nous, on avait bénéficié d'une excellente formation reconnue à travers le monde avec ce bac français, mais c'est vrai que niveau architecture c'était un empilement de couloirs qui était assez simple, assez rustique et on en était fiers, mais c'est vrai que jamais j'aurais imaginé une telle évolution avec des espaces aussi évolués. Ça fait très plaisir de découvrir cet espace et j'ai hâte de faire une petite visite guidée après le web review. C'est avec plaisir que nos élèves te guideront à travers les couloirs. Donc dis-moi, est-ce que tu gardes contact avec ta promo ? Donc en 2018, c'était les dix ans de notre bac, mon frère jumeau, Andrew et moi, on avait invité toute la promo chez mes parents pour célébrer un peu cette décennie passée et ça nous a fait énormément plaisir de retrouver les vieux amis qui avaient évolué dans leur sens, qui avaient commencé des familles, le nombre d'enfants qui se sont pointés au rendez-vous, ça m'a fait très plaisir aussi. Pour les 20 ans, on s'est promis qu'on allait faire un grand événement avec les camarades de classe. D'accord, pour tous ceux qui nous écoutent, on a créé un groupe sur LinkedIn qui s'intitule Allumni. Donc voilà, pour tous ceux qui souhaitent se joindre à nous et retrouver les élèves de leur promo, c'est certainement la meilleure façon de le faire. Alors est-ce que tu peux rapidement te présenter et nous dire ce que tu fais dans la vie ? Oui, bien sûr. Donc aujourd'hui, je suis médecin urgentiste en France, je suis diplômé en France, je travaille dans l'hôpital universitaire de Besançon. Je suis soit dans les camions, les interventions préhospitalières sont souvent médicalisées, donc c'est contrairement au Canada où c'est des paramédics qui vont assurer les interventions. Donc moi, je suis dans un camion ou dans un hélicoptère pour aller chercher les patients très malades ou instables de la région. Deuxièmement, c'est souvent des médecins qui sont au téléphone pour les appels du centre 15, où ici, on dit le 911. Donc je fais un tiers de mes journées au téléphone. Et le troisième tiers de mon travail, c'est travailler bien sûr dans les urgences au sein de l'hôpital. Et ça, c'est une énorme partie de notre métier où on accueille les patients qui consultent aux urgences. On essaie d'orienter le patient. Est-ce qu'il peut rentrer à la maison ? Est-ce qu'il doit être hospitalisé ? Est-ce qu'il faut aller au bloc opératoire en toute urgence ? Est-ce qu'il faut aller en réanimation ? D'accord. Beaucoup de vigilance et de responsabilité. Beaucoup de responsabilité. Un peu de stress. Et soit on aime ça, soit on n'aime pas ça. Donc on choisit toujours sa spécialité en médecine selon sa capacité à gérer ce genre de stress. Je ne pensais pas en commençant les études de médecine que ça allait être une spécialité qui allait autant me plaire. Mais aujourd'hui, je suis très, très fan et je ne devrais pas faire autre chose que la médecine d'urgence. Mais moi, j'ai une question aussi à te poser puisque si je ne me trompe pas, tu es canadien. Oui. Alors, en tant que Canadien, quels ont été les éléments qui t'ont poussé à vouloir aller étudier en France ? Et est-ce qu'en tant que Canadien, tout a été facilité pour toi pour que tu puisses aller étudier en France ? Je ne sais pas si les règles ont changé ou pas, mais je sais qu'à partir du moment où on a un bac français, à mon époque, j'avais la possibilité de postuler avec le site post-bac. Est-ce que tu as eu besoin de permis d'études ? Est-ce que tu as besoin de faire des procédures d'immigration ? Oui. Moi, j'ai demandé un visa étudiant qui, au bout d'un an, a été transformé en titre de séjour étudiant. Donc tous les trois ans, je renouvelle un titre de séjour. Mais la dernière fois que j'ai été renouveler mon titre de séjour, le monsieur au bureau m'a dit « Ça fait combien de fois que vous renouvelez votre titre de séjour ? » J'ai dit « Ça doit être la quatrième fois ». Il me dit « Monsieur, il est temps de demander la citoyenneté française ». Et du coup, maintenant, je suis en cours de demande pour le passeport français. Mais c'est sûr qu'intégrer un programme de médecine au Canada est extrêmement difficile, mais ce n'est pas impossible. Ce qu'il faut savoir, c'est que pour intégrer un programme de médecine au Canada, il faut avoir une excellente moyenne et des résultats scolaires presque impeccables pendant le premier diplôme post-lycée. Donc pendant son premier bac, il faut avoir proche de 4,0 de GPA. Est-ce que tu as des camarades de promo qui se sont passés directement en médecine après le bac ? Le bac français ? Il me semble qu'au Québec, c'est une possibilité. Normalement, les seuls que je connais, ils avaient fait un cégep et non pas un bac français. Il n'y avait pas Laurent Lay ? Laurent Lay, c'était la promo au-dessus de moi. Mais lui, il me semble qu'il avait intégré la médecine assez rapidement. Je ne sais pas s'il avait fait une année d'universitaire ou pas. C'est un des rares élèves du lycée Claudel qui a pu intégrer la médecine directement en sortant du lycée. Je ne suis pas au clair sur ce parcours, mais typiquement pour les élèves qui sont ontariens, il faut faire un bac plus 4, puis on peut demander d'intégrer un programme de médecine au Canada. L'avantage en France, c'est qu'on peut y aller directement après le bac. Donc si on sent qu'on a déjà la vocation de devenir médecin et qu'on ne voit pas l'intérêt de faire un autre diplôme, pourquoi ne pas tenter la médecine en France ? Pour information, ça fait plusieurs années que chaque année, nous avons des élèves du lycée qui intègrent directement les doctorats de premier cycle en médecine, à Sherbrooke notamment. Donc chaque année, en moyenne, 3 qui intègrent directement les doctorats de premier cycle. Comment s'est passé pour toi ton cheminement en orientation après le bac ? Est-ce que c'était plutôt une trajectoire rectiligne, sinueuse, chaotique ? Je savais que je voulais faire un premier diplôme qui n'avait rien à voir avec la médecine. Malheureusement, la médecine, c'est un peu un univers à part entière. Une fois qu'on y plonge, on se noie. On ne parle que de ça, les amis ne parlent que de ça, tous nos amis font de la médecine. C'est très particulier, c'est peut-être en lien avec le niveau de difficulté du programme. On a besoin de ça pour se sentir moins seul, pour sentir qu'on peut y arriver, c'est de s'entourer vraiment de médecine. En tout cas, dans mon cas, tous mes amis me disaient à peu près la même chose. « Tu parles toujours de médecine, franchement. » Et je pense que ça m'a fait un bien énorme de faire autre chose pendant 4 ans. Donc de mes 18 ans jusqu'à mes 22 ans, j'ai intégré un programme d'ingénierie mécanique à McGill. Les ingénieurs et les médecins, ils ont quelque chose de très particulier qui les sépare. Les ingénieurs, ils adorent les choses. Les médecins, fondamentalement, bien qu'ils soient des scientifiques, ils aiment les personnes. Pendant 4 ans à Montréal, j'ai fait beaucoup de physique, de mathématiques, d'usinage, de recherche en ingénierie. Un ingénieur, on peut lui poser une question, lui donner un nombre de paramètres, éventuellement une équation, et il va trouver la solution. Et c'est ça son délire, son plaisir, c'est de réfléchir et de solutionner des problèmes. En 2012, je suis parti en France. Et une fois que j'ai intégré la fac de médecine, j'ai trouvé que la médecine, pour moi, c'était très, très difficile. On demande énormément d'efforts de mémorisation. Ce n'était pas forcément mon point fort. Et c'est des heures et des heures et des heures de travail, et ce n'est jamais assez. La première année, c'est le concours de médecine, et c'est une année où on demande un taux de sacrifice juste énorme. 100% de notre vie tourne autour de ce concours, jour et nuit. Pour les élèves qui nous écoutent, je recommande fortement de regarder un film qui s'appelle Première année, et qui illustre très bien ce en quoi consiste le concours de médecine en France. Mais je reste convaincu que, que ce soit l'ingénierie ou que ce soit la médecine, tout le monde est capable de réussir. Et je tiens à préciser, peu importe la mention qu'on a au bac, au lycée Clodel, c'est un message que je cherche à faire passer. Ok, merci. Alors, heureusement, le système a légèrement changé, il me semble, ces dernières années, pour faciliter le passage en deuxième année de médecine. Avec ce système, ces deux filières, PASSE et LASSE. Ok. Voilà. Donc, ça semble avoir changé dans le bon sens. D'accord. Donc, tu as étudié d'abord au Canada, puis en France. Donc, comment s'est passée cette transition d'un système à un autre ? Et selon toi, quels sont les avantages des deux systèmes ? J'adore cette question. Les avantages. J'adore, parce que la fac au Canada et la fac en France sont, proposent deux expériences, mais diamétralement opposées. Chacun avec leurs avantages. Au Canada, on a une sensation de fierté, d'appartenance. Tout le monde porte leur pull, maguile, quand on rentre sur le campus Montréal, il y a des milliers et des milliers de personnes sur le campus. Et avec des moyens d'une université canadienne, il y a un événement d'accueil au début de l'année scolaire qui s'appelle Frosh Week. Et ça permet aux étudiants de se rencontrer, de faire des soirées ensemble. Et on se sent tout de suite intégrés. Il y a aussi énormément de moyens, que ce soit la maison médicale sur campus réservée aux étudiants, les événements sportifs, les équipes sportives, les activités parascolaires. Et ce n'est pas tout à fait la même histoire en France. Quand on pense au prix et au coût de la vie, aux frais de scolarité que j'ai payés quand j'étais à McGill, ce n'est pas du tout la même histoire à Besançon. J'ai payé 260 euros de frais de scolarité par an, alors qu'à Montréal, j'ai dû faire un prêt bancaire. Ça change diamétralement les opportunités. Mais du coup, on arrive dans une fac à Besançon. C'est une très, très bonne fac. D'ailleurs, il me semble que Gilles Gallo avait étudié à la fac de médecine. Non, pardon, à la fac d'histoire-géographie à Besançon. Et je ne sais pas si lui, il a un pull Université de Franche-Comté, mais il me semble que non. Ça reste une fac qui fait bien avec les moyens qu'ils ont. Il n'y a pas le même esprit d'appartenance à la fac à Besançon. Même si c'est une fac à laquelle je tiens énormément pour tout ce qu'elle m'a donné. Donc, c'est sûr que l'expérience de l'Université canadienne, ça reste un phénomène culturel. Et on n'aura pas cette expérience universitaire si on va en France, mais la France a tellement autre chose à proposer à côté de la vie qu'on peut toujours rattraper cela. C'est vrai que j'aurais été un peu triste de ne pas au moins vivre quelques années à McGill. C'était très, très chouette comme expérience. Je pense que tu donnes envie aux élèves autant d'aller au Canada, de rester au Canada que d'aller en France. Et donc, pour l'instant, tu es médecin urgentiste en France. Alors, j'ai deux questions. La première, c'est pourquoi cette orientation vers la médecine urgentiste et pas vers une autre spécialité ou rester médecin généraliste? Et deux, si jamais tu as envie de venir exercer au Canada, est-ce que cela est possible? D'abord, la médecine d'urgence, c'est un monde à part. Quand je sors avec mes collègues urgentistes et moi, on a un point commun, c'est qu'on aime l'inattendu. Ne pas savoir quelle est la thématique du jour. Est-ce que ce sera aujourd'hui des difficultés respiratoires? Est-ce que ce sera des douleurs abdominales? Est-ce que ce sera des douleurs thoraciques? Donc, il y a un peu une dose d'adrénaline. On est complètement accro à l'adrénaline. Complètement. Si on m'avait posé la question au tout début de mon cursus de médecine, est-ce que l'adrénaline, c'est quelque chose qui va te faire plaisir? Je n'aurais répondu absolument pas. Moi, je suis quelqu'un qui stresse. Je suis un perfectionniste. Je ne saurais jamais gérer des situations urgentes. Et finalement, ce n'est pas le cas. La première fois que je me suis retrouvé dans une réanimation, j'ai trouvé cela très intéressant. En fait, le secret, c'est de savoir garder son calme, de réfléchir, de mettre en ordre les priorités. Finalement, les urgentistes, on est extrêmement solidaires l'un avec l'autre. On est toujours en mesure de demander de l'aide si on se sent un peu dépassé par les événements. Mais une intervention difficile va toujours nous tirer vers le haut et va nous faire progresser dans nos compétences. Mais tu as travaillé dans une période qui était assez difficile quand même au niveau des médecins urgentistes en France, la période de la pandémie, avec des moments de tension sur les hôpitaux. Comment ça s'est géré? Comment tu as pu gérer ça? Parce que tu n'as pas énormément encore d'expérience pour pouvoir gérer tout ce type de situation. En fait, j'avais commencé. Donc, une fois qu'on fait les six ans d'études théoriques avec quelques temps de stage, on commence l'internat. En anglais, on dit « residence », « medical residence », quatre ans. Et au début de mon internat, la pandémie a explosé. Donc, moi, j'avais commencé en novembre. J'avais fait novembre-décembre de formation. Et en fin janvier, début février, on a commencé à avoir nos chiffres. On avait peut-être deux, trois semaines d'avance sur le Canada. Et on s'est vite retrouvés en difficulté. Je faisais beaucoup de garde nocturne aux urgences. Mais mon stage, à cette époque-là, c'était dans un service de néphrologie. Donc, les médecins qui s'occupent des reins. Et en néphrologie, on a souvent des patients qui sont hémodialisés. Ça veut dire des patients qui sont très, très, très fragiles. Et du coup, c'est des patients qu'il faut protéger à tout prix. C'était très, très effrayant d'attaquer ce problème. Mais en même temps, qu'est-ce qu'on était soulagé de voir la solidarité d'une équipe au sein d'un hôpital. De voir à quel point tout le monde peut puiser dans leurs ressources professionnelles, personnelles, familiales. Pour surmonter les défis que cette pandémie nous a imposés. C'était incroyablement formateur. Un de mes premiers stages, c'était en réanimation avec des patients insubis. Et d'un point de vue très égoïste pour un jeune médecin en formation. J'ai été très chanceux, entre guillemets, de commencer à cette période-là. Apprendre à gérer un ventilateur. Apprendre à gérer autant de patients intubés. On me laissait beaucoup de responsabilités très tôt dans mon internat. Parce qu'on avait besoin de main-d'oeuvre. On avait besoin de compétences. Et du coup, j'ai été très vite formé pour prendre en charge des patients très graves. Chose qui n'aurait pas été le cas en période normale. Je peux dire que ma formation a été accélérée, certes. Mais c'était une expérience que je n'oublierai jamais. Par rapport à ma seconde question, si éventuellement tu as la volonté de revenir au Canada, est-ce que ça va pouvoir se faire, se passer ? Est-ce qu'il y a des complications ? L'équivalence entre deux diplômes de médecine de deux pays différents est toujours une question compliquée. Je sais qu'au Québec, il y a un programme. J'oublie le nom, j'aurais dû le rechercher avant de venir. Mais il y a un programme qui cherche à rapatrier des diplômés à l'international, des diplômes de médecine. Et il faut que le candidat postule dans un hôpital qui se trouve dans un désert médical. Par exemple, si on postule dans un petit hôpital en Gaspésie, qui cherche presque tout le temps des médecins à venir travailler dans leurs urgences, ils peuvent nous passer en entretien, accepter notre candidature. Et après, il faut aller passer un stage de trois mois dans un centre hospitalier universitaire, souvent au sein de Montréal, et on évalue notre travail. Et on s'assure que le niveau est adéquat pour prendre en charge de manière autonome des patients d'origine canadienne. Je trouve que c'est un excellent système qui peut filtrer de manière adéquate les médecins qui rentrent dans ce système, qui ont été formés à l'international. Et c'est un système qui va sans doute me profiter, parce que moi je cherche à revenir au Canada pour vivre ma vie ici. Moi je suis complètement amoureux de la France, mais c'est vrai que ma famille qui se trouve à Ottawa me manque énormément. Mais en théorie et en pratique, du peu que je connaisse, une formation de médecin en France ou une formation de médecin au Canada, me semble-t-il à une équivalence de qualité. Donc ça ne devrait pas être très compliqué, quand on a fait des études en France, de venir exercer au Canada. Et l'inverse aussi, finalement, faire médecine au Canada et aller exercer en France. Je pense que par uniformité, tout le monde passe par la même porte pour revenir dans le système. C'est vrai que j'ai entièrement confiance dans ma formation française. Je pense qu'il y a aussi une deuxième raison pour laquelle ils décident d'évaluer, pendant trois mois, les nouveaux arrivants. C'est aussi d'évaluer l'intégration culturelle. Je pense que culturellement parlant, les hôpitaux à travers le monde ne pratiquent pas la médecine de la même façon. Et je pense que c'est important d'avoir un certain standard sur qui est-ce qu'on laisse revenir au Canada. Et je comprends tout à fait leur point de vue. Ça doit être spécial d'être considéré comme un nouvel arrivant. Oui, avec mon passeport canadien. Au début, c'était une question qui me vexait énormément. Et aujourd'hui, je me mets à leur place et je dis peut-être que je comprends finalement ce qu'ils essaient de faire. C'est avec des bonnes intentions qu'ils filent autant. Oui, c'est par sécurité. Exactement. Mais c'est vrai que je suis un Canadien et des fois, j'ai l'impression que le Canada ne veut pas de moi. Mais bon, ça va le faire. Ça va bien se passer. Donc Tim, pour terminer, j'avais une question au sujet du test de préadmission, le CASPER. Je ne sais pas si à l'époque, ça existait. Mais en tout cas, c'est un test de préadmission. Donc on demande au candidat qui postule au doctorat de premier cycle en médecine et qui évalue les compétences interpersonnelles du candidat. Donc vraiment absolument pas les compétences académiques. Et je voulais savoir selon toi, quelles sont les compétences interpersonnelles qui sont recherchées ou en tout cas qui sont nécessaires pour pratiquer ce beau métier de médecin? Ce n'est pas une question évidente. À l'époque, il me semble que j'avais entendu parler de speed dating. Il y avait un long couloir avec une dizaine de portes. Et sur chaque porte, il y avait un petit morceau de papier avec un scénario écrit dessus. Et les candidats devaient passer devant chaque porte. Ils avaient deux minutes pour lire le papier, réfléchir à comment ils voulaient se présenter. Ils rentraient dans la pièce et il y avait un acteur qui jouait soit le patient, soit la famille à qui il fallait donner une mauvaise nouvelle. Et il y avait un juge à côté. Un médecin doit savoir, oui, avoir des qualités humaines. Il doit être empathique. Il doit savoir écouter les gens. Il doit savoir donner la place aux patients pour présenter ses symptômes, présenter son histoire, présenter son contexte, présenter ses antécédents. Tout en avançant dans sa journée. L'empathie, la gentillesse, les qualités humaines, oui, c'est absolument nécessaire. Mais il faut aussi savoir se préserver soi. Non, un médecin ne peut pas se donner entièrement à chaque patient. Il ne peut pas se lancer de manière émotionnelle dans les histoires difficiles qu'il va intégrer au cours de sa journée. Oui, il doit tout de même savoir être empathique. Et en quittant le box ou la salle d'examen où on a laissé le patient, il doit savoir se recomposer. Et chaque interne en formation en médecine en France a une histoire du début de leur formation. Un patient, une garde de nuit, un moment de fatigue où tout s'est écroulé. Et on a trouvé ça extrêmement difficile. Chaque interne passe par là. Et si jamais ça arrive à quelqu'un, il faut savoir que c'est normal. Donc ça, c'est une question qu'on peut se poser avant d'intégrer le programme CASPER, comme Suzy l'a dit. Mais se poser la question, est-ce que je m'intéresse aux personnes? Est-ce que quand quelqu'un me raconte un passage difficile de leur vie, je suis en mesure de leur montrer de l'empathie? Et est-ce que je me vois capable au long cours de faire ce genre de pratiques sans perdre qui on est, sans que ça impacte notre vie de famille à la maison? Et c'est un équilibre très fin. Et je pense que moi, quand j'ai intégré la fac de médecine à Besançon, je n'avais pas forcément toutes les réponses. Je pense que j'ai trouvé les réponses au fur et à mesure. Et des fois, on rentre chez nous le soir et c'était une journée catastrophique aux urgences avec 70 patients pour 3 médecins et on était simplement dépassés. Et on s'en veut de ne pas avoir réussi sur le plan humain comme on a l'habitude de faire. Et donc, qu'est-ce qui te fait te lever le matin, le lendemain matin, après justement une journée très difficile? Ce n'est pas toujours évident, mais je pense que c'est vraiment la vocation de dire je suis en mesure d'avoir un impact très positif sur la vie de patients qui sont peut-être en train de vivre la pire journée de leur vie. Et de dire c'est un privilège pour moi d'avoir été confié cette mission. Et une fois qu'on est dans un métier où on est à service de l'autre, si on a cette vocation-là, je trouve que c'est très facile de se lever le matin. Merci Timothy. Merci. Donc, renoncement, sagesse, pratiquer le non-attachement, responsabilité, stress, un métier aux multiples facettes, c'est magnifique. Merci beaucoup de ce partage et puis nous te souhaitons une bonne visite du lycée Claudel. C'est très gentil de le dire. Et Stéphane Trapeau qui était avec nous, qu'on n'a pas présenté au début, mais merci beaucoup Stéphane d'avoir assisté. Ça fait plaisir de te voir. Au bout de tant d'années, ça ne rajeunit pas. Merci Stéphane. Sous-titrage ST' 501

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