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Armenolobby André du Bus

Armenolobby André du Bus

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Consultant en santé publique chez ADBConsult

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Armé de Lobby is a podcast that discusses politics and media. In a recent episode, they interviewed André Dubus, a former politician and current coordinator of the Belgian ATSAR parliamentary group. They discussed his interest in Armenian issues and his experiences visiting Turkey and Artsakh. They discovered the suppression of Armenian history in Turkey and the struggles of Artsakh. They were impressed by the democracy in Artsakh and the determination of its people. They also discussed the importance of raising awareness about these issues. Armé de Lobby, votre émission avec Nicolas Tavitian et ses invités, tous les lundis à 15h et les mercredis à 11h. Retrouvez également tous les numéros d'Armé de Lobby en podcast sur l'application Begahive pour smartphone. Pour ce faire, rendez-vous sur Play Store ou Apple Store et téléchargez gratuitement l'application Begahive pour votre téléphone Android ou iPhone. Bonjour et bienvenue sur Armé de Lobby, l'émission qui s'intéresse à la politique et aux médias et aujourd'hui, nous avons le grand plaisir d'être avec André Dubus. André Dubus, bienvenue sur Armé de Lobby. Merci. André Dubus est à l'origine et encore de cœur un professionnel de la santé, un spécialiste en santé publique, mais il a surtout derrière lui une longue carrière politique. Il est actuellement encore conseiller communal dans la commune d'Etterbeek, il a été parlementaire fédéral, il a été parlementaire régional à Bruxelles bien sûr et puis il a été sénateur également et j'en oublie certainement, j'oublie certainement ces titres, mais un de ces titres importants également, du moins de notre point de vue, la raison certainement pour laquelle je l'ai invité aujourd'hui, c'est qu'André Dubus est également le coordinateur du groupe Belgique ATSAR, du groupe parlementaire Belgique ATSAR et donc qui pendant des années a fait le lien sur les questions, a intéressé le monde politique belge à la question de l'ATSAR et il va nous raconter comment ça s'est passé, mais avant de raconter l'histoire du groupe d'amitié parlementaire Belgique ATSAR, André, je voudrais que tu nous racontes comment tu t'es intéressé à ces questions arméniennes, comment tu t'es intéressé aux Arméniens, à l'Arménie et à tout le monde qu'il y a autour de ça. C'est vrai qu'il y a une bonne dizaine d'années, je n'étais pas informé des enjeux de l'Arsac et c'est à l'occasion d'un débat en commission des affaires internationales du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, nous sommes à ce moment-là en 2012, donc il y a déjà 12 ans, et nous apprenons qu'une série de journalistes turcs sont emprisonnés par le régime d'Erdogan. On sait que la liberté de la presse pose un problème déjà important à l'époque à Erdogan, et il se fait que la communauté française a un accord de coopération avec la Turquie, sur différentes matières, le social, la santé, la culture, et aussi les médias et les journalistes. Et donc, un collègue parlementaire qui est Jean-Claude Defossé, qui était écolo, met sur la table, et il est bien connu comme étant un ancien journaliste de la RTBF, et donc particulièrement sensible aux enjeux du journalisme et de la liberté de la presse, et met sur la table de la commission cette situation en Turquie, et dit que, étant donné l'accord de coopération qui nous lie avec la Turquie, nous devons réagir. Et il dépose une proposition de résolution, un texte à ce propos, et il n'est absolument pas suivi par la majorité, qui à l'époque était une majorité socialiste, écolo et CDH. Donc nous sommes en 2012. On est juste avant les élections communales de 2012, et on cherche à comprendre pourquoi, et on se rend compte qu'en fait ce sont des enjeux électoraux communautaires qui font qu'il ne faut pas fâcher l'électorat turc avec des considérations de cet ordre-là, et donc ce n'est pas le moment et ce n'est pas opportun de mettre cette question-là sur le devant de la scène. Et donc il est remparé. Et Jean-Claude Defossé propose alors de faire une mission à Istanbul, et bon, il se fait que nous ne sommes que deux à réagir à cette proposition. Fatoumata Sidibé, qui est parlementaire FDF à l'époque, aujourd'hui Défi, et moi-même. Et nous demandons une aide au Parlement. Le Parlement refuse cette aide pour aller à la prison de Silivri, à côté d'Istanbul. Et nous voilà partis au mois de mars-avril 2013, après les élections communales de 2012, nous voilà partis pour découvrir l'ouverture de ce procès des journalistes. Je ne vais pas revenir sur le procès lui-même, qui est une parodie, mais complète. Quand je dis une parodie complète, les journalistes qui sortaient de prison étaient là, devant nous, assis, et ils assistaient, médusés, à l'acte d'accusation où on accusait quelqu'un d'avoir eu un coup de téléphone à 11h du matin pour commander une pizza, et tout le monde sait bien que commander une pizza à 11h du matin, c'est un code secret, et qui cache les choses les plus abominables à l'égard du régime. Tu te souviens du nom des journalistes en question ? Ah non, je n'ai pas la mémoire du nom. Ce que je sais, parce qu'on a suivi, il y en a quelques-uns qui ont été libérés par la suite. Mais à l'occasion de ce voyage, nous faisons la connaissance de Guillaume Perrier, qui venait, quelques deux semaines auparavant, de sortir son livre La Turquie et le fantôme arménien. Guillaume Perrier, journaliste correspondant du Monde, à Istanbul à l'époque, c'est comme ça qu'il en est venu à écrire ce livre. Et avec une autre correspondante du Figaro, ils ont fait une enquête qui a duré des années, à travers la population turque, et ils en sont arrivés à la conclusion, ou plutôt à l'observation, que quasi un quart de la population turque a une histoire proche avec des Arméniens. Et cette histoire, elle est niée, masquée, enfouie, on ne peut pas en parler, et donc c'est du négationnisme à tous les étages des familles turques. Et son bouquin raconte en fait les différentes formes que prennent ces racines cachées des familles turques avec les Arméniens. Et face à l'intérêt que je manifeste à cette recherche, à ce bouquin, j'invite Guillaume Perrier, qui était à ce moment-là sénateur, et j'invite Guillaume Perrier au Sénat belge, dans une salle du Sénat, pour présenter son livre, et on fait d'une pierre deux coups, présentation de son livre et un debriefing de notre voyage à la prison de Silivri. Et donc cette conférence a lieu début septembre 2013. Trois jours avant la conférence, j'ai un appel de la présidente du Sénat qui me dit « André, j'ai l'ambassade turque en ligne qui veut absolument annuler cette conférence. Ils font une pression terrible. » Et je lui explique alors les raisons, le contexte, etc. Et elle me donne l'occasion de maintenir la conférence. Nous faisons une salle-comble dans la salle de commission du Sénat. Enfin, ce n'était pas une commission du Sénat, mais c'est la salle, une des salles de commission du Sénat qui accueille le public à cette conférence. Et évidemment, il y a quelques envoyés, on imagine l'ambassade qui chahute, qui réfute complètement les propos de Guillaume Perrier, nos propos, etc. Mais enfin voilà, tout ça ne dégénère pas, mais on se rend compte qu'il y a une belle contre-offensive qui est organisée. Et à la fin de cette conférence, je suis interpellé par un certain que je ne connaissais pas à l'époque, Kaspar Karampetian de l'EFJD, l'European Armenian Federation of Justice and Democracy. – Il s'appelait en français aussi la Fédération Euro-Arménienne pour la Justice et la Démocratie. – Et Kaspar Karampetian m'invite à le rencontrer et il m'explique à ce moment-là, mais toute cette réalité, à l'époque on parlait plus du Nagorno-Karabakh que de l'Artsakh, et il m'invite ainsi que Jean-Claude Fossé à un congrès qui se tient en octobre, donc un mois plus tard, à Stepanakert. Et nous voilà, Jean-Claude Fossé et moi-même, les premiers parlementaires belges en Artsakh, en octobre 2013 où on participe à ce congrès. Et on découvre cette réalité de l'Artsakh, d'abord l'isolement incroyable, voilà dont est sujet cette région, cette république, pas de train, évidemment pas de port, aucune communication aérienne puisque l'aéroport est fermé, et donc une seule route à l'époque, le couloir de la Chine, la route du Nord n'était pas encore ouverte comme elle l'a été quelques années plus tard, et donc uniquement un cordon umbilical entre l'Arménie et l'Artsakh à travers le couloir de la Chine et des camions, des fils de camions sans arrêt. Et on découvre cette région qui est à la fois magnifique, aussi d'une certaine pauvreté quand on va dans les villages, et on découvre, nous autres, surtout une vie politique qui est très bien orchestrée avec un jeu de majorité et d'opposition, une liberté de parole, c'était une des choses que j'avais quelque part exigées à nos âges, c'est qu'on puisse rencontrer l'opposition, qu'on puisse rencontrer des associations, des journalistes, etc. Et on a eu vraiment l'occasion de rencontrer une grande diversité d'acteurs, et on s'est rendu compte à quel point cette enclave arménienne au sein de l'Azerbaïdjan de l'époque est quelque part un modèle de démocratie qui fonctionnait parfaitement bien. Voilà, premier élément qui est étonnant dans cette région du Caucase. Deuxième élément qui nous avait intrigués, c'est la visite du musée des combats en 1991-92. On s'est rendu compte que les combats qui étaient à dix contre un, à l'époque dix azeris contre un arménien, ont été gagnés, mais avec des gens qui étaient très peu armés. Quand on voit les photos, on a l'impression qu'on se retrouve au début du XXe siècle, en termes d'armement, en termes d'équipement, etc. C'était vraiment du bricolage. C'était de la guérilla. On s'est rendu compte que c'est vraiment leur foi dans leur cause, leur connaissance du terrain qui ont fait qu'ils ont pu remporter cette guerre-là. Au fil des voyages, parce que j'étais cinq fois en Arsac depuis lors, ils vivaient toujours sur cette espèce d'impression de ça ira. On les a vaincus en 1991. On est fort, ils peuvent venir, on sera toujours fait face, etc. Il y avait une certaine complaisance. Il y avait une forme de complaisance, et je me souviens très bien d'une discussion forte avec un ancien ministre des Affaires étrangères et Josy Dubier, qui avait aussi été sénateur écolo. Moi, j'étais là. C'est aussi une forte tête. Une forte tête. C'était sur une terrasse sur la Grand-Place de St-Panaquer. On discutait. Josy disait, vous vous rendez compte que les avéris, ils ne vont pas rester comme ça. Ils vont s'armer. Je ne pense pas qu'ils abandonnent le combat. Notre interlocuteur, ancien ministre des Affaires étrangères, disait, mais non, vous savez, tout est prêt. Il était très, très serein. J'ai enregistré cette discussion. C'est intéressant à ce jour de la repasser, parce que j'ai tout filmé à ce moment-là. Avec ta permission, on aimerait bien la rediffuser. Oui, voilà. Ça, c'est autre chose. Mais donc, je me rendais compte qu'il y avait une forme d'esprit. Ce n'est pas de la complaisance, mais rassurant. Les choses allaient bien. À ce moment-là, nous sommes en 2019. Et la guerre, comme chacun sait, a commencé en 2020. Voilà, exactement. Et c'est ce qui a fait que j'ai mobilisé une série de mes collègues parlementaires, tous partis confondus, puisqu'il y a eu des parlementaires socialistes, Simone Susskind, Julia Hilton-Dalle, Heiko Loh, Marie Lecoq. Du côté du MR, il y a eu Gaetan van Gotsenhove. Du côté des filles, il y a eu Emmanuel Debock. Enfin, voilà. Et donc, plusieurs de chez nous. Donc, ça, c'est tous les gens qui sont allés au... Qui sont allés, oui. Et puis alors, j'ai essayé de sensibiliser mes collègues à cet enjeu-là en disant que le bien-vivre à Bruxelles, c'est aussi comprendre ce qui se passe ailleurs pour éviter d'importer des conflits communautaires ici, à Bruxelles. Et quand je vois, aujourd'hui, les dérives communautaires actuelles qui se passent au sein du Parlement bruxellois, avec cet imam pakistanais qui récite une série de surates au Parlement bruxellois, je dis mais je crois qu'il y en a qui n'ont pas conscience des dérives communautaires qui sont toujours à l'œuvre aujourd'hui dans une partie de la population. Voilà. Donc, il faut rester vigilant. Et donc, je prenais comme point de vue qu'il fallait, si on veut bien comprendre le prix du bien-être à Bruxelles, il faut s'intéresser et il faut comprendre les tensions qui existent ailleurs. Oui. Et qui, voilà... Pour en comprendre les traductions dans la société belge, c'est ça ? Voilà, exactement. Et pouvoir gérer ces conflits ici. Voilà, exactement. Ou le risque de conflit ici. Le risque de conflit ici, voilà. Exactement, puisque nous sommes de plus en plus poreux. Et c'est une excellente chose parce que je suis un des fervents partisans de la diversité. Oui. Et donc, il faut que nous puissions partager notre espace, rencontrer les cultures, échanger, mais dans le respect et des droits fondamentaux. Et quand on, voilà, quand je vois que du côté de la Turquie, la répression de la liberté de la presse, voilà, et une série de droits octroyés aux femmes ne sont pas respectés, voilà, ça me pose vraiment question. Oui. Dans le respect des droits fondamentaux, je peux ajouter dans une certaine cohérence avec les valeurs qu'on professe en Belgique. C'est-à-dire que, je pense à certains politiques belges progressistes qui s'associent avec des partis extrémistes en Turquie, par exemple, pour ne citer personne. Et donc, c'est pour ça qu'il faut comprendre avec qui... Il faut comprendre les idéologies même de ces gens à l'extérieur pour savoir avec qui on est en train de s'associer. Alors, pour maintenant se concentrer un petit peu sur le travail de ce groupe de parlementaires, donc qui comprend les personnes dont tu as parlé, dont tu as fait la liste, et peut-être d'autres. Oui, il y en a d'autres. Vous avez organisé des voyages sur ces années pour les sensibiliser, pour établir le contact avec... Donc il y a plusieurs voyages qui ont été organisés, donc en 2013, en 2015, en 2017, en 2019, en 2020, avec chaque fois des parlementaires de différentes factions politiques. Et l'objectif, c'était de leur faire découvrir, de leur faire découvrir aussi à quel point il y avait des idées novatrices. Et quand je dis des idées novatrices, à découvrir, sur place, je pense à Thumeau. Ce centre d'excellence informatique qui a fleuri en Arménie et en Arsac, puisqu'il y avait un centre Thumeau, qui est un centre de formation à l'attention des jeunes sous les enjeux numériques, qui est un centre révolutionnaire sur le plan pédagogique. Voilà, je voulais leur montrer aussi qu'on va voir des choses tout à fait étonnantes et qui sont novatrices. On ne va pas voir non plus que des sujets communautaires ou des sujets géopolitiques, etc. Donc il y a un enrichissement fort et donc ça nous a donné l'occasion d'inviter le responsable de Thumeau, ici à Bruxelles, lors d'un colloque sur les enjeux numériques. Bruno Katchatourian à l'époque. Voilà, Bruno Katchatourian, exactement. Et tu étais là Nicolas, donc on était ensemble. Voilà, donc je voulais aussi faire comprendre c'est aussi découvrir des choses qui peuvent être intéressantes pour nous. Ce n'est pas uniquement une compréhension simple d'enjeux géostratégiques. C'est aussi un apport réel qui peut enrichir notre politique bruxelloise. À propos de Thumeau, puisque j'ai un blanc, Thumeau a depuis essaimé à Berlin, à Paris, en Californie, au Liban, et peut-être ailleurs, je ne sais pas. Donc il a réellement essaimé. Et peut-être un jour à Bruxelles également. On espère à Bruxelles. Donc ça c'était les activités là-bas sur place. Et ici en Belgique, qu'est-ce qu'il a eu comme activités ? Alors ce qu'on a fait ici, on a fait plusieurs choses. On a déposé, moi j'ai déposé des textes en tant que sénateur des questions à l'époque à Didier Renders qui était ministre des Affaires étrangères sur le groupe de Minsk, sur l'influence que la Belgique peut avoir sur les acteurs du groupe de Minsk pour aborder cette question du conflit jeudi. Nous avons accueilli à plusieurs reprises des délégations du gouvernement d'Arsac. On a accueilli le président lui-même. On l'a accueilli, alors ce n'était pas l'accueil officiel parce que nous ne pouvions pas officiellement faire des conférences de presse parce que ça posait un problème diplomatique sinon. Puisque le carabarbe comme ça cassait des parts connues. Des parts connues, oui. Là on a respecté et on ne voulait pas mettre à mal nos invités. En tout cas on voulait leur démontrer que nous étions à leur côté et que nous aussi nous les reconnaissions. On les a accueillis au Sénat, on les a accueillis en fédération de l'Union bruxelle, on les a accueillis au parlement de la région de Bruxelles-Capitale de façon informelle mais chaque fois on les a reçus. Et on a fait le point. J'ai organisé une conférence à la fondation universitaire où sont venus s'exprimer Bernard Coulis, le professeur Eric David et le professeur de l'ULB spécialiste du COCAV Aude Merlin. On a écrit des cartes blanches à plusieurs reprises qui ont été publiées dans la Libre, dans le Soir. Donc on a fait un travail de sensibilisation grand public sur ces enjeux à travers des conférences avec Bernard Coulis et donc sous différentes formes. Questions parlementaires, propositions de résolution, conférences, accueils, voilà. Donc on a essayé de faire connaître à travers nos réseaux cet enjeu et cette question qui malheureusement depuis octobre 2020 a pris une tournure dramatique. Complètement dramatique. Oui, incontestablement. Et je crois que tous les auditeurs de Belgare en sont parfaitement conscients. Donc juste après l'attaque des Azeris en octobre 2020, nous sommes rendus sur place, entre autres avec Hervé Doyen qui est un collègue ex-parlementaire et bourgmestre de Gète. Et on a essayé de voir ce qu'on pouvait faire concrètement et on a réussi à rassembler des fonds. Et c'est Hervé Doyen qui faisait partie de la conférence des bourgmestres de Bruxelles, donc des 19 bourgmestres, qui a convaincu ses collègues de libérer une somme, plusieurs dizaines de milliers d'euros, pour aider la reconstruction d'une école en Artsakh. Et cet argent a été libéré et a servi à reconstruire cette école. Voilà quelque chose de tout à fait concret et tangible qui est issu du groupe d'amitié parlementaire belge avec l'Artsakh. Maintenant, quel bilan est-ce que tu tirerais d'une grosse décennie de travail ? Quel a été le résultat de ce travail ? Et dans une optique de continuation, c'est-à-dire, et quelle en serait la suite ? Mais commençons par regarder vers le passé. C'est un travail considérable apparemment, beaucoup de résolutions, beaucoup de colloques, de conférences, de travail de sensibilisation, de voyages au Karabakh et en Arménie. Mais en tout cas, peut-être que la trace principale, c'est qu'on a rendu une petite partie de la population belge sensible à ces questions-là. Moi, je me fais souvent interpeller depuis les événements d'octobre 2020. Je me fais souvent interpeller par des gens que je connais mal ou peu qui me disent, mais comment ça va ? On a suivi cette situation, comment tu réagis, etc. Donc je me rends compte qu'il y a un message qui est passé. Mais dire qu'on a réussi à changer, comment je trouve ? On n'a rien changé. On n'a pas été d'une inutilité extraordinaire sur le plan géostratégique. Moi, je dois constater la faillite de l'Europe aujourd'hui qui a fait les jeux de l'Azerbaïdjan avec le gaz, avec Ursula von der Leyen considérer qu'Ilyef était quelqu'un de crédible. Souvenons-nous ces déclarations. Un partenaire fiable, je pense qu'elle disait. Oui, fiable, etc. Donc quelque part, je trouve que c'est très ingrat de voir l'évolution politique des choses. Maintenant, nous continuons à rester fidèles à des valeurs. Je crois que l'Arménie et l'Arsac sont des symboles de valeurs de démocratie, de justice qui sont importants. On continue à porter ces valeurs. Je sais que nos amis, les membres du groupe d'amitié avec l'Arsac restent sensibles. On se pose la question, comment pouvons-nous demain être utiles ? C'est une question qui nous habite. Mais parler d'un bilan objectif en disant, voilà, on n'a pas réussi grand-chose. On a fait parler, on a rendu une partie de nos amis sensibles à cette question-là. Mais je ne vais pas dire qu'on peut... Si je peux interrompre un moment, nos auditeurs ont l'habitude de remettre les choses en perspective puisque nous sommes une radio en Belgique. La Belgique est loin du Caucase. C'est un petit pays qui en plus est inséré dans la politique extérieure de l'Union européenne. Donc l'impact va toujours être indirect. Mais ça n'est pas une raison pour ne pas agir en Belgique malgré tout. Et je crois que votre travail a été considérable dans cette dernière décennie et que sans doute s'il y avait eu des groupes d'amitié comme le vôtre, aussi efficaces dans tous les pays, en particulier évidemment dans les grands pays de l'Union européenne, sans doute on n'en serait pas là, sans parler des États-Unis. En tout cas, je me souviens pour avoir rencontré l'ambassadeur d'Azerbaïdjan en 2016 ou 2017, je ne sais plus exactement, lui était totalement remonté sur nos actions. Quand je dis totalement remonté, j'ai rarement vu quelqu'un qui se fâchait à ce point en face de moi en tapant du poing sur la table, en exigeant des excuses écrites et des choses un peu invraisemblables. C'est tout à votre honneur, et à part d'un ambassadeur, je trouvais qu'il n'avait en tout cas pas adopté les codes de la diplomatie. Et donc, si on peut parler d'avenir, je pense que maintenant la situation a changé radicalement, l'année dernière plutôt, en septembre-octobre 2023, quel rôle est-ce que vous envisageriez pour l'avenir ? En fait, notre avenir, le rôle de notre groupe d'amitié, c'est d'abord aujourd'hui de comprendre comment vraiment les choses se déclinent en Arménie. Puisqu'au sein de l'Arsac, il n'y a plus beaucoup d'enjeux actuels, si ce n'est des enjeux patrimoniaux qu'il faut préserver, mais en tant que tel, la population... Patrimoniaux, on parle des églises et des monastères. Oui, c'est ça. Là, il y a encore un enjeu majeur, parce que l'éradication et la transformation de ces églises, c'est une façon de revisiter l'histoire, et ça, c'est intolérable. Donc là, il y a un enjeu objectif qu'il faut poursuivre, mais à l'égard des populations d'Arsac qui sont dirigées vers l'Arménie, on essaie de comprendre. J'apprends tout récemment qu'elles n'ont même pas reçu de passeport, et donc elles ne sont pas considérées comme étant accueillies de façon suffisamment digne. J'apprends qu'il y en a plusieurs qui commencent à chercher à quitter l'Arménie et s'expatrier. Donc, quelque part, on a l'impression qu'il y a une partie du pouvoir ou des responsables arméniens qui veulent effacer cette situation ou la régler en dispersant les populations d'origine d'Arsac. Je trouve ça incroyable, je trouve ça choquant. Je vois que les négociations avec l'Azerbaïdjan sont à double discours, puisqu'on lit dans la presse qu'il y a une forme de pacification entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. On ne peut pas dire qu'il y a deux jours, il y a des déclarations à ce propos. Alors que, si mes informations sont correctes, l'Azerbaïdjan a carrément conquis 200 km² aujourd'hui de l'Arménie et réchigne à les restituer. Il y a des, je ne sais pas, des espèces d'une fractation en négociation pour que, est-ce que c'est les armoiries ou l'emblème ou le drapeau de l'Arménie qui efface le mot Ararat de ces emblèmes. Donc on voit que la Turquie continue son travail de sape et de modification de l'histoire et qu'à partir du moment où il y a une négociation, il y en a qui seraient prêts à accepter ça. Donc tout ça est fortement inquiétant. Nous nous rendons compte qu'il y a un rapport de force complètement déséquilibré entre une Arménie qui n'est plus en mesure de tenir tête à l'Azerbaïdjan et qui dépend de plus en plus de la Russie, qui souffle le chaud et le froid. – L'Arménie dépend de plus en plus de la Russie ? – Oui, l'Arménie est tributaire de la Russie en termes économiques, industriels, de défense. Je crois que la Russie a une base armée en Arménie. – Oui, mais ça c'est pas nouveau. – Non, non, je veux dire, ils sont là, les Russes sont clairement en Arménie. Et donc, voilà, l'autonomie de l'Arménie aujourd'hui, elle est remise en question en tant que telle. Voilà, tout ça nous inquiète beaucoup. – L'autonomie, on peut même dire l'avenir de l'Arménie est en question. – Oui, l'avenir de l'Arménie est une vraie question. Et donc, nous essayons, nous au sein du groupe, de comprendre quelles sont les forces en présence pour voir comment nous pouvons encore jouer une toute petite partition à notre échelle. Voilà, c'est ce que nous cherchons aujourd'hui à déterminer, en quoi nous pouvons être utiles vis-à-vis de la population arménienne, vis-à-vis de la population d'Artsakh. Voilà, parce que tous ceux qui se sont rendus là-bas, je vois cette magnifique affiche ici, c'est toi Nicolas ? – Oui. – Eh bien, c'est magnifique, on tombe amoureux de ce pays. Et donc, on n'est plus dans la raison, on est dans l'émotion. – Oui. – Et donc, une fois qu'on a fait ce voyage en Artsakh, on a un lien affectif parce que c'est magnifique comme pays. Les personnes qu'on a rencontrées sont magnifiques. On a rencontré des gens d'une grande profondeur, d'une grande gentillesse, d'un grand accueil, d'une grande simplicité aussi. Et donc, voilà, c'est l'illustration et l'incarnation d'une série de valeurs à laquelle nous tenons énormément. – Oui, et ça m'inspire un rapide commentaire à propos du charme de l'Arménie. Il me semble que tu parlais de patrimoine, des églises, des monastères qui ont survécu en Arménie malgré la période soviétique et malgré évidemment les génocides, les massacres, etc. Et l'Arménie d'aujourd'hui, donc malgré cette période soviétique qui était basée sur une reconstruction d'histoire, sur l'oubli, sur l'idée d'un homme nouveau, sans mémoire. Malgré ça, l'Arménie a réussi à garder ou rétablir un lien avec la profondeur de l'histoire. Et je pense que c'est une des choses qui donne au peuple et au pays le charme, sa force d'attractivité comme ça. Et je pense que tous les visiteurs en Arménie sont sensibles, le voient, le reconnaissent et c'est ce qu'on risque de perdre aussi parce que le projet alternatif, c'est le projet de la reconstruction de l'histoire, de la falsification et de la reconstruction de l'histoire. Le projet alternatif, c'est-à-dire celui dont l'Azerbaïdjan a hérité de la Turquie, celui qui a été inventé en Turquie, dont l'Azerbaïdjan a hérité et que maintenant il veut remettre en œuvre partout où Aliev arrive à mettre le pied. Alors que le Caucase a une si belle histoire, deux si belles cultures à cultiver. Mais revenons-en à la Belgique. Il y aura bientôt des élections en Belgique. Il va y avoir des élections le 9 juin à tous les niveaux, sauf les communales. Les communales auront lieu en octobre, si je ne me trompe pas. Et les provinciales seront en octobre également. Et c'est important aussi les provinciales. Pas sur Bruxelles, mais en province c'est important. En dehors de Bruxelles, les provinciales c'est important. Est-ce que tu as des réflexions à faire, des recommandations, des idées, pour que les gens puissent, nos auditeurs, puissent porter leurs préoccupations auprès des institutions politiques, pour que leurs élus, à tous les niveaux encore une fois, soient conscients des enjeux pour les Arméniens. Je crois que c'est l'occasion, dans les débats électoraux, dans les rencontres que de nombreux électeurs vont avoir avec les candidats, de les sensibiliser à cette question d'ordre international, qui est la situation de l'Arménie, qui est la situation du patrimoine, de l'oubli. Parce que les élus de demain, peu importe le niveau de pouvoir auquel ils triégeront, ont des choses à dire sur ces questions-là. Que ce soit des questions à 100% communautaires au sein d'une commune, ou bien des questions plus à répercussion internationale au sein des parlements, parce qu'aujourd'hui tous les parlements ont des compétences internationales. Il y a au Parlement bruxellois, au Parlement de la Fédération de l'Union de Bruxelles, au Parlement wallon, évidemment au Parlement fédéral, il y a des commissions sur les relations internationales. Sans oublier le Parlement européen, bien sûr. Sans oublier le Parlement européen. Ce qui veut dire que tous les candidats, peu importe le niveau auquel ils sont candidats, doivent être en mesure de comprendre qu'il y a des enjeux liés à l'avenir du Caucase, à l'avenir de l'Arménie, que l'Arménie est au centre de pays qui ont des agendas différents, la Russie, l'Iran, la Turquie, et que tout cela a une incidence sur notre quotidien ici en Belgique. Et donc avoir des candidats et des futurs parlementaires ou des futurs mandataires qui sont conscients de ça, c'est important. Et il n'est pas nécessaire non plus de devoir maîtriser toutes ces questions. Pour les interpeller, on peut organiser une conférence aussi avec quelqu'un comme Bernard Coulis, qui est une sommitaire en la matière. Je l'ai eue en ligne récemment. C'est lui qui m'a appris cette histoire de drapeau avec le mont Ararat. Donc Bernard Coulis suit tout ça au jour le jour et donc il peut être aussi un apport lors d'un débat, lors d'une conférence, où on peut interpeller des candidats sur une situation qui pourrait être exposée par Bernard Coulis, par exemple. Donc je dis à tous les électeurs qui vont rencontrer des candidats, mais qui n'hésitent pas à interpeller, à susciter des débats autour de ces questions-là. Et il y a des ressources beiges qui sont tout à fait patentées pour s'exprimer également à ce propos. Voilà. Mais je crois que tout est dit. Merci beaucoup. Peut-être que je peux dire que je suis aussi candidat à la région. À la région ? Je suis, voilà, 69e candidat à la région. C'est une place pour pousser la liste, alors ? Je pousse la liste, oui. Tu as l'intention d'être élu ? Alors, j'ai l'intention de faire une belle campagne. D'accord. Axée sur la promotion de la santé et axée sur des enjeux, tels que celui des enjeux internationaux, tels que celui de l'Arménie. D'accord. Voilà. On va conclure là-dessus, alors. Donc André Dubu est candidat aux élections régionales, et puis également à Eterbeck, pour ceux qui habitent à Eterbeck, pour le conseil communal, et voilà, et l'échuyna et tout le reste. André Dubu, merci beaucoup d'avoir passé une bonne demi-heure avec nous et de nous avoir parlé du groupe parlementaire Belgique Carabar. Merci pour tout le travail que vous avez réalisé, que tous les parlementaires du groupe ont réalisé pendant toutes ces années. Bonne chance pour les élections. Et puis à nos auditeurs, j'espère que cette émission vous aura intéressé. J'espère que vous suivrez les conseils d'André Dubu pour les élections et même que vous vous portiez candidat, si je peux rajouter un conseil. Il n'est pas trop tard, pas partout en tout cas, et je vous donne rendez-vous pour la prochaine émission d'Arménologie. Merci beaucoup, Nicolas. Arménologie, votre émission avec Nicolas Tavitian et ses invités, tous les lundis à 15h et les mercredis à 11h. Retrouvez également tous les numéros d'Arménologie en podcast sur l'application Belga High pour smartphone. Pour se faire, rendez-vous sur Play Store ou Apple Store et téléchargez gratuitement l'application Belga High pour votre téléphone Android ou iPhone. Sous-titrage Société Radio-Canada

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