Arméne Lobby is a radio show that focuses on politics and media. They have discussed topics such as the AFAR and the situation in the Haut-Karabakh region. In an upcoming theater production called "La valse des oubliés," Caroline Safarian, a Brussels-based Armenian artist, explores the tragedy of the Haut-Karabakh and the ongoing denial of the Armenian genocide. The play also addresses the importance of recognizing historical atrocities and the potential for them to happen again. Caroline believes that theater can create a tangible and impactful platform for discussing these issues and raising awareness.
Arméne Lobby, votre émission avec Nicolas Tavitian et ses invités, tous les lundis à 15h et les mercredis à 11h. Retrouvez également tous les numéros d'Arméne Lobby en podcast sur l'application Belga High pour smartphone. Pour ce faire, rendez-vous sur Play Store ou Apple Store et téléchargez gratuitement l'application Belga High pour votre téléphone Android ou iPhone. Bonjour et bienvenue sur Arméne Lobby, l'émission qui s'intéresse à la politique et aux médias. Si vous êtes un auditeur régulier de cette émission, vous savez que nous avons le plus souvent parlé de l'AFAR, du Haut-Karabakh, ou plutôt de ce qui se fait en Belgique et en Europe sur la question de l'AFAR.
Nous avons interviewé des élus, des représentants de l'Arménie et de l'AFAR, et puis des acteurs de la diaspora, des experts et d'autres comme André Malaise tout récemment et puis Daniel Salvatore Schiffer. Le fil conducteur, notre fil conducteur, ça a été d'essayer d'explorer comment se forment en Europe les politiques vis-à-vis de l'AFAR et comment on peut les influencer. Aujourd'hui, je n'ai pas invité un politique ou une politique, ni un journaliste, ni un expert, ni un lobbyiste, notre invitée c'est une artiste, mais elle veut vous parler de l'AFAR malgré tout.
Notre invitée, ou plutôt nos invitées, ce sont Caroline Safarian, comédienne et dramaturge, et Aram, son fils qui a 12 ans et qui est venu ajouter son grain de sel. Bonjour Caroline, bonjour Aram, alors Caroline, tu es bruxelloise, tu es un membre de la diaspora, vous êtes tous les deux des membres de la diaspora arménienne, et puis Caroline, tu es comédienne, metteur en scène, auteur et pédagogue en arts dramatiques, tu es connue dans la communauté arménienne et à Bruxelles d'une manière plus générale, mais tu es connue chez les Arméniens notamment pour Papiers d'Arménie, que tu as produit il y a quelques années, qui était une pièce sur la thématique du génocide, qui a été publiée aussi sous forme écrite, tu enseignes l'art dramatique depuis 10 ans dans différents lieux reconnus par la communauté arménienne de Belgique, mais aussi dans des lieux insolites parait-il, comme des prisons, et puis tu as réalisé de nombreux projets en dramaturgie, des projets de théâtre, et pas seulement évidemment sur les thèmes arméniens, et si je t'ai invité aujourd'hui, si tu es l'invité de Arménologie aujourd'hui, c'est parce que cette semaine, vendredi 10, tu vas produire une pièce, une oeuvre, un événement théâtral on peut dire, et j'aimerais que tu nous en parles.
Alors parle-nous de cette oeuvre théâtrale qui a un rapport, et je crois que les auditeurs vont très rapidement comprendre pourquoi sur Arménologie. Tout à fait, alors à mon avis la biographie actuelle date un peu parce que ça fait plus de dix ans que j'enseigne le théâtre, donc c'est bien tu me rajeunis, ça fait plus de 20 ans, et c'est vrai que Papiers d'Arménie ou Sans Retour Possible date aussi d'il y a 20 ans. Alors c'est vrai que j'étais un peu désespérée, tu vois Nicolas, de devoir remettre le couvert sur ce sujet-là, parce qu'à l'époque j'avais écrit effectivement sur la question de la négation du génocide des Arméniens, qui est toujours en cours par le gouvernement turc, donc voilà il n'y a toujours pas cette reconnaissance tant attendue, et je me rends compte que malgré mon amour pour l'écriture théâtrale, il y avait quand même une partie de moi qui était un peu désespérée de devoir remettre le couvert sur la question arménienne, avec cette urgence vitale-là, d'autant que j'ai commencé à écrire en août, et qu'au fond les événements de septembre ont quelque part précipité mon écriture, et j'ai même dû l'adapter, parce qu'en réalité les événements ont changé.
En août, il y avait encore l'espoir possible que les Arméniens du Haut-Karabakh ne soient pas chassés de chez eux, et qu'il n'y ait pas cet exode massif. Et là, après le 19 septembre, j'ai même dû réadapter mon écriture et l'orienter vers, au fond, qu'est-ce que c'est perdre tout. Le texte s'appelle « La valse des oubliés », et ça porte sur la tragédie du Haut-Karabakh, mais aussi sur le fait que, alors je ne le dis pas tel quel dans la pièce, mais évidemment que si les Arméniens parfois ennuient tout le monde en demandant la reconnaissance du génocide, c'est parce que si c'est arrivé une fois, pourquoi ça ne pourrait pas arriver une seconde fois, surtout si ce n'est pas reconnu.
Alors, moi je ne suis pas juriste, donc on n'est pas dans le cadre, je pense, d'un génocide en Arstak, mais enfin on parlait quand même de manière avérée d'épuration ethnique, d'exode massif, je veux dire les Arméniens ont quand même été privés de nourriture pendant plus de huit mois, dix mois dans cette enclave arménienne, donc il y avait quand même, au-delà de la volonté de récupérer un territoire, il y avait quand même une volonté claire pour moi, de nouveau en tout cas, d'une réalité existentielle de l'Arménité, c'est-à-dire, est-ce que dans le chef du gouvernement Azeri, il n'y a pas cette idée de grand rêve pan-turquiste, donc on va relier l'Azerbaïdjan qui est turcophone avec la Turquie et l'Arménie et cette enclave arménienne du Haut-Karabakh sont en plein milieu du rêve de ces deux despotes, voilà.
Donc il y a quand même l'idée, je veux dire, en Arménie et en Arstax, je veux dire, qu'est-ce qu'il y a là-bas à part des Arméniens, je veux dire, bon, des cultures, oui certainement, un grand réservoir culturel qui date de plusieurs millénaires, donc il n'y a pas de raison, je pense, financière pour qu'on récupère ces territoires, c'est des raisons, pour moi, ethniques, voilà, même si, évidemment, qu'on peut remettre en question, là de nouveau aussi, j'en parlais avec une amie, qu'est-ce que c'est une ethnie, qu'est-ce que c'est, voilà, tout ça, mais dans le chef d'Alien, pardon, d'Alien, oui voilà, c'est presque mon vocabulaire en parlant de lui, finalement c'est probablement ça qui sous-tend cette action et ce désir de faire partir de là les Arméniens.
Oui, donc pour toi, aussi bien sur le terrain que dans ton travail, il y a une vraie continuité entre ta pièce sur la négation du génocide et sur ce qui s'est passé cette année en Afrique. Oui, oui, parce que pour moi il y a un lien évident, voilà, enfin je le vis comme ça, je ne suis pas une experte moi, je suis une artiste qui m'occupe de parler de l'humanité et des émotions des gens au travers de ce qu'on vit, au travers de cette non reconnaissance, voilà, de l'humanité de certains, et donc oui pour moi il y a vraiment un lien entre les deux.
Donc ma pièce parle de ça, alors au départ l'écriture elle est partie d'un événement qui s'est passé en 2020 ou 2021, donc c'est Ilia Maliev qui en fait inaugure une exposition morbide et dégradante où il y a une allée des casques, il y a une photo où on voit Maliev dans une allée des casques et ce sont les casques des soldats arméniens morts au combat, des poupées à taille humaine fabriquées en cifre qui représentent des Arméniens évidemment avec des nez crochus, des sourcils, des caricatures d'Arméniens ensanglantés, mourant, comment dire, sous les coups du virilisme adhérit, et donc voilà moi ça m'a tellement sidéré, moi je suis vraiment, je me suis dit mais comment c'est possible que ça existe encore en 2023 ce genre de choses, et donc je suis partie de là en me disant ok, ça va être le point de départ de l'écriture de cette pièce, et donc dans l'écriture il y a deux attachés du président du Balkidjan, parce que je voulais pas mettre l'Azerbaïdjan, même si tout le monde pourra depuis que je parle, qui au fond font visiter cette exposition avec des poupées de cire de soldats torahriens, pour ne pas dire Arménien, et donc elles font visiter ça au public et effectivement il y a un personnage de papier d'Arménie qui à un moment donné va revenir dans la pièce, c'est le personnage de l'Event, qui dans le papier d'Arménie où son retour possible en fait est totalement négationniste, il va revenir 20 ans après, rendre visite à Caroline et Sévan, qui sont les deux protagonistes, et au fond Sévan va un peu reprocher à l'Event de ne toujours pas avoir fait son travail de mémoire autour de la question du génocide des Arméniens, qui le confirme tout autant que les Arméniens.
Donc on n'a pas avancé en fait. Oui, voilà, on n'a toujours pas avancé, ben oui, c'est pour ça que j'étais un peu désespérée. Et alors, avant de continuer, il me semble qu'Aram avait des commentaires, tu as préparé une contribution, des commentaires à faire. Qu'est-ce que tu penses de la situation au Karabakh ? Moi je pense que, enfin, allez, je trouve qu'on parle de la Palestine, mais on ne parle pas beaucoup d'autres pays sagrés comme l'Arménie, où il y a plein de pays qui souffrent, enfin voilà quoi, mais voilà.
Oui, on a un peu une vision tunnel, c'est-à-dire on ne se préoccupe que d'une question, alors qu'il se passe des tas de choses dans le monde, y compris le Karabakh. Évidemment qu'il faut parler des Palestiniens, mais je veux dire, voilà, c'est vrai, il a raison, quelque part, voilà, c'est incroyable qu'il y a des tas de peuples oubliés, quoi, et au fond, la pièce, elle parle un peu de ça. C'est pour ça que j'ai mis Balkidjan, que j'ai pas mis Azerbaïdjan, j'ai pas mis Arménien, j'ai mis Torahien, parce que des Torahien, il y en a des tas sur la terre, quoi, et ce sont des gens, voilà, qui ont tout perdu, qui ont perdu leur maison, qui sont en exode, en exil, et voilà, il y a des peuples pour qui, décidément, ça ne paraît jamais, dont les Arméniens font partie, quoi.
Oui, mais alors, c'est original de traiter ça par le théâtre, c'est aussi pour ça qu'on voulait que tu parles. Pourquoi le théâtre et qu'est-ce que ça peut apporter à la discussion, à la sensibilisation sur ces questions-là ? En fait, je pense que le théâtre, c'est le lieu où parfois ce qui a du mal à s'énoncer dans le réel peut prendre un écho sur la scène avec une forme tangible pour après rebondir, d'une certaine manière, sur le public, quoi.
Souvent, d'ailleurs, on va traiter au théâtre, enfin, souvent, je sais que moi, j'aime ça parce que tout ce qui n'est pas visible, j'aime le rendre visible, voilà, tout ce qui n'intéresse pas les autres m'intéresse. Donc, par exemple, tout à l'heure, tu as parlé de mes cours dans les prisons, c'est vrai que, par exemple, les prisonniers, on s'en fout des prisonniers, tout le monde s'en fout parce qu'il y a les reclus, voilà. Mais moi, certains m'intéressaient, la vision sur le monde, leur parcours, voilà.
Et donc, je pense que la scène de théâtre offre cet espace, au fond, où on peut, à un moment donné, questionner les choses. En fait, au vu du monde, je me dis que le théâtre est une des garanties de démocratie, voilà. L'art, en général. Carrément, une garantie de démocratie. Moi, je pense que c'est une garantie supplémentaire de démocratie, un peu comme les écoles, quoi. Je ne sais plus qui disait, enfin, une école ouverte en plus, c'est une...
voilà. J'ai cette sensation, oui, que le théâtre est un outil de lutte, quelque part, surtout dans le monde dans lequel on est. — Mais est-ce qu'on peut faire passer des messages par le théâtre qu'on ne peut pas faire passer par les médias ou par l'école, par l'éducation ? — En tout cas, alors, le théâtre ne transmet pas un message politique, il transmet un message artistique. Mais ce message, effectivement, peut contenir une vision différente, une optique différente.
Au fond, aller au théâtre, c'est se confronter au regard de l'autre, quoi. Tiens, quel regard a-t-il là-dessus ? Et je pense que ce regard ne peut être qu'authentique. Quelqu'un qui viendrait avec un regard qui n'est pas authentique ou qui est dirigé ou qui est... voilà. Le regard, pour moi, ne peut être qu'humaniste et authentique. S'il est faux, le spectateur le voit tout de suite. Donc on ne peut pas venir avec quelque chose de faux sur la scène.
C'est imminemment visible, en fait, quelqu'un qui serait faux, quoi. — Non, mais à propos de sincérité, on dit que la vérité sort de la bouche des enfants. Et je crois, Caroline, qu'Aram a préparé une contribution sur le thème du nettoyage ethnique. — Oui. — C'est juste ? — C'est maman qui l'a fait. — C'est-à-dire que c'est le texte qui clôture la pièce de théâtre « La valse des oubliés ». C'est un petit enfant qui arrive sur scène, voilà, et qui lit ce texte-là.
Et donc je me suis dit, tiens, on va le faire lire à Aram tout de suite. — Tu veux bien le lire, Aram ? — OK, je veux bien. « Ici, c'est chez moi, parce que c'est familial. C'est ma maison, quoi. Ce sont surtout les souvenirs qu'on vit dans sa maison qu'on retient, à mon avis. Non ? C'est comme un album photo, une maison. Il y a notre mémoire dans notre maison. Les souvenirs de famille, c'est un fait du bien.
Par exemple, je me souviens longtemps qu'on a joué au Stratego, hier matin, et surtout que je t'ai battu deux fois. Non, moi, je la vois jaune, ma maison. Oui, jaune. C'est mon, chez moi, soleil jaune. Quand il y a du soleil, j'aime bien en été. On ouvre les fenêtres et c'est frais. Mais tu sais ce que je préfère faire à la maison, maman ? C'est courir et puis sauter d'un grand bond sur la petite table du salon et rebondir sur le canapé, surtout quand Croquette est dessus en train de dormir et qu'elle ne s'y attend pas.
Je crois que Croquette, elle aime aussi sa maison, même si c'est un chat. Et puis, tu sais, maman, ma maison est le seul endroit où je peux rêver quand je veux. Je rêve partout dans ma maison. Je rêve dans ma chambre, dans la tienne, parfois sur le tapis du salon quand je joue. Et j'aime bien rêver dans ton lit, maman. Souvent, quand on revient de quelque part, je suis trop content de retrouver ma maison. Même si c'était pas long, j'aime la retrouver.
Après l'école, par exemple, ça fait du bien, ma maison. Et puis, j'adore être en pyjama quand j'entends la pluie tapoter sur la vitre. C'est comme un abri dans un arbre. Jamais je n'abandonnerai ma maison, même s'ils m'obligent. Comment ça, s'ils m'obligent quand même ? Quoi ? Tu veux dire avec une arme ? Avec genre un fusil, tout ça ? Ou juste avec un couteau ? De toute façon, je leur ferai viliter notre maison. Et ils verront que c'est à nous.
Notre maison, elle est comme nous, maman. Elle nous ressemble. Je crois qu'ils s'en iront après la visite. Parce qu'une maison, c'est comme une maman. Ça protège les enfants. Ils le savent bien. Merci. Très jolie lecture. Ça sent le vécu, je suppose. Ça sent le personnel. Mais je pense que l'intention, c'est une allégorie sur les gens qui doivent quitter leur maison, justement, au Carabao. Et tous ces enfants qui ont dû tout abandonner, maison, école, jardin. C'est quand même terrible de dire qu'il y a des gens qui, aujourd'hui, sont en errance.
Oui. Et qui, non seulement, sont en errance, mais je pense qu'il y a un rapport direct avec ce que tu disais. Ils disent que beaucoup de familles, certains disent tous, mais beaucoup de familles ont reçu des vidéos de leur maison en train d'être saccagées. C'est-à-dire pour montrer, ce n'est plus ta maison, voilà ce qu'on a fait de ta maison maintenant que tu es partie. Et ils ont pu l'envoyer aux gens individuellement, ces vidéos. Et je pense que ce très beau texte nous montre un petit peu, ça répond à la question que je posais, que peut faire le théâtre que d'autres moyens de communication ne peuvent pas faire.
C'est une autre manière d'aborder le sujet. C'est une manière peut-être parfois plus sensible, qui est assez complète pour moi. Parce que finalement, elle aborde quand même la question des droits d'humains en général. Je crois que tu ne peux pas parler d'un sujet pareil sans quelque part y toucher. Justement, on ne va pas aller sur ce terrain-là, mais dans certains autres conflits, on a vu parfois des populations opposées, notamment des Israéliens et des Palestiniens, créer des spectacles ensemble.
Pour essayer de parler ensemble de ce qui ne va pas. Donc, je pense que l'art est un outil bien plus performant que tous les autres. C'est ma vision en termes de capacité d'empathie, de capacité d'aller voir la vision de l'autre. Je ne sais pas si l'art change le monde, s'il y en a qui y croient, mais en tout cas, je pense que même une petite goutte dans l'océan... Mais tu parlais par exemple d'Israéliens et de Palestiniens qui ont fait du théâtre ou qui ont réalisé des œuvres d'art ensemble.
Est-ce que ça fait partie des choses que tu envisagerais de réaliser ? Alors justement, des œuvres communes ou des spectacles communs ? Il y a un moment donné où je m'étais dit, c'était bien avant les événements récents, où je m'étais dit que j'aimerais rencontrer des Azéries, des jeunes artistes Azéries qui ne doivent sûrement pas avoir bonne presse dans leur pays, parce qu'à mon avis, la Serbie n'est pas un pays où on apprécie les artistes ou en tout cas, la liberté qu'un artiste est censé avoir.
Et donc je m'étais dit, tiens, ça pourrait être très intéressant effectivement de monter un spectacle avec des Turcs démocrates, des Azéries démocrates, des Arméniens démocrates et voir un peu au fond, comment est-ce qu'on parle de tout ça. Moi, je pense que c'est important de le dire, je n'ai rien contre le peuple Azérie. Et certainement que les Azéries doivent être attachées réellement à cette terre. Mais c'est pas pour ça qu'on chasse les gens, qu'on tente de les exterminer par la même occasion, ou en tout cas de faire des évacuations.
Voilà, donc on peut discuter de ça. Il y a des possibilités pour moi de discuter de ça. Mais alors en Belgique, il n'y a pas beaucoup d'Azéries, mais il y a beaucoup de Turcs. Est-ce que tu as eu l'occasion de travailler avec des Belges d'origine turque, avec des communautés turques ? Pas beaucoup dans le milieu artistique. Je sais qu'il y a Cybèle Dinser qui est une musicienne, comédienne, qui est très sensible à ces questions, qui a même fait un reportage dans lequel Valéry Safarian, mon frère, témoignait.
Voilà, c'est un peu la seule, mais bon, la question, alors là c'est la question plus de la Belgique, au niveau de l'artistique, la diversité, elle n'est pas encore non plus au top. Donc voilà, c'est vrai qu'il y a beaucoup d'artistes belgo-belges, les mélanges commencent à venir. Mais c'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup d'artistes arméniens, il n'y a pas beaucoup d'artistes turcs, il n'y a pas beaucoup d'artistes... Donc voilà, c'est plus une question de comment on fait avec la diversité en Belgique.
Mais donc, pas vraiment, je ne peux pas dire que j'ai déjà vraiment travaillé. Donc c'est peut-être pour l'avenir. Alors Caroline, tu as parlé de ton frère Valéry Safarian, qu'on a eu l'occasion d'entendre à l'antenne ici. On voudrait en savoir aussi davantage un petit peu sur toi, en dehors de ce projet théâtral, avant de conclure l'émission. Donc, comme lui, tu es née en Belgique, d'une famille arménienne originaire d'Iran. Oui, c'est ça. Il n'y a rien d'autre. Écoute, voilà que j'ai tout de suite été sensibilisée par ce sujet, en me rendant compte qu'il y avait quand même quelque chose de très important.
Et du coup, j'ai vraiment étudié la question du génocide. Moi, je ne crois pas que parce qu'on est Arménien, on aurait des compétences supplémentaires pour parler du génocide. On peut être sensibilisée. Je ne dirais pas parce qu'on est d'origine marocaine qu'on peut parler de l'immigration. Enfin, parce que ça aussi, parfois, c'est quelque chose que j'entends beaucoup et qui est très discriminant. Il faut se renseigner. C'est-à-dire que c'est un sujet d'étude, quoi. Donc, je sais que moi, j'ai très vite été sensibilisée à cette question-là, toute petite.
Je ne sais pas comment ça se fait. Et donc, j'ai fait un premier spectacle à l'époque qui s'appelait Blackout, qui parlait de mon grand-père. Et du grand-père d'une autre fille, d'une autre comédienne. Elle, son grand-père avait été enrôlé de force dans les cantons rédimés pendant la guerre 40-45. Et son grand-père s'était suicidé à 75 ans. Bon, c'est hallucinant, quoi. Et moi, je parlais en parallèle de mon grand-père. Et au fond, voilà, de cette quête perpétuelle que j'avais, aller rechercher mes origines et comprendre mon histoire.
Alors, toutes les personnes de cette génération-là, ayant subi ces traumatismes-là, ont eu tellement parfois de mal à en parler, qu'il y a comme un manque, quoi. Il y a comme une frisure comme ça dans l'histoire. Et donc, moi, j'avais, oui, cet appétit d'aller comprendre, mais qu'est-ce qui s'était passé ? Pourquoi ? Parce que, voilà, moi, j'arrivais à l'école petite blonde aux yeux bleus, hein, parce que ma maman est belge par ailleurs. Et donc, je mettais sur ma feuille Caroline Safarian iranienne.
J'avais la nationalité iranienne. Tu es née iranienne de nationalité ? Alors oui, je suis née iranienne de nationalité, voilà. Donc, jusqu'à ce que mon père ait la nationalité belge, si tu veux. Et donc, je devais être iranienne. Donc, tout le monde en classe me regardait en disant, mais qu'est-ce qu'elle raconte, une mytho ? Une jeune mythomane. Mais voilà, non, enfin, en fait, j'étais... Et donc, tout ça, malgré tout, ça te... Quand t'es enfant, tu te questionnes, tu te poses des questions sur mes...
Voilà, tiens, je sens bien que je ne suis pas complètement la même que mes petits amis belgo-belges, même si ça aussi, ça n'existe pas, on n'est jamais belgo-belges. Mais voilà, c'était... Donc, il y a eu cette quête pendant des années et aussi parce que je voulais quelque part décharger mon fils de ça. Je pense que... J'ai toujours dit, je ne pense pas que je pourrais avoir d'enfant si je n'ai pas un livre publié sur le sujet.
C'est drôle, hein ? Mais j'avais besoin qu'il y ait un écrit, alors que Papier d'Arménie ne raconte absolument pas mon histoire. Mais pour aussi quelque part décharger... Et j'ai fait aussi un spectacle sur les comptes arméniens à l'époque. Je ne sais pas si tu te souviens. Un spectacle de comptes... Voilà. — Ah oui, plus récemment. Il n'y a pas si longtemps. — Oui, ça c'était en 2017. Là aussi, je voulais quelque part un peu transmettre à mon fils...
Voilà. — C'était plus... Oui, envers un jeune public. — Oui, c'était un jeune public, un spectacle jeune public. Donc il y a toujours eu comme un mât cette recherche de qu'est-ce que c'est l'arménité parce que je suis très très belge. Donc voilà comment est-ce qu'on touche à ça alors que j'ai une éducation très... — Oui. Mais non, écoute, merci d'avoir partagé ça. Ça, c'est un vrai parcours arménien, je crois qu'on peut le dire. — Ah oui, oui.
Je pense aussi. — Typique parce qu'il est atypique, parce qu'il est unique. — Alors ces pièces, elles existent encore ? — Oui. — Elles ne sont pas toutes... Elles ne sont pas montrées actuellement. Mais tu es prête à les ressortir ? — Oui. — Donc si tu es prête à les faire revivre... — Tout à fait. En tout cas, « La valse désoubliée », c'est la toute nouvelle. — « La valse désoubliée », c'est pour vendre.
— Elle est partie d'Arménie ou sans retour possible. Elle est publiée aux éditions Lanzmann. Donc il y a moyen effectivement de l'acheter, de la lire, quoi. Voilà. — J'entends aussi ton intérêt, ta curiosité pour des projets avec des azéries ou avec des artistes d'origine turque peut-être. Et puis concluons avec « La valse désoubliée », puisque c'est ça, le sujet principal aujourd'hui. C'est donc vendredi 10 novembre. C'est à 18 h. C'est au Théâtre Le Public. — Tout à fait.
— On peut réserver soit par l'intermédiaire du site Internet du public, qui... Le site, c'est théâtrelepublic.be, donc théâtrelepublic. Ou alors au numéro de téléphone suivant, c'est le 02 724 24 44. Donc 02 724 24 44. — Tout à fait. Est-ce que je peux encore dire un petit mot ? — Bien sûr. — Parce que j'ai créé cette année la première université populaire des femmes migrants. Alors dans mon groupe, j'ai des Chinoises, j'ai des Marocaines, j'ai des Espagnoles, j'ai des Albanaises.
Mais j'ai pas de femmes arméniennes. Et donc moi, ça me ferait vraiment plaisir si je pouvais travailler à la création d'une université des femmes migrantes avec aussi des femmes arméniennes. — Qu'est-ce que c'est qu'une université des femmes migrantes ? — Alors cette université populaire, c'est à l'image des universités d'été. Donc on va faire 3 jours à la Maison des cultures de Molenbeek. Et en fait, on a décidé d'un thème avec les femmes. Donc on va travailler autour de la communication.
— Oui. — Mais la communication, surtout, c'est dehors. — Donc on apprend à communiquer. — Oui. Enfin, c'est surtout une réflexion autour de la communication. Donc il va y avoir des moments d'études, des moments de recherche à partir des différentes cultures qui sont présentes. Comment est-ce qu'on communique en Chine ? Comment est-ce qu'on communique en Albanie ? Par exemple, on disait comment on se dit bonjour. Par exemple, j'ai appris que les Chinois, ils ne se donnent jamais de bises.
Ils ne donnent jamais de bises à leurs enfants. — Oui. — Voilà. Ça ne se fait pas. On se prend des bises. On fait ça avec son mari. — D'accord. Ou sa femme. — Ou sa femme. Voilà. Mais donc intéressant, quoi, tout ce qui a trait... Donc on va vraiment faire un objet d'étude. Il y aura un particulier qui sortira à la fin. Parce que je trouve que les migrants, ils ont le droit de repenser le monde dans lequel ils aboutissent.
C'est pas parce que t'es migrant que t'as pas le droit d'avoir un regard sur la société, que t'as pas le droit d'avoir une réflexion et d'en faire un objet. — C'est intéressant. C'est pour quand, ça ? — Alors ça, c'est le 6, 7 et 8 mars prochains. — D'accord. 6, 7 et 8 mars, pendant 3 jours. Et comment est-ce qu'on s'inscrit ? Comment est-ce qu'on enseigne ? — Alors on peut aller via l'ASBEL Le Piment, qui est à Molenbeek, qui est une ASBEL d'insertion socioprofessionnelle.
— Oui. — J'ai pas le numéro, mais lepiment.be. Vous allez tomber dessus. Et là, ils vous donneront mes coordonnées, quoi. Voilà. — Voilà. Donc si vous voulez passer 3 jours avec Caroline à faire des choses passionnantes, les 6, 7 et 8 mars prochains, enseignez-vous au Le Piment. — À l'ASBEL Le Piment. Et donc on se voit tous les jeudis matin pour préparer... — Ah, il y a une préparation. — Ah oui, il y a une grosse préparation.
— Mais en attendant, rendez-vous ce vendredi 10 à 18 h au Théâtre Le Public pour la Valse des Oubliés. Caroline, merci beaucoup. Aram, merci infiniment. — De rien. — Et voilà. Et là-dessus, notre émission se conclut. J'espère qu'elle vous aura intéressé, que vous auriez passé un bon moment. Et je vous donne rendez-vous à la prochaine émission. — Merci. Au revoir. Chargez gratuitement l'application Belga High pour votre téléphone Android ou iPhone.