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La Guerre d'Algérie

La Guerre d'Algérie

vernmarina

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The speaker introduces the topic of French colonial Algeria, which is still relevant today as 39% of French citizens aged 18-25 have a familial connection to the Algerian War and colonization. The speaker recommends a podcast called "Sauce Algérienne" that explores this topic. They provide a brief overview of the history, including the French conquest of Algeria in 1830, the violent period of colonization, and the establishment of a French administration. They discuss the population of European settlers, known as "pieds noirs," who considered themselves Algerian but had more rights than the indigenous population. The speaker also mentions the formation of the FLN, a nationalist movement that fought for Algerian independence, and the conflict between the FLN and French military forces. The speaker highlights the importance of understanding the vocabulary used during this period and promises to provide further information in the next episode. Bonjour tout le monde, j'espère que vous allez bien, de mon côté ça va bien, bon c'est vrai j'ai un peu la voix cassée, la voix enrouée parce que j'étais malade il n'y a pas si longtemps, donc c'est un peu embêtant quand on travaille sur un podcast mais je fais aller et heureusement je suis très motivée, en particulier pour vous parler du sujet du jour. Le sujet du jour, c'est un sujet dont on a déjà parlé sur ce podcast, notamment quand j'ai fait l'épisode sur Gisèle Halimi, on avait vaguement évoqué l'époque de l'Algérie coloniale française et justement vous m'aviez dit dans les commentaires que vous seriez intéressé pour qu'on creuse ce sujet, pour qu'on approfondisse cette question, donc c'est parti, je me lance aujourd'hui, j'espère que ma voix va tenir la longueur mais normalement ça devrait aller. L'Algérie française, c'est un sujet historique, certes, mais c'est aussi un sujet qui est toujours d'actualité, puisque en 2023, 39% des Français de 18 à 25 ans ont un lien familial avec la guerre d'Algérie et la colonisation. 39%, c'est presque la moitié, c'est impressionnant je trouve. Cette statistique, je l'ai apprise il n'y a pas longtemps en écoutant un podcast qui m'a passionné et que je vous recommande chaudement, ça s'appelle Sauce algérienne et c'est présenté par le chercheur Paul-Max Morin qui travaille sur la mémoire de la guerre d'Algérie. Il y a 5 épisodes dans lesquels on accompagne 7 universitaires qui va à la rencontre de 6 jeunes qui ont un lien avec l'histoire de l'Algérie française. Ce sont donc des enfants ou des petits-enfants, deux personnes qui étaient présentes d'une manière ou d'une autre en Algérie pendant la période coloniale. Alors ce podcast, il est vraiment passionnant et je vous le conseille, mais le seul problème c'est qu'il faut déjà avoir un petit peu de connaissances sur cette époque et sur cette histoire pour pouvoir comprendre tous les détails, notamment quand des personnes interviewées utilisent un certain vocabulaire qui est très spécifique à cette période. Mais heureusement pour vous, je suis là pour ça. Aujourd'hui, on va faire un épisode de rattrapage sur la présence française en Algérie et sur comment elle s'est mal terminée ou autrement dit comment c'est une histoire inachevée. Je vais vous présenter tout ça sous forme de chronologie, puis dans la dernière partie, surprise surprise, Ania me rejoindra pour nous faire quelques recommandations littéraires qui permettent de se plonger dans cette histoire avec poésie et en suivant les aventures de plusieurs personnages. Alors sans plus attendre, commençons avec la chronologie. Elle commence en 1830. Comme je vous le disais, l'histoire commune à l'Algérie et à la France commence il y a presque 200 ans. En 1830, le roi de France décide de conquérir la ville d'Alger. A cette époque, la région est dominée par l'Empire Ottoman. L'Empire Ottoman, vous en avez sûrement déjà entendu parler. C'était un empire très vaste dont la capitale se trouvait en actuelle Turquie. Les Français prennent donc Alger qui devient une colonie, puis ils commencent à attaquer les terres tout autour. On entre là dans une période de conquête qui dure longtemps, environ 40 ans et qui est très violente. Finalement, en 1870, les Français avaient colonisé tout le nord de l'Algérie actuelle. C'est-à-dire la zone la plus peuplée et la plus facilement habitable. Ils avaient tué environ un tiers de la population locale. Ensuite, après cette période de conquête et de conflit, à partir des années 1870, le système colonial se met matériellement en place et se stabilise. Alors là, ce ne sont plus les militaires qui dominent la zone, mais les civils. L'Algérie, ça devient une région française de plus. Elle est divisée en quatre départements et les Français y installent leur administration. Donc, ils vont y installer des mairies, des commissariats, des écoles, etc. Ils vont même prendre toutes les terres agricoles qui pourtant, avant, étaient déjà exploitées de manière collective par les populations locales. Et puis, bien sûr, ils vont construire des bâtiments, des routes, souvent, même presque systématiquement, en faisant travailler les populations locales. Il y a des colons qui déménagent en Algérie. Ils déménagent en famille et dans l'idée d'y faire leur vie. Ces premières générations de colons sont souvent des personnes qui étaient plutôt pauvres sur le continent européen et pour qui l'Algérie est comme un petit paradis. Et puis, petit à petit, à mesure que des nouvelles générations naissent sur le territoire algérien, on a une nouvelle communauté, une communauté à part entière qui est une population blanche avec des habitudes françaises, notamment la religion chrétienne, mais qui, en même temps, se sentent avant tout algériens et considèrent cette région comme leur maison, comme leur patrie. Ces Européens d'Algérie, ils sont appelés les pieds noirs. Pieds noirs avec un trait d'union, avec un petit trait pour former un seul mot. Ça, c'est un premier mot de vocabulaire important. C'est une population qui n'est pas seulement originaire de France. Il n'y a pas que des descendants de Français parmi ceux qui immigrent en Algérie. Il y a aussi des descendants d'Européens qui viennent d'Espagne, d'Italie, de Malte, etc. Parce qu'au début, la France, elle donnait facilement la nationalité aux immigrés venus d'Europe car l'objectif était d'avoir une population blanche, européenne, chrétienne, importante pour faire le poids face aux personnes dont les ancêtres venaient de la région, qu'ils appelaient les indigènes. Et là, on a un deuxième mot de vocabulaire. Les indigènes qui étaient pour la plupart arabes et musulmans. Alors attention, petite précision sur ces deux mots de vocabulaire. Pieds noirs, c'est un mot qui était utilisé par ces populations et qui est d'ailleurs toujours utilisé de manière positive ou neutre. Alors que le mot indigène, c'est un mot qui était utilisé par les colons. Et donc, c'est plus sujet à controverse et je vous conseille de ne pas l'utiliser. Moi, en tout cas dans le doute, je ne l'utiliserai pas comme un mot normal pour désigner cette population. Parce qu'en effet, le fait d'être, entre guillemets, indigène allait, à l'époque coloniale, de pair, allait avec le fait d'être un sous-citoyen. Les droits et les devoirs de ces personnes étaient définis dans le code de l'indigéna. Donc, code comme on a le code civil, le code de la route, c'est un ensemble de règles. Et ils avaient un statut très étrange. Puisque, d'un côté, ils étaient considérés symboliquement comme français. La France insistait sur le fait que c'était des sujets français. Mais, en même temps, ils n'avaient pas le droit à la citoyenneté française. Et en n'ayant pas la citoyenneté française, ils avaient beaucoup moins de droits que les pieds noirs. Alors, quand je dis qu'ils n'avaient pas le droit, c'est plutôt qu'il fallait faire une demande spéciale pour avoir le droit, pour obtenir la citoyenneté française. Et les conditions pour l'obtenir étaient très restrictives. Notamment, pendant une certaine période, les personnes qui étaient musulmanes devaient renoncer à leur religion. Et ça, ben, ils n'en avaient pas envie. Donc, résultat, pendant toute la période d'occupation, seulement 7000 musulmans ont été naturalisés. Finalement, dans les années 50, il y avait 1 million de personnes ayant la citoyenneté française, pour la plupart des descendants d'Européens, des pieds noirs. Et, en face, il y avait 9 millions d'Algériens, descendants d'Algériens qui avaient toujours vécu dans la région et qui n'avaient pas la citoyenneté et qui avaient donc moins de droits que les autres. Bien sûr, comme vous pouvez l'imaginer, ces personnes, elles n'acceptent pas la domination française sans rien dire. Beaucoup veulent avoir plus de droits, d'autres veulent carrément et tout simplement que les Français s'en aillent. Il y a plusieurs groupes de militants qui se forment au fil des années, mais ils n'ont pas assez de pouvoir pour se faire entendre. Ils n'ont presque aucun poids politique, vu qu'ils ne peuvent presque pas voter. Et puis, en plus, les enfants algériens sont très peu scolarisés, justement parce que la République française veut éviter qu'ils soient trop instruits et qu'ils aient donc les moyens intellectuels de se rebeller politiquement. Et puis, finalement, il y a un tournant avec la création du FLN, le Front de Libération Nationale créé en 1954. Le but du FLN, c'est de mener une lutte armée contre la colonisation française et d'obtenir l'indépendance de l'Algérie. Le 1er novembre 1954, le FLN lance des attaques simultanées dans plusieurs endroits de l'Algérie. Ces attaques visent principalement les installations militaires et les symboles de la présence coloniale française. Les autorités françaises répondent en bombardant des villages et en exécutant des civils algériens. C'est comme ça que commence la guerre d'indépendance, qu'on appelle dans les livres d'histoire français « la guerre d'Algérie ». Ce conflit a duré jusqu'en 1962 et est à opposer d'une part les Algériens indépendantistes du FLN, dont on vient de parler, et d'autre part les militaires français. En plus, certains Algériens se sont battus du côté de l'armée française qui est venue les recruter au début du conflit. Ceux-là, ils sont appelés les Harkis. H-A-R-K-I, et c'est encore un mot de vocabulaire à apprendre pour comprendre un peu les différents groupes impliqués dans cette période. La plupart des Harkis ne rejoignent pas le combat pour défendre l'Algérie coloniale. En fait, ils acceptent plutôt parce qu'ils ont peur du FLN ou alors parce qu'ils ont besoin d'argent et que l'armée française leur propose un bon salaire. Mais aussi, il y en a qui sont forcés d'accepter parce que l'armée française leur met la pression. C'est important de s'en rappeler que l'armée française, dans certains cas, a mis la pression à certains Algériens pour qu'ils rejoignent le camp français dans la lutte armée. En plus de ces trois camps, donc les membres du FLN, les militaires français et les Harkis, il faut noter qu'il y avait plusieurs autres organisations clandestines qui participaient au combat. Notamment, il y avait un groupe terroriste clandestin fondé par des Français qui défendait l'Algérie coloniale et ce groupe s'appelait l'OAS, Organisation Armée Secrète. Il était particulièrement violent, il pratiquait la torture sur les Algériens et sur des Algériens même qui étaient civils et qui ne participaient pas à la guerre. Enfin, il faut le dire, de manière générale, la torture était beaucoup pratiquée dans les deux camps et ça a été une guerre très violente qui a impliqué beaucoup les civils. Alors pendant ce temps, de l'autre côté de la Méditerranée, en France, la question de la guerre d'Algérie est au cœur du débat politique. D'une part parce que la population française s'inquiète de ces violences et d'autre part parce que la communauté internationale fait pression pour que cette guerre s'arrête. Mais les dirigeants successifs sont dépassés, ils ne savent pas quoi faire pour calmer les choses. C'est à ce moment-là que Charles de Gaulle est appelé au pouvoir pour s'occuper de cette question. Vous savez, le général de Gaulle, on en a souvent parlé, c'était un héros de la Seconde Guerre mondiale et c'était le leader du mouvement de résistance contre les nazis en France. Donc on l'appelle pour sauver le pays, pour sauver la situation. Il devient Premier ministre en 1958 puis Président de la République en 1959. D'abord, il essaye de résoudre le conflit en faisant des réformes économiques et sociales. Mais ce n'est pas suffisant. Alors finalement, il décide qu'il est temps de négocier avec le FLN. Cela prend quelques années mais ça fonctionne. Finalement, en mars 1962, les représentants français et les représentants du FLN se réunissent à Evian, une ville française près de la Suisse, et ils signent des accords qui précisent les conditions de départ des Français et l'indépendance de l'Algérie. Dans ces accords, les Français obtiennent quand même de garder certains avantages économiques et les Algériens obtiennent des conditions favorables pour immigrer en France métropolitaine. Après, pour valider les accords, un référendum est organisé. Un référendum, on en a déjà parlé ici, c'est quand le Président de la République pose une question aux citoyens et que les citoyens, la population, doit répondre par oui ou par non. En l'occurrence, cette fois, la question c'était de savoir si la population était d'accord pour que l'Algérie devienne indépendante et selon les conditions des accords d'Evian. Les électeurs votent oui à près de 100%, 99,72%. Et c'est ainsi que l'Algérie est devenue indépendante et que se sont terminées 130 années de colonisation. Après l'indépendance, tout ne devient pas tout beau, tout rose tout de suite. Tout beau, tout rose, c'est une expression pour dire que tout va bien. Il y a toujours beaucoup de tensions, que ce soit entre Français et Algériens, des deux côtés de la Méditerranée, mais aussi entre Algériens et Algériens et entre Français et Français. D'abord, les violences continuent en Algérie à cause de l'OAS, l'organisation armée secrète qui se battait clandestinement contre l'indépendance. Les membres de ce groupe clandestin n'acceptent pas du tout les accords d'Evian et ils pratiquent en Algérie la politique de la terre brûlée, c'est-à-dire qu'ils veulent tout détruire avant de partir. Ils multiplient les attentats, les exécutions sommaires et ils mettent même feu à la ville d'Oran. Mais ce n'est pas tout, ils font aussi des attentats en France pour marquer leur mécontentement et ils tentent à plusieurs reprises d'assassiner le général de Gaulle. D'autre part, les Harkis vont être massacrés dans ce qu'on appelle le massacre des Harkis. Ce sont les membres du FLN qui n'acceptent pas leur participation du côté des Français et qui vont donc, après l'indépendance, les pourchasser et les tuer. Du côté français, dans un premier temps, ils ne reçoivent aucun soutien. La France les abandonne, ne prévoit aucun plan pour leur permettre d'immigrer ni d'être protégés par l'armée. Finalement, certains, peu nombreux, se réfugient auprès de l'armée française toujours sur place et sont sauvés par les militaires puis rapatriés en France. Cependant, une fois en France, ils sont mis dans des camps, ils sont enfermés et ils vivent dans des conditions misérables. Donc, ils sont massacrés en Algérie et ils sont complètement abandonnés en France. Troisièmement, les pieds noirs. Les pieds noirs, pour la plupart, ils voulaient rester en Algérie. Je vous l'ai dit, c'était leur maison. Mais, ils ne sont plus les bienvenus en Algérie. Ils vont souffrir d'attaques, de violences, de discriminations, etc. et vont être forcés à être rapatriés. Sauf que, une fois qu'ils arrivent en France, ils sont complètement rejetés aussi par la population française qui considère que ce sont des étrangers qui n'ont rien à faire là et ils vont aussi souffrir de discriminations. Enfin, quatrième et dernier point pour montrer que la situation après l'indépendance n'est pas vraiment idéale. Les accords des viands ne sont pas vraiment respectés du côté français. Et oui, souvenez-vous, les accords prévoyaient une libre circulation entre la France et l'Algérie pour les Français et les Algériens. C'est-à-dire que les Français en Algérie pouvaient, bien sûr, rentrer en métropole. Les Algériens qui travaillaient en métropole pouvaient rentrer en Algérie s'ils le souhaitaient. Et aussi, les Algériens qui vivaient en Algérie pouvaient éventuellement aller en France. Ça, ce n'était pas forcément ce que les négociateurs avaient prévu. Les négociateurs pensaient que la plupart des Algériens voudraient vivre en Algérie libre et la plupart des Français seraient en France. Sauf que la situation économique de l'Algérie a fait que beaucoup d'Algériens, après l'indépendance, ont voulu immigrer en France pour pouvoir travailler. Et là, c'est le drame. Les quotas n'étaient pas du tout prévus correctement. Il y a eu beaucoup trop d'immigration par rapport à ce que la France envisageait. Et en France, il y avait beaucoup, beaucoup de racisme. Il y avait un racisme contre les Algériens qui était complètement accepté, qui était propagé même par les hommes politiques, qui était propagé par les médias. Et donc, les Algériens, après l'indépendance, ont été complètement rejetés, discriminés et même victimes de violences par la population française et même par les forces de l'ordre, c'est-à-dire par les policiers. D'ailleurs, c'est sur cette haine des Algériens que surfe, à ce moment-là, Jean-Marie Le Pen quand il fonde le Front National. Le Front National, vous savez, c'est l'ancêtre du Rassemblement National, le parti d'extrême droite qui est toujours très populaire en France. Il a été fondé par Jean-Marie Le Pen et il est dirigé aujourd'hui par sa fille Marine Le Pen. Et en fait, le père Le Pen, c'était un grand défenseur de l'Algérie française. Il avait été parachutiste en Algérie et il a pratiqué notamment la torture. Le pire, c'est qu'il a fondé son parti avec plusieurs membres de l'OAS. Donc, je résume pour qu'on visualise bien l'étendue des tensions et des violences qui continuent à déchirer Français et Algériens après l'indépendance. L'OAS continue les attentats en Algérie comme en France. Les harkis sont abandonnés par la France et massacrés par les Algériens. Les pieds noirs sont rejetés des deux côtés de la Méditerranée et les Algériens sont victimes d'un racisme en France. Pour finir, le parti politique qui naît à partir de la haine des Algériens est toujours un parti politique qui existe aujourd'hui. En fait, de manière générale, on parle d'une histoire inachevée parce que tous ces événements qui suivent la guerre d'indépendance n'ont jamais vraiment eu de conclusion. Les membres de l'OAS n'ont pas été poursuivis. Les harkis ont reçu des excuses vraiment très très récemment de la part du président. Les Algériens sont toujours dans des situations où ils vivent le racisme, etc. Donc on peut dire qu'il y a une blessure qui est toujours ouverte, qui a toujours des conséquences aujourd'hui parce que ça ne s'est pas bien fini. Ça ne s'est pas fini avec une belle conclusion. Bon, j'ai survolé. Il y a encore plein plein de choses à dire sur les événements dans le passé, sur les événements qui se sont passés après l'indépendance. Notamment en Algérie, il y a eu après une guerre civile, ils ont eu un problème, un très gros problème avec des attentats islamistes, etc. Mais aujourd'hui, on n'a pas le temps. Ça fait déjà à peu près 25 minutes et il me reste ma surprise pour la dernière partie. Tout de suite, je vous mets l'interview de Ania que j'ai fait en fait hier. Salut Ania, comment tu vas ? Salut, je vais très très bien. Et toi ? Moi, ça va, ça va. Un petit peu malade, je ne sais pas si ça s'entend à ma voix, mais bon, j'essaye de faire avec. Merci de bien vouloir nous répondre, d'être l'invité entre guillemets sur cet épisode. Tu es avec nous aujourd'hui parce qu'on parle de l'Algérie française, donc d'une période de l'histoire bien particulière. Et il paraîtrait que tu as étudié ou que tu connais très bien la littérature du Proche-Orient. Et donc, je ne sais pas si on dit Proche-Orient pour cette zone, peut-être que tu pourras me dire ? On dit plutôt la littérature maghrébine. Maghrébine ? Oui, oui. D'accord, ok. Donc, toi, la littérature du Maghreb, c'est quelque chose que tu as étudié. Tu peux nous en dire un petit peu plus déjà sur pourquoi tu connais particulièrement ça ? Alors, je me suis intéressée en général à la littérature maghrébine d'expression française, évidemment. Pendant mon cours de littérature à l'université, j'avais une prof qui était très fascinée par cette littérature. Et en voyant sa passion, je voulais savoir ce qu'il y avait de si passionnant dans cette littérature et approfondir un peu le sujet. Donc, je suis partie à la découverte de ce monde qui, pour moi, était complètement inconnu, exotique même. Parce que pour moi, c'est aussi ça, la littérature. Donc, c'est la découverte. C'est aller vers les gens qui vivent dans notre culture, qui ont vécu des expériences complètement différentes et essayer d'apprendre quelque chose et de les comprendre. Donc là, par exemple, je suis en train de découvrir la littérature camerounaise, cette fois-ci. Cool ! Je viens de commencer le livre qui est intitulé « Les impatientes » de l'écrivaine qui s'appelle Djaili Amadou Amal. Donc, il raconte trois histoires de trois femmes et ça me plaît énormément. Trop, trop bien ! Ça me paraît très intéressant parce que personnellement aussi, quand je lis des livres, je cherche tout le temps à lire des romans qui se passent à l'étranger, dans des pays que je ne connais pas ou alors dans des pays où j'ai prévu de voyager. Voilà, et souvent avec un petit peu d'une notion historique. Je trouve que c'est super les romans quand ça te permet de voyager dans le temps et dans l'espace. Donc voilà, je me dis qu'on pourrait même peut-être se concerter pour faire un épisode spécial en parlant de plein d'endroits. Bien sûr, peut-être plutôt francophone puisqu'on reste in our French, mais ça, ça peut être une idée. Dites-nous dans les commentaires si ça pourrait vous intéresser. Mais pour l'instant, on va se concentrer sur l'Algérie. Est-ce que toi, tu as par exemple un auteur ou une autrice algérienne en particulier que tu souhaiterais nous recommander ? Oui, j'ai un auteur particulier. Pour moi, cet auteur qui est absolument exceptionnel, c'est Yasmina Hadra. Et j'ai dit « un auteur », « un écrivain » parce qu'il s'agit d'un homme qui devrait… son vrai nom s'appelle Mohamed Moulesoul et qui a pris pour des raisons de censure militaire, il a pris un pseudonyme artistique, le nom de plume de Yasmina Hadra. J'essaie de prononcer un peu à l'arabe, donc ça se prononce Hadra, mais ça s'écrit avec un K au début. Et Yasmina Hadra, c'est le premier prénom de sa femme. Comme ça, il voulait rendre l'hommage aux femmes algériennes et surtout à sa femme. Et son parcours est assez particulier parce qu'enfant, il est rentré dans une école militaire pour les enfants. Et c'est là, à vrai dire, qu'il a découvert sa vraie vocation, donc celle de l'écrivain. Il a déjà commencé à écrire à l'âge de 11 ans. Oui, donc tout d'abord, il écrivait en arabe, mais après la lecture des auteurs français, notamment d'Albert Camus, qu'il adore, il a décidé de s'exprimer en français. Et après, il a continué sa carrière militaire. Et dans les années 90, donc durant la guerre civile algérienne, il était l'un des principaux responsables de la lutte contre le terrorisme. Et toute cette expérience a une influence très importante sur ses œuvres et inspire beaucoup les sujets de ses livres. Il est resté en armée, dans l'armée, pardon, 36 ans, et il a déménagé en France. Donc maintenant, il vit en France, il écrit en France, et il faut dire aussi que c'est un auteur très prolifique, c'est-à-dire qu'il écrit beaucoup et que ses romans sont traduits dans plus de 15 pays. Ils sont adaptés non seulement au cinéma, mais aussi au théâtre, même en chorégraphie et en bande dessinée. D'accord, donc si nos auditeurs veulent le lire, la langue originale, c'est le français, c'est ça ? Mais après, ils peuvent éventuellement trouver les romans dans leur langue. Voilà, on ne sait jamais. Je vous conseille d'essayer en français quand même, c'est l'objectif. Mais en tout cas, on sait qu'il a été beaucoup traduit. Et d'accord, donc il parle beaucoup de l'Algérie, de la France dans ses romans. Est-ce qu'on peut réussir à comprendre à travers ses romans l'histoire, justement, dont je parlais aux auditeurs, de l'Algérie française, la guerre d'Algérie, puis la guerre civile, je ne sais pas, l'installation en France ? Est-ce qu'il y a un livre en particulier, par exemple, qui parle d'une de ces périodes ou toutes ces périodes ? Oui, il a écrit pas mal de livres, en fait, sur l'histoire d'Algérie, donc il n'y a pas un seul bouquin qui parle d'Algérie. Il y a un livre que je trouve particulièrement beau, et c'est le livre intitulé « Ce que le jour doit à la nuit ». C'est un de deux romans de Hadra qui évoquent le temps de la guerre de libération nationale, donc la guerre d'indépendance, et même encore la période avant la guerre, parce que l'action du livre commence en 1930 alors que la guerre a éclaté en 1954. Et ce livre présente l'image de l'Algérie qui est partagée par les différentes communautés culturelles, religieuses, et ça raconte l'histoire d'un jeune Algérien, Younes, qui a été confié par son père à son oncle pharmacien pour qu'il parte vivre une meilleure vie dans la ville où habite son oncle, à Rio Salado. Donc, Younes quitte ses parents, s'installe avec son oncle et son épouse Germaine, qui est une Française, et entre, on peut dire, dans le monde de la culture française, parce qu'il se fait beaucoup d'amis, qui sont des Français, des Espagnols, des Italiens, des Juifs, donc il s'intègre, ou au moins essaie de s'intégrer à cette communauté pied-noir, mais on peut dire qu'il appartient à deux univers culturels séparés, donc arabe et européen. À un moment même, il change de prénom, donc il ne s'appelle plus Younes, mais Jonas, et Younes Jonas est témoin des dernières années de l'Algérie française, et il ne peut pas vraiment rejoindre l'un ou l'autre côté du conflit, donc on observe les tensions qu'il vit, parce que bien qu'il est conscient de toutes les injustices du système colonial, des souffrances des Algériens, il n'accepte pas non plus de l'autre côté la violence faite aux Français. Et à tout ça, ça joue encore l'histoire d'un amour impossible qu'il vit, d'une certaine ébilie qui rend sa situation encore plus difficile, disons. D'accord, donc beaucoup de choses, et vraiment avec au cœur la question de l'identité, des tensions entre l'identité française, l'identité algérienne, et cette situation notamment des pieds noirs, des autochtones qui peut-être se sentaient proches des Français, etc. Donc on se plonge vraiment dans cette histoire dont on a parlé là juste avant avec les auditeurs. Est-ce que quand tu as lu le livre, tu connaissais déjà un petit peu l'histoire de l'Algérie ? Est-ce que c'est ces livres-là qui t'ont permis de comprendre cette histoire ? Oui, parce que dans ce livre, dans le livre qui parle d'Algérie, Yassine Akhadra donne pas mal de repères historiques, de dates, donc c'est assez facile aussi de s'y repérer. Oui, on peut dire que j'ai appris aussi de ses livres, mais c'est vrai que tout le premier livre que je lus, d'Yassine Akhadra, c'était le livre intitulé « L'attentat » qui ne se passe pas du tout en Algérie. Mais c'était ça le premier roman que j'ai trouvé un peu, que j'ai choisi un peu au pif à l'Institut français, et qui fait partie de la trilogie, on dit que cette trilogie illustre un dialogue sourd qui oppose l'Orient et l'Occident. Donc il y a encore deux autres livres dans cette trilogie, « Les hirondelles de Kaboul », « Les sirènes de Bagdad ». Et là par contre, il parle des régions conflictuelles du monde contemporain qui sont touchées par la guerre et par le terrorisme. Et c'est ça aussi, le terrorisme, je veux dire que c'est son sujet de prédilection. Et vraiment, après avoir lu ce livre, je me suis intéressée plus à cet auteur, parce que je pense que c'était le premier livre que j'ai lu qui parle au même temps du terrorisme, et qui au même temps aussi est très très poétique, et tout ça, ça crée un effet assez spécial, assez original. Et ce livre m'a donné envie aussi, voilà, de s'intéresser plus à l'histoire d'Algérie. Tout d'abord, je me suis intéressée à cette guerre, à la guerre civile, et après, voilà, emploi à tous les autres pays historiques importants. Parce qu'il s'est passé beaucoup de choses en Ancien-État d'Algérie, il faut se le dire aussi. C'est un pays qui a beaucoup vécu, qui s'est construit après la guerre, qui a connu une autre guerre aussi atroce, et c'est très intéressant son histoire, en fait. Ouais, c'est pour ça, moi là, dans le podcast, j'ai pu que survoler très rapidement un petit peu les grandes dates et le vocabulaire pour décrire, voilà, les différents groupes qui ont vécu ou qui vivent en Algérie, les différents événements qui se sont passés. Mais évidemment, il y a de quoi creuser, découvrir beaucoup plus de choses, et je pense que pour tout le monde, c'est beaucoup plus sympa et intéressant de le faire à travers des témoignages, à travers des romans, des descriptions un peu plus poétiques, comme tu dis. Et effectivement, c'est intéressant, après, de savoir que c'est pas seulement l'histoire de l'Algérie, en fait, c'est aussi une histoire commune à beaucoup d'autres pays dans la zone, et tout ce qui est les tensions d'identité, de relation avec l'Occident, de relation avec les pays colonisateurs, etc., c'est quelque chose qu'on peut retrouver dans d'autres régions, enfin, dans d'autres pays de la région, et puis donc dans d'autres romans, donc, voilà, on vous mettra la référence du livre qui se passe en Algérie, mais aussi, voilà, on pourra mettre quelques références des autres livres que tu as appréciés particulièrement. Et en parlant de cet auteur, donc, de tous ses livres, puisque j'imagine que sa manière d'écrire est similaire, suivant dans toute son œuvre, est-ce que c'est quelqu'un qui est facile à lire pour des personnes qui apprennent le français ? Toi, tu l'as lu alors que tu savais déjà parfaitement parler français, lire le français, ou on peut l'appréhender même si on n'est pas encore à 100% bilingue ? Pour être 100% honnête, je dois dire que c'est pas un livre très, très facile à lire. Je pense que j'ai lu mon premier livre quand je connaissais assez bien le français quand même, parce que c'est vrai qu'en lisant les livres de Cadras, on a cette impression que vraiment chaque mot est choisi minutieusement et que chaque mot compte, donc parfois vous allez peut-être voir des adjectifs ou des verbes qui sont assez soignés ou qui sont très spécifiques, je dirais, donc ce qui peut provoquer un peu de difficulté, je pense, c'est surtout le nombre et le choix des adjectifs et des verbes. En fait, c'est une langue qui est très précise par rapport à l'anglais par exemple, donc parfois il y a des verbes qui sont assez spécifiques pour dire telle ou telle chose. Et le langage de Yassinia Hadra est très soigné quand même. Mais je pense que, bon, je peux vous dire un petit conseil et c'est ce qu'on vous recommande assez souvent. Essayez de vous dire quand même avant votre lecture que vous faites ça pour avoir le plaisir. Ce n'est pas un test de vocabulaire, ce n'est pas un examen. Il n'est absolument pas nécessaire de tout comprendre, donc ne mettez-vous pas cette pression. Par exemple, je trouve que la description des personnages est quand même assez riche pour que vous puissiez comprendre en général, par exemple, leur caractère, leurs propos, sans avoir compris quelques mots. Et l'histoire dans ces livres, en général, toutes les histoires sont plutôt faciles à suivre. Il n'y a pas énormément de rebondissements, il n'y a pas énormément de retours en arrière par exemple, donc on n'y s'y perd pas. Voilà, c'est des petits conseils que je peux vous donner. Et comme toi tu as dit aussi Ingrid, vous pouvez toujours commencer par peut-être lire une traduction tout simplement pour voir si son style, si le style de cet écrivain vous convient ou pas. Parce que parfois même quand on lit dans notre propre langue, il y a des auteurs qu'on n'a pas envie de lire parce qu'il y a quelque chose dans leur style qui ne nous convient pas. Donc c'est normal, c'est absolument normal. Oui, je pense que vous pouvez trouver des extraits en français pour voir le niveau de difficulté ou alors prendre d'abord une traduction et puis peut-être d'abord lire toute l'histoire et ensuite le prendre en français pour, voilà, voir la langue française mais en sachant un petit peu déjà ce qui va se passer. Mais après, voilà, je sais que beaucoup de ceux qui écoutent In A French ont déjà un bon niveau et sont capables de lire des romans un peu compliqués. Donc voilà, à chacun sa difficulté et puis faites comme vous le sentez. Mais voilà, n'hésitez pas à nous dire en commentaire maintenant ou plus tard si vous avez essayé de lire, ce que vous en avez pensé. Moi en tout cas, ça m'intéresse beaucoup. Donc je pense que je vais prendre ce livre et puis peut-être les autres que tu as dit. Et puis pour finir, peut-être, est-ce que tu as d'autres livres à recommander ? Peut-être d'autres auteurs ? Après, on mettra la liste sur la page de l'épisode mais tu peux encore en évoquer quelques-uns peut-être si tu le souhaites. Alors si vous voulez, si vous avez envie de lire encore plus de livres de Yasmina Hadra, je vous recommanderais encore deux titres, deux livres très importants qu'il a écrit justement sur le terrorisme, donc un sujet qui lui est très proche. Ces deux livres, c'est « Les Agneaux du Seigneur », le premier, et le deuxième, c'est « À quoi rêvent les loups ? ». Donc voilà, des romans assez noirs, je dirais assez sombres, comme cette époque malheureusement de la guerre civile, mais très importants. Et on peut vraiment beaucoup apprendre. Et si jamais vous avez encore plus envie de lire de la littérature algérienne, il y a bien sûr quelques classiques de la littérature de cette région. Et je peux vous recommander par exemple l'auteur qui s'appelle Mohamed Dib, Kate Biassine et aussi une écrivaine très importante, Asia Djebar, qui a beaucoup écrit sur la situation et le combat des femmes algériennes. Ok, parfait. Bon, alors on mettra tout ça sur la page de l'épisode, comme ça vous pourrez tout retrouver. C'était super intéressant. Je vais moi-même me procurer certains de ces livres et puis éventuellement on en reparle avec vous tous dans les commentaires. Merci beaucoup Ania. Merci beaucoup Ingrid. Et à très bientôt, passez une bonne journée, salut ! Toi aussi, salut ! Voilà, j'espère que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à me le dire dans les commentaires, voire à critiquer, plus gentiment et en français s'il vous plaît. On se retrouve dans deux semaines pour une conversation avec Hugo. Salut, salut !

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