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Les oreilles adéquates

Les oreilles adéquates

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In the train station, a man tells his friend he has a sore neck. She jokingly asks if he got it from exercising, but he clarifies that it's from stretching. Then, unexpectedly, he says it's because he doesn't have the right ears. The narrator overhears and is puzzled by this comment. They recall a similar situation when a child said he hopes Lille will be great, but his mother reminds him they just came from there. The narrator reflects on how experiences happen twice - first in the moment and then as memories that are distilled and filtered in our minds. Examples of such memories are mentioned, like a movie scene and the sight of ducks during a storm. The narrator also recalls a specific memory of climbing a staircase with someone and their complaint about the wrong shoes. The mention of "adequate shoes" ties back to the man's comment about not having the right ears. Dans le hall de la gare, un homme a dit à son amie « J'ai mal au cou ». L'autre a répondu ce que j'aurais répondu si on avait demandé mon avis mais on ne me l'a pas demandé. « Au cou, pourquoi t'as fait du sport ? » L'homme a rétorqué qu'il n'avait pas fait de sport, non mais des étirements. Et là, de toutes les réponses de la terre, je veux dire de tous les mots qui auraient pu sortir de sa bouche et ne produire aucun effet, il a choisi ceci. « C'est parce que t'as pas les oreilles adéquates ». Je me suis retournée et je le ressouris. Ils m'ont dévidagée. J'ai accéléré le pas et cela fait six jours que je me demande que ça veut dire « les oreilles adéquates » et si les miennes le sont ou non. Cela dit, je ne fais ni sport ni étirements donc je ne peux pas le savoir. Ça me fait penser à ce voyage en train Lille-Paris où un petit garçon avait dit à ses parents « J'espère que ça va être trop bien Lille ». Sa mère lui avait répondu, déçuté « Mais chéri, on en vient de Lille, on a passé le week-end là-bas ». Et dans sa voix, il y avait le coup de la location, des dîners et petits déjeuners et de l'aller-retour en transport. Et puis j'ai pensé qu'au fond, il n'avait pas tort ce petit garçon parce que ce qui nous arrive, nous arrive toujours deux fois. D'abord devant nos yeux et puis derrière, à l'abri de regard dans un coin de notre cerveau qui trie les souvenirs, désépaissit, élague et sacrifie pour ne retenir qu'un détail placide qui, on en est sûr, ne valait rien la première fois, mais prend sa revanche sur les couchers de soleil, les anniversaires et les Nouveaux Ans. Dans l'ombre de notre matière grise, comme ce tuperoir devant le film-grave qu'on a laissé intact, ou les canards de l'orangerie ce soir d'orage, les galantes dans la voiture garée au bord d'un lac, mes chaussettes bleues lorsque nous avions escaladé, toi et moi, le Haussmann Upstore et que tu râlais parce que tu n'allais pas. Ce jour-là, les chaussures adéquates.

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