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JeanDutourd_LBJFerre_04_2006_4

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Discussion autour du livre de Jean Dutourd " Les perles et les cochons" " Si Jean Dutourd était un musicien on appellera ses mots des variations. Jean Dutourd est bien, comme tout bon écrivain, un musicien, voila pourquoi on prend plaisir à ses variations sur la morale."

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This is a radio transcript from Radio Courtoisie. The hosts discuss the book "Les perles et les cochons" by Jean Dutour. They also talk about the controversial statements made by M. Bouteflika regarding colonization. The hosts praise Dutour's book for its unique storytelling style and its ability to reflect the contradictions of the world. They discuss various themes and stories from the book, including criticism of literary awards and the concept of objectors of conscience. They also mention the shift from a world of wolves to a world of sheep. The hosts highlight the importance of constantly reevaluating and challenging societal norms. Overall, they express admiration for Dutour's work. Radio Courtoisie Ici Radio Courtoisie, la radio libre du pays réel et de la francophonie. Vous écoutez un libre journal de Jean Ferré assisté de Maryvonne. Document d'archive du 24 avril 2006. Rediffusé dimanche 15 mai 2011 dans la nuit de 2h à 5h. L'émission est réalisée par Franck. Exceptionnellement vous ne pourrez pas intervenir au cours de cette émission mais vos lettres seront toujours les bienvenues. Notez bien notre adresse Radio Courtoisie, 61 boulevard Murat, 75 016 Paris. Allo, nous revoilà dans le studio avec les mêmes. En allant dans le sens des aiguilles d'une montre, Maryvonne que vous venez d'entendre, Michel Junot, préfet honoraire, ancien député, ancien maire adjoint de Paris, président d'honneur de la maison de l'Europe écrivain, Paul Camus, préfet de région honoraire, ancien conseiller, puis président de l'association des maires des grandes villes de France, Benoît Taffin, ancien maire du deuxième arrondissement de Paris, porte-parole de contribuables associés et si tout va bien, au bout du fil, Jean Dutour de l'Académie française. Et si tout va bien également, Alain Pocard, nous ne l'avons pas encore. Bonsoir Jean Dutour. Bonsoir ma chère Maryvonne. Bonsoir cher Jean Dutour, nous attendons Alain Pocard, je ne sais pas pourquoi nous n'arrivons pas à l'avoir. Ah bon alors, voilà autre chose. Où est passé votre complice ? Je ne sais pas, je vous dirai comme qu'un adieu. Il ne me l'a pas donné à garder. Je pense qu'il va arriver sous peu quand même. Il est là. Il est là, ben voilà. Alain Pocard ? Oui, bien sûr. Ah, bonsoir cher Alain Pocard, Alain Pocard écrivain. Alors, je voulais que nous parlions du livre de Jean Dutour, Les perles et les cochons. Ben c'est gentil ça mon cher, mon cher. Mais, mais, et que nous en parlions surtout avec Alain Pocard, mais j'aurais voulu avant avoir votre avis, cher Jean Dutour, sur M. Bouteflika. M. Bouteflika est l'illustration même d'une vieille locution française, à savoir cracher dans la soupe. Je trouve que quand on va se faire soigner chez des gens, on ne profite pas une fois qu'on est sorti de l'hôpital, pour leur dire ce que l'on considère comme leurs quatre vérités. Ça s'appelle cracher dans la soupe. M. Bouteflika a craché dans la soupe. Vous savez qu'il a dit, la colonisation a réalisé un génocide de notre identité, de notre histoire, de notre langue, de notre tradition. Voilà ce que M. Bouteflika, voilà l'insulte que M. Bouteflika... Il a déclaré ça avant d'aller au Val-de-Grâce. Et alors, il s'est passé quelque chose d'encore plus incroyable, c'est que quelques jours plus tôt, le général Pierre-Marie Gallois, un mauvais état de santé qui était à l'hôpital Georges-Pompidou, sur le conseil de ses médecins de l'hôpital Georges-Pompidou, a voulu aller au Val-de-Grâce. Alors au Val-de-Grâce, on pourrait supposer qu'un général, et un général aussi célèbre que le général Pierre-Marie Gallois, aurait sa place. Eh bien, il lui a été répondu que ça n'était pas possible, qu'il n'y avait pas de place. Et deux jours plus tard, on a reçu M. Bouteflika. Je vois qu'une chose pour le général Gallois, c'est d'aller se faire soigner à Alger. On va lui souhaiter des malheurs. C'est monstrueux. Et c'est là qu'on voit la force de la littérature, car grâce à la littérature, nous devenons meilleurs, et nous pouvons résister à cette vilainie du monde, voyez-vous. Et notamment, c'est pour ça que j'aime tellement le livre de Jean Dutour, Les perles et les cochons. C'est un recueil de nouvelles, mais cher Jean, je dirais plutôt que c'est un recueil de contes, et un conte de contes fabuleux. Est-ce que vous êtes d'accord avec mon adjectif ? D'ailleurs, c'est un peu tout. C'est des contes fables, c'est des contes de fées, et c'est un peu des anti-mémoires. En quelque sorte aussi ? Aussi. Enfin, voilà, j'ai une espèce de millimélo, comme j'aime bien les faire. Est-ce que Colette a appelé un machin ? Oui. Il y a notamment une nouvelle qui s'appelle Manger pour vivre, qu'on pourrait sous-titrer Paraboles du Héron. Vous montrez bien le style de ce recueil de nouvelles. Vous commencez comme on a l'habitude, et vous, évidemment, vous passez au contraire, à l'envers du décor. Vous savez, c'est un jeu qu'on avait beaucoup pratiqué avec les Maximes de la Rochefoucauld, et qui était visible dans un sens comme dans un autre. Je crois que les fables apologues et autres genres littéraires de cet acamite sont susceptibles du même traitement que les pensées de la Rochefoucauld. Ah ben là, ça va même plus loin, parce que vous dites, un jour, sur leur long pied à l'aise, je ne sais où, deux héros en long bec, mais dont le cou n'était pas si long qu'on veut bien le dire. Oui, comme ça. C'est-à-dire qu'en fait, vous recréez le monde, vous recréez un univers parallèle. Ben, c'est-à-dire, non, l'univers parallèle, je ne le recrée pas. Je le prends plutôt par la peau du cou et je le tourne légèrement. Et ça a une toute autre signification. En fait, ce que vous faites, c'est de mettre l'histoire connue devant le miroir, et le miroir, il reflète la vérité, mais il la reflète à l'envers. À l'envers, voilà. C'est très bien ça, ce que vous dites. Si je l'avais su, je l'aurais mis en guise de préface. Ah ben, on ne peut pas être partout. Ben non, on ne peut pas être partout, voilà. C'est ce que disait mon paternel. Dans les nouvelles, j'en ai colligé quelques-unes, comme ça, j'en ai recueilli pour en parler ce soir quelques-unes, mais il y en a tellement, et tellement divertissantes, si ce mot peut avoir quelque chose, aujourd'hui, d'élogieux, divertissant. Ben, c'est bien le divertissement, non ? Oui. Parce qu'elle était contre. Ah bon ? Ah oui, oui, oui. Il parlait tout le temps du divertissement, avec beaucoup de mépris. Ah ben, moi, je ne suis pas contre. Et notamment, j'ai beaucoup aimé, quand vous tapez sur les prix littéraires, notamment dans une nouvelle qui s'appelle le prix Gomina. Pourquoi Gomina ? C'est parce que c'est tiré par les cheveux ? Non, c'est parce que c'est un mélange de Goncourt et de Cébina. Ah oui ! Vous l'avez pendu. Oh là là, que j'ai l'air bête. Il y a une chose qui ravira beaucoup les auditeurs de Radio Courtoisie, c'est le dialogue entre Socrate et Dupont sur la peine de mort. C'est le titre. Dupont étant le politiquement correct de base, et Socrate qui, mon Dieu, devrait être évidemment contre la peine de mort, et qui est pour. Et je dois dire que ce dialogue est un enchantement, parce qu'il va aux limites de, justement, cette contradiction des choses que vous mettez si bien dans ce bouquin. Par exemple, c'est une chose qui saute tellement aux yeux, que le monde est un tissu de contradictions. Ça n'arrête pas. Et que chaque chose a des conclusions différentes, et des conclusions opposées. Vous savez, par exemple, prenons la phrase de la femme de la fontaine du corbeau et du renard. On la connaît, j'en ai fait une espèce de petite paraphrase, hors nombre aucun. En fait, le corbeau dit au renard, apprenez que tout flasher se fait un tort formidable, parce qu'il se fait traiter instantanément de brosse à reluire, et de lèche-cul. Ce n'est avec plaisir, donc ça, d'être flasher. Le flasher, finalement, est beaucoup moins atteint. Et moi, j'ai connu un très grand petit garçon, qui était un type très bien, et qui avait cette espèce de COVID de la flatterie. Il ne pouvait pas vous voir. Quand il vous voyait, il se plantait devant vous, et il prenait un air ravi, et il disait, « Mon cher Jean, tu sais que tu as du génie, tu le sais, hein ? » Alors évidemment, on ne sait pas où se fourrer, quand on vous dit des choses pareilles. C'est épouvantable, il n'y a plus qu'à se cacher. C'était un type très gentil, c'était une espèce de névrose qu'il avait. Et bien, tout flatter ne vit pas au dépendre de sa propre réputation. Voilà, ça, c'est la phrase. Et je vais vous dire, une des grandes joies, un des grands plaisirs de la lecture, c'est de penser une chose, mais de ne pas arriver à le formuler. Or, par exemple, ce livre est plein de phrases qui sont des aphorismes. Permettez-moi d'en lire une. « L'objecteur de conscience est un homme qui veut choisir sa guerre. Enfin, l'objecteur de conscience remis à sa place. » Je crois que c'est ça, non ? C'est exactement ça. C'est l'objecteur de conscience. Et puis c'est bien, c'est ce qu'il faut. Il faut que les choses soient comme ça. Il faut qu'on ne puisse pas supporter l'iniquité lorsqu'on est quelqu'un qui est avec femme de la vertu. Et c'est pour ça que je crois que l'objecteur de conscience toujours trouve une guerre qui lui convient. Souvent la guerre civile, d'ailleurs. Oui, au moins comme ça, on sait qui retue. Oui, et puis ça évite d'aller trop loin de chez soi. Il y a aussi un percentage de la guerre civile. Nous ne sommes pas les premiers à le dire. Il me semble que j'ai vu quelque chose comme ça dans un atoll français. Oui, le problème, le grand honneur des écrivains, c'est à chaque génération de remettre le métier et l'ouvrage sur le métier, et ainsi de suite. Oui, il faut tout le temps remettre des choses en place. Il y a une chose que vous dites dans beaucoup de livres et que vous dites encore, notamment dans une nouvelle qui s'appelle Le crépuscule des loups, c'est qu'aujourd'hui nous ne sommes plus, hélas, dans un monde de loups, mais dans un monde de moutons. Oui, c'est bien pire. J'ai envie de lire quelques lignes comme ça, parce qu'il y a un loup qui mange un mouton, ce qui est tout à fait normal. Cet acte atroce fut inévitablement retrouvé. On donnait le nom de l'agneau assassiné à une bergerie et il y a eu un grand défilé de moutons protestataires, etc. Et c'est quelque chose à rapprocher. Je me souviens de votre discours à l'Académie française en décembre 1996, Scandale de la vertu, qui avait fait scandale, où vous aviez dit qu'aujourd'hui, il ne fallait plus hurler avec les loups, il faut hurler avec les moutons. Les moutons hurlent. C'est leur métamorphose, leur dernière métamorphose. C'est dur d'avoir des tantrouses de loups et de vivre dans un monde de moutons. Il y a aussi une petite chose, parce que vous dites un moment que vous préférez les cygnes aux canards, dont j'ai une nouvelle qui s'appelle Le canard au naturel. Est-ce que ce n'est pas une petite pique contre un certain journal satirique ? Oh, n'y sois qui m'alimente ! Vous savez, c'est formidable d'avoir eu un journal qui, pendant des années, vous a décerné des titres égocieux. Oui, j'ai eu droit à tout. Il y avait une rubrique qui s'appelait... Je ne me rappelle même plus. Il y avait L'homme le plus bête de France. Oui, j'ai eu droit à plusieurs fois. Ah non, la rubrique, c'était Le mur du son. Je l'ai dépassée. Je l'ai dépassée toutes les semaines. Est-ce que, finalement, ce livre divertissant, il n'est pas tout contenu et tout expliqué dans une nouvelle très belle ? Il n'y a pas que des fables de La Fontaine que vous réécrivez ou réinvestissez. Vous en avez pris aussi. Vous avez pris Le mythe de Sisyphe. De Perrault aussi. J'ai repris les contes de Perrault. Et puis, vous avez pris Le mythe de Sisyphe. Le mythe de Sisyphe, c'est une histoire très passionnante. Ça a plein de symboles cachés. Très profond. C'est l'histoire du mythe de Sisyphe. Justement, à la fin, vous dites que... À la fin, je dis que Sisyphe aime son rocher. Je ne l'avais jamais vu, mais c'est comme ça. Et toute la question est là. Mais il faut y réfléchir. Ce soir, vous savez, je n'ai plus la tête à ça. J'ai réfléchi en écrivant. Maintenant, c'est au lecteur de se débrouiller. Ce qui est très intéressant, c'est que Sisyphe dit que les rochers parlent et marchent. Et son interlocuteur lui dit non, on lui répond le rocher. C'est toi qui sais que je marche. C'est-à-dire que par là, vous développez le point de vue de l'artiste, le point de vue du rêve est toujours supérieur au réalisme et à la réalité. C'est formidable. Ce petit poké n'arrêtait pas tant. Je me donne du mal. Je ne vous ai pas fait le pire. Si j'étais un cuivre, par exemple, je dirais que votre livre, est une somme métaphysique. Ça vous aurait plu, ça ? Oui, je peux bien prendre ça. Ah bon, d'accord. Tout le monde me considère comme un farceur et un rigolo. C'est formidable. Oui, c'est pas mal, mais on finit par s'en rasser. Et alors là, j'aurais l'air enfin d'un homme sérieux. Eh bien, écoute, c'est pas une somme philosophique, c'est une somme métaphysique. Métaphysique, oui, c'est bien. Ah ben non, mais on est bon quand on veut. Oui, on est très bien, là. Dites-moi, M. Dutour, pour terminer, il y a une question que je ne vous ai pas posée parce que je connaissais votre réponse. Et alors, c'est quoi cette question que vous m'avez pas posée ? Cette question que je ne vais pas vous poser c'est, Jean Dutour, pourquoi avez-vous écrit ce livre ? Parce qu'évidemment, vous auriez répondu « Oh, bon, bon, j'en sais rien, vous savez, ça m'est venu comme ça, en branflette. » C'est quoi que vous avez raison ? C'est ça que j'aurais répondu, en effet. Mais les bouquins, ils viennent comment, alors ? Par quel mystérieux cheminement ils arrivent ? On ne sait pas ? On ne sait pas. Enfin, moi, je ne sais pas. Il y a des gens qui ne peuvent pas commencer un livre sans savoir comment il finira. Si je sais ça, moi, je n'écris pas. Quand je sais où je vais, j'y vais pas. Il faut que le livre soit comme une espèce de jungle de pas et vierges et on entre dedans, on ne voit pas à mettre devant soi et on fraye son chemin à coups de machette et puis un jour, tout à coup, on est très désolé de s'apercevoir qu'on a traversé la forêt d'Est en Ouest ou du Nord au Sud, selon le point de vue de l'intrigue. C'est Indiana Jones, en fait. Oh là là ! Je ne sais pas. Vous faites quand même appel à des personnages archétypaux, puisque vous dites que les princes charmants ne sont plus recettes. Ce sont les monstres qui plaisent, même s'il s'agit de Jacques Léventreur. Mais est-ce que les monstres... Ce n'est pas tout simplement une transmutation ? Les princes charmants qui devenaient beaucoup trop bénais dans notre société de consommation sont devenus des monstres ? Ce ne sont pas des monstres qui sont arrivés au Royaume des Mers ? Comment ? Je crois que les princes charmants, que les monstres actuels sont d'anciens princes charmants, ne seraient-ce que toute personne qui devient médiatisée, extrêmement médiatisée, tout prince charmant devient un monstre, enfin. Cher Jean Dutour, est-ce que vous me permettez d'intervenir ? Je vous en prie. Je n'ai rien dit en écoutant votre conversation avec Alain Pocart. Mais Paris ? D'abord parce que je pensais que personne ne pourrait faire mieux que lui en conversant avec vous de votre livre Les Perles et les Cochons. Il apparu un petit article dans le Figaro Magazine de cette semaine, de Stéphane Hoffmann où il dit, si Jean Dutour était musicien, on appellerait ça des variations. Le fameux ton, amusé, tendre et gaudenard, c'est singulier et remplaçable, petite musique reconnaissable entre toutes. C'est le style de Jean Dutour. Car Jean Dutour, comme tout écrivain digne de ce nom, est bien un musicien. Voilà pourquoi on prend plaisir à ces variations sur la morale. Et moi, je voudrais qu'on parle de votre écriture parce que le grand, grand intérêt que j'ai trouvé à chacun des chapitres, c'est l'écriture. Comme je ne suis pas compétent pour juger de Mozart ou de Wagner, on va donc avoir trois grands écrivains que nous parlions de votre style et nous allons le faire. Et c'est la raison pour laquelle les perles et les cochons vont, je crois, avoir une grande réputation. Parce que les lecteurs l'aborderont en pensant d'abord à votre langue et en goûtant votre langue. Voilà, le temps a passé. Écoutez, c'est formidable. Je vais laisser tomber mon fromage parce que là, je suis vraiment comme le formeau. Ah oui ? Le quart d'heure est largement passé et il y a eu un message d'auditeur pour vous. Oui, une question d'un auditeur. Pouvez-vous donner le titre du livre de Truman Capote édité chez Gallimard, Collection Imaginaire, que vous avez traduit et dont vous avez déjà parlé ? Les muses parlent. Les muses parlent. Personne dans le studio n'a osé dire un mot fasciné par la conversation. Et je vous dis à bientôt. Et Alain Pocard, vous avez été paton. Merci. Et cher Jean Dutour, je vous dis à lundi prochain. A bientôt.

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