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LBJ_de_l'Aventure_03_1997_Jean_Raspail_Alaska_Kaboul

LBJ_de_l'Aventure_03_1997_Jean_Raspail_Alaska_Kaboul

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LBJ de l'aventure réalisé par Sylvain Tesson, invités : - Guy Morange : réalisateur de films d'exploration - Daoud Mir : ambassadeur d'Afghanistan en France - Ludovic Petit : chercheur de cerfs volants SUJETS : Avec Jean Raspail dans l'expédition Terre de Feu-Alaska ; les cerfs volants de combat ; la situation à Kaboul

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Today on the show, we have Guy Morance, a filmmaker and director of exploration films, and Ludovic Petit, a kite researcher. We may also have a phone call from Mr. Daoud Mir, the Afghan ambassador to France, to discuss the situation in Kabul. Guy Morance has had a successful career as a filmmaker, specializing in geographic and ethnographic exploration films. He has traveled extensively and faced the challenges of capturing footage while on adventurous expeditions. His passion for photography and cinema began in his childhood, and he eventually transitioned from studio work to filming adventures around the world. His first major expedition was a car journey from Tierra del Fuego to Alaska in 1952, inspired by the legendary "Croisière Jaune" (Yellow Cruise) film. The expedition was meticulously planned and took a year of preparation. The film crew faced numerous challenges and relied on sponsors for support. They started from Patagonia, crossed the Strait of Magellan, and made their way Chers auditeurs, bonjour. Merci d'être avec nous pour ce journal de l'aventure. Alors, nous recevons aujourd'hui au Libre Journal de l'Aventure, Guy Morance, qui est cinéaste, et qui est réalisateur de films d'exploration, et qui a notamment accompli plusieurs grandes traversées, grandes raids d'envergure en automobile. Et puis, nous recevons Ludovic Petit, qui est chercheur de cerfs-volants. Voilà, c'est son métier. Et nous aurons peut-être, mais là il y a une petite inconnue, nous aurons peut-être l'intervention téléphonique de M. Daoud Mir, qui est ambassadeur d'Afghanistan en France, qui nous parlera de la situation à Kaboul. Mais son emploi du temps est lié au soubresaut actuel de la guerre en Afghanistan, et donc il n'a pas pu nous donner une confirmation quant à sa présence téléphonique pendant cette émission. Ça sera la surprise. Alors, Guy Morance, Priscilla, si vous voulez bien présenter Guy Morance en quelques mots. Alors, Guy Morance, vous êtes né en 1926. Vous êtes cinéaste de profession, réalisateur, opérateur journalistique, conférencier, producteur et aussi ingénieur, puisque vous avez inventé les procédés techniques de cinématographie. Vous avez mis votre profession pendant une partie de votre vie au service du voyage et de l'aventure. Et vous avez réalisé de très belles aventures, des rêves de grande envergure au long cours en tant que cinéaste. Voilà, moi j'ai toujours, et je crois que Jean-Fabien partage mon admiration pour les cinéastes, pour les cinéastes d'aventure en tout cas, parce que non seulement vous devez endurer les difficultés de l'expédition, vous devez vivre l'aléa de l'aventure, mais en plus il faut scolterner et porter le matériel vidéo et on verra qu'à l'époque où vous officiez, à partir des années 50, c'était du matériel qui ressemblait plus à de la batterie de cuisine de régiment qu'à de la miniaturisation. Et alors, non seulement il faut vivre les conditions d'une aventure, mais il faut porter et il faut toujours avoir à l'esprit l'idée de prendre des séquences. Et moi pour la modeste expérience que j'ai du film en voyage, c'est vrai que c'est très difficile de casser le rythme, d'arrêter la progression, et il faut un vrai effort de volonté pour ne pas se laisser aller à la paresse de la progression et de la marche, s'arrêter, sortir son film, et c'est vrai que ça ne s'improvise pas. Et comme disait Colin Laveau, qui est cinéaste et qui est le président actuel du Club des Explorateurs, on ne peut pas être voyageur et cinéaste amateur. On ne peut pas calquer le cinéma au voyage alors qu'on peut voyager quand on est cinéaste. Enfin, ça marche dans un sens mais pas dans l'autre. Et vous, vous êtes cinéaste de profession et vous avez voyagé après, vous avez donc confirmé ce principe énoncé par Colin Laveau. Alors vous avez réalisé un grand nombre de films, des documentaires sur l'art, la musique, la peinture, mais c'est surtout ce qui nous intéresse, vous avez beaucoup tourné de films d'exploration géographique, ethnographique, et vous m'avez dit hier, quand on s'est eu au téléphone, que vous alliez me faxer un petit conducteur de votre biographie, un petit résumé condensé, et j'ai vu mon fax vomir des pages et des pages de titres, de références, de films, de documents, et ça ne s'arrêtait pas, et la pièce était encombrée de votre curriculum vitae. Enfin, c'est comme disait Ionesco qui disait qu'on avait une vie coincée entre la naissance et la mort. Vous, vous êtes bien coincé, mais vous avez eu le temps de faire pas mal de choses. Et alors la première question qui nous vient tous à l'esprit, c'est comment vous, qui avez une formation finalement assez académique, normale de cinéaste, comment vous en êtes venu à quitter les studios, et comment vous en êtes venu assez tard de filmer l'aventure ? Enfin, qu'est-ce qui vous a fait échapper des salles d'enregistrement et de studio pour aller courir le monde ? Bon, eh bien, bonjour d'abord à tous. Je vais essayer de résumer cela très rapidement. Effectivement, je suis passionné au départ de photos, de cinéma, par la vie familiale, mes parents qui me font connaître le cinéma. Déjà avant la guerre, il y avait un cinéma d'aventure, d'exploration, je vous rappelle, des gens comme Flaherty, Murnau qui faisaient des films extraordinaires. Et puis mon père faisait du cinéma avec une caméra 9-5 et j'ai commencé à utiliser cette caméra. D'ailleurs pendant la guerre, parce que curieusement pendant la guerre, cette occupation, les contrôles des photographies des amateurs étaient parfois faits dans les laboratoires par les Allemands, mais ils avaient oublié les laboratoires de films d'amateurs. Donc on pouvait mettre à développer des films dans lesquels il se passait des choses de la vie quotidienne qui n'auraient pas toujours été satisfaisantes pour eux. Eh bien, j'ai commencé à prendre le goût un peu du risque là aussi. Et puis j'ai fait mes études, je suis rentré à l'école de la rue Vaugirard, je suis devenu opérateur. J'ai fait une spécialisation réalisation ensuite. Et je me suis trouvé embarqué dans le monde du court métrage d'entreprises industrielles. Vous savez, nous sommes en 1950, 1949 même. Et j'ai fait le tour des plus grandes usines de France. Alors je voyais toujours un peu des fraiseuses, des tours, des machines mécaniques fabuleuses bien sûr, mais j'en avais saturé. Et c'est la rencontre avec Jean Raspail qui m'a donné le goût de sortir de ce film un peu devenu conventionnel pour aller un peu voir aussi partout dans le monde comment ça se passait. Mais en étant très conscient qu'il fallait que je serve la qualité technique. Alors lui, si je me souviens bien, revenait d'une expédition en canoë où il avait descendu toute l'Amérique du Nord, Canada compris, à travers les fleuves. Il avait refait l'itinéraire du père Marquette. Et vous l'avez rencontré à ce moment là, qu'est-ce qu'il vous a demandé ? Ils avaient essayé de tourner un film, mais ils n'avaient pas de formation. Et ils ont traité un peu ça comme de la photo. Deuxièmement, ils avaient très très très peu de pellicules. Et ils ont voulu faire un film de conférence parce qu'il fallait récupérer quand même un peu d'argent, de quoi vivre. Et Jean, par l'intermédiaire de Philippe Andrieux, son copain adjoint, m'a demandé si je ne pouvais pas essayer d'en faire quelque chose. Alors vous savez ce qu'on fait dans ces cas là. On prend les prises de vues qui existent, qui ne sont pas en quantité suffisante, et on y ajoute du banc, des titres, des extraits. Mais ça c'est une sorte de travail qu'un réalisateur sait bien faire. Il l'a appris. Donc ils se sont retrouvés avec un film de conférence et ils ont pu en faire enlever un peu d'argent. Ce qui a appuyé l'idée de Jean Raspail, qui était de relier les deux extrémités de l'Amérique avec des automobiles. Parce qu'on est resté dans le souvenir aussi de la croisière jaune. La croisière de Dubreuil, quelle époque Jean Fabien ? Ça doit remonter à la croisière jaune, c'était 1931-1932 je crois. Ils sont partis en 1931. Il y avait aussi la croisière noire. C'est deux ans je crois, deux ans avant votre naissance. Non, la croisière noire c'est en 24-25. Toujours est-il que nourri par le mythe de ces croisières jaunes et noires, vous avez voulu refaire un grand raid automobile de la terre de feu à l'Alaska. Et ça, ça a été la grande expédition de 1952. Alors vous savez, je lis là avec la croisière jaune. La croisière jaune avait fait un film très très ambitieux. Pour l'époque oui, c'était tout à fait. Pour l'époque, c'est passé à l'Opéra de Paris, qui est passé dans les salles de cinéma. C'était un film qui durait une heure et quart, fait par un véritable réalisateur. Ça a été très très réussi et moi j'ai vu ce film. C'est ce qui vous a donné envie de partir ? Oui, et puis alors, c'était vraiment, les autochemies c'était, les livretures fabuleuses. C'était des temps, à l'époque c'était des temps, je crois qu'elles faisaient plus de 4 tonnes. Oui, les grosses faisaient plus de 4 tonnes et quand elles étaient chargées, elles devaient en faire plus. Alors ça m'a permis aussi de rencontrer quelques personnes qui avaient participé à cette croisière noire et à cette croisière jaune. Et qui m'ont absolument emballé, fasciné et je me suis dit, il faut que j'arrive à faire des choses comme ça. Et donc plus tard, parce que j'étais tout le moment jeune. Donc vous rentrez dans le monde de l'aventure par le biais de votre petit objectif, de votre lorgnette. Et vous arrivez donc en 1952 à faire, avec Raspail, la Terre de Foix à l'Asclas, je crois ? C'est ça. Racontez-nous un peu, racontez-nous le raid. Alors, le raid à proprement parler. Comment ça se prépare ? A cette époque, comment ça se prépare ? A cette époque, comment ça se prépare ? A cette époque, comment ça se prépare ? A cette époque, comment ça se prépare ? A cette époque, comment ça se prépare ? A cette époque, comment ça se prépare ? A cette époque, comment ça se prépare ? A cette époque, comment ça se prépare ? A cette époque, comment ça se prépare ? A cette époque, comment ça se prépare ? Plus même que pendant le voyage à proprement parler. Le film, c'est la même chose. Si on ne sait pas vers quoi tourner sa caméra, si on n'a pas un fil directeur, on va vers des problèmes. Et donc, Terre de Foix à l'Asclas, nous l'avons préparée pratiquement pendant un an. Et l'appartement de Jean Raspail était transformé en entrepôt dans lequel on mettait des biscuits que nous avions réussi à récolter chez nos sponsors. Le camp de base. Le premier camp de base. Oui, c'est ça, le premier camp de base. Et puis alors ensuite, nous sommes partis depuis l'itinéraire classique, descendre de la Patagonie, franchissement du détroit de Magellan sur une barge de la marine chilienne. Et puis traverser de l'île de la Terre de Feu pour être le plus au sud possible, depuis un endroit où aucune automobile n'était partie. Ça c'était dans l'idée de Jean. Il voulait vraiment être sûr qu'il n'y avait pas eu une auto qui était partie à ce moment-là. Alors ensuite, vous remontez toute la Patagonie. On remonte la Patagonie, mais de côté intérieur, le long de la cordillère des Andes, puisqu'on était descendu par la côte pacifique. Nous franchissons les Andes à San Carlos de Bariloche, sur trois lacs avec des bacs. Ils ont causé quelques problèmes d'ailleurs. Et puis ensuite, nous sommes arrivés dans le sud chilien, remonter le sud chilien, toute la côte chilienne, la côte péruvienne, la côte équatorienne, la côte colombienne. Et là, nous nous avons découvert, avec un peu de tristesse, qu'il était absolument impossible de franchir le canal de Panama. Pour des raisons stratégiques, les Américains n'avaient pas fait joindre les routes de part et d'autre du territoire du canal. Je crois que c'est un peu comme ça. Ni bac, ni pont mobilien. Alors on a été obligés de trouver un bateau. On a eu d'ailleurs de la chance avec nous, parce qu'on a eu un bateau français qui faisait du tramping le long de la côte, chargeant du café, des bananes, etc. Et ils nous ont dit, mais on va prendre vos voitures. Vous aviez combien de voitures, combien d'hommes ? Deux voitures et six équipiers. Vous étiez le seul caméraman. Oui, oui, moi je faisais du film et de la radio et de la cuisine. Ça s'appelle la polyvalence. Ça s'appelle la polyvalence. Mais c'est toujours comme ça, dès qu'on veut véritablement faire une aventure. Il faut être polyvalent, parce que sinon... Alors, poursuivez l'itinéraire. Alors, nous allons jusqu'au Costa Rica, de Buenaventura à Costa Rica, à San José de Costa Rica. Là, on débarque nos voitures et le capitaine, qui est chargé de la cargaison sur un cargo, nous dit, ah ici c'est un port... Ils ont pour habitude de mettre à côté une palanquée sur deux. Nous, en gros, on se dit, d'une pipe, on a deux voitures, ça fait deux palanquées, espérons que ça va bien se passer. Eh bien, il y en a une qui a été au sol très bien, et puis la seconde, on a vu les filets glisser sous les roues, à la hauteur du bastingage, puis la voiture s'est dégagée et elle est tombée. Elle est tombée de combien de mètres ? Elle est tombée de 3 mètres à peu près, 2 mètres 50, 3 mètres. Dans l'eau ? Non, elle est tombée sur le bastingage, sur le rebord du bateau. Enfin, vous voyez, ça commence un peu à ranger tout ce qu'il y a dans la voiture, en dessous. Oui, c'est vraiment pas fait pour ça. C'est pas fait pour ça, puis alors, quand on vous dit, une palanquée sur deux à la mer, ils vont vous faire une voiture... Mais justement, la statistique était bonne. Elle était bonne, la statistique. Alors bon, on a dû réparer. On avait un très bon mécanicien, un très bon copain mécanicien qui a réussi à la réparer. Elle n'avait pas trop de... C'était une voiture très solide. Daniel Guyon ? Non, c'était Marc Vallette. Daniel était mécanicien adjoint. Et alors, nous sommes repartis vers l'Amérique centrale, qu'on a traversée sur des routes qui n'étaient pas extraordinaires, sur des aventures, parce que les pays sont très proches et qu'il y a des rivalités entre ces pays sur les problèmes de frontières, qui sont extraordinaires. On nous pose une question là. Qu'est-ce que c'est que le tramping ? Le tramping, c'est dans le commerce maritime, c'est prendre de la marchandise d'un port, pour simplement l'amener au port suivant ou un peu plus loin. Ce n'est pas le chargement qui est destiné à aller, par exemple, d'Amérique en France. C'est du colportage, si vous voulez, par bateau. Du cabotage commercial. Du cabotage commercial. Alors, continuons le trajet. En Amérique centrale, on découvre qu'il y a des pistes absolument infectes. Vraiment infectes. Ça peut rejoindre à l'époque ce qu'on peut imaginer de pire. C'était la période du printemps, je crois. C'était la période du printemps. D'abord, il y avait des endroits où on ne pouvait pas monter les côtes, parce qu'elles étaient trop pentues. Alors, on a été obligé de recréer le téléphérique. C'est-à-dire qu'on lançait une voiture le plus loin possible à mi-pente, après avoir tout déchargé d'ailleurs, pour qu'elle soit la plus légère possible. Mais elle s'arrêtait avant d'être en route. Alors, on avait un palan. On accrochait le palan en haut à un rocher ou à un arbre. On redescendait l'autre bout du palan. On venait jeter la deuxième voiture derrière la première. On accrochait le câble et la deuxième voiture repartait en marche arrière en tirant la seconde vers le haut. Et puis, une fois que la première était arrivée en haut, elle reprenait la déclivité. On faisait passer à nouveau le câble et elle tirait la seconde voiture. C'était sans fin. C'est arrivé deux ou trois fois, parce qu'on essayait de les monter quand même avec le moteur. C'était quoi comme voiture ? Ce n'étaient pas les auto-chenilles ? On peut remarquer que les chenilles ne marchent pas très bien sur les gros cailloux. Oui. C'est connu. Non, c'était des voitures qui avaient été créées peu de temps avant, par la régie Renault. Colorale ? Colorale. Nous avions un pick-up et puis une voiture dite Savane. Et c'était des voitures très solides. Mais qui n'étaient pas préparées du tout pour le casque ? On les a préparées quand même. Mais elles n'avaient pas de double transmission. D'accord. Tout était à l'avant, dans le moteur et dans un pont arrière. Au voyage, vous trouvez du matériel quand vous vous retrouvez quand même dans des situations un petit peu cocasses ? Vous avez des pneus qui crèvent, des boulons. Moi, je ne me connais pas du tout en mécanique. Le pick-up devait servir à emporter des pièces détachées. Nous avions quelques pièces détachées avec nous, des pneus. Nous en avions sur les galeries, fixe au toit. Nous avions pu envoyer un peu de pièces dans différents endroits. En poste-restance ? Non, pour faire bateau à l'avance. Vous voyez, ça fait partie de la préparation. Mais là, vous nous avez laissé embourber dans les montagnes russes de l'Amérique centrale. Il faut qu'on arrive en Alaska. Alors après, là, vous êtes aux alentours du Guatemala. Oui, on passe de Guatemala au Mexique, d'ailleurs, où les deux routes ne se rejoignaient pas. En mettant les voitures sur un train qui collectait les bananes, pour rejoindre le début de la route mexicaine. Et là, le début de la route mexicaine, c'était du goudron. Et nous avions véritablement... Joie, bonheur ? Ah oui, oui, ça existe, ça. C'est pas incroyable. Et puis, nous avons remonté le Mexique. Nous sommes arrivés à Mexico, d'ailleurs, complètement fauchés. Et on a eu beaucoup de problèmes de produits financiers. Heureusement, les Mexicains ont été très chics, séduits par notre aventure. Probablement, ils nous ont renfloués. Et nous sommes repartis ensuite, un peu comme des lapins, parce qu'on ne voulait pas faire trop de séjours sur les bonnes routes. On voulait faire des kilomètres. Donc, on a remonté les États-Unis. Et on est ensuite arrivés à la limite de l'Alcan Highway, la route d'Alaska. Alors là, la route d'Alaska, c'était quelque chose aussi très particulier, parce que c'est une route de terre. C'est une route qui est faite pour résister au gel. Et à la surface de cette route, il y a du caillou concassé, presque calibré. Mais nous sommes de nouveau à la période du dégel. Et ces cailloux ne tiennent pas très bien. Les véhicules qui vous croisent projettent derrière eux des grosses caillasses. Et on a eu le problème, parce qu'en croisant un gros pick-up américain, un caillou qui est arrivé dans le pare-brise. Alors le pare-brise était la seule pièce que nous n'avions pas. Et à Whitehorse, grâce à un missionnaire et un tailleur de glace, on nous a fait un pare-brise sur mesure. En quoi ? En vitrail de l'humilité du missionnaire ? Non, en verre ordinaire, ce qui était d'ailleurs relativement dangereux, avec une sorte de pilier au milieu, parce que comme c'était légèrement courbe, il ne pouvait pas faire la courbure. Puis on est reparti comme ça, et il a tenu jusqu'au retour en France. Et le point d'arrivée, c'était Fairbanks ? Alors le point d'arrivée, c'était Fairbanks, parce qu'au-delà, il n'y a plus de route. Et ensuite, vous êtes revenu sur vos pas pour reprendre le bateau vers l'Amérique de l'Est. C'est-à-dire que quand vous êtes à Fairbanks, vous avez pour revenir à New York pratiquement 8000 km à faire. Vous savez, l'Amérique est en biais, et on pense pas souvent à ça. On se dit, ça ne doit pas être très loin. Ce qui fait qu'on a fait plus de 40000 km pour relier les deux points. En combien de temps alors ? Vous êtes parti le 18 novembre 1951, et vous êtes arrivé en mai 1952. C'est ça. Donc ça fait pratiquement 6 à 7 mois. Oui. Alors, vous avez tiré un film de cette aventure. Oui. De combien de temps ? On a fait un film qui faisait une heure et demie, et qui était construit un peu au travers de l'itinéraire, bien entendu, mais qui était construit de façon à permettre des conférences. Parce que ce que voulait Jean Raspail, c'est lui conférencer, si je puis dire, avec un film support. C'est pas tout à fait le style qu'on a dans un film de cinéma habituellement, où on construit autrement. C'est une version publique qui a été montée par Édouard Molinaro. A l'époque ? A l'époque, oui. Avant qu'il ne devienne le grand cinéaste. Il faisait déjà du film, mais il était un peu resté dans le monde que moi j'avais quitté, c'est-à-dire celui des entreprises, des usines, des grands thèmes industriels, où j'y réussissais très bien d'ailleurs. Jean Raspail n'a jamais rien écrit sur cette traversée ? Sur la trans américaine, oui. Mais si, il a écrit un livre, mais qui est maintenant épuisé. Et qui s'appelle ? Il s'appelle Père de Feu Alaska. On ne le trouve plus, peut-être chez les bouquinistes. Oui, chez les bouquinistes, on en voit de temps en temps. Et votre film, est-ce qu'on peut le voir quelque part ? Mon film est sur vidéocassette. La Régie Renault doit en avoir quelques exemplaires. Dans leurs archives ? Après, ils ont essayé quand même gentiment de reprendre les choses en main. Parce que quand nous sommes partis, nous avions acheté nos voitures. Vous aviez acheté vos voitures. C'est-à-dire, ce n'est pas comme la Croisière Jaune, ni comme la Croisière Nard, qui était initiée en fait par le constructeur automobile, en l'occurrence Citroën pour ses deux croisières. Vous, c'était une expédition de vos propres grès, c'est vous qui l'aviez décidé, montée, et vous étiez allé voir la Régie Renault pour qu'il vous... Oui, mais ils nous avaient dit ce qu'ils avaient dit d'ailleurs à d'autres expéditions automobiles avant. Partez, réussissez, on verra après. C'est ça la technique. Le vieux père Renault, il était très malin, il était très près de ses sous. Parce qu'il a effectivement aidé, après coup, des aventures automobiles. Oui, mais c'est souvent le discours que tiennent les parrains ou les mécènes qu'on va solliciter. Vous nous avez raconté une très belle aventure de douane et de frontière dans le désert de la Tacama, ce grand désert au nord du Chili, quand vous avez essayé de passer la frontière. Je crois qu'il faut faire comme si on était devant un tableau, devant une peinture surréaliste, n'est-ce pas ? Un peu un Magritte. Vous imaginez ce désert qui est, comme tous les déserts, du sable jaune, des vallonnées, mais pas de rochers, rien, c'est une très grande plage. Et nous arrivons donc à la frontière du nord Chili et du sud Pérou. Et là, en suivant les traces qui étaient très habituelles, nous tombons sur une espèce de guérite avec une barrière baissée, trois transatlantiques, en bois comme on les faisait du temps de nos grands-parents, et des douaniers. Alors, nous disciplinés, on s'arrête, les types viennent vers nous, tout ça se passe avec une très grande chaleur et une très grande décontraction. L'un des douaniers vient à la portière de la voiture de Hué de Raspaille, qui conduisait à ce moment-là, salue, et dit, « Buenos días, señores. ¿Dónde viene? » Alors, on le regarde, on commence à parler un peu d'espagnol, Raspaille répond, « Del sur » du sud. Le douanier, « Ah, muy bien. ¿Y adónde va? » Hué de Raspaille, « Al norte. » « Ah, muy bien, señores. Seguid nomás. » Continuez simplement, et il ouvre la barrière. Écoutez, c'est en 1952, ça. Vous imaginez ça, quand on voit le mal qu'on a pour ouvrir des frontières encore aujourd'hui. Ce sont des belles formalités administratives. C'est du Schengen avant l'heure en Amérique du Sud. Mais ce n'est pas partout pareil. Vous avez eu des endroits où vous avez été coincés pour le moment. Oui, on a été coincés entre l'Icaragua et le Costa Rica, qui nourrissaient depuis très longtemps une petite guerre de frontières. Nous avions des cartes, nous qui étions des cartes, on avait peu de cartes de France, et on avait trouvé des cartes fabriquées aux États-Unis. Elles portaient une marque d'essence. C'étaient les seules cartes. Or, quand les Américains avaient fait leurs cartes, ils avaient piqué un morceau du territoire du Costa Rica. Alors, en arrivant à la frontière, les types qui étaient là, avec leur fusil, vont furter dans la voiture et ils trouvent les cartes. Colère, immédiatement. Vous ne passez pas. Alors, palabres, discussions, pourquoi on ne passe pas. Ces cartes sont fausses. Ce territoire-là, c'est à nous. Ce n'est pas au Nicaragua. Je ne sais rien. C'est les seules cartes que j'ai. Et là, d'une façon assez amusante, Raspail met la carte sur le capot de la voiture, appelle un des types et dit « Mais alors, elle est où, la frontière ? » Et le type lui fait signe, comme ça, en lui traçant la frontière qui passait plus au nord. Raspail prend son stylo et dit « Elle passe là. » « Si, seigneur. » Bon, alors, il trace la frontière que voulait le douanier. Et puis, le douanier lui dit « Alors, dans ce cas, ça va. » Et quand on est arrivé de l'autre côté, le même coup s'est produit. Il fallait gommer ? Oui, mais c'était fait à l'encre. Parce qu'on avait voulu faire un acte de bonne volonté, sans penser que de l'autre côté, ils allaient nous jouer le même tour. Mais je les soupçonne d'utiliser ça pour obtenir des pourboires. À l'époque, oui. Parce que ça se faisait beaucoup. C'est l'éternel. Une bague chiche qui remplace le tampon du visa. C'est le péage. Alors, vous avez raconté cette expédition de la Terre de fond dans l'Aska et vous avez remis ça l'année d'après, en 53, pour un autre raid automobile de grande envergure qui, là, va intéresser tout particulièrement Jean Fabien puisqu'il s'agissait d'une traversée transafricaine d'Alger au Cap. Et Jean Fabien a notamment aidé à l'organisation de plusieurs rallies comme le Paris-Pékin et aussi le Paris-Dakar. Alors, parlez-nous de cet Alger-le-Cap. Est-ce que c'était une première ? Celui de 51, c'est-à-dire la même année que nous, il y a eu un premier Alger-le-Cap. C'était une première. Sauf qu'avant la guerre, effectivement, il y a eu un Alger-le-Cap fait par le capitaine de l'Inguet sur un Siroux Renault. Avec sa famille ? Avec sa femme. Qui a été, véritablement, la première femme qui ait traversé le désert. Les photos sont absolument hallucinantes car elle est en robe longue et noire. Enfin, c'est une marche. Et donc, après la guerre, ça a fait la même chose que pour Terre de Feu Alaska. C'était le premier grand raid sur l'Afrique. Et en 53, ils ont recommencé. C'est parce que le premier raid ne s'était pas facilement déroulé. Il y avait eu des problèmes. Il y avait eu des petites tricheries. Il y avait eu des difficultés avec les autorités des routes et les frontières des pays. En 53, il y a eu beaucoup plus d'engagés. C'est assez international au point de vue marque de voitures. En 52, pour Terre de Feu, vous aviez simplement deux voitures. Deux voitures. En 53, pour cette première tranche africaine, vous êtes combien de voitures ? Combien d'hommes ? Nous sommes sept voitures. Ah oui, donc ça n'a plus rien à voir. En fait, vous êtes ce qu'on pourrait appeler le pionnier des épreuves d'endurance qui sont maintenant devenues les épreuves de rallye mécanique comme le Dakar, le Paris-Pékin, comme tant d'autres. Oui, l'Alger, le Cap, c'est manifestement déjà la courette avec des étapes chronométrées, des neutralisations. C'est assez semblable à ce qu'on fait maintenant dans le rallye automobile. C'est une course. C'est un rallye plus exactement. Alors, nous étions sept voitures pour une raison. C'est que la France avait engagé une équipe militaire avec des véhicules Delae. Delae s'était fait un peu une réputation de bon constructeur avec ses pick-up qui étaient vendus en Afrique et principalement dans le Maghreb. Donc, l'armée avait décidé de vendre un certain nombre de méritants mécaniciens, officiers, etc. de les mettre sur ces voitures. Nous avions aussi deux voitures radio. Une voiture radio de la radiodiffusion nationale avec Pierre Lerouzy qui était le reporter et puis deux personnes pour s'occuper de la voiture. La voiture avait son antenne télescopique sur le toit avec ses faisceaux et on pouvait joindre Paris pendant toute la durée du règne. On avait la liaison avec Saint-Lys. Et on racontait ce qui se passait. Ça, ça ressemble vraiment à des techniques modernes. Sauf que c'était quand même lourd. J'imagine bien, mais c'est une question qu'on se posait tout à l'heure avec Jean-Fabien. Là aussi, vous avez filmé. Qu'est-ce que vous donne comme sentiment l'espèce d'extraordinaire développement des techniques de cinématographie ? Parce que vous, vous travaillez avec vos matériels, vos trépieds, vos voitures pour porter de quoi diffuser du son ou des images. Aujourd'hui, avec un petit ordinateur portable, avec Internet, avec des images numériques, avec des caméras numériques de 400 grammes, on envoie des images de qualité bien supérieure en matière de simple technique. Quel est votre sentiment face à ce développement technique ? Il y a une différence énorme dans la manière de filmer. Alors là, je sépare. La différence technique, c'est incontestablement la maniabilité, la légèreté. On peut se déplacer beaucoup plus facilement. On fatigue moins. On est plus libre. C'est incontestable, ça. Deuxièmement, on a les résultats visibles tout de suite parce que l'image vidéo se voit instantanément. Moi, j'ai fait des films où je suis resté pendant six mois sans voir l'image. Je faisais des essais, bien entendu. Mais c'était comme l'image couleur. Ce n'est pas frustrant, ça. C'est terrible. Et le deuxième intérêt, mais plus exactement ce que je trouve difficile encore pour l'instant, c'est le report de l'image, même haute définition, sur un support international qui est celui du spectacle, c'est-à-dire le grand écran. Parce que ça, c'est vrai, personne ne peut le nier, que le grand écran, c'est une autre perception que l'écran télé. Et le transfert ne se fait pas encore très, très bien. Il n'est pas bon marché. Il n'est pas bon marché. Parce que ça, le jour où on pourra aller et qu'on pourra envoyer ces films en exploitation dans les salles de cinéma du monde entier, avec la magie du grand écran, surtout le voyage, vous savez, c'est quand même rapporter des images qui dépaysent, des images qui sont des décors qu'on ne voit pas quand on est dans les villes, quand on est sédentaire. Alors là, je suis tout à fait conscient qu'il y a une voie de progrès considérable, mais il y a encore... Il y a encore du progrès à faire. Il y a encore du progrès à faire. Maintenant, je crois, sans trop me tromper, que le Dakar, par exemple, cette année, a comptabilisé 200 ou 250 heures de télévision en direct à travers le monde dans plus de 107 pays. C'est-à-dire que ça a pris une mesure ou une démesure très, très importante. Vous, à l'époque, quand vous rameniez vos films, il fallait, j'imagine, passer par tous les stades de traitement du film, le montage, sans compter tout ce qui est post-production, la présentation. Et après, vous faisiez une tournée pour animer vos films. Comment ça se passait ? Il y avait deux voies. Il y avait les conférences, les conférences connaissantes du monde que faisait Raspail, par exemple. Moi, j'en ai fait aussi. Là, on était son propre exploitant. Et c'était aussi très sympathique parce qu'il y avait un public très, très nombreux et des passionnés. Curieux et intéressés. L'autre voie, c'était de faire des copies 35 et de les mettre chez un distributeur et de les supporter par un lancement publicitaire. On est dans le cas total du film. Et il y avait encore, jusqu'aux années 60, il y avait des premières parties dans les programmes de films, de cinéma, il y avait des courts-métrages. Et ça donnait la possibilité de faire des choses intéressantes. On acceptait d'avoir un court-métrage de 20 minutes en première partie. Mais ça a disparu. Ça, ça a disparu. C'était la première fois qu'on faisait des images aériennes. Vous m'avez dit que vous aviez fait des images par hélico. Non, les images aériennes, ça fait bien longtemps. L'hélico, je l'ai utilisé au moment de la période de prospection du pétrole au Sahara. Je devais faire un film et il fallait que je montre des sites dans lesquels se forment les zones pétrolifères. Vous avez une belle anecdote sur une mesa, c'est-à-dire un plateau griseux du désert qui forme comme une table en plein milieu des salles. Une gigantesque dengue. Une gigantesque molaire. Alors, je perçois pendant le vol cette grande molaire et je demande au pilote d'aller dessus, de se poser. C'est un formidable hélicoptère. On se pose sur cette mesa. C'était du côté du Jadot. On se pose sur cette mesa. Moi, tout de suite, je dis que je vais sortir mon matériel pour aller tourner. Je vais jusqu'au bord du rocher. Je fais mes prises de vue. Je reviens avec mon matériel. En montant dans l'hélicoptère, on monte avec les jambes qui restent dehors. Je vois le décor et j'aperçois mes pas sur le sol, la trace de mes pas sur le sol. J'ai ressenti quelque chose d'épouvantable. Comme un blasphème. La salissure. Je suis reparti avec le manche du système de pied de caméra et j'ai effacé mes traces. Je suis remonté dans l'hélicoptère. Vous imaginez Armstrong effaçant sa trace sur l'hélicoptère ? Le grand lunaire a dû effacer le grand pas pour l'humanité d'Armstrong. Il y a une autre très belle histoire de mesa. C'est Saint-Exupéry qui la raconte. Quand il se pose sur ce plateau volcanique avec des parois brutes, 300 mètres de parois, il marche sur le sable et tout d'un coup il trouve un caillou noir. Il est posé avec son avion et le caillou noir n'a pas pu être amené par un homme d'en bas puisque les parois sont absolument inaccessibles. Le caillou noir ne correspond absolument pas à la structure géologique de la table et donc Saint-Exupéry pendant des heures et des heures s'interroge sur l'origine et la provenance de ce caillou noir. Tout d'un coup il lève les yeux, il fait nuit, il voit les étoiles et il se rend compte que c'est un petit météorite qui est tombé exactement sur le plateau de la mesa et pour lui c'est fantastique. Il rêve dans les étoiles, c'est son métier pendant toute la nuit. Alors vous permettez d'immorance qu'on vous fasse une toute petite infidélité pendant 10 minutes parce que nous venons d'obtenir, d'avoir la communication avec M. Daoud Mir qui est l'ambassadeur d'Afghanistan en France. Désolé, on devait commencer l'émission on devait commencer l'émission. Mettez vos casques, on va l'entendre dans le casque. On devait commencer l'émission avec lui, il a eu malheureusement un empêchement donc là ça fait un peu saucissonnage dans l'émission. Je vous demande pardon mais on reprendra l'évocation de ces grandes traversées automobiles juste après avoir eu M. Daoud Mir qui va nous parler un peu de la situation en Afghanistan. M. Mir Bonjour M. En communication avec le Radio Courtoisie vous êtes en direct en ce moment dans le studio alors je rappelle que vous êtes ambassadeur de la République Islamique d'Afghanistan en France Quels sont vos autres titres ? Vous êtes chargé d'affaires auprès de l'UNESCO me semble-t-il. Oui, je suis délégué permanent auprès de l'UNESCO et chargé d'affaires de l'Afghanistan en France mais tous aussi bien sûr dans un contexte très compliqué que vous savez. Alors les auditeurs de Radio Courtoisie sont sensibles aux problèmes de l'Afghanistan d'autant plus que nous avons fait nous avons réalisé il y a quelques semaines une émission sur l'Afghanistan ici dans ce studio dans le Libre Journal de l'Aventure. Nous avions reçu Eric et Renaud Girard que vous connaissez et Alain Boinet qui s'occupe d'une organisation humanitaire solidarité en Afghanistan. Il nous avait parlé de la situation catastrophique de l'Afghanistan de l'avancée des talibans, de la prise de Kaboul et de tout le contrôle du sud des pays par ces étudiants islamiques comme ils se définissent. Est-ce que vous pouvez nous dire comment a évolué la situation en Afghanistan depuis le mois de janvier ? Oui, bien sûr malheureusement, vous savez que l'Afghanistan est plongé dans une guerre bientôt maintenant presque pour 20 ans depuis avril 78 la date du coup d'état communiste après l'invasion des troupes soviétiques mais surtout maintenant depuis le 26 septembre dernier Kaboul, la capitale afghane a été prise par des forces très obscurantistes qui se nomment islamistes qui n'ont rien à voir avec l'islam ni avec la tradition afghane qui ont mis le pays, je dirais, dans une situation chaotique voire catastrophique comme vous l'avez souligné vous même. Actuellement, les talibans se trouvent face à une résistance farouche dans le nord-est des troupes du commandant et il y a une coalition militaire qui s'est organisée rapidement face à cette avancée des talibans. L'ensemble de la population afghane ont créé un conseil national de défense et ont essayé de résister comme nous avons résisté face à l'envahisseur soviétique à l'époque l'Afghanistan était confronté directement à une espèce d'idéologie communiste révolutionnaire qui a mis le pays à feu et à son pendant je dirais, 10 ans d'occupation et de la même manière, maintenant, nous sommes affrontés à une espèce, je dirais, d'idéologie réactionnaire entre guillemets, d'islam, malheureusement qui complètement nuit à l'image de l'islam, nuit à l'image de l'Afghanistan et des afghans, puisque vous êtes au courant que la situation à Kaboul devient absolument inacceptable pour le peuple afghan, pour la population les femmes n'ont plus le droit de sortir pratiquement de chez eux, les hommes sont obligés de laisser pousser la barbe, il n'y a plus le droit d'aller à l'université, à l'école pour une moindre faute, ils sont amputés sauvagement au nom d'un droit qui n'a absolument rien je répète, avec l'islam donc tout ceci cache, bien sûr un enjeu politique militaire, puisque l'Afghanistan est le carrefour de l'Asie centrale il y a un projet très important d'installation de gazoducs et où le duc représente des milliards de dollars et les pays qui sont concernés par ce projet, notamment le Pakistan soutient les talibans ce qui pose un problème de stabilité de sécurité pour toute la région de l'Asie centrale et justement ce projet de gazoduc est soutenu en sous-main par les Etats-Unis, le Pakistan quels sont les pays qui sont intéressés dans cette histoire d'accès au pétrole naturellement, ce projet a été financé par les compagnies pétrolières américaines comme UNOCAL et Delta Oil de l'Arabie Saoudite qui doivent poser plusieurs milliers de kilomètres de gazoducs entre la république du Turkmenistan et le port de Karachi au Pakistan en traversant le sud-ouest de l'Afghanistan qui est une zone maintenant sous le contrôle des talibans mais les américains ont commis une erreur dans le temps, pendant la résistance c'est-à-dire, ils ont soutenu des mouvements intégristes comme ça a été le cas avec Gulbuddin Hekmatyar jusqu'en juillet 1989 date à laquelle ils ont changé leur politique, donc ils ont laissé tomber l'Afghanistan et le dossier afghan était fermé au département d'état de nouveau, avec les talibans ils ont pensé que peut-être on pourra désarmer les factions afghanes qui sont plongées dans une guerre civile mais encore une fois, ils ont été complètement désinformés par les réseaux pakistanais, voire même saoudiens qui ont fait de l'argent américain, de faux verres politiques américains et d'un soutien logistique pakistanais, ils ont créé de nouveau un monstre pour l'Afghanistan d'abord pour l'Afghanistan parce que nous sommes victimes de ces gens-là, et je veux voir plus tard pour tous les problèmes qui concernent le terrorisme international que des tas de gens se disent afghans alors qu'ils ne sont pas afghans ce sont des jeunes gens qui viennent de tous les pays musulmans pour s'entraîner et voir poser des bombes en Algérie en France, dans d'autres pays malheureusement de la nuit à l'image de l'Afghanistan et qui se réfugient derrière le beau symbole du Mujaheddin vous savez le mot Mujahed ou Mujaheddin c'était des combattants de liberté à l'époque on combattait une force l'Empire du Mal la vallée du Panjshir contre l'Empire une vallée contre l'Empire, bien sûr c'est un nom qui évoque bien des choses, pour moi personnellement à l'époque j'étais étudiant en France à une petite communauté afghane à l'époque, mais vous savez ça c'est un problème très sérieux maintenant, je crois que les américains se sont trempés encore une fois en laissant faire un peu les pakistanais les saoudiens maintenant et ils savent que les talibans sortent du leur contrôle et que les talibans imposent soi-disant la charia et avec cette charia, ils donnent refuge à des tas de gros busculs terroristes qui viennent dans le sud de l'Afghanistan le cas de Osama Bin Laden un milliardaire saoudien est tout à fait flagrant qui est actuellement très actif dans le sud de l'Afghanistan, dans les zones sous le contrôle des talibans mais l'objectif reste quand même un objectif économique, c'est à dire que parfois, on ignore un petit peu la nature de ces régimes qui ne respectent absolument pas les droits blancs et surtout les droits des femmes parce qu'il ne faut pas oublier que les femmes en Afghanistan souffrent terriblement dans le sud du pays nous résistant bien sûr militairement mais malheureusement l'Afghanistan est un peu oublié nous sommes abandonnés à notre propre sort puisque le conseil de sécurité de l'ONU en dehors de quelques mots je dirais très sympathiques et gentils dans les textes ne prennent pas d'autres dispositifs ils ne sont pas très informés quoique la France est un des rares pays qui a un chargé d'affaires non résident qui est actuellement à Kaboul pour négocier la libération des deux jeunes français membres des organisations humanitaires qui sont arrêtés par les talibans voilà à peu près ce que je peux dire mais je vous laisse bien sûr poser des questions Justement, une toute petite question à laquelle je vous demanderais de répondre de façon assez précise quelle est la situation militaire en ce moment c'est l'hiver en Afghanistan Kaboul se situe entouré de montagnes donc il y a de la neige partout est-ce qu'il y a des offensives prévues de la part de Massoud est-ce qu'au contraire les talibans continuent leur avance vers l'ouest pour essayer de contourner et attraper Mazar-i-Sharif alors est-ce qu'au contraire il y a un certain statu quo et est-ce que chacun reconstitue ses forces pour attaquer au printemps Je me réjouis de votre connaissance sur la carte afghane c'est une agréable surprise pour moi effectivement comme vous l'avez mentionné nous avons trois lignes de front actuellement dans le nord-est la vallée du Ponchir là où il y a une forte résistance les talibans ne risquent pas de s'emparer de cette vallée dans le centre de l'Afghanistan dans la province de Bamiyan il y a un col qui s'appelle le col de Chabar qui est à peu près je dirais menacé par une offensive des talibans bientôt dans les semaines à venir et la troisième ligne de front se trouve dans le nord-ouest vers la province bien sûr de Faryab qui donne accès à Mazar-i-Sharif c'est une ville très importante dans le nord du pays actuellement c'est vrai que la cause de la neige parce qu'il fait très froid, il y a beaucoup de neige dans cette partie de l'Afghanistan les opérations sont à peu près je dirais esporadiques mais bientôt dans quelques semaines nous attendons une très grande offensive des talibans parce que les talibans veulent s'emparer de tout le territoire afghan afin que leur gouvernement soit reconnu heureusement pour l'instant le gouvernement des talibans n'est pas reconnu, nous continuons à représenter le gouvernement de M. Rabhani avec M. Massoud mais le problème c'est que M. Massoud et le général Dostum dans le nord et tous les autres membres de cette coalition militaire de défense anti-taliban ne sont pas aidés ni militairement, ni financièrement alors que les talibans sont soutenus largement par beaucoup d'argent des millions de dollars qui leur arrivent de l'Arabie Saoudite avec des munitions des armes, bien sûr des combattants avec une base arrière au Pakistan qui leur facilite même malheureusement pendant l'hiver à avoir une activité militaire très intense M. Daoud Mir avant de nous quitter puisqu'on est au Libre Journal de l'Aventure est-ce que vous pouvez nous dire en quelques mots comment avez-vous vécu l'invasion soviétique du temps où vous étiez étudiant est-ce que vous êtes allé en Afghanistan comment avez-vous rencontré Massoud qu'avez-vous pu faire pour lui pouvez-vous nous parler de toutes ces époques où l'Afghanistan a dû résister contre le rouleau compresseur rouge avec plaisir tout ça remonte à très loin bien sûr moi j'étais étudiant vous savez qu'il y a un lycée français un lycée franco-afghan à Kaboul j'étais issu de ce lycée je suis venu en France comme étudiant boursier pour faire mes études supérieures en France j'étais exactement en Bretagne quand j'ai appris à la télévision française l'invasion de mon pays par l'armée rouge ce qui m'a bien sûr posé beaucoup de problèmes comme vous pouvez l'imaginer donc je ne savais pas quoi faire parce que je n'étais pas du tout en contact avec le terrain avec l'Afghanistan, il y avait déjà une terreur à l'époque de l'état communiste beaucoup de familles étaient sorties, réfugiées on n'avait pas de contact avec nos familles j'ai vu un reportage, un reportage encore une fois grâce aux journalistes français qui ont été les premiers témoins de la résistance qui s'appelait, et qui s'est fait passer sur Antenne 2, je me rappelle il y en a eu même un débat à la cité universitaire certains voulaient regarder un film, d'autres ce reportage, et c'est grâce à ma présence qu'on s'est mis d'accord pour qu'on regarde ce reportage sur l'Afghanistan, et ce reportage c'est un reportage de Christophe de Ponfilly un des rares journalistes à l'époque qui est arrivé à se rendre dans la vallée du Ponchyr, dans les montagnes de plus de 5000 mètres d'altitude avec le froid et la neige que vous connaissez bien sûr dans cette partie, je dirais qui n'est pas très loin du toit du monde, le Panire donc à partir de ce reportage j'ai vu le commandant Massoud qui parlait un français qui m'a surpris et il disait avec beaucoup d'enthousiasme et beaucoup de force de croyance que je vais combattre l'armée rouge à l'époque on parlait des chevetnates, des forces spéciales etc, pour moi ça a été quelque chose de très intéressant, j'ai commencé à essayer de trouver un contact avec son entourage, et lors d'une visite d'une délégation de la résistance à Paris en 84, j'ai pu me rendre en Afghanistan et quelques années, deux ans plus tard j'ai même réussi à franchir toutes ces colonnes neigées depuis le Pakistan dans le nord-est de l'Afghanistan et j'ai mis 15 jours de marche avec quelques amis, quelques combattants et j'ai rencontré le commandant Massoud et quand j'ai vu l'homme avec ses idées, son programme et cette force de résistance face à une armée qui était l'armée la plus importante du monde cela m'avait complètement séduit et je suis resté plusieurs années à côté dans la résistance afghane et un jour il m'a dit qu'on a besoin d'un contact avec le monde extérieur, il faudrait que la communauté occidentale libre sache de ce qui se passe en Afghanistan, parce que c'est très difficile dans la presse on en parle très peu et j'ai été nommé comme représentant de la résistance en 88 à Paris et depuis Paris j'ai travaillé aux Etats-Unis, en Europe et bien sûr nous avons continué à travailler sur le terrain et en avril 92, Massoud a réussi à mettre en échec l'armée rouge et naturellement les forces communistes qui étaient soutenues lors du retrait des troupes soviétiques et nous avons pris Kaboul en avril 92 et naturellement j'étais avec ses forces quand nous sommes entrés dans Kaboul et en octobre 93, face à cette connaissance un peu de la langue française de la culture française et ce travail politique que j'avais mené auprès des partis politiques, auprès des gouvernements en Europe, j'ai été nommé comme chargé d'affaires et délégué permanent auprès de l'UNESCO mais malheureusement je pense que nous allons nous retrouver encore une fois dans la même situation, résister face aux islamistes talibans M. Daoud, bonjour, Jean-Fabien Lappareil comment est-ce qu'on peut aider l'Afghanistan et la liberté enfin l'idée que les Français se font de la liberté pour l'Afghanistan C'est une très bonne question à mon avis c'est que d'abord en parler parce que vous savez que l'Afghanistan paraît loin, mais ce n'est pas si loin que ça quand des bombes explosent à Paris je vous assure que cela nous frappe aussi bien que les jeunes Français et Françaises qui sont tombés dans ces dernières bombes quand on parle de l'Afghanistan, maintenant l'image de l'Afghanistan c'est quoi, c'est des gens sauvages, des gens qui sont islamistes, qui sont terroristes à cause des talibans, à mon avis la meilleure chose c'est d'en parler, d'en parler autour de soi et de faire pression à travers des organisations, à travers la presse sur les décideurs politiques en France et en Europe, pour que l'Afghanistan ne soit pas abandonné à leur sort, et le peuple afghan leur sort je pense que c'est très important qu'on en parle et qu'on prenne conscience que les Afghans ne sont ni terroristes, les Afghans ne sont pas du tout ce qu'on montre à la télévision parfois mais malheureusement une partie des intérêts étrangers essayent d'utiliser l'Afghanistan comme une base de terrorisme, de drogue et naturellement idéologique également en ce qui concerne l'islam Monsieur le maire, avant de nous quitter nous recevons ici Ludovic Petit qui est un spécialiste du cerf-volant de combat qui parcourt le monde pour la recherche de cerfs-volants nouveaux est-ce que vous êtes au courant de l'information que les talibans ont interdit l'usage du cerf-volant en Afghanistan la semaine dernière ? ça montre à quel degré il y a une intolérance ? Ecoutez, cela montre vraiment leur esprit très intolérant, mais il n'y a pas que les cerfs-volants qui ont été interdits je dirais que la vie devient insupportable pour les hommes et les femmes pour les jeunes gens surtout le jeu de cerfs-volants en Afghanistan en hiver pour tous les étudiants, les lycéens c'était quelque chose une des rares activités qu'on pouvait avoir dans l'hiver glacial et froid et d'ailleurs ils le font avec des manières très spéciales il y a de très jolis, beaux cerfs-volants il y a beaucoup de cerfs-volants de combat je crois que ceux qui connaissent l'Afghanistan ont vu des images probablement et ça c'était l'unique, je dirais accès à une certaine sortie pour les jeunes gens de Kaboul et même ceci a été interdit il n'y a pas très longtemps donc on peut imaginer le degré de l'intolérance des talibans face à la vie tout simplement et on ne peut même pas parler de la liberté à la vie parce que ça n'a rien à voir ça n'a rien à voir avec l'islam ni avec une règle religieuse donc cela montre qu'ils sont là comme des machines à tuer, à répresser les Afghans dans le but de désarmer, d'évaluer l'Afghanistan et d'utiliser l'Afghanistan comme une base pour non seulement que aujourd'hui actuellement ce sont les pakistanais qui n'ont pas le ticket mais on verra plus tard que d'autres pays s'intéressent de très près à ce pays malheureusement. Merci beaucoup M. Daoud Mir, bravo d'abord pour votre action merci, vous avez un courage admirable et vous vivez une vraie aventure puisque vous vous battez pour une cause je vous remercie, au revoir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. Daoud Mir M. 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