The transcription is a conversation between Jean Ferré and Jean Dutour on Radio Courtoisie. They discuss various topics, including a book by Alain Grigotret, the role of the police in France, the concept of human rights, and books by François Bluche. They also touch on the presidency of François Mitterrand and his contributions to France.
Radio Courtoisie, la radio libre du pays réel et de la francophonie. Dans le cadre des archives de Radio Courtoisie, vous écoutez le libre-journal de Jean Ferré, assisté de Maryvonne, daté du 12 novembre 2001. Et voilà, au bout du film, M. Jean Dutour de l'Académie Française. Eh bien oui, je suis là. Parlez bien dans le micro, hein. Oui. Bonsoir, Jean Dutour. Bonsoir, Mlle Maryvonne, comment allez-vous ? Oh, ça va bien. Bon. Quand vous me dites bonsoir, ça va bien.
Ah ! Bon alors, les autres ne servent plus à rien, alors ça va devenir un dialogue, hein. Les autres vont se défendre comme ils pourront. Et M. Dutour. Oui. Encore ce matin, hein. On a bien, bien préparé l'émission de ce soir. Oui. On a plein de choses à parler, mais on va quand même commencer avec la personne qui est à ma droite, dans le studio, qui est Alain Grigotret. Ah, bien évidemment. Alain Grigotret, qui est l'honneur de la librairie française.
Parce que je m'organise les fêtes du livre, à laquelle, celle du 25 novembre, je vous remercie de venir. C'est pas du tout ça que je voulais dire. En général, vous n'allez qu'à celle de Radio Gourtoisie. Je suis très heureux que vous ayez répondu. Je viens à deux parents. Celle de Radio Gourtoisie et celle du Virao Magazine. Merci. Vous pouvez pas dire, il y a très longtemps que je viens. Oui, c'est vrai. Mais cette année, j'avais un peu peur, car vous m'aviez dit que vous ne veniez pas en province, que vous n'êtes pas venu à Marseille, que vous n'êtes pas venu à Lyon.
Oui, mais dites-donc, la vente du Virao Magazine est à Paris. Oui, non, je la fais maintenant dans toutes les capitales provinciales. Ah bon, mais moi, je viens à Paris seulement. Oui, c'est ce que je disais. Mais je vous en remercie. Et j'en suis très fier. Non, mais ce qui est bien surtout, c'est que vous parlez de l'honneur de la librairie française à propos de la sortie du dernier livre d'Alain Grigotret, L'âme d'un Peuple. Eh bien oui, d'abord, c'est un très beau titre et tellement pas à la mode.
Rien que pour ça, on lui ferait la bise. Ni l'âme, ni le peuple ne sont à la mode, d'ailleurs. Non. Alors, qu'est-ce que vous en avez pensé ? Oh ben, écoutez, quand on me demande des choses comme ça, je suis absolument comme le gosse qui va à l'église, je vous l'ai raconté une histoire dix fois. Oui, allez-y. Il va à la messe et ses parents, quand ils rentrent, ils disent, alors, quelquefois, il a parlé de purée dans son obélisque.
Du péché, dit le gosse. Ah bon, et qu'est-ce qu'il a dit ? Il était contre. Ben voilà. Vous me demandez si j'ai mon avis sur le livre d'Alain Grigotet, je vous le raconte toujours. Voilà. L'âme d'un Peuple, ça me semble, d'abord, tout est dit dans ce titre, et ensuite, c'est tellement vrai, c'est tellement ça, c'est la chose dans laquelle personne ne sait plus aujourd'hui. L'âme du Peuple français. Et l'âme de la France. Pareil. Mais il y a peut-être des gens qui sont en train de s'en occuper, quand même.
Ce sont les policiers. Ah oui, alors là, vous savez, c'est très mauvais quand les policiers se mettent en grève. Ils ne sont pas encore en grève, mais c'est pas loin. Les gens qui dirigent cette république devraient se souvenir que la fin de la 4e a été annoncée par la grande manifestation des policiers, dans la dignité d'ailleurs. Oui, et la fin de l'État français aussi. Oui, c'est ça. La fin de l'État français, il y avait une certaine coopération des militaires de toute nationalité, y compris américains.
C'est vrai. La libération de Paris, elle a été due en premier lieu à la grève de la police. Là, je me rappelle, j'y étais. Oui, c'est vrai, moi aussi. C'était formidable. Est-ce que vous voulez dire aujourd'hui, ce qui manquerait à la France, c'est la 2e DB, peut-être ? Non. Non, c'était l'âme d'un peuple. Oui, elle manque tellement à la France. Alors, sur la police. Bien sûr, la police, c'est ce que je vous dis. Moi, je vais vous proposer quelque chose pour vous montrer que la police est dans une situation qui a beaucoup changé en 30 ans.
Est-ce que vous vous souvenez d'un film avec Gabin, avec des dialogues dodiards, qui s'appelle Le Pacha ? Ah oui, très bien. Vous vous souvenez de la scène où Gabin, le commissaire, je ne sais plus comment d'ailleurs, emmène un truand dans l'arrière-boutique d'un café, puis lui dit « Tu vois, mon petit gars, la vie, elle est mal faite. Tu me butes. On te raccourcit, je te bute, on me félicite. » Eh bien, les temps ont bien changé, quand même.
Mais oui, c'est plus comme ça du tout. Mais il y a que des invertis partout. Oui, c'est même le contraire, maintenant. Alors, vous m'avez dit une chose profonde, ce matin. Moi ? Oui, à propos des droits de l'homme. Alors, vous m'avez dit les droits de l'homme, mais évidemment, il s'agit d'un homme abstrait. Ah, bien évidemment qu'il s'agit d'un homme abstrait, les droits de l'homme. Les droits de l'homme, c'est l'homme, c'est pas vous, l'homme, c'est pas moi.
C'est une espèce d'idée complètement décolorée et salace de l'homme que se font les intellectuels depuis 200 ans. Mais il y a quelqu'un qui avait une bonne idée de l'homme, quand même. C'était un de nos grands chefs d'État, Louis XIV. Et vous avez sans doute reçu un livre magnifique de François Bluch. Ah, c'est un très bon livre. Il a repris un texte, je ne savais pas les trucs de lui, et que j'avais lu au moment où il l'avait publié, c'est-à-dire il y a, je ne sais pas, si bien je pensais que c'était de Gacktot, et bien non, c'était de lui, Bluch.
Et ça s'intitule « Lamentable Clio ». Il l'a repris dans ce bouquin-là, et c'est absolument effaçant. C'est un procès de l'histoire qui est formidable. Il l'avait sorti en 1957 chez Fasquel, dans la collection Libel, sous un pseudonyme. Oui, oui, c'est ça. Oui, c'est exactement ça. Vous vous en souvenez, Jean ? Je vous disais, derrière ce pseudonyme, il y a un type vraiment brillant qui doit être Gacktot. Eh bien, c'est Bluch. Et qui était plus jeune, parce que forcément, en 1957, Bluch est très brillant.
Très brillant, et comme disent ses confrères historiens, c'est un dix-septièmiste de haute volée. Oui, et d'ailleurs, il y en a un qui vous a beaucoup plu, je crois que c'est celui sur le Grand Dauphin. Ah, ben oui, parce que le Grand Dauphin, c'était un type très, très bien, qui a souffert de l'antipathie de Saint-Simon pendant trois siècles, et dont on voit réémerger le visage, et on s'aperçoit que c'était un type très bien. Et d'ailleurs, c'était un des rares amis de Louis XIV.
Louis XIV avait une âme de père, et l'amitié qu'il avait pour ce Grand Dauphin est devenue très vite, l'amour paternel est devenu très vite en fond. Parlez plus près du micro. Ah, voilà, très bien. Ah, parfait. Vous savez, il glisse. Le micro glisse ? Oui, le micro, enfin, c'est pas le micro, c'est mon appareil, il glisse dans la main. Ah bon, très bien. Oui. Vous m'avez noté quelque chose aussi, vous avez noté quelque chose ce matin, et ça a l'air très beau comme sujet de dissertation, mais je ne me souviens plus du tout de quoi vous avez bien pu me parler.
Ah, moi non plus, alors. Écoutez, je vais vous donner le titre. Le style direct de Louis XIV. Ah oui, c'est aussi un ouvrage de Bluche tout à fait remarquable, le style direct de Louis XIV. Il a eu une idée géniale. Vous savez, Louis XIV, c'est un des hommes, un des grands hommes de la France, dans la bouche duquel on a vu le plus de bêtises, du genre l'état, ses voies, des machins comme ça. Et Bluche a eu une idée épatante, il a été compilé, il a repris tous les bouquins dans lesquels on entend parler de temps en temps à Louis XIV en style direct.
Il a mis ça bout à bout, et ça donne le son de la voix de Louis XIV d'une façon formidable. On est extraordinairement dépaysé. Alors ce qui est curieux, c'est que, moi j'ai lu son bouquin là très attentivement, et j'ai été très étonné de voir qu'il ne parlait jamais d'une mémorialiste du début du règne de Louis XIV, qui était Madame de Maudville, où il parle, où elle le fait parler très souvent, et en style direct, et où il est jeune et plein de violence et plein de force.
C'est tout à fait passionnant. Faudrait peut-être d'ailleurs rappeler le titre du livre, de François Bluche, « Au plaisir de l'Histoire ». « Au plaisir de l'Histoire », et ça a été publié chez Plon, je crois bien. Non, Perrin, mais enfin ça arrive au même. Oui, Perrin. C'est la porte à côté, je crois. C'est la même porte. Vous voyez, il y a un texte que j'ai beaucoup aimé, parmi beaucoup que j'ai beaucoup aimé, « Fortunes de France, des ministres riches mais utiles ».
Ah ben oui, ah ben tiens, bien sûr. C'est pas de s'enrichir qu'on leur reproche. Au contraire, on leur reproche d'être médiocre. Ben oui, moi je ne reproche pas à un président de la République de tomber un peu de côté. Ben non. Je le reproche, quand il a rendu la France, il ne l'a pas rendue dans l'état où il l'avait trouvée en entrant. Eh oui. Ils se rendent compte en moi qu'il était dans un meilleur état. Oui, mais malheureusement, il avait pris la France en… En lisant le livre de Jean-Marc Frigent, on s'aperçoit qu'effectivement, il a rendu d'énormes services à la France.
C'est une évidence quand on regarde son dossier. Oui. Il a donné beaucoup d'argent à beaucoup de gens. Ah oui. Et il a commencé par les amigolistes et RPR et UDR, enfin tous les noms. Mais il raconte comment quand il avait été mis en place par Guillaumat, et il avait réussi ainsi à baiser les anglo-saxons partout où les welfs, grâce à lui, gagnaient. Après tout, c'était ça le but. Et quand il a été voir Mitterrand, il a dit qu'est-ce qu'il faut faire ? Il faut continuer.
Ah oui. Il faut continuer à essayer de réussir les opérations qu'il a réussies en Espagne, en Allemagne, un peu partout dans le monde, y compris en Russie. D'ailleurs, Poutine continue à le recevoir. Oui, oui, oui. Est-ce que vous connaissez les TPG, Trésoriers Payeurs Généraux ? Vous savez ce que c'est ? Oui, bien sûr que je savais ce que c'était. Eh bien, toutes les charges politiques devraient être construites sur le modèle des TPG responsables. Mais s'ils font des bonnes affaires pour leur pays, ils ont le droit de s'en prendre un petit peu.
C'est dans la Constitution, ça ? Non, mais on dirait la maître. Ah, bon, oui. On dirait le maître. Parce que ça ne fait pas tant, ça. Alors, vous avez eu aussi une réflexion très intéressante ce matin. Vous avez dit que le grand problème des chefs d'État, c'était pas seulement ce qu'ils faisaient en eux-mêmes, mais est-ce qu'ils avaient, ou non, un grand écrivain contre eux ? Ah, ben oui, ça, c'est une chose à laquelle je pense depuis très longtemps.
Parce que nous avons eu un très bon souverain, qui était Napoléon III, qui a mal fini, malheureusement, parce qu'on a déclaré pour lui une guerre stupide qui était foutue d'avance. Mais c'était un souverain épatant, c'était un souverain très brillant. Et on l'aurait maintenant sans chanter. Il a commis une erreur profonde, c'est qu'il s'est mis un homme de génie à dos. Et c'était le père Hugo qui l'a engueulé pendant 18 ans. Et ça a finalement infléchi l'histoire, et ça a donné une coloration à l'histoire qui n'est pas la bonne.
Est-ce que Saint-Simon n'a pas fait du tort quand même à Louis XIV ? Oui, mais c'est arrivé beaucoup plus tard. Parce que Saint-Simon, on a commencé à le découvrir qu'à la fin du XVIIIe siècle. C'est-à-dire bien après que la réputation géniale et grandiose de Louis XIV a été établie. Sergent Dutour, moi je voulais vous poser une question concernant cette idée du duo que forment les hommes d'État, les hommes politiques, enfin disons les hommes d'État et les écrivains qui sont pour ou contre eux.
Pourquoi est-ce que vous ne feriez pas un livre sur ce duo à travers l'histoire ? D'abord parce que j'écris très rarement les livres dont j'ai l'idée moi-même. Alors des livres dont quelqu'un d'autre, même vous, cher Jean Ferré, me donne l'idée. En ce sens-là, je ne les écris pas du tout. Mais ce serait une bonne idée. Ah, c'est une très bonne idée, mais c'est une idée d'éditeur, ça qui demande ça, un gars qui fait des collections. C'est vous qui avez eu l'idée.
Ah ben oui, je sais des idées, j'en ai tout le temps. Elles me tombent des poches comme des petits cailloux. Comme la chanson de Jean-Gilles. C'est-à-dire ? Des idées, j'en ai cent, j'en ai mille. Et on pourrait remarquer qu'il y a une sorte d'égalité entre la dimension des hommes politiques, des hommes d'État et des écrivains qui sont contre eux. Parce qu'aujourd'hui, vraiment, c'est tout petit. Aujourd'hui, ils n'ont pas d'ennemis, les hommes au pouvoir. Ils sont soutenus par une espèce d'intelligentsia molle que nous connaissons depuis 40 ou 50 ans et qui n'a pas bougé.
Vous voulez dire qu'ils n'ont même pas d'ennemis ? Non, je crois qu'ils n'en ont même pas. C'est peut-être un phénomène républicain, parce que regardez Félix Faure, qu'est-ce qu'il a eu contre lui ? A part Séverine le jour de l'enterrement, personne. Madame Stenel. Oui. Il avait tout contre lui. Non, il avait juste le fameux Alexandrin de Séverine. Il se voulait César. C'est Séverine qui a dit ça ? C'est ce qu'on m'a toujours appris, à l'école et ailleurs.
Ah, ben voyez-vous. Eh bien voilà, le quart d'heure est passé. J'ai mis 5 minutes avant de rire. Le quart d'heure est passé. Mais oui. Je vous remercie beaucoup. C'est désolant. Mais on recommencera. Ah oui, on recommencera. J'aime bien vous retrouver tous le lundi comme ça. C'est promis. C'est promis. A bientôt. On recommencera et dès lundi prochain. Au revoir, cher Jean Ducour. Au revoir.