Une certaine dose de peau, de peau, et une certaine dose de peau est vite. Pourquoi les peintures de Van Gogh me donnent-elles ainsi l'impression d'être vue comme de l'autre côté de la tombe d'un monde où ces soleils en fin de compte auront été tout ce qui tourna et éclaira joyeusement ? Car n'est-ce pas l'histoire entière de ce qu'on appela un jour l'âme qui vit et meurt dans ces paysages convulsionnaires et dans ces fleurs ? Antonin Artaud, Van Gogh, ou le suicidé de la société ? Des taches de soleil sur le trottoir apparaissent.
L'ombre en nous recule. Anne Dujun Souvent, l'on imagine que pour écrire, il nous faudrait une vie extraordinaire, des voyages, des rencontres peu banales, des fêtes, des choses un tant soit peu insensées. Mais ces vœux-là, souvent, où vous les avez éprouvés, vous avez brûlé en leur cœur et il n'en est rien resté, surtout pas des mots, surtout pas des livres. Et lorsque ces fêtes-là ont été absentes de votre vie, lorsqu'il n'y a eu sur votre vie qu'une large étoffe de silence, de pauvreté, eh bien, les mots sont venus, comme pour vous prêter main forte, vous secourir.
Le silence s'est ouvert comme un ciel. Le silence a remué en vous d'anciennes pages, de très vieux souvenirs, ou bien des rêves encore inaccomplis. Joël Vernet Loin de la damnation, sous nos tentes de fortune, nous partageons avec le silence un pain de silice et une jatte de lait, joyaux dans l'infini des sables certis. Nos mémoires, jonchées d'étoiles, vous parlent de la nuit qui vêt le corps de tout compromis. Là-bas sont les dunes, rempart de notre patrie, qu'un vent altier et bourrif, dans un temps à jamais aboli.
Arrive l'heure du feu intransigeant et du départ rituel, quelque part dans ce monde, vers la liberté cruelle. Kamal Zeytounmi, Nomade Je me souviens de clarté partout. J'avais des lieux à habiter, il y avait quatre pièces, chacune avec une personnalité différente, et je pouvais être une personne différente dans chacune d'elles. L'une était ensoleillée, le soleil avait quelque chose de réel qui passait par les fenêtres, il existait vraiment, était l'adnane, grandir et devenir poète Pendant les dix jours qu'il séjourna dans Alexandrie, le prince de Libye occidentale, Aristomène, fils de Ménélas, fit généralement bonne impression.
Comme son nom, sa tenue était grecque et de bon goût. Il acceptait volontiers les honneurs, mais il ne les recherchait pas, il était modeste. Il achetait des livres grecs, en particulier de l'histoire et de la philosophie. C'était surtout un homme qui parlait peu. Ce devait être un esprit profond, disait-on, et de tels gens sont d'un naturel peu loquace. Ce n'était ni un esprit profond, ni rien de pareil. C'était un homme ordinaire, ridicule. Il avait adopté un nom grec, s'habillait comme les Grecs.
Il avait appris en gros à se comporter comme eux, et il tremblait de toute son âme à l'idée de ruiner l'assez bonne impression qu'il avait faite si jamais il laissait échapper d'horribles barbarismes, et s'attirait par là les habituels sarcasmes des alexandrins, maudits soient-ils. Voilà pourquoi il se bornait à quelques mots, surveillant anxieusement ses désinances et sa prononciation, et se morfondait de devoir garder en lui tant de paroles rentrées. Cavafy, prince de Libye occidentale, traduction du grec Socrates et Servos et Patricia Portier Je terrirai en aparté, plein le cœur d'un ciel de cyanure, mais seulement après avoir été à la grotte de l'écrit brûlant, pour capter toute ma mémoire intacte, la chambre aux mille caractères où s'achève le périple de ma soif, et j'y reste, défendant qu'on me pose des questions sur la façon dont j'y reste, sur l'état de ma raison, sur l'identité de mon cri, dans les demeures de la nuit, sur la mort, qui est une avancée d'impasse soulevée par le soleil, sur les étendues de violences renaissant chaque jour dans le silence de ma langue gercée, Moustapha Nisabouri, La mille et deuxième nuit, extrait