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Virginie Molinier Interview

Virginie Molinier Interview

Ivan Barrera

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Virginie Molinier, a business lawyer, discusses the trial of Éric Dupond-Moretti, the French Minister of Justice. She expresses disappointment with the decision of the Court of Justice of the Republic, believing it to be biased. She also suggests that the court lacks impartiality due to its composition. Molinier explains that Dupond-Moretti was accused of interfering with an investigation into the actions of the financial prosecutor's office. She believes that a lawyer can become a minister of justice as long as they refrain from involvement in their own cases and do not interfere with the justice system. However, she criticizes Dupond-Moretti for initiating an investigation against judges who were involved in his own case. Molinier concludes that she did not expect anything more from Dupond-Moretti, but believes he should have shown neutrality and should not have been appointed as minister. Bonjour Virginie Molinier. Bonjour. Vous êtes avocate dans le droit des affaires. Vous êtes à la tête du bureau MEB Avocat, qui est réparti entre la France et l'Espagne. Vous avez plusieurs bureaux en France, notamment Paris, Bordeaux et Montpellier. Et aujourd'hui, je vais vous interviewer sur le thème du procès d'Éric Dupond-Moretti. Donc, ma première question serait, est-ce que vous avez suivi l'affaire ? Oui, oui, j'ai suivi l'affaire par la presse française, comme tout citoyen intéressé par cette affaire, notamment parce que c'est mon ministre de tutelle, puisque c'est le ministre de la justice. D'accord. Et donc, en tant qu'avocate, qu'est-ce que ce procès représente pour vous ? Il représente le fait qu'un avocat devienne ministre des affaires, ministre de la justice, et soit en même temps impliqué dans une affaire de conflit d'intérêts qui a été portée devant une instance qui juge les ministres en exercice, qui est la Cour de justice de la République. Effectivement. Vous avez vu qu'au cours de ce procès dans la Cour de la justice de la République, ce procès a finalisé avec la relax d'Éric Dupond-Moretti. Est-ce que vous avez un avis particulier sur ça, vu que vous avez suivi toute l'affaire ? Oui, j'ai été déçue par cette décision de la Cour de justice de la République, parce que j'estime que c'est une Cour de justice qui est composée de députés, donc beaucoup de députés de la majorité présidentielle, et par des juges qui sont directement sous l'autorité du garde des Sceaux, donc de la personne jugée, et qui a rendu une décision que je qualifierais de complaisante. D'accord. Et est-ce que, avant le jugement, est-ce que vous attendiez à une décision de condamnation différente ? Vous attendiez quelque chose d'autre à la fin de ce procès ? Oui, j'aurais aimé que ce soit autre chose. Maintenant, du fait, comme je l'ai indiqué, de la composition de la Cour de justice de la République, et des décisions précédentes qui ont toutes été de relax, je me doutais, même si j'avais l'espoir que ce soit différent cette fois, je me doutais qu'il y aurait une décision de ce tournoi-là. Du coup, est-ce que vous pensez que cette Cour de justice de la République manque peut-être de légitimité ? Alors, légitimité, non, parce qu'elle est instituée par la loi et la constitution, mais qu'elle devrait être réformée, oui, parce que je pense qu'un ministre jugé par ses pairs, ou en tout cas par des politiciens et par des juges qui sont sous son autorité, n'a pas l'impartialité qu'on pourrait espérer, puisqu'il y a forcément des liens de connivence entre les juges et l'accusé. D'accord. Et maintenant, plus précisément, dans les deux affaires pour lesquelles Éric Dupond-Moretti a été jugé, est-ce que vous avez suivi cette affaire ? Est-ce que vous savez pourquoi il a été jugé ? Oui, il a été jugé pour avoir diligenté une enquête sur les agissements du parquet financier, qui avait été l'instance qui avait initié cette action en justice. Et donc, en fait, il était accusé, Dupond-Moretti, enfin, le ministre Dupond-Moretti était accusé d'avoir saisi l'administration pour condamner le parquet financier qui avait, en fait, ordonné que ses communications avec un de ses clients, c'est-à-dire l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy. Donc, le parquet financier avait diligenté une procédure d'écoute de l'avocat Dupond-Moretti avec son client, et le maître Dupond-Moretti, qui était à l'époque avocat, avait contesté cette décision, argant du fait que les communications entre un client et son avocat étaient confidentielles, étaient protégées par le secret professionnel. Cependant, dans le cas précis, ses écoutes ne visaient pas son rôle d'avocat auprès de Nicolas Sarkozy, mais visaient une possible complicité dans une affaire de corruption des juges. Effectivement. Et maintenant, revenons au fait que Eric Dupond-Moretti était nommé ministre. C'était un peu inévitable qu'un conflit d'intérêts allait apparaître tôt ou tard. Est-ce que vous, en tant qu'avocate, pensez qu'il est légitime qu'un avocat, qui jusqu'à maintenant est exercé, puisse être nommé ministre comme ça ? Oui. Pour moi, il n'y a pas d'empêchement à ce qu'un avocat soit nommé ministre de la Justice dans la mesure où il se retire de toutes les affaires qui puissent être en lien avec ses propres dossiers, les dossiers dans lesquels il est intervenu comme avocat, et dans la mesure où il n'intervient pas dans le fonctionnement de la Justice. Si ça se passe comme ça, il n'y a aucun problème à ce qu'il soit ministre de la Justice. Ce qui ne s'est pas passé dans le cas d'Eric Dupond-Moretti, puisqu'à peine étant ministre, il a initié cette enquête pour faire condamner les juges du parquet financier qui avaient eu un lien direct avec son affaire. Et du coup, c'est ça ce que vous condamnez, qu'en étant ministre, il ait mélangé ses propres intérêts et qu'il ait usé de ses prévogatives comme ministre pour intervenir et faire condamner les gens qu'il estimait qu'il lui avait nuits dans son activité. Juste une dernière question, puisque pour vous, le procès et la décision n'étaient pas satisfaisantes vu qu'il a été relaxé. Est-ce que vous attendiez quelque chose de plus de sa part ? Peut-être pas une démission, mais une reconnaissance ou quelque chose dans le genre ? En connaissant le personnage et vu son attitude durant tout le procès et avant le procès, je n'attendais rien d'autre qu'une satisfaction de sa part et une continuation de son ministère. Mais je pense qu'il aurait... Déjà, je ne comprends pas qu'il ait été nommé vu ses antécédents de problèmes avec les juges, parce qu'il ne faut pas oublier que le garde des Sceaux, ministre de la Justice, est le chef de toute la magistrature et donc quelqu'un qui méprise ou est agressif avec les juges de cette manière peut difficilement, en mon sens, devenir leur représentant. Donc voilà, je pense qu'il n'aurait pas dû être nommé et s'il avait été nommé, il aurait dû faire preuve de neutralité absolue dans ses affaires, que ce soit celle des écoutes de Nicolas Sarkozy ou celle de Monaco. Ok, c'est tout pour cette affaire. Merci beaucoup de nous avoir prêté votre temps et on est ravis de pouvoir avoir discuté avec vous, Mme Virginie Moulinier. Merci beaucoup et à bientôt. Je vous remercie, à bientôt, au revoir.

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