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Je suis François, je suis alcoolique...
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The transcription discusses the importance of the first drink for alcoholics anonymous. It explains that all members, regardless of their background, follow the same method of salvation and paths towards abstinence. Each member has a sponsor who guides and supports them through their journey. The sponsor's role is challenging as they must help the alcoholic overcome cravings and nostalgia for alcohol. The sponsor's influence, along with regular group meetings and support, helps the newcomer stay sober. The transcript emphasizes the danger of the first drink and warns against the false hope that one drink will not lead to more. It shares stories of relapses and the devastating effects of that first drink. The importance of constant reminders and support from sponsors and fellow members is highlighted. Le premier verre, le premier verre, Joseph Kessel avec les alcooliques anonymes, chapitre 9, le premier verre Pour tous les alcooliques anonymous, si différents par l'origine, la fortune, l'intelligence, la culture et l'éducation, pour les blancs, les noirs et les jaunes, les milliardaires et les pauvres diables, les croyants fervents et les athées farouches, les grands patrons et les communistes, pour tous ces gens la méthode de salut est la même et les voies qui mènent vers l'abstinence ne diffèrent en rien. Au début, le système est d'une simplicité presque enfantine et d'abord chaque nouveau à un sponsor, c'est-à-dire un parrain, un tuteur, un mentor qui est un AA confirmé. La personne, homme ou femme, qui exerce cette fonction le fait soit parce qu'elle a convaincu un ami ou un camarade alcoolique d'entrer dans l'association, soit parce qu'un alcoolique est venu à elle spontanément, l'a choisi en raison d'une confiance, d'une sympathie instinctive. La tâche n'est pas aisée, le parrain, qui est toujours volontaire et non rétribué, a pour charge de veiller sur un être que l'arrêt de son intoxication torture de crampes d'angoisse, de fureur, d'insomnie et contre chacun des supplices le remède est là, si facile, au coin de chaque rue, derrière l'enseigne écatante de tavernes ou même, plus modeste, de l'épicier. Le parrain lutte, chez le malade dont il a la charge, contre la frénésie et contre la nostalgie qu'il a si bien connue. Le souvenir de sa propre souffrance lui donne la compréhension, la compassion, le courage, la ténacité indispensable. Son temps ne lui appartient plus, il néglige sa profession, sa vie familiale, il est essentiel qu'il soit à la disposition entière de l'homme dont il s'occupe. En pleine activité ou au cœur du sommeil, un appel le fait accourir, quelques instants peuvent faire toute la différence. Si le tuteur arrive à temps, il sera calmé, détourné de son idée fixe, l'homme pâtelant, désespéré, garé à moitié fou, qui lui a crié « Au secours ! » au téléphone, d'un bar ou d'un taudis ou d'un coin d'une rue. Et l'urgence est plus grande encore si la voix appartient à une femme ou à un frère ou à un enfant, car, alors, cela veut dire que l'homme ne croit plus à rien ni à personne sauf à l'alcool. Une minute trop tard, et il aura usé de ce recours, et l'effort terrible fourni par lui aura été vain, tout sera à reprendre, si toutefois il y consent encore après sa rechute. Il a non seulement soumis un profond et ancien besoin physique, plus et pire, il a retrouvé sa façon, sa raison de vivre. Le parrain a livré, lui aussi, cet épuisant combat, il a fait ses pâches en se lant vers un horizon vide. Il sait que dire à un alcoolique, à l'orée de sa désintoxication morale, « Tu ne boiras plus jamais » est aussi inhumain et aussi vain que d'engager un voyageur à quitter le pays des sources jaillissantes pour un désert sans borne. C'est pourquoi, sans lassitude, à chaque occasion, sous toutes les formes qu'il peut trouver, le parrain répète, insinue, suggère, inculque aux nouveaux venus les premiers préceptes, les premières recettes pratiques des AA. La règle initiale fondamentale que le tuteur s'emploie à faire pénétrer de la sorte dans l'esprit et dans les réflexes de l'alcoolique dont il a la charge et qui commence sa marche difficile et douloureuse vers l'abstinence a pour mérite d'être d'une facilité élémentaire. « Tu dois désormais, dit le parrain, cesser de prévoir à l'avance, plus que pour une journée à la fois, oublie au-delà tout le temps que tu as à vivre, oublie que les semaines existent et les mois et les années, ne fais pas de serment, ne prends pas d'engagement envers toi-même, n'essaye même pas d'envisager ton effort pour plus de vingt-quatre heures, concentre toute ton énergie, prie le Dieu qui est le tien, invoque l'amour de ta femme, fortifie-toi enfin, si tout te manque, par mon exemple et celui de tous les AA, pour rester sobre seulement, uniquement, les vingt-quatre heures à venir, accroche-toi au battement de l'horloge, ne songe qu'à tenir jusqu'à la dernière minute de ces vingt-quatre heures, à l'égard des après, ne te pose pas de question, que ton esprit reste fermé, vide, et quand vraiment l'heure que tu dois atteindre finit de sonner, recommence à vouloir de tout ton être, de toutes tes fibres, mais encore et seulement pour vingt-quatre heures. Si le novice réussit à exécuter cette très simple gymnastique mentale, et il y parvient la plupart du temps, il est presque sauvé, car au bout des premières vingt-quatre heures, où il a compté chaque seconde, il pense, j'ai traversé cette journée sans boire, pourquoi pas une autre, une seulement, et c'est déjà plus facile, et sur cette étrange trémaillère de l'esprit, il avance vers la sobriété. L'influence du parrain n'est pas la seule à s'exercer sur le novice. Le parrain, comme tous les AA, fait partie d'un groupe, il y rattache celui qu'il a pris en charge. Le groupe se réunit en assemblée ouverte une fois par semaine, et toujours auparavant, une séance spéciale a lieu pour les commençants. Il y a aussi des meetings fermés, où l'on discute de problèmes spécifiques, où chacun peut intervenir. Dans les grandes villes, ces groupes sont très nombreux, à New York, on en compte des centaines, et chaque jour, il s'y tient au moins cinquante réunions, du matin jusqu'au soir. En outre, il existe des restaurants, des salons de thé, des clubs uniquement réservés aux alcooliques anonymous et à leurs amis. Le nouveau venu est ainsi épousé, pressé de s'y rendre le plus souvent possible et surtout aux meetings de son groupe et à ceux des autres. A l'ordinaire, il a du temps à lui, trop de temps, pour qu'il se décide à désirer l'abstinence. Il a fallu qu'il touche le fond du désespoir, il n'a plus d'argent, de travail, il a brisé sa vie de famille, il a lassé, irrité, dégoûté ses amis, il est seul, déshonoré. Écoeuré, devant la stèpe glacée et nue de l'existence, alors quoi ? Retourner à l'alcool ? Et pour en avoir, mendier, voler, attaquer un passant ? Non, à cet homme qui ne sait plus où aller, ou donner de la tête, s'ouvre le refuge du groupe, de tous les groupes, de tous les établissements des A.A. Là, dans chacun, à chaque heure du jour et tard dans la nuit, il trouve des gens comme lui. Les uns sont sobres depuis de longues années, d'autres n'ont cessé de boire qu'à une date encore récente, les uns ne portent plus trace de leurs anciennes blessures, sur les autres, les cicatrices sont toutes fraîches, saignantes, peu importe, les uns et les autres l'accueillent avec une solidarité, une amitié entière, ils se reconnaissent en lui, comme il se reconnaît en eux, un sentiment fraternel circule dans ces assemblées de ressuscités. Le nouveau venu n'entend parler que des problèmes qui le touchent au plus près, il ne peut raconter les siens à loisir, on l'écoute attentivement, merveilleusement, il est de la famille, et comme rien n'est absolu, définitif dans la souffrance humaine aussi terrible que soit son expérience, il en trouve toujours d'autres, ou une autre, pour le moins encore plus affreuse, et il prend espoir, il pense, puisque même celui-là s'en est tiré, alors moi, en plus forte raison. C'est avec une avidité, une acuité, une confiance nouvelle, qu'il écoute les conseils des amis, des frères qui l'entourent et qui font pénétrer, peu à peu, dans sa conscience et dans son instinct, les règles et les lois sans lesquelles il n'est point de salut. Parmi ces articles de foi, l'avertissement constant, acharné, contre le premier verre, a une importance majeure, il s'agit ici de l'idée, c'est l'alcoolique réformé et que tourmente cependant le désir de boire, contre la dernière et fausse espérance où il se réfugie, la suprême illusion à laquelle il s'accroche, celle qui consiste à penser, ou plutôt à vouloir penser, un verre ne peut pas me faire de mal, un seul verre, rien qu'un verre. Les alcooliques anonymous répondent à cela, pour nous, les malades de naissance, les allergiques à vie, il n'y a jamais un seul verre, ce verre n'est que le premier et par la nature même de notre mal, il déclenche une réaction en chaîne, incontrôlable, effroyable, ce premier devient deux et trois et dix, puis une, deux et trois et dix bouteilles, et l'on se retrouve là même d'où l'on est parti, le ruisseau et l'horreur, et ne dites pas, je suis payé pour connaître le péril, un seul verre et c'est tout, disant cela, vous voulez simplement croire à ce que vous désirez, donnez une excuse à ceux qui vous obsèdent, vous ne vous arrêterez pas, cela vous est impossible, d'autres que vous, et plus anciens et plus résolus dans la finance, ont cédé à l'illusion, ça n'a jamais été le seul verre, mais toujours le premier verre, et à cause de ce verre, rien que ce verre, vous le répétez, ils sont devenus à nouveau des épaves abjectes, il n'est pas un parrain qui ne martèle cette vérité pour son novice, il n'est pas de réunion de commençant où elle ne soit reprise et commentée, il n'est pas de meeting ouvert où les gens qui prennent la parole ne la confirment pas leur expérience, et quelle expérience, des vies sont reconstruites après les plus douloureux efforts, la sécurité matérielle est rétablie, la paix de l'esprit et la joie du cœur refleurissent, et puis vient le premier verre, et la rechute complète aveugle, et de nouveau l'enfer, j'ai entendu à ce sujet bien des récits qui donnent le vertige, qui font mal physiquement, mais chaque fois que je faisais part à mes artérocuteurs d'un sentiment où l'épouvante se mêlait à l'incrédulité, il me disait « ouais donc N, lui vraiment c'est le cas limite ». J'ai suivi le conseil avec empressement, cette rencontre avait pour moi un intérêt particulier en dehors même de mon enquête, N est en effet un écrivain d'un talent exceptionnel et que, en toute occasion, j'aurais aimé connaître. Il a notamment publié après la guerre un admirable roman dont le héros est un alcoolique. L'ouvrage a connu le succès le plus vif dans tous les pays. N m'avait donné rendez-vous pour déjeuner à Lens, ce club alcoolique anonyme, c'est logé par la grande université de Columbia dans ses propres bâtiments redchaussés. On y accède par de vieux couloirs feutrés, aux boiseries couleur du temps, passées et ornées de portraits vénérables qui représentent les maîtres éminents et les donateurs généreux. Mais le club en lui-même n'a rien d'académique, les teintes y sont vives et fraîches, les meubles simples et légers, les gens accueillants et gais. J'en reconnus plusieurs que j'avais rencontrés dans les réunions des groupes ou au cours d'entretiens privés. Un banquier, un acteur, une jeune femme qui, avant d'appartenir à l'association, avait essayé de se suicider à trois reprises. Et Kay, la vieille lady qui tombait au ruisseau à force de boisson, avait eu longtemps la langue et les cordes vocales paralysées. De cette foule alerte, bruyante, amicale et toute pareille à celle que l'on peut voir dans n'importe quel club de New York, se détacha et vint à moi un petit homme chauve au visage rouge d'une cinquantaine d'années. Il portait une brève moustache et des lunettes. Son haut front dégarni avait une couleur de cuivre poly-brillant. Ses yeux, légèrement brillés, mordorés et très beaux, brillaient sous des verres qui les couvraient d'un humour très vif. C'était N. Quand nous eûmes commandé notre repas, je le priais de me raconter sa vie, tout en m'excusant de cette indiscrétion professionnelle. « Vous excusez de quoi ? » s'écria-t-il. Mais je suis ravi, au contraire. Vous ne savez donc pas que nous autres, alcooliques, nous sommes les plus grands exhibitionnistes les plus éhontés cabots du monde ? Dans ses yeux, il avait tant de malice, d'intelligence et de bonne humeur que les verres épais des lunettes semblaient pétiller autant que le regard. « J'ai commencé d'écrire à l'âge de seize ans, » dit N., « mais je n'ai rien voulu publier avant d'en avoir quarante. Dans l'intervalle, j'ai gagné ma vie comme auteur pour la radio. Je composais des histoires grandiloquentes ou sentimentales, des absurdités, quoi. En même temps, je buvais beaucoup, terriblement. J'étais un alcoolique professionnel, et qui allait à sa perte, je l'ai compris. Je me suis arrêté de boire tout net, tout seul. Un gros homme jovial qui sortait de la salle a mangé pasta devant notre table et s'est arrêté. « Hello, Charlie ! » demanda-t-il. « On se revoit ici demain ? » « Non, » dit N. « Demain, je serai au Texas. Je dois parler pour nos groupes là-bas. Que Dieu vous garde. Salut, Charlie ! » dit le gros homme avec gravité. Il s'en alla, et N. reprit son récit. « Oui, » dit-il, « je me suis arrêté seul, sans aide extérieure, uniquement grâce à ma volonté. Alors, vous pensez, les gens qui venaient me vanter les A.A. s'ils étaient bien reçus, qu'est-ce que j'avais de commun avec ces primaires et leurs blablas mystiques, ces chiffres qui avaient besoin de se serrer les uns contre les autres pour tenir le coup ? » « Non, j'étais un intellectuel, moi, un esprit supérieur. Donc, lorsque votre nom apparu, demandai-je, vous ne bougiez plus ? » « Je ne connaissais pas le goût de l'alcool sous quelque forme que ce fut depuis huit ans, » dit l'écrivain. Pour la première fois, une expression mélancolique passa dans ses yeux brisés, mordorés. « Et le succès est venu, » reprit-il, « un succès comme j'en aurai plus jamais. Le livre, le film, les critiques, au délire, les droits d'auteur énormes. J'ai acheté une belle maison à New York, une autre à la campagne. J'ai envoyé mes deux filles dans les meilleures écoles privées, les plus coûteuses, et malgré cette réussite, capable de tourner la tête la plus solide, j'ai persisté dans mon abstinence. » Ce regard de haine avait retrouvé tout son humour. « Cependant, » disait-il, « la réputation des AA s'étendait de plus en plus. Cela me faisait rire et m'exaspérait à la fois. Ces bavards, ces gréguers, avaient-ils quelque chose à m'apprendre ? À moi, qui avais écrit un livre devenu classique sur l'alcoolisme, un livre auquel se référaient publiquement les médecins et les psychiatres spécialistes dans ce domaine ? À moi, enfin, qui avais su rester sobre pendant onze années sans la moindre chute ? » Haine frotta gaiement son haut front brillant comme cuivre et continuant. « Là-dessus, riche, glorieux et très content de moi, je suis allé passer les vacances au Bermude. C'est un paradis. Mais à certaines heures, il y fait très chaud. J'ai été pris d'une envie de bière bien fraîche. Aussitôt, j'ai pensé, « Allons, c'est de la folie. Voilà onze années que je n'ai pas touché une boisson alcoolisée. Je ne vais pas recommencer maintenant. » À quoi l'intellect en moi a répondu ? « Justement, après onze années d'abstinence parfaite, un verre de bière ne peut pas être dangereux. Que diable ! Un seul verre. Après onze ans, rien qu'un verre. » Haine continua à se frotter son front poli et à sourire. « Alors ? » demandai-je. « Alors, » dit l'écrivain, « ce seul verre de bière eut pour effet, dans les dix-huit mois qui suivirent de m'amener quinze fois, repris par le plus mortel alcoolisme, dans des asiles pour malades mentaux, moi, esprit supérieur, moi, l'homme dont la volonté exemplaire avait suffi au salut. » « Bon, ce n'est pas incroyable, » dis-je à voix basse. « Quinze fois chez les alienés ? Attendez, ce n'est pas tout, » répliqua Haine. « Bien entendu, il ne me restait plus rien. Maison à New York, maison à la campagne, c'en était allé au fil de la bouteille. Et mes enfants ne fréquentaient plus des institutions de haute classe. Je n'avais plus de quoi nourrir ma famille. J'en étais revenu aux emprunts, honteux, au tapage professionnel de l'alcoolique, aux mensonges, aux demi-excroqueries. Alors, tout de même, malgré toute ma répugnance et mon sentiment de supériorité intellectuelle, je me suis demandé si je ne pourrais pas trouver quelque chose du côté des alcooliques anonymes. Je suis allé à un meeting, et là, en effet, j'ai découvert un fait étrange. Les gens qui m'entouraient n'étaient pas des intellectuels à coup sûr, mais, avec eux, même les plus simples, même les moins cultivés, j'avais un dénominateur commun qui n'existait pas ailleurs, et c'était le problème de l'alcool, et le désir sincère et perdu de le résoudre. Je suis sorti de là troublé, ce qui ne m'a pas empêché de retourner, en très peu de temps, quatre fois encore chez les fous. Oui, quatre fois, ce qui portait à dix-neuf, au moins, en moins de deux ans, le nombre de mes cures. Depuis, le seul verre de bière qu'un romancier fait, riche et heureux, avait bu un jour au paradis des Bermudes. Elle sourit toujours, il souriait toujours. De qui se moquait-il ? De lui-même ? Ou de l'effroi qu'il sentait que son récit m'inspirait ? Quoi qu'il en fût, il poursuivit. À mon dix-neuvième séjour, lorsque les soins et les calmants m'eurent fait reprendre l'usage de la raison, j'ai bien regardé les démons parmi lesquels je me trouvais, et je me suis dit, mon vieux, il s'agit d'être franc avec toi-même, une fois pour toutes, et ne plus te plaire à croire que tes passages ici sont accidentels. Si tu continues à boire, c'est ta vie entière que tu passeras avec ces gens, et pareil à eux. Sorti de l'hôpital, ma première démarche a été de me faire accepter par un groupe d'alcooliques anonymous, et tout a été résolu. J'ai perdu mon orgueil d'intellectuel. Je me sens l'égal, le camarade, le compagnon de gens qui ont souffert, ce que j'ai souffert, qui m'aiment, et que j'aime en cette souffrance. J'ai besoin d'eux, plus qu'ils n'ont besoin de moi. Tellement besoin d'eux qu'après des années de sobriété nouvelle, je vais à six meetings par semaine, outre celui de mon propre groupe dont je suis président. Chaque fois que mes occupations me laissent libre, je vais parler à travers tous les Etats-Unis dans les groupes AA isolés et lointains. J'ai demandé, et comment vivez-vous ? Je vivote plutôt, dit-il. J'écris pour la radio, la télévision. Je prépare aussi, lentement, un nouveau livre. On verra. L'écrivain ne souriait plus. Il ajouta, ce qui compte. Et je l'ai appris chez les alcooliques anonymes, ce n'est ni l'intelligence, ni le talent, c'est la vie spirituelle. Il se leva. Il devait partir dans l'après-midi pour Cleveland et gagner le lendemain le Texas. Nous traversâmes ensemble la salle à manger. Sur son passage, tout le monde souriait fraternellement à N. Et la plupart des gens ajoutaient, « Que Dieu vous garde. » Ce n'était pas une formule de politesse. Il y avait dans la voix une conviction profonde, une douceur, une douce chaleur. Les entendants, je songeais à l'élément qui, chez les alcooliques anonymes, était pour moi le plus difficile à comprendre. Achetez ce livre, Joseph Kessel, avec les alcooliques anonymes. Tout le monde m'appelle Soulard et moi je ne suis pas Soulard. Tout le monde m'appelle Soulard et moi je ne suis pas Soulard. Moi il n'y a qu'aux pas, moi j'ai pour eau que personne. Le vin rouge a rosé mes yeux, je n'attends que l'amour. Le vin des femmes m'a rougé mes lèvres, je n'attends que la bagarre. L'eau huilée, je bois. Choucham, je bois. Tchoukoutou, je bois. Oganda, je bois. Romy à la musique à Canu, je bois. Tout le monde m'appelle Soulard et moi je ne suis pas Soulard. Tout le monde m'appelle Soulard et moi je ne suis pas Soulard. Moi il n'y a qu'aux pas, moi j'ai pour eau que personne. Le vin rouge a rosé mes yeux, je n'attends que l'amour. Le vin des femmes m'a rougé mes lèvres, je n'attends que la bagarre. Ouais, moi je prends mon pot. Ouais, pourquoi tu me provoques ? Ouais, moi je prends mon pot. Ouais, moi je veux faire la bagarre. Ouais, moi je prends mon pot. Ouais, moi je veux beurrer la boite. Ouais, moi je prends mon pot. Ouais, pourquoi tu es contre moi ? Maman goûte du maman, moi je ne comprends jamais. Moi quand je prends mon pot, pourquoi vous dites que moi je suis Soulard ? Ouais, moi je prends mon pot. Ouais, moi je veux beurrer la boite. Ouais, moi je prends mon pot. Ouais, moi je prends mon pot. Ouais, moi je prends mon pot. Ouais, moi je prends mon pot. Ouais, moi je prends mon pot. Ouais, moi je prends mon pot. Ouais, moi je prends mon pot. Ouais, moi je prends mon pot. Ouais, moi je prends mon pot. Ouais, moi je prends mon pot. Ouais, moi je prends mon pot. Ouais, moi je prends mon pot. 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