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Pas de fruit sans insecte... donc fini la vie végétale donc fini les humains...
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Insects are facing a rapid decline, but it's difficult to quantify due to lack of data. Citizens can contribute to scientific programs by participating in citizen science initiatives to observe and study nature. Long-term and standardized observations help understand the decline of insects. In the UK, volunteers have been documenting butterfly populations for decades. In France, there are similar programs, such as the monitoring of pollinators through photography. These citizen science programs provide essential data for understanding the decline of insects. The decline in insect populations is a global phenomenon, and monitoring methods vary, such as measuring biomass in Germany and counting insects on license plates in the UK. These initiatives provide standardized data and reference points for assessing insect decline. ... France Culture, grand reportage, Aurélie Kieffer. La perception générale du déclin des insectes, elle est beaucoup moins prégnante que la perception générale du déclin des grands mammifères marins, des grands mammifères terrestres. Les insectes, finalement, c'est assez peu perceptible. Je crois que ça n'arrive même pas de tomber sur des insectes qui ne sont pas contaminés par les pesticides. On a un déclin massif des insectes, avec une extinction qui est extrêmement rapide, et donc qui va causer de plus en plus de problèmes. On n'a pas beaucoup de temps devant nous. Comme les climatologues, les écologues considèrent qu'on est dans la décennie où tout doit changer. On est quand même face à des risques nature existentiels. ... Ils sont là depuis plus de 400 millions d'années. Les insectes sont coriaces. Ils ont survécu aux catastrophes qui ont provoqué l'extinction des dinosaures et constituent aujourd'hui 70% des espèces animales vivant sur Terre. Mais les humains vont peut-être parvenir à les décimer dans les 100 ans qui viennent. Nous avons déjà bien commencé en détruisant leur habitat, en inventant des pesticides de plus en plus sophistiqués, ou encore en introduisant des espèces invasives. Résultat, en quelques décennies, l'Europe aurait déjà perdu près de 80% de ses insectes. Une hécatombe qui a lieu dans l'indifférence quasi-générale. Honnêtement, qui va pleurer la mort d'un moustique-tigre ou d'une punaise de lit ? Qui préfère voir un pou en vrai plutôt qu'en dessin animé ? Cloxinel, Luciole, Libellule, quelques insectes poétiques trouvent grâce à nos yeux et l'on s'inquiète un peu pour les abeilles qui nous font du si bon miel. Mais les autres ? A-t-on seulement une idée de leur utilité ? Les insectes sont à la base de la chaîne alimentaire. Ils nourrissent les oiseaux comme les poissons d'eau douce. Ils contribuent à aérer et à saignir les sols. Ils pollinisent les plantes sauvages et les cultures. Sans eux, pas de chocolat ni de café, pas de fruits ni de légumes. En bref, s'ils disparaissent, nous disparaissons. L'insecte et l'avenir de l'homme, c'est un reportage signé Véronique Robertot. Dans Grand Reportage, nous accueillons aujourd'hui l'entomologiste Philippe Grancolat. Bonjour. Bonjour. Vous êtes directeur de recherche et directeur adjoint scientifique de l'Institut Écologie et Environnement du CNRS. Vous allez découvrir avec nous le reportage de Véronique Robertot. Bonjour Véronique. Bonjour. On assiste donc à un effondrement rapide des populations d'insectes. Mais à vrai dire, au manque de données, ce n'est pas si facile que ça de quantifier le phénomène. Or, chacun d'entre nous peut aider la recherche à avancer. Oui, en participant à des programmes de science participative, indispensables et très efficaces pour alimenter, enrichir des programmes scientifiques sur l'état de la biodiversité. Chercheurs et amateurs, main dans la main pour faire avancer la science. C'est ça, la science participative. Alors, ça nous concerne tous. Vous, moi, il suffit d'être volontaire. Nous qui observons la nature pour notre plaisir. On peut aussi faire profiter des programmes scientifiques de nos observations. Je ne suis pas une ou un spécialiste, mais j'observe, je collecte régulièrement de précieuses informations dont je fais profiter la science. Les citoyens britanniques, alors on l'entendra au début du reportage, sont les pionniers des sciences participatives. Ils documentent depuis des décennies l'état de leur biodiversité. Par exemple, depuis 1967, depuis 47 ans, des volontaires, chaque semaine, du mois d'avril au mois de septembre, font le même trajet sur 3000 zones, 3000 sites différents dans le pays. Ils comptent les papillons. Cette immense masse d'informations est ensuite analysée par des scientifiques qui déterminent des tendances à la fois en matière de répartition et d'abondance des papillons dans le pays. C'est comme ça que l'on sait qu'une certaine catégorie de papillons, les papillons spécialistes qui dépendent d'un habitat particulier, les prairies fleuries, les landes ou encore les clairières boisées, ont décliné de 27% et ont perdu jusqu'aux deux tiers de leur aire de répartition. Leurs habitats disparaissent et les papillons avec. C'est grâce à des programmes de sciences participatives sur le long terme que l'on documente un peu partout dans le monde de déclins vertigineux des insectes. Et en France aussi, il y a des programmes de sciences participatives, notamment sur les insectes. C'est le début de votre reportage, Véronique. Vous nous emmenez au Jardin des plantes à Paris. C'est la fin de la floraison du mimosa là-bas. Et là-bas, c'est le début de la floraison du cerisier. C'est magnifique. Vous m'emmenez où là ? Donc là, on est dans l'école de botanique du Jardin des plantes. Et dans l'école de botanique du Jardin des plantes, il y a un jardin alpin. C'est une espèce de jardin conservatoire, d'espèces de flores qui sont de différents massifs de la planète. Donc il y a des dents d'Himalayas, etc. Avec le rouge gorge derrière. Voilà. Donc il chante un peu Tristoun. C'est une des celles qui cachent bien son jeu parce qu'il est extrêmement agressif avec ses congénères. Donc il a un petit chant un peu mélancolique. Mais en fait, c'est un véritable tueur pour ses congénères. Donc Grégoire Loïs, je suis directeur adjoint de Viginature. Viginature, c'est une petite entité au muséum qui s'occupe des programmes de sciences participatives. Les programmes de sciences participatives, c'est des initiatives dans lesquelles on invite les citoyens, qu'ils soient naturalistes ou non, qu'ils aient des connaissances sur la nature ou pas, à observer la nature et à l'étudier de manière standardisée. C'est-à-dire qu'en fait, c'est vraiment des protocoles de suivi à long terme et à grande échelle spatiale. Donc dans les mêmes conditions, on répète les mêmes types d'observations. Et ça, ça permet d'avoir des jeux de données qui sont essentiels pour essayer de comprendre les mécanismes vivants et notamment par les écologues, les chercheurs en écologie. Alors typiquement, on est au Jardin Alpin. Là, les muscaries sont en fleurs. Et ce qu'on pourrait demander dans le cadre du SPIPOL, le suivi photographique des insectes pollinisateurs, c'est qu'un citoyen qui n'y connaît rien, ni en fleurs ni en insectes, pendant 20 minutes, photographie toute l'activité qu'il y a sur ces fleurs, toute l'activité du vivant qu'il y a sur ces fleurs. Donc les insectes qui viennent butiner, mais aussi éventuellement les prédateurs qui viennent prédater ces insectes qui viennent butiner. Ensuite, on trie les photos et ça nous fait un échantillonnage standardisé d'une interaction entre des plantes et ces pollinisateurs. C'est très, très, très sérieux parce que c'est ça qui détermine aujourd'hui, qui nous dit qu'il y a un déclin des insectes qui est vertigineux et observé sur le long terme grâce à ces sciences participatives. Oui, tout à fait. En fait, ces sciences participatives, elles permettent d'avoir des points de référence, des données qui sont très standardisées, comparables entre elles dans l'espace et dans le temps sur des longues périodes. Et c'est grâce à ça qu'on peut parler de déclin. On ne peut pas s'intéresser pour les insectes. Il y a une énorme diversité des insectes. Il y a des millions d'espèces déjà identifiées, probablement des millions d'autres encore à découvrir. Et on ne peut pas se dire qu'on va suivre chacune de ces espèces. Donc, on est obligé d'avoir des espèces d'approximation, des proxys, en fait, pour faire ça, et d'avoir des plans de sondage. Les deux exemples en Allemagne et en Angleterre, typiquement, ne vont pas à l'espèce. En Allemagne, ils sont intéressés à la biomasse, c'est-à-dire la masse totale des insectes, sans essayer de regarder jusqu'aux espèces parce qu'il y a une trop grande diversité. Et en Angleterre, on s'est intéressés à l'abondance, c'est-à-dire au nombre total d'individus, en regardant ce qui a été frappé sur des plaques d'immatriculation au cours des circuits routiers. Décrivez-nous ça, quand même, comment ça marche ? On met des grilles... Décrivez-nous l'histoire des plaques d'immatriculation. Alors, l'histoire des plaques d'immatriculation est absolument exemplaire parce que, d'abord, on peut mettre une grille standardisée qui permet d'avoir des surfaces égales, quelle que soit la forme de la plaque, et la surface de la plaque n'est pas plus ou moins longue. Et donc, ça permet d'avoir une surface qui est strictement standardisée. Ensuite, l'avantage des plaques d'immatriculation, c'est qu'on connaît les circuits routiers, on connaît les milieux traversés, on a les dates, on a un point de sondage qu'on peut répéter dans le temps, dans l'espace, quasiment à des ordres de grandeur absolument incroyables qu'on ne pourrait pas atteindre en se basant sur des spécialistes. L'identification des espèces, elle est trop compliquée chez les insectes pour que des spécialistes puissent collecter des jeux de données aussi grands. En Allemagne, ce qui a été mis en place... Alors là, il ne s'agit pas de science participative, c'est vraiment une initiative de suivi de la biodiversité qui est faite par des professionnels du suivi de la biodiversité, des chercheurs. C'est des suivis par des tentes-malaises. C'est vraiment comme une espèce de petite tente de camping qui a une surface définie et dans lesquelles les espèces qui émergent du sol vont se retrouver captifs. On a ça qui est dans la moitié sud de l'Allemagne, un peu partout pendant 30 ans. C'est absolument unique. Et là, on compte. Et là, on va prendre, on pèse sur tout ce qui est... On pèse au cours des années ce qui émerge de tout ça et ce qu'on pèse, le poids total diminue de 70% sur la période. Moi, je conduis depuis quelques années, j'ai pu constater que sur mon pare-brise, quand même, avant, on était là, on grattait sans arrêt. Il y a des choses qui venaient s'écraser sur notre pare-brise. C'est un bon indicateur ? Finalement, oui, c'est un indicateur qui est assez robuste pour l'image mentale qu'on peut se faire des populations d'insectes. C'est-à-dire qu'effectivement, comme moi, j'étais gosse, il fallait gratter. Et en plus, il y avait des taches un peu de toutes les couleurs. Il y avait du vert, du jaune, du rouge, du noir, etc. Les taches de toutes les couleurs, ça a un peu disparu. C'était les gros insectes. Il reste des petits insectes, mais ça n'a rien à voir. Il y avait quand même du liquide glace qui était spécial. Décollage des moustiques sur les pare-brise, il n'y a plus vraiment besoin. Ce déclin des insectes, tout le monde s'en fout ? Ou pour toi, il inquiète ? Alors, tout le monde s'en fout. C'est-à-dire qu'en tous les cas, il me semble que la perception générale du déclin des insectes, elle est beaucoup moins prégnante que la perception générale du déclin des grands mammifères marins, des grands mammifères terrestres, comme les léchons, le rhinocéros, etc. On s'en inquiète, on s'en préoccupe beaucoup. Les insectes, finalement, c'est un peu... Tout le monde ne s'en préoccupe pas parce que c'est assez peu perceptible et que finalement, moins gratter les pare-brise, c'est plutôt pas mal. Et puis, par exemple, si on demande à un boulanger dans Paris ce qu'il pense des populations d'insectes, il va dire que tous les septembre, au moment où les guêpes font des réserves pour le couvain et collectent beaucoup de sucre, il est emmerdé avec les guêpes qui sont sur les tartes aux framboises. Et donc, on aurait plutôt tendance à dire que les insectes, c'est plutôt une nuisance d'une manière générale. Pour avoir des framboises, il fallait bien qu'à un moment, il y ait un pollinisateur. Pas d'insectes, pollinisateurs notamment, c'est le cas où. C'est vital. Pas d'insectes, c'est vital pour la reproduction de tout un tas de plantes. Pas d'insectes, c'est vital pour le contrôle de tout un tas de ravageurs avec des dynamiques qui peuvent être exponentielles. L'image classique, c'est le truc qu'on fait en démographie quand on fait de la biologie à l'école, où on se dit si on laisse un couple de mouches se reproduire pendant un an, il y a à peu près un mètre d'épaisseur de mouche sur la surface de la planète Terre au bout d'un an. S'il n'y a personne pour les bouffer, ces mouches. S'il n'y a personne pour les boulotter. Pas d'autres mouches, pas d'autres guêpes, pas de parasites, des larves de mouches, etc. Donc en fait, pas d'insectes, c'est le chaos. Et c'est le chaos, mais avec cette définition du chaos, c'est-à-dire qu'on ne sait même pas dans quel sens il irait. Est-ce que c'est moins de bouffe ? Est-ce que c'est une pullulation de quelques espèces ravageuses ? On ne sait pas. C'est un déséquilibre chaotique. On ne saurait pas ce qu'est l'avenir. Jean-Christophe est un de ces citoyens engagés dans la science participative qui donne des renseignements précieux sur les insectes. Nous nous sommes donné rendez-vous dans le 15e arrondissement de Paris, en pleine ville, dans un jardin partagé. Il se trouve sur le toit du centre commercial de Beaugrenelle. Dès qu'il y a floraison, comme c'est le cas en ce moment, au début de printemps, Jean-Christophe vient observer les insectes pollinisateurs. Il fait ça maintenant depuis 3 ans, à raison de 50 à 100 sessions par an. Ce sont des sessions de 20 minutes, souvent à l'heure du déjeuner. Le rendez-vous a donc été fixé à ce moment-là au jardin. Moi, le micro à la main. Et Jean-Christophe, je l'aperçois avec son appareil photo en bandoulière. Bonjour Jean-Christophe. Bonjour Véronique. Vous allez nous montrer alors. C'est le début du printemps, donc ça tombe bien. Vous avez déjà vu un bourdon et tout de suite vous allez l'œil. On sent que vous êtes en éveil. Qu'est-ce qu'on peut prendre comme plan ? On peut prendre le romarin, par exemple, qui est actuellement en fleurs. On escalade un peu des petites battes de fleurs. Il fait encore un peu frais, il y a du vent. Ce n'est pas l'idéal comme condition, mais ça va quand même. En tout cas, j'ai vu qu'il y avait une abeille qui tournait. L'idée maintenant, c'est qu'on a choisi la plante, c'est de prendre son chronomètre où ça montre, de regarder quand on commence et d'arrêter après 20 minutes. Là, on voit, par exemple, des osmies, ces abeilles qui ont l'abdomen rouge, enfin, fauve rouge. Ça, c'est aussi les abeilles qu'on voit émerger au tout début du printemps. C'est les abeilles qui font leur nid dans les hôtels à insectes, souvent. Donc, à l'état adulte, elles sortent de l'hôtel à insectes et puis directement, en fait, leur vie est assez courte, donc elles butinent pendant, je ne sais pas, je pense quelques semaines. Et là, reproduction se fait aussi assez rapidement. Et puis, il s'agit, pour les femelles, de butiner, de pouvoir les nourrir, en fait, les oeufs et puis les larves qu'elle aura pondues. Il y a trois ans, ce que vous dites là, vous n'y connaissiez strictement rien ? Non, strictement rien, non. Je pense que je savais globalement différencier une mouche d'une abeille et d'une guêpe, globalement, mais vraiment, vraiment très peu. Je les ressentais moins, concrètement, parce que je les observais moins directement. Donc, une fois qu'on arrive à donner des noms à ces bestioles, ça change quand même pas mal. Une fois qu'on les reconnaît au quotidien, notre rapport est beaucoup plus étroit, beaucoup plus proche. Il y en a moins, là ? On démarre une petite session ? Oui, on y va. Donc, on déclenche les 20 minutes. On note quand même quelques données météo, donc comment est le ciel, s'il est couvert ou pas, la température et s'il y a du vent ou pas. Et une fois qu'on a récolté ces trois données-là, on y va. Par exemple, ici, on voit qu'il y a cette anthophore qui tourne autour. On attend qu'elle se pose et puis on essaie de prendre la photo. Là, il y a une osmie. L'idée, c'est de la photographier en voyant l'abeille entièrement pour qu'on puisse après la déterminer facilement. Par exemple, les antennes, ça permet de déterminer souvent s'il y a un mâle ou une femelle pour les abeilles. Les mâles ont souvent les antennes plus longues. D'accord. Donc, ça, c'est intéressant. Là, vous ne le saurez qu'en regardant la photo. Là, je le reconnais maintenant parce que je suis un peu d'habitude. Ça, c'est une osmie cornue mâle parce qu'elle tourne beaucoup en ce moment. C'est les premières qui sortent. Donc, on ne voit à peu près que ça, en gros. Voilà. Donc, une osmie mâle là. Il doit sûrement y avoir une osmie femelle qui n'est pas loin parce que souvent, on les voit ensemble. La reproduction, c'est maintenant. Donc, voilà. Si on a de la chance, on peut aussi les voir l'une sur l'autre ou l'une sur l'autre. Ça dure très peu de temps, mais ça arrive de voir ça. Voilà. Là, il y a... Effectivement. Là, je l'ai bien, effectivement. Il y a l'identification. Il y a le nombre. J'imagine que vous n'avez pas toutes les photographiées. Il ne compte que ce que vous avez photographié. On peut effectivement renseigner le nombre d'individus qu'on a vus. Là, par exemple, si je vois 3 osmies ou 4 osmies, je vais les renseigner quand je posterai mes photos parce qu'une fois qu'on a fait ces photos, après, on les trie. L'idée, c'est de prendre la plus belle photo qui représente l'espèce qu'on a vue ou les espèces qu'on a vues, et puis, c'est de les poster sur un site, le site du SPIPOL, où on va justement renseigner le nom lié à l'espèce. Parfois, on n'est pas sûr du tout, donc on fait une proposition. Et puis, il y a des valideurs qui viennent, derrière, nous dire si, oui ou non, c'est la bonne espèce. Là, il y a une abeille domestique. Apis mellifera. Donc, l'abeille est l'abeille mellifère. Donc là, on a eu le smiclornu mâle et femelle. On a eu les deux. On a eu l'abeille mellifère jusqu'à présent. L'anthophore, on l'a vue passer, mais je ne l'ai pas prise en photo, parce qu'elle va vite. Et vous êtes plus protecteur qu'avant ? Parce que, voilà, vous êtes observateur, mais protecteur aussi ? Oui. Je ne tue plus d'insectes. Avant, je pense, comme tout le monde, on entend une araignée, des moustiques, on tue. Là, je ne tue plus d'insectes. Ça, c'est typiquement un truc qui m'est venu parce que je ne participe plus aux people et que je n'ai plus envie de tuer des bestioles, d'ailleurs, dont je ne connais pas le nom, parfois qui entrent dans sa maison, dans l'appartement. On ne sait même pas ce que c'est. À la limite, parfois, si j'ai le temps, je prends un lit pour essayer de voir un peu. Je grossis un peu pour voir ce que c'est quand j'ai le temps. Mais sinon, au moins, je le saurai. C'est un jeu, en fait. C'est un grand jeu d'identifier ces animaux. Je m'appelle François Lasserre. Je suis auteur, vulgarisateur et je suis également vice-président de l'Office pour les insectes et leur environnement, qui est une association nationale de protection des insectes. Je suis également dans l'association Trace puisque je m'intéresse particulièrement à la médiation scientifique. Les insectes, ils sont extrêmement nombreux. On n'en connaît que quelques-uns, mais il y en a bien plus que ceux qu'on côtoie au quotidien. C'est sûr que les insectes, surtout pour les entomologistes, ceux qui connaissent bien les insectes, les spécialistes des insectes, ça ne veut un peu rien dire, les insectes, puisque dans les insectes, il y a des millions d'espèces et des milliards et des milliards d'individus et surtout des espèces très différentes entre un moustique et une libellule, entre un papillon et une guêpe. C'est très différent. Les insectes, ça ne veut pas dire grand-chose. Ça veut juste dire que quand vous êtes adulte, vous avez six pattes articulées et puis, en général, des ailes. C'est comme ça qu'on décrit les insectes. Dans le monde, on dit qu'on a identifié environ un million d'espèces, c'est-à-dire sur lesquelles on a mis un nom scientifique et on soupçonne entre 3, 5, 8 millions, peut-être 10 millions, peut-être plus, d'espèces d'insectes dans le monde. En tout cas, à ce jour, ce qu'on sait, c'est que ce sont les animaux les plus diversifiés, les plus nombreux. Parfois, c'est les mêmes. On déteste les tas de chenilles, par exemple, et qu'on adore les tas de papillons, mais c'est vraiment la même chose. Oui, il y a une chenille, c'est l'enfant, c'est la larve d'un papillon, tout à fait. C'est vrai qu'on peut adorer un papillon, le trouver magnifique. En fait, on oublie souvent que sa chenille, parfois, nous ennuie. Mais elles sont très, très rares, celles qui nous ennuient. C'est ça qui est le plus important. C'est qu'en fait, il y a une diversité telle des insectes qu'on dit qu'environ à peine 5 % des espèces sont embêtantes pour les humains. L'immense majorité des insectes ne nous font rien, ne nous embêtent pas, ne nous piquent pas, ne sont pas sales, et au contraire, ils permettent à nos environnements d'être en meilleure santé. Donc, si on veut exploiter, avoir une belle forêt, c'est vrai qu'il faut un certain nombre d'insectes. Par exemple, des insectes prédateurs, des insectes parasites. Il y a beaucoup de guêpes qui parasitent des insectes qui mangent nos bois, par exemple. Et si l'environnement est trop aseptisé, c'est d'ailleurs la première cause de disparition et de réaffection des insectes, si l'environnement est trop aseptisé, vous n'avez pas tous ces prédateurs, tous ces parasites qui viennent nous aider, en quelque sorte. Mais nous font peur, en fait, aussi. Ça grouille. C'est fascinant, à la fois, parce que vous dites, et même ces petits trucs qui vivent, qui s'agitent, mais pourquoi ça fait peur comme ça ? Oui. Alors, c'est vrai qu'on se fait une idée à partir d'anecdotes ou d'individus. Donc, vous êtes fait piquer une fois par une guêpe, et en fait, vous allez vous faire une image des guêpes à partir de cet individu qui vous a piqué. Mais en fait, la probabilité de se faire piquer par une guêpe, elle est infime. C'est vraiment par rapport aux millions de guêpes que vous côtoyez chaque année, elle s'est infime. Donc, notre cerveau va retenir les guêpes piques, et du coup, le jour où on vous dit « Je détruis un nid de guêpes », ça ne vous fait ni chaud ni froid, alors qu'en fait, votre cerveau devrait vous dire « Mais non, en fait, d'un point de vue des probabilités, c'est très faible. Je vais laisser ces insectes tranquilles. » Surtout que si on vous fait rentrer dans le monde des guêpes, les guêpes sont des pollinisatrices, sont des prédatrices, sont mangées par plein d'oiseaux. Donc, à la limite, il vaudrait mieux avoir des guêpes dans son jardin que des abeilles, parce qu'en plus d'être pollinisatrices, elles sont prédatrices, puisque les larves de guêpes mangent des larves. Ce que je dis est une forme de provocation, mais c'est un peu vrai. Si on est un peu rationnel, parfois, il y a des insectes qui nous semblent beaux, en fait, il vaudrait mieux les avoir dans son jardin que d'autres. Voilà. Ou un autre exemple, c'est qu'on voit parfois autour des excréments, des crottes, des mouches tournées autour. Donc, on se dit que les mouches sont sales et qu'on a mis les mouches dans la catégorie « sales », alors que les mouches sont incroyablement variées et la plupart des mouches ne vont pas sur les crottes. Et en plus, si on réfléchit bien, ces mouches qui vont sur ces crottes, elles vont poser leurs petits œufs, leurs larves, qui vont manger les crottes. Donc, ça va faire disparaître les crottes. Donc, elles sont en train de nous nettoyer nos crottes. Et en plus, la mouche, une fois qu'elle a terminé de pondre, cette mouche dite « amerde » ou cette lucilie, par exemple, va sur les fleurs butinées. Donc, les carottes, par exemple, ou le fenouil que vous mangez, c'est pollinisé par des mouches amerdes. La principale cause du déclin des insectes est la destruction des habitats dues à l'agriculture intensive et à l'utilisation de pesticides. En France, il est un lieu où ont été produites des études parmi les plus significatives sur l'écologie des milieux agricoles. Dans la zone Atelier, Plaine et Val-de-la-France, il y a eu des études sur le déclin des insectes. En France, il y a eu des études sur le déclin des insectes. En France, il y a eu des études sur le déclin des insectes. Dans la zone Atelier, Plaine et Val-de-Sèvres, à Chizé, en plein cœur de la campagne Bois-de-Vine, on analyse depuis 30 ans des trajectoires de la biodiversité et des pratiques agricoles. Pilotée par le CNRS, cet immense laboratoire à ciel ouvert couvre 45 000 hectares, exploités par 430 agriculteurs. Maïs, blé, luzerne, pois, tournesol, 35 variétés de cultures au total, dont 20% de surface en bio. Un suivi sur du temps long avec les mêmes protocoles qui se mettent en place chaque trinçant. On s'appelle le hangar Anthomo. Le chercheur Jérôme Moreau est notre guide dans cette journée triste. Là, vous avez tout le matériel du hangar Anthomo. C'est ce qui va nous servir à faire tous les prélèvements, les suivis sur les insectes pendant toute la saison de terrain qui va démarrer cette semaine. Là, on est en pleine phase de préparation des différents protocoles qui vont être implémentés après sur le terrain. Le matériel anthomologique, c'est quoi ? C'est ce qu'on appelle les bols jaunes. Les bols jaunes, ça va nous permettre pareil. Un bol jaune, c'est comme quand on mange sa soupe. C'est exactement pareil. Pareil en plastique, en polythyrène. C'est exactement pareil et ils sont jaunes parce que les insectes sont attirés par différentes couleurs, notamment le jaune. Le jaune, on va mettre ça aussi dans des cultures, des cultures bio, des cultures conventionnelles, du colza, du maïs, et on va suivre l'évolution des captures des insectes pour voir finalement la densité des insectes, si elle est plus ou moins forte dans les parcelles bio ou les parcelles conventionnelles. Il y a plein de trucs. En fait, il y a plein de protocoles différents parce qu'il y a des insectes qui marchent et qu'il faut pouvoir les capturer. Ça, c'est ce qu'on appelle des panne-trappes, des pièges barbeurs. C'est pour, par exemple, les carabes. C'est des coléoptères. Ça ressemble un peu, je ne sais pas si vous voyez, des bousillers, des choses comme ça. C'est un grand prédateur, en fait, plein de nuisibles dans les cultures. Et les carabes sont hyper importants. C'est des insectes qui marchent sur le sol. Vous mettez un piège sur le sol. C'est un trou avec un petit pot. En marchant, ils tombent dans le pot. C'est ce qu'on appelle des pièges passifs. Ils ne sont pas du tout à gérer, mais le fait de marcher, ils tombent dans ces pièges-là. Ça permet aussi de voir la densité de carabes. Je referme. Je suis Jérôme Moreau. Je suis maître de conférences à l'université de Bourgogne, à Dijon. Je fais une grosse partie de mes enseignements là-bas et une partie de ma recherche. Dans le cadre de ma recherche, je suis aussi rattaché au Centre d'études biologiques des Chisées, dans l'équipe Résilience, au sein de la zone atelier Pleine et Val-de-Salle, dans laquelle on mène des études sur l'effet de l'agriculture biologique par rapport à l'agriculture conventionnelle sur toute la chaîne trophique. Les impacts sur les insectes, les impacts sur les oiseaux, avec très souvent un focus sur l'effet des pesticides, sur tout ça. En fait, les agriculteurs, dans leurs champs, cultivent, font leur travail d'agriculteurs classiques. Et nous, on travaille avec et pour ces agriculteurs pour faire des expérimentations, pour essayer de voir comment on peut améliorer les choses en termes d'agroécologie en essayant d'éviter des pesticides, en essayant d'éviter de mettre trop d'intrants et surtout voir l'impact que ça a. Est-ce que le fait de mettre des intrants, est-ce qu'on ne peut pas se passer de pesticides en faisant autre chose, par exemple ? C'est des zones de culture et tous les pièges que vous avez vus pendant toute la saison de production de cette agriculture, donc de avril jusqu'à juillet-août, on va disposer dans toute cette zone atelier dans des designs spatials. Il y a toute une méthodologie derrière. On va poser des pièges un petit peu partout pour pouvoir recenser les évolutions, les densités des populations d'insectes et comparer ça entre différentes cultures, entre différentes pratiques agricoles, avec des cultures biologiques, mais il y a bien d'autres types d'agriculture, de l'agriculture raisonnée. On va mettre un peu moins d'intrants, mais on va quand même en mettre. Le but, c'est de comprendre quel est l'impact de l'agriculture sur les densités de population d'insectes. Pourquoi les insectes ? Les insectes, c'est la base de toute la chaîne trophique. C'est utile pour la pollinisation. Le colza peut s'auto-féconder, mais il a aussi besoin d'insectes. Des résultats ont montré que s'il est fécondé par des insectes, le rendement du colza augmente. Les insectes sont importants. Quels insectes vous regardez de plus près ? Les pollinisateurs sont très importants pour l'agriculture. Ça peut être des bourdons, ça peut être des abeilles. Vous avez les abeilles classiques que tout le monde connaît, qui sont dans les ruches, qui vont les polliniser, mais vous avez tout ou plein d'espèces d'abeilles sauvages à la pollinisation. On suit aussi tout ce qui va être insectes volants, les papillons, d'autres diptères, la grande famille des mouches. On suit aussi ce qu'on appelle les orthoptères, c'est plutôt la famille des criquets. Les criquets sont importants car c'est aussi la base de l'alimentation pour plein d'espèces d'oiseaux. On a des insectes qui ne volent pas, mais qui sont plutôt rampants, comme les carabes, qui sont des gros auxiliaires de culture car ça mange beaucoup de nuisibles. C'est important d'avoir des carabes dans son champ, par exemple pour les particuliers, car ça contrôle des populations de nuisibles. Tout ça, c'est un réseau d'interactions entre espèces d'insectes qui sont extrêmement utiles pour l'homme et pour l'agriculture. Vous comparez l'agriculture conventionnelle à l'agriculture biologique. Quelle différence voyez-vous là ? Il suffit juste de se poser. Quand vous allez dans un champ d'agriculture biologique, vous voyez des insectes qui volent, vous allez dans un champ d'agriculture conventionnelle et vous ne voyez plus rien. On a un déclin massif des insectes avec une extinction qui est extrêmement rapide. Toutes les analyses montrent cette extinction des insectes qui va de plus en plus vite et qui va poser de plus en plus de problèmes. Quand vous faites des expériences d'exclusion d'insectes où vous allez comparer le rendement d'un pied de tournesol, d'un pied de colza, on peut exclure les insectes. C'est ce qu'on appelle une bonnette, un petit filet qui va empêcher les insectes de rentrer. Pas de pollinisation. À côté, vous avez les plans où il y a la pollinisation possible avec les insectes. A la fin de la saison, vous prenez ces pieds et vous comptez la masse des grains de tournesol, des grains de colza. Vous pouvez aussi regarder la qualité de ces grains. Est-ce qu'il y a beaucoup plus de protéines ? Est-ce qu'il va vendre plus cher ? Quand c'est pollinisé, c'est de meilleure qualité. Le rendement est meilleur en termes de quantité mais aussi en termes de qualité. On voit bien que la pollinisation, ici, est un gain. C'est ce qu'on appelle le gain de la nature, l'économie de la nature. Les agriculteurs auraient tout intérêt à faire ça, à passer à l'agriculture biologique. Mais on a besoin de temps. Sur 30 ans, vos observations les plus spectaculaires, le plus notable, c'est quoi ? Les observations les plus notables, je pense que c'est vraiment là. Il suffit de se taire, d'écouter et vous n'entendez pas d'oiseau. Et ça, c'est quelque chose qui est extrêmement notable, c'est que la nature devient silencieuse parce qu'on perd les espèces qui font du bruit et on n'entend plus. C'est ce qu'on appelle le printemps silencieux. Insectes, oiseaux, c'est très lié. Oui, c'est évidemment très lié puisque tout ça est lié par ce qu'on appelle les chaînes trophiques. Pour beaucoup d'espèces d'oiseaux, il y a beaucoup d'adultes qui mangent des graines, notamment en hiver, mais pour tout ce qui est poussin, tout ce qui va naître au printemps, ils ont en général besoin d'insectes. Donc si vous avez des insectes, vous pouvez nourrir vos poussins. Si vous n'avez pas d'insectes, on ne peut pas nourrir ses poussins et donc la reproduction est cassée, les poussins meurent et les populations d'oiseaux s'effondrent. C'est exactement ce qu'on constate à l'heure actuelle avec les suivis temporels sur le long terme. On voit qu'on a des espèces qui sont inféodées au milieu agricole qui ont quasiment disparu. Donc là, vous rentrez dans l'autre partie du hangar. Oui, on est derrière là où on était tout à l'heure. La première partie, c'est la partie du coude ornitho. Ce sont vraiment les chaînes trophiques. On essaye de tout étudier dans la zone atelier pour vraiment comprendre l'impact de l'agriculture bio, l'impact de l'agriculture conventionnelle sur toute la chaîne trophique. Donc tout ça, c'est des espèces qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir et qui sont en train de s'épanouir C'est un oiseau gibier spécialiste des plaines agricoles C'est un oiseau gibier spécialiste des plaines agricoles C'est un oiseau gibier spécialiste des plaines agricoles C'est un oiseau gibier spécialiste des plaines agricoles C'est un oiseau gibier spécialiste des plaines agricoles C'est un oiseau gibier spécialiste des plaines agricoles C'est un oiseau gibier spécialiste des plaines agricoles C'est un oiseau gibier spécialiste des plaines agricoles C'est un oiseau gibier spécialiste des plaines agricoles C'est un oiseau gibier spécialiste des plaines agricoles C'est un oiseau gibier spécialiste des plaines agricoles C'est un oiseau gibier spécialiste des plaines agricoles Les poussins sont infectivores les premières semaines de leur vie Les poussins sont infectivores les premières semaines de leur vie Les poussins sont infectivores les premières semaines de leur vie Les poussins sont infectivores les premières semaines de leur vie Les poussins sont infectivores les premières semaines de leur vie Les poussins sont infectivores les premières semaines de leur vie Les poussins sont infectivores les premières semaines de leur vie Les poussins sont infectivores les premières semaines de leur vie Les poussins sont infectivores les premières semaines de leur vie Les poussins sont infectivores les premières semaines de leur vie Les poussins sont infectivores les premières semaines de leur vie Les poussins sont infectivores les premières semaines de leur vie Les poussins sont infectivores les premières semaines de leur vie Une grande diversité d'insectes Une grande diversité d'insectes Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent pas se nourrir Si ça manque, les poussins ne peuvent 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et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins J'ai récupéré et identifié des poussins Impossible de passer à côté des ravages des néonicotinoïdes, pesticides tueurs d'abeilles, les travaux de Vincent Bretagnol conduiront à leur interdiction en France en 2018. Pour ce qui est des pesticides, il y a vraiment une classe d'insecticides qui ne pouvait pas ne pas retenir notre attention, c'est les néonicotinoïdes, qui sont des insecticides systémiques qu'on transmet aux insectes via les plantes, via la sève, via le nectar, via le poison. En fait, tous les insectes qui se nourrissent un moment ou un autre de la plante consomment des néonicotinoïdes. Et pratiquement tous les insectes consomment des plantes ou des insectes qui consomment des plantes. Et donc, ces néonicotinoïdes on les retrouve dans tous les insectes et comme ils sont systémiques et qu'ils agissent à des doses extraordinairement faibles, donc il suffit de doses infinitésimales, les néonicotinoïdes agissent sur le système nerveux des insectes, ils bloquent le système nerveux des insectes et ils finissent par mourir assez rapidement. Et donc, on a mis en place des suivis des néonicotinoïdes, on s'est intéressé pour ça aux abeilles domestiques qui étaient un peu l'espèce modèle. On a mis en place des expérimentations à l'échelle des paysages en fait. Donc, on a exposé les abeilles, non pas dans des tunnels de vol comme c'était fait classiquement pour les abeilles, on a pris des ruches, des vraies ruches avec des vraies abeilles dedans et on a exposé ces animaux, non pas en leur faisant ingérer des néonicotinoïdes, en fait, on a convaincu les agriculteurs à titre expérimental de semer des parcelles de colza avec des variétés enrobées de néonics sur une partie de la zone atelier, donc des milliers d'hectares en fait au total. Donc, les ruches qui étaient au milieu de ces paysages ne pouvaient avoir accès qu'à du nectar de colza imprimé de pesticides de néonics. Et on a montré à travers cette étude en condition réelle à l'échelle des paysages que les abeilles avaient des taux de survie diminués à peu près de 20% par semaine par rapport à des abeilles qui vivaient dans des paysages indemnes. Et donc, ça a été vraiment une des raisons principales au coup d'arrêt des néonicotinoïdes en 2007 dans la loi de 2006 de protection de la nature en France. Quand on fait ce constat qu'il y a l'agriculture, on va dire, comment vous l'appelez vous, productiviste, tues les insectes et du coup, nous conduisent vers quoi ? Vers le chaos ? Vers comment ? Non, en fait, ce qui se passe, c'est que ce modèle productiviste, en fait, il a substitué tout le fonctionnement écosystémique, le fonctionnement naturel, le fonctionnement basé sur la biodiversité, il l'a substitué par des introns chimiques. On est capable aujourd'hui de fabriquer des tomates sans aucun milieu naturel. En culture hydroponique, dans les serres, on met des pieds de tomates sur de l'eau qui coule avec juste les introns qu'il faut. Sur des toits de building. Voilà, exactement, on est capable de produire sans la nature. L'erreur qu'on fait, c'est que même si techniquement cette production est possible, elle n'est pas durable d'un point de vue financier, d'un point de vue des ressources. C'est ça notre problème. Les tomates, c'est une espèce de plante à pollinisation par les insectes obligatoire et donc, dans ces serres hydroponiques de tomates, on met quand même des ruchettes de bourdon qu'on achète. C'est des élevages que les producteurs de tomates achètent pour polliniser leurs tomates. Et donc, on a à moins de polliniser à la main, ce qui est techniquement encore possible. On connaît l'exemple de la pollinisation manuelle par les humains en Chine pour ce qui est des poires ou des pommiers. Il y a la pollinisation par drone qui est en train d'être mise au point en Californie pour les amandiers ou les orangerais. Mais tout ça, ce sont des solutions qui ne sont pas durables. Il y a un calcul qui a été fait il y a quelques années, assez récent, qui a montré que si on voulait remplacer l'ensemble des abeilles domestiques par des drones pour polliniser les cultures ou les arbres fruitiers, le coût de fabrication de ces drones, c'est plusieurs milliers de fois le PIB de la planète. Donc, ce n'est juste pas envisageable. Enfin, on n'est pas dans les ordres de grandeur. L'avantage des solutions fondées sur la nature, c'est qu'elles fonctionnent et qu'elles sont gratuites. L'azote a quadruplé en prix au cours des deux dernières années. Quadruplé. Donc, les agriculteurs commencent à faire attention à l'azote. Et ils ont raison. Et vous arrivez à les convaincre, par exemple, ici ? Oui. C'est l'histoire du verre à moitié vide et à moitié plein. Le côté à moitié plein, c'est que les agriculteurs, petit à petit, en tout cas une partie d'entre eux, ceux qui rentrent dans ces expérimentations, on est quand même à plusieurs centaines d'agriculteurs au total, commencent à constater qu'effectivement, ils peuvent réduire le recours aux intrants au moins d'un tiers, voire de moitié, sans que ça change grand-chose à leur bilan en termes de rendement. Et donc, ça change beaucoup en termes de bilan économique. Le verre à moitié vide, c'est que ça va trop lentement et il n'y a pas suffisamment d'agriculteurs qui s'engagent dans ces transitions, dans ces transformations. On n'a pas beaucoup de temps devant nous. Comme les climatologues, les écologues considèrent qu'on est dans la décennie où tout doit changer. En 2030, les dés seront jetés et il faut absolument qu'on ait réussi à changer notre modèle de manière fondamentale, systémique, pour engager une trajectoire qui nous mène vers des horizons viables. On est quand même face à des risques de nature existentielle. Peu de gens s'en rendent compte, mais on voit les limites du système tous les jours et on les découvre de manière de plus en plus évidente, en fait. Mais par rapport à cette question, est-ce que les politiques, notamment les politiques publiques, les politiques nationales ou européennes, peuvent insuffler ce changement, cette transition agroécologique dont on a absolument besoin ? Je ne crois pas. Je pense que ça viendra plutôt des agriculteurs, des habitants, de leur mode d'alimentation. Et ce que j'espère de manière un peu laconique, on va dire, de la part des politiques, c'est qu'ils n'entravent pas ces transitions. Actuellement, par exemple, la PAC, c'est un véritable frein à la transition agroécologique parce qu'elle produit des subventions à des modèles agricoles qui sont aux antipodes de la transition agroécologique. Et tant que ces modèles sont largement subventionnés et le sont même plus que ces modèles alternatifs de nature agroécologique, il y a très peu de chances et même aucune chance que ça change. Donc en réalité, aujourd'hui, les politiques publiques sont plutôt des freins à la transition énergétique, agroécologique, transition de toute nature. Et donc ce qu'il faut, c'est s'organiser au niveau local, au niveau des territoires, pour essayer de contourner ces politiques publiques, finalement, plutôt néfastes, pour inventer des systèmes plus pérennes et plus durables. L'insecte, c'est l'avenir de l'homme. Un reportage de Véronique Robertot avec Anne Hibrault à la réalisation. Grand reportage, Aurélie Kieffler. L'entomologiste Philippe Grancolat, directeur de recherche au CNRS, est l'invité de ce grand reportage consacré aux insectes. Alors, j'imagine que vous partagez le diagnostic qu'on vient d'entendre. Pour préserver les insectes, il faudrait changer de modèle agricole. Mais si on prend l'exemple des bétraviers français, ils expliquent qu'ils n'ont pas de solution alternative aux néonicotinoïdes pour lutter contre les pucerons. Et donc, maintenant qu'ils n'ont plus de dérogation, ils expliquent qu'ils subissent des pertes de rendement. Donc on voit que ça ne se fait pas facilement de changer de modèle agricole. L'équation semble vraiment complexe. Oui, effectivement, l'équation est complexe. Néanmoins, notre survie en dépend. Alors, le modèle des bétraviers, c'est un modèle très particulier. Il faut savoir malgré tout que cette filière connaissait déjà la situation et son issue inévitable il y a presque une dizaine d'années. Donc, il ne s'agit pas d'une décision irrévocable qu'on prend du jour au lendemain en condamnant la disparition des entreprises entières. Ce n'est pas le cas du tout. Puis, d'autre part, sur les bétraves, il faut se rappeler qu'on est dans un système où aujourd'hui on produit avec très très peu de bénéfices des sucres dont la majeure partie va aux aliments transformés qui nuisent à notre santé. Donc, on est vraiment dans une situation où on surproduit au niveau de la planète, qu'il s'agisse de sucre de canne ou sucre de bétrave. Et pour ce faire, en fait, on plante de manière industrielle, notamment les fameuses bétraves à sucre, un système dans lequel plusieurs virus se sont introduits, les fameux virus de la jaunisse qui les rendent malades et qui les rendent impropres à la production de sucre. Et ces virus sont introduits dans un système pérenne. C'est un peu le cas de la botterie pavière avec les oiseaux élevés par milliers dans des poulaillers industriels. On a introduit un mauvais joueur dans la partie. On n'arrive plus à s'en débarrasser pour finalement produire quelque chose de piètre qualité. Évidemment, c'est compliqué. Ça veut dire que ces filières doivent changer leur orientation. Et surtout, cette transition doit être soutenue et aidée et cadrée par les pouvoirs publics. Et évidemment, les dérogations doivent, dans ces conditions, avoir une fin. On a du mal à se débarrasser des pesticides, y compris quand on le voudrait, puisqu'on en trouve même des traces loin des zones d'agriculture industrielle. Oui, on n'a rien appris des alertes qui avaient été lancées il y a quelques décennies après la Seconde Guerre mondiale, où le monde entier était pollué par des organochlorés et des organophosphorés, notamment le fameux DDT, de sinistre mémoire. Il y avait une écologue, à l'époque, célèbre pour avoir lancé un cri d'alarme, Rachel Carson, et avoir dit que le monde devenait silencieux, faute d'oiseaux, faute d'insectes. Cette situation, en fait, s'est renouvelée avec les néonicotinoïdes, qui aujourd'hui, suite à une décision de la Cour européenne de justice, sont définitivement interdits, y compris par dérogation à la loi de 2017 en France. Mais cette situation continue à perdurer dans plein de pays dans le monde. Nous-mêmes, en France, nous produisons des produits toxiques qui sont utilisés dans d'autres pays pour cultiver des fruits ou des légumes qui nous reviennent ensuite pollués sur le territoire français pour la consommation quotidienne des Français. Donc on est dans une situation, aujourd'hui, où on a bien du mal à se débarrasser de ce système, et qui, effectivement, est un système qui n'est pas durable, comme le disait mon collègue Vincent Bretagnol. Le problème n'est pas un problème même éthique. Même si on s'intéresse uniquement à l'aspect économique, l'aspect économique ne durera pas, et donc on va dans le mur, et en plus, on se pose de graves problèmes éthiques et des problèmes de santé également. Et des produits toxiques, on en retrouve aussi en vente libre dans les jardineries, dans les supermarchés, pour tout un chacun. Oui, tout à fait. Heureusement, aujourd'hui, je pense que le consommateur se rend compte que la prise de risque en utilisant de tels produits ne justifie pas leur utilisation, surtout pour une utilisation domestique, pour produire des légumes de bonne qualité dans son propre jardin. Le plaisir, c'est d'avoir de bons légumes, bien frais, et pas des légumes qui seraient pollués par l'utilisation de produits qui ne sont pas évidemment bons pour la santé à dose importante. Comment on fait dans son jardin quand on a quand même des pucerons, on a des dorifos, on a des guimasses ? Alors, ce n'est pas un insecte, mais en tout cas, on a quelques ravageurs. Qu'est-ce que vous conseillez à ce moment-là ? Il y a beaucoup de méthodes que connaissent déjà nos grands-parents ou nos arrière-grands-parents. Le but n'est pas de revenir à des pratiques nécessairement anciennes, mais il y a des méthodes toutes simples. On peut tout simplement déjà essayer, quand on a des plantes qui sont malades, de les enlever, de les brûler. Quand on a des insectes qui viennent prédater, on peut associer différentes plantes dans des cultures de manière que les antagonistes, eux-mêmes insectes, de ces insectes interviennent. On a également des solutions un peu de bon sens, par exemple pulvériser un petit peu d'eau savonneuse sur un certain nombre d'insectes. Ce sont des solutions qui sont quand même... Et ça marche. Et ça marche, et c'est bien moins dangereux. Et puis quelques fois, peut-être qu'il faut accepter de perdre un rosier ou de perdre un plant de petit poids plutôt que d'épandre un produit, une molécule en plus, qui va rester plusieurs années dans le milieu naturel. Parce que là aussi, on n'a rien appris de Rachel Carson. Aujourd'hui, on a des parcelles qui sont polluées, des parcelles de culture industrielle ou des parcelles domestiques qui sont polluées de manière très durable par des produits qui continuent à rester dans l'environnement et qui seront présents même alors qu'on ne les utilise plus. Mais alors, est-ce que tous les insectes méritent d'être réhabilités selon vous ? Parce qu'il y a quand même des moustiques porteurs de paludisme, la mouche piétée, les criquets qui ravagent les cultures en Afrique de l'Est. Bien sûr. En fait, on est dans une situation où les insectes sont essentialisés. Quand on parle des moustiques, par exemple, on va dire le moustique comme s'il n'y avait qu'une seule espèce. Bon, il y a plus de 3000 espèces de moustiques et il y en a effectivement une dizaine qui posent de très graves problèmes de santé. Et bien évidemment, cela, il faut intervenir de manière raisonnée pour arriver à limiter leur population et puis limiter l'invection des maladies et puis continuer à faire des recherches aussi sur toutes les solutions alternatives au contrôle du vecteur, le moustique, mais également les solutions de vaccination qui sur certaines maladies ne font pas l'objet de beaucoup de recherches parce que ce n'est pas très rentable pour les pays du Nord. Donc, on a vraiment évidemment besoin de contrôler les espèces vectrices. Mais à côté de ça, il faut aussi se rendre compte que chez les groupes d'organismes auxquels appartiennent ces espèces vectrices, on a beaucoup d'espèces qui sont absolument indispensables au fonctionnement des écosystèmes. La plupart des moustiques, par exemple, sont une nourriture indispensable pour des petits vertébrés comme les batraciens, les grenouilles, les crapauds ou des petits oiseaux ou des poissons. Et si on supprimait d'un coup de maguette magique tous ces moustiques, on perdrait aussi toute une partie de la biodiversité et on romperait des équilibres parce qu'après coup, bien sûr, les espèces qui ne peuvent plus se nourrir suffisamment ne peuvent pas contrôler d'autres espèces qui nous porteraient tort à nouveau. Alors, vous parlez de rupture d'équilibre. Quand on voit arriver une nouvelle espèce d'insecte à un endroit, sur un territoire où il n'était pas là, est-ce qu'à ce moment-là, on peut se permettre justement de les empêcher de se développer ou est-ce que finalement, ça veut dire que l'équilibre est d'ores et déjà rompu et qu'il va falloir faire avec ? Alors, je vais vous faire une réponse de Normand. Malheureusement, en fait, il n'y a pas de règle absolue en la matière. Il faut se rendre compte que dans un monde dans lequel les humains n'étaient pas très dominants, on avait des insectes qui se déplaçaient par eux-mêmes et qui variaient selon aussi les changements climatiques qui étaient moindres et relativement naturels. Et donc, effectivement, quand il y a des antagonistes qui arrivent, finalement, quelque part, ils se retrouvent confrontés avec d'autres espèces qui permettent une sorte d'équilibre naturel. Les populations antagonistes se contrôlent mutuellement. Il y a des fluctuations. Aujourd'hui, on est dans un système y compris dans des pays du sud où la majeure partie des espaces sont très influencés par les humains et dans lesquels il y a énormément de transports. Un nombre de transports ont augmenté de 1000% en 50 ans. Et évidemment, avec ces transports, il y a des transports d'espèces exotiques. Et là, le malheur, c'est que ces espèces arrivent dans des écosystèmes, dans des milieux où elles n'ont pas d'antagonistes naturels. Et quelquefois, ça ne fait pas grand-chose de mal, mais quelquefois, ça crée des problèmes colossaux parce que ces espèces pullulent absolument et on n'arrive pas à s'en débarrasser. Et puis, quelquefois, ça se combine aussi avec un changement climatique. Le fameux moustique-tigre en France, l'électeur de la dingue, par exemple, qui apparaît maintenant de manière... Cette maladie apparaît maintenant de manière endémique en France métropolitaine. Il peut survivre maintenant pendant l'hiver tout simplement parce qu'il y a moins de jours de gelée, de jours de froid intense pendant la mauvaise saison. Donc là, on a à la fois une espèce qui a fait de l'auto-stop, si je puis dire, qui est arrivée sur notre territoire, qui maintenant peut se développer du fait du changement climatique et est en capacité, malheureusement, de nous transmettre une maladie quand même très problématique. Et est-ce que certaines espèces identifiées sont aujourd'hui en voie de disparition ? Alors effectivement, on a des espèces qui avaient de petites aires de répartition, qui se trouvaient dans des milieux eux-mêmes très frappés par les activités humaines. Typiquement, par exemple, certaines espèces de libellules limitées à de petites zones géographiques et aux zones humides. Dans ces petites zones géographiques, comme les zones humides continuent à disparaître en France à un rythme alarmant, évidemment, on a recensé au moins trois ou quatre espèces en France d'insectes qui ont disparu de manière définitive. Bon, quand bien même elles réapparaîtraient dans quelques années, parce qu'il en resterait un couple ici ou là, on est à des nombres d'individus dans les populations qui sont tellement bas que leur survie est peu probable. Mais par ailleurs, en fait, il ne faudrait pas que ce soit l'arbre qui cache la forêt. Dans les autres populations d'insectes, dans des paysages mixtes agro-industriels, on a des baisses de densité, de nombre d'individus qui atteignent 70 à 80 %. Et là, on n'est pas forcément sur des disparitions d'espèces, mais on est tout simplement sur la disparition des services que nous rendent ces espèces dans ces milieux. Et est-ce qu'on a une idée du degré d'urgence ? Alors, le degré d'urgence, il est phénoménal. Aujourd'hui, on se soucie beaucoup des aléas climatiques, parce qu'on les voit, leur aspect est puissant. Quand on a une tempête, une sécheresse comme celle qui se produit sur l'Europe actuellement, c'est vraiment inquiétant. Et voilà, les personnes touchent du doigt ce problème. Sur la biodiversité, ça nous est beaucoup plus difficile de concevoir l'impact que ça peut réaliser. Aujourd'hui, il y a de très nombreuses cultures qui sont limitées dans leur productivité, tout simplement parce que les insectes baissent en densité. Pas seulement en Europe, mais par exemple en Amérique du Nord, il y a des revues de la littérature qui ont montré récemment qu'il y a de très nombreuses cultures qui baissent. Il y a également des sols qui deviennent moins fertiles. Donc on est dans une situation aujourd'hui où non seulement on perd en production agricole, on plafonne, et cette production est un peu hydroponique quelque part, même quand elle est dans le milieu naturel, parce que tout est rajouté, mais les espèces qui pouvaient aider en pollinisant, en recyclant la matière organique dans le sol ne sont plus là, et donc on est obligé de réintroduire tout ce que les insectes nous procuraient gratuitement. Donc on est dans une situation où on a déjà des aléas qui se produisent. Ce ne sont pas des aléas climatiques, ce sont des aléas de biodiversité qui sont parfaitement importants et significatifs. On en a d'autres, bien sûr. Je signalais par exemple les problèmes de santé avec l'apparition de la dengue endémique en France. Il y a d'autres phénomènes qu'on pourrait encore énumérer. Effectivement, on est dans une situation grave et il y a un degré d'urgence important, mais qui n'est pas pris à sa juste mesure par l'ensemble des responsables publics ou de la population. Depuis quand on n'a pas les solutions à fonder sur la nature, il y a toujours l'agriculture 2.0, des petits drones qui viendraient polliniser. Effectivement, on mesure mal à quel point autant les solutions technologiques peuvent être extraordinaires dans un certain nombre de domaines, on mesure mal à quel point dans le domaine de l'environnement, quelquefois le mieux est l'ennemi du bien. On pense pouvoir résoudre des problèmes en faisant appel à des solutions de ce type. Le malheur, en fait, c'est ce qu'on appelle leurs externalités négatives, c'est-à-dire leurs inconvénients. Quand on les comptabilise, on s'aperçoit que les inconvénients sont démesurés par rapport aux bénéfices que nous procurent ces fausses solutions d'intérêt immédiat. Et donc, comme il est dit dans le reportage, fabriquer des drones à foison, en fait, coûterait des sommes faramineuses, mais également amènerait des pollutions où ces drones sont constitués de composants électroniques, de plastique, de métal, etc., qu'il faudrait extraire. Donc, fausse bonne idée. Quelles sont les solutions ? Ce sur quoi vous travaillez ? Est-ce que vous essayez de faire comprendre aux pouvoirs publics et aux élus ? Merci. Oui, solutions fondées sur la nature, c'est tout simplement un concept qui a été mis en place par l'Union internationale de conservation de la nature. Ça veut dire tout simplement s'appuyer sur la puissance du vivant et de manière à préserver les bénéfices et pour nous et pour le reste du vivant. Typiquement, c'est ce qui a été dit dans le reportage avec l'agroécologie, par exemple, à diminuer les intrants, qu'il s'agisse des engrais qui posent des problèmes de pollution ou qu'il s'agisse des pesticides. Amener des solutions naturelles avec des antagonistes, des ennemis, des cultures, etc., c'est un peu plus compliqué. Pour une agriculture vivrière, ça vaut le coup. Il faut aussi se rappeler que l'agroécologie, c'est intéressant à condition qu'on ne produise pas des produits qui vont nourrir un bétail dont on n'a pas besoin ou permettent de fabriquer des éléments transformés qui nuisent à la santé humaine. L'idée est sur la table depuis quelques années. Maintenant, est-ce qu'il faut donner une valeur au service rendu par les insectes ? Est-ce que c'est un moyen de les protéger ? C'est un moyen de les protéger. Le défaut de la qualité, c'est que ça peut amener à une vision uniquement monétarisée de la situation, comme si tout était une question d'argent. Il faut quand même se rendre compte que tout est une question de bon sens. On a des organismes qui nous rendent service gratuitement, directement, avec un tout petit peu de précaution. On arrive à préserver leur présence et à bénéficier de leur service gratuitement. Je pense que c'est comme ça qu'il faut l'entendre. Merci Philippe Grancola. « Tout comprendre ou presque sur la biodiversité », c'est le titre du livre que vous venez d'écrire avec Claire Marc, à paraître en mai chez CNRS Éditions. L'insecte est l'avenir de l'homme. Le grand reportage de cette semaine était signé Véronique Robertot, à la réalisation Annie Brault et Brice Garcia. Et Dalia était à la technique. Merci à la documentation de Radio France. Comme chaque semaine, vous pouvez réécouter et podcaster cette émission de la rédaction sur l'appli Radio France et sur francefuture.fr.