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Charles FOURIER un génie farfelu

Charles FOURIER un génie farfelu

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Un socialiste utopiste...? Une émission de France CULTURE

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Transcription

The transcription discusses Charles Fourier, a historical figure who was seen as a social reformer and precursor to Marxism. He was a complex individual with a deep understanding of human psychology and a critique of society. Fourier's experiences in the commercial world shaped his beliefs, as he witnessed the negative impacts of capitalism and became a vocal critic of the industry. Despite working in commerce himself, he developed a strong aversion to it. Fourier's unique qualities included his passion for nature, his love for classifying and organizing, and his aptitude for mathematics and music. Overall, Fourier's ideas and contributions have been interpreted and appreciated in various ways over time, from his role as a social reformer to an advocate for individual freedom and desire. Le salon britannique qui travaillait au centre de recherche secret en matière de guerre bactériologique est mort de la fête. Cela nous ramène en plein Moyen-Âge. Et qui sont exactement les mêmes que celles dont nous fûmes combler sans en être à cas depuis le 6 juin. Le cocu de prescription, le cocu absorbé, le cocu de santé, le cocu régénérateur ou conservateur, le cocu propagandiste, le cocu sympathique, le cocu tolérant ou débonnaire, le cocu réciproque, le cocu auxiliaire ou coaducteur, le coup d'œil sur l'histoire, le recul vers une période passée ou, comme aurait dit Racine, vers un pays éloigné, vous donne des perspectives sur votre époque. Et vous permet d'y penser davantage, de voir davantage là les problèmes qui sont les mêmes et au contraire les problèmes qui interfèrent ou les solutions. Concordance des temps, Jean-Noël Jeanneney J'ai choisi de vous parler ce matin d'un personnage dont l'actualité n'est pas conjoncturelle mais durable, autant que forte. Une sorte de génie, presque toujours étrange et parfois extravagant, un homme qu'on a surchargé de ridicule et dont s'est révélé cependant peu à peu, de génération en génération et souvent à plus d'un siècle de distance, la capacité à développer d'assez stupéfiantes intuitions. Il s'agit de Charles Fourier, que nous allons tâcher de faire surgir ce matin devant vous, avec la complicité savante de Philippe Regnier, directeur de recherche au CNRS, spécialiste des socialistes, qu'on est accoutumé d'appeler utopiste. L'ambition intellectuelle de Fourier est si démesurée que personne n'a vraiment réussi, comme l'observe son biographe Jonathan Beecher, à assimiler tout à fait l'ensemble de sa doctrine. Critique de la société, il prêche un écart absolu, comme il dit, par rapport à la civilisation qui l'entoure. Psychologue, il célèbre les passions qu'il ne faut sûrement pas, pense-t-il, combattre, mais honorer au contraire et servir comme source décisive du bonheur. Prophète d'un monde harmonieux, il planifie tout, dans le phalanstère, collectivité rêvée, jusqu'aux plus menus détails. Moraliste, il est un précurseur visionnaire de toutes les exigences, à nos yeux les plus légitimes, du féminisme contemporain et un dénonciateur implacable des hypocrisies des modes de vie bourgeois. Écologiste avant l'heure, il développe une mise en cause radicale de la détérioration matérielle de la planète, selon son expression même. Il me semble, vous ne trouvez pas, que cette simple énumération donne le goût d'y aller voir de plus près, au cœur même de notre modernité. André Breton, Ode à Fourier, 1947 Fourier, je te salue du grand canyon du Colorado. Je vois l'aigle qui s'échappe de ta tête. Il tient dans ses serres le mouton de Panurge. Et le vent du souvenir et de l'avenir, dans les plumes de ses ailes, fait passer les visages de mes amis, parmi lesquels nombreux ceux qui n'ont plus ou n'ont pas encore de visage. Parce que persiste, on ne peut plus vainement à s'opposer les rétrogrades conscients, étant d'apôtres du progrès social en fait farouchement immobiliste, que tu mettais dans le même sac. Je te salue de la forêt pétrifiée, de la culture humaine, où plus rien n'est debout, mais où rôde de grandes lueurs tournoyantes, qui appellent la délivrance du feuillage et de l'oiseau, de tes doigts, par la sève des arbres en fleurs. Parce que, disposant de la pierre philosophale, tu n'as écouté que ton premier mouvement, qui était de la tendre aux hommes. Mais entre eux et toi, nul intercesseur, pas un jour qu'avec confiance tu ne l'attendisses pendant une heure dans les jardins du palais royal. Les attractions sont proportionnelles aux destinées, en foi de quoi je viens aujourd'hui vers toi. André Casalas était le lecteur de ce texte le 29 décembre 1973. Philippe Regnier, bonjour. Bonjour. J'ai choisi de commencer notre conversation avec cette ode fameuse d'André Breton à Charles Fourier, 1947. Breton est aux Etats-Unis. Je l'ai choisie parce qu'elle témoigne d'une évolution remarquable de l'idée qu'on a pu se faire de Fourier depuis le temps où il était essentiellement vu comme un réformateur social, penseur annonçant le marxisme. On avait même dit pré-marxiste, c'est une formule un peu finaliste, tel que Marx et Engels avaient pu le voir, jusqu'à cette sorte d'icône de la société permissive à partir de 1947 et surtout à partir de mai 68. En l'occurrence ici, c'est un personnage que se rallie le surréalisme. Oui, c'est important de commencer par Breton parce qu'il parle alors depuis le Nouveau Monde, face à une Europe qui est ravagée par la guerre et qui montre les horreurs de la civilisation à leur plein niveau. Breton introduit Fourier comme un antécédent du surréalisme, c'est-à-dire qu'il le réintègre dans la littérature d'une part et d'autre part, il prend en compte toute la dimension psychologique du travail de Fourier, toute la réflexion sur l'homme, sur ses passions. C'est donc la meilleure introduction que vous pouviez trouver, tout à fait. Avant Breton, il y a eu Freud qui a vu en Fourier une sorte d'apologie du désir et de la liberté sexuelle. Et après lui, Roland Barthes qui en a fait un logothèque, comme il disait, passionné de langage et de néologisme. Donc, d'entrée de jeu, un homme qui peut servir à toutes sortes de démonstrations et créer toutes sortes d'adhésions de natures violemment diverses. Rappelons-nous qui est ce personnage qui a vécu de 1772 à 1837, et dont la vie elle-même est très curieuse. On peut d'abord remarquer que c'est un franc-comtois, comme son disciple considérant, comme Proudhon. La franchementé est une terre nourricière pour le socialisme utopique. Oui, alors on met cela souvent en rapport avec les fruitières, les fameuses fruitières où l'on fabrique le comté. C'est un provincial, Fourier. Il n'arrive que tardivement à Paris, mais il connaît une province industrielle. Le commerce à Besançon, il est fils d'un marchand de drap qui veut le lancer dans la même carrière, le commerce du drap, qu'il envoie donc en apprentissage à Rouen. Rouen, c'est l'horreur industrielle, des filatures. Qu'il envoie à Lyon, c'est les canuts. Le premier problème de prolétaire que nous connaissons en France, qu'il envoie à Marseille aussi. Où il voit par exemple un jour un commerçant qui fait couler une cargaison de riz pour faire monter les prix, parce qu'il a peur que les prix baissent. Donc, son expérience, c'est celle-là. Déjà, les fameuses cargaisons de café qu'on brûlera au Brésil après la crise de 1929, les absurdités d'un précapitalisme dévergondé. Voilà, quelque chose qui paraît antinaturel, illogique. Et lui qui fait l'apprentissage du commerce, qui sera toute sa vie dans le commerce, est celui qui dénonce le plus fort le commerce. Imaginez un trader qui construit sa pensée, son existence, contre la spéculation financière. Kerviel n'est pas visiblement allé jusque-là. Il a peut-être une œuvre qui nous attend. Alors, soyons patients. Cette sorte de choc initial de l'enfant Charles Fourier, découvrant un certain nombre de turpitudes du commerce, en tout cas les jugeant comme telles, ce début de sa vie, il raconte lui-même dans un texte qui s'appelle Confidence, que je vais vous faire entendre. Il est lu par Denis Lorca. C'est tiré du pays d'ici octobre 1988. J'étais à l'âge de 7 ans, épouvanté par les menaces des prédicateurs et les rêves de chaudières bouillantes qui m'assiageaient toutes les nuits. Je résolus de me confesser d'une foule de péchés auxquels je ne comprenais rien et que je craignais d'avoir commis sans le savoir. Je pensais qu'il valait mieux en confesser quelques-uns de trop que d'en nommer aucun. Là-dessus, je classais en litanie tous ces péchés incompréhensibles pour moi, comme la fornication, et je m'en allais les débiter à l'abbé Cornier, vicaire de Saint-Pierre, église des Annonciades. On m'enseignait au catéchisme et à l'école qu'il ne fallait jamais mentir. Puis, on me conduisait au magasin pour m'y façonner de bonheur au noble métier du mensonge ou art de la vente. Choqué des tricheries et impostures que je voyais, j'allais tirer à part les marchands qui en étaient dupes et les leur révéler. L'un d'eux, dans sa plainte, eut la maladresse de me déceler, ce qui me valut une ample fessée. Mes parents, voyant que j'avais du goût pour la vérité, s'écrièrent d'un ton de réprobation, cet enfant ne vaudra jamais rien pour le commerce. En effet, je conçus pour lui une aversion secrète et je fis à sept ans le serment que fit Hannibal à neuf ans contre Rome, je jurai, une haine éternelle au commerce. On m'y enrôla, bon gré, mal gré. Paradoxal, au fond, Philippe Renier, la vie de cet homme qui a été constamment dans le commerce et qu'il a détesté. Paradoxal et on pourrait dire que fourrier, c'est une double vie. Le jour, l'apparence, c'est celle d'un boutiquier, il dit un sergent de boutique lui-même, c'est le bourgeois Louis Philippard tel qu'on l'imagine. Ce n'est pas la vie de Rimbaud a priori, la vie de fourrier. Mais en même temps, il y a des traits qui montrent que cet homme d'apparence très ordinaire est quelqu'un de tout à fait extraordinaire. Sa sœur raconte qu'enfant, il se claque murée dans sa chambre et il y collectionnait des fleurs et des pots de fleurs de toutes les couleurs, de toutes les senteurs, jusqu'au jour où on est entré et à la place d'une chambre, on a vu une sorte de jardin avec une allée, du gazon par terre, des fleurs partout. Maman fourrier n'était évidemment pas très contente parce que le plancher était complètement pourri là-dessous lorsque l'adolescent est parti faire son apprentissage dans le commerce. Écologisme en chambre, passion de classer, de numéroter, passion de la nature aussi, sentir bon les fleurs dans sa chambre. Une nomenclature, c'est un homme de nomenclature, de longue liste, de classement. Un côté naturaliste comme Balzac classe, c'est la science un peu modèle. Il y a ce côté naturaliste plus un côté mathématicien et un côté musical. Il est très bon en arithmétique et le formalisme musical lui parle immédiatement au point qu'il voudrait inventer un système de notation musicale. C'est un esprit très logique qui a sa logique à lui mais c'est un trait fondamental dans sa personnalité, son intelligence. Arrive la révolution qui le marque beaucoup. Il n'est pas révolutionnaire, c'est un socialiste, on le dira après coup. Il n'aime pas les philosophes qui sont responsables, pense-t-il, de toutes les catastrophes qui sont arrivées. Il n'aime pas la révolution qui entraîne des massacres à Lyon, qui l'emmène lui-même faire la guerre dans l'armée du Rhin. Je ne dirais pas qu'il est contre-révolutionnaire mais pour lui c'est la catastrophe, il la vit comme ça. C'est des ruines d'ailleurs contre Rousseau très largement. Contre Rousseau également, même s'il l'utilise notamment sur l'éducation. Il connaît bien les philosophes tout de même. Il est ruiné en fait par la période du directoire et les débuts du consulat. Le commerce ne marche pas bien évidemment. Il aura un héritage, c'est un homme à héritage et à certains moments on le voit vivre de ce qu'il reçoit tout simplement. En particulier lorsque il hérite de sa mère et qu'il s'en va dans le buget vivre à la campagne et là prendre la responsabilité des enfants de l'une de ses sœurs. Il a une ribambelle de neveux et nièces et c'est là qu'il observe la manière dont ces nièces vivent leurs amours, de manière cachée. La théorie de l'amour qu'il en induit est largement empruntée à l'expérience de buget et de ses nièces. Expérience à laquelle en bon ethnologue, anthropologue, il est lui-même impliqué parce qu'il est un peu amoureux de l'une de ses nièces. Je trouve que cet héritage, il le dilapide. C'est un spéculateur malheureux. A la différence de Saint-Simon, il est plus régulier dans la pratique du commerce. C'est un bon commerçant, un bon teneur de livres, comme on dit, un bon comptable. On peut dire qu'il est capable de gagner sa vie, mais on ne peut pas dire qu'il fasse fortune. Non, ce n'est pas le cas, ça ne l'intéresse pas. D'ailleurs, il mourra à l'âge de 65 ans, assez isolé, sauf de quelques disciples, un vieux garçon, comme on disait à l'époque, au palais royal, où il passait pour un original qui fréquentait les lieux, d'où quelques écritures de ses disciples sur le fou du palais royal. Attendant un mécène. Attendant un mécène, bien entendu, qui lui permettrait de mettre en application son utopie. Et notamment cette création de son imagination qui s'appelle le phalanstère. Le phalanstère, d'où vient d'ailleurs l'expression phalanstère ? Du grec phalanx, la phalange d'Alexandre des Macédoines. Mais le côté militaire est une fausse piste en réalité. Le phalanstère, c'est un début de société utopique, c'est un lieu utopique, un immense bâtiment, continu, plus grand que le château de Versailles, une espèce de petite ville, de petite cité idéale qui se caractérise par le fait qu'on peut y circuler été comme hiver dans des galeries couvertes. Ce qui met à l'abri du froid l'hiver et du chaud l'été. L'hiver, ça permet d'aller à l'opéra ou au spectacle sans revêtir de grands manteaux et sans avoir froid. Ça permet aussi d'aller directement de chez soi à son travail et comme son travail est attrayant, il n'y a pas d'incompatibilité entre le fait d'habiter là où on travaille, au contraire. Donc c'est quelque chose qui s'autosuffit d'une certaine manière et c'est un lieu de bonheur. L'architecture est très présente dans la réflexion de tous ces socialistes utopiques de la première moitié du 19e siècle et votre phalanstère tel que vous le décrivez peut annoncer certaines de nos constructions d'aujourd'hui avec ces immenses bâtiments des architectes modernes où on peut effectivement vivre comme à l'intérieur d'une ville mais sous un toit. On peut penser à Le Corbusier par exemple mais évidemment les HLM sont la caricature de ce que voulait Fourier qui réagissait en réalité contre la ville de son époque, la ville industrielle. Le Lyon avec ses rues très étroites où l'air ne passait pas, malsaine, où les ouvriers vivaient entassés dans des appartements surpeuplés où les rues étaient transformées en égouts. Voilà ce contre quoi il réagit et le phalanstère au contraire c'est un urbanisme heureux. Ce qui le préoccupe d'abord c'est de mettre les passions au service de l'organisation sociale et je crois qu'on peut dire que c'est peut-être le cœur même d'une doctrine si foisonnante et qui est expliquée par lui de façon souvent si désordonnée l'idée que bien loin de combattre les passions comme est en train de le faire de plus en plus la civilisation bourgeoise il faut les accepter, il faut les valoriser et il faut s'en servir au profit d'une organisation sociale plus harmonieuse et du bonheur des hommes. Est-ce que vous pouvez nous expliquer cela Philippe Reynier ? La tradition des philosophes c'est au contraire de dire que les passions sont le mal par excellence et qu'il faut les maîtriser, les contrôler. Fourier et Carr Absolu prend le contre-pied exact et explique effectivement que les passions bien organisées peuvent être le moteur de la société et une source de bonheur. Au contraire, le mal social, le malheur vient de la répression des passions. Donc il y a chez lui une mathématique des passions ça paraît fou bien entendu les noms qu'il leur donne sont des noms de fantaisie, des noms poétiques mais derrière la nomenclature, derrière la classification derrière les faux calculs Il y a effectivement une anthropologie, une psychologie à l'époque où ces sciences, il faut le dire, tout de même n'existent pas Fourier montre qu'elles sont indispensables il fait en même temps déjà de l'antipsychiatrie c'est-à-dire qu'il prend en compte tout ce qui est déviance tout ce qui paraît anormal pour montrer au contraire que ça peut être une source de bonheur si c'est bien utilisé. Il y a chez lui une fascination des recherches de Newton et de ses disciples, l'idée qu'on peut transposer ses recherches et ses découvertes dans l'ordre psychologique il parle de l'attraction passionnée, d'être le Newton des passions L'attraction passionnelle, c'est l'époque où Newton est le grand modèle comme Einstein l'est pour le XXe siècle Il y a, selon Fourier, trois passions la cabaliste, la composite, la papillane La cabaliste, c'est la passion qui fait le charme des cours royaux et en même temps le charme du commerce, l'intérêt du commerce parce qu'il ne dit pas tout de même que du mal du commerce C'est aussi la compétition de la cabaliste, l'affrontement le désir de l'emporter sur l'autre Oui, le désir de l'emporter sur l'autre le désir de réussir une intrigue ce qui nous occupe tous les jours dans nos métiers Comment va-t-on passer devant l'autre ? Comment va-t-on être meilleur ? Comment va-t-on contourner l'obstacle ? Comment va-t-on entreprendre ? C'est ça la cabaliste, c'est la passion industrielle par excellence La composite, c'est le besoin de goûter à la fois deux jouissances l'une sensuelle, l'autre spirituelle Le plus bel exemple, c'est bien entendu l'amour qui est à la fois la chose la plus sensuelle qui soit et qui ne présente pas un intérêt formidable s'il n'y a pas en même temps l'investissement spirituel Il y a aussi l'idée que pour être heureux dans le travail et être très partisan du travail équilibré il faut combiner les efforts intellectuels et les efforts matériels le métier concret de l'artisan et d'autre part l'intelligence et la culture abstraite tout l'art de l'industrie selon Fourier c'est de rendre le travail attrayant intellectuel bricoleur, ça existe intellectuel bricoleur, et bien ça existe et il en donne un exemple, c'est Louis XVI Louis XVI est un héros positif pour lui et oui, parce qu'il était serrurier et voilà, et il y prenait un grand plaisir et on la papillonne finalement alors la papillonne, c'est le besoin de passer fréquemment à un nouvel enthousiasme avec option de plaisir parce que lorsqu'on travaille un peu longtemps lorsqu'on trouve son plaisir dans l'amour dans le travail attrayant au bout d'une heure trente, calcul Fourier on fatigue un peu et donc on a besoin de passer à autre chose pour renouveler précisément ce plaisir de la composite et donc la papillonne est la passion qui va nous inciter à changer je dois encore nommer une autre passion et là on tire plus du côté du socialisme cette passion c'est l'unitéisme c'est la passion, je dirais, de la philanthropie générale et c'est celle qui est la passion motrice de Fourier aussi c'est-à-dire que c'est ce qui fait qu'il écrit qu'il accumule des papiers dans sa chambre, un peu partout une masse de papiers où il fait de la théorie sociale je voudrais vous faire entendre une archive qui a conservé le commentaire de Roland Barthes il dialogue avec Gilles Lapouge sur Fourier auquel il s'est beaucoup intéressé il évoque la question justement du plaisir chez Fourier vous allez voir que cela sonne également assez moderne mais concrètement, si vous voulez, presque dans la vie pratique dans la vie quotidienne, comment Fourier s'y prend-il pour assurer l'expression de ce plaisir dans la mesure où il est très conscient de la variété des plaisirs je crois qu'il s'amuse à faire... le mot n'est pas péjoratif il dresse des listes de différents plaisirs par exemple des plaisirs bizarres il y a des amateurs de vieilles poules il y a les spécialistes des choses beurrées il y a les manges vilainis les manges vilainis c'est quoi ? enfin il n'en a trouvé qu'un dans toute l'histoire c'est l'astronome Lalande qui paraît-il éprouver un plaisir intense à manger des vilains insectes comme les araignées mais je crois alors qu'aujourd'hui il y a des adeptes des manges vilainis parce qu'à New York il y a des restaurants dans lesquels on sert précisément des serpents des araignées grillées, etc. eh bien voilà Fourier était précurseur sur ce plan-là absolument eh bien pour répondre à votre question c'est-à-dire comment, disons, accomplir ou réaliser le plaisir à l'échelle humaine à l'échelle sociétaire ou sociale il faut évidemment remonter à l'idée que Fourier se fait, disons, de la psychologie à la psychologie fouriériste c'est-à-dire à ce qu'on pourrait appeler le structuralisme le mot, je crois, n'est pas de trop ici le structuralisme des passions qui est mis en œuvre par Fourier pour Fourier, les passions il faut entendre d'abord par passion disons, les affects, les pulsions il ne s'agit pas seulement de la passion amoureuse, bien entendu les affects, les pulsions, les désirs et même les manies il faut aller très loin Fourier défend ce que nous appelons la manie l'investissement maniaque dans un objet et dans le désir de cet objet il veut dire par là que la notion de normalité doit être supprimée exactement, exactement toutes les manies, quelles qu'elles soient c'est-à-dire tous les goûts, quels qu'ils soient doivent être reconnus et le seul problème n'est pas du tout de les censurer ou de les sublimer mais de les intégrer très optimiste le problème fouriériste est un problème d'intégration alors, Philippe Reynier ça nous conduit à une réflexion sur ce que Fourier a pu provoquer de concret je veux dire que beaucoup de ses contemporains ont pensé que c'était certes un personnage plein d'imagination mais tellement loin des réalités avec ce qu'il y a de farfelu dans ce qu'il évoque par exemple le fait qu'un jour le soleil on pourra l'habiter on aura des archibras au milieu du thorax ce sera commode d'avoir une troisième main ou bien que la mer deviendra une limonade universelle tout cela éloigne du sentiment d'un minimum de sérieux Béranger par exemple le grand chansonnier Béranger disait de Fourier il est bien certainement un génie prodigieux mais il aime plus son système que l'humanité aussi l'orgueil l'a-t-il rendu rebutant et inintelligible et sans quelques jeunes gens qui ont dégrossi ses livres ce serait fâcheux car il y a merveille à voir l'enchaînement du monde qu'il a créé à lui seul ce monde qu'il a créé il a souhaité passionnément qu'il s'incarne dans quelques tentatives qui étaient destinées à faire exemple et être ensuite imité de son vivant Fourier a eu à la fois le plaisir et le regret de voir le travail commencer de mise en place de son utopie ce fut dans la région parisienne à Condé-sur-Vègre tout près de la forêt de Rambouillet ses disciples plus exactement avaient trouvé un député médecin propriétaire et un agronome qui ont cédé à peu près 500 hectares à une colonie sociétaire donc on a fait venir des paysans de Lorraine, de Franche-Comté de Provence, des forgerons et on a commencé à construire on a construit un début de phalanctère dans une briquetterie qui avait été aménagée tout exprès mais cette forme de colonisation intérieure s'attaquait à des terres sablonneuses où précisément on pouvait rien faire pousser et donc il y a eu beaucoup d'investissement beaucoup de pertes et pour très peu de résultats simplement les bâtiments demeurent et aujourd'hui encore existe une colonie sociétaire, je vous recommande d'ailleurs d'aller voir le site, vous tapez Condez sur Vèvres sur Google et vous voyez un début de phalanctère qui existe toujours et dont les propriétaires ne sont pas vraiment des propriétaires, ce sont des copropriétaires, ils sont transformés en société civile immobilière en ménage sociétaire comme ils disent en ce sens qu'ils mangent, très important chez Fourrier, en commun, ils font des repas en commun et il y a une grande prêtresse je plaisante bien entendu mais c'est le vocabulaire de Fourrier qui organise les repas, les menus de manière tournante tous les ans vous plaisantez mais il faut plaisanter à propos de Fourrier et ce qu'il avait de l'humour, je crois que c'est Pascal Bruckner qui disait qu'il était le Buster Keaton de la philosophie donc en fait il avait un sens du cocasse profondément ancré mais qu'il le dissimulait tellement passionnément, il est très drôle dans ses textes et paraît-il, il faisait rire, il était capable de faire des imitations y compris d'animaux sa réputation c'est qu'il ne riait jamais donc Buster Keaton d'ailleurs quelqu'un a dit, je crois que c'est Baudelaire le sage ne rit qu'en tremblant et bien voilà, donc il était très sage et cette manière comme au judo en quelque sorte de tirer profit des patients et notamment des vices pour une meilleure organisation c'est un élément central de sa doctrine ce tableau des vices qu'il évoque, les vices il les déteste et en même temps il essaye de les subvertir ce tableau des vices c'est un extrait d'un de ses livres lu par Michel Bouquet le 18 juin 1975 tableau des vices premièrement les amours vénaux il en est de beaucoup d'espèces la vénalité en amour ne se borne pas aux filles du bazar combien d'hommes et femmes de haut par âge sont enclins à ce genre de corruption quant au peuple sa vénalité en amour n'est pas un mystère on en connait même les tarifs comme ceux des prix courants de la bourse et faut-il s'en étonner quand on voit des tarifs établis sur des vertus de plus fort calibre comme celles des représentants d'une nation deuxièmement les amours secrètes c'est encore une quirielle des plus volumineuses j'en abandonne le compte aux statisticiens ils en rempliront pour la seule ville de Paris ditaume aussi épais que l'almanach royal tout ce manège pourtant est violation des lois morales civiles et religieuses quelle insubordination dans ce monde galant quelle rébellion à la morale douce et pure et comment à l'aspect de tant d'infractions notoires ou secrètes peut-on tarder à reconnaître ou que le régime des amours est organisé à contresens des convenances de la vérité et de la morale ou que si un tel régime est inséparable de la civilisation cette société est l'antipode de la morale et de la vérité troisièmement les mœurs du petit monde et surtout de la catégorie nommée petite bourgeoise, boutiquière, grisette etc. dans le mariage une classe de femmes entièrement libres surtout dans les grandes villes elles ont des amants affichés à la barbe de père et mère elles en ont à rechanger en toute occasion tant connues qu'inconnues enfin elles jouissent à profusion de ce qui est refusé aux demoiselles d'un rang supérieur elles passent leur jeunesse à voltiger d'homme en homme elles n'en sont que plus intelligentes au travail et plus habiles à empaumer quelques innocents qui les épousent quand elles sont sur leur tour cette classe est par le fait émancipée aussi bien que s'il existait pleine liberté en amour et pourtant la dite classe ouvertement dégagée du frein des lois civiles religieuses et morales forme moitié de la population féminine des grandes villes où les saines doctrines de la morale douce et pure sont prodiguées au peuple en fait, le petit monde je m'abstiens de citer les soubrettes et chambrières qui sont censées n'avoir pas connaissance des lois de continence du moins agissent-elles comme si elles n'en avaient jamais oui parlé bien qu'elles soient comme les petites bourgeoises assidues au prône où on leur enseigne ses préceptes quatrièmement les mœurs du grand monde où classe des gens comme il faut qui se dispensent des lois morales tout en les protégeant comme bonnes à contenir le petit peuple chez les gens comme il faut le mari a ses maîtresses connues et la dame ses amants connus c'est ce qu'on appelle savoir vivre le savoir vivre, Philippe Regnier je voudrais enseigner un autre savoir vivre à propos de ces mêmes vices dont il fait un tableau aussi sévère un autre savoir vivre il est très critique envers ce qu'on appelle à l'époque la civilisation c'est le grand mot notamment de Guizot l'éternel président du conseil de Louis Philippe et il préfère qu'on laisse s'exprimer par la nature c'est pourquoi le mariage lui paraît une de ces règles qui aboutissent à l'effet contraire du but recherché le mariage organise l'adultère du mari comme de la femme la servitude de la femme il détruit la jeunesse des filles qui sont élevées pour le mariage il est source finalement aussi de prostitution c'est la compensation obligatoire c'est quelque chose qu'il faut absolument détruire et il dit cela à l'époque où l'on rétablit le mariage dans le code civil sans la possibilité du divorce donc il prend là aussi exactement le contre-pied de l'évolution civilisée l'imbécile civilisation n'a su imaginer que le dernier des liens le lien forcé, celui du couple comment un siècle qui eut l'audace de renverser les trônes et les hôtels a-t-il fléchi si servilement devant les préjugés amoureux qui n'arrangent même pas les hommes fin de citation et en même temps cette critique du mariage a été vue à l'époque comme extrêmement troublante à telle ancienne qu'on a publié les 5 cahiers de son manuscrit le nouveau monde amoureux qu'extrêmement tard jusqu'en 1967 à la veille de mai 68 Proudhon lui-même était horrifié par la lubricité du manuscrit dont il avait eu connaissance c'était absolument impubliable les disciples de Fourier étaient instruits par la mésaventure des Saint-Simoniens qui avaient repris quelques idées de Fourier les avaient publiées, les avaient assumées et s'étaient retrouvés devant un jury d'assises et donc ils étaient avertis il fallait que le socialisme se taise sur cette question ça ne paraissait effectivement que de manière épisodique résurgente censurée le plus souvent y compris par les disciples le moment où précisément les nouvelles règles de la bourgeoisie avec de la rigueur et pas mal d'hypocrisie s'imposent pour au moins 100 ans je veux dire sous la monarchie de Juillet le moment où Fourier peut écrire Comment a-t-on pu penser que Dieu n'est destiné l'amour qu'à être l'agent d'un lien tyrannique appelé mariage Quelle honte ce serait pour Dieu s'il n'avait inventé la plus belle des passions que pour aboutir à un résultat aussi méprisable s'il voyait toutes nos familles recomposées d'aujourd'hui et le fait qu'il y a tant de divorce par rapport au mariage, il se dirait que peut-être on a progressé vers cette prise de conscience ce qui est effectivement étonnant c'est à quel point l'utopie de Fourier entre dans les mœurs bien entendu on se reporte ensuite au texte et on voit qu'on a encore un peu de retard alors il y a un texte extrêmement fameux bien sûr auquel il faut s'arrêter un instant et ça vous me direz vous même Philippe Regnier si l'actualité vous en frappe c'est la hiérarchie du cocuage il s'agit d'une description en quelques lignes de 75 types de cocus il y a le cocu en herbe, le cocu imaginaire, le cocu chanfaron le cocu goguenard ou sympathique tolérant ou encore le cocu glaneur c'est celui qui vient humblement prendre sa part au gâteau et courtise chaudement sa chère moitié pour obtenir d'elle ce qu'elle accorde à tant d'autres après qui il vient modestement glaner le cocu sordide je ne donnerai pas toutes les définitions le cocu sordide est quant à lui un harpagon qui ne veut pas fournir à la toilette de sa femme, l'oblige à écouter des offres généreuses, tire encore partie du galant qui entretient sa femme et se fait illusion sur cette intrigue par le double avantage qu'il y trouve alors la hiérarchie du cocuage c'est un manuscrit qui a été sorti par les disciples sous le prince président Napoléon III quel choc ! ça n'avait pas une publicité telle que ça puisse inquiéter les bonnes mœurs de l'époque mais il est évident que c'était le genre de choses qui ne plaisait pas beaucoup à l'église si on lit le titre complet le titre complet c'est hiérarchie du cocuage disposée progressivement en classe genre et espèce en carré dédoublé par 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 6, 5, 4, 3, 2, 1 vous avez tout fourni dans un titre pareil il y a une mathématique c'est quelque chose qui peut empêcher de lire mais en même temps une fois qu'on a dépassé et qu'on ne cherche pas à y voir une exactitude scientifique au sens actuel du mot, le contenu en revanche se déploie beaucoup plus facilement et on voit derrière il explique d'ailleurs que les hommes et les femmes partagent le privilège du cocuage signe éclatant des dévergondages en réalité d'une société non pas qu'il jette un regard moral sur le cocuage mais il y voit un signe d'un dysfonctionnement il explique que les femmes sont bien plus cocues que les hommes et si le mari en porte d'aussi haute entendez les cornes que les bois du cerf on peut dire que celle de la femme est céleste à la hauteur des branches d'arbres ça fait toujours rire et en même temps il décrit une pathologie sociale typique de la civilisation cela nous conduit directement à ce qu'on peut appeler le féminisme de Charles Fourier qui lui est extrêmement moderne ce qui ne semble pas avérer qu'il aurait inventé le mot féministe en tout cas il s'en préoccupe et il ne cesse pas de redire qu'un des défauts majeurs de la société de son temps c'est de situer la femme dans une position inférieure écoutez ce second extrait lu par Michel Bouquet vers la liberté en amour en thèse générale les progrès sociaux s'opèrent en raison du progrès des femmes vers la liberté et les décadences d'ordre social s'opèrent en raison du décroissement de la liberté des femmes l'extension des privilèges des femmes est le principe général de tout progrès social je voudrais insister sur le fait qu'il s'agit là d'une véritable théorie scientifique c'est à dire qu'il pose ça comme un théorème plus les femmes sont libres plus la société elle-même est libre plus tout le monde est libre c'est une sociologie, c'est une science sociale ce serait pas mal de temps en temps que nos sciences sociales intègrent ce genre de théorème qui évidemment pose des normes mais en même temps comprennent des choses fondamentales prenez un exemple très bête le bal, l'institution du bal le bal où on conduit la jeune fille Fourrier est tout à fait opposé à ça il explique que le code du bal est d'une misogynie absolue voilà des femmes qu'on conduit au milieu d'une foule d'hommes sous le regard de leur mère bien entendu le but étant de les marier et qui ne peuvent rien choisir quelqu'un se présente à elles elles ont le choix elles peuvent refuser de danser mais alors là elles s'ennuient toute la soirée et si elles acceptent quelqu'un elles sont obligées à la suite d'en accepter une demi douzaine pour lesquelles elles n'ont aucun intérêt elles ne choisissent rien la vraie règle selon Fourrier ça devrait être leur liberté de choix la liberté des femmes de choisir les hommes qui les attirent et d'en changer comme les hommes eux-mêmes pendant une bonne partie de leur vie tout à fait, selon une typologie qui est la même que celle des hommes certaines femmes pourront choisir de vivre avec un même homme pendant un certain temps puis d'en changer tout en se montrant fidèles pendant un certain temps d'autres préféreront comme les hommes avoir plusieurs amants en même temps mais elles le feront dans la transparence et c'est ça qui fera toute la différence c'est-à-dire qu'il n'y aura pas la même tromperie que Fourrier observe dans le commerce le choix de mon chapeau c'est différent et c'est pour cela qu'il m'en faut 200 par an mon petit chapeau blanc je le mets pour Fernand mon petit chapeau vert je le mets pour Albert mon petit chapeau gris c'est pour mon Henri mon petit chapeau noir c'est pour mon Edouard j'en ai à trois c'est pour mon Léon et mon chapeau tulle c'est pour Théodule j'ai envie qu'il y a un petit trésor j'en ai des petits carousels pour mon Pierrot mais quand je sors avec Victor je mets le grand tout en cuisson j'en ai un tout petit extrêmement gentil avec des glaïons je le mets quand je sors seul sans en avoir l'air celui que je préfère que je garde pour Albert dès qu'un homme m'a séduite je me prête assez d'argent et puis je cours chez ma modiste afin d'y cacher mon front et j'en connais mon déshonneur encore tout chaud rien qu'en regardant la couleur de mon chapeau mon petit chapeau blanc je le mets pour Pernod mon petit chapeau vert je le mets pour Albert mon petit chapeau gris je le mets pour Henri mon petit chapeau noir je le mets pour Edouard j'en ai un à trois c'est pour mon Eloi celui de chez Lewis c'est pour mon Maurice mon chapeau marron c'est pour mon Léon et mon chapeau tulle et quand je sors avec du temps je mets le grand tout en du sang j'en ai un tout petit c'est pour mon Jean-Pi avec des glaïeules je le mets quand je sors seul sans en avoir l'air celui que je préfère c'est mon chapeau vert tout vert que je garde pour Albert je ne sais pas Philippe Rényé si vous jugerez que Mireille qui interprète ici une chanson de Jean Daim en 1933, si Mireille est une disciple de Charles Fourier le texte à l'évidence convient tout à fait on a une classification un coquillage organisé mais en même temps un aveu, la femme parle elle dit ce qu'elle aime et là on n'est plus dans le coquillage on est dans l'organisation de la liberté amoureuse on pourrait faire en vérité une anthologie des textes de Fourier qui sonnent tellement justes et actuelles du point de vue du féminisme contemporain quand il dit par exemple en s'adressant aux hommes vous sexes oppresseurs ne surpasseriez-vous pas les défauts reprochés aux femmes si une éducation servile vous formait comme elle et pour ramper devant un maître que le hasard vous donnerait oui, alors je vais faire contre Fourier je vais procéder un peu par écart en vous disant que Fourier s'occupe aussi des hommes et qu'il illustre dites civilisés qu'il illustre par l'exemple du canard le pauvre canard qui a une extinction de voix tellement il est dominé par la canne une fois qu'il s'est marié avec la canne cette mégère qui cancanne bien plus fort que lui qui bat des ailes autour de lui alors qu'il croyait trouver le repos dans le mariage le pauvre canard regrette le mariage il a fait tout intérêt à ce qu'il n'y ait pas de mariage et à ne pas imposer cette servitude à la mégère il en souffre lui aussi la canne installée dans cette prison se revanche en direction du canard c'est ça l'idée la conséquence, on revient au théorème l'homme ne peut être heureux que si la femme est libre puis un autre domaine dont il faut parler c'est l'écologie il y a là une modernité de fourrier la préoccupation devant la destruction de la planète qui est tout à fait surprenante il est le seul socialiste utopique à prendre en compte ce problème les simoniens veulent abolir l'exploitation de l'homme par l'homme c'est leur formule mais ils la remplacent par l'exploitation du globe alors que ce soit une exploitation raisonnée c'est une chose mais ils n'ont aucune idée des dégâts que peut produire l'industrie, que peut produire la science mal utilisée sur la planète ils s'inquiètent de l'avoir déjà usé comme un savon ils s'inquiètent et il a cette idée tout à fait actuelle aujourd'hui vous savez, on dit qu'il y a des facteurs anthropiques de dégradation de la planète et il dit que l'homme est coopérateur avec Dieu du destin de la planète c'est à dire que ce que fait l'homme influe grandement sur la planète idée folle à l'époque absolument où la grande science et l'astronomie on n'imagine pas une seconde que l'homme puisse avoir un effet sur le cours des planètes eh bien Fourier oui, lui, il le pense il écrit le climat de France est devenu méconnaissable depuis un demi-siècle et si ce mal faisait les mêmes progrès pendant un autre demi-siècle on peut dire sans exagération que cette contrée autrefois surnommée la belle France deviendrait un rude et âpre climat très pauvre et désagréable à habiter les saisons semblent travesties ramenant l'hiver à l'époque du printemps et tombant dans des excès continuels sans transition ménagée la cabale m'entraînant je vais jouer citation contre citation j'en arrête jamais et vous dire un peu ce qu'il dit des forêts et de la loi qui permettrait donc à des propriétaires individuels de s'emparer des forêts domaniales et royales pour les exploiter et donc couper, couper, couper pour le profit eh bien si ça se passait ainsi le pays dépourvu de bois son industrie serait ruinée et sa température bouleversée par le seul ravage des forêts les vents froids et les orages domineraient tellement que les vignobles ne pourraient plus produire ainsi qu'il est arrivé des oliviers dans le milieu de France depuis que la destruction des forêts a changé la température plus la rareté des bois se ferait sentir plus la patte du gain et la patience de jouir exciterait à la coupe des forêts excitantes et aggraverait le désordre climatérique au point de réduire au tiers ou à moitié le produit total du territoire et de ses manufactures il dit que l'industrie peut devenir contre-industrie elle peut avoir des effets qui réduisent la croissance la chose est d'autant plus remarquable qu'il écrit à l'aube de la véritable révolution industrielle dans un monde qui n'est pas encore marqué profondément par l'influence de la machine puisque je le rappelle, il meurt en 1837 il a tout de même l'expérience des villes industrielles je parlais de Rouen et de Lyon et il est beaucoup plus critique que mes chers syncymoniens envers l'industrie il observe en citant un propriétaire de la vallée de Montmorency il observe que l'eau risque de manquer pour la culture des cerisiers réputés de la vallée la diminution des eaux qui fertilisait notre vallée de Montmorency ne tardera pas à lui faire perdre les épithètes de belles, de riches que lui ont prodigué les Tressans, les Jean-Jacques, etc le cerisier ornement de notre vallée qui sur notre sol ne demande que de l'eau pour engrais, ne jouira bientôt plus de cette humidité bienfaisante à laquelle ne peut suppléer l'industrie du propriétaire le soucis actuel de l'eau devenue une substance rare aux yeux de nos contemporains, il l'a déjà Charles Fourier en même temps, il nous aide à prendre des distances envers quelques lieux communs de notre écologie moderne un exemple, il n'est pas du tout pour l'inaction sur la planète son remède à lui aboutirait à faire fondre l'épaule, ça lui plaît beaucoup et ce qu'il appelle un échauffement il le voit de manière tout à fait positive donc il serait content de ce que nous constatons nous avec chagrin du côté d'épaule de notre planète absolument, il imagine qu'il ferait la même température à Paris que dans le Midi de la France et il n'y voit que des avantages en réalité, il pense que la planète est trop froide parce que la lune est un astre mort et donc tout notre problème viendrait non seulement du mal social qui retarde l'amélioration possible mais de ce mal naturel d'une lune pourrissante, pudride qui nous envoie des arômes méphitiques comme il dit par conséquent si l'homme prend en main sa planète il va aider la nature à se rétablir d'elle-même et donc à se réchauffer à devenir plus souriante pour l'homme et une des conséquences sera que les vents devront devenir plus réguliers et l'on pourra voyager sur les mers avec la même sécurité que sur les terres il n'y aura plus de désordre de tempête il est intéressant d'observer comment il peut n'avoir pas dans cette affaire exactement les mêmes valeurs et les mêmes craintes que nous et je crois que relire Fourier ça nous aide à prendre notre distance envers une certaine doxa écologique qui ne nous aide pas en réalité à améliorer notre environnement pour appliquer la même réflexion j'imagine un autre domaine dont il s'est préoccupé c'est à dire la question de la médecine la médecine douce et ce qu'il appelle aussi du point de vue de la manière de s'alimenter la gastrosophie je voudrais que vous me parliez de cela non sans en écouter d'abord une interview du proviseur du lycée de Poligny qui réfléchit à ce que c'est que la modernité d'une gastrosophie la sagesse de l'estomac c'est un extrait de l'émission Le Pays d'ici le 22 octobre 1993 un zéphyr de Saint Jacques sauce cardinale où est le cardinal ? c'est une assiette c'est une assiette très épurée où le produit important est mis au centre en valeur et tout autour est fait pour que ce produit central soit mis en valeur donc là si vous faites la moindre erreur de présentation c'est fichu on va goûter la sauce d'abord et puis on va sortir cette sauce sans doute de la salade ou du chou et puis à la Saint Jacques pour vous cette gastrosophie c'est bien plus qu'un repas et qu'un plat dans votre assiette c'est bien plus que ça c'est aller à la rencontre de celui qui l'a créé et aller à la rencontre de celui qui est à côté de vous qui le déguste c'est une éducation à l'attention et à l'écoute donc ça va beaucoup plus loin que la simple description sensorielle et technique d'un plat c'est une écoute de l'autre et je crois qu'il faut prendre la gastrosophie également dans cette dimension voilà pour moi c'est une éthique je le conçois comme ça et c'est ce que nous essayons de faire partager aux élèves et les élèves qui ont cette formation ont une autre approche de la communication et de la relation il y a là aussi une marque de son écriture et de sa façon de penser il invente un mot nouveau je le fais un petit peu en pensant à Rabelais j'imagine à la gastro-latterie et à tous les développements rabelaisiens sur le sujet mais en même temps il propose une forme de sagesse et une forme d'organisation autour de cette passion fondamentale qui est l'appétit il n'est pas question pour lui de dénoncer la gourmandise comme l'un des péchés capitaux je crois qu'il n'y a que la paresse qu'il dénonce comme tel ce qu'il dénonce c'est le repas civilisé fait pour l'homme le dimanche on commence par une soupe au chou pour le mâle qui arrose ça avec du vin on suit par un bouilli de bœuf la femme et les enfants n'en peuvent plus on enchaîne avec une tête de veau et arrive enfin seulement le dessert qui intéresse véritablement les enfants et les femmes il faut renverser tout ça commencer par le dessert le sucré sagesse de la gastronomie il faut retrouver le goût des bons produits dans l'état d'association chaque canton ne produira que des denrées exquises aussi voit-on chez nous des denrées de mauvaise qualité 20 fois plus abondantes et plus faciles à placer que les bonnes auxquelles personne ne veut mettre un juste prix l'obstacle pour Fourier c'est la chimie la science, la chimie moléculaire qui se développe et qui permet de faire du faux pain avec de la pomme de terre du faux sucre avec de la betterave du faux vin avec du bois de l'Inde c'est le commerce, la fausseté toujours il accuse ces produits d'entraîner des désordres sur la santé humaine lui-même est très soucieux très attentif aux choix de son pain bien entendu la traduction en termes d'organisation politique c'est dans la paysannerie une étroite association entre le producteur et le consommateur ces comptoirs ruraux paysans peuvent évoquer les tentatives actuelles pour rétablir un contact direct entre le producteur et le consommateur un échange, une association chacun y trouvant son compte une proximité également un lien social bref, tout ce que le commerce a réussi à rompre depuis un siècle il y a un lien entre l'art de se nourrir et la médecine Fourier est une sorte de prophète des médecines douces d'aujourd'hui il écrit une fâcheuse lacune de n'avoir pas su lier la médecine avec le plaisir et surtout avec celui du goût on a vu des cures opérées avec des confitures des raisins, des pommes rainettes, des bons vins j'ai vu une fièvre coupée et dissipée par un petit verre de vieille eau de vie le peuple a contre le rhume un remède agréable une bouteille de vin vieux, chaud et sucré et le sommeil à la suite, etc. il semblerait tout de même que l'utilisation du vin comme remède n'est pas absolument réussie à Fourier sur la fin de sa vie alors que l'excès est pourtant contraire à cette doctrine oui, donc il arrive que les plus grands philosophes ne se rendent pas hommage à ces disciples car plusieurs ont été remarquables notamment Victor Considérant qui a beaucoup contribué à la doctrine à l'extension et à l'influence de la doctrine de Fourier qui était également un franc-comtois oui, et un polytechnicien donc un organisateur la grande réussite c'est peut-être au plan pratique un certain nombre de colonies dont une colonie au Texas mais surtout la colonie du familister de Guise et il faut absolument aller voir le familister de Guise expliquez-nous de quoi il s'agit et bien, le familister de Guise c'est le Google d'aujourd'hui c'est une entreprise de pointe Guise, c'est près de la frontière belge oui, c'est dans l'Aisne pas si loin tout de même donc c'est les poils Godin les fameux poils Godin donc un acier très particulier une industrie qui rapporte beaucoup et avec les bénéfices de ce produit Godin qui est un industriel converti au Fourierisme donc qui a lu Considérant bien entendu fait un familister il installe ses ouvriers dans un grand bâtiment au centre duquel il y a une verrière qui est éclairée par une verrière donc on est à l'abri du chaud et du froid des courants d'air permettent d'éviter les effluves malsaines ils ont à côté une piscine des commerces il y a des salles publiques pour organiser les fêtes on est donc dans la réalisation de l'utopie et ce familister existe toujours il est même en cours de reprise en main si vous voulez comme lieu de mémoire fondamentale dans la région on le visite alors voilà une bonne destination de week-end pour nos auditeurs et nos auditrices merci beaucoup Philippe Reynier je voudrais rendre hommage comme je l'ai fait au début de cette émission à la biographie de Fourrier qui est dû à un savant américain Jonathan Beecher Fourrier, le visionnaire et son monde publié chez Fayard en 1993 et puis il nous donne cette année même un ouvrage consacré à Victor Considérant que nous avons pour finir honoré Philippe Reynier Grandeur et décadence du socialisme romantique les presses du réel 2012 vous avez publié un ouvrage qui s'appelle Saint-Simonien édition du Seuil et de la bibliothèque nationale de France puisque cela était notamment le fruit d'une exposition de 2006 en collaboration avec la conservatrice Nathalie Coyy avec toujours des penseurs utopistes généralement rejoints par des polytechniciens c'est l'étrange dialogue entre les rêveurs et les ingénieurs ce qui prouve que l'utopie en réalité comme le dit André Breton c'est un levier pour transformer la réalité acceptons-en l'augure merci Philippe Reynier vous pourrez trouver une bibliographie je parle là à mes auditeurs et auditrices complète, on n'en a pas besoin vous pourrez trouver une bibliographie complète sur notre site et les références des documents sonores que nous avons utilisés et vous pourrez également, vous le savez, écouter, réécouter et podcaster cette émission C'était concordance des temps une émission de journal Jeanne Ney réalisée par Patrick Molinier avec la précieuse collaboration de Jeanne Guéroux et de Nathalie Lempereur avec à la prise de son on lui enseigrait Éric Ville enfin avec Jacquotte Degrange à la discothèque et Catherine Louis pour les Archivina Musique Musique Musique Musique Musique 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