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" Oui j'ai la Foi, je n'ai pas vraiment le choix Dieu m'a fait un jour un miracle"
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" Oui j'ai la Foi, je n'ai pas vraiment le choix Dieu m'a fait un jour un miracle"
... Ici Radio Courtoisie, la radiolibre du pays réel et de la francophonie. Dans le cadre de nos archives non rediffusées à ce jour et en hommage à un grand disparu, vous écoutez le Libre Journal de Jean Ferré, document d'archive du 5 juillet 2004. Nous revoilà avec les mâmes dans le studio. Au bout du fil, Jean Dutour de l'Académie française. Oui, bonsoir. Bonsoir, cher Jean Dutour. Vous avez entendu qui il y a dans le studio ? Oui, je leur dis bonjour à tous et tous les amis. Bonjour Jean. Comment vas-tu mon cher Jacques Chantel ? Oui, mais tu vas bien ? Je vais comme les vieux, c'est-à-dire que je suis bien dans ma tête mais j'ai mal partout. Tu viens de faire un bouquin qui parle de la mort. C'est pour l'apprivoiser ? Écoute, quand tu l'auras lu, verras. Je l'ai lu. Ah, tu l'as lu ? Oui, évidemment. Je regrette vraiment de ne pas continuer les émissions pendant les mois d'été, mais je te recevrai au début de septembre. Formidable, tu le jures ? Oui, je te le jure. Je le jure, je crache. Il le jure et devant témoin. Cher Jean Dutour, nous avons dédié cette première partie d'émission à Marcel Julien qui vient de nous quitter, vous le savez. Bien sûr que je le sais, j'en étais absolument désespéré pour le pauvre Marcel. Et alors ? Il est si charmant, si drôle, si vif. Voilà, nous aurions aimé votre témoignage. Moi, je regrette beaucoup. J'ai plein de souvenirs avec Marcel Julien que je connaissais bien. Et en particulier, nous étions tous les deux membres du jury d'un prix littéraire, ce qui ne m'arrive pas souvent, mais je m'étais laissé avoir. Et c'était un prix décerné par des assurances humaines légales. Et nous, nous barbions énormément pour procurer des libérations. Nous avons rété tous les deux, comme des cœurs alternés, toute la chanson du mal-aimé d'Apollinaire, voire en tout 40. Il avait une mémoire des vers formidable. Il connaissait un nombre de poésies immense, comme j'en connaissais quelques-uns. Finalement, ça nous a bien aidés à passer ce cadre un peu difficile. Quels autres témoignages sur lui, puisque vous le connaissez depuis longtemps ? Vous savez, quand les gens sont au proche de vous, on ne sait pas quoi dire sur eux. J'aurais été un petit peu plus loin de lui. Peut-être que je vous en aurais parlé plus dialectiquement. Mais là, le chagrin est tel qu'on n'a pas très envie de parler, de raconter des anecdotes. Ça viendra un peu plus tard. Vous savez, Marcel Julien était quelqu'un d'extrêmement complexe. Et un jour, ou l'autre, il va se taquer jusqu'à la mort d'un petit fils. Et à ce moment-là, on pourra parler de lui, de façon plus facile et plus... Oh, je n'arrive pas à parler de lui. Je suis tellement ému que je n'arrive pas à trouver le... Mais Jean, ce qui est étonnant, c'est qu'il soit tombé en son quartier, d'un seul coup, pour plus à la closerie des Lilas. C'est presque une mise en scène. Oui, oui, oui. C'est une mort qui ne lui aurait pas déplu. Non, au contraire, c'est une belle mort. Oui, oui. Et tu sais, il était quand même fatigué, ces derniers mois. Ah bon, je ne l'ai pas vu. Je ne l'ai pas énormément vu, ces derniers mois. Parce que moi, j'ai gardé le souvenir, au contraire, d'un vif-argent. Quelqu'un qui était toujours là, un peu partout, qui se mêlait de tout, qui était plein d'intérêts et de curiosités pour le monde. Non, mais il était toujours vif-argent, dans sa tête. Mais c'était le corps qui avait quelques problèmes, parce qu'il se donnait la coquetterie de tomber. Il tombait un peu partout. Il tombait à Bruxelles, à Luxembourg... Ah bon ? Oui, oui, oui. Il a eu des chutes qui étaient magnifiques, d'ailleurs. Il avait laissé totalement balafré. Et je dois dire que c'était vraiment un visage qui lui allait bien, parce que c'était un visage de maudit, tout d'un coup. Pauvre. Pauvre Marcel. Oui. Et alors, en plus, ça lui faisait une conversation. Il n'en avait pas besoin, parce qu'il en avait beaucoup, de sujets. Mais il racontait ses malheurs, comment il était tombé. Sa chute, par exemple, à Luxembourg, ça durait une heure. Une heure. Comment il a été conduit à l'hôpital, comment il a été ramassé. Non, mais il était formidable, même dans ses moments d'abandon. Comment le Grand-Duc s'intéressait à son sort. Oui. On se demande même s'il n'était pas invité après par la Reine d'Angleterre pour qu'elle puisse lui raconter ses douleurs. Oui, tout à fait. Mais tu l'as bien connu. Il t'aimait beaucoup, en tout cas. Oui, j'ai des récits proches. Il était un homme profondément attachant et drôle, et plein de saveurs, plein de sèvres. Est-ce que je peux vous poser une question indiscrète ? Oui, on y répondra, on n'y répondra pas. Ça commence mal. Pourquoi n'a-t-il jamais été élu à l'Académie Française ? Mon pauvre ami, pourquoi est-ce que Flaubert n'a pas été élu ? Pourquoi est-ce que Balzac n'a pas été élu ? Je crois qu'il ne s'est même pas présenté. Balzac, c'est un petit plan chien. Je ne crois pas que Martel se soit présenté. Non. Il ne s'est jamais présenté ? Jamais. À ma connaissance, non. C'est étrange. Non, Jean, il n'a pas été non plus tellement sollicité. Oui. On ne peut pas être coopté ? Non, pas du tout. On peut avoir un comité de patronage, ça ne sert à rien. Mais je suis sûr que s'il avait laissé un petit peu comprendre aux gens de la compagnie qu'il avait envie d'en être, il aurait tout de suite trouvé un certain nombre d'électeurs et des gens qui l'auraient propulsé. Sûrement, oui. De même que Balzac, dont vous trouvez l'exemple un peu ancien, s'il avait vécu une dizaine d'années de plus, il est très probable qu'il aurait été élu. Oui, mais lorsqu'on se présente si souvent, il faut avoir le cœur accroché. On en connaît encore quelques-uns de nos jours. Ah oui ? Qui se présentent vraiment souvent, souvent. Oui, mais j'en connais qui... J'ai remarqué une chose, c'est qu'au bout de 4-5 fois, ils se placent. Au bout de combien ? Au bout de 4-5 fois, ils se placent. Ah bon, d'accord. J'en connais deux au moins qui vont s'espérer. Le pauvre Fernand Greig. Oui. Il a été candidat pendant 40 ans. Mes voix meurent, mes voix meurent, mes voix meurent. Mais nous avons l'exemple récent de quelqu'un qui a été élu à sa première candidature. Oui, mais ça c'est parce qu'il était porte de lettre. Ah, bon. Vous pensez à qui ? Je ne sais plus. On les fait droguer, c'est sûr. C'est une affaire d'Etat. C'est une affaire d'Etat, oui. Il avait un fauteuil pour lui qu'on lui donnait. C'était celui d'Yvette Horner. Je ne pense pas que tu aies voté pour lui, mais enfin, cela... Ah, c'est un secret. Oui, bien sûr. Je n'ai pas le droit de te dire. Mais on ne voit pas de qui vous parlez. Je t'en parlerai, que tout soit discret. D'accord. Mais vraiment, Marcel Jullian... Ah bon, Marcel Jullian, ça l'aurait fait rire tout ça. Parce qu'il était prêt à rire. Oui, parce que... Marcel Jullian aurait... Vraiment, sa place était à l'Académie française. Vraiment. Sa place est au Ciel. Voilà. Oui, j'entends bien. Mais il y a des académiciens qui montent au Ciel aussi. J'ai cru que vous alliez me dire, donnez-moi des noms. Tu te sens un peu immortel quand même. Qui, moi ? Oui. Ben, tu sais, c'est la réplique dans... La vie verte. Voilà, immortel pour toute ma vie. Elle est très belle, oui. Maurice Druon dit, je suis un péonasme, parce que je suis... comme perpétuel, comme secrétaire, et immortel comme académicien. Oui, c'est vrai ça. Il est perpétuel en horaire, tandis qu'il est toujours immortel en exercice. Oui. Et quelle est la nouvelle femme qui va entrer sous la coupole ? Il n'a pas divisé ? Une copine ? Je ne sais pas. Moi, à mon avis, la première femme que j'aurais fait entrer sous la coupole, à mon avis, c'était Sagan. C'est vraiment une femme de grand talent. Mais elle n'aurait pas voulu, elle ne s'est pas présentée, elle ne s'est pas fait... Elle était un peu sulfureuse pour l'Académie, non ? Oh non, elle n'est pas sulfureuse, Françoise. Elle ne l'est pas, mais les vieux... Ah, les vieux, les vieux de l'Académie ? Oui. Oh, tu sais... Tu connais l'anecdote, lorsque Lotti s'est présenté, les gens sont allés voir Ronan, pour lui dire, vous savez, ce M. Pierre Lotti, capitaine de vaisseau, qui se présente à l'Académie, il a des moeurs un peu spéciales, hein. Un moment, on dit, Ronan, quelles moeurs ? Et bien, mon frère Yves, vous voyez ce que je veux dire. Et Ronan a dit... Je ne vois pas très bien. Et bien, pour tout dire, il est homosexuel. Et Ronan a secoué la tête et a dit, bon, nous verrons bien. Quelle belle approche. L'approche, c'est sans le mot plus grand. Oui, vous cherchez une femme. On cherchait une femme, oui. On cherchait la femme, comme on dit dans les films. Oui, c'était une très bonne idée. Pardon ? C'était une idée, ça ? J'ai pas entendu l'idée. Quelle est la prochaine ? Moi, j'aimerais bien que Christine de Rivoire soit d'Académie. Elle est très bien. Mais elle s'était déjà présentée, non ? Non, non, non. Elle n'a pas voulu. Je n'en suis pas d'accord. On en avait parlé, en tout cas. Vous voyez qu'on a fait entrer une dame comme ça pour faire plaisir aux candidats dont nous parlions tout à l'heure. Pour les vieux dont tu parles, parce que tu parles des vieux d'Académie, une jeune femme de moins de 35 ans, ça serait pas mal ? Oui, mais ça donnerait peut-être des idées plus académiques. Il faudrait un peu les moustiller, tes copains, quand même. Ce que je tiens à vous faire, c'est le Noël de ma mère. Nous n'avons pas tellement de... Mais ça n'est pas une dame. Nous n'avons pas tellement de mariages. En fait, c'est... Mais ça peut venir. Si nous revenions sur Marcel Julien. Marcel Julien, il serait avec nous, il blaguerait avec nous. Ah oui, il rirait. Et il ne serait pas le dernier à rire. Et il ne parlerait plus jamais de Marcel Julien. Il y a deux messages, je crois qu'ils sont... sont-ils pour Jacques Chancel ou pour Jean Dutour ? Pas pour les deux. Ils s'adressent à nous deux. Oui. Allez-y. Alors un auditeur, au cours du cinquantenaire de la mort, je l'ai peut-être dit, de Charles Mora, s'institue Marcel Julien à Nantes. Ainsi, il ne chute vers 14 heures avec un léger traumatisme crânien dont il s'est plaint à l'auditeur qui transmet ce message. C'est un auditeur qui est d'ailleurs très fidèle. Ah oui. C'était à quel moment, ça ? C'était au repas. On nous donne l'heure. Quelle date ? Au repas qui a suivi. Il y a combien de temps ? C'était en novembre 2002. Et puis cet auditeur, le jour où au Grand Échiquier vous avez reçu Maurice Genevoix a été un moment merveilleux. Merci d'avoir invité également Paul Guth. Peut-on avoir des enregistrements de ces moments superbes ? Merci pour ces merveilleuses émissions. Ce sont des questions, la dernière s'adresse à Jean Dutour parce que Maurice Genevoix, il l'a bien connu, qui était secrétaire perpétuel. J'ai bien connu Paul Guth. Paul Guth qui n'a jamais été reçu. Je n'ai jamais été reçu. Et Paul qui est de chez moi, tu sais qu'il est au sein tout près de ma maison dans les Pyrénées ? Oui ! Il en a pleuré toute sa vie. C'était le chef de l'Académie. Un très fidèle invité de Radio Courtoisie. Ah oui, c'est un vieil ami. Et plusieurs fois, il m'a dit, et ce n'est pas le même jour, mais même à quelques années de distance, il m'a dit, si tu savais ce qu'il y a d'affreux, c'est que des gens méprisent parfois M. Paul Guth de l'Académie française. Oui, moi aussi, il m'a dit ça plusieurs fois. Mais pourquoi l'as-tu refusé ? Moi, je ne l'ai pas refusé. Je me fais campagne pour lui. Il s'est présenté une fois, il avait eu quatre voix. Dans la tienne. Dans la mienne, évidemment. Je peux le dire. Je trouve qu'il méritait amplement d'être de l'Académie. Il y a plein de choses. En plus de ça, c'est un garçon gentil. Il est gentil avec tout le monde. Un peu trop, d'ailleurs. Non, il a souffert de trop de gentillesse. Oui, c'est pour ça qu'il a été... Il aurait été un peu plus méchant. Il aurait probablement été... Tu sais, un jour, dans un restaurant, on se quitte très tard. Il y avait Marcel Pagnol qui passait près du vestiaire. Et la dame du vestiaire lui dit « Je vais vous passer votre manteau. » Paul Guth est arrivé à toute vitesse en guirlande et la dame en lui disant « Madame, ça n'est pas à vous. C'est à moi de passer le manteau à M. Pagnol. » Ce sont des choses évidemment fâcheuses. Ce sont des choses fâcheuses et qui ont vraiment nuit à son entrée. Moi, il m'a fait des coups absolument incensés. Il se plantait devant moi avec un air extasié et me disait « Tu sais que tu as du génie. Tu le sais, hein ? Tu le sais. » Alors, on n'était pas au sourire, naturellement. Les dédicaces de Paul, c'était quelque chose... Lorsqu'il faisait sa liste... C'était une page entière. C'était tous les adjectifs du passé. Je n'ai jamais vu une telle litanise d'adjectifs. C'est ce qu'il sert Paul. Il sert Paul, oui. Et les messages sur le répondeur téléphonique. C'était extraordinaire. Est-ce que tu as connu un garçon C'est à Jacques Chansel que je m'adresse là. Il y avait un garçon qui s'appelait Henri Muller. Oui. Qui était le gendre de Chardonne. Oui, oui. Qui disait « Pince-T'en-Rire est très drôle. » Et un jour, je me trouvais jusque l'Oudre. C'était à l'Union. Henri Muller me prend et me dit de son ton de « Pince-T'en-Rire particulièrement réussie » avec le front un peu bas. Je viens de voir Paul Guth, il est là. Tu sais qu'il te hait ? C'est un de tes blagues favoris. Le pauvre. Sergent Dutour, le quart d'heure habituel est passé. Mais avant de nous quitter, un message vient d'arriver pour Jacques Chansel et la réponse de Jacques Chansel va vous intéresser. Écoutez. Dans l'auditeur, Naguère, vous ponctuez vos radioscopies par le traditionnel. Et Dieu dans tout ça. Aujourd'hui, si vous officiez encore sur France Inter, diriez-vous « Et Allah dans tout ça ». D'abord, rectification, je n'ai jamais dit « Et Dieu dans tout ça ». Récemment, on m'a persuadé que je l'avais dit une fois dans je ne sais plus quelle radioscopie. On m'a fait une lettre il y a 4 mois à peine. C'est vrai qu'on parlait beaucoup de Dieu dans toutes les émissions et surtout les athées qui voulaient s'en convaincre. Et Allah, vous savez, moi, par rapport religieux, je suis très libre. Je n'ai jamais confondu religion et spiritualité. Je suis pour la spiritualité et pas pour la religion. Eh bien, cher Jean Dutour, avez-vous à ajouter ? Je ne sais pas. Jacques Chansel se défend très bien tout seul. Je ne pensais pas qu'on m'y convainquant. Tu as toujours une foi très forte. Qui, moi ? Oui. Au paradis ? Oui. Non, une foi, une foi. Ah, une foi ! J'avais compris, une voie. Non, une foi, une foi. J'étais dans l'académie, alors. Non, non, une foi. On a vendu une académie. Oui, oui, mais enfin, on aurait pu revenir un petit peu. Non, une foi très forte. Bah, mon petit chou, tu sais, je ne peux pas faire autrement. Il m'a fait un miracle. Dieu m'a fait un miracle, un jour, que j'ai demandé. Alors là, je suis coincé. J'avais une petite histoire. Oui, laquelle ? C'est que le spectacle des hommes de vue 25 000 ans ou davantage, c'est toujours la même chose. Il y a comme ça trois douzaines de passions, les mêmes trucs, les mêmes ambitions, les mêmes vacheries, les mêmes horreurs. Et je me dis que si Dieu est mort, comme certaines gens le prétendent, bah, ça doit être ennuyeux. Ou alors, on pourrait répondre d'une autre manière. Je ne sais pas si Dieu existe, mais j'ai lu le livre. Ah, très bien. Quel bel auteur. Ah, voilà. Un grand merci, sergent Dutour. Et je crois que Marcel Delahouillet aurait été heureux de vous entendre. Je crois que j'aurais été heureux de notre réunion. Ah, oui, oui. Et ça tournerait avec nous, bien sûr. Je vous dis à lundi prochain. Au revoir.