Une certaine dose de peau, de peau et une certaine dose de peau et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et, et Moi aussi, un matin, j'ai aperçu Orphée s'enfoncer dans le bois.
C'était le jour de sa disparition. J'étais là, dans la brume, seule parmi les arbres. Il est passé près de moi sans me voir. Il marchait en se parlant, comme on écrit une lettre à voix haute, lentement. J'ai oublié les premières phrases, je ne me souviens que de la fin. Je sais que ma vie et la vôtre, ici bas, ne s'appartiendront jamais. Il y aura des instants où le dessein d'un visage, un regard qui tient le mien, la brûlure d'une silhouette, me feront douloureusement croire à votre existence.
Je ressentirai cruellement votre absence auprès de chaque femme. Quelques-unes, à travers elles, me laisseront vous effleurer. Les âges de ma vie se succéderont. Je vous oublierai souvent. Vous me manquerez toujours. Je crois que c'était un poème. Il n'écrivait jamais de lettres. Pierre Sondor, Minuit en mon silence. Extrait. Rien ne viendra nous sauver de la pauvreté, de la vie. Rien d'extérieur à la vie. Rien ne pourra contredire la vie et son fil de mort tendu. Paul Laborde, Le mot de pauvreté.
Extrait. Il s'agissait d'avoir assez à manger à la fin de la journée, de rester en vie, donc de rester auprès de la vie pratique, de ne pas se laisser décontenancer par ce qui se passait en dehors de la ferme, il ne la quittait que pour faire quelques provisions élémentaires. La grande routine était plongée dans un silence étrange. Le langage du corps se substituait aux paroles. Les travaux tiraient leur signification de la richesse des signes, des changements de couleur de la nature, des bruits des animaux, du gonflement du pied des vaches sur lesquels les veines ondulaient.
Alexandro Poulouche, Traduction de l'allemand Gérard Tessier et Tim Trascali La couleur de Marrakech J'aimerais écrire des poèmes très figuratifs qu'on verrait dedans sans pouvoir se tromper. La couleur de Marrakech, par exemple, avec au loin la Koutoubia, elle permet qu'on s'oriente en parcourant la ville et la campagne environnante. A une terrasse de café, on aperçoit fugitivement mais de façon précise ton visage inquiet qui va sourire. Après justement qu'on aura marché, beaucoup de silence et des paroles qui préparent à des gestes vrais la légèreté du soir et du monde à Marrakech.
James sacré Je lisais trop vite, je sautais d'un livre l'autre selon l'envie, l'humeur, l'instinct et l'attention du moment. J'en trouverais des portes d'un coup sec qui réussissaient parfois à distinguer une silhouette incertaine au détour d'une enfilade de couloirs. Je repérais là-bas qui avançait dans le froid, longeant des barbelés sur les rives du Don, le chasseur alpin Mario Ergonichtherme, et plus éloigné encore, qui s'abritait sous un Porsche dans le vieux Prague, la silhouette rabelée de l'ancien chef de gare et compresseur de papier usagé, Bohumil Rabal.
J'espérais débusquer bientôt de nouvelles traductions pour envisager de plus intenses périples avec eux. Jacques Chosse, L'Hiscorne, extrait J'ouvre les livres, puis les referme, mais de côté, ce qui indique que je n'ai pas encore l'occasion d'y aller. J'ouvre les livres, puis les referme, mais de côté, ce qui indique une direction, ordonne un sens. Les empilements d'ouvrages encombrent le sol près du lit, mais ainsi restent à portée de vue. J'écris des noms d'écrivains, d'artistes, de poètes sur une feuille.
Finalement, il reste Walser et Dickinson. Je passe la nuit avec eux. Leur écriture laisse venir la lumière à chaque lecture un peu plus. Ils n'éteignent pas derrière eux. Je relis La Révolution s'accomplit. Le monde infime reprend connaissance, et moi avec, en fréquentant leur langue, le mot mouche, le mot mort, le mot miel. Maintenant je les connais, comme Adam connaît Ève. Je passe une autre nuit avec eux. Rien ne pourra les déglinguer, ni l'isolement, ni l'humiliation. Ni même la brutalité.
La nuit n'est pas blanche, elle est transparente. Je ramasse quelques bribes. Chaque poème, chaque petite prose, tient dans un mouchoir de poche. Pas d'encombrement permis. Il faudra se défaire de tout ce qui peut encombrer la vie. Je passe d'autres nuits avec eux. Ils filtrent les entrées, je dors un peu. La vie reprend là où on l'a laissée. Pour nettoyer par terre, je range les ouvrages qui traînent. Je ne range pas leurs livres, je les garde près de moi.
Par scrupule, par superstition, on ne sait jamais. Frédéric Guetta Liviani Extrait d'enquête de Poésie-Bao L'art, un recours Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org