The transcription includes various poetic texts that touch on themes of memory, identity, and the power of language. It explores the idea that poetry is separate from other forms of literature and has its own distinct impact. The texts also contemplate the infinite and its existence only for humans. They evoke imagery of landscapes, emotions, and the passage of time. Overall, the transcription delves into the complexity and beauty of language and its ability to capture and convey profound experiences.
Une certaine dose de peau… de peau… et… une certaine dose de peau et… et… et vie ! Objet féminin non identifié. Des princesses filmiques échappées d'un couvent orienté à l'est savent depuis longtemps jusqu'où elles peuvent aller. Elles se sont réfugiées dans une maison hantée, abandonnée depuis 1972, fatiguées d'avoir marché des heures dans la forêt. Elles savent à présent qu'à tout moment le récit peut s'arrêter. Le film peut se dématérialiser. Elles rentreront alors dans leur famille aisée de Beverly Hills ou dans un de ces lotissements luxueux de Santa Monica en bordure de mer.
Pour le moment, elles mâchent du chewing-gum à la fraise sauvage, écoutent du dubstep en se trémoussant dans un couloir mordoré allongé sur de vieux matelas posés à même le sol poussiéreux. Ils restent sur la table de la cuisine des Corn Flakes figées depuis 1972. La boîte est recouverte de toiles d'araignées. Les énoncés publicitaires ont gardé leur couleur passée de l'époque. On pressent quelque chose de vaporeux dans l'atmosphère, des ectoplasmes à la recherche de leur histoire, des corps qui essayent de s'infiltrer dans d'autres corps.
Nous ne savons pas ce qui se trame ici. Toute explication serait incomplète. Devant l'ampleur des débats invisibles, les voix off s'entremêlent. Où se trouvent les souvenirs dont tu ne te souviens pas ? Sandra Moussantès Cassandra Bouportant Extrait Et plus j'écris, plus je revis. Dans ce bal, je revois la mollesquine brune. Plus je me détache de mon cadavre. Et plus j'écris, moins je corrige ce premier souvenir de foudre. Plus je me crois sur parole. Je n'avais que mes dix-huit ans.
Le premier jour de tes lèvres qui me donna la liberté de ne plus vieillir seule. Marcel Migosi Écaillures des jours 2 Extrait Il y a un stéréotype en boucle dans la poésie résolue, absolue. La poésie est séparée. Il y a des critiques de poésie qui ne font jamais la critique des romans. Il y a un circuit de lecteurs de poésie qui ne lisent pas de romans. Il y a un circuit de diffusion de livres de poésie qui n'est pas du tout celui du roman, etc.
Le roman, lui, pratique des osmoses latérales, beaucoup plus fréquentes avec tous les autres genres de création en littérature. Il n'est pas vraiment séparé. Il fait partie de l'ensemble du texte, du travail qui est en cours. La poésie, c'est à part. Donc, en soi, c'est déjà un stéréotype de l'apartheid. Vous ne pouvez pas y échapper. Vous ne pouvez pas faire croire qu'en écrivant de la poésie, vous faites autre chose. Ce n'est pas possible. Et je crois, une fois de plus, que c'est quelque chose qui appartient vraiment très particulièrement à la France.
Peut-être aux pays anglo-saxons aussi. En Italie, par exemple, dans les pays latins, c'est déjà plus nuancé, tout ça. Denis Roche, entretien avec Olivier Biguelman, extrait Musique Dites au soir que l'heure n'est pas encore venue, qu'il faut attendre encore un peu. La table n'est pas mise, rien n'est prêt dans la ruche, et l'eau n'a pas été versée. On pense ajouter quelques miches, du gigot, des fruits mûrs, une sonate claire de lune. On n'a pas fini de rêver, de laver ce qui n'est plus, de serrer entre nos paumes l'écorce du visible, ni de lever nos verres très doucement à la santé de l'inouï.
Béatrice Libère, l'instant oblique Musique J'ai grimacé avec le doute devant les promesses du monde moderne et ses misérables lampions pour éclairer l'impasse. Le nouveau monde était déjà si ancien. En fin d'après-midi l'été, je partais à la cueillette des sensations par les rues bordées de platanes et de marronniers. Il fallait connaître les bons coins. Assis à une terrasse de café, j'assistais l'été à la lente agonie du jour, dans le décrépit des façades, du côté de la gare du Nord ou de l'Est.
Mais les plus belles flaques de lumière, je les trouvais dans les yeux des passantes. Mon regard n'avait pas le temps de s'y baigner, mais cela suffisait pour me rafraîchir la vision. Paris avait soudain la douceur des collines, le fruitet des lèvres inconnues arrachés aux affiches, comme un goût de framboise poivrée, et je repartais dans le soir flottant, portant ailleurs mes rêves exotiques. Je menais ma jonque par les rues de Paris, voile noire, dressée au moindre vent, l'œil aux aguets.
Je me laissais guider par les réverbères, du côté de Saint-Germain-des-Prés, de Mouffetard, ou parmi les récifs de quartiers réputés dangereux. Mais je ne craignais rien, ma vie avait déjà fait naufrage, j'avais appris à me rendre invisible, et je cherchais le feu dans la nuit du cristal. Alain Roussel, le texte impossible, extrait Le piéton En chemin, le piéton se fait logicien. Il se dit, avec ou sans point d'interrogation, encore une rue où il n'y a rien à voir.
Il comprend que la phrase qu'il vient de prononcer n'est pas vide de sens, mais fausse. En s'exprimant de la sorte, il a vu en esprit une autre vue, où il n'y a rien à voir, etc. Ce qu'on ne veut pas penser, on le pense quand même, se dit le philosophe. L'infiniment grand n'est pas un multiple de l'infiniment petit. L'infini n'a pas d'échelle. L'infini n'existe pas, sauf pour nous. Jan Betens, Vacances romaines, extrait L'infini n'existe pas, sauf pour nous.
L'infini n'existe pas, sauf pour nous. L'infini n'existe pas, sauf pour nous. Il n'y aura plus ce que nous nommons le jour, ni ce que nous nommons la nuit, mais un crépuscule d'aurore sur des cathédrales de glace et de feu et nulle bouche désormais pourrait peler le prénom de nos étés bleus. Les océans se feront cendre, le temps deviendra non-temps et sous la dérive des astres, la dieu d'une main tremblera sur le quai désert d'une gare. Le sable envahira l'espace, aveuglera la cinquième saison de la nuit, il n'y aura plus frontières ni balises et l'oubli ne prendra nuls autres visages que ceux que dans d'autres temps nous aurons tant aimés.
Mais le chagrin s'épuise et la mémoire est lâge. L'évidence de la beauté dans un visage est ce souffle d'urgence qui éveille le songe, le porte, le prolonge. Peut-être devons-nous un jour célébrer la neige et le souvenir de la neige, dire une fois encore le simple nom de la neige, le transmettre aux oiseaux des déserts. À l'heure où les feux n'enchanteront plus ce visage, lui seul, et son théâtre en nous, qui se souviendra encore de lui, qui vous parlera encore de nous et de lui sur les tréteaux de sable ? Le sommeil aura-t-il raison de nous et ses apnées ouvertes sur le vide, où nous voici errants et pourtant immobiles dans cet espace-temps que le poème invente ? Aveugles, sans armes, verrons-nous d'autres astres rougir d'entre les astres morts, d'autres lunes, d'autres soleils grandir dans les cieux qu'elle cimait la renaissance de la neige sur le main de nos paupières ? Qu'abandonnerons-nous de nous aux fleuves des mots, à leur delta de sable et d'ombre ? Que laisserons-nous de nous sur les murs lézardés du temps que nul champ ne franchit ? Mais la terre sans nous, les arbres sans yeux, sans nous rire, la mer, mais les jeux de la neige, illuminant sans nous des horizons déserts ? André Romus, un visage parfois extrait