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Charles AZNAVOUR _ _Je me suis battu toute ma vie_

Charles AZNAVOUR _ _Je me suis battu toute ma vie_

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Charles Aznavour is preparing for what may be his last tour, as he wants to reduce his performances to avoid being unable to give his best. He wants to continue singing, but in smaller doses. He reflects on his career, the importance of his French roots, and the influence of Edith Piaf. Despite facing challenges and criticism early on, Aznavour has become a renowned singer and songwriter. He values the impact his songs have had on people and is grateful for his success. Madame, Monsieur, avec lui, la chanson est un art, une émotion au profond d'intense, une émotion parfois même inoubliable qui vous touche au plus profond. Charles Aznavour, c'est bien sûr partie de nous-mêmes, partie de notre vie, partie de notre temps. Il est avec nous sur ce plateau de TV5 alors qu'Aznavour 2000, le nouvel album, sort et alors qu'il s'apprête à triompher une nouvelle fois, peut-être pour la dernière fois au Palais des Congrès. Il vous promet de vous emmener encore une fois. Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil, à l'arrivée, à l'arrivée, car il me semble que la misère serait moins pénible au soleil. Charles Aznavour, merci infiniment d'être avec nous, le Palais des Congrès, c'est donc en ce moment même et on dit c'est la dernière tournée. Oui, mais là ce sont les adieux, ça veut dire que je ne voulais plus faire, je ne veux pas faire de longues tournées ou de rentrées longues à Paris ou ailleurs. Je pense qu'il y a un moment dans la vie où il faut se dire, il est temps non pas de raccrocher, mais de diminuer pour ne pas être un jour incapable de faire son spectacle. Vous avez chanté « Je ne ferai jamais mes adieux », vous avez dit « Je chanterai jusqu'à 90 ans ». Oui, mais je n'ai pas dit que je chanterai 250 dialas par an jusqu'à l'âge de 90 ans. Disons que j'en chanterai 50 dans l'année, voilà ce que je veux dire. Ce ne sont pas des adieux, mais c'est quand même un retrait important, parce que si je ne faisais pas de scènes, je ne serais pas heureux, mais si j'en faisais trop, je ne serais peut-être pas capable de le faire par la suite, pas capable de le faire, alors il fallait choisir, il fallait trouver cette balance, et c'est la balance que j'ai trouvée. Je ne dis pas que je ne viendrai pas chanter à Paris pour deux ou trois jours, de temps en temps, mais je suis persuadé et sûr définitivement que je ne ferai plus de rentrées d'huit ou tout neuf semaines dans une salle. Si je dis ça, c'est bien sûr que vous l'avez compris, parce que c'est difficile à dire, mais on vous aime, Charles Aznavour, et ça ne date pas d'hier. Mais moi aussi j'aime beaucoup le public et j'aime beaucoup la scène, seulement il faut se rendre à l'évidence. J'ai 76 ans, je n'ai jamais caché mon âge, je n'ai rien fait pour paraître jeune non plus. Vous l'avez chanté, et vous le chantez encore, parce qu'il y a Aznavour 2000 qui sort, c'est le nouvel album, 14 chansons, la deuxième s'appelle « Qu'avons-nous fait de nos vingt ans ? ». Mais j'ai pensé tout de même, comme je fais des rentrées tous les trois ans, la prochaine fois j'aurai entre 79 et 80 ans, est-ce que j'aurai, non pas la santé, la santé je risque de l'avoir, mais est-ce que j'aurai la force de faire un spectacle comme celui-là, régulièrement, pendant plusieurs semaines ? Je ne le crois pas, voyez-vous. Vous savez bien, parce que vous racontez vos débuts qui ont été difficiles, vous jugez ne m'ayant pas le physique pour faire ce métier, et puis vous êtes là encore aujourd'hui. Mais j'avais le muscle. Oui. Alors si dans trois ans je n'ai pas le muscle, qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce que ce serait raisonnable de dire « bon ben je vais commencer, je vais faire sept ou huit semaines à Paris au palais des congrès, et puis au bout de trois jours ou quatre jours on dirait « M. Aznavour n'est pas bien, on va vous rembourser vos billets ou alors on vous les remet pour la prochaine fois ». Ça je ne veux pas arriver à ça. Je pense que ce serait, alors ce serait pire qu'une infidélité au public. Oui. On a envie d'entendre vos chansons, elles font partie de votre mémoire. On les entendra. Alors. Ils vont chanter, c'est autre chose. Si je vous repose cette question, qu'avez-vous fait de vos 20 ans, M. Aznavour, on va se souvenir évidemment de cette enfance, de la France, parce que c'est ça aussi, on pense à l'Arménie, mais d'abord la France. Non mais l'Arménie, je n'avais rien à voir avec l'Arménie pendant toute mon enfance. Je ne suis pas né en Arménie, j'ai été élevé, je suis né en France, j'ai été élevé en France, ma culture est française, mon accent est parisien, à peu, la vérité, et je n'ai écrit, enfin j'ai écrit en français, j'écris des chansons françaises, j'ai fait des scènes françaises. L'Arménie c'est venu, bon, je l'avais si vous voulez en moi, parce qu'on ne renie pas ses racines, ça ne se fait pas, et ensuite il y a eu le tremblement de terre de 88, mais en 88, j'avais déjà un âge bien avancé, j'étais un français qui avait bien coulé déjà, comme on dit du Camembert, mais je ne peux pas oublier mes racines, mais je suis d'abord français. Alors les débuts donc, le théâtre d'abord, on dit que vous êtes monté sur scène carrément à 8 ans ? Neuf. Neuf ans ? N'exagère pas bien. Ça fait 8 ans, ça n'aurait pas été possible de neuf ans ? C'est frangin. Neuf ans. Je suis battu par Samy David Junior. Il y avait Mouloudji, il y avait tout ça, et alors, est-ce que vous ayez conscience à ce moment-là de ce qui allait pouvoir vous arriver ? Pas du tout. Mais personne n'y pensait. Je me souviens de Mouloudji, on est parti, on a fait deux mois à Tourette-sur-Loup où il avait déjà un joli rôle dans La Guerre des boutons. Moi je faisais la semi-figuration, mais j'ai resté deux mois là-bas, et on ne pensait même pas qu'on allait chanter un jour, ni lui ni moi. On pensait qu'on allait être comédien. Et puis alors, vous avez commencé à écrire des chansons quand même, vous ne pensez jamais pouvoir les interpréter vous-même ? J'ai écrit les chansons parce que nos amis, j'avais beaucoup d'amis auteurs et compositeurs, les jeunes auteurs et compositeurs, quand je leur demandais si j'en sais, ils disaient non, écoute avec toi on n'a pas gagné notre vie, ils avaient raison, on n'aurait pas fait le saut de droit d'auteur, ils avaient besoin de vivre. Il va y avoir Miss Taguette, Gréco, qui vont chanter vos chansons, qui vont quand même trouver que ce n'est pas si mal que ça. C'est venu petit à petit, mais tout est venu petit à petit. Comme je dis souvent avec le sourire, mais avec un vrai sourire, moi j'ai eu la grande chance de jamais être une révélation. On n'a jamais dit, il y a une révélation, il y a quelqu'un qui vient d'arriver. Un jour on lui a dit, tiens, alors il a réussi celui-là aussi. Les premières chansons, j'ai l'impression qu'il y a déjà tout à Znavour, quand on pense par exemple à cette chanson, c'est une chanson, sa jeunesse, et c'est vrai qu'il y a déjà le thème de l'âge, le thème de la vie, du temps qui passe, et vous avez écrit cette chanson à quel âge ? 18 ans le texte, 22 ans je crois la musique. Quand on tient entre ses mains cette richesse, d'avoir 20 ans, dès le lendemain plein le promesse. C'était l'époque où je croyais que je pouvais être poète, et puis je me suis rendu compte que j'étais simplement qu'un auteur de chansons, avec des intentions poétiques bien sûr. C'est-à-dire que vous nous disiez avant cette émission que les chansons doivent pouvoir être dites d'une certaine façon. Oui, moi je pense que ma plus grande fierté, ma plus grande fierté c'est quand un jour Jacques Dumenil, qui était un acteur de cinéma et un acteur connu de théâtre, qui était une vedette à l'époque, est venu dans une émission et a dit, je veux te dire adieu. Ça a été vraiment une de mes plus grandes fiertés. Et ensuite lorsque Walter Brennan a dit en disque hier encore, et ça c'est ma plus grande fierté parce que je me dis, bon, j'ai travaillé pour un public différent et en même temps pour mon public à moi. Alors quand même, vous le disiez, ça n'a pas été simple. Vous l'avez dit, il y a eu des bides, on se moquait de vous, des présentateurs radio disaient des choses pas gentilles, ils se sont tous plantés. Je crois que le premier grand succès, ça a été au Maroc. Casablanca, oui. Alors là, c'est venu d'ailleurs, finalement, c'est pas venu de la France. Non, c'est pas venu de la France, c'est venu du Casablanca. Il y avait quand même beaucoup de Français dans la salle, il faut bien dire, c'était des Français. Dans quelle année ? C'était 52, 53, je crois, c'était comme il y avait des Français, mais il y avait aussi des Casablanca et des pays. Puis il y avait ce qu'on appelait les colons et eux ont tout de suite pigé. Et je passais en fin de programme, je passais en début de programme et le lendemain, je passais en fin de programme. Et de là, le Moulin Rouge, du Moulin Rouge, l'Olympia, Patachou d'abord, l'Olympia, etc. Et puis alors les rencontres, on pense évidemment à Edith Piaf et elle vous a beaucoup appris. J'ai beaucoup appris, oui, elle m'a rien appris, j'ai tout volé. Quand je lui ai tout volé, je la regardais, je la regardais faire, je la regardais quand elle mettait de l'ordre dans son tour de champ avec quoi elle commençait, comment elle finissait. J'ai appris beaucoup. C'est ce que j'appelle voler. J'ai appris beaucoup pendant des années après l'Alhambra, pendant des années, plus maintenant. Je me disais en voyant la liste de mes chansons, voyons, si Edith avait mon tour de champ avec laquelle commencerait-elle ? Et ça, c'est une école formidable. J'ai eu la chance d'avoir aussi une bonne mémoire et de bons souvenirs avec Edith et j'ai toujours fait des tours de champs qui étaient bien balancés parce que Piaf me l'avait appris. Elle ne m'avait pas dit tu devrais faire ceci ou cela. Ça, je lui avais pitié. C'était les tournées de dingue parce qu'on imagine Edith Piaf, il fallait ouvrir le rideau. Elle n'était pas toujours là quand il fallait. Elle était toujours là avant. Ah non, Piaf était très ponctuel dans son travail. Oui, elle ne buvait qu'après, rarement elle a bu avant. Il y avait un commentateur qui disait un mot et dans ce mot, toute la chanson française Edith Piaf. Non, non, c'est l'annonce que je faisais. Ah oui, un seul nom et dans ce nom, toute la chanson Edith Piaf. Et on a l'entrée en scène, c'est merveilleux, c'est une époque fabuleuse pour moi, non seulement pour moi, il y avait aussi, il y en a eu d'autres. Il y a Micheline Dax, par exemple, on était, on était en tournée avec elle, on faisait les plus beaux bites du monde. Micheline et moi, c'était sûr qu'on faisait les vides. Et alors, ce qu'il y avait de particulier, c'est que le jour où ça risquait de marcher un petit peu, elle nous sortait de scène Edith. Quand ça ne marchait pas, elle disait tu en chantes une autre. Tu en chantes une autre. Elle donnait des conseils. Ce n'est pas toujours être facile, elle ne devait pas être toujours très tendre. Non, elle donnait des conseils à ses amants. Ce n'était pas à vous, alors non, ni à Micheline, ni à moi, je n'ai pas de conseils. Mais ce qu'il y a de terrible, c'est que la plupart des gens auxquels on donne des conseils se rébellent un petit peu. Il y a un moment, tandis que nous, comme on n'en donnait pas, c'était nous, on était des voleurs. On était content de notre but. Il y a une chanson sur le nouvel album qui s'appelle Après l'amour. Oui, c'est une reprise d'une chanson. La première version était sur cet album tout rouge. Et la nouvelle, elle est sur l'album Aznavour 2000. Et c'est une chanson qui a été censurée parce qu'elle dit Après l'amour. Censurée? Non, elle n'était pas recommandée. Mon corps, mon corps, la languille. Alors, on ne la passait pas. Mais elle marchait quand même un peu érotique quand même. Pour l'époque. A l'époque, moi, je croyais que c'était sensuel. Eux pensaient que c'était porno. C'était ça, la censure était terrible dans les films, pour la radio, pour les chansons. On était censurés. Ce n'est pas bien, une censure aussi terrible. Aller jusqu'au bout sur scène, c'est-à-dire s'exprimer. Il y a une autre chanson sur ce disque qui s'appelle De la scène à la scène. Elle est en hommage à Dalida. J'ai pensé à beaucoup d'autres gens que Dalida, bien sûr, mais Dalida était celle qui était la plus proche de nous, en plus de moi, puisqu'on faisait le même métier. C'était de la chanson. Quand on voit son regard et il vous dit dans cette chanson, elle avait peur de vieillir. Elle courait de scène en scène pour oublier l'âge. Elle n'est pas la seule qui avait peur de vieillir, je trouve que c'est injustice. L'injustice, les femmes, on est injustes avec les femmes de notre métier, que ce soit comédiennes ou chanteuses. Dès qu'elles ont une petite ride, elles sont vieilles. Les hommes, ils ont la chance. Dès qu'elles ont une petite ride, on dit qu'ils ont des rides d'expression. On leur trouve des qualificatifs différents. C'est très, très injuste. Alors, les femmes, bien sûr, ont beaucoup plus de mal à survivre dans notre métier. Et moi, j'ai toujours été frappé par ça. Quand vous chantez Me voilà seul, c'est la solitude. C'est un des sentiments les plus forts de l'homme. Comme vous chantez l'amour, vous chantez tous les sentiments humains. La solitude, c'est fort. Je crois que ça doit être très fort. Moi, je ne me suis jamais senti seul, mais j'ai vu des gens qui se sentaient seuls, des gens qui ne savaient plus quoi faire de leur corps, de leur vie. Et c'est ça qui me fait écrire. Je ne plonge pas en moi pour écrire. Je plonge en moi pour trouver les phrases afin d'écrire le mieux possible ce que j'ai vu, ce que j'ai ressenti, ce qu'on m'a raconté. Charles Aznavour, Me voilà seul. Quand se mordent les doigts. J'ai des défauts qu'il n'en a pas. Changer, ce n'est pas toujours facile. On se conduit comme un imbécile. On transmet fort et puis voilà. Me voilà seul, j'ai tout époux, aussi je ne pense pas qu'elle revienne. Je crois que je vais avoir beaucoup de peine, car j'ai le coeur crevé d'amour. J'ai des défauts qu'il n'en a pas. Changer, ce n'est pas toujours facile. Me voilà seul. Charles Aznavour, le triomphe en ce moment au palais des congrès. Charles Aznavour, merci de rester avec nous. On va se retrouver demain pour poursuivre cette aventure extraordinaire. On parlera de Bordeaux et des Etats-Unis du triomphe. Merci à vous. A demain. Sous-titrage Société Radio-Canada

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