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jade.jacob2140

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The Rogue School has a bus that serves as both a workshop and recording studio for musicians. The idea came from a music school in northern France that had a similar project. The bus is primarily funded by the Gironde County Council, but they also receive funding from other sources. Over the years, they have recorded hundreds of musicians and bands, some of whom have gone on to become professionals. The bus aims to bridge the gap between the school and rural areas, providing opportunities for young musicians to be heard and gain exposure. The bus is a versatile space, but it can be challenging to record certain instruments like the double bass due to its height. The project aims to bring people from different social backgrounds together through music, regardless of their goals or financial means. While they are not the only ones with such a project, they have seen success and continue to make a positive impact. There is potential for the project to expand nationally in the future. Je commence à enregistrer. Si vous pouvez vous présenter en quelques mots, comme vous voulez. D'accord, moi je suis Jeff, Jean-François Poupée, P.O.U.P.E.T. Je suis le coordinateur responsable chauffeur et ingénieur du centre du bus de la Rogue School. Parfait. Alors, comment vous avez venu l'idée de créer le bus ainsi que l'enregistrement ? Alors, c'est venu de... En fait, j'ai repris des études tardivement et j'ai fait des études d'animation socioculturelle. Et je suis rentré à la Rogue School comme stagiaire, en fait, au départ. Et à cette époque-là, le directeur de la Rogue School, qui s'appelle Éric Roux, m'a parlé d'un projet qui s'était monté dans le nord de la France. Une école de musique qui s'appelle Lara, et qui avait monté dans un bus un espace de musique. On va dire un petit peu comme ici, mais c'était plus petit. En fait, c'était une école de musique qui n'avait pas de locaux à l'époque. Et il s'était dit, tiens, pourquoi on ne ferait pas ça en mobile, dans un bus ? Donc, il proposait des ateliers de composition, des ateliers de guitare. Enfin, il donnait des cours de musique dans le bus, quoi. Donc, je suis allé les voir, pour voir comment ils avaient monté leur projet, et de s'inspirer de ce projet-là. C'était à l'époque où on a commencé à élaborer l'idée de monter aussi un projet similaire. En fait, il y avait aussi un projet de bus qui se montait à Angoulême, avec une salle qui s'appelle La Neffe, qui est un petit peu le pendant de la Rogue School à Bordeaux. Et eux aussi avaient l'intention de monter un bus, mais qui serait plus orienté studio. Et puis, donc nous, en réfléchissant avec l'équipe de la Rogue School, moi je suis rentré dans la Rogue School pour monter ce projet-là. Et avec l'équipe pédagogique de la Rogue School, et les techniciens, etc., on a réfléchi, on s'est dit que ça serait pas mal d'avoir un outil qui soit à la fois un lieu d'atelier et d'enregistrement. Donc, on a fait un petit peu de recherche sur le département, voir s'il fait intéresser les musiciens, et on s'est rendu compte qu'effectivement, à cette époque, donc là je parle de 95, de 96 à 98, puisque le bus a démarré vraiment son fonctionnement en 98. Mais entre 96 et 98, ça a été la phase d'élaboration du projet. Et parmi les gens que je rencontrais, en fait, on s'apercevait qu'à l'époque, les jeunes musiciens, plutôt adolescents ou jeunes adultes, n'allaient plus dans les écoles de musique dites classiques ou traditionnelles. Et montaient des groupes par eux-mêmes, mais du coup, étaient un peu lâchés dans la nature. C'est-à-dire qu'ils n'étaient pas forcément en contact avec des structures musicales, etc. Donc nous, on s'est dit que ça serait pas mal d'avoir un lien, de créer un lien entre la Rogue School, qui était basée à Bordeaux, et le reste du département, et notamment les zones rurales, et permettre à ces groupes-là d'avoir une écoute. Déjà auprès de professionnels, qui étaient des profs de musique de la Rogue School, et d'avoir cette écoute-là, de pouvoir enregistrer des petites maquettes, pour ne serait-ce que démarcher sur aller voir des bars qui organisent des tremplins, des concerts, ou bien des tremplins, ou des festivals, se faire connaître par le biais de sa musique. Donc on s'est dit que ce serait intéressant d'avoir un outil qui fasse à la fois ce lieu de rencontre d'atelier et d'enregistrement de maquettes. Très bien, merci. Vous êtes financé par le conseil départemental de Gironde. Est-ce que c'est votre seul moyen de financement ? Comment ça se passe ? Alors, le bus, c'est un maillon de tout ce qui se passe à la Rogue School. La Rogue School, c'est une SMAC, une scène de musique actuelle. Donc c'est un label du ministère de la Culture, qui octroie ce label-là aux salles, qui font à la fois de la diffusion, de l'aide à la professionnalisation de musiciens, d'artistes, et aussi un travail sur les pratiques amateurs, les lieux de répétition. Nous, on a une école de musique aussi, donc je l'ai déjà dit. Et tout ça fait que c'est une structure qui a beaucoup de choses. Donc le bus fait partie de tout ça. Le bus en lui-même est financé en grande partie par le département, puisque la mission première du bus de la Rogue School, c'est d'aller sur les zones, on va dire rurales, en tout cas, le plus possible hors métropole, métropole bordelaise. Et donc on est financé par le département là-dessus. On travaille aussi avec les collèges, par exemple. Mais il y a aussi une partie du financement qui vient d'autres financements qui sont sur la Rogue School même, notamment quand on travaille sur des quartiers de la métropole, des quartiers identifiés. Là, on travaille plus sur de la médiation avec des acteurs de quartier, etc. On se sert aussi du bus dans ces cas-là. Et donc ça, c'est d'autres financements qui viennent dessus, notamment de la métropole ou de la région. OK. Très bien. Oui. Est-ce que vous pouvez nous parler d'un élève, d'une expérience qui vous a marqué avec le projet ? Oui. Alors, il faut dire que depuis... Donc ça fait plus de 25 ans maintenant que le bus existe. Plus de 25 ans que je m'en occupe. Et effectivement, il est passé beaucoup de musiciens, beaucoup de groupes. Je ne les ai pas comptabilisés dernièrement, mais on peut dire que j'ai enregistré largement plus de 5... entre 5 et 600 groupes ou artistes. Et dans le lot, il y a des gens que je recroise. C'est rigolo parce que cette année, ça a été... En tout cas, en 2023, il y a eu aussi le fait d'enregistrer des jeunes qui sont eux-mêmes les fils de jeunes que j'avais enregistrés 25 ans avant. Donc c'est assez rigolo. Et puis après, il y a des artistes que je recroise aussi parce qu'ils sont devenus professionnels et qu'ils sont passés par le bus, notamment. Je ne peux pas dire que c'est le bus qui les a poussés à ça, mais ça y participe en tout cas. Donc c'est toujours assez chouette de voir des gens qui continuent dans la musique après ça. Après, si vous voulez des anecdotes particulières... Là, ça ne me vient pas en tête. Mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est que c'est un lieu de rencontre. Quand vous faites de la rencontre, les gens sont plutôt contents et ravis d'avoir participé à cette expérience-là. Il faut dire qu'ici, là où vous voyez le bus vide, il peut y avoir des moments où c'est complètement rempli de matériel, notamment une batterie puisqu'on enregistre aussi des batteries. C'est arrivé... Je pourrais peut-être vous envoyer des photos. C'est arrivé d'avoir plein d'amplis, des choses... Ce que j'aime bien, c'est que ce côté... Ce lieu d'enregistrement et d'expérimentation, c'est un petit peu un couteau suisse. C'est-à-dire qu'on peut faire un peu ce qu'on veut dedans, si tant est qu'on veut que ça puisse rentrer dans le bus, parce que ce n'est pas très haut. Notamment, la petite anecdote, c'est qu'il y a un instrument qui est difficile à enregistrer dans le bus, c'est la contrebasse, parce que c'est très haut. Il y a un seul endroit où la contrebasse peut rentrer, c'est à l'avant du bus, sous le petit soupirail. C'est pour dire aussi que le bus, on n'est pas dans un confort de studio, on est plutôt dans quelque chose d'expérimental ou en tout cas de débrouille. C'est un petit peu la débrouille, la bidouille pour arriver à faire des enregistrements qui valent le coup. Mais en général, on y arrive. La question du social. Selon vous, les actions que vous proposez, peuvent-elles permettre d'effacer certaines différences sociales grâce à la musique ? De toute façon, la musique peut, en tout cas effacer, mettre sur le même plan des gens qui viennent de milieux sociaux différents. Du moment qu'on parle le même langage, c'est-à-dire la musique, ça c'est indéniable. C'est quelque chose qui est itinérant à la musique. Effectivement, ici, c'est ouvert à tout le monde. On a eu aussi bien des gens qui travaillaient, qui avaient un salaire et qui se font plaisir. Il faut dire qu'on travaille beaucoup sur la pratique amateur. Amateur, ça veut dire des gens qui aiment la musique, qui aiment la pratiquer, mais qui n'ont pas forcément les mêmes buts. Un professionnel est un amateur avant l'heure. Avant d'être professionnel, il est amateur. Il peut très bien redevenir amateur après avoir été professionnel. On est professionnel de la musique quand on gagne sa vie avec. Il y a des gens qui ont gagné leur vie avec la musique, puis qui reviennent de la musique forcément le loisir, par exemple, et puis qui pratiquent ça en amateur. Amateur, pour moi, ce n'est pas un gage de qualité ou de non qualité. C'est-à-dire que les gens pratiquent la musique parce qu'ils aiment la musique avant tout. Il n'y a pas forcément un but de gagner de l'argent, par exemple, en sortant du bus. C'est avant tout se faire plaisir, se faire connaître, et puis avoir des rencontres. Je pense que, quelle que soit la classe sociale, c'est la même chose pour tout le monde. Après, il y a différents styles musicaux qui font que... Il y a certaines musiques où les musiciens savent très bien que ça va intéresser très peu de monde, et puis ils se font plaisir dans un petit cercle entre eux, entre amis, et voilà. Et puis d'autres qui visent peut-être un peu plus le côté commercial de la musique. Mais ça, on n'y attache pas beaucoup d'importance ici. Dans le bus, on parle essentiellement musique, son, prise de son, des conseils techniques, des choses comme ça, des conseils artistiques. Mais on ne va pas aller jusqu'au point... De toute façon, parce qu'on ne saurait pas non plus le dire, on ne va pas aller jusqu'au point de dire aux musiciens, tu devrais faire ça, parce que c'est ça qui marche. On n'est pas dans cette démarche-là. Très bien. Alors... Est-ce que vous souhaiteriez étendre ou voir le dispositif au niveau national ? Si oui, est-ce que c'est pour ça, au départ, que c'est un bus ? Et... Est-ce qu'on vous dépasse dans plusieurs villes de France ? Déjà, on n'est pas les seuls à avoir monté un projet comme ça. Comme je l'ai dit, il y a eu des gens avant nous et il y aura des gens après nous. À ma connaissance, il y a quelques bus ou cars ou camions aménagés dans cet esprit-là, qui circulent en France. Donc on laisse à chacun le soin d'inventer son propre projet. Nous, on n'avait pas forcément d'intention, au départ, d'étendre le label Busrock, parce qu'on n'en est pas des inventeurs non plus. La mobilité, ça existe depuis très longtemps, que ce soit pour toute chose. On a des ludobus, par exemple, qui amènent des jouets dans les villages. Il y a des bibliobus. Le fait d'avoir une mobilité dans le domaine culturel, etc., ça existe depuis longtemps et je pense que ça existera encore. Donc là-dessus, on n'a pas forcément d'intention d'extension, d'expansion, plutôt. Ceci dit, on a réfléchi à, éventuellement, un projet qui pourrait prendre la suite de celui-là. Mais il y a beaucoup de contraintes, notamment financières, puisque depuis quelques années, c'est un peu plus difficile de monter des projets comme ça. Les crédits sont quand même très limités dans la culture. Donc pour l'instant, on essaie de maintenir celui-là à flot, puisqu'il a quand même plus de 44 ans, ce véhicule. C'est un peu une pièce de collection, on va dire. Et puis le fonctionnement à l'intérieur est toujours le même. C'est-à-dire que du moment qu'on a besoin d'enregistrer une maquette ou d'avoir un enregistrement, on est là. Après, il n'y a pas un désir de s'étendre en dehors du département. En tout cas, le projet qu'on avait imaginé était plus régional. D'ailleurs, c'était au moment du changement de région. Maintenant, on a une très, très grande région. Donc ça veut dire qu'avoir un seul véhicule pour couvrir toute la région, c'est peut-être un peu compliqué. Et puis, encore une fois, on n'est pas... Chaque région, chaque département, chaque grande ville a sa propre structure dans le domaine des musiques amplifiées. Donc on travaille plutôt en réseau avec des gens, des salles, plutôt que de monter... Pourquoi pas, un jour, si la volonté se manifeste un peu partout, monter un dispositif qui serait partagé avec d'autres structures. Peut-être, pourquoi pas. Est-ce que vous pouvez me dire une journée ou alors une semaine typique du bus ? Alors, déjà, on est sur la Gironde. Donc au pire, il y a 2 heures de route à faire. Donc une journée type, c'est je démarre le bus assez tôt le matin. Et je me déplace sur l'ensemble du département. Donc ça peut être au fond du Médoc. Ça fait assez loin, voilà. Donc il y a une partie de la journée qui est sur la route, tout simplement. Et ensuite, j'arrive au point de rendez-vous qui a été convenu avant. Je ne pars pas au hasard sur le département. Je suis contacté par des structures associatives, école de musique ou par des musiciens eux-mêmes. Donc on vient d'un rendez-vous d'une ou plusieurs journées. Ça peut être des journées consécutives ou échelonnées. C'est souvent plus efficace quand c'est échelonné. Et puis, donc j'arrive sur le lieu de rendez-vous. En général, on a quand même pris un peu les devants avec la municipalité, par exemple, pour qu'on puisse garer le bus sur une place de village, par exemple, ou un parking adapté, en tout cas, une prise électrique, puisqu'on n'est pas autonome au niveau de l'électricité. Et puis la journée peut commencer. Donc en gros, si on commence la journée à 10 heures le matin, on va jusqu'à 18 heures le soir. Et pendant tout ce temps-là, on installe ce qu'il y a à installer dans le bus, en fonction du groupe, des musiciens ou des chanteurs qu'il faut enregistrer. Donc là, il y a toute une partie d'installation comme dans un studio. On sort les micros, on met les pieds de micro, les câbles, on câble tout ça, on fait des essais de son. Moi, j'enregistre sur la partie arrière du bus, donc la régie, où il y a une table de mixage. Ça, ça prend un certain temps, tous les réglages. Et puis ensuite, on peut enregistrer ça, en général, sur un ordinateur portable. Et voilà, on fait une petite pause à midi, à 13h30 de calme, et puis on reprend le boulot l'après-midi. Donc ça peut être une journée, simplement. Et ça peut être plusieurs journées. Ça m'est arrivé de rester deux ou trois jours sur le même lieu. Ça m'est même arrivé de dormir dans le bus. Voilà, donc chaque intervention est un peu différente, et c'est ça qui est plaisant aussi. Vous sortez environ combien de fois par semaine, par mois, le bus ? Alors, c'est très variable. Il y a des périodes plus fournies que d'autres. Mais ça peut arriver. Alors, en général, comme on travaille avec des musiciens amateurs, c'est souvent le week-end. Donc ça peut être deux ou trois fois par mois, voire plus. Ça peut être aussi sur les fins d'année, il y a un petit peu plus de demandes sur les collèges, les lycées, par exemple, les écoles de musique. Donc c'est très variable. Pendant les vacances scolaires, il peut y avoir une semaine au même endroit, par exemple. Voilà, donc c'est variable suivant les demandes. Est-ce que vous avez l'impression que le bus crée une ambiance particulière ? Est-ce que c'est différent d'un boulot ? Oui, ne serait-ce que du fait que ce soit un bus, déjà, puisque la plupart des musiciens qu'ils ne connaissent pas et qui n'ont jamais vu le bus, même si on peut trouver quelques photos sur Internet, c'est toujours assez surprenant pour des musiciens de se dire « Tiens, on va passer la journée dans un bus enregistré. » Donc ça, c'est assez rigolo. Il y a une ambiance particulière parce qu'on retrouve aussi des gens... Je travaille aussi bien avec des jeunes qu'avec des adultes, parfois des adultes retraités. Et c'est rigolo parce qu'ils ont des souvenirs de ce genre de bus. Celui-là, il est de 1978. Et ça arrive qu'il y ait des gens qui disent « C'était le bus que je prenais pour aller à l'école. » Donc ça, ça met toujours une ambiance un peu marrante. Après, l'ambiance particulière du bus aussi, c'est qu'ici, on a un fonctionnement d'écoute par casque. C'est-à-dire que les musiciens, comme dans un studio en général, quand on enregistre, on a un casque sur les oreilles pour avoir des retours des différents instruments qui ont déjà été enregistrés ou ne serait-ce que pour avoir un clic, c'est-à-dire un métronome dans l'oreille pour essayer de jouer le plus droit possible. Ça, c'est des choses qu'on peut mettre en place aussi. Et aussi, on a un système de mixage individuel. Chaque musicien peut se faire son propre mixage dans son casque. Et ça, c'est une particularité du bus. Parce que même dans les studios, tout le monde n'a pas cette possibilité-là. En général, c'est l'ingé son qui fait un petit mix retour casque pour le musicien. Ça prend un peu de temps. Nous, ici, on a la possibilité d'envoyer chaque instrument enregistré sur une tranche de petite console. Et ça permet au musicien de se régler son casque comme il veut, mettre le volume comme il veut, se mettre à l'aise. Donc, ça compense un petit peu le manque de place, on va dire, et le manque de lumière, puisqu'une fois qu'on serve tout, on est dans une boîte. Donc, c'est un peu particulier. Des fois, quand on passe vraiment beaucoup de temps, il faut penser à sortir un petit peu du bus pour prendre l'air. Après, on a pour l'hiver un système de chauffage et pour l'été une clim, mais c'est toujours bien de prendre l'air aussi. Parfait. Ça va être les dernières questions, là. Ça fait rien de faire. Alors, pourquoi le bus rock et plus globalement les actions culturelles ? Et est-ce que vous avez observé des différences d'accès à la musique ? Alors, oui. D'accès à la musique, je pense qu'il y en a quand même un peu, ne serait-ce que par le coût des instruments ou des ordinateurs. Par exemple, aujourd'hui, il y a beaucoup, beaucoup de musiques qui se font par ordinateur. Et notamment dans le hip-hop, beaucoup de gens qui vont produire des bandes-son, qu'on appelle les beatmakers, qui feront équiper d'ordinateurs, cartes-son, etc. Ça, c'est un coût comme une guitare, un coût, un ampli-guitare, un coût, une batterie, un coût. Donc, de ce côté-là, c'est vrai que ça peut être un frein pour les gens. Ceci dit, par exemple, à la rock school, on a une politique de bas coût pour les cours de musique, par exemple. Quelqu'un qui veut commencer la musique, mais qui n'a absolument pas les moyens de s'acheter un instrument, il y a moyen qu'on lui prête un instrument au moins pour les premiers cours. Et après, maintenant, on peut trouver aussi facilement des instruments d'occasion, par exemple, qui seront bien pour débuter. Mais c'est vrai que débuter dans la musique sans matériel, ou en tout cas, ça demande forcément quelque part un petit peu d'investissement financier. Je dirais que c'est le seul frein, et c'est déjà un bon frein. Mais après, l'ouverture musicale, je pense que tout le monde écoute de la musique. Quelle qu'elle soit, on est bombardé de musique, que ce soit par les radios, Internet, enfin voilà. Je pense que tout le monde a accès à la musique, payante ou pas d'ailleurs. C'est le grand débat, mais tout le monde a accès à la musique. Après, je trouve que ce qui se passe un peu aujourd'hui, c'est qu'on a perdu le côté pratiquer la musique avec d'autres, avec des gens. On est un petit peu dans quelque chose d'un peu plus individualiste aujourd'hui, et je le vois d'ailleurs avec le bus, clairement. Il y a beaucoup moins, parmi les jeunes notamment, beaucoup moins de gens qui montent des groupes, des projets musicaux ensemble. Soit ce sont des gens qui ont une culture musicale déjà enseignée en école de musique, par exemple. Mais monter des projets alors qu'on ne sait pas jouer de la musique, chose qui se faisait il y a quelques années encore. C'était un peu la période punk, où en fait on ne savait pas jouer de la musique. On prenait des instruments, mais par contre on avait envie d'en faire. Et donc on peut très facilement faire de la musique aujourd'hui. Mais je pense que les gens ne se rendent pas compte de ça. La Rock School, ça a été créé pour justement permettre à des gens qui ne connaissent pas la musique de la pratiquer d'abord, et de ne pas passer par un cycle solfège, etc. Un cycle qui est dans le domaine du classique, plus sur le modèle conservatoire, etc. Où il y a des études, enfin voilà, c'est quelque chose d'un peu plus lourd. Nous à la Rock School, on a voulu faire une école de musique qui soit accessible. On prend une guitare, on ne sait pas jouer, c'est pas grave. Il y a un musicien qui est là pour nous montrer les quelques accords nécessaires pour arriver à jouer. Se repérer, et puis jouer le plus rapidement possible avec des gens. C'était ça l'idée de base de la Rock School. Ça par contre, ça a été beaucoup repris par plein de gens, y compris par des écoles de musique maintenant. Donc l'accès à la musique, il est possible. Il y a toujours, à part les freins financiers, je dirais, pour faire de la musique, aujourd'hui, on pense qu'il faut... Le problème, par exemple, de la musique par ordinateur, c'est que quand on a les moyens, quand on a un ordinateur qui tourne, un logiciel qui va bien, on peut rapidement faire une musique qui sonne. C'est-à-dire qui va sonner, même qui va ressembler à une musique qu'on entend ailleurs. Et on a une satisfaction d'un produit fini, quelque chose de produit. Mais on oublie la fonction première de la musique aussi, quelque part, un peu. C'est-à-dire prendre deux bâtons. Enfin, j'exagère un peu, mais prendre deux bâtons, taper dessus, faire un petit peu le modèle qui était... Quand on a les premiers musiciens de blues, c'était des gens qui n'avaient pas les moyens. Donc, ils tapaient sur des seaux, des espèces... La batterie, elle est née comme ça. Les guitares, les premières guitares, c'était des boîtes de cigares avec un bâton et deux cordes. Donc, si on veut exprimer quelque chose de musical, on peut le faire facilement. Je pense qu'aujourd'hui, il y a plein de gens qui ne savent pas ça. Donc, peut-être qu'il faudrait initier des ateliers de découverte musicale par ses propres moyens, le do-it-yourself, quoi. Ça, ça manquait un peu, peut-être. On n'avait pas d'autres questions ? Du coup, il y en avait... C'est de là qu'il y avait cette question. Ah oui. On a vu que vous vous déplacez dans des établissements scolaires. Est-ce que vous avez une destination prochaine ou des perspectives à moyen ou long terme ? Là, dans l'immédiat, j'ai été contacté par une école privée, un campus privé du côté de Saint-Jean-Diac, qui travaille dans l'aéronautique, je crois. Et donc, ils ont un club de musique qui m'a contacté pour venir enregistrer leurs compositions et peut-être faire un mini-album. Bon, après, on verra. Donc, ça, c'est un établissement privé. Après, j'ai des collèges fréquemment qui me demandent sur des projets qui montent soit de leur côté avec leur prof de musique, en faisant intervenir un musicien extérieur, par exemple. J'ai une école aussi. Je vais régulièrement sur une école un peu alternative qui fait de la musique, qui propose à tous ses élèves de faire des chansons en lien avec la nature, etc. Et là, on enregistre dans le bus aussi. Voilà. Qu'est-ce que j'ai d'autre ? Je vais certainement retravailler aussi avec une école de musique. Il y a quelques rendez-vous un peu réguliers, comme ça, avec des services de jeunesse aussi. Là, j'ai fait récemment... Je travaillais avec les services de jeunesse de la communauté de communes d'ici, des Portes de l'Entre-deux-Mers, sur un projet lié aux Jeux olympiques, où il y avait une composition d'une chanson. J'ai travaillé avec la mission locale de Cadillac aussi. Là, c'est plus l'enregistrement d'une chanson dont les jeunes avaient composé les paroles et qui parlait de leur engagement pour se former, trouver un travail, etc. C'est toujours des petits rendez-vous. En tout cas, ces projets-là, ce sont des projets qui sont liés à l'activité de ces gens-là, qu'ils soient collégiens ou autres, et enregistrer un petit peu leur ressenti sur l'époque, sur tout ça. Voilà. Ce sera la dernière question. Est-ce que vous choisissez les villes où vous allez, ou est-ce que c'est plutôt elles qui vous appellent ? C'est plutôt elles qui m'appellent, mais ça peut être un choix. On ne choisit pas, mais disons que je peux contacter une ville ou une structure dans une ville parce que j'ai entendu parler d'un club musique ou d'une association, et voir s'ils seraient intéressés de travailler avec le bus. Ça peut arriver, mais en général, c'est plutôt les villes ou les services culturels ou les services sociaux des villes qui m'appellent. C'est vrai que par rapport au fait d'être financé par le département pour les zones rurales essentiellement, je suis plus attentif aux demandes qui me sont faites sur les petites villes, voire les villages de campagne, plutôt que les grosses villes de l'agglomération bordelaise, par exemple. L'un n'empêche pas l'autre, mais en général, je suis assez attentif à ce qui peut se passer en milieu rural. Est-ce que vous aimeriez rajouter quelque chose ? Non, à part dire que cette année, ça fait 25 ans. Le bus a dépassé les 25 ans de fonctionnement et qu'on ne pensait pas qu'on arriverait jusque là. C'est-à-dire que la plupart des projets dont on a entendu parler, dans la mobilité, le fait d'enregistrer, de rencontrer des musiciens, etc., ce sont des projets qui ont duré une dizaine d'années au mieux. Donc nous, on ne pensait pas durer autant de temps. Maintenant, l'avenir est plus qu'incertain, puisque le véhicule lui-même étant très vieux, s'il y a quelque chose qui casse au niveau mécanique, on n'est pas sûr de pouvoir le réparer. Mais je dis ça depuis quelques années et il tient le coup. Donc ça va encore. Mais voilà. Tout ça pour dire que ça fait plus de 25 ans qu'on sillonne la Gironde avec ce bus et puis ce n'est pas fini. Il y a quand même moins de demandes qu'avant, c'est sûr, parce que les gens ont les moyens de s'enregistrer eux-mêmes. Il y a des petits studios qui se montent par-ci, par-là. Il y a des associations qui se sont équipées aussi au fur et à mesure des années en studio d'enregistrement, en tout cas en moyen d'enregistrer. Donc il y a quand même moins de demandes pour le bus, mais il y a toujours un attrait. On parlait des collèges ou des établissements scolaires ou des établissements médicaux sociaux, par exemple, des choses comme ça, où on permet d'arriver avec tout le matériel, ce qui économise pas mal de déplacements, parce que déplacer une classe de collège, ce n'est pas simple. Alors qu'un véhicule qui arrive dans le collège, c'est quand même un peu plus pratique. Donc voilà, ça reste encore quelque chose de viable. On verra ce que l'avenir nous dira, mais en tout cas, c'est une belle expérience depuis 25 ans. Merci beaucoup.

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