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le lion aux yeux d'or

le lion aux yeux d'or

Irem Gisi

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Le Lion aux yeux d'or, écrit par Géraldine Schneer et Annaïs Brunet. Une histoire pour découvrir l'œuvre d'art de Rosa Bonheur. Quelques mètres encore, quelques pas, la grille grande ouverte qui l'invite à entrer. La joie des retrouvailles, ça y est, Léonie est arrivée. Comme chaque année, elle vient de quitter Paris pour aller passer l'été aux oiseaux chez sa marraine. Rosa vit à la campagne, dans un vieux château, mais elle n'a rien d'une princesse. Chez elle, ce sont les animaux qui sont rois, qui sont reines. Chacune et chacun vit là comme bon lui semble, mais tous ensemble. A peine arrivée, hop, Léonie troque sa jupe contre un pantalon et la voilà partie dans le parc retrouver ses amis. L'âne est toujours aussi doux, les poules aussi gourmandes de raisins dorés, les vaches aussi coquines. L'une d'elles l'accueille d'un franc coup de langue sur la tête. Léonie éclate de rire, sa chatouille. Dans l'écurie grisette la tente, mais aujourd'hui pas question d'aller galoper dans la forêt avec sa jument préférée. Le ciel est d'encre, il faut rentrer. C'est en contournant le pavillon du jardin que Léonie aperçoit une fourrure inconnue. Un loup ? Ici ? Nérone est là que pour quelques semaines, le temps que je peigne son portrait, explique Rosa. J'ai déjà fait des tas de croquis, tu verras. Peindre les animaux c'est son métier, elle est connue dans le monde entier. Les barons n'ont pas l'air de lui plaire, observe Léonie. Non mais les animaux ont trop peur de lui. Pour qu'on puisse le laisser en liberté, soupire Rosa, bientôt il ira vivre au jardin des plantes. A cet instant un premier éclair déchire le site et soudain des pluies d'éluviennes s'abattent sur le village. Il pleut tant et si fort que dans les ruelles, l'eau se met à monter. Peu à peu, elle envahit les trottoirs, les jardins, le seuil des maisons. Miaou ! Cot, cot, cot ! Bééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééé Néros ! Le pauvre est resté enfermé. Je vais le chercher, lance Rosa sans hésiter. Mais il est dangereux, s'écrit Léonie. Ne t'inquiète pas, il reconnaît ma voix. Et quatre à quatre, elle redescend l'escalier. Sacrée ma reine, elle n'a vraiment peur de rien. L'espace d'une seconde, Léonie l'imagine revenant gaiement à Califourchon, sur le dos du lion, à Rosa, rien d'impossible. Dans l'atelier, pendant ce temps, les animaux t'en donnent à cœur joie. Ils sipent les pinceaux, posent devant le chevalet, dévoirent des yeux les chevaux qui galopent sur la toile, roniflent leurs frères et soeurs de pierre ou de paille. Mais lorsque, soudain, une crinière apparaît dans l'embrassure de la porte, c'est là des bandades. « Au secours ! Sauve qui peut ! » Par chance, les cachettes ne manquent pas dans l'atelier. « N'ayez pas peur, Nero est rassasié ! » les rassure Rosa, la main plongée dans la fourrure du fauve. Le plus tranquillement du monde, elle s'assoit au piano et se met à jouer. Le lion se couche à ses pieds, les autres tendent l'oreille. Quel tableau ! Léonie se frotte les yeux. Est-elle en train de rêver ? Du pied de la cheminée, blottie entre deux moutons, elle admire la scène en se laissant verser par cet air de musique qui se mêle à la mélodie de la pluie. C'est un rayon de soleil qui la réveille. Autour d'elle, silence. Tout le monde s'est endormi. Rosa elle-même s'est assoupie. On se croirait au château de la belle voix dormant. Alors doucement, Léonie se lève et un à un, elle caresse chacun du bout des doigts. Aussitôt, les yeux s'ouvrent. Les uns baillent, les autres s'étirent. Et peu à peu, tout se démêle. Plume et fourrure, corne et sabots, ailes et pattes. Entre temps, l'eau s'est retirée. Abandonnant derrière, elle en était lie debout. Qu'importe, les animaux n'ont qu'une envie, retrouver l'air libre. À la queue, le leu, ils descendent, tant bien que mal, le grand escalier. Néo cependant, ronronne toujours sous le pyramide. Comme il est beau, songe Léonie sans oser l'approcher. Est-ce son regard qui le réveille ? Voilà que, brusquement, le lion secoue sa crinière et plonge les yeux d'or dans les yeux noirs de la fillette. « Mon cher Nero, ne bouge plus ! » murmure Romain. Un clin d'œil à Léonie et elle pose une nouvelle toile sur son chevalet puis saisit ses pantoufles. « Cela te fera un souvenir de vacances ! » Nero chez elle, à Paris, pour la vie. « Quel bonheur ! Merci, Rosa ! »

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