La maison en construction, écrit par Christine Bégel et Christine Détour, une histoire pour découvrir l'oeuvre d'art de Piet Mondrian. Monsieur Léon est le gardien de la maison en construction. Chaque matin, il fait sa tournée des couleurs, étage par étage, rectangle aprÚs rectangle. Il suit les lignes noires, frappe aux portes et demande. Tout va bien, c'est que la maison n'est pas finie, mais elle est déjà habitée. Avant, il y avait carton. Enfin, Léon ne voyait rien, ou bien des lignes noires et des formes de couleurs.
Et soudain, Ă force de regarder, d'Ă©carquiller les yeux, de tirer la langue, il a vu. Tout a commencĂ© dans le long rectangle blanc. Un peu de neige dĂ©passait dessous la porte. Et Monsieur LĂ©on a demandĂ© timidement. Il y a quelqu'un ? Je peux entrer ? Un vent froid l'a aspirĂ© Ă l'intĂ©rieur. LĂ -dedans, c'Ă©tait l'hiver, qui fait claquer les dents. Et pourtant, c'est fou ce qu'il y avait, comme monde filait le blanc. Quand Monsieur LĂ©on est ressorti, il Ă©tait glacĂ© coco de la tĂȘte aux pieds.
Il s'est dit que peut-ĂȘtre, dans le rectangle d'Ă cĂŽtĂ©, il faisait plus chaud. Et est-ce qu'il y avait quelqu'un aussi ? Il a poussĂ© la porte noire et la porte a grincĂ©. Et scellĂ© le noir, il faisait nuit. Une nuit noire sans lune. Une nuit Ă se raconter des tas d'histoires qui font peur. Monsieur LĂ©on a beaucoup criĂ©. Mais surtout, surtout, il s'est bien amusĂ©. Parce que les monstres, c'Ă©tait juste pour rire. Encore tout excitĂ©, il est montĂ© Ă l'Ă©tage du dessus.
Et il est entré sans frapper les leus rouges. Chez eux, ce jour-là , croyez-le ou non, c'était Noël. Quand Monsieur Léon a quitté les leux rouges, il a eu envie de grandes vacances. Alors, en pensant fort au soleil, il a frappé à la porte jaune, bordé de noir. Chez les leux jaunes, c'était l'hiver toute l'année. Monsieur Léon s'est fait une petite place sur la plage et s'est endormi. Quand il s'est réveillé, Monsieur Léon avait pris un coup de chaud.
Il s'est dit que c'était vraiment dommage, tout ce sable sans la mer qui va avec. Vite, il a couru sur la ligne noire jusqu'au grand bleu. Et il a rencontré la famille Le Bleu. Une vague a ramené Monsieur Léon sur le palier noir. La porte a claqué dans son dos. Il s'est retrouvé seul. C'est là , sur le palier, qu'a jamais l'idée de tout faire éclater. Les barreaux, les barriÚres, les bars, les lignes noires, les murs droits, un peu de rondeur, quoi.
Il a fermé les yeux et il a prié. La maison s'est mise à trembler. Brrrr. Les murs se sont écroulés. Badablam. Alors, les Les Blancs, les Les Noirs, les Les Rouges, les Les Jaunes, les Les Bleus sont sortis de chez eux et certains se sont mélangés. Tout s'est passé trÚs vite ensuite. Ca a fait des petits Les Verts, des petits Les Oranges, des petits Les Mauves, des petits Les Roses, des petits Les Gris aussi. Des minuscules, des gros, des mous, de n'importe comment, de toutes les formes possibles et imaginables.
Oui, mais le bonheur a Ă©tĂ© de courte durĂ©e. Et notre maison ? Etage aprĂšs Ă©tage. « Tout va bien ? » demande-t-il en frappant chez les Les Bleus. « Ah ! Monsieur LĂ©on, justement ! Entrez donc voir notre petit dernier. » Le rĂ©pondant. « Qu'est-ce que ? Qui c'est ? » « Ce que vous voulez, Monsieur LĂ©on, ce que vous voulez. C'est un grand ciel bleu, idĂ©al pour construire des rĂȘves et partir loin, trĂšs loin. »