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Voyage au bout de la nuit Louis-Ferdinand CELINE

Voyage au bout de la nuit Louis-Ferdinand CELINE

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Le mort...

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Louis-Ferdinand Céline's book "Voyage au bout de la nuit" is mentioned. The narrator is awakened by Tania and pretends to be sick to avoid her. He feels guilty for abandoning Robinson and decides to go to Ancy to find out how he is doing. On the way, he sees Paumonne following a client named Cid. The narrator follows them and ends up in a sad and desolate neighborhood. He eventually arrives at a pavilion where he is invited inside by a woman. She asks him to take care of her sick husband. The husband is dying and the narrator reflects on the transience of life. Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline Achetez ce livre publié dans la collection NRF Gallimard Page 370 Voyage au bout de la nuit Tania m'a réveillé dans la chambre où nous avions fini par aller nous coucher. Il était dix heures du matin. Pour me débarrasser d'elle, je lui ai raconté que je ne me sentais pas très bien et que je resterais encore un peu au lit. La vie reprenait. Elle a fait comme si elle me croyait. Dès qu'elle fut descendue, je me mis à mon tour en route. J'avais quelque chose à faire, en vérité. Cette sarabande de la nuit précédente m'avait laissé comme un drôle de goût de remords. Le souvenir de Robinson revenait me tracasser. C'était vrai que je l'avais abandonné. A son sort, celui-là est pire encore, aux soins de l'abbé Prostiste. C'était tout dire. Bien sûr que j'avais entendu raconter que tout se passait là-bas au mieux, à Toulouse, et que la vieille enrouille était même devenue tout à fait aimable à son égard. Seulement, dans certains cas, n'est-ce pas, on n'entend guère que ce qu'on désire entendre et ce qui vous arrange le mieux. Ces vagues indications ne prouvaient, au fond, rien du tout. Inquiet et curieux, je me dirigeais vers Ancy, à la recherche de nouvelles, mais des exactes, des précises. Pour y aller, il fallait repasser par la rue des Batignolles, qu'habitait Paumonne. C'était mon chemin. En arrivant près de chez lui, je fus bien étonné de l'apercevoir lui-même, au coin de sa rue, Paumonne, comme en train de filer un petit monsieur à quelques distances. Pour lui, Paumonne, qui ne sortait jamais, ça devait être un véritable événement. Je l'ai reconnu aussi, le type qui suivait. C'était un client, le Cid, qu'il se faisait appeler dans la correspondance, mais on savait, nous encore, par des tuyaux, qu'il travaillait au poste, le Cid. Depuis des années, il relançait Paumonne pour qu'il lui découvre une petite amie bien élevée, son rêve. Mais les demoiselles qu'on lui présentait, elles n'étaient jamais assez bien élevées pour son goût. Elles commettaient des fautes qu'ils prétendaient, alors ça n'allait pas. Quand on y réfléchit bien, il existe deux grandes espèces de petites amies, celles qui ont les idées larges et celles qui ont reçu une bonne éducation catholique. Deux façons aussi miteuses de se sentir supérieures, deux façons aussi d'exister, d'exciter les inquiets et les inassouvis, le genre fichu et le genre garçon. Toutes les économies du Cid y avaient passé mois après mois dans ses recherches. Il était arrivé à présent avec Paumonne au bout de ses ressources et à bout d'espoir aussi. Par la suite, j'ai appris qu'il avait été se suicider le Cid ce même soir-là dans un terrain vague. D'ailleurs, dès que j'ai vu Paumonne sortir de chez lui, je m'en étais douté qu'il se passait quelque chose de pas ordinaire. Je les ai ainsi suivis assez longuement à travers ce quartier qui va perdre ses boutiques au long des rues et même ses couleurs l'une après l'autre et finir comme ça en bistrot précaire juste au limite de l'Oc 3. Quand on est pressé, on se perd facilement dans ces rues-là, déroutés qu'on est d'abord par la tristesse et par le trop d'indifférence de l'endroit. Si on avait un peu d'argent, on prendrait un taxi tout de suite pour s'échapper tellement qu'on s'ennuie. Les gens qu'on rencontre prennent un destin si lourd que ça vous embarrasse pour eux. Derrière les fenêtres à rideaux, c'est comme un certain que des petits rentiers ont laissé leur gaz ouvert. On n'y peut rien. Merde qu'on dit, c'est pas beaucoup. Et puis même pas un banc pour s'asseoir. C'est marrant, il pleut partout. Quand il pleut, il pleut partout aussi, de face et de côté. Et la rue glisse alors comme un dos d'un gros poisson avec une raie de pluie au milieu. On ne peut même pas dire que c'est désordre ce quartier-là. C'est plutôt comme une prison presque tenue, une prison qui n'a pas besoin de porte. A Vadrouille ainsi, j'ai fini par le perdre à Pommonnet, son suicidé tout de suite après la vue des vinaigriers. Ainsi, j'étais parvenu si près de la Garenne-Rancy que je n'ai pas pu m'empêcher d'aller jeter un coup d'œil par-dessus les fortifs. De loin, cet engagement, la Garenne-Rancy, on ne peut pas dire le contraire à cause des arbres du grand cimetière. Pour un peu, on se laisserait tromper, on jugerait que c'est le bois de Boulogne. Quand on veut absolument des nouvelles de quelqu'un, il faut aller les demander à ceux qui savent. Après tout, je me suis dit alors, j'ai pas grand-chose à perdre en leur faisant une petite visite au Hernouille. Ils devaient savoir comment qu'elles se passaient, eux, les choses à Toulouse. Et voilà bien l'imprudence que j'ai commise. On ne se méfie pas, on ne sait pas qu'on y est parvenu, et pourtant, on y est déjà, et en plein, dans les sales régions de la nuit. Un malheur vous est alors tout de suite arrivé. Il suffit de rien, et puis, d'abord, il ne fallait pas chercher à revoir certains gens, surtout ceux-là, ça n'en finit plus d'après. De détour en détour, je me trouvais comme reconduit par l'habitude à quelques pas du pavillon. J'en revenais pas de le voir au même endroit, leur pavillon. Il se mit à pleuvoir, plus personne dans la rue que moi qui n'osait plus m'avancer. J'allais même m'en retourner sans inciter quand la porte du pavillon s'est entreouverte, juste assez pour qu'elle me fasse signe de venir la fille. Elle, bien sûr, elle voyait tout, elle m'avait aperçue en pataine sur le trottoir d'en face. J'y tenais plus alors à m'approcher, mais elle insistait, et même qu'elle m'appelait par mon nom. « Docteur, venez donc vite ! » Comme ça qu'elle m'appelait d'autorité. J'avais peur d'être remarqué. Je me dépêchais alors de monter jusqu'à son petit perrot, et de retrouver le petit couloir au poêle et de revoir tout le décor. Ça m'a redonné une drôle d'inquiétude quand même. Et puis, elle se mit à me raconter que son mari était bien malade depuis deux mois, et même qu'il allait de plus en plus mal. Tout de suite, bien sûr, de la méfiance. Et Robinson, que j'interroge, m'empressait. D'abord, elle est lue de ma question. Enfin, elle s'y met. Ils vont bien tous les deux. Leur combinaison marche bien à Toulouse, qu'elle a fini par répondre, mais comme ça, rapidement et sans plus. Elle m'entreprend à nouveau à propos de son mari malade. Elle veut que j'aille m'occuper tout de suite de son mari, sans perdre une minute encore. Que suis-je si dévoué que je le connais si bien, son mari, et patati, et patata, et qu'il n'a confiance qu'en moi, et qu'il n'a pas voulu en voir un autre de médecin, et qu'il ne savait plus mon adresse. Enfin, des chichis. Moi, j'avais bien des raisons de redouter que cette maladie du mari eût encore des drôles d'origine. J'étais payé pour bien la connaître, la dame et les usages de la maison, si tout de même une satanée curiosité me fit monter dans la chambre. Il était couché justement dans le même lit où j'avais soigné Robinson après son accident quelques mois auparavant. En quelques mois, ça change, une chambre. Même quand on n'y bouge, rien. Si vieille, si déchue qu'elle soit la chose, elle trouve encore on ne sait où la force de vieillir. Tout avait changé déjà autour de nous. Pas les objets de place, bien sûr, mais les choses elles-mêmes en profondeur. Elles sont autres quand on les retrouve, les choses. Elles possèdent, on dirait, plus de force pour aller en nous plus tristement, plus profondément encore, plus doucement qu'autrefois, se fondre dans cette espèce de mort qui se fait lentement en nous, gentiment, jour après jour, lâchement, devant laquelle chaque jour on s'entraîne à se défendre un peu moins que la veille. D'une fois à l'autre, on la voit s'attendrir, se rider en nous-mêmes, la vie, et les êtres et les choses qu'on avait quittés, banales, précieuses, redoutables parfois. La peur d'en finir à marquer tout cela de ses rides pendant qu'on trottait par la ville après son plaisir ou son pain. Bientôt, il n'y aura plus que des gens et des choses inoffensives, pitoyables et désarmées tout autour de notre passé, rien que des erreurs devenues muettes. La femme nous laissa seule avec le mari. Il n'était pas brillant, le mari, il n'avait plus beaucoup de circulation, c'est au corps, au cœur que ça le tenait. « Je vais mourir ! » qu'il répétait bien simplement d'ailleurs. J'avais, pour me trouver dans des cas de ce genre, une espèce de veine chacale. Je l'écoutais battre son cœur, question de faire quelque chose dans la circonstance, les quelques gestes qu'on attendait. Il courait son cœur, on pouvait le dire, derrière ses cotons fermés. Il courait après la vie, par saccades, mais il avait beau bondir, il ne la rattrapait pas la vie. C'était cuit. Bientôt, à force de trébucher, il chuterait dans la pourriture son cœur, tout juteux, enroule et bavant tel une vieille grenade écrasée. C'est ainsi qu'on l'aurait son cœur flasque sur le marbre crevé au couteau après l'autopsie, dans quelques jours. Car tout ça finirait par une belle autopsie judiciaire. Je le prévoyais, attendu que tout le monde dans le quartier allait en rencontrer des trucs salés à propos de cette mort qu'on ne trouverait pas ordinaire non plus, après l'autre. On l'attendait, au détour, dans le quartier, sa femme, avec les cancans accumulés de l'affaire précédente, qui restaient sur le carreau, pour un peu plus tard. Pour l'instant, le mari ne savait plus comment se tenir, ni mourir. Il en était déjà comme un peu sorti de la vie, mais il n'arrivait pas tout de même à se défaire de ses poumons. Il chassait l'air, les revenait. Il aurait bien voulu la laisser, se laisser aller, mais il fallait qu'il vive quand même jusqu'au bout. C'était un boulot bien atroce dont il l'a louché. « Je ne sens plus mes pieds ! » qu'il gênait. « J'ai froid jusqu'aux genoux ! » Il voulait se les toucher les pieds. Il ne pouvait plus. Pour boire, il n'arrivait pas non plus. C'était presque fini. En lui passant la tisane préparée par sa femme, je me demandais ce qu'elle pouvait bien y avoir mis dedans. Elle ne sentait pas très bon la tisane, mais l'odeur, ce n'est pas une preuve. La Valériane sent très mauvais par elle-même, et puis a étouffé comme il étouffait le mari, ça n'avait plus beaucoup d'importance qu'elle soit bizarre la tisane. Il se donnait pourtant bien de la peine. Il travaillait énormément avec tout ce qui lui restait de muscles sous la peau pour arriver à souffrir et à souffler davantage. Il se débattait avant contre la vie comme contre la mort. Ça serait juste d'éclater dans ces cas-là. Quand la nature se met à s'en foutre, on dirait qu'il n'y a plus de limite. Derrière la porte, sa femme écoutait la consolation que je lui donnais, mais je la connaissais bien, moi, sa femme. En douce, j'ai été la surprendre. Cuic, cuic, que je lui ai fait, ça ne l'a pas vexé du tout, et elle est même venue alors me parler à l'oreille. Faudrait, qu'elle me mémure, que vous lui fassiez enlever son râtelier. Il doit le gêner pour respirer son râtelier. Moi, je voulais bien qu'il enlève en effet son râtelier, mais dites-le lui donc à vous-même. Je lui ai conseillé. C'était délicat comme commission à faire dans son état. Non, non, ce ne sera pas mieux de votre part, qu'elle insiste. De moi, ça lui ferait quelque chose que je sache. Ah ! que je m'étonne ! Pourquoi ? Il y a trente ans qu'il en porte un, et jamais il ne m'en a parlé. On peut peut-être lui laisser alors, que je propose, puisqu'elle a l'habitude de respirer avec. Oh non, je me le reprocherai, qu'elle m'a répondu avec comme une certaine émotion dans la voix. Je retourne en douce alors dans la chambre. Il m'entend revenir près de lui le mari. Ça lui fait plaisir que je revienne. Entre les suffocations, il me parlait encore. Il essayait même d'être un peu aimable avec moi. Il me demandait de mes nouvelles, si j'avais trouvé une autre clientèle. Oui, oui, que je lui répondais à toutes ces questions. Ça aurait été bien long, trop long et trop compliqué pour lui expliquer les détails. C'était pas le moment. Dissimulé par le bâton de la porte, sa femme me faisait des signes pour que je lui demande encore d'enlever son râtelier. Alors, je m'approchais de son oreille au mari et je lui conseillais à voix basse de l'enlever. Gaffe ! Je les ai jetés au cabinet, et qu'il a fait alors avec des yeux plus effrayés encore. Une coquetterie en somme, et il râle un bon coup après ça. On est artistes avec ce qu'on trouve. Lui, c'était à propos de son râtelier qu'il s'était donné du mal esthétique pendant toute sa vie. Le moment des confessions, j'aurais voulu qu'il en profite pour me donner son avis sur ce qui était arrivé à propos de sa mère. Mais il pouvait plus. Il battait la campagne. Il s'était mis à baver énormément. La faim ! Plus moyen d'en sortir une phrase. Je lui essaie la bouche. Je redescendis. Sa femme dans le couloir en bas n'était pas contente du tout. Elle m'a presque engueulée à cause du râtelier, comme si c'était ma faute. En or qu'il était docteur. Je le sais. Je sais combien il l'a payé. On n'en fait pas plus des comme ça. Toute une histoire. Je veux bien remonter et essayer encore que je lui propose tellement j'étais gêné. Mais alors seulement avec elle. Cette fois-là, il ne nous reconnaissait presque plus le mari. Un petit peu seulement. Il râlait moins fort quand on était près de lui comme s'il avait voulu entendre tous ce qu'on disait ensemble, sa femme et moi. Je ne suis pas venu à l'enterrement. Il n'y a pas eu d'autopsie comme je l'avais redouté un peu. Ça s'est passé en douce. Mais n'empêche qu'on s'est fâchés pour de bon tous les deux avec la veuve en rouille à propos du râtelier. Et dans le fond du jardin, ils ont une petite cabane dans laquelle ils ont enfermé la mère de monsieur. Donc à un moment, cette dame, en fait, elle continuait par vivre et puis elle ne mourait pas. Donc les enrouilles étaient embêtées de l'entretenir. Madame enrouille a insisté pour que le fils interne la mère qui était au fond du jardin. Bref, à un moment donné, l'internement en maison de retraite n'était pas possible. Donc ils ont embauché quelqu'un pour la tuer. Et Robinson a raté son rôle de tuer la vieille du fond du jardin. Il a reçu du plomb en plein visage. Finalement, c'est un prêtre qui, étant au courant de l'affaire, a envoyé le meurtrier potentiel et la vieille à Toulouse dans un pensionnat. Où finalement, ils sont devenus amoureux l'un et l'autre. Sauf que dans la maison est resté le couple enrouillé. Et là, manifestement, monsieur enrouille est en train de décéder et sa femme ne pense qu'au râtelier en or de son mari. Son état ne l'inquiète pas. La mort ne l'inquiète pas. Elle veut récupérer son dentier en or. Voilà, donc très intéressant. Pourquoi Louis Ferdinand Céline a été détesté ? Parce qu'il explique la misère et la méchanceté humaine, quelle que soit son origine. Les blancs, les noirs, les hommes, les femmes, les docteurs, les curés, les chercheurs, tout y passe. Et il ne pardonne pas la stupidité humaine. Et là, on voit une dame qui est en train de perdre son mari. Elle ne pense qu'au dentier en or de son mari qu'elle veut récupérer avant que celui-ci ne parte dans son cercueil. C'est lugubre, mais c'est tout à fait ça. Ce genre de situation, on l'a vécu pendant le Covid. Beaucoup de personnes âgées ont été euthanasiées sur ordre parce qu'il ne fallait pas envoyer tous les vieux qui toussaient et qui chauffaient des maisons de retraite vers les urgences. Donc on les a endormis en masse. Et combien de familles, dans une fausse douleur, ont accueilli la mauvaise nouvelle en disant enfin on va arrêter de payer la maison de retraite, sachant qu'un mois de maison de retraite c'est minimum 1800 euros par mois, voire plus de 2000 euros. Qui peut aujourd'hui donner tous les mois 2000 euros pour soigner une personne âgée en maison de retraite ? Les enfants qui s'endettaient ont apprécié le Covid quand ils ont perdu des parents. C'est horrible, vraiment terrible comme mentalité. Donc lui Ferdinand Céline a été détesté parce qu'il met en lumière l'ignominie, la méchanceté humaine. Voyage au bout de la nuit, achetez ce livre. Il y a une très belle critique sur la guerre où on a les chefs qui envoient la chair à cagnon se faire dézinguer sur le front. Lui Ferdinand Céline lui-même a été blessé pendant la première guerre mondiale sur le champ de Ypres et il est revenu se faire soigner à Asbrouck dans le nord, une ville que je connais très bien. Voyage au bout de la nuit, achetez ce livre.

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