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Avant Propos du Livre Brûlé de Marc Alain OUACKNIN

Avant Propos du Livre Brûlé de Marc Alain OUACKNIN

HOUYENGAHHOUYENGAH

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A travers les livres nous pouvons aller vers plus de sagesse... ne pas refaire les mêmes erreurs. La mémoire se travaille se critique... ensemble et chacun à sa place. Le jour où pour une quelconque raison on se dit... cela signifie la fin, la vieillesse et donc la mort. Il faut toujours parler et critiquer le pouvoir en place, il faut lire, il faut vivre. Achetez ce livre très enrichissant.

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Transcription

« Il est interdit d'être vieux » Rabi Laman de Braslav C'est un texte que l'on trouve dans le livre que je vous conseille d'acheter, le livre « Brûlé » écrit par Marc-Alain Watnin, qui anime l'émission Talmudic tous les dimanches sur France Culture, une émission très enrichissante sur la culture judéo-chrétienne. La base même de la culture judéo-chrétienne et islamique, puisque, on le sait tous, les chrétiens sont nés du judaïsme, comme l'islam est né du judaïsme. « Que jamais la voix de l'enfant en lui ne se taise, qu'elle tombe comme un don du ciel offrant aux mots desséchés l'éclat de son rire, le sel de ses larmes, sa toute puissante sauvagerie ! Elle erre des forêts ostinato ! » C'est à nouveau l'énigme, l'énigme de l'étrangeté de l'enfance, l'enfance qui en sait plus que nulle réponse ne lui convient, prononçant à haute voix, la voix ravissante, ravie au silence qui toujours s'y retient. Le nom Serviam refut glorieux dans l'accaissement de l'extrême détresse. « Ne voulant, ne pouvant terminer, je m'en remets pour l'instant à la parole d'un maître assidique qui a toujours refusé d'être maître, Rabbi Naaman de Braslav. Il est interdit d'être vieux. Ce qu'on peut d'abord entendre, interdit de renoncer à se renouveler, de s'en tenir à une réponse qui ne remettrait plus en cause la question, finalement, mais c'est sans fin, n'écrivant que pour effacer l'écrit, ou plus exactement, l'écrivant par l'effacement même, maintenant, ensemble, épuisement et inépuisable, la disparition qui ne s'exténue pas. Ainsi, en vient-il à n'écrire le livre secret que pour le brûler, devenant célèbre comme l'auteur du livre brûlé. Ce texte a été écrit en préface par M. Blanchot, extrait de Anacrus, fragment d'Une voix venue d'ailleurs, Ulysses, fin de siècle 1992. Avant propos de l'auteur Marc-Alain Wattenin, le bon Dieu n'a pas créé la religion, il a créé le monde. Pour Franz Rosenwald, cette phrase signifie que la religion n'est pas une réalité à part se superposant à la réalité. Au contraire, il veut dire que l'essence première de la religion est dans la façon même dont l'être est, ce qui revient à avancer, en somme, Dieu a créé la religion, dans ce sens, le terme de religion est noble, rien de commun avec l'acception onctueuse, mystique, pieuse, homélétique, cléricale en un mot de ce terme. Cependant, cette phrase servira d'exergue à la pensée présentée dans ce livre, en rendant au mot « religion » son sens quotidien et banal. Ainsi, l'énoncé « le bon Dieu n'a pas créé la religion, il a créé le monde » est-il pour nous le point de départ d'une critique de la religion et du religieux ? Critique du religieux mais aussi du politique, politique entendu au sens d'institution du pouvoir, se donnant le droit d'exercer des actes de violence, quels qu'ils soient, et légitimant cette violence par la loi, laquelle, même laïque, n'est qu'une autre figure du religieux. Cette critique ne vise pas une suppression du politique mais sa réduction, il s'agit de réduire l'état au minimum d'état, de limiter le politique, pour libérer une place à une autre parole non violente. On pourra objecter qu'il est facile de critiquer le politique et le religieux si, a priori, il se voit affublé de significations négatives, voire péjoratives. Ces significations, toutefois, il les possède bien en propre, que l'on considère autour de soi la montée du fanatisme politico-religieux qui exerce sa violence et obtient gain de cause par cette violence, au cœur même de pays démocratiques. Ce livre n'est, cependant, ni un livre de science politique, ni de philosophie politique dans lequel pourrait se succéder une suite d'exemples de situations négatives que l'on pourrait critiquer ensuite, en en démontant les mécanismes. Ceci a déjà été fait et le sera encore. Notre propos est plus restreint, plus spécialisé et moins direct. Il sera question de judaïsme et de Talmud. Pour comprendre ce qui va suivre, il faut en saisir le projet. Le même livre, exactement le même, avec un autre projet, serait un autre livre. Pourquoi le livre brouillé ? Le sous-titre du livre indique qu'il sera question de Talmud. Évitons un réflexe. Ce livre brouillé n'est pas le récit de l'ensemble des mesures visant le blocage de la transmission de la tradition juive. Celle-ci relève de la violence politique ordinaire et signale les méthodes de répression les plus usuelles. Il ne s'agira donc pas du fait que le Talmud, après deux ans de procès, fut confisqué et que le 6 juin 1242, 24 chartés de manuscrits du Talmud furent brûlés en place de grève à Paris, l'actuelle place de l'Hôtel de Ville. C'était sous le règne de Saint Louis. Il ne s'agira pas non plus du fait que tous les exemplaires du Talmud furent confisqués par un décret de l'Inquisition et brûlés à Rome le 9 septembre 1553. Il ne s'agira pas non plus de ce 21 mars 1564 où le papy V, revenant sur les interdits successifs de ses prédécesseurs, ajouta qu'il sera possible de recourir au Talmud si le mot ne figurait en toute lettre sur aucun des exemplaires de lecture. Il ne s'agira pas non plus de… Non, ce livre n'est pas une nouvelle édition de la Vallée des Pleurs. Le livre brûlé, c'est d'abord un titre de livre emprunté à Rabi Naman de Braslav, maître assidique de la fin du XVIIIe siècle, qui décida un jour d'hiver de l'année 1808 de brûler un de ses livres auxquels il donna par la suite le nom de livre brûlé. De ce livre, il ne nous reste que le titre et une tradition qui nous expliquent la nécessité de brûler les livres saints. Ceci constitue la troisième partie du présent ouvrage. Le livre brûlé, c'est aussi la mise en scène que règle le Talmud dans le 16e chapitre du traité Shabbat pour poser la question suivante. Qu'est-ce qu'un livre ? Le Talmud imagine un incendie ayant lieu le jour du Shabbat, septième jour de la semaine, jour saint pendant lequel il est interdit d'allumer et même d'éteindre un feu. Que faut-il faire avec ces livres ? Ils brûlent. Il faut les laisser, il faut les sauver. Jusqu'à quelle limite un livre est-il considéré comme un livre digne d'être sauvé ? Interrogation étrange que le Talmud, lui, prend très au sérieux. Ceci fait l'objet de la première ouverture du second livre intitulé précisément « Qu'est-ce qu'un livre ? ». Le livre brûlé, c'est aussi une réflexion sur le texte qui, dans le traité Iôma 54a, nous apparaît comme un voile cachant et montrant à la fois des formes, des sens, des visages et des corps, des mots et des lettres, un monde clignotant, visible et invisible. C'est la deuxième ouverture du second livre. Le livre brûlé, c'est enfin notre relecture de l'histoire du Talmud, de l'interprétation talmudique où nous avons essayé de montrer que le livre qui n'en est pas un se constitue dans son retrait, dans son effacement, dans sa brûlure quand il signifie. C'est le premier livre de cet ouvrage qui est à la fois une histoire des textes et une introduction que nous avons rédigée à partir de la pensée interne du Talmud. Nous avons essayé de respecter dans cette première partie un style et une sensibilité qui, étant très proches des textes, pourront sembler empreintes d'une certaine naïveté, mais ce n'est qu'une apparence, la naïveté ne serait-elle pas l'autre nom de la fidélité. Repère historique donc, mais aussi méthodologique, là encore avec le souci de faire apparaître une certaine manière de voir et d'entendre le texte talmudique comme nous allons l'exposer. Voilà donc à présenter les trois parties de ce livre. 1. Repère historique et méthodologique. 2. Ouverture talmudique. 3. Le livre brûlé, un aspect de la pensée de Rabbi Naaman de Braslav. Voilà à préciser la structure du livre et les thèmes abordés. Essayons maintenant de cerner au plus près le questionnement et les interrogations mises ici en place ou, si l'on veut, le projet spécifique évoqué plus haut. Voici deux propositions. 1. La question centrale du judaïsme est celle de l'interprétation et le talmud est le lieu du conflit des interprétations. 2. Dans toute société, c'est un texte, loi ou révélation, nomos ou torah, un code parlé-écrit de communication entre les hommes et le divin, qui constitue l'espace de la cité et de la conscience. 3. Le texte fonde le social sur le mode d'une méditation entre les hommes. Il en forme la texture intime, le milieu ambiant. 4. Le questionnement qui agit ce livre prend naissance dans la confrontation et dans l'essai d'articulation de ces deux propositions. Étant donnée la place fondatrice du texte, quelle est la place de l'individu et de la subjectivité à l'intérieur de la société textuelle ? L'organisation de la société, le politique, fondée sur la loi du texte, n'est-ce pas l'anéantissement du sujet auquel se substitue, afin d'en occuper la place, des discours prêts à parler d'une propagande quelle qu'elle soit, transformant la subjectivité en subjectivité préfabriquée ? 5. L'être humain qui, selon la tradition juive, puise toute sa dignité ontologique dans sa capacité de parler, n'est-il pas réduit à n'être plus qu'un être parlé par le discours dogmatique des institutions ? Ces questions ne sont possibles qu'à partir d'une certaine vision du monde, d'une prise de position précise quant à la définition anthropologique et philosophique de l'homme. À la question « Qu'est-ce que l'homme ? », les maîtres du Talmud répondent qu'il est un « quoi ? », un « qu'est-ce que c'est ? », réponse énigmatique qu'il ne faut pas s'empresser de comprendre au risque d'en supprimer les faits. On peut dire que les maîtres du Talmud développent une philosophie du sujet, où la personnalité de chaque homme est le centre de la réflexion. Chaque homme doit essayer de faire émerger ce qu'il a d'unique en lui, ce en quoi il est le possesseur d'une question, la sienne, qui fait de lui un « qu'est-ce que c'est ? », bien particulier différencié. En cela, les maîtres du Talmud s'inscrivent dans la lignée de la révolution prophétique qui eut lieu à l'époque de Jérémie, révolution ou plutôt mutation mentale, qui se produisit au VIe siècle avant notre ère et qui constitua ou consista en la substitution du particulier au collectif. Alors que le prophète classique avait surtout insisté sur le salut du peuple en tant que tel et non sur l'identité collective, avec Jérémie s'inaugura un approfondissement de l'ordre personnel et humain, sa mise en relief au sein de l'ordre social et de l'ordre de la nature. Cet approfondissement n'est pas l'avènement d'un égoïsme, mais la compréhension de l'homme comme être séparé et unique. Cette séparation n'est pas la négation d'une socialité fondée sur une relation, au contraire, elle en est la possibilité. Dans ce contexte philosophique, le texte de la loi doit jouer un double rôle. D'une part, rendre possible la socialité, la relation intersubjectivée. D'autre part, permettre la constitution de l'individu dans ce qu'il a de spécifique à partir de l'interprétation. Voilà donc deux exigences contradictoires. La loi unique pour les deux êtres de la relation et de leur interprétation divergente, voire opposée de cette même loi, sont-elles conciliables ? Nous ne pensons pas avoir donné une réponse à cette question. Nous espérons néanmoins en avoir réussi une formulation plus précise, plus approfondie, d'en avoir dégagé les implications et les présupposés épistémologiques et métaphysiques. Ainsi, plusieurs notions fondamentales sont-elles abordées ? Le temps, l'histoire, la vérité. Il suffira de dire que nous avons tenté de frayer un chemin. Le livre Brûlé se présente comme une défense de la subjectivité fondée sur la capacité à retrouver une parole parlante. Malgré l'existence des textes du pouvoir politico-religieux, nous avons tenté l'exposition des moyens qui rendent possible le passage du livre à la parole. Il faut ici, dans cet avant-propos, nous dédier de la première phrase de notre texte qui peut conduire à certaines méprises. Nous avons écrit « Au commencement est le livre ». Le livre est certes bien au commencement, au commencement seulement. Après le commencement, il y a un travail de déconstruction du livre, le passage d'une loi écrite à une loi orale. L'histoire du livre est l'histoire de son effacement et l'homme est condamné à interpréter et le peuple juif n'est pas le peuple du livre. Effacement particulier qui n'est pas nécessairement effacement du texte puisque, paradoxe, c'est effacement à lieu par l'ajout de paroles, de textes supplémentaires. Il y a plutôt effacement de la maîtrise du discours, de la violence portée par le discours, effacement non silencieux puisqu'il faut des mots pour que le discours se taise. Et peut-être est-il question d'autres choses encore. Certainement, d'ailleurs, il suffit alors de lire ce livre comme une introduction talmud où nous répondons à la question tout simple « Qu'est-ce que le Talmud ? » Texte souvent cité mais rarement lui est compris. Introduction historique et méthodologie suivie de deux exemples, deux textes talmudiques dont nous présentons le texte hébraïque, la traduction et un commentaire. Deux ouvertures qu'il ne faut pas lire mais travailler, étudier, méditer, reposer, reprendre, reprendre encore, c'est-à-dire qu'il est nécessaire pour le lecteur d'essayer sa propre interprétation, sa propre réflexion avant de s'engager dans les méandres de nos interprétations. Après cette introduction et ces exemples, un périple nous mènera vers la pensée d'un maître original qui nous a posé l'énigme du livre brûlé. Dans ce livre, nous avons invoqué plusieurs auteurs souvent contemporains, en d'autres en dehors des maîtres du Talmud. Est-il utile d'entrer dans un débat sur l'interprétation ? Les auteurs invoqués avaient-ils vraiment les intentions que nous leur avons prêtées ? Qui sait ? Le seul critère d'une interprétation, c'est sa fécondité, tout ce qui donne à penser au nord celui qui l'offre. Voilà, donc c'était l'avant-propos du livre brûlé de Marc-Alain Wattenin, quelque chose qui donne à penser. Donc un texte par lui-même ne veut rien dire, ce qui est important c'est son interprétation, le digérer, le prendre en soi, le lire, le relire, le mâcher, l'absorber, goûter tous les mots et aller sortir des idées qui parfois peuvent être contradictoires. Le livre est là, c'est-à-dire qu'à travers la mémoire que nous avons dans nos livres, nous pouvons espérer, à travers justement ces erreurs qui sont là gravées, nous pouvons espérer aller vers plus de sagesse. Merci à Marc-Alain Wattenin, achetez le livre, le livre brûlé de Marc-Alain Wattenin.

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