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Une émission de France Culture
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This is a documentary about Haile Selassié, the last emperor of Ethiopia. The filmmaker, Elodie Maillot, wanted to go to Ethiopia after seeing a photo of him in a newspaper. She eventually met him and was not disappointed by the experience. Haile Selassié was a complex figure, seen as both a hero and a dictator. He used imagery and titles to maintain power and influence. His biography has yet to be written, but his portrait continues to captivate. From a young age, he was associated with miracles and divine election. He was photographed frequently, both by missionaries and for healing purposes. Haile Selassié's upbringing did not prepare him to rule, as his cousin Lidjiasou was initially chosen as the successor. Lidjiasou was overthrown, and rumors circulated about him trying to Islamize the empire. Haile Selassié had to justify his place as emperor and embarked on a diplomatic tour of Europe. Ethiopia's independence from colonization Tout une vie, Haile Selassié, le dernier roi des rois d'Ethiopie, un documentaire d'Elodie Maillot, réalisé par David Jakubowiez. J'ai découvert un jour dans un journal la photo d'un homme seul et un petit roi noir qui venait à Genève crier le désarroi de son pays envahi. Et j'ai toujours pensé qu'il fallait que je rejoigne l'Ethiopie. Et vous avez rencontré sa majesté l'empereur d'Ethiopie Haile Selassié. Oui, j'avais même très peur. J'avais très peur d'abord de ne pas pouvoir l'atteindre et ensuite j'avais très peur que l'image que je m'en étais faite soit déçue d'une certaine façon par la réalité ou du moins par la non-correspondance. Et qu'en a-t-il été ? Nullement, ça a été une raconte fantastique qui a été le couronnement d'une persévérance d'enfant et c'est ça la poésie. Je crois que la poésie c'est prouver que ça peut exister dans la réalité. Là-bas, en Ethiopie, il y a une sombre brûle. Haile Selassié, négus, roi des rois. Descendant de Moïse à ce qu'on croit, s'attaque dans sa mort. Je lui crois surtout. C'est un drôle. France Culture, toute une ville. Haile Selassié. Le dernier roi des rois au-delà des icônes. Un documentaire de David-Jacques Bouvier et Élodie Maillot. Il y était une fois, l'histoire d'une image, l'histoire d'une icône qui a fait le tour du monde et qui a fait regarder des millions de gens vers l'Afrique. Quel cliché restera-t-il d'Haile Selassié ? Roi fantôme, souverain éclairé, intriguant diplomate, pont entre l'Afrique et l'Occident, roi des rois d'Ethiopie, dictateur paranoïaque, père de l'unité africaine, messie du peuple noir, dont les pieds reposent sur un coussin brodé, prophétique orateur à la SDN, héros mystérieux de romans et de la lutte contre le fascisme. Haile Selassié est certainement tout ça à la fois, peut-être moins, peut-être plus. Sa biographie n'a pas encore été écrite, mais son portrait traverse le temps. Comme un négatif, il révèle sa lumière et ses ombres dans les chambres noires des photographes du monde entier, à chacun son cadre, à chacun son regard. Moi je trouve qu'il a des yeux qui pétillent d'intelligence déjà. Il a un beau visage et un visage sans émotion. Tout est dans le regard chez Haile Selassié. Il était impressionnant avec sa barbe et sa chevelure. Je trouve qu'il est intéressant même graphiquement. Il est beau comme un roi éthiopien. Et c'est marrant parce qu'il a un corps, il est petit, il est frêle, mais il dégage une énergie, on sent une volonté de faire. Pour moi c'est pas un personnage du tout beau, magnifique et héroïque du début jusqu'à la fin, mais c'est justement ça qui m'intéressait pour ce roman. Il était difficile à fermer parce qu'il était constamment en représentation. Il se disait Lion de Judas. L'Empereur pouvait être pris en photo parmi les grands du monde. Chose tout assez unique pour un jeune homme noir africain dans les années 1930. Haile Selassié ça veut dire la force de la Trinité. C'est pas pour rien que les Rastafaris l'ont considéré comme un messie. C'est un personnage dans la vie duquel la grande histoire s'invite. Comme toujours dans ces cas-là, il va y avoir de l'épopée, de la tragédie, des rebondissements incroyables et un souffle. L'Empereur a joué avec les mythes et les titres pour gouverner et pour durer. Selassié dignement drapé dans une cape avec épée et gants blancs. L'Empereur en habit de souverain couronné d'or. Le négus coiffé d'un casque colonial ou d'un chapeau à plumes. Rastafari à la fois tiré par des chevaux blancs dans un carrosque et attendu au Parlement pour imposer le suffrage universel et aboulir l'esclavage en Ethiopie. Sa majesté dont le portrait s'affiche encore dans les maisons en Jamaïque ou ailleurs. Un portrait qui veille au mur. Comme disait Roland Barthes, la mythologie est un langage qui ne veut pas mourir. Un enfant qui s'écorche les genoux à courir dans les cailloux, à faire des bêtises et à... Non, on voit un enfant sage. Le regard est fixe, presque sévère déjà. Julia Bonacci, historienne. Il y a toute une interprétation qui existe autour de la naissance miraculeuse de l'enfant Tafari Makonnen. Ah bon ? Né à Edersagoro, à 35 kilomètres de Harar, cinquième ville sainte de l'Islam, grande ville fortifiée de l'Est de l'Ethiopie, où il est dit que Yeshimabed, sa mère, aurait perdu près d'une dizaine d'enfants. Avant de donner naissance à Tafari, une nuit où un orage terrible s'est déchaîné sur les collines d'Edersagoro, le 23 juillet 1892. Et c'est intéressant parce que ça place vraiment l'élection divine sur cet individu bien avant qu'il ne soit couronné en 1930, roi des rois d'Ethiopie. Et donc, dès sa naissance, placé sous le signe du miracle, on peut alors comprendre que même des photos de cet enfant puissent être appréciées ou affichées sur un mur. Alors la première photographie qui a été faite de lui, c'est une photographie qui a été prise en 1896. Il a 4 ans. On voit qu'il est vêtu d'une chemise traditionnelle des princes chrétiens éthiopiens avec une très grande croix attachée autour du cou. C'est une photographie qui a été faite, alors non pas par l'église orthodoxe éthiopienne, mais par des missionnaires catholiques français, et en l'occurrence par Mgr Jarosso. Haile Selassié a perdu sa mère très tôt. Le père de Haile Selassié, Ras Makonnen, est un grand dignitaire du royaume. Il fait office de ministre des affaires étrangères et de chef de guerre. Dans ses déplacements, le Ras Makonnen confie son fils aux missionnaires catholiques, donc à Mgr Jarosso. Il apprend très tôt le français. Cette maîtrise du français et cette connaissance de la culture française jouera un rôle très important dans la suite de sa carrière et dans sa conscience très aiguë, des rapports de force qui se jouent alors qu'on est en pleine époque coloniale. Il y a beaucoup d'enfants éthiopiens de l'âge de 4 ans qui se font photographier à la fin du 19e siècle. Les enfants qui étaient promus à un avenir politique se faisaient photographier relativement tôt. Haile Selassié est aussi un chrétien éthiopien. Pour les chrétiens des hauts plateaux, l'image joue un rôle extrêmement important puisqu'il y a des images qui sont également créées pour guérir, des images qu'on peut mettre en pendentif, en talisman et qui sont destinées à guérir les fidèles. Chez Haile Selassié, il y a un usage très développé de l'image qui s'inspire des usages internationaux mais en même temps il vient d'une culture religieuse éthiopienne où les images sont rares mais précieuses. Il n'a pas été éduqué pour régner sur l'Ethiopie puisque c'était son cousin, Lidjiasou, Lidj veut dire prince, qui avait été formé et choisi pour devenir le successeur de Menelik II. Lidjiasou était un personnage très, comment dire, excentrique, violent, qui avait toujours plusieurs femmes autour de lui et dans son lit, qui avait tous les excès en fait, qui ne ressemblait pas du tout pour le coup à Rastafari. Lui on décrit plutôt en général quelqu'un de plutôt réservé, même physiquement il en imposait beaucoup moins par rapport à Lidjiasou qui était grand et costaud, Pteufari lui était petit et plutôt maigre. Lidjiasou lui-même était le fils d'un musulman et d'une chrétienne. Alors traditionnellement dans l'ancien régime éthiopien, tous les empereurs, les rois étaient chrétiens. Et du coup ses ennemis faisaient courir le bruit que Lidjiasou voulait islamiser l'Empire en quelque sorte. Et donc a commencé à cette époque-là à circuler une rumeur selon laquelle il y aurait eu un portrait photographique de Lidjiasou avec une sorte de panne et un turban vêtu comme les musulmans de son pays. Alors qu'en fait c'était un faux, c'était un photomontage, comme on dirait aujourd'hui un fake quoi, si vous voulez. Le photomontage techniquement c'est tout à fait plausible à l'époque, c'est tout à fait courant. Et pour la plupart des gens en Éthiopie c'est clair que Lidjiasou a été renversé sur un coup d'état qui a été fomenté en particulier par Pteufari qui en est un des principaux bénéficiaires. Donc c'est un problème qu'il a poursuivi pendant tout son règne. Il y a quand même une rupture dans l'ordre dynastique des choses. Une partie des descendants de Menelik clame qu'en fait Rastafari est un imposteur, un usurpateur, pas un imposteur, un usurpateur. Et c'est pas complètement faux. Donc il a lui aussi besoin de justifier sa place, il faut qu'il justifie son job. Il part en Europe en 1924 et il fait une véritable tournée diplomatique. C'est l'époque où l'Éthiopie vient d'être admise à la Société des Nations, la SDN, donc l'ancêtre de l'ONU. Et c'est remarquable parce que l'Éthiopie est le seul pays qui n'a jamais été colonisé. Donc c'est quelque chose d'assez exceptionnel. Et il commence cette tournée qui va le mener à Berlin, Paris, Athènes, Londres. Il commence cette tournée par Jérusalem. Jérusalem parce que c'est évidemment le pèlerinage qui est dû à la ville sainte par un monarque chrétien d'Éthiopie. L'Église et le pouvoir royal sont tellement proches, tellement liés en Éthiopie qu'il est normal que la première étape de ce grand voyage soit faite à Jérusalem. A partir de là, en gros, il ne va plus lâcher le pouvoir, même s'il va changer à plusieurs reprises de position en devenant Negus en 1928, premier couronnement. Puis Negus Negus, c'est-à-dire empereur, en 1930, deux ans plus tard, et ainsi de suite. Les années 1920, on est dans une période encore pour l'Éthiopie d'affirmation de soi sur la scène internationale. Haïlé Selassié, lorsqu'il a publié son autobiographie My Life and Ethiopia's Progress, donc Ma vie et le progrès de l'Éthiopie, il écrit dedans que maintenant, en Éthiopie, comme dans tous les pays modernes, on peut entendre notre hymne. Un hymne national ? Oui. C'est un hymne dont les paroles sont à la gloire du prince, mais c'est le premier hymne national de l'Éthiopie. Donc ce n'est pas rien du tout. Donc ici, on voit le jeune Rastafari, en blanc, au milieu d'hommes politiques éthiopiens et français qui sont tous habillés en noir. Ils sont à Versailles, sous une sorte de bas-relief qui représente Louis XIV, et c'est peut-être le premier des régions africains qui ait reçu en si grande pompe, à Versailles, en France, le seul souverain d'un pays qui n'est pas colonisé. Oui, la France a beaucoup soutenu Rastafari dans sa prise de pouvoir, et puis jusqu'à l'invasion italienne, la France va soutenir diplomatiquement l'Éthiopie. Il et Sélassier avaient certainement quelques idées sur ses prochaines relations avec l'Italie. Je pense qu'il a dû comprendre que ça serait tendu. Et sur cette photo, est-ce que vous pourriez décrire, Fabienne Leweru, sa position par rapport à Mussolini ? Ils sont très loin l'un de l'autre, ils ne se donnent pas la main. Mussolini fait une tête absolument abominable. Aïlé Sélassier est impassible, il est en représentation et il ne montre rien. Il y a une élégance chez Aïlé Sélassier, ça c'est certain. Il y a un sens de la tenue, il est toujours droit comme un i. On sent très bien qu'il contrôle son image, qu'il veut dégager de l'autorité. Je pense que c'est quelqu'un qui a déjà compris à son époque. On est au début du cinéma, 1920, et déjà on voit qu'il maîtrise parfaitement sa code. En 1930, il a voulu que le monde entier assiste à son couronnement. Alors il a activement préparé son massacre en mettant en scène la ville, en construisant des axes de communication, des voies carrossables, en construisant des palissades également pour cacher ce qui devait être caché aux yeux des étrangers. Il fait venir un carrosse d'Allemagne, il fait créer une urbe et un sceptre à Londres. Et tout est mis en scène pour que les étrangers comprennent les ressorts de son pouvoir et le situent comme un des grands hommes politiques de ce monde. En 1930, il y a de la presse, il y a de la radio, il y a des premières images, il y a de la photographie, et tout ça contribue à donner au sacre une surface beaucoup plus importante. Là, ce qui est différent, c'est que c'est le roi des rois d'Ethiopie qui choisit comment on fait la photo et quelle photo on va faire de lui. Et c'est son pouvoir qui vient en scène. Ce n'est pas un reflet du pouvoir de quelqu'un d'autre. Si vous lisez les articles écrits par les journalistes du National Geographic, et notamment les articles de Addison Southard, qui est un grand politicien blanc américain, il est subjugué par la splendeur de l'Ethiopie, par la richesse des palais, des tissus, de tout cet apparatus. Il se raccroche, comme les Européens de l'époque aussi, à cette incroyable royauté africaine. Mais royauté. Donc la fascination était une fascination partagée en 1930. Largement partagée, je pense, dans le monde de l'époque. On n'est pas là face à un corps strictement humain. On est face au corps du roi couronné. C'est impressionnant la beurure, tout ce qu'il porte, la couronne. C'est vraiment un roi des rois. Bien que sa barbe lui donne un aspect d'homme mieux âgé, on dirait un maharaja indien. On ne le trouvait pas. C'est une photo qui montre vraiment une certaine puissance de la Trinité. Allez, laissez l'acier, vous voyez. Oui, on en a fait ici un surhomme. Mais quand vous connaissez le monsieur de tous les jours, il n'est pas comme ça. Ce n'est pas la personne que j'ai connue. Mais c'est quand même une belle photo. C'est ça, en fait, qu'il fallait laisser l'acier. C'est qu'il met le corps noir en majesté au sens propre et figuré. Tout à fait. C'est pour ça que cette image est puissante. L'image de l'empereur sert de levier pour renverser 400 ans d'histoire de représentation des corps noirs enchaînés, soumis à l'asservissement pour transformer ces corps noirs vers des corps noirs souverains, sacrés. Le renversement de valeurs est formidable. Et rien que ce renversement-là, en fait, peut nous aider à comprendre l'importance de l'image du roi des rois d'Ethiopie, jusqu'à aujourd'hui, dans notre monde. L'image du roi des rois d'Ethiopie Le 23 novembre 1964, l'Italie fasciste de Mussolini attaque l'Ethiopie. Les Italiens, ils avaient la Libye depuis le début du XXème siècle et donc l'Ethiopie a toujours fait partie d'un rêve italien. Depuis longtemps, la propagande était déstabilisante, critiquait l'empereur, l'empire, avec des critiques sociales très importantes en disant qu'il avait créé un régime féodal, etc. Symboliquement, la presse italienne est revenue sur la bataille d'Hadoua. C'était la première fois qu'une armée noire battait une armée européenne. Donc ça a été une déroute qui était un peu l'Alsace-Lorraine des Italiens. C'était en 1896. Et donc ça, ça revient énormément dans la presse italienne. La blessure d'Hadoua, vengée Hadoua. 1936, recours de Mussolini à la chambre des fascistes et des corporations. L'empire d'Ethiopie est à la merci de nos armes, le négus est en fuite. La victoire, elle a été foudroyante. C'est l'aviation qui a gagné. Et les gaz moutardes. Là, on est vraiment dans une inégalité. Tout le monde s'est dit que c'était la victoire, que c'était la victoire, que c'était la victoire, que c'était la victoire, que c'était la victoire, que c'était la victoire, que c'était la victoire, que c'était la victoire, que c'était la victoire, que c'était la victoire, que c'était la victoire, que c'était la victoire, que c'était la victoire, que c'était la victoire, que c'était la victoire, que c'est la victoire, que c'est la victoire, que c'est la victoire, que c'est la victoire, que c'est la victoire, que c'est la victoire, que c'est la victoire, que c'est la victoire, que c'est la victoire, que c'est la victoire, que c'est la victoire, que c'est la victoire, Votre Excellence, vite ! Alors il se lève, entouré de ces hommes qui veillent sur lui avec l'attention d'une mère, et ils sortent en courant de la grotte. Courir, souffle court, courir, avant que les avions n'aient fini leur tour dans le ciel, sentir les pierres glisser sous ses pieds mais continuer, les ventres à terre, courir, parce que c'est ce que font les vaincus. Donc il n'a pas appris cette déconfiture dans son palais ou à dix kilomètres de là. Il était sur le champ de bataille. Il a même tiré à la mitrailleuse. Donc il a vu les gens mourir autour de lui. Laurent Godet, écrivain. Je pense que rien dans sa vie ne l'a habitué à être un fuyard, à quelqu'un qui dort dans des grottes et essaye de fuir les bombardements italiens. Parce qu'il y avait une vraie traque, très romanesque là aussi, puisqu'il prend un train. A un moment donné, Mussolini aurait pu donner l'ordre de bombarder le train mais ne le fait pas. Tout ça est très épique. Il vit pour la première fois de sa vie une décède. Il sait qu'elle est énorme et considérable. Il est quand même le descendant de ceux qui avaient battu les italiens quarante ans plus tôt à la bataille d'Hadoua qui était une victoire phénoménale, héroïque et restée dans l'histoire encore aujourd'hui. Donc lui, c'est vraiment celui qui arrive après qui va être complètement décevant. Il y a quelque chose que je trouve très bouleversant dans son cas c'est aussi qu'il y a un certain nombre de choses qu'il aurait pu faire peut-être qui auraient été objectivement, militairement plus pertinentes mais qui lui étaient interdites parce qu'il était celui qu'il est. Je pense notamment à l'utilisation de la guérilla. Mais c'est juste inenvisageable parce qu'un roi des rois ne fait pas de guérilla. Ce n'est pas noble. Je trouve ça assez tragique d'être prisonnier de ce qu'on est en dépit du bon sens d'une certaine manière. Je pense que cette défaite-là, avec une telle intensité c'est comme une énorme vague, j'imagine, qui le submerge. Quitter son pays est inimaginable. Alors, il aurait voulu partir en France mais les manoeuvres politiques de Laval ne lui disent rien de bon et donc il prend contact avec les Britanniques il arrive donc au nord du pays de l'Est du Pays ? Les ports sont au nord du pays. Il arrive avec 100 personnes, donc le capitaine du bateau attendait la famille impériale. Il voit arriver 100 personnes une casillaque, un lion et des chiens. Il voulait partir avec son lion parce que le lion ça incarnait le pays. Lui-même en 1936, le léguce quitte l'Ethiopie à bord du navire Enterprise et il débarque sur le port de Haïfa avant d'aller prier à Jérusalem. A notre descente, l'orchestre de l'Enterprise joua l'hymne national éthiopien. Marchant sur le rivage, nous passions le long des rangs de soldats qui nous accueillaient respectueusement. Et les Arabes qui n'arrêtaient pas de se disputer oubliaient leur querelle et nous regardaient passer debout côte à côte heureuses et respectueuses. Ces quelques lignes sont extraites de ma vie et le progrès de l'Ethiopie c'est-à-dire l'autobiographie de Haïlaïs Sélassié qui parle en disant de nous dans ce passage. Est-ce que vous ne trouvez pas étonnant qu'ils jouent cet hymne national alors qu'ils y ont fuite ? Vous avez tout à fait raison. C'est vrai et c'est marrant qu'il n'y reste pas grand chose mais enfin il reste cet attribut du pouvoir qui est le fait que l'Ethiopie a un hymne. La Société des Nations à Genève son fameux discours on le siffle, c'est les fascistes italiens qui ne le laissent pas parler. Le chef de la plus vieille monarchie du monde est tué à la Société des Nations par une bande de fascistes italiens. A quoi servait donc la Société des Nations ? Je prie l'Assemblée de m'excuser si je ne suis pas emprunté comme je l'aurais voulu je dirais mieux sous ma pensée avec toute la force de mon esprit et de mon coeur en parlant en Amharic. Est-ce que c'est un choix politique de choisir l'Amharic ? Il parle du gaz que les italiens ont envoyé il dit que son armée était totalement décimée à cause de ces gaz l'Italie n'a pas respecté les clauses internationales à l'époque on n'avait pas le droit d'utiliser ces gaz c'est des armes chimiques mon grand-père maternel était victime de ces gaz toxiques. Sur cet archive, on le voit dans tout ce qu'il a souhaité construire c'est-à-dire la dignité parce qu'il se fait siffler et qu'il ne réagit pas, il ne les regarde même pas à Marseille on dirait qu'il ne les calcule pas et il continue sans sourciller et il s'en va, il quitte sa manière de quitter aussi est extrêmement digne on dirait qu'il s'est calqué sur le pas du lion c'est terrible c'est un coup dur ce jour-là à la société des nations cette auguste assemblée est en train de le trahir son discours en lui-même c'est un merveilleux acte de combat il est plein de résonances avec par exemple les mots qu'on entend aujourd'hui prononcés par le président ukrainien il y a énormément de choses qui sont communes au discours de Zelensky et à celui de Lesselassie notamment sur le fait qu'il dit aux pays occidentaux, si on veut établir un équilibre international, on ne peut pas laisser un grand manger un petit sinon ça n'a plus de sens c'est un très beau discours de combat mais de combat d'un homme qui est militairement sur le terrain vaincu et qui a cette dernière arme d'essayer de faire se réveiller le concert des nations nous avons confiance dans l'avenir qui verra certainement le triomphe final de la justice on voit, il y a des photos extraordinaires où on le voit acclamé par les anglais il représente la lutte antifasciste pour les anglais et c'est assez étonnant parce qu'il a une réception populaire très chaleureuse en même temps, on voit que les politiciens anglais les premiers britanniques ne veulent pas se montrer avec lui et là, il y a des photos de l'empereur que je trouve vraiment intéressantes, où il est habillé en l'ordre anglais il est chapeau melon, je ne dirais pas botte de cuir mais il est vraiment tout à fait adapté à sa vie d'exil d'exil quand même doré c'est un espèce de temps mort il n'a sûrement pas vécu comme ça parce qu'il a dû se demander si ça allait durer tout le reste de son existence ou si c'était une parenthèse moi j'avais assez hâte qu'il revienne et de le reprendre au moment où effectivement il est dans cette espèce de vengeance historique de pouvoir revenir et de voir que c'est Mussolini qui finalement sera battu il y a une lente approche de l'éthiopie il est très entouré à ce moment là ce n'est pas du tout un retour qu'il a décidé lui tout seul c'est un retour qui est organisé et orchestré par les pays qui vont gagner la deuxième guerre mondiale il revient épaulé si ce n'est chaperonné par la France et l'Angleterre ça n'a pas été un retour très facile parce que son exil a quand même été beaucoup contesté les résistants s'appelaient les Arbaniots ça vient du mot amharique Arbana qui veut dire courage les courageux moi j'ai fait des entretiens avec des anciens combattants de cette résistance et à l'égard de Haile Selassie il y avait quand même des opinions très critiques un empereur dans l'éthiopie traditionnelle meurt sur le champ de bataille tous les autres empereurs ont été de grands guerriers et donc il y a quelque chose qui ressemble à de l'indignité certains dignitaires éthiopiens qui ont énormément participé à la résistance avaient la tentation de le supplanter et il revient sous un autre nom ça aussi c'est romanesque oui, Mr Strong c'est drôle il l'a longtemps désiré cet instant il est enfin sur le chemin du retour et il foule pour la première fois depuis sa fuite le sol du continent africain et pourtant une mélancolie s'est emparée de lui ce n'est pas l'incertitude des combats à venir ce n'est pas la peur de ne pas reprendre Addis Ababa c'est une question qui le hante a-t-il jamais été autre chose que le jouet des nations ? il regarde la rue d'Alexandrie à ses pieds qui grouille et vit avec urgence dans cet hôtel où il est descendu sous le nom de Mr Strong et il se sent triste donc là encore il est sédassé sous votre plume Laurent Godet n'est pas un roi des rois mais le jouet des nations européennes je crois que les grands personnages historiques et il en est un, ont cette intelligence il se laisse utiliser mais en même temps c'est pour servir son propre destin et pour retrouver son peuple donc il n'est pas dans la position la plus forte est-ce que c'est ce qui explique d'ailleurs qu'une fois revenu en Ethiopie il va jouer la force il va retrouver cette force-là c'est une des choses qui m'intéresse beaucoup si on considère que le moment où il est le plus beau et le plus fort c'est ce discours à la société des nations à Genève la question que je trouve assez vertigineuse c'est quand est-ce qu'il a décidé de cesser d'être cet homme de la société des nations pour devenir finalement un homme de pouvoir comme les autres j'allais dire c'est bien que vous puissiez me filmer aujourd'hui dans mon palais d'Adis Abeba les gens qui verront ces images réaliseront que même au XXe siècle avec une cause juste David peut encore battre Goliath mon père nous imposait de venir écouter l'Empereur à la télé ou à la radio quand il y avait un discours officiel de l'Empereur parce que c'était comme un dieu dans le pays l'Empereur était intouchable c'était le grand monsieur, le messie quand il passe dans la rue l'Empereur tout le monde l'attend, tout le monde est aligné tout le monde espère le voir de près alors un jour j'étais devant mon portail chez moi, grande limousine, l'Empereur passe et à un moment donné il s'arrête il ouvre sa fenêtre et il me fait signe et puis après il nous a pris comme ça par le manteau et un petit baiser sur le front puis il est parti et quelques jours après on a reçu des enveloppes des cadeaux de l'Empereur je pense que les meilleures années de l'Empereur c'est son retour c'est là où il a eu une action de modernisation la plus importante dans les années 40-50 il a ouvert beaucoup de chantiers pour moderniser son pays et donc il a fait une liste des 100 familles italiennes les plus dynamiques économiquement pour le pays qu'il a autorisées à rester dans le pays donc des anciens colons qui sont restés il y avait des garagistes il y avait des gens qui étaient au poste au transport, dans l'eau tous les domaines clés déjà de la ville d'Addis-Abeba et donc c'est comme ça que certains italiens ont pu rester et se sont auto-appelés en sablés donc on pourrait dire qu'il y a plusieurs Haile Selassie selon les moments historiques je ne sais pas pourquoi il y a une espèce de magie qui s'opère quelque chose de surnaturel qui s'opère quand on rentre pour le voir on est impressionné moi quand j'étais enfant déjà j'étais sur ces genoux moi j'avais l'impression de rencontrer un grand-père très gentil et par exemple pour les fêtes de Noël il y avait un grand-père Noël qui descendait d'un hélicoptère ou qui venait dans un char rempli de cadeaux un père Noël, il est un père Noël avec sa barbe, ça nous faisait rêver il faisait des blagues, il était drôle ? non, je n'ai pas souvenir de blagues nous on était des enfants quand même on ne pouvait pas se familiariser à ce point-là avec lui on avait un peu peur aussi on était très attention mais durant ma jeunesse je ne critiquais pas l'empereur je ne savais même pas qu'on pouvait critiquer l'empereur l'empereur a voyagé dans énormément de pays il a eu beaucoup de relations avec beaucoup de chefs d'Etat par exemple des chefs d'Etat comme le président Tito le roi Hussein de Jordanie le roi Hussein de Jordanie le roi Hussein de Jordanie le roi Hussein de Jordanie le roi Hussein de Jordanie le roi Hussein de Jordanie le roi Hussein de Jordanie la reine d'Angleterre aux Etats-Unis, il avait été reçu par le président Kennedy vous savez que c'est l'empereur non seulement qu'il a beaucoup voyagé mais il détient le record dans le livre Guinness des médailles militaires il avait même la Légion d'honneur en française sur le plan diplomatique il jouait sur toutes les cartes plus bien des chinois que des américains que des russes que des français c'est un pays qui n'a jamais été colonisé qui en même temps participait à la conférence des non-alignés ça avait une importance pour tisser des liens par la suite mon père l'a suivi dans tous ses voyages beaucoup de gens accompagnent l'empereur en voyage ou c'était parce qu'il lui faisait confiance ? je pense que l'empereur se méfiait aussi de certaines personnes quand il quittait le pays il préférait peut-être les amener avec lui parce que c'est un pays qui a connu un coup d'état c'est dans les années 60 il y a eu le premier coup d'état en Éthiopie à cette époque l'empereur était au Brésil mon père ne l'avait pas accompagné cette fois-ci à partir de maintenant il le sait où sont toutes tes méfiances et chuchotements ? où est la victoire dans cette vie de lutte et de coup d'état ? quand a-t-il été victorieux ? était-ce lors de son couronnement ? quand il pouvait encore penser qu'il serait roi des rois pour une vie entière ? maintenant il n'est plus question de cela la guerre est loin mais la menace dorénavant sera partout il sait que désormais tout sera solitude et calcul sournois la guerre est loin mais la menace dorénavant sera partout la guerre est loin mais la menace dorénavant sera partout la guerre est loin mais la menace dorénavant sera partout la guerre est loin mais la menace dorénavant sera partout la guerre est loin mais la menace dorénavant sera partout la guerre est loin mais la menace dorénavant sera partout la guerre est loin mais la menace dorénavant sera partout la guerre est loin mais la menace dorénavant sera partout la guerre est loin mais la menace dorénavant sera partout on est vraiment dans des espèces de petits détails que même un romancier n'oserait pas forcément mettre en disant on va m'accuser de charrier un peu la barque et moi j'adore ça, c'est effectivement un moment où son pouvoir est bancal et alors il fait le trajet dans un avion bancal c'est quand même incroyable le coup d'état a été surmonté par 3 généraux le coup d'état a été surmonté par 3 généraux dont mon père et c'est une drôle d'histoire les bouchistes l'ont appelé en disant il faut que tu viennes parce que la reine est malade donc il faut que tu viennes de toute urgence au palais donc il faut que tu viennes de toute urgence au palais il s'est dit on m'aurait appelé pour jouer aux cartes sans me poser de questions je serais allé mais lorsqu'on m'a dit que la reine était très malade et qu'il fallait que je vienne, il a dit que je me suis douté de quelque chose et puis c'est là qu'il a pris les contre-mesures et donc finalement c'était le général de la garde impériale et donc finalement c'était le général de la garde impériale qui avait organisé ce coup d'état donc la garde impériale c'était la garde très proche de Haile Selassier c'était sa garde personnelle mais le coup d'état a échoué et un de ses fidèles compagnons qui avait fait échouer le coup d'état des années 60 un de ses amis les plus intimes, un général il a été les gens ne savent pas, beaucoup de gens ne savent pas mais il a été empoisonné par l'empereur parce que ce chef militaire après le coup d'état était devenu très populaire ce général qui s'appelait le général Murd Murd Mengesha et un jour, le jour J le général a mangé et quelques minutes après il a eu des douleurs, il s'est mis à crier et puis il est mort comme ça alors comment je sais que c'est un empoisonnement parce que son fils m'a dit l'empereur avait ordonné à ce qu'il puisse aller en Angleterre pour vivre là-bas en espèce d'exil parce que le père était décédé on est parti dire au revoir à l'empereur derrière lui il y avait des gens alignés, des gens de la sécurité et il dit j'ai remarqué parmi eux le cuisinier notre cuisinier en fait c'était un agent de la sécurité et il dit que c'est sûr que son père a été empoisonné et ça s'est passé comme ça et mon père savait aussi mais fidèle, il n'a rien dit il ne s'est pas révolté, il a accepté mais bon c'est des histoires qui se font en dessous, disons que l'empereur ne faisait pas fusiller des gens il n'y avait pas cette violence qu'a connue l'Ethiopie par la suite mais à l'époque vous disiez, à Elie Selassie il appelait à l'unité l'unité des peuples, des peuples opprimés et puis l'unité d'Afrique et dans le même temps dans son palais il divisait pour mieux régner oui c'est normal, c'est comme ça qu'on règne enfin il divise pour mieux régner parce qu'il ne veut pas que le pouvoir soit pris par quelqu'un d'autre parce qu'il estime que c'est le seul à pouvoir mener cette Ethiopie vers cette vision qu'il a, c'est ça et quand il appelle à l'unité des pays africains c'est contre le colonialisme, contre les forces extérieures c'est pas contradictoire, mais il veut rester le chef de ce pays c'est sûr, c'est ce qu'il a fait il a gouverné 44 ans, c'est beaucoup quand même Allô, déconne ! Allô ? Allô, on vous entendait par le président Oufouette à l'interveille Allô ? Allô ? Vous m'entendez, majesté ? Dans toutes ces relations multilatérales que l'empereur avait avec tous ces noms et tous ces noms noirs il y a au début des années 60 les indépendances des pays africains quelle est la réaction de l'empereur vis-à-vis des nouvelles nations africaines ? Allez Célastier, fin diplomate a réussi à négocier des compromis entre des personnalités extrêmement polarisées et antagonistes et a finalement réussi à poser la fondation de l'organisation de l'unité africaine en mai 1963 et ce n'était pas simple de réunir toutes ces personnalités-là qui, pour cette annoncer, ne voulaient pas du tout se causer étaient idéologiquement très éloignées parce qu'il était d'une génération plus ancienne je pense que c'est il incarnait cette figure de père de l'Afrique et dont les fils pouvaient maintenant venir s'asseoir à la table avec lui à la table des pays africains indépendants Ailes Célastier, le roi des rois après avoir remercié au nom de son peuple les chefs d'état et responsables africains réunis à 10 Abébas salue l'esprit d'unité et de fraternité qui a inspiré cette assemblée et implore la bénédiction divine pour que l'engagement historique pris au cours de ce sommet soit tenu et reste dans la mémoire des peuples La session du sommet du pays indépendant de l'Afrique est levée Alors peu après la création de l'unité africaine en 1963, Ailes et Célastier retournent devant les nations cette fois les Nations Unies ce qui est devenu l'Assemblée Générale de l'Organisation des Nations Unies et il fait un discours, un discours qui sera très célèbre lui aussi mis en musique, entre autres par Bob Marley Le monde entier connaît encore cette chanson de Bob Marley Tant que la philosophie qui fait la distinction entre une race supérieure et une race inférieure ne sera pas finalement et pour toujours discrédité et abandonnée Nous devons devenir les membres d'une nouvelle race dépasser nos préjugés insignifiques faire notre ultime allégeance non pas aux nations mais à nos semblables au sein de la communauté humaine Ailes et Célastier, 1er le 6 octobre 1963 A l'ONU Un chef d'Etat qui va dire ça ? C'est un peu ce qui se passe en ce moment Non ? Vous ne croyez pas ? On n'a pas tellement changé sur cet aspect-là Ébouriffons 21 avril 1966 Journée officielle à Kingston, en Jamaïque Là-bas, Ailes et Célastier est face à la construction d'une image qui lui échappe complètement Pour certains, le roi Rastafari est devenu synonyme de Dieu vivant car ils ont lu comme une prophétie l'Africanisme marquis Garvey du couronnement d'un roi noir qui, disait-il, mènera l'Afrique vers sa délivrance Pour eux, la venue en Jamaïque de Sa Majesté qui leur a offert des terres à Chachamaney en Ethiopie est un signe La pluie cesse et des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées sur le tarmac de l'aéroport des gens, littéralement, venus de toute l'île à pied en vélo, en mulet On voit ce roi venu d'Afrique que les Rastafaris, parmi eux, appelaient Dieu Tout le monde voulait voir ça Tout le grand protocole qui avait été préparé Tout ça est débordé par cette population enthousiaste et par les Rastas qui étaient présents qui étaient venus avec leurs feuilles de palme pour représenter l'entrée de Christ à Jérusalem Il y avait de l'herbe, des percussions des photos, des vêtements blancs cérémoniels Vous voyez l'enthousiasme, la ferveur des gens Vous savez peut-être le terme qui décrit le mieux ce moment-là c'est l'épiphanie C'est vraiment la présence de Dieu sur terre et l'effet que ça fait à la foule qui le voit Enfin, c'est pas tous les jours qu'on trouve le roi des rois d'Éthiopie sur le tarmac de l'aéroport à Kingston De l'autre côté, Giulia Bonacci vous pouvez décrire quelle tenue il a choisie pour aller saluer le peuple de Jamaïque Il a une tenue très officielle une tenue militaire, ce qu'on appellerait un khaki avec toutes les médailles, les galons Pierre, il a l'air un peu surpris il fait un petit salut de la main Oui, un salut qui est presque à la fois bonjour et à la fois doucement C'était un excellent ambassadeur pour les problèmes mondiaux il a fait connaître l'Éthiopie à travers le monde grâce à sa position anticolonialiste grâce à sa lutte contre l'apartheid en fondant l'organisation de l'Union Africaine Lorsqu'il était l'Éthiopie était admise à la Société des Nations puis aux Nations Unies donc tout ça, ça a joué en sa faveur Oui, à l'intérieur, je pense qu'il a un petit peu délaissé la situation. Il n'a pas fait les réformes, à mon avis, qu'il aurait dû faire Il aurait dû accepter un minimum d'opposition dans son pays. D'ailleurs mon père a écrit un livre qui s'appelle Faisons Notre Autocritique et ce livre était adressé directement à l'Empereur et l'Empereur n'a pas beaucoup apprécié que ce livre soit diffusé. Ce livre est sorti qu'après la mort de l'Empereur, après la mort de mon père Mais avant, il était interdit Et l'Empereur n'a pas voulu punir votre père d'avoir écrit ce livre ? Aussi, il l'a puni en ce sens où il l'a nommé au Sénat. Donc c'était une façon de le calmer, si je puis dire Mais après, la Révolution est venue et ils ont été tous emportés par la vague révolutionnaire Parce qu'en Éthiopie, ça a commencé par une révolte générale ça a commencé par les étudiants, les professeurs, les chauffeurs de taxi le clergé, tout le monde était dans la rue Le clergé ? Oui, le clergé, parce que les petits prêtres se sont posés aux grands clergés qu'ils estimaient les exploiter en quelque sorte et ça a donné le régime militaire qu'a connu l'Éthiopie ce qu'on a appelé le Dunk et l'empereur, c'était le général Abiy le général Abiy Abdebe et il avait dit à l'empereur ces militaires subalternes qui ont constitué le Dunk on peut les arrêter à tout moment et on attend que le feu vert devote part et l'empereur lui aurait dit non, faut pas toucher à ces militaires ce sont mes enfants petit à petit, tout le gouvernement s'est retrouvé en prison mon père, comme la plupart des ministres qui étaient arrêtés, les généraux ils ont été fusillés par les soldats subalternes, par le Dunk voilà et ce qui a fait tomber aussi l'empereur, il faut pas l'oublier cette famine, il a caché on dit qu'il a caché la famine et c'est un journaliste anglais, Dimbleby qui a montré les premières images de la famine en Éthiopie et tout ça, ça a un petit peu amplifié les choses et puis d'ailleurs, l'armée qui a pris le pouvoir, s'en est servie pour faire tomber l'empereur pourquoi il n'a pas vu tous ces problèmes ? c'est peut-être une question d'âge, je ne sais pas je pense qu'il était dans sa bulle coupé du monde, il compte trop plus son image quand on se montre de cette manière avec un chien, alors qu'on est à la tête d'un empire on voit que le chien peut tout se permettre alors que les humains et les courtisans n'ont pas le droit de le regarder dans les yeux il était sénile il n'a pas compris la profondeur des souffrances et personne n'osait lui dire la vérité cette photo, je trouve qu'elle fait peur on comprend qu'il est déjà dans un ailleurs une des dernières images qu'on a du roi des rois c'est quand il est assis à son bureau devant une ribambelle de militaires qui lui annonce que le peuple préfère qu'il descende du trône il dit si c'est ce que le peuple veut il sort du palais du jubilé et il est emmené, c'est ça une image un peu marquante aussi dans une petite Volkswagen une petite voiture du peuple il est emmené je sais pas, quand vous destituez un monstre, un géant de l'histoire d'Ethiopie vous en avez quand même un peu peur parce que vous ne savez pas ce qui peut arriver c'est quand même la mort d'un personnage qui a été un grand personnage et qui finit dans une petite jôle probablement étouffé entre deux matelas et puis surtout ce corps qu'on ne retrouve que très tardivement il y a un point commun étrange avec Hannibal aussi dont le corps a disparu, avec Alexandre le Grand c'est vertigineux aussi de voir à quel point il est important de ne pas montrer le corps mort de Sélassier et en même temps ça lui confère une dimension et ça en fait un personnage quasiment mythique c'est un peu mystérieux cette fin de règne ça contribue à sa légende aussi ? Forcément, si on ne le voit pas on peut tout imaginer son successeur qui était Mangustu Hailemariam le président du Durk des comités militaires le négus rouge comme on dit il avait enterré l'Empereur dans les latrines sous son palais à ce moment-là en 1975 un magazine titre Sélassier est mort Dieu est vivant l'Empereur n'est pas mort Jeanne n'est pas morte ? Je les essaye de mystifier la population noire encore une fois mais Dieu n'est pas mort Jeanne n'est pas morte ? Est-ce qu'aujourd'hui vous avez l'impression que son image lui survit ? En Ethiopie on trouve encore des portraits, des peintures dans les églises à la bibliothèque nationale par exemple on trouve des photographies dans des restaurants mais sans aucun doute les plus grands propagateurs de l'image de l'Empereur ce sont les rastas jusqu'à aujourd'hui le visage de l'Empereur est partout dans leur maison dans leurs espaces rituels sur leurs vêtements il est au mur, il est sur les habits il est tatoué sur la peau parfois il est partout Est-ce tant l'image de l'Empereur qui est globalisée ou bien cet impérieux désir de liberté et de souveraineté qu'il continue à représenter ? C'était toute une vie à Elie Selassie le dernier roi des rois de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur de l'Empereur