The transcription contains two main parts. The first part is about the fight against cancer and the importance of supporting cancer research. The second part is a narration about the life and imprisonment of Jean Zay, a French politician and minister. He was attacked by the extreme right and imprisoned during World War II. The narration reflects on his experiences and emotions in prison.
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20h30, c'est l'heure du feuilleton. Ce soir, vous pourrez entendre en nouvelle diffusion Jean Zay, Souvenir et Solitude, un feuilleton diffusé en direct sur France Culture au mois de mars 2013. En 1932, Jean Zay, jeune avocat au barreau d'Orléans, est élu député radical du Loiret. En 1936, à 32 ans, il se voit confié par Léon Blum le ministère de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts. Il démocratise et modernise le système scolaire français et est à l'origine de la création du Musée de l'Homme, du Musée d'Art Moderne, du CNRS, de l'ENA et du Festival de Cannes, même si ces deux derniers ne verront le jour qu'après sa mort.
Il est sans relâche attaqué par l'extrême droite française comme ministre du Front populaire, anti-muniquois, juif et franc-maçon. En 1940, hostile à l'armistice, il est l'une des premières cibles du régime de Vichy. Après un simulacre de procès, il est emprisonné. Souvenir et solitude est l'oeuvre à laquelle, de 1940 à 1944, Jean Zay, malgré la dureté de ses conditions de détention, consacre l'essentiel de ses forces. Il est assassiné par la milice française le 20 juin 1944. Il a 39 ans.
Comme elles sont belles les paroles de ses patriotes, de ses jacobins, de ceux de la montagne et de la plaine, qui n'avaient qu'un but, servir le pays. Comme elles sont émouvantes les harentes de ceux qui pensaient à l'avenir sans crainte du lendemain. L'éloquence marque chaque époque autant qu'un style artistique. Jean Zay. Souvenir et solitude. Choix de texte et interprétation. Benoît Giros et Pierre Beaux. Improvisation musicale. François Couturier. Troisième épisode. Rion, 1941. Samedi 16 août 1941. Il y a ce matin un an que j'ai perdu ma liberté.
Les mots traduisent mal ce que contient cette idée. Il faudrait dire un an qu'on m'a amputé de ma liberté, tant la sensation est celle de la perte d'un membre ou d'un sens. Depuis un an, je puis aller et venir sur une vingtaine de mètres, mais je me heurte ensuite à un mur, et cet arrêt brusque dans la promenade interrompt chaque fois le mouvement de la pensée comme celui des jambes. Ainsi l'animal attaché reçoit-il le coup de frein de la corde quand il en atteint le but.
Mais la contrainte physique est toujours supportable, elle appelle vite l'oubli, l'habitude. Plus lourde est la conscience de l'humiliation intellectuelle. Il semble qu'on vous vole un morceau de votre vie, une partie même de votre être, qu'on vous a diminuée et rendue infirme en vous dérobant votre libre arbitre. Vous êtes à la disposition de mains étrangères, devenues une chose qu'on manipule, un objet sans défense que des mains indifférentes et vulgaires repoussent dans un coin avec mépris. Véritable supplice que le sentiment d'une totale impuissance.
La condamnation à l'impuissance, voilà le trait le plus cruel de la prison. Il faut un effort pour estimer encore en soi l'homme complet avec tous ses moyens endormis. Il faut à chaque instant faire jouer sa pensée, comme on fait jouer ses muscles pour se sentir intact, riche de sève et de volonté. Alors, le souvenir des jours passés, la certitude de la liberté intérieure, l'espérance de la délivrance peut-être proche, et des activités retrouvées surnagent soudain comme la planche de salut, et vous êtes sauvé.
Ce n'est pas le temps qui est réel, mais ce que nous y mettons, ce qu'il contient. Il n'est pas notre maître, nous sommes le sien. Le temps a deux vitesses, celle du présent et celle de la mémoire. Deux perspectives aux proportions différentes et trompeuses. Le vrai sage doit arriver à les discipliner, à les aménager harmonieusement, à les raisonner pour les rendre cohérentes. Puisse la solitude, la solitude, la solitude, la solitude, Puisse la solitude m'aider à y parvenir.
C'est ainsi que l'épreuve sera féconde. Cette table de nuit est un luxe. Son caractère précieux provient précisément de ce qu'elle constitue, le premier objet superflu que j'ai pu obtenir. Quoiqu'il me manque encore tant de choses indispensables, je salue comme une victoire ce commencement d'aise, ce soupçon de confort. Mercredi 20 août 1941 Les meubles dont j'ai disposé jusqu'à présent ont été assez rares pour me permettre de découvrir peu à peu leur importance. J'ai su qu'une table, un lit et une chaise suffisaient pour vivre, mais j'ai appris en même temps ce que contenait d'agrément un fauteuil, une commode, un placard.
Les meubles sont des amis méconnus. Peut-être ces choses ne le voient-elles pas, mais à coup sûr nous ne les voyons pas. Nous tirons d'elles pendant une existence entière mille commodités et nous ne leur accordons jamais un regard véritable. Nous ne déchiffrons pas leur visage familier, changeant et multiple, modifié à chaque instant par l'éclairage ou notre humeur. Il me semble que je saurais désormais rendre justice à ces serviteurs muets. Je sais que cette table de nuit est une timide campagnarde, disgraciée par la nature et un peu honteuse, mais dévouée et courageuse.
Je sais que ma table de bois blanc vient du faubourg, au contraire, qu'elle en a la jovialité goyeuse, avec les larges épaules solides et bien d'aplomb, du gars qui l'a ajustée. Ma chaise de paille, à la bonne nuit des artisans vanillés. Son dossier arrondi s'offre au rein satigué du même geste cordial que la main caleuse qui se tend. Visages amicaux des meubles familiers, confidants silencieux, attentifs et discrets. Vous écoutez l'interminable soliloque du prisonnier. Vous le comprenez et vous l'approuvez.
C'est à vous qu'il se confie souvent. C'est sur vous qu'il appuie ses mains vides et impuissantes. Fidèlement vous lui tenez compagnie. Votre patience impossible peut lui servir de modèle. La nuit, dans l'obscurité, il vous sent toujours présent autour de lui et ce sont vos formes rassurantes que lui restitue d'abord le premier rayon du jour. C'est en vous retrouvant à votre poste qu'il relie la nouvelle journée à celle de la veille. Pareillement vaines toutes les deux, mais unies par la continuité de son espoir.
Le surveillant de service a oublié ce soir de fermer la porte de ma cour. A dix heures, la nuit tombée, je m'y promène avec le petit pincement au cœur d'une évasion. Dimanche 24 août 1941 Les deux étages du bâtiment et les murs ne forment que des masses rudimentaires dans les ténèbres mais c'est un spectacle dont j'avais oublié la beauté. Je respire avec délice la fraîcheur de l'air nocturne. J'étends les bras dans cette obscurité compacte qu'on dirait palpable et d'une autre étoffe que celle de la cellule.
Moins lourde, plus souple, traversée de tiédeurs et des libres souffles qui viennent du lointain. Mes modestes plates-bandes près desquelles je me couche sont oblis de bruits minuscules et de mystères. La cour quotidienne est transfigurée. On croirait qu'elle se recueille pour recevoir des visites secrètes. Tout un monde inconnu naît et se développe. Je n'ai pas vu les étoiles depuis un an. Dans un ciel d'encre, elles brillent faiblement, clignotent, mais écrasent la prison de leur majesté. Allongées sur le dos, je ne me fatigue pas de les contempler avec une émotion d'enfant.
Je suis perdu. Dans l'infini retrouvé et dont je m'étonne d'apprendre qu'il était si près derrière une porte. Sur la crête du mur, j'aperçois un reflet tremblant qui vient sans doute d'une fenêtre ouverte et éclairée dans la ruelle, dont me sépare le chemin de ronde. Et j'entends, en effet, une conversation entre voisines. Les mots ne me parviennent pas distinctement, mais je devine ce qu'on se dit sur cette belle soirée, ou sur la journée de travail, ou les événements quotidiens.
La vie est là, simple et tranquille. Dans le silence, la voix humaine s'épure. La nuit lui prête des échos, des prolongements imprévus. Et puis elle se tait. La fenêtre se referme et le rayon lumineux disparaît. Je reviens aux étoiles, quand enfin, par prudence, je regagne ma cellule. J'ai oublié l'heure. Il est très tard. Je suis comme le voyageur qui revient, étourdi d'une lointaine randonnée, riche de souvenirs et d'impression qu'il va longuement dépouiller, comparer, analyser. Non, je ne suis pas saoul, malgré que je roule dans toutes les boîtes de nuit, cherchant l'ivresse pour que ma tristesse sombre à mes seuls bruits.
Je hais ce plaisir qui m'use, et quand on croit que je m'amuse, j'ai des pleurs plein mon cœur. J'ai le cafard. J'ai le cafard. Dans mon coeur, mon cœur, je suis pris, je deviens pris au traquenard du cauchemar. J'ai le cafard. Quand je me rappelle les heures si belles que j'ai vécues autrefois, vieille et dimanche, en robe blanche, j'allais courir dans les bois. Quand je pensais mieux d'être une fille, je pourrais avoir une famille, un mari, des beaux petits.
J'ai le cafard. J'ai le cafard. Voyez-vous la camarade, elle est là quelque part, elle attend mon départ. Mais viens donc, j'en ai marre. Pas ma pente de crever aujourd'hui ou plus tard. J'ai le cafard. J'ai le cafard. J'ai le cafard. J'ai le cafard. J'ai le cafard. Malgré l'épaisseur de ses murs, la prison est une maison de verre. Il n'y a personne pour vous parler, mais tout le monde peut vous voir. Vendredi 26 septembre 1941 Dans le lourd silence se devinent des yeux invisibles.
Quand le glissement d'un pas dans le couloir s'arrête soudain près de votre porte, vous savez qu'un regard étranger vous épie. On peut me voir à tout instant par les deux impostes que surplombe un escalier, par le guichet percé dans le mur, par l'œil troué dans la porte. Les champs d'observation ainsi ménagés se recoupent de telle manière qu'aucun angle de la pièce ne peut échapper. Vivre comme si des yeux étrangers vous observaient sans cesse, ce pourrait être une devise pour le sage.
Il viendrait utilement ici en faire l'apprenti, sage. Mais vous ne pouvez plus extérioriser cette heure de folie que contient, paraît-il, chaque journée humaine. Si l'envie vous prend de gesticuler sans motif, de gambader parce que vous êtes gay, on peut être très gay dans une cellule, ou simplement de chanter tout seul, votre élan est parfois coupé comme avec une serpe par le petit déclic de l'œillet de la porte qui s'enrève. Mercredi 5 novembre 1941, une douloureuse crise de conjonctivite me tient quelques jours au lit, les yeux fermés ou même bandés.
Petit accident sans doute rhumatismal, dit le médecin de la maison d'arrêt, homme pressé, dont les visites se font en coup de vent, sans examen du malade et au jugé du coup d'œil. Je le dois, ainsi que quelques autres malaises, estime cet humoriste, à mon séjour trop prolongé dans une pièce humide, mal orientée et sans soleil. Quoi qu'il en soit, je fais pendant 48 heures une expérience de cécité. Elle suffit à me rappeler que quand on a la vue, on a tout, on possède le monde, et on ne saurait manquer de rien.
Mes éphémères ténèbres sont hantées stupidement par la pancarte obsédante d'un opticien de mon enfance. La vue, c'est la vie. Je rêvais peu, naguère, dans les courtes nuits d'une existence surmenée. Depuis un an, je rêve chaque nuit avec une régularité surprenante. Jeudi 27 novembre 1941. L'esprit cherche dans le songe la revanche des journées trop monotones. Les rêves du caporal, les rêves du caporal, les rêves du caporal, les rêves du caporal, les rêves du caporal, les rêves du captif, très différents de ceux de l'homme libre, sont plus riches, plus variés.
L'imagination, dont les ailes se sont heurtées et blessées durant le jour au muraille du cachot, prend son vol pendant le sommeil et assouvit sa soif d'espace. Je suis frappé de constater combien le songe nocturne a perdu pour moi de son inconscience. Il me laisse au réveil un souvenir parfaitement net. J'en retrouve facilement les détails. Chose plus étrange encore, il me devient possible de le reprendre d'une nuit à l'autre, au point où je l'avais laissé. Je puis presque en choisir les thèmes.
Continuer le rêve inachevé qui m'a plu, bannir celui qui m'a pesé. Merveilleuse faculté à laquelle je dois des évasions inattendues. Dans les aventures auxquelles me conduit le sommeil, je suis toujours libre. La nature créerait-elle ainsi pour le captif une secrète soupape de sûreté ? Est-ce l'espérance invincible qui lui ouvre pendant la nuit une porte magique et soulève un voile pour lui montrer le paradis perdu, le convaincre qu'il existe toujours et qu'il y reprendra sa place ? Je souhaite, pour le jour où j'aurai reconquis ma liberté, ne pas perdre cet enrichissement, cette prise de possession de terres inconnues.
Les hommes qui ne rêvent point perdent un tiers de leur existence. Le soleil n'est pour eux qu'un anéantissement. Et si leur corps y trouve peut-être un repos plus efficace, leur esprit est privé de bénéfices clandestins. Car d'autres connaissent dans le songe de merveilleuses variations. Ils y deviennent les hommes qu'ils n'ont jamais été, qu'ils ne seront jamais. Ils disposent de plusieurs vies, entreprennent les voyages qu'ils ne feront point, goûtent les plaisirs interdits, prennent leur revanche des humiliations et des échecs.
Il y a pour eux un domaine secret que personne ne peut menacer. Ils y sont créateurs, tout-puissants. Ils pétrissent le monde au gré de leurs instincts ou de leurs fantaisies. Ils empruntent à Dieu ses attributs. Malade cette nuit. Je me suis armé d'un objet résistant et j'ai frappé avec l'énergie que procure la douleur sur la porte dont les serrures résonnent jusqu'à ce que j'ai été entendu au hasard d'une ronde. Il ne m'a fallu qu'une heure pour alerter le surveillant.
Lundi 1er décembre 1941. Une mauvaise appendicite m'a laissé jadis une éventration non opérée et la violence de la crise me fait craindre un étranglement. Ce ne sont en fait que des douleurs péritonéales dues au froid, dit le Toubib, mal réveillé et disgracieux, qui prescrit des compresses chaudes au lot d'anome. Pour me les appliquer tout au long de la nuit, on veut bien me laisser un infirmier improvisé. C'est un condamné politique, employé à la cuisine. Garçon charmant, qui me soigne avec sollicitude.
Il trouve dans cette circonstance une occasion de prodiguer les trésors de solidarité qu'une réclusion commune fait naturellement germer. C'est mon premier compagnon nocturne depuis seize mois. Je retrouve grâce à lui la douceur d'être soigné la nuit quand on est malade. Volupté qui se mêle à la souffrance pour faire naître des attendrissements. Étrange nuit de complicité et de fraternité, entrecoupée de confidences et d'assoupissements. Quand je lui serre la main en le remerciant à l'aube, je sens qu'une amitié est née, plus solidement forgée qu'en de longues années de fréquentation conventionnelle.
Et cependant, je ne reverrai peut-être jamais cet homme. Mais les temps curieux que nous vivons auront fait se croiser nos destins et les auront noués l'espace d'une nuit symbolique. Noël. La chapelle du palais de justice est proche et j'en entends les cloches comme l'an dernier celle de Marseille. Jeudi 25 décembre 1941. Je les écoute et je regarde vingt fois le calendrier pour me convaincre. Ces faibles signes me persuadent difficilement et pourtant, à quoi bon douter, cette journée est bien celle de Noël.
Lundi 29 décembre 1941. Dans sa prison, Verlaine fumait philosophiquement n'éprouvant qu'un étonnement mélancolique écrivant quelques-uns de ses vers les plus touchants. Oubliez le cachot, pas un soupir. Il fait si chaud qu'on croit mourir. J'en suis de ce cirque effaré, soumis d'ailleurs et préparé à tout malheur. Et pourquoi, si j'ai contristé ton vœu, t'es-tu, société ? Le choix es-tu ? En mars 1874, le prisonnier de Mons écrivait ceci qui nous semble aujourd'hui porter une autre date et évoquer d'autres prisons.
Depuis un an et plus, je n'ai pas vu la queue d'un journal. Est-ce assez bibliothèque bleue ? Parfois je me dis, à part moi, l'eus-tu cru ? Eh bien, l'on n'en meurt pas. D'abord, c'est un peu cru, un peu bien blanc et l'œil habitueux s'en fâche. Mais l'esprit, comme il rit et triomphe, le lâche. Et puis, c'est un plaisir patriotique et sain de ne plus rien savoir de ce siècle assassin et de ne suivre plus dans sa dernière transe cette agonie épouvantable de la France.
J'ai voulu naïvement entendre sonner minuit, pénétrer consciemment dans la nouvelle année et j'ai si bien perdu l'habitude de veiller que j'ai dû lutter contre le sommeil. Mercredi 31 décembre 1941 Minuit a sonné sans ma portée d'émotion. Que signifient désormais les divisions du temps ? Où donc pourrait-on mieux qu'ici en saisir le caractère conventionnel ? Elles ont donc perdu toute valeur, même relative. Les étapes du calendrier sont des notions sans signification. Cette vie fait comprendre à la fois l'éternité et la fugacité.
Seul le travail de notre esprit et la marche des événements gardent une consistance, une réalité. Avoir travaillé, pensé, aimé sont les seuls repères. Dépouillé de l'incomode contrainte des minutes et des jours qui passent, des tâches à accomplir alors dites, le captif revient à l'éternité. Comme il est naturel de trouver dans un livre qui porte ce beau titre la paix des profondeurs, cette phrase d'Aldous Huxley, si l'on veut être libre, il faut qu'on soit prisonnier. C'était un Nouvelle Diffusion, Genzay, Souvenir et Solitude, un feuilleton réalisé en direct du Studio 114 en mars 2013.
Choix de texte et interprétation, Benoît Giros et Pierre Beaux, et la voix de Genzay. Improvisation musicale, François Couturier. Équipe de réalisation, Philippe Bredin, Manon Houssin, Guy Péramore, Pauline Ziadé, Marguerite Gâteau. Conseillère littéraire, Emmanuelle Chevrière. Remerciements à Hélène et Catherine Zey. Souvenir et Solitude est publié aux éditions Belin.