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Émission de France Culture 2023
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Émission de France Culture 2023
Fela Kuti, the Nigerian Afrobeat musician, is celebrated for his music and political activism. He was a mastermind and influential figure in the music industry, creating his unique sound between Lagos, London, and Los Angeles. Fela's home, the Republic Kalakuta, was a hub for his music and activism. He faced political oppression and corruption in Nigeria and used his music to address the issues in his country. Fela's tours were filled with excitement and discovery, but also had challenges, such as losing and finding musicians along the way. The socio-political situation in Nigeria during the 1970s was marked by corruption and a lack of basic necessities. Fela's music reflected the struggles and frustrations of the people. He came from a privileged background, but chose to use his platform to speak out against the government. Fela's impact was felt not only in Nigeria but also globally, with his music inspiring and influencing many. Bonjour à toutes, bonjour à tous, toute une vie c'est le portrait sonore d'hommes et de femmes qui ont marqué leur époque et peut-être surtout les suivantes. Aujourd'hui, Fela Kuti, la musique est en sport de combat, une émission proposée par Anaïskien avec Sylvia Favre. Il n'a jamais été président de son pays, le Nigeria, comme il l'avait prédit, mais Fela Kuti a gouverné les corps et les têtes. Fela a été célébré, cité, copié de son vivant, star de l'Afrobeat et maître à penser, il invente sa musique entre Lagos, Londres et Los Angeles, précédé par ses Queens et les Zombies dictateurs. Tout de suite, Fela Kuti, un portrait documentaire, signé par Jérôme Sandlar et réalisé par Anne-Pérez-Franquigny. Impossible de se frayer un passage dans cette petite rue du quartier résidentiel d'Ikeja, nous sommes devant la maison du roi de la musique Afrobeat, la République Kalakuta, du nom de la première cellule de prison dans laquelle Fela se retrouve en 1974. L'hymne Ekpa, écrit par le père de Fela pour sa région de naissance, L'hymne Ekpa, écrit par le père de Fela pour sa région de naissance, d'Abi Okuta, près de la frontière béninoise, entonné par la famille du chanteur saxophoniste, son corps est exposé au balcon, au premier étage, Fela repose toujours comme la veille avec un énorme joint de cannabis à la main droite, qu'on vienne l'arrêter si ça dérange, lance l'un de ses proches. No Marxism, no Leninism, no Capitalism, Africanism. Fela Kuti, la musique est un sport de combat. J'ai 44 ans, je peux jouer de la musique 5 ou 10 ans, je ne suis jamais fatigué, je rajeunis, parce que la dimension spirituelle de ma musique me porte. La musique est un don spirituel, la musique appartient au futur, la musique est l'arme du futur. Demain, le mois prochain, je serai le président de ce pays. Je serai le président de ce pays, je sais ça. Rene Lenogne, vous avez été le régisseur de Fela à partir du début des années 80, comment ça se passait les tournées avec Fela ? C'était vraiment que du plaisir, que de la découverte aussi, on découvrait, c'était le début de l'afro en France, peu de gens comprenaient ce qui se passait. Donc voilà, mon rapport avec eux, c'était un peu celui qui arrangeait tout, mais en même temps celui qui se ferait l'avis, c'était, tu régis 60 personnes en tournée quoi. 60 personnes qui se déplaçaient en permanence ? Le nombre futur de Fela, c'est un nombre incroyable, 60 personnes qui se déplaçaient en permanence ? Le nombre fluctuait du début à la fin, mais c'était pas toujours les mêmes personnes qui étaient à la fin de la tournée et qui avaient commencé la tournée. D'abord, on en perdait beaucoup de musiciens, on perdait des musiciens autour de route. On les retrouvait, on a pu les retrouver quelques années après sur des tournées. Le mec revenait normalement à un concert de Fela, sachant que sa place était encore libre. Et généralement, il réintégrait la troupe. Et donc, c'est pour ça qu'on avait toujours ce qu'on appelait des spare musicians, des musiciens de remplacement. On avait donc deux bassistes, deux batteurs, des éléments qui ne peuvent pas te monter sur un groupe. C'est un peu les balais des régimes soviétiques à la belle époque, quand ils visitaient l'Europe, ils en perdaient toujours, il y en a qui passaient à l'Ouest. Nous, c'était un peu le cas, il y en a qui passaient à l'Ouest. Tout était à apprendre, et aussi pour eux, parce qu'ils venaient de Légos. Dans les années 80, c'était plus Blade Runner qu'autre chose, Légos à cette époque-là. Dans ce côté d'une société après technologie, le Nigeria dans les années 70 a connu un boom industriel extraordinaire grâce au pétrole. Troisième producteur de pétrole dans le monde, il y a du pognon qui coule à la pelle, dans une corruption qui n'avait pas de nom. Tout était inventé avec des usines qui étaient construites et qui n'ont jamais été terminées, une infrastructure routière qui s'est arrêtée du jour au lendemain, un aéroport qui n'était pas du tout fait pour être à Légos, mais qui avait été prévu pour être fait à Munich. Donc, tout était comme une cité qui a connu la technologie et où tout s'est arrêté. Donc, tu as une ville qui est faite pour l'électricité alors que tout le monde marche avec des groupes électrogènes. Il fait nuit, il fait du bruit, les gens vivent comme ils peuvent, c'est Blade Runner, il y avait vraiment de la survie. Vous voyez ce qui se passe au Nigeria ? Il faut que j'en parle dans mes chansons, de manière directe, afin que le peuple puisse comprendre ce qui se passe. Le moral des gens est au plus bas. Pas de nourriture, pas d'eau, pas de lumière, pas de gouvernement. Les gens sont à cran. Pas de situation solide. Les racines sont perdues. Nos sénateurs font des allers-retours en Amérique tous les jours et rien ne change dans mon pays. Il y a beaucoup de voleurs. Le peuple pense qu'il doit se faire justice lui-même, alors il n'hésite pas à lyncher ou à tuer toute personne suspectée de vol. Et c'est mal. C'est indigne des Africains. C'est un genre de comportement criminel du gouvernement. Cette atmosphère criminelle est créée de toutes pièces par le gouvernement qui profite des gens instables. C'est fascinant, car il y avait beaucoup de militaires gradés qui étaient à l'école avec lui. Il est parti dans la bourgeoisie nigérienne, la bourgeoisie yoruba. Son père est celui qui, le premier, a conduit une voiture qui a été vendue par le gouvernement. La bourgeoisie yoruba, son père est celui qui, le premier, a conduit une voiture dans les rues d'Abeokuta. Abeokuta, c'est une grande ville qui se trouve au nord-ouest de Légos. Abeokuta est une ville assez particulière, dans la mesure où c'est là que se sont installées la communauté hekba du peuple yoruba. Cette communauté hekba a été celle qui a été la première christianisée par les prêcheurs anglicans. Ce sont des populations qui ont été éduquées par tous ces révérends, les pasteurs. Le grand-père de Fela a été l'un des yorubas de la communauté hekba le plus célèbre dans le monde anglican, jusque même à Londres, parce qu'il était pasteur chantant. Il s'appelait Josiah Jesse Ransom Cootie, ce qui explique d'ailleurs pourquoi, beaucoup plus tard, il a absolument voulu se débarrasser de ce nom de Ransom, qui pour lui était une tâche indélébile sur le nom de sa famille africaine yoruba et hekba, pour prendre celui de Anikulapo, donc qui est un nom africain. Dans quelles circonstances avez-vous rencontré Fela ? J'ai rencontré d'abord le Nigeria et l'Egosse. Lorsque j'étais à l'Egosse en 1975, Fela n'était pas là, il était au Ghana, réfugié au Ghana. Mais toute la ville transpirait de Fela, la musique de Fela était de partout, les anecdotes autour de lui, donc toute la jeunesse de l'Egosse était imprégnée de Fela. Je trouvais que les gens de l'Egosse parlaient de Fela, en tous les cas des phrases entières, des attitudes, des sentences, des slogans de Fela qui étaient véhiculés. Water no get enemy, African is the force of the mind, fear is not for men, tous ces slogans énormes que les gens portaient. Le verbe de Fela habitait les chauffeurs de taxi, c'était une légende déjà. On racontait qu'il était immortel, qu'il défiait la loi, qu'il n'avait pas peur de la police, que des choses qui ne donnaient qu'envie de le rencontrer. Brothers and sisters, the father of Pan-Africanism, Dr. Kwame Nkrumah, says to all black people all over the world, the secret of life is to have no fear. We all have to understand that. On arrive chez lui le matin, Philippe Conrath, et déjà c'était assez bizarre parce qu'il y avait un arbre sans feuilles et à la place des feuilles il y avait plein de bouts de papier, donc on se demandait qu'est-ce que faisaient tous ces bouts de papier qui étaient accrochés à l'arbre. C'est un type qui est venu dealer des bibles il y a deux semaines et je pense que la parole divine, le mieux c'est qu'elle soit accrochée dans l'arbre. Et j'arrive chez lui, donc il avait une longue pièce rectangulaire, alors il y avait un espèce de fauteuil énorme, fauteuil en cuir, style lévitant au milieu. Les gens étaient assis tout le long de la pièce, sur les côtés de la pièce et jusqu'au fond. Et donc cela me dit, qu'est-ce que tu fais là ? Je lui dis, je voudrais t'interviewer, je fais un film, c'est juste une petite interview. Et il me dit, je vais t'interviewer, je voudrais t'interviewer, je fais un film, c'est juste une petite interview. Et il me dit, ouais d'accord, c'est 1000 dollars. Je le regarde, je dis non, c'est pas 1000 dollars, parce que moi j'ai pas 1000 dollars, c'est une bière. Il me dit non, non, ça va pas du tout, pas d'interview. Il me fait asseoir à sa gauche. Là donc il était en slip blanc. Puis on commence à discuter, il part à l'arbre, il discute et tout. Évidemment tout le monde fume, des gros gros pétards. Et donc je sais pas, au bout d'une heure, une heure et demie, il s'adresse à tous les gens qui étaient là et il dit, vous êtes peut-être étonné de voir ce blanc là qui est assis à côté de moi, vous savez pas qui c'est, vous savez pas ce qu'il veut. Il veut m'interviewer, je lui demande 1000 dollars, il me dit que je vais avoir une bière. Il y a la télé américaine qui est juste venue avant, eux ils m'ont proposé plein d'argent. Mais pour la France, pour Jack Long, pour Mme Mitterrand, qui ont fait que j'ai pu être sorti de prison, je vais faire l'interview gratos. Il se tourne vers moi, il me dit, attends-moi juste, je vais changer de slip. Et Fela, lui, il vivait dans quel environnement ? Alors Fela vit dans un endroit qu'on appelle Calakouta, qui est une espèce de... Calakouta république, j'ai trouvé un fantasme, je sais pas d'où ça vient, c'est une ferme de république, mais c'était plus une communauté, une communauté de bien ou de mal, je sais pas, mais une communauté de gens qui s'agrégaient autour de Fela, parce qu'il y avait à manger. Donc autour de lui, il y avait un tas de mecs qui étaient là, et comme tout le monde devait se rendre utile, il y en a qui se rendaient utile en étant musiciens. Et puis voilà, ça créait une espèce de tribu, dans un lieu où tout se passait. Fela, c'était vraiment un chef coutumier, qui avait une morale, qui transmettait quelque chose, qui était respecté, il n'édictait pas la loi, mais il donnait des réponses à des questionnements, donc politiques en particulier, parce qu'il y avait des gens qui lui posaient des questions politiques, il était engagé auprès d'un tel ou d'un tel politiquement, ça c'est une chose, et la deuxième chose aussi, il y avait des gens qui venaient lui demander de l'aide, lui demander de l'argent. Je pense qu'il y avait un mélange entre l'Afrique du chef coutumier et le leader politique, et la star musicale, c'est-à-dire en fait, il faisait le syncrétisme entre les trois. Mais c'était plus près de la communauté, telle qu'on avait pu les connaître dans les 60 ou les 70, qu'il y avait une république organisée dans tous les cas. Il s'affoisonnait de bonnes idées en tous les cas, Fela, c'était une certitude. C'était les gosses, mais centrés sur Fela. Donc il y avait des vendeurs de nourriture, des rouleurs, beaucoup de jeunes, des jeunes qui sont en rupture de banque, des jeunes qui refusent les règles familiales qu'on leur impose, des jeunes qui ne veulent pas qu'on leur montre un chemin qu'ils n'ont pas envie de suivre, et qui, dans les paroles de Fela, ne veulent pas qu'on leur montre un chemin qu'ils n'ont pas envie de suivre, et qui, dans les paroles de Fela, entendent le discours qu'eux ont envie d'écouter. La police est arrivée avec cinq voitures, des Land Rovers, de gros camions. Ils ont commencé par entourer la maison, puis à matraquer tout le monde, à jeter des gaz lacrymogènes. Ils nous ont tous fait sortir en nous frappant. Après ils ont frappé Fela, ils ont tout volé, tout notre argent. Nous ne savons même pas ce que le reproche a fait là. Je les assure d'une chose, s'ils croient que je vais changer ou modifier mon attitude, ma façon de vivre, mon expression, mon but politique, ils me rendent plus fort. Je suis bien plus fort maintenant. Vous voulez voir comment la police m'a battu ? Je vais vous montrer. Regardez. Ils m'ont démoli. Je ne suis pas mort, parce que mon nom n'est niqué de vous. J'ai la mort dans ma poche. Je ne peux pas mourir. Ils ne peuvent pas me tuer. Ils veulent détruire le temple. Ils l'appellent zone dangereuse dans le journal, sur ordre de la police. Mais les gens n'auront pas peur de venir mardi. Fela, comme son nom africain l'indique, un Nikulapo qui porte la mort dans son carquois, Fela n'a peur de rien. Personne ne lui fera changer de chemin à partir du moment où il a décidé de prendre celui qu'il a envie de prendre. Évidemment, pour le pouvoir, une personnalité aussi obstinée est aussi écoutée, parce que c'est vrai qu'à partir de 1973, 1974, 1975, Fela a un terrible écho dans le peuple. Il enregistre jusqu'à 8 albums par an. Ses chansons sont reprises et écoutées partout dans tout le Nigéria, et au-delà du Nigéria. Et tout cela, ça gêne énormément le gouvernement. Parce que Fela dit tout ce qui se dit dans le peuple, Fela le dit dans ses chansons. Combien ils s'en veulent, combien ils n'ont pas une idée réelle de ce que doit être un gouvernement africain. Parce que tous ces gens qui s'approprient toutes les richesses du pays ne font qu'une chose, c'est imiter les Blancs, pour faire en sorte que le pouvoir soit organisé exactement comme les colons l'avaient organisé auparavant, mais pour leur seul profit. Ils s'habillent comme les Blancs, ils parlent comme les Blancs, ils vont voyager en Angleterre comme les Blancs, ils prennent l'avion, etc. Il y a une chanson là-dessus qui est vraiment magnifique pour ça. Et d'ailleurs, c'est pour moi l'un des meilleurs enregistrements que Fela ait jamais fait, c'est J.J.D. Journey Just Drop. Il a fait tout ça pour devenir un vrai Africain. C'était très rare, quelqu'un qui osait dire ce qu'il pense. Donc ça c'est une forme de modernité, une modernité qui préfigure la modernité qu'on est en train de vivre aujourd'hui avec les révolutions africaines. Parce que, en Afrique, et en particulier en Afrique de l'Ouest, c'était l'époque des griots. Et les griots étaient des interprètes de l'histoire, mais étaient souvent utilisés par les pouvoirs pour faire les louanges du pouvoir. Et donc, Fela était très très très différent de ce qui pouvait se passer sur toute l'Afrique. C'est une épopée fabuleuse, parce qu'il y a beaucoup d'argent, énormément d'argent. Fela a constitué les Young African Pioneers, les YAP, pour passer son message politique et faire circuler ses idées à travers cet organe de presse. Fela a constitué tout un réseau de correspondants de son mouvement politique à travers l'ensemble des régions du Nigeria pour un gouvernement qui se croit tout permis parce qu'il a réduit les bienfrais au silence et à la mort aussi. C'est une insulte qu'il ne peut pas supporter. On a fait l'interview, rapidement, c'était vraiment 5 minutes, il exprimait sa position sur le fait que, lui, pour nourrir sa musique, pour créer, il fallait qu'il soit à Lagos, qu'il reste au Nigeria, et même qu'il lutte. Et il me dit à la fin de l'interview de toute façon maintenant tu restes avec moi et je vais te montrer comment Fela reçoit les étrangers, tu ne bouges plus, tu restes avec moi, tu es mon invité. Il nous a d'abord emmené dans un club très huppé sur une des îles de Lagos où là il jouait en quartet les standards du jazz des années 50, 60, du bebop. C'est à Londres qu'il a découvert le jazz et à Londres il a commencé à écouter, en plus c'est la fin des années 50, l'explosion du jazz extraordinaire avec notamment le cool jazz de Miles Davis. Et là, à ce moment-là, je crois qu'il est complètement capté par la trompette de Miles. Il s'y essaie sur une scène de Londres et je crois qu'il a un gros revers parce qu'il s'aperçoit qu'à ses côtés il y a des jammeurs qui jouent nettement mieux que lui et ils mettent toujours la barre très très haut. Et il s'aperçoit aussi, il est toujours très conscient de ses limites musicales. Et c'est pourquoi en 1965 il décide de virer tout son groupe et d'en remonter un avec des musiciens hors terre dont, évidemment, le célèbre Tony Allen à la batterie. Oui, alors, Tony Allen, c'est un grand batteur. Il a surtout une qualité exceptionnelle sur le jeu de la cymbale. C'est un grand joueur de cymbale. Et il a une façon d'effleurer les peaux de Kessler et de Tom très très fine. Il joue des mélodies carrément avec sa batterie. C'est très intéressant, un peu comme les batteurs de jazz d'ailleurs. Bon, déjà dans les années 68-67, on a peut-être quelques petites notions un peu de l'afrobeat mais ce n'est pas au niveau de la batterie c'est plus au niveau de l'architecture sonore comment Fela arrive à placer les vents par rapport à l'ensemble de ses compositions. Et comment les vents deviennent un moteur complètement de ses créations. Quand il fait ça, il tourne complètement le dos au High Life. Oui, alors, Tony Allen, le High Life, c'est notre musique populaire locale. Celle que tous les Africains de l'Ouest jouaient à l'époque au Ghana, au Nigeria. Nous avons le Fuji, la Juju, tous ces styles de musiques locaux. Le langage de Fela, de celui qui va devenir Anikula Pokuti, celui qui a la mort dans son carquois, ce langage là, qui va devenir extrêmement fort, extrêmement presque agressif contre toutes les dérives de l'Etat qui va se formuler dans les années 70. Il va naître seulement après le voyage qu'il fait aux Etats-Unis. Là, on entre dans un autre monde. Lorsque je suis allé aux Etats-Unis en 1969, j'ai été complètement subduit. J'étais assez silencieux dans la rue. J'écoutais les gens parler. On se retrouve à Los Angeles et à Los Angeles, donc on est en 1969, donc en pleine émeute, puisque les émeutes de West, c'est cette époque-là. On a déjà passé l'époque de Martin Luther King, etc. Et là, on est vraiment... Les leaders sont les Black Panthers, le Black Panther Party, et la violence est présente, très présente, surtout en Californie et à Los Angeles. Et c'est à ce moment-là que Fela va rencontrer Sandra Smith, qui est une militante Black Panther et qui voit à travers Fela, à travers ce jeune homme qui est très beau, quelqu'un qui représente vraiment l'idéal de l'Afrique qui doit se libérer. Mais Fela n'a aucune notion de ce qu'ont les Black Panthers dans la tête et c'est Sandra Smith qui va l'éduquer. Elle me parlait de l'Afrique. Elle me disait, sais-tu que les Africains ont appris tout ce qu'ils savent aujourd'hui ? J'ai répondu, tu dis n'importe quoi. Elle me dit, il y a des livres. Je lui ai dit, montre-moi. Et elle m'a passé un livre de Malcom X. C'est à ce moment-là que vont naître les premiers rugissements de l'Afrobeat mais cette fois, les paroles ne sont pas encore là. C'est vraiment le cri primal de l'Afrobeat et ça va devenir, après quelques années, le cri primal de l'Afrobeat. C'est vraiment le cri primal de l'Afrobeat et ça va devenir après quelque chose d'extraordinaire. Il va libérer la parole quand il va rentrer à Lagos. Les mots qui viennent sont des mots en pidgin, c'est-à-dire des mots pidgin-english qui sont compréhensibles par toute la société. Il y avait quelque chose qui était une architecture musicale absolument moderne autour d'une rythmique de béton et avec un big band et avec, à l'intérieur de ça, toute cette relation entre les cuivres et la rythmique et le chant qui était absolument incroyable et qui pouvait faire penser, et là son passage en Angleterre l'a amené vers ça, au grand big band américain du jazz. C'est une façon de composer de l'oralité. C'est-à-dire qu'avec tout ce que Fela a pu apprendre en grand G chez les occidentaux sur la composition musicale, une fois qu'il s'est libéré de l'écriture harmonique, etc., et qu'il a pris à bras le corps l'oralité, c'est-à-dire que il a pris à bras le corps la réalité de l'oralité africaine, il a pu construire des basses sonores. Donc pour moi, Fela, c'est un sculpteur de son. ... James Brown, lorsqu'il vient en tournée en Afrique au début des années 1970, vient au club de Fela, qui est donc le shrine, le temple, et un de ses musiciens se met à compter du batteur Tony Allen et commence à écrire comment se joue cette musique. Donc on peut dire que si Fela a été inspiré par James Brown, et c'est vrai qu'il l'a été, James Brown aussi s'est inspiré de Fela. ... La voix vient donner des messages et après la parole vient la danse, parce qu'il n'y a pas de parole sans danse, il n'y a pas de parole. C'est une des queens, il avait des queens, il avait des femmes, alors la légende, il en a épousé quelques-unes, alors le chiffre varie, je ne sais pas, un jour il en a épousé une douzaine, en même temps il y avait des choristes, des danseuses, quelques-unes étaient la mère d'enfants à lui, maquillées, magnifiquement maquillées, ça c'est une répétition à Londres. ... Les femmes de Fela c'était des fourmis, des queens, c'est une organisation, elles remassaient sur la tournée tout ce qui traînait dans les backstage, la moindre boisson, le moindre canne de soda était remassé, les fourmis sont passées, il ne restait rien, même une serviette en papier elle les prenait, on ramène ça à Lagos où on va tout vendre, tout ce qu'elle pouvait prendre elle le prenait, elle le mettait dans des sacs on voyait bien que le remonter dans le bus était de plus en plus compliqué, il y avait de plus en plus de sacs qui étaient de plus en plus lourds, des caisses qui étaient très très lourdes, on les voyait, mais jamais, Fela dans tout ça, comment il réagissait ? Très cool, le mec derrière les autres, d'ailleurs jamais en front line, toujours le dernier, il laissait tous les autres les femmes qui hurlent, les mômes qui pleurent, les musicos qui s'engueulent ou qui se battent, ça crée un chaos, tu as du pouvoir, il va rien t'arriver, et c'était vraiment l'impression qu'on avait qu'il ne nous arriverait rien Ceci est le shrine, le temple, car plus qu'une boîte de nuit, c'est bien d'un temple dont il s'agit, puisque voici son hôtel, en son centre, veillant sur la bonne ordonnance du culte, le buste de Nkrumah. Aux quatre coins du shrine, les photos du souvenir, Malcolm X, la mère de Fela, le Mumba, Martin Luther King. Une nuit au shrine, l'autre à Pelerinade. Aux quatre coins du shrine, la mère de Fela, le Mumba, Martin Luther King. Une nuit au shrine, la mère de Fela, Martin Luther King. Une nuit au shrine, la mère de Fela, Martin Luther King. Une nuit au shrine, la mère de Fela, Martin Luther King. 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Allons-y. 1, 2, 3 1, 2, 3 Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere Koyahu Dekabere 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