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Acheter ce livre publié chez Albin Michel dans la collection ESPACES Libres. Ce livre OUVRE á la Prière du Coeur... C’est MAGIQUE... la prière du coeur.
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The transcription discusses the forgotten contemplative tradition of hesychasm and the search for spiritual guidance. It mentions the desire to understand concepts such as God's light, love, and eternal life, as well as the goal of divinization or theosis. The importance of finding a knowledgeable and experienced spiritual guide, known as a staret, is emphasized. The staret teaches a method of prayer that involves sitting in silence, focusing on the breath, and repeating a prayer. The practice of hesychasm is described as a journey from reflection to inner light. The transcription concludes by highlighting the significance of finding stillness and inner balance in order to dwell in God. Écrit sur lésicasme, une tradition contemplative oubliée, Jean-Yves Leloup, publié dans la collection Espace Libre, chez Albain Michel, achetait ce livre. Chapitre 6 La Voix du Périn Les récits du Périn russes sont paris en 1884 à Cazans, sous la plume d'un auteur anonyme. Certains, derrière ce récit d'apparence naïve, devinent un véritable enseignement transmettant de façon simple la tradition de lésicasme. Nous aussi, comme ce paysan russe, nous sommes pèlerins en marche, en chemin, vers quel éveil ? De passage sur la terre, il nous faut découvrir le sens de cette marche et de cette fatigue qui, parfois, nous assaille à tel ou tel tournant. Peut-être sommes-nous, comme lui, déçus par les mots ? Ils nous font miroiter un trésor. Il est à notre portée et, en même temps, on ne peut l'atteindre. Le pèlerin allait d'église en église, de serment en serment, de conférence en conférence. On lui a bien précisé que Dieu était lumière, claire, pure lumière, et que connaître Dieu c'est s'éveiller à cette lumière qui éclaire tout homme venant dans ce monde. Bien, mais je ne vois pas clair, l'esprit est embrouillé, le mental agité. Comment connaître la vraie lumière ? On lui a bien répété que Dieu était amour, trinité, relation de personne, sans confusion, sans séparation, et que celui qui demeure dans l'amour demeure dans Dieu et Dieu demeure en lui. C'est magnifique, splendide, il suffit d'aimer, mais comment aimer ? J'ai le mot amour sur les lèvres, je n'en ai pas le goût dans le cœur, je ne supporte pas mon voisin, j'aime ceux qui m'aiment, sans doute, mais ceux qui me calomnie, ceux qui me prête nulle attention, aimer ses ennemis, oui, être amour comme les meureaux des vertes, faire briller son soleil sur les bons comme sur les méchants, oui, mais comment ? On lui a dit encore que Dieu était la vie, le grand souffle qui anime tout l'univers, pour lui tout existe, et sans lui rien n'existe, il n'est pas seulement cette vie mortelle, victime un jour ou l'autre des lois de l'entropie, non, il est la vie éternelle, la vie incréée qui ne passe pas. Le pèlerin s'émerveille, mais son corps lui fait mal, il se sent fragile, il suffirait d'un rien, glisser peut-être, pour que glisse et disparaisse avec lui les grandes, les belles idées sur le non-créé, le non-créé qui ne naît ni ne meurt. Dieu est vie éternelle, mais comment le savoir quand on est dans le temps ? Comment être délivré de la peur, de l'angoisse ? Être certain que tout cela n'est que rêve, que la puissance de la résurrection est déjà à l'œuvre dans mes profondeurs, comment être certain que je ne mourrai jamais ? Auprès des moines, le pèlerin a entendu parler du but de la vie humaine, la théosis ou divinisation, on lui a répété, à la suite des anciens, que Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu, Dieu s'est fait sarcophore, c'est-à-dire porteur de la chair, pour que l'homme devienne pneumatophore, c'est-à-dire porteur de l'esprit. De nouveau, il s'est émerveillé, on lui a bien précisé que Dieu, imparticipable dans son essence, se laissait participer dans ses énergies et que la divinisation était participation à ces énergies incréées que les disciples avaient vues ruisseler du corps terrestre de Jésus lors de la transfiguration. Le but de la vie humaine, c'est de connaître cela, devenir participant de la nature divine, comme le dit Saint Pierre, mais comment ? Il faut acquérir le Saint-Esprit, c'est le Saint-Esprit qui nous rend semblables au Fils et dans le Fils nous devenons un autre, nous devenons avec le Père, oui, on lui cite Saint-Irénée, Dieu le Père nous façonne de ses deux mains, le Fils et l'Esprit, c'est à travers eux qu'il se rend connaissable. Le pèlerin veut bien y croire, pourtant il aimerait voir, sentir, goûter, afin que cette participation ne soit pas seulement une immense nostalgie. Alors on lui dit, il faut prier, il faut même prier sans cesse, et tu comprendras. J'ai entendu beaucoup d'excellents serments sur la prière, mais ils étaient tous des instructions sur la prière en général, ce qu'est la prière, pourquoi il est nécessaire de prier, quels sont les fruits de la prière, mais comment arriver à prier véritablement, là-dessus on ne me disait rien, j'entendis un serment sur la prière en esprit et sur la prière perpétuelle, mais on ne m'indiquait pas comment parvenir à cette prière, ainsi la fréquentation des serments ne m'avait pas donné ce que je désirais, je cessais donc d'aller aux prêches et je décidais de chercher avec l'aide de Dieu un homme savant et expérimenté qui m'expliquerait ce mystère, puisque c'était là que mon esprit était invinciblement attiré, ainsi ce n'était plus le temps des discours et des conférences, il s'agissait pour lui de trouver un homme savant et expérimenté, pas seulement un savant, il manquerait la force du témoignage et la transmission de l'énergie, pas seulement un homme expérimenté, il m'enfermerait dans son expérience et n'aurait pas le discernement pour me conseiller au point où j'en suis sur le chemin, c'est la conjonction de la science et de l'expérience qui fait le staret, c'est-à-dire le maître ou le père spirituel, vient un moment dans notre vie où nous ne pouvons plus nous contenter d'idées générales, nous avons besoin d'être guidés concrètement, suivis dans les déroulements de nos expériences, dans la tradition hésitaste, comme dans toutes les grandes traditions, on insiste sur cette transmission de personne à personne, de mon cœur à ton cœur, le miroir dans lequel nous pouvons discerner la qualité ou l'illusion de nos actes, ce n'est pas une loi ou une règle, mais une personne, l'intelligence et l'amour de Dieu se médiatisent dans le regard du staret dont la science nous éclaire et l'expérience nous réconforte. Le pèlerin va donc chercher un guide, un père spirituel, afin de découvrir en lui le fils unique, tourné vers l'esprit, vers le seul qui est père, il le rencontrera dans un de ses monastères qui fleurissent en Russie à la fin du 19e siècle, comme à Optimo où se rendirent, parmi d'autres laïcs en quête d'orientation spirituelle, un Gogol, un Dostoevsky, un Korniakoff, un Soloviev, un Léon Tolstoy. Le sénateur, la pauvre paysanne, l'étudiant, apparaissait également aux yeux de l'ancien comme des patients qui nécessitaient une médecine spirituelle. Certains lui demandaient, devait-il marier leur fille ou leur fils, accepter une fonction déménagée pour chercher du travail ? Une paysanne sollicitait un conseil sur la manière de nourrir ses dindons et il les reçut. Devant l'étonnement de son entourage, le staret répondit toute sa vie et dans ses dindons Toute la vie du pèlerin était désormais dans cette question, comment prier sans cesse ? Le staret ne lui fit pas de long discours après lui avoir rappelé que la sagesse et la science humaine ne suffisent pas pour acquérir le don de Dieu. C'est plutôt la douceur et l'humilité du cœur qui nous dispose à le recevoir. Il invita à une pratique. Cette pratique, s'il l'a expérimentée, il ne l'a pas lui-même inventée. Il transmet ce que lui-même a reçu. La méthode qu'il préconise est celle attribuée à Siméon le nouveau théologien dans le livre où sont consignées les subtilités de cet art des arcs et la prière, la philokalie. Il faut remarquer au passage que pour les anciens, la prière n'était qu'une pratique c'est-à-dire qu'il s'agit d'une méditation qui a un cœur. Philokalie veut dire littéralement amour de la beauté. La prière est l'art par lequel on s'unit à l'ultime beauté dont la nature, les corps ou les visages sont les reflets. Prier, c'est aller du reflet à la lumière ou revenir de la lumière en la vénérant dans le cœur. Si l'on voulait résumer en quelques mots la méthode que le starète enseigne aux pèlerins, on pourrait dire assieds-toi, tais-toi, demeure seul, respire plus doucement, fais descendre ton intelligence dans le cœur, sur la respiration, invoque le nom, laisse les pensées, sois patient et répète souvent cet exercice. On retrouve les éléments essentiels de la méthode Hesychaste, l'assise, le silence, la solitude, la respiration, le centre du cœur, l'invocation, la répétition. Demeure assis dans le silence et dans la solitude, incline la tête, ferme les yeux, respire plus doucement, regarde par l'imagination, dans le silence, dans la solitude, ferme les yeux, regarde par l'imagination dans ton cœur, rassemble ton intelligence, c'est-à-dire ta pensée, de la tête dans ton cœur, dis sur la respiration, Seigneur Jésus-Christ, ayez pitié de moi, en voix basse ou simplement en esprit, efforce-toi de chasser toute pensée, sois patient et répète souvent cet exercice. Comme les paroles reçues par Arsène, cet enseignement peut être interprété à différents niveaux. Assieds-toi. Cela concerne d'abord la posture, l'attitude juste, la posture qui exclut l'imposture, mais il ne s'agit pas d'entrer dans un moule, il n'y a pas de méditation prête à porter. Être Nicris Pena avachie dans une attitude de repos et en même temps de vigilance, c'est la posture de la bien-aimée dans le cantique des cantiques, je dors mais mon cœur veille. La façon juste de s'asseoir est celle que nous permet de rester le plus longtemps possible immobile et sans fatigue, l'immobilité du corps favorise celle de l'esprit, même si dans un premier temps celui-ci s'agite, d'où l'importance de persévérer dans cette immobilité. Assieds-toi. Au niveau psychologique, cela veut dire retrouve ton assise, soit dans une attitude de stabilité et d'équilibre. En français, il y a cette expression « être bien dans son assiette » qui désigne bien l'état d'une personne en harmonie avec elle-même. Dans un sens plus spirituel, l'assise, c'est ce que Saint Jean appelle la demeure, apprendre à demeurer en Dieu, demeurer en lui comme lui demeure en nous, demeurer en son amour, avoir son assise, son siège, sa racine en lui, en tout temps et en tout lieu. Tais-toi, silence des lèvres, silence du cœur, silence de l'esprit, trois degrés ou de silence en silence, on s'approche du silence infini de la présence. Respire plus doucement. Il ne s'agit pas de maîtriser sa respiration, ni de la mesurer, mais plutôt de l'accompagner, de la calmer, de la doucir. On connaît mieux aujourd'hui l'influence de la respiration sur le psychisme. L'attention au souffle est un sûr moyen de concentration. On pense différemment quand le souffle est calme et profond. Par ailleurs, dans un moment de suspension de la respiration, la pensée est également suspendue. On goûte un certain silence. D'où vient notre souffle ? Où retourne notre souffle ? Être attentif à l'inspire et à l'expire peut déjà nous emmener très loin, mais pour la tradition hésitaste, l'attention au souffle est vraiment un exercice spirituel. Le souffle, c'est la ruée, la laine de Dieu, le pneuma, le souffle du Père, que nous traduisons en français par esprit saint. Respirer profondément, respirer plus doucement, c'est s'approcher de l'esprit de Dieu et à un certain moment se sentir inspiré, expiré par lui. On peut se sentir comme porté par les grandes vagues du vivant. Il donne son souffle à toutes choses et elles vivent. Il retire son souffle et elles retournent à la poussière. Regarde par l'imagination à l'intérieur de ton cœur. Généralement, dans la tradition hésitaste, on se méfie plutôt de l'imagination. Grégoire le Sinaï, par exemple, est soucieux de préserver ses disciples de toute représentation imaginaire. Amant de Dieu, sois bien attentif. Lorsque, occupé à ton œuvre, tu vois une lumière ou un feu en toi-même ou en dehors, ou la soi-disant image du Christ, des anges ou des saints ne l'acceptent pas, tu risquerais d'en pâtir. Ne permets pas non plus à ton esprit d'en forger. Toutes ces formations extérieures intempestives ont pour effet d'égarer l'âme. Le vrai principe de la prière, c'est la chaleur du cœur qui consume les passions, produit dans l'âme la gaieté et la joie, et conforme le cœur dans un amour sûr et un sentiment de plénitude indubitable. Simone Veil disait que l'imagination sert à boucher les trous par où passerait la grâce. Nous avons de la difficulté à supporter le vide, le désert, et nous le peuplons de mirages. Ce que recherchent les moines, ce n'est pas un état subjectif particulier, mais un contact objectif dont les effets, chaleur du cœur, gaieté, sentiment de plénitude sont réels, mais essentiellement différents des sentiments subjectifs qui leur correspondent, puisqu'ils manifestent la présence effective de Dieu et non pas un état d'âme. Néanmoins, certains moines contemporains utiliseront l'imagination comme moyen de se rendre présent à Dieu. Par exemple, ce starette de Latos qui demandait à un novice qui éprouvait des difficultés à sentir le Christ présent dans le cœur, de l'imaginer sur un petit banc, qu'il prendrait soin de toujours poser à côté de lui pendant la prière. Le jeune novice, qui jusque-alors n'arrivait pas à prier, put facilement se représenter Jésus assis à côté de lui, et le temps de l'oraison passait à lui parler, à l'écouter. Le starette lui avait bien demandé de ne pas se distraire dans des détails ou de chercher à voir son visage, mais par l'imagination, simplement goûter sa présence. Quelques-uns racontent que le jeune homme, suite à un empoisonnement, devint gravement malade. Un soir, on le retrouva le visage serein, non pas normalement allongé sur sa couche, mais appuyé sur le petit banc. Il était mort. Dans l'enseignement du starette aux pèlerins, la force de l'imagination est dirigée vers le cœur. Pourquoi chercher au dehors celui qui est au-dedans? Quoique cette notion de « dedans » et de « dehors » demande à être relativisée. N'est-il pas celui qui remplit tout? L'important, c'est de se fixer à un lieu où semble se recueillir sa présence. Le lieu des éthiques, le lieu privilégié, le lieu de Dieu, c'est le cœur. Et un cœur qui te sera sauvé. Avoir un cœur, ce n'est pas seulement se centrer sur une partie du corps, c'est une certaine façon d'être, de voir, de respirer avec le cœur. Le propre du cœur, c'est de tutoyer toutes choses, de vivre non pas dans un monde d'objets, mais dans un monde de présence. La prière des hésicastes a pour but cet éveil du cœur, cette sensibilité à la présence de Dieu en toutes choses. Et cette présence fait de toutes choses, non pas des phénomènes au sens habituel de ce terme, mais de véritables épiphanies, manifestations du Dieu inaccessible. La prière de Grégoire de Nizian s'exprime bien à cet état du cœur éveillé quand il dit « Oh, toi, l'au-delà de tout ! » Toi, sensation d'intimité, de présence et au-delà de tout, sens de l'altérité, de l'autreté radicale de celui auquel il s'adresse. Le cœur connaît l'inconnu dans le proche, à la proximité de l'au-delà, sens de l'immanence et de la transcendance. Avoir un cœur, c'est être centré, sortir de la dispersion du mental, des pensées qui vont et qui viennent. Le cœur a une fonction d'intégration de la personnalité, à intégrer la fonction vitale et la fonction intellectuelle. D'où cette expérience, faire descendre l'intellect dans le cœur, le pacifier, le centrer, faire du cœur l'organe même de la conscience, une conscience non ratiocinante, plus intuitive qu'analytique, perception globale des êtres et des choses dans leur caractère à la fois fugace et éternelle, perception aimante qui permet de mieux voir ce qui est. Par cette descente de l'esprit dans le cœur, qui n'est pas un mouvement spatio-temporel, mais un acte d'intégration, une façon de centrer la pensée, de cordialiser sa conscience, nous nous rapprochons du cœur du Christ et de son regard non juge sur tout ce qu'il rencontrait. À cette descente de l'esprit saint, nous pourrions ajouter la remontée de l'énergie vitale dans le cœur, qu'il s'agisse de la pulsion génitale ou d'une autre pulsion. Le cœur est cette faculté qui va transformer l'élan aveugle de la pulsion en énergie d'amour. La dimension animale de l'homme n'est pas niée, mais c'est dans le cœur qu'elle se personnalise. L'homme n'est pas qu'un animal doué de raison. C'est aussi un animal capable d'amour, c'est-à-dire capable de respect. Et c'est dans le cœur que la libido accède à cette dimension. Si le cœur est absent, l'amour n'est que le frottement de deux épines d'herbe, une extase douloureuse de caniche. Il n'est pas rencontre de personne. Dans cette attitude d'assis silencieuse, d'attention au souffle et de présence au cœur, le staret demande au pèlerin d'invoquer le nom de Jésus, dit sur la respiration « Seigneur Jésus-Christ, ayez pitié de moi ». Si nous répétons cette formule en français, nous risquons d'en altérer le son et le sens. Le Kyrie Eleison que répètent les moines de Latos a une autre qualité sonore et vibratoire que « Le Seigneur et pitié » en français. On sait l'importance que les anciens attribuaient au son, le climat qu'il peut induire dans une personne, que ce soit le chant grégorien ou le chant byzantin. Ils observaient la puissance des chants sacrés traditionnels par lesquels Dieu, pensait-il, peut transmettre son énergie opérée et la transformation de l'homme. On n'apprend pas à chanter dans le livre. D'où l'importance, de nouveau, de l'initiation qui seule peut nous donner le son ou le ton juste de l'invocation. Qu'on observe seulement la différence des tas dans lequel on peut se trouver après avoir répété mille fois « Kyrie Eleison » ou « Seigneur prend pitié ». Par ailleurs, la traduction française du Kyrie Eleison par « Seigneur prend pitié », si elle est bien exacte quant au terme, n'en altère-t-elle pas le sens plénier ? Le mot « pitié » en français a pris une nuance légèrement péjorative. Il me fait pitié, dit-on avec commisération et il nous arrive de refuser la pitié de quelqu'un à signe d'orgueil ou de présomption ou plus encore d'impuissance à aimer. Je ne veux pas de votre pitié. La pitié de Dieu, pour les anciens, c'est l'Esprit Saint, le don de son amour. « Seigneur est pitié », cela veut dire « toi qui es en voie sur moi, sur tout, ton souffle, ton esprit, et tout sera renouvelé que ta miséricorde, ta bonté sur moi, sur tout, ne garde pas mon impuissance à t'aimer, à respirer en toi, fais refleurir mon désir, change mon cœur de pierre en cœur de chair. » Au Kyrie Eleison, on ajoute généralement le nom de Jésus-Christ, Jésus-Christ, Fils de Dieu. Les Pères insistent beaucoup sur l'importance du nom de Jésus dans la prière, parce que c'est la présence même du théanthropos, du Dieu homme, qui s'approche ainsi de nous. Nous réalisons que Dieu n'est pas sans l'homme, et que l'homme n'est pas sans Dieu. Dieu et l'homme, en lui, sont indissolublement unis, sans confusion et sans séparation. A l'intérieur même de cette invocation du nom de Jésus-Christ, il peut y avoir une progression. On peut d'abord invoquer Jésus comme personnage historique, Jésus de Nazareth, puis comme notre maître dont les enseignements transmis à travers les générations nous guident et nous éclairent encore aujourd'hui. On peut s'adresser à lui encore comme manifestation de Dieu, l'incarnation de sa parole, comme Jésus-Christ, celui qui porte l'onction Christos du vivant, son fils bien-aimé, qui incarne en geste et en parole d'humanité l'amour incompréhensible. Jésus n'est plus alors considéré comme un maître du passé, mais comme mon maître intérieur, comme une présence intime qui m'ouvre sans cesse le cœur et l'intelligence, qui m'évite de m'enfermer dans mes limites et mes jugements. Je l'appelle comme la soif appelle la source, je l'invoque et c'est creusé le puits vers les eaux vives. Je peux l'invoquer enfin comme le Logos, par lui tout existe et sans lui rien. Par cette invocation je m'approche de la lumière et de la vie qui éclaire tout homme, pas seulement les chrétiens. Je tente de m'unir à cette intelligence créatrice qui informe tout ce qui existe, qui tente de rejoindre l'amour qui fait tourner la terre, le cœur humain et les autres étoiles. Maître historique, maître intérieur, maître éternel, Jésus se rend présent par son nom et en lui, avec lui, par lui. J'entre dans l'intimité de la source. Là où je suis, je veux que vous soyez aussi. Le Père et moi sommes, nous sommes un. L'invocation du nom peut se faire à voix basse ou simplement en esprit. Sans doute ne faut-il pas être trop pressé de prier en esprit. On est frappé du temps passé en prière orale, chez les anciens comme dans la tradition juive d'ailleurs. C'est sans doute là un des moyens les plus efficaces de parvenir à un vrai silence de la pensée. Le dernier mot du Saretse, soit patient et répète souvent cet exercice. L'artiste doit être patient, il doit répéter longtemps ses gammes avant de se laisser aller à l'inspiration. Beaucoup aimeraient être des artistes tout de suite, sans prendre le temps, parfois long et ennuyeux, de faire des gammes. Dans le domaine de la prière, combien de novices se prennent pour désinspirer quand le nom de Jésus n'est même pas encore inscrit de façon habituelle sur le rythme de leur respiration ou de leur cœur ? Les présomptions dans le domaine de la prière sont sans doute plus fréquentes parce que plus difficilement vérifiables. Pourtant, l'oreille d'un Saretse est particulièrement attentive à reconnaître ces fausses notes que sont l'inflation, le manque de discrétion de ceux qui se croient devenus en quelques années de grands spirituels. C'est souvent l'épreuve qui révèle la difficulté ou le ridicule de leur prétention. Une petite blessure à leur amour propre et que reste-t-il de leur immense sérénité ? Le Saretse insiste également sur la répétition. D'un point de vue psychologique, on sait déjà l'effet apaisant que peut avoir la répétition d'un acte simple. Arrive un moment où l'acte se fait tout seul, sans fatigue. Il propose auparavant un entraînement progressif, 3 000 invocations par jour, puis 6 000, puis 12 000. On peut être choqué de cet aspect quantitatif. Le Saretse nous rappelle que la qualité de la prière ne dépend pas de nous, c'est Dieu qui la donne. Mais la quantité, c'est ce que nous pouvons offrir à Dieu. C'est le temps que tu passes pour ta rose, qui rend ta rose si précieuse. La quantité, c'est ce qui relève, relève de notre nature, de notre effort. Elle ne provoque pas la grâce, elle n'en est pas la cause. Mais elle nous met dans des conditions optimales de non-distraction pour accueillir l'ange quand il passe. La prière doit être fréquente, car la perfection et la correction de notre prière ne dépend pas de nous. Comme le dit encore l'apôtre Paul, nous ne savons pas ce qu'il faut demander. Seule la fréquence a été laissée à notre pouvoir comme moyen pour atteindre la pureté, qui est la mère de tout bien spirituel. Les premiers effets de cette répétition incessante ne sont pas des plus agréables. Lorsqu'on laisse entrer une lumière dans une pièce obscure, cette lumière nous révèle tout ce qui est caché ou désordonné dans cette chambre. Le premier effet de la lumière, après l'ébouissement initial, c'est de nous révéler notre ombre. Si nous restions dans l'ébouissement, le travail ne se ferait pas, la chambre du cœur ne serait pas transformée. Nous préférons parfois les ébouissements à la lumière pour ne pas changer. Pendant une semaine, je m'exerçais dans la solitude de mon jardin à l'étude de la prière intérieure. En suivant exactement les conseils du staret, au début tout semblait aller bien. Puis je ressentis une grande lourdeur, de la paresse, de l'ennui, un sommeil insurmontable, et les pensées s'abattirent sur moi comme les nuages. J'allais vers le staret plein de chagrin et lui exposer mon état. Il me reçut avec bonté et me dit « Frère bien-aimé, c'est la lutte que mène contre toi le monde obscur, car il n'est rien qui redoute tant que la prière du cœur. Il essaie de te gêner et de te donner du dégoût pour la prière, mais l'ennemi n'agit pas, n'agit que selon la volonté et la permission que Dieu, dans la mesure où cela nous est nécessaire. Il faut sans doute que ton humilité soit encore mise à l'épreuve, il est trop tôt pour atteindre par un zèle excessif au seuil même du cœur, car tu risquerais de tomber dans l'avarice spirituelle. Graf Ducanam, parmi les critères de ce qu'il appelle une authentique expérience de l'être, note l'intervention de l'ennemi avec tout ce qu'elle peut avoir de réalisme. Curieusement, l'expérience de l'être ne manque jamais de faire apparaître son ennemi. Partout où se manifeste l'être essentiel surgit le monde antagoniste. L'ennemi est une puissance qui contrecarre ou détruit la vie voulue par Dieu. Plus l'orientation vers le surnaturel est nette, plus est déterminé l'engagement de l'homme à son service. Plus sûrement, il trouve devant lui l'ennemi acharné à l'écarter de la voie juste. Ce n'est pas une pieuse légende, mais une donnée d'expérience qui ne peut s'expliquer logiquement. Dès qu'un homme a reçu la grâce d'une expérience de l'être, quelque chose vient troubler dans les heures qui suivent l'état de béatitude où il avait transporté l'expérience qui le libère et l'engage. Il ne s'agit pas d'une compensation psychologique qui, par loi d'équilibre, fait suivre la joie débordante par une dépression ou l'état de tristesse par une exubérance que les circonstances ne justifient pas. Chatan, Satan en hébreu, veut dire l'obstacle, en même temps que s'éveille notre désir d'union avec le Christ ou avec Dieu se réveille ce qui fait obstacle, ce qui veut empêcher cette union. Chatan n'est pas un dieu en face de Dieu, la puissance du mal et des ténèbres qui s'opposeraient comme dans les schémas dualistes à la puissance du bien et de la lumière. Chatan est une créature dont la fonction est de nous éprouver, de nous tenter, afin de nous rendre plus fort ou simplement pour nous permettre de prendre conscience de notre degré de foi et de confiance en Dieu. « Sans les démons et les embûches qu'ils mettent sur notre route, nous ne pourrions pas faire de progrès », disaient les anciens pères du désert. L'ennemi du genre humain est encore appelé dans le livre de l'Apocalypse l'accusateur de nos frères. Le jour où il n'y a plus d'accusateurs en nous, on pourrait dire de culpabilisateurs pour nous juger nous-mêmes ou pour juger nos frères, c'est le signe que nous sommes délivrés du mauvais et que peut commencer en nous le règne de celui que Grégoire de Nice appelait l'ami du genre humain. Le Staretz remarque également le risque d'avarice spirituelle. Saint Jean de la Croix parlait, lui, de la gourmandise spirituelle des commençants. Dans un cas comme dans l'autre, il s'agit d'une certaine façon de s'approprier le don de Dieu, de transformer en avoir ce qui ne peut demeurer que dans l'ordre de l'être. L'autre n'est pas chose que l'on possède, à moins de le réduire à l'état d'objet. Seul son souvenir nous appartient. Le novice risque de prendre le souvenir ou la pensée de Dieu pour Dieu même. L'émotion qui peut s'éveiller en présence de celui qu'on aime est moins importante que sa présence. Le pèlerin, à cette étape de son chemin, apprend à se détacher de ses émotions, de ses sensations, de ses pensées, pour ne pas les idolâtrer. Tout ce que nous pouvons expérimenter de Dieu est de l'ordre de l'écho. Sa voix demeure de l'autre côté de la montagne. Bientôt le starète va mourir. Après l'avoir pleuré, le pèlerin va découvrir sa présence à l'intérieur de lui-même. Quand il sera en difficulté, il l'interrogera au coucher du soleil. Le starète viendra l'enseigner en rêve. Sa présence continuera à le guider. Il est devenu dans l'inconscient du pèlerin comme l'archétype du vieux sage, qu'on peut consulter au moment où un désir ou une nécessité intense se fait sentir. La Bible et la philocalie, que citait sans cesse le starète, vont demeurer les seuls compagnons du pèlerin et il continuera ainsi à prendre soin de vérifier l'authenticité de ses expériences dans le miroir de la tradition. Pas à pas, la prière fait en lui son chemin. Comme Abraham, le pèlerin marche en présence de Dieu et le fait de se tenir en sa présence, de revenir sans cesse à lui par l'invocation, le transforme et la chemine vers sa plénitude. Le chrétien n'est pas un homme meilleur que les autres, ni plus intelligent, ni plus aimant. Seulement, il marche avec quelqu'un, il se tient en sa présence. C'est cette présence, plus que ses propres efforts, qui le transforme. Dans un couple, on dit que l'homme et la femme, en vieillissant, finissent par se ressembler. A vivre ainsi, par la prière dans la proximité de Dieu, on finit par lui ressembler, on devient ce qu'on aime. Voilà comment je vais maintenant, disant sans cesse la prière de Jésus, qui m'est plus cher et plus douce que tout au monde. Parfois, je fais plus que 70 verses en un jour et je ne sens pas que je vais, je sens seulement que je dis la prière. Quand un poids violent me saisit, je récite la prière avec plus d'attention et bientôt je suis tout réchauffé. Si la faim devient trop forte, j'invoque plus souvent le nom de Jésus-Christ et je ne me rappelle plus avoir eu faim. Si je me sens maladé, que mon dos ou mes jambes me fassent mal, je me concentre dans la prière et je ne sens plus la douleur. Lorsque quelqu'un m'offense, je ne pense qu'à la bienfaisante prière de Jésus. Aussitôt, colère ou peine disparaissent et j'oublie tout. Je suis devenu un peu bizarre, je n'ai souci de rien, rien ne m'occupe, rien de ce qui est extérieur ne me retient. Je voudrais être toujours dans la solitude, par habitude, je n'ai qu'un seul besoin, réciter sans cesse la prière. Et quand je le fais, je deviens tout gai, Dieu sait ce qui se fait en moi. Finalement, ce ne sont là que des impressions sensibles ou, comme disait le starète, des preuves de la nature et d'une habitude acquise. Mais je n'ose encore me mettre à l'étude de la prière à l'intérieur du cœur. Certains en lisant ce récit pourront penser que la prière est une sorte d'autochnose ou une drogue psychique qui rend insensible à la faim, la soif, la douleur et aux insultes. Le pèlerin ne dit-il pas lui-même qu'il est devenu un peu bizarre ? Avec discernement, il remarque que tous ces effets, un peu magiques et merveilleux, sont le résultat d'une bonne concentration. L'effet de la nature et d'une habitude acquise. Il n'y a rien à proprement parler de surnaturel dans le sens d'expérience de la grâce dans tout cela. Il remarque que ce n'est pas encore la prière spirituelle à l'intérieur. Tous ces effets ne sont pas à rechercher pour eux-mêmes. Ils arrivent et comme tout ce qui arrive, cela partira. Sans s'y attacher, les traverser, ne pas les rejeter non plus, ne pas avoir peur de devenir un peu bizarre et de se sentir dans ce monde mais pas de ce monde. S'éveiller ainsi à une autre conscience et relativiser ce monde spatio-temporel dans lequel nous avons pris l'habitude de vivre sensiblement et rationnellement et qui apparaît alors comme un monde parmi d'autres, un plan ou un niveau parmi d'autres plans ou d'autres niveaux de la réalité une. A côté de ces phénomènes plus ou moins extraordinaires, la prière du cœur produit également un certain nombre d'effets que le pratiquant doit être capable de reconnaître sans s'en inquiéter. Une certaine douleur au cœur, ce qui ne s'agit pas des prémices de l'infarctus. Cela peut être le signe que le cœur est en train de s'ouvrir, de se rendre perméable au tout autre amour. Et cela ne va pas sans une certaine blessure dont les mystiques d'Occident parlent également particulièrement saint Jean de la Croix. Ô vive flamme d'amour qui blesse tendrement le centre profond de mon âme ! Ô brûle suave, plaie délicieuse, main légère, touchée délicat, qui a goût de vie éternelle ! Touche substantielle de Dieu dans la substance de l'âme ! Ô man blanda, ô toquet délicat d'eau ! Le langage du pèlerin est moins précieux, mais son expérience n'est pas sans résonance avec celle de Jean de la Croix. Il parlera lui aussi, après la douleur, d'une tiédeur agréable et d'un sentiment de consolation et de paix. Dieu blesse et guérit dans le même instant. Il abaisse et il relève, il enténèbre et il illumine. Ainsi le voyage du pèlerin est surtout intérieur. Il visite toutes les émotions, les expériences que peut vivre un être humain, les plus agréables comme les plus désagréables. Rien d'humain ne lui est étranger, et pourtant, en tout cela, il demeure impassant. Ne pas s'arrêter dans l'extase, ne pas se complaire dans la souffrance. Tel est le chemin, soyez passants ! Chaleur, bouillonnement, légèreté, joie, larmes, autant de manifestations sensibles qui attestent la présence innombrable du vivant en lui. Mais plus important que ces manifestations, il y a la compréhension des écritures et l'expérience de la transfiguration. A cette époque, je lisais aussi ma Bible et je sentais que je commençais à la mieux comprendre. J'y trouvais moins de passages obscurs. Les pères ont raison de dire que la philocalie est la clé qui découvre les mystères ensevelis dans l'écriture. Sous sa direction, je commençais à comprendre le sens caché de la parole de Dieu. Je découvrais ce que signifie l'homme intérieur au fond du cœur, la prière véritable, l'adoration en esprit, le royaume à l'intérieur de nous, l'interception de l'esprit saint. Je comprenais le sens de ces paroles. Vous êtes en moi. Donne-moi ton cœur. Être revêtu du Christ. Les fiançailles de l'esprit dans vos cœurs. L'invocation à bas air. Et d'autres et bien d'autres. Quand en même temps je priais au fond du cœur, tout ce qui m'entourait m'apparaissait sous un aspect ravissant. Les arbres, les herbes, les oiseaux, la terre, l'air, la lumière. Tout semblait me dire qu'ils existent pour l'homme, qu'ils témoignent de l'amour de Dieu pour l'homme. Tout priait, tout chantait gloire à Dieu. J'en comprenais ainsi ce que la philocalie appelle la connaissance du langage de la création. Et je voyais comment il est possible de converser avec les créatures de Dieu. Récit du Pèlerin russe, page 56-57. L'expérience de la transfiguration à côté de l'expérience de l'homme, l'amour, est une des caractéristiques fondamentales de la vie hésitaste. Au mont Athos, à la suite de Grégoire Palamas, on insiste beaucoup sur le réalisme de cette expérience qui est le gage de notre résurrection. Participation à la lumière incréée. Maître Kazantzakis remarque que notre tendance est d'humaniser Dieu alors qu'il faudrait déhifier l'homme et déhifier tout l'homme. Un exemple pris à l'histoire de la part peut nous faire comprendre ce que peut être la perte de la théologie des énergies divines dans le monde occidental. Le corps du Christ et celui des saints étaient représentés autrefois dans la mandorle. Ils étaient tout entiers nimbés de lumière. Puis cette lumière se transformant en auréoles autour du visage pour finir en galettes ou en petites soucoupes au-dessus de la tête du Christ et des saints. Comme si la grâce qui était retirée du corps de l'homme ne se manifestait plus dans son corps mais planait comme une petite nébuleuse au-dessus de sa tête. Le pèlerin voit le monde transfiguré, c'est-à-dire qu'il se révèle à lui. La flamme des choses. Le monde n'a pas changé. Ce sont ses yeux qui par la prière se sont ouverts et sont devenus capables de voir la gloire de Yhova dans le corps du monde. La gloire de Dieu dans la pensée judéo-chrétienne évoque une expérience de poids, de destinée lumineuse. Pour nous souvent la gloire n'est que la remontée, traduction sans doute de la dignitas des Romains, le pouvoir d'une apparence. Alors que la gloire d'un être pour un sémite c'est sa réalité fondamentale. La terre et les cieux racontent la gloire de Dieu. C'est dire que l'incréé est présent dans le créé. Le Dieu inaccessible est présent dans le monde à travers ses énergies. Nous avons perdu la vision du corps énergétique de la terre, nous ne voyons que son corps matériel. Le pèlerin par l'activation de son corps éveillé par l'invocation a de nouveau accès à cette vision qui fut celle de Moïse lorsqu'il regardait le buisson. Il vit la flamme dans le buisson et dans la flamme la voix de l'autre dit je suis. Le buisson, la flamme, je suis n'est-ce pas l'expérience dans un même regard de la nature, de l'énergie et de l'essence transcendante à sa manifestation. N'est-ce pas également l'expérience des disciples au jour de la transfiguration. La liturgie byzantine nous dit que leurs yeux devinrent capables de le voir tel qu'il est dans son corps physique, dans son corps de lumière, dans sa relation avec l'être qui affirme voici mon fils. Ce qu'on peut traduire en langage métaphysique, voici ma manifestation, mon énergie. Les apôtres contemplent alors le visible de l'invisible. Ils entendent le nom de l'innommable. Ils touchent ou plutôt ils sont touchés par celui qui demeure dans une lumière inaccessible. A sa mesure le pèlerin russe entre dans cette expérience de la transfiguration qui est le but de la méditation évicante. Enfin il est heureux et quelque chose de son bonheur vient jusqu'à nous. Ce bonheur n'illuminait pas seulement l'intérieur de mon âme. Le monde extérieur aussi m'apparaissait sous un aspect ravissant. Tout m'appelait à aimer et à louer Dieu. Les hommes, les arbres, les plantes, les bêtes. Tout m'était familier et partout je trouvais l'image du nom de Jésus Christ. Parfois je me sentais si léger que je croyais n'avoir plus de corps et flotter doucement dans l'air. Parfois je rentrais intérieurement en moi-même. Je voyais clairement mon intérieur et j'admirais l'édifice admirable du nom du corps humain. Nous sommes ici en présence d'une spiritualité qui n'est pas désincarnée et dont le problème n'est pas. Comment sortir de ce bas monde et de ce corps de pourriture ? Mais comment laisser descendre la flamme de la pentecôte dans tous les éléments de notre univers périssable ? Comment hâter la transfiguration du monde ? La prière du cœur appelle sur tous les deux grandes énergies aux manifestations du Père. 1. Viens Seigneur Jésus, envoie ton esprit que se renouvelle la terre. La voix du pèlerin ne s'oppose pas aux préoccupations sociales et aux désirs de justice de l'homme contemporain. Elle rappelle seulement qu'un changement de société sans un changement du cœur de l'homme est à plus ou moins long terme voué à l'échec. Et le cœur de l'homme ne peut changer que s'il se sent au moins une fois aimé, infiniment aimé, et s'il consent à cet amour qui peut le délivrer de sa vanité, de sa volonté de puissance, parce qu'il a trouvé son poids de lumière. Rayon d'énergie égaré dans la matière, il se sait rattaché avec tous les autres à un unique soleil. Il s'agit alors de marcher, de demeurer pèlerin, d'introduire dans l'opacité de la nuit la lent du jour. Fin du chapitre 6 Écrit par Jean-Yves Leloup Intitulé « La voix du pèlerin » Écrit sur l'ésiquasme, tradition contemplative oubliée Publié dans la collection Espace Libre chez Albain Michel Achetez ce livre ! Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org Abonnez-vous ! Abonnez-vous ! Abonnez-vous ! Abonnez-vous ! Abonnez-vous ! Abonnez-vous ! Abonnez-vous ! Abonnez-vous ! Abonnez-vous ! Abonnez-vous ! Abonnez-vous ! Abonnez-vous ! Abonnez-vous ! Abonnez-vous ! Abonnez-vous ! Abonnez-vous ! Abonnez-vous ! Abonnez-vous ! Abonnez-vous ! Abonnez-vous ! Abonnez-vous ! Abonnez-vous ! Abonnez-vous !