Details
Nothing to say, yet
Big christmas sale
Premium Access 35% OFF
Details
Nothing to say, yet
Comment
Nothing to say, yet
In this podcast episode, the host talks about a book called "Rendre le monde indisponible" by Arthur Montrosa. The book explores how modernity and technology have made everything easily accessible, but also led to a loss of connection with the world and with others. The host discusses how we are constantly seeking more and wanting things instantly, which has impacted our relationships and our ability to appreciate the world around us. This has resulted in a sense of alienation and competition, causing us to lose touch with ourselves. The host also mentions how we try to control and predict everything, from the weather to our interactions with others, which has damaged our ability to embrace the unexpected and has affected our relationships. Et l'autre monde, je suis très contente de vous retrouver dans ce dernier épisode, alors déjà désolée parce que j'ai mis beaucoup de temps à enregistrer ce dernier épisode, je pense que ce podcast ne va pas être très très régulier, ce sera plus au feeling et en fonction du temps que j'ai pour l'enregistrer, mais en tout cas je ne manque toujours pas d'inspiration et j'ai toujours autant hâte de continuer à faire ces épisodes, et j'espère que ça continuera à vous plaire, d'ailleurs je voulais vous remercier pour tous les petits messages de retour que j'ai eu, ça m'a fait extrêmement plaisir et ça me donne encore plus envie de continuer. Donc sans plus attendre, le podcast d'aujourd'hui, il va tourner autour d'un livre, alors ce livre, beaucoup d'entre vous le connaissent peut-être, parce que j'en parle énormément, c'est un de mes livres préférés, il s'appelle « Rendre le monde indisponible », et il a été écrit par Arthur Montrosa, c'est un philosophe, sociologue actuel, il fait d'ailleurs partie des dix penseurs les plus influents aujourd'hui, donc déjà c'est un livre très très facile d'accès, que je vous recommande, et j'ai choisi de vous en parler parce que ce livre m'a offert une autre vision de mes relations avec les gens, et avec le monde de manière très générale, et j'ai très envie de vous en faire part, surtout aujourd'hui, par rapport à l'époque dans laquelle on vit, un monde où il y a beaucoup, où les relations qu'on a avec les autres sont très altérées par les réseaux sociaux, les téléphones, la technologie, j'ai l'impression d'être une vieille à dire ça, mais c'est vrai qu'on ne s'en rend pas forcément compte, et je trouve que ce livre m'a justement un peu ouvert les yeux sur tout ça, et c'est pour ça que j'ai très très envie de vous en parler. Pour organiser ce podcast, je voudrais d'abord vous parler un petit peu du monde d'aujourd'hui, donc je vais un peu reprendre ce que le livre fait, c'est-à-dire que je vais reprendre un peu la chronologie du livre, parce qu'elle me semble très très parlante, et je vous lirai de temps en temps des petites citations qui sont vraiment très parlantes. Voilà, donc je voulais vous parler un peu du monde d'aujourd'hui, parce qu'on ne s'en rend pas forcément compte, comme je l'ai dit, mais notre monde actuel est très impacté par la modernité, et ça a un impact sur nos activités, sur nos manières d'être, de fonctionner, et donc dans son livre, il fait une description un peu négative de l'impact de la modernité, parce que pour lui, elle génère une énorme accélération avec la technologie, les machines, qui ont tendance à accélérer la réalité, puisqu'aujourd'hui on a tendance à vouloir tout, et tout de suite, on vit dans un monde engendré par le désir d'aller plus haut, plus vite et plus loin. Donc là, j'ai cité une phrase justement de son livre qui, pour moi, est très parlante, puisque, comme je l'ai dit, on ne s'en rend pas forcément compte, mais on a tendance à toujours vouloir plus, mais malgré nous, parce qu'en fait, c'est la modernité, c'est le monde d'aujourd'hui qui nous donne accès à de plus en plus de choses, de manière très facile et très rapide, et donc inconsciemment, on a ce désir de toujours vouloir plus, plus rapidement, on devient de plus en plus impatient, et il dit que le monde se présente comme quelque chose que nous devons conquérir sans arrêt. Donc je vais citer une phrase, le monde de l'escalade, de la haute mer, le monde du shopping à Dubaï, tous ces phénomènes se présentent à nous comme des fragments du monde qui méritent que nous nous en fassions la conquête, ou que nous nous les approprions sous une forme quelconque pour que cela élargisse notre horizon. Donc cette phrase, elle résume bien ce côté de rendre tout disponible, que tout soit à notre portée, plus efficacement, à moindre coût, et de manière sûre, et on ne s'en rend pas toujours compte du sement, et cette mise à disposition du monde, cette disponibilité, puisqu'on rend toutes les choses autour de nous de plus en plus faciles d'accès, elle se définit selon Archimède Rosa par quatre dimensions. Donc lui il explique qu'il y a la dimension du savoir, ensuite la dimension du visible, du maîtrisable, et de l'utilisable. C'est-à-dire que quand on va connaître quelque chose, on va vouloir rendre cette chose connaissable, donc on va étendre notre connaissance grâce à des outils, par exemple le télescope, ensuite on va le rendre visible, le rendre atteignable, accessible, par une prise de territoire par exemple. Je vais reprendre l'exemple de l'espace parce que je trouve que c'est très parlant, mais donc on l'a rendu connaissable grâce au télescope, ensuite on l'a rendu atteignable grâce aux fusées qui ont permis d'aller sur la lune, ensuite on l'a rendu maîtrisable, c'est-à-dire qu'on l'a mis sous contrôle, l'exemple du colonialisme, ensuite on l'a rendu utilisable, c'est-à-dire qu'on l'a mis en service, on en a fait un instrument de nos fins, et donc c'est un peu fataliste peut-être de dire ça, mais l'instant présent, il est devenu instrumentalisé et on ne le voit plus de la même manière. Donc ces quatre dimensions-là sont le reflet de la modernité qui permet donc de maîtriser le monde et qui fait de l'instant présent un instrument, un matériau, un objet de projection de nos désirs, et donc tout cela rend le monde visible, atteignable, maîtrisable, utilisable. Donc ça peut paraître un peu négatif de penser comme ça, même si je pense que quand je vous dis ça, on se dit tous que oui c'est vrai, aujourd'hui on veut tout avoir tout de suite, dès qu'il y a une nouvelle chose qui apparaît on la veut, et on ne profite plus forcément de tout ce qu'il y a autour de nous, et on ne profite plus non plus de désirer. Je ne sais pas si vous voyez exactement ce que je veux dire, mais en fait le désir n'existe plus tellement, puisqu'aujourd'hui on veut avoir tout, tout de suite. Donc pour être un peu moins négative, la modernité ça a énormément d'effets positifs, parce que j'ai dit juste avant de pouvoir rendre des choses visibles, de pouvoir s'y rendre. C'est intéressant pour le développement de la technique qui nous a permis de voyager hors de chez nous, de découvrir des pays lointains, découvrir l'espace, mais on en oublie parfois l'essentiel. C'est un peu là où j'essaie d'en venir, c'est que malgré tout ce que la modernité, la technologie, le progrès a pu apporter, il y a eu quand même beaucoup de choses négatives, des choses positives aussi, mais on en vient à oublier l'essentiel, c'est-à-dire notre relation au monde. Donc ça peut paraître un peu étrange dit comme ça, mais ce que j'essaie de dire c'est qu'inconsciemment, on va se conduire à un rapport plutôt atterré au monde en le rendant indisponible. C'est-à-dire que, je vais vous donner des exemples un petit peu particuliers, mais par exemple à l'égard de la nature, aujourd'hui la nature nous apparaît plus comme une matière première à utiliser, un objet à mettre en forme, et moins comme quelque chose à contempler, à apprécier, alors que la nature il y a énormément de choses à apprécier, et le rapport aussi au monde social il devient de plus en plus aliéné, parce que les individus ils se situent dans un rapport de concurrence, de compétition, ça je pense qu'on l'a tous plus ou moins expérimenté, on est sans cesse mis en compétition, qui aura les meilleures notes, qui sera le meilleur, qui aura fait le meilleur timing, qui aura fait le meilleur machin, etc. On est vraiment tous mis dans ce rapport de concurrence, de compétition constant, et tout ça, toutes ces aliénations, elles nous amènent aussi à une aliénation de soi, sans rapport au monde intact, il ne peut y avoir de rapport à soi réussi. J'adore cette phrase. Donc c'est ce qu'Armand Treuzat dit dans son livre une nouvelle fois, que sans rapport au monde intact, il ne peut y avoir de rapport à soi réussi. On comprend qu'en modifiant son rapport à la nature, au monde en général, l'homme il modifie son rapport à lui même. Donc je vais illustrer un peu de ça, parce que ça peut paraître très bizarre, mais on comprend qu'en fait, on force la nature, le monde à s'adapter à nous. On rend quasiment tout prévisible, et à trop vouloir maîtriser tout, on ne se laisse plus atteindre par le monde. Je vais essayer d'illustrer un petit peu, mais en fait, quand je dis qu'on force le monde à s'adapter à nous, c'est qu'on veut tout prévoir. Par exemple, la météo. Aujourd'hui, on n'est plus très surpris par la météo. Il y a plein d'outils qui nous permettent de savoir quel temps il va faire demain, quel temps il va faire une semaine à l'avance, on sait. Donc on prévoit. On prévoit nos vacances. On prévoit ce qu'on va faire dans 5 minutes. Même moi, je prévois que là, après avoir fait mon podcast, je vais devoir le monter. On prévoit tout, tout le temps, et en fait, on ne se laisse plus du tout avoir par cette partie imprévisible du monde et de ce qui nous entoure. Dans nos rapports aussi avec les autres. Aujourd'hui, c'est plus rare de croiser quelqu'un par hasard. Je ne dis pas que ça n'arrive pas, parce que bien évidemment, ça arrive toujours de croiser des gens par hasard. Et c'est ce qui est génial d'ailleurs, parce que ce n'est pas prévu. Mais aujourd'hui, par exemple, sur Snapchat, on a la carte Snapchat. On voit qui est en ville, qui est au centre commercial. Par exemple, si je vais au centre commercial, je vais voir, oh bah tiens, j'ai telle amie qui est. Il y a de fortes chances qu'on se croise. Aujourd'hui, je vais à la plage. Je vois à la plage, il y a telle ou telle personne à cet endroit-là. Il y a de fortes chances aussi qu'on se croise. En fait, on ne se laisse plus tellement avoir par l'inattendu. Et donc, à trop vouloir tout maîtriser par tous les outils qu'on nous donne, on ne se laisse plus atteindre par ce côté imprévisible. Et ça endommage énormément nos relations. Et ça, c'est une chose dont on n'a pas toujours conscience, puisque on vit dans ce rythme. Et pour la plupart, on a toujours connu ça. Malheureusement ou heureusement, je ne sais pas. Mais nous, on est la génération un peu la technologie, tous ces nouveaux outils. Et c'est pour ça qu'en fait, dans ce podcast, j'ai vraiment envie de vous faire redécouvrir notre rapport au monde. Et j'ai envie qu'on se demande un peu, ok, on a un rapport un peu bizarre avec le monde, parce qu'avec la technologie, c'est plus imprévisible. Mais du coup, c'est quoi un rapport au monde réussi ? Comment redécouvrir le monde sans qu'il soit altéré par la modernité ? Ben voilà, ça c'est ce que j'ai vraiment envie de vous montrer. Donc tout d'abord, pour continuer dans ce principe d'aliénation, donc il s'agit d'une relation mais sans relation en fait. Et c'est exactement ce qui nous empêche d'être ouverts au monde et à la découverte. Hartmut Rosa, dans son livre, il développe un principe très intéressant, c'est celui de la résonance. En fait, il s'agit d'un principe, c'est de vous l'expliquer, en fait c'est lorsqu'on se met à distance de tout ce que l'on a évoqué précédemment. Donc c'est se mettre à distance de la modernité, tout ce qui peut altérer notre rapport au monde. Donc téléphone portable, un appareil photo, enfin voilà, tout ce qui peut altérer notre rapport au monde. Et cette résonance, il l'a défini comme notre premier rapport au monde. Il nous dit que c'est un phénomène qu'on ne peut pas contrôler, c'est quelque chose qui nous échappe, au contraire de la modernité qui, elle, veut tout contrôler et maîtriser. Donc c'est pour ça que le rapport de résonance est quelque chose de très particulier et qu'on n'a pas forcément l'habitude, parce qu'aujourd'hui avec la modernité, on a envie de tout maîtriser. Donc la résonance, elle peut avoir lieu avec tout, ça peut être avec un paysage, avec une personne, dans une conversation, avec une musique, parce que c'est ce qu'on ressent quand on écoute une musique, ce qu'on éprouve face à ces événements. Et je vais essayer d'illustrer parce que là, je dis comme ça, ça peut être un peu étrange. La résonance, c'est vraiment la relation qu'on va avoir en imaginant, vous vous baladez et là, il y a un magnifique sunset, trop beau, on est tous interpellés par ça. Le premier réflexe qu'on va avoir, et c'est bien le problème justement, c'est ce qui empêche la résonance, c'est qu'on va sortir notre téléphone et on va prendre en photo. On va prendre en photo parce qu'on va se dire quoi ? On va se dire, ah j'ai trop envie de me rappeler que c'était tellement beau, comme ça je pourrais le regarder plus tard en rentrant chez moi, j'aurai un souvenir de cette photo, de ce magnifique coucher de soleil. Mais en faisant ça, est-ce qu'on le vit vraiment ? Et ça c'est justement le principe de la résonance. La résonance, c'est se laisser interpeller par quelque chose d'extérieur à nous, qu'on ne contrôle pas, et c'est ressentir quelque chose. Quand on voit un magnifique paysage, une montagne par exemple, quand on arrive tout en haut de la montagne, des fois on se retrouve un peu au-dessus des nuages et c'est magnifique. Par exemple ça, quand on voit ça, waouh, des fois on reste quelques minutes à regarder et à rien dire. Et juste à ressentir, en se disant, en fait en se disant rien parce que juste on regarde et on trouve ça magnifique et on n'a pas les mots. Et bien c'est justement ça cette résonance, c'est cette relation en fait, c'est ce qu'on va ressentir face à un événement ou avec une personne. Dans une conversation, quand on parle face à face avec quelqu'un. Pour moi ça c'est un très bon exemple et je pense que ça peut parler à tout le monde aussi. Par exemple, j'arrête pas de dire par exemple désolée, mais dans une conversation avec quelqu'un, une vraie conversation. Je croise quelqu'un par hasard et je commence à discuter avec lui. Alors il y a toutes les expressions du visage. On a le visage qui peut être, voilà on peut sourire, on peut être très expressif. Ou au contraire par exemple s'il y a une dispute, quand on dispute avec quelqu'un, il y a l'énervement, le visage froncé, fermé, etc. Et bien tout ça, c'est la résonance. Alors que par exemple avec un téléphone, waouh, j'ai fait tomber mon micro désolée. Alors que par exemple, les téléphones, ça je pense que pareil, on est à tous les faces. Vous recevez un message et vous ne savez pas si la personne est énervée en le disant ou si elle est calme. Ou si elle dit un message, est-ce qu'elle rigole ou est-ce qu'elle ne rigole pas ? Vous voyez ce que je veux dire ? Avec la technologie, avec les téléphones portables, on envoie un message et on ne sait pas interpréter en fait. Alors qu'avec une personne dans la réalité, quand on croise vraiment quelqu'un, on parle avec quelqu'un face à face, on a justement toute cette expérience de résonance où on a accès à tous les sentiments, toutes les émotions. Et en fait voilà, là où je veux en venir, c'est vraiment que la modernité elle se présente comme un obstacle dans cette expérience de résonance avec le monde. Donc ensuite, le problème aujourd'hui, c'est qu'on a tendance à se pétrifier. En fait, on est de moins en moins capable de résonner avec le monde comme je l'ai expliqué un petit peu avant. Et on est incapable d'avoir une relation avec le monde et il y a des raisons à ça. Donc tout d'abord, on a une tendance à vouloir tout s'approprier. En fait, on a tendance à penser qu'en s'appropriant les choses, on pourra alors de manière sûre avoir une expérience avec, avoir une expérience de résonance. Donc je vais donner un exemple. Si je m'achète un livre, il ne va pas obligatoirement me toucher parce que je l'ai acheté. C'est pas parce que je me suis approprié le livre que je vais résonner avec. Parce que la résonance, elle ne se possède pas, elle ne peut pas se stocker. On ne peut pas se dire que parce que j'ai pris ça, je vais résonner avec. Parce que j'ai pris en photo ce paysage, quand je vais le re-regarder, je vais être autant émerveillée. On ne peut pas la posséder. C'est-à-dire que la résonance est quelque chose de très aléatoire, c'est quelque chose qu'on ne contrôle pas, en fait. Ensuite, il y a une autre raison, c'est qu'on veut tout avoir à notre disposition. Que c'était, en fait, inconsciemment, cette expérience de résonance, on veut pouvoir la contrôler et on veut l'avoir à notre disposition. On veut que cette expérience de résonance, elle soit à notre disposition. Et comme ça, quand je rentrerai chez moi en le re-regardant, je veux pouvoir revivre ça. Je veux pouvoir m'approprier, en fait, cette expérience de résonance. Mais en réalité, on ne peut pas. En fait, on tente de la sauvegarder dans une photo, alors que ce ne sera jamais pareil. Et on le sait tous, quand on prend une photo, ce n'est jamais aussi beau qu'en vrai. Ce n'est jamais aussi interpellant qu'en vrai. Inconsciemment ou même consciemment, on dit toujours que en capturant ce paysage, je pourrais ressentir pour toujours ce que j'ai ressenti en le regardant véritablement. Mais en réalité, à travers une photo, on ne peut pas capturer une expérience. On ne peut pas capturer l'expérience vécue sur le moment. Et au contraire, je pense qu'on s'en coupe. En fait, ça rejoint un peu tous les messages qu'on peut entendre sur vivre le moment présent, etc. Quand tu sors ton téléphone et que tu prends en photo ce paysage, en réalité, tu te coupes de ton expérience de résonance, de ce que tu étais en train de vivre. Moi, je vais vous donner un conseil. Après, peut-être que vous le faites déjà. Je ne suis qui pour donner des conseils, après tout. Mais posez-vous sur un banc, un de ces casques, où il y aura un beau ciel découvert. Et juste, regardez. Éteignez votre téléphone et observez le paysage. Observez la nature, le soleil, se coucher ou se lever. Observez les étoiles. Sans utiliser votre téléphone, sans prendre en photo, sans rappeler. Et je vous jure que ce sera tellement différent. De toute façon, vous l'avez déjà fait. Et vous-même, vous savez à quel point ça ne vaut pas une photo. Enfin, voilà quoi. Ensuite, le problème majeur de notre impossibilité à entrer en résonance, c'est qu'on ne se laisse plus toucher par ce qui nous entoure. On se répète sans arrêt la même musique dans les écouteurs, en espérant ressentir ce qu'on a ressenti la première fois qu'on l'a écoutée. Sauf que plus on essaie de la répéter, moins ça aura de sens, au contraire. Les musiques, des fois, on les écoute pour la première fois. Mais je pense que, en vrai, c'est des gens qui doivent vous parler, mais tu vas les réécouter 2-3 fois. Au début, la deuxième fois que tu les réécoutes, tu es toujours un peu en mode, « Ouais, j'aime trop cette musique », etc. Mais tu ne ressentiras jamais la même chose que la première fois que tu as écouté cette musique. Jamais tu ne ressentiras la même chose. Et tout ça, encore une fois, j'ai envie de dire, ça part aussi de cette volonté de contrôle. En fait, je reprends encore une fois ce qu'Artem Trost a dit, parce que c'est vraiment très parlant, mais on aimerait aussi prévoir les moments de résonance, les mettre à disposition, donc les planifier, parce qu'il est dans nos habitudes de vouloir tout prévoir. Et aujourd'hui, c'est très facile, parce qu'on n'a pas besoin d'attendre de rencontrer quelqu'un par hasard pour lui parler. Comme je disais tout à l'heure, aujourd'hui, je sors le téléphone, je passe un coup de téléphone, et je peux passer plus rapidement, je peux parler à la personne et lui dire ce que j'ai envie de lui dire, au lieu d'attendre de la recroiser par hasard. Pareil pour écouter de la musique. Aujourd'hui, je vais écouter un morceau d'Ari Styles. Qu'est-ce que je vais faire ? Je sors mon téléphone, je vais sur Spotify et j'enseigne le morceau. Rapide, efficace. Je n'ai pas à attendre qu'il passe en concert pour écouter son morceau, ou d'aller chez un disquaire pour louer l'album, rentrer chez moi, mettre le CD, passer tous les titres jusqu'au prochain morceau, enfin jusqu'à celui que je veux. Enfin bref, vous avez compris, ça prend trop de temps. Aujourd'hui, quand on a un désir, on veut qu'il se réalise tout de suite. Je vais écouter ce morceau. Je n'attends pas tout ça. Je vais juste sur Spotify, je le mets, sinon ça prend deux secondes. Et voilà, on est satisfait tout de suite. Le bout de tout ça, où est-ce que je veux en venir ? C'est que c'est notre indisponibilité qui empêche de vivre les moments de résonance. Il n'y a pas de manuel pour la résonance, mais on ne doit pas chercher à l'avoir. Il dit, car plus nous le voulons intensément, moins nous y arrivons. En vrai, cette phrase peut s'appliquer à tout. Plus on veut quelque chose, moins on y arrive. Alors que quand on s'enlève ça de la tête, au final, ça n'arrive pas à hasard. Et ce qui est plus vrai avec la résonance, comme je l'ai déjà dit, c'est qu'elle n'est pas contrôlable, elle ne se planifie pas, elle n'est pas calculable, elle n'est pas maîtrisable, elle est imprévisible et indisponible. Et c'est alors pour ça qu'on cherche à rendre tout disponible. C'est dans l'espoir que la résonance, qui elle est indisponible, puisse devenir disponible. Je ne sais pas si vous voyez là-dessus ce que je veux dire. D'un côté, ça nous frustre de ne pas pouvoir fixer les choses. C'est frustrant de se dire, je ne maîtrise pas ce qui se passe demain. Imaginez là, à partir de maintenant, vous arrêtez de penser à ce qui se passe la minute d'après. C'est hyper flippant. Si on se disait, je dois vivre sans rien prévoir, c'est très bizarre et on n'est pas habitué. Et c'est normal du coup, puisqu'on a toujours vécu comme ça. Et donc ça, c'est bien quelque chose qui entrave à la résonance. C'est de vouloir tout, tout de suite, quand on le désire. Comme il dit Armand Rosa, il ne suffit pas de tendre la main pour accéder au monde. J'adore cette phrase. Ce n'est pas parce que je veux ça, que ça va se produire. C'est vrai que des fois, on dit que la pensée positive, c'est vouloir, agir et avoir. Mais en réalité, ce n'est pas parce que je veux que ça va se produire. On va reprendre l'exemple de téléphoner et voir en physique, parce que c'est très parlant. Mais l'idée qui en ressort, c'est que la modernité, elle veut tout maîtriser, elle veut tout planifier, elle veut tout rendre disponible, elle veut stocker. Jusqu'à maîtriser le temps. Parce qu'on ne supporte pas l'imprévu. On ne supporte pas être dans l'inconnu. Je dirais même que la plus grande peur de l'être humain, c'est justement ça, c'est l'inconnu. On déteste ne pas savoir ce qui va se passer. Quand tu regardes un film d'horreur, pourquoi est-ce que tu as peur ? Parce que tu ne sais pas ce qui va se passer. Après, je sais. Bref. Et aujourd'hui, c'est tellement vrai ce que j'ai dit. Quand j'ai lu ce livre, je me suis dit, mais c'est trop vrai. Aujourd'hui, même les naissances, elles font partie du planifiable, du prévisible et du maîtrisable. Aujourd'hui, on a la possibilité de congérer les autres aussi, pour une période plus tardive, qui nous paraît plus appropriée pour avoir des enfants. Donc, le fait d'avoir des enfants ou non, c'est plus digne du destin. C'est fou quand elle me dit comme ça. Aujourd'hui, le fait d'avoir des enfants, ce n'est plus forcément le destin, ce n'est plus quelque chose d'imprévisible. Ainsi, la vie et la mort sont aussi devenus des choses maîtrisables grâce au progrès de la science. Je ne dis pas que c'est négatif. Ne me prenez pas pour une personne qui pense que c'est négatif, parce que c'est génial. Je ne dis pas le contraire. C'est juste cette notion, quand on y pense, de ce qui est maîtrisable ou pas, de ce qui est digne du destin. Est-ce que ça, ça arrive vraiment parce que c'est le destin ou parce qu'en fait, je l'ai voulu ? Vous voyez ? Et donc, tout ça, est-ce que ça ne change pas un peu mon rapport à la vie et au monde ? Parce que même pour les différents espaces, que ce soit la mer, l'océan, les montagnes, les îles, l'homme, il se veut le maître de tout pour les connaître et prévoir des événements. Enfin, grâce aux navires, fusées, tout ça. Son but, c'est de s'emparer de tout, de rendre tout disponible. Mais en réalité, ça a l'effet contraire. Parce que si on connaît tout et que tout est à notre disposition, de un, qu'est-ce qu'il reste à découvrir ? Genre, si on connaît tout, ça veut dire qu'on ne va plus jamais rien découvrir ? Enfin, il restera quoi ? Et de deux, comment avoir affaire à l'inattendu ? Si tu connais tout, que tu maîtrises tout, tu n'as plus d'inattendu et tu connais tout. C'est triste, c'est fade. Et c'est une manière de dire que la quête infinie de l'homme pour maîtriser tout, pour contrôler, prévoir, stocker, elle crée un fossé, un obstacle entre nous et le monde. ... Donc, j'en arrive un peu à cette dernière partie parce que je pense que ce podcast va être long, parce que je suis trop passionnée par ce sujet. Mais comment être ouvert au monde et le découvrir ? Jusqu'à là, j'ai parlé de tout ce qui fait qu'on est entravé à l'ouverture au monde. Mais comment se défaire de cet obstacle, la modernité, la technologie qui nous empêche, et être ouvert au monde et continuer de découvrir en permanence ? Parce que oui, on continue de découvrir en permanence. Nous savons que notre rapport au monde et à la découverte, il dépend de nos sens, de ce que Rosa appelle la résonance du coup. La résonance, c'est un rapport avec nos sens, avec la vue, l'odorat. Et elle peut avoir lieu avec tout. Et c'est une marque de notre ouverture au monde et de l'écoute de nos sens. Quand tu rentres en résonance avec quelque chose, tu es à l'écoute de tes sens, de ce que tu ressens à ce moment-là. On peut rentrer en résonance avec tout, avec un paysage, une personne, une idée, un tableau, au musée, une musique. Cette référence de résonance, elle se caractérise par l'interpellation, l'ouverture, le désir et la transformation. Tout ça, c'est ce qui va permettre d'être ouvert au monde et de découvrir. Arthur M. Rosa, il nous explique premièrement qu'il est important de se laisser interpeller par ce qui nous entoure, parce que le monde est riche, entre les êtres humains, les paysages, l'art, tout ce qu'on produit. La résonance, elle suppose de se laisser affecter et interpeller par quelque chose d'extérieur à nous. Il faut être ouvert à l'inattendu, parce que l'inattendu, c'est une expérience quotidienne. Je vais donner d'autres exemples. Lorsqu'il neige, je vais citer quasiment ce qu'il dit, mais il dit que lorsqu'il neige, c'est précisément le caractère inattendu et indisponible de la neige qui va créer cette expérience. Parce que la neige, on ne la prévoit pas, ce n'est pas nous qui la provoquons. Et c'est ça qui va créer toute l'expérience. En fait, ça va être une redécouverte de la nature et la fascination qui va avec. Parce qu'en réalité, si je pouvais faire neiger à mon gré, je n'éprouverais pas cette interpellation. C'est vrai, si neiger, on pouvait le faire quand on voulait, ça ne nous fascinerait pas. Aujourd'hui, quand il neige, je pense que tout le monde, on va tous mettre à notre fenêtre et on regarde la neige. Et il y a toujours un petit moment de silence où juste on observe la neige. C'est ça la résonance, c'est cette fascination quand quelque chose d'inattendu se produit. Donc se laisser interpeller, c'est également se surprendre et redécouvrir l'inattendu en nous. Quand on regarde une œuvre d'art et que d'un coup, on a la chair de poule. Ou que d'un coup, on a les larmes qui montent. Quand on lit un livre ou quand on regarde un film, ça je pense que ça peut parler à plus de monde. Quand on regarde un film et que d'un coup, on est ému et qu'on se surprend soi-même en train de pleurer devant une scène dramatique. Et on est en mode waouh, genre là je suis ému. C'est des effets qui sont incontrôlables et qui sont dus à cette expérience à laquelle on s'est ouvert. Je reprends l'exemple du coucher de soleil encore une fois. Mais quand j'observe un coucher de soleil, je suis appelé par ce coucher de soleil. Ça m'interpelle en quelque sorte. Car imaginons qu'on est en train de marcher sur le bord de mer. Je ne peux pas m'empêcher d'observer le coucher de soleil qui est à côté de moi. Et il nous touche intérieurement par sa beauté. Il nous mobilise l'extérieur par notre regard. Et ça c'est quelque chose qu'on ne peut pas contrôler et maîtriser. Quand tu vois un coucher de soleil, forcément ton regard instinctivement il se tourne vers ce coucher de soleil. Et waouh, tu te dis c'est trop beau. Et tu ne contrôles pas ça. Et je vais utiliser une belle phrase encore une fois de ce livre qui est Les yeux sont les fenêtres de la résonance. J'adore. Je dis ça à toutes les citations que je lis. C'est par là qu'on perçoit et qu'on ressent l'acte de résonance. C'est redécouvrir notre propre corps et les réactions qu'il peut avoir. C'est pour ça que les yeux sont les fenêtres de la résonance. C'est par là que tout passe, que notre résonance passe. Et qu'on se redécouvre soi-même et qu'on redécouvre tout ce qu'il peut y avoir à l'extérieur et autour de nous. Ainsi, l'ouverture de nos sens, de notre esprit, c'est nécessaire pour vivre tout ça. Parce que si on est fermé au monde, il est impossible d'entrer en résonance. Il faut se laisser interroger par tout ce qui se passe. Un exemple, lorsque je vais lire un poème et que j'ai le sentiment qu'il a quelque chose à me dire, être ouvert, c'est ça. C'est garder une part d'interrogation. Moi, je prends l'exemple du poème parce qu'il me parle, mais ça peut être un autre exemple. Dans la musique, des fois, les paroles d'une musique, on se dit, mais qu'est-ce qu'il veut dire par là ? J'ai l'impression qu'il essaie de me faire passer un message dans sa musique. Et ça, c'est être ouvert au message que peut passer une œuvre, que peut passer des personnes. Des gens disent quelque chose et tu ne comprends pas vraiment bien où est-ce qu'ils veulent en venir. Et justement, tu es un peu interpellé par ça, il y a un sentiment d'interrogation. Et tout ça, c'est se laisser transformer partout, par les rencontres qu'on fait, par les événements. Chaque expérience, elle nous laisse quelque chose. Chaque fois qu'on entre en résonance avec le monde, nous ne sommes plus les mêmes. Il y a une expression qu'on entend souvent où on dit de quelqu'un ou d'une expérience qu'elles ont fait de nous une autre personne. Genre, ouais, cette personne, elle m'a changé. Des fois, on dit ça. Et c'est ça, la résonance. C'est avoir été ouvert à une rencontre, à un événement, à une expérience, qu'elle ait eu un impact sur toi. Ça, c'est la résonance aussi. Ça peut juste être dans ton humeur. Par exemple, des fois, tu peux être triste et tu rencontres quelqu'un et elle arrive à te redonner le moral. Tu peux dire qu'elle a fait de moi une autre personne parce qu'elle t'a changé. Ça, c'est l'ouverture aux autres aussi. L'ouverture, c'est aussi être ouvert à l'inattendu, comme je disais tout à l'heure. On a tendance à se fixer des objectifs partout et tout le temps. Mais en faisant ça, est-ce qu'on ne se ferme pas à l'inattendu, à quelque chose qui pourrait nous surprendre ? Après, voilà, c'est vrai que personne n'aimerait financer un projet dans lequel le résultat est indéterminé. On a besoin de savoir quand même un petit peu dans quoi on s'embarque. Mais en vrai, dans n'importe quel cerf d'opération institutionnelle, les événements inattendus, c'est inévitable et incontournable. Il y a toujours des aléas, il y a toujours des choses qu'on ne peut pas prévoir. Les enseignants, ils savent que pour former leurs élèves, ils vont devoir sortir du programme scolaire car ils ne pourront pas respecter à la lettre à quel moment ils devront savoir ça, à quel moment ils vont devoir dire ça, etc. De même pour les chercheurs, ils savent que les innovations réelles, les découvertes, elles ne peuvent pas être attendues ou prédites. Et elles sont bien du domaine de l'inattendu. Quand on a trouvé tel ou tel vaccin, ce n'était pas prévu, on ne savait pas qu'on allait découvrir ça à ce moment-là. C'est vraiment justement tout ce processus de l'inattendu qui permet de continuer à découvrir des choses. Donc, il ne faut pas se forcer à voir quelque chose, mais seulement se laisser surprendre pour découvrir de nombreuses autres choses. Et enfin, le dernier point important, je dirais, c'est de continuer de découvrir sans arrêt le monde. Ça veut dire qu'il faut continuer sans arrêt à désirer. Parce que le désir, il nous rappelle le côté indisponible du monde. Ça veut dire que le désir, il est provoqué par un manque. Donc, on désire ce que nous n'avons pas et c'est la preuve que nous n'avons pas tout découvert. Si tu continues à désirer des choses, c'est que tu ne connais pas tout, c'est que tu n'as pas tout découvert. Et en désirant, on se dirige vers l'indisponible et on profite de ce qu'on obtient. Mais je pense que ça, on le sait tous, quand tu désires quelque chose, que tu l'as attendu pendant longtemps, en vrai, quand tu l'as, tu profites et tu te rends compte de ce que c'est vraiment. Donc, pour conclure tout ce très long podcast, je pense, et toute cette thèse d'Artem Trosa, que j'adore, je le redis, je dirais qu'à travers son livre, on peut faire différentes découvertes. On découvre le monde dans lequel nous vivons. Déjà, on a découvert un peu l'effet de la modernité sur nos interactions. Et cette étude sociologique, elle nous permet de prendre du recul sur nous et le monde en général, l'effet de la modernité sur nos interactions, etc. On redécouvre aussi notre corps et toute la beauté de nos sens qui nous permet de rentrer en résonance avec le monde, parce que c'est notre corps qui nous permet tout ça. Quand tu sens un gâteau et que ça te donne des petits gargouillements dans le ventre, quand tu regardes un film et que d'un coup tu commences à être ému, que tu te retrouves en train de pleurer devant ton écran, ou quand tu rencontres quelqu'un et que tu es super heureux. Tout ça, c'est vraiment notre corps, nos sensations, nos sentiments, nos sens qui nous le permettent. Et enfin, ce livre permet aussi de redécouvrir le monde dans son essence même, redécouvrir la beauté de la nature et continuer sans arrêt d'observer, de se laisser atteindre, de se laisser toucher par ce qui nous est extérieur. Car c'est ce mouvement qui fait que nous redécouvrons à la fois des sensations et notre monde. Nous nous rendons accessibles au monde et nous n'avons jamais fini de découvrir le monde, littéralement. Il y aura toujours de nouvelles choses à découvrir. Donc, puisque raisonner avec le monde, c'est laisser la possibilité au monde de s'ouvrir à nous, de le découvrir, de le ressentir, voilà. Je dirais que ce livre, il m'a personnellement permis d'appréhender mes relations avec le monde, avec les individus de manière différente. Il m'a permis d'être plus attentive à ce qui m'entoure, à redécouvrir des choses qui ne m'interpellaient pas avant. Donc, je ne vais pas en dire plus, si ce n'est que j'espère que ça vous a plu et que ça vous parle surtout et que ça vous donnera envie d'être plus attentif à ce qui vous entoure, d'être plus attentif aux autres, aux messages des autres, à la nature, au paysage, et d'être peut-être un peu moins altéré par la modernité, comme dirait Arnaud Trozat. Et je vais finir sur une petite citation. Un monde qui serait complètement connu, planifié et dominé serait un monde mort.