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Elle était quand même beaucoup mangetardée qu'à l'époque de la frange droite, des fugues au château d'eau, des pulles trouées de son père qu'elle portait tant qu'elle m'isole. Il y a quelques éléments résiduels comme ne pas savoir dire bonjour ou au revoir ou ne pas savoir répondre à des questions simples du style ça va ? Et du coup toi tu fais quoi ? Elle se dit que de l'extérieur elle a l'air sûre. Il y a quelques jours on m'a dit mais tu sais ça se voit ta fragilité, je vais dire t'arrêtes pas de dire que t'as l'air d'avoir confiance en toi et tout mais pas tant que ça. Et depuis elle est toute décontenancée la pauvre, comme ce jour en classe où Margot avait hécaté de rire alors qu'elle levait la main pour prendre la parole. C'était un vrai fou rire, un qui nécessitait un paquet de mouchoirs entiers et un aller-retour aux toilettes la totale quoi. Son amie s'est exclamée j'ai trouvé et lui avait raconté comment avant de prendre la parole, systématiquement, elle se touchait la cheville. Elle bien sûr ne s'était jamais vue de l'extérieur et se figurait que les autres ne perceraient pas d'ajout à ces petits rituels. Le pire c'est que c'était pas comme si elle avait volé un truc et qu'on la prenait la main dans le sac. Là c'était une double trouvaille, c'est comme si elle trouvait en même temps que son amie Margot ce qu'il y avait dans son sac depuis tout ce temps. Un numéro d'équilibriste, une main levée et une autre dans la chaussette. C'en est suivi une longue période de déconstruction où elle a dû apprendre à lever la main sans précipiter l'autre vers le bas. Si vous vous demandez pourquoi cette main, je peux me permettre de répondre pour elle, je la connais bien. C'est parce qu'effectuer un autre geste en même temps que celui qui l'a placé dans cette position inconfortable d'attente lui permettait de garder la face. C'était son bouclier, si on ne lui donnait pas la parole elle ne voulait pas avoir l'air de la demander.