Details
Nothing to say, yet
Details
Nothing to say, yet
Comment
Nothing to say, yet
This is a radio transcript discussing various topics. The first part mentions an association called Secours de France that awards a prize to organizations serving French culture. They awarded Radio Courtoisie with a prize of 3,000 euros. The conversation then shifts to a discussion about teachers going on strike and the speaker's experiences as a student and teacher. They also talk about a book on Saint-Petersburg, the Cannes Film Festival, and the speaker's experience as a juror. Ici Radio Courtoisie, la radio libre du pays réel et de la francophonie. Vous écoutez un document Radio Courtoisie, un libre journal de Jean Ferré, assisté de Marie Vole, une attente du 19 mai 2003. Si tout va bien, nous avons au bout du fil Jean Dutour d'Académie française. Vous n'avez pas écouté l'émission, alors je vous dis ce qui s'est passé en première partie. Nous recevions les dirigeants de l'association Secours de France qui nous expliquaient le magnifique travail qu'ils font depuis plus de 40 ans et chaque année ils distribuent un prix aux organismes qui ont le mieux servi la culture française, la civilisation française. Ce prix porte le nom de leur fondatrice, le prix Clara Lanzi et cette année ils ont accordé à Radio Courtoisie et ils sont venus en direct sur l'antenne nous donner le prix avec le chèque du montant du prix, 3 000 euros et je peux vous dire que ça tombe bien. Ah oui et puis c'est très émouvant être Clara Lanzi et quelqu'un que j'ai connu. C'est merveilleux, toutes mes félicitations, très fier de travailler avec vous. Cela me touche beaucoup et savez-vous cher Jean Dutour que nous avions intitulé, j'avais intitulé la première partie Au secours de la France et la seconde partie s'intitulera Au secours des français victimes des grévistes parce que maître Patrick Simon a des idées là-dessus pour tenter de venir au secours des victimes des grévistes et je voulais vous demander, vous qui évoquez souvent vos souvenirs d'écoliers et de collégiens, que faisiez-vous quand vos professeurs étaient en grève ? Les professeurs étaient des gens terribles, ils se mettaient jamais en grève. C'était le rêve s'ils s'étaient mis en grève, vous vous rendez compte, il n'y avait que ça pour les écoliers, ils n'étaient jamais, ils étaient toujours là, solides aux proches. Pour moi aussi, c'était la génération du baby-boom, on n'avait pas de professeur en grève. Oui, nous sommes venus trop tôt dans un monde trop vieux. Ça n'était pas des démocrates, écoutez, la démocratie c'est de se mettre en grève non ? Il y avait deux choses qui étaient formidables à l'école, d'abord ils n'étaient jamais en grève, ça c'était plus, j'aurais préféré qu'ils se mettaient en grève. Parlez plus fort et plus près du téléphone. Il y avait deux choses très remarquables dans l'école telle que j'ai connue, d'abord ils n'étaient jamais en grève, ce qui moi me désespère rétrospectivement parce que j'aurais été un chanceux qu'ils se mettent en grève. Mais il y avait d'autre part quelque chose de très bien, c'est qu'on ne faisait jamais de politique. La politique était considérée comme quelque chose d'un peu sale dont les enfants ne devaient pas s'apprendre. Ah oui, mais donc vous n'étiez pas du tout démocrate ? Dis-moi ? Non. Mais c'est quoi être démocrate ? Eh bien, être démocrate c'est être l'élève de professeur qui se met en grève et ensuite d'être l'élève qui se met en grève pour emmerder les professeurs. J'aurais adoré être démocrate mais il n'y avait pas moyen, l'organisation de la société était telle que les petits garçons ne pouvaient pas être démocrate. Eh bien, je vais demander à nos auditeurs qui, encore tout jeunes, ceux qui ont quitté l'école il y a combien, dix ans ? Il y a dix ans les profs se mettaient déjà en grève. Il y a dix ans vous croyez ? Ah oui. Je voudrais savoir quelle est la proportion d'auditeurs dont les professeurs se mettaient en grève. Mon souvenir d'enfant, c'est que si, même mon instituteur à l'école primaire, si on avait dit que l'instituteur allait se mettre en grève, mais personne ne l'aurait cru. Non, bien entendu. Ça aurait été un éclat de rire général. La première grève, je pense, qui est une figure politique, c'était le Chili. Je crois que c'est au moment de l'affaire du Chili où il y a vraiment eu une dérive qui n'était pas du tout pour la profession. Il y avait une grève des professeurs à l'époque ? Ah oui, oui, oui. Il y a eu une grève pour le Chili ? Oui, oui, oui. C'est incroyable. De quoi je vous parlais ? Ah ben oui, mais c'est ce qui a justement, je pense, rebuté certains professeurs à adhérer à des syndicats. Moi j'ai connu des grèves quand j'étais professeur. J'ai été professeur avant d'être avocat à l'université et c'était des grèves d'étudiants. C'est assez cocasse. Vous avez dû connaître ça vous aussi. Alors ces braves adolescents se mettaient en grève pour protester contre ceci et cela. Alors moi comme professeur, je leur enseignais le droit civil, je leur avais dit bon, alors avec moi pas de grève et tous ceux qui ne seront pas là seront notés, il y aura des sanctions. Alors j'avais donc adopté une attitude comme d'habitude, en tirer vite. Pas trop de combat. J'ai eu la visite d'un petit commando casqué bardé un certain jour qui fait que j'avais fait une lettre de protestation qui était sortie dans le journal L'Aurore à l'époque quand le Figaro n'avait pas fusionné avec L'Aurore et ça s'appelait Nanterre-Chicago. Et ensuite j'avais été convoqué par le doyen de la faculté qui m'avait, non pas du tout, il ne s'était pas ému que j'ai été un peu molesté et agressé par ces mais au contraire il m'avait amèrement reproché d'avoir adopté l'attitude que j'avais adoptée. Ah oui c'est très chouette de te renseigner en ce moment. Je change de sujet parce que la semaine dernière vous nous avez parlé d'un livre de Jean Descartes. Ah bah oui j'ai reçu un album, c'est plus un album qu'un livre, qu'il a fait sur Saint-Pétersbourg. Voilà, je viens de le recevoir ce matin. Ah oui c'est un merveilleux livre d'image, d'abord parce que Saint-Pétersbourg c'est superbe et ensuite parce que lui Jean Descartes est un homme de goût et qu'il a su admirablement les arranger, les mettre en valeur et nous donner une idée de ce que c'est que cette capitale qui est une des plus merveilles du monde il faut bien le dire. Une merveille dans un pays froid. Oui. Moi j'ai attrapé le plus beau rhume de ma vie à Saint-Pétersbourg. Un rhume auquel je pense encore tellement il était gigantesque. Parce que vous ne pouviez pas en avoir un semblable à Paris. Non. Les nuits de Saint-Pétersbourg sont fraîches. Beaucoup plus fraîches que les nuits parisiennes. Il peut courir. C'est un rhume gigantesque et on m'a emmené chez un pharmacien, c'était une merveilleuse pharmacie comme il en existait en France dans la jeunesse avec des bocaux dans la vitrine. Il m'a dit, le brave pharmacien m'a dit, je vais vous donner de l'huile Goménolé. Vous allez voir, en deux jours votre rhume sera passée. Et bien oui, il avait raison, l'huile Goménolé de Saint-Pétersbourg m'a fait passer mon rhume. Quand on a un rhume, il faut tout de suite aller à Saint-Pétersbourg. C'est une bonne idée, oui. Ça peut prendre un peu de temps, mais c'est pas mal. C'était Saint-Pétersbourg ou Leningrad ? Ah, c'était encore Leningrad. Ah, ben oui. Écoutez, c'est bien fait du communisme. Mais maintenant, ça n'est plus possible. Maintenant que les communistes ne sont plus là, on ne dirait plus les rhumes. Ah ben non, bien sûr. Mais nous avons quand même Saint-Leningrad à Paris. Oui. On a même encore Leningrad à Rouen. Ah oui, bien sûr. Et puis, il doit y avoir encore un tas de rues Lénine dans la banlieue parisienne. Ah oui. Alors, cher Jean Dutout, revenons au livre de Jean Descartes. Oui. Je l'ai trouvé admirable. Ah ben, il n'était pas tard, mais Jean Descartes est un homme de talent. Nous savons ça depuis longtemps. Ah oui. Nous n'arrêtons même pas de le dire d'une semaine sur l'autre. Oui, mais non seulement c'est un homme de talent, mais là, il a trouvé des photos qui correspondent à son talent. Oui. Et feuilleter le livre est un bonheur. Ah oui, c'est tout à fait pas tard. Et le lire complète ça. Alors, nous en reparlerons. Ah oui, nous en parlerons pour longtemps parce que c'est quand même un sujet formidable. Moi, quand je suis allé à Saint-Pétersbourg, qui était encore Leningrad, c'est-à-dire il y a fort longtemps de ça, c'était en 1957, eh bien, j'ai eu une impression extraordinaire. C'était très délavré, très abîmé et j'ai pensé à Versailles. Je me suis dit, c'est deux villes, deux capitales qui sont nées artificiellement et qui sont mortes artificiellement. Ce qu'il y a d'épatant dans l'une comme dans l'autre, d'ailleurs, c'est qu'elles ont ressuscité. Saint-Pétersbourg a vraiment ressuscité, je crois, depuis que la Russie est redevenue la Russie. Oui, mais le seul fait d'avoir changé son nom, d'avoir récupéré... Ah, c'est beaucoup. Ah oui, c'est beaucoup. C'est beaucoup. Je vous assure que si la France s'appelait royauté, ça changerait beaucoup. Ah ben, le royaume d'Église, pendant qu'on y est. Oui. Ne mégotons pas. Je vous assure que le livre de Jean Descartes, Saint-Pétersbourg, sur les pas d'Edzard, l'un magnifique album, est publié aux éditions Perrin. Il n'est pas très lourd, il est facilement manipulable. Il est magnifique. Parmi les sujets d'actualité, cher Jean Dutour, on fait beaucoup de bruit ces temps-ci sur le festival de Cannes qui n'est pas encore en grève. Ah ben non, parce que c'est plutôt rigolo le festival de Cannes, les gens sont enchantés d'être là. Mais vous avez été juré, je crois. J'ai été juré à Cannes, attendez, il y a longtemps que ça, c'est-à-dire, ça devait être en 1965 ou 67, quelque chose dans ces eaux-là. Je vais vous dire, il y a bientôt 40 ans. Et je vais garder un souvenir absolument charmant, je me suis beaucoup amusé. J'ai rencontré un cinéaste, homme de l'être italien, qui m'a beaucoup plu, qui était un type épatant, qui s'appelait Mario Soldati. Et avec lequel je me suis très bien entendu. Nous avons juré que nous serions des amis à la vie et à la mort. Une fois que le festival a été fini, on ne s'est plus jamais revus. Peut-être est-il à l'écoute. Ben le pauvre, il me semble qu'il est mort il y a 2-3 ans. Ah, quel dommage. Ben oui, c'est un type épatant, drôle, amusant, charmant. Je vais vous garder un vraiment bon souvenir de lui. Alors, j'ai quelques anecdotes assez drôles du festival de Cannes, en particulier un mot que je trouve superbe de Marcel Pagnol, qui à une autre époque, enfin une autre année que celle où j'y étais, avait été président du jury du festival de Cannes. Il y avait l'un cinéaste russe qui, à la première séance, a dit, ben voilà, je propose qu'il y ait, que nous ayons un plan de travail. Alors je pense que le matin, avant la projection du matin, nous pourrions nous réunir et discuter pendant un quart d'heure ou une demi-heure de ce que nous allons voir. Et même quand elle sera finie, nous pourrions nous réunir et voir les différences, les divergences de ce que nous avons vu avec ce que nous avions expliqué, ce que nous avions escompté. Et l'après-midi, même chose. Et le soir, même chose. Et Pagnol, épouvanté, lui dit, écoutez, mon cher Yuktevich, l'essentiel c'est de s'en foutre. Grande parole, parole pleine de sagesse. Une vraie parole de juré. Oui. Je dirais même de magistrat. Ah non, mais c'est une parole géniale. Moi j'aimais beaucoup Pagnol. Il avait comme ça une façon d'aller directement au cœur des choses. Et dans les sujets d'actualité, je vous raconte ça dans tous les sens, je vous interroge dans tous les sens, dans les sujets d'actualité, vous n'avez pas été frappé par le Congrès du Parti Socialiste ? Bon, les socialistes, ils sont restés très longtemps au premier plan de l'actualité, une vingtaine d'années avec de petites interruptions par-ci par-là. Le Congrès du Parti Socialiste, vous avouerez franchement que ça ne m'a pas particulièrement passionné. Moi ça ne m'a pas du tout passionné, mais j'étais très intéressé par leur déclaration « Nous virons à gauche ». Ah bon, c'est pas vrai ? Mais oui. C'est pour ça qu'ils ne comprennent rien. Ils ont été fichus à la porte à cause de ça. Et c'est parce qu'ils veulent rester encore à la porte. Ah oui, c'est une excellente interprétation. C'est un socialisme. Vous savez que si on mettait un psychanalyste ou un psychologue là-dessus, il expliquerait tout. Ah oui, oui. C'est qu'ils aiment la porte. Parce que c'est l'espoir. Une fois que l'espoir est réalisé, c'est la satiété. C'est ce que disait, je crois, le député du 19ème au moment où Justin a gagné les élections. Et maintenant, comment se les emmerdent. Il vaut mieux être dans l'opposition. Dans l'opposition, c'est très confortable. On peut tout visiter, c'est le rêve. Un peu question d'actualité. Que pensez-vous de ce qui vient de se passer au Maroc ? Vous posez des questions terribles, là. Mais oui, c'est à qui d'autre les poser ? Ben, je vois ce qui s'est passé au Maroc. C'est passé au Maroc, ce qui se passe un peu partout. C'est-à-dire que le Maroc est un pays modéré, un pays civilisé. Et évidemment, c'est susceptible pour les fanatiques. Vous voulez que je vous dise de plus ? Vous ne trouvez pas important qu'un pays musulman qui, lors des dernières... Le Maroc est un pays musulman très à part. Et oui, mais justement, lors des dernières élections, pour la première fois, il a eu une majorité islamique et islamiste. Et voilà ce que ça donne. Donc eux aussi, au Maroc, je ne sais pas s'ils le voulaient ou si c'était malgré eux, ils sont allés un peu vers la gauche. Et voilà ce que ça donne. Je ne sais pas s'il y a un rapport de cause à effet. Je crois surtout que le Maroc est une épine dans le flanc des islamistes fondamentalistes. Parce que le Maroc est très tourné vers l'Occident. Et que le Maroc est presque à pied de l'Occident dans la terre d'Afrique. Oui, mais c'est pour ça que je pense que ça peut avoir de grandes conséquences, ce qui vient de se passer. Parce que ça peut... Ben oui, mon cher, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Moi, je ne suis pas prophète. Tout au moins, quand il m'arrive de l'aide, c'est à m'en apercevoir. J'aurais souhaité que vous le fassiez en circonstance. Non, là, il faut que je digère le truc. Vous savez, moi, je ne peux pas parler des choses à chaud comme ça. Au fond, je ne suis pas un homme de radio. Que faisons-nous actuellement ? Ben justement... Ah ben alors, il faut arrêter. C'est la fin du tour. Nous arrivons à la fin de notre quart d'heure. Ah ben déjà ? Ben oui. Et pourtant, je ne suis pas un homme de radio. Ben oui, deux messages pour vous. Un auditeur. Vous souvenez-vous de cette publicité qui date d'avant la guerre, ou juste après la libération ? 40 immortels, un seul, increvable, le pneu Hutchinson. C'est très bien, ça. Très joli. Et d'un autre auditeur... Je me rappelle, la balle de Floride, la balle de Floride. Oui. La balle de Tisane, pour le fois. Monsieur Dutour n'a pas été interrogé au Grosse Tête, aujourd'hui, sur les grèves des enseignants. Il est vrai que l'invité principal était Mgr Gaillot. Ah oui, oui, oui. C'est comme au Grosse Tête qu'il admirait et appréciait José Bové. Oui. Bon, vous n'avez rien à ajouter. Vous savez, moi, j'aime mieux José Bové que Mgr Gaillot. Moi, je n'aime ni l'un ni l'autre. Ben, à la vérité, je ne suis pas très documenté sur l'un comme sur l'autre. Mais on peut peut-être espérer un jour... Ce n'est pas mes héros, voyez-vous. Qu'on ait Mgr... Le porte-hose d'Aramis est artélien. Et si un jour, nous avions Mgr Bové ? Sergent Dutour... Oui. Je vous dis à la semaine prochaine. Eh ben, oui. Même heure. Et à bientôt. Au revoir. Au revoir. C'était la chronique radiophonique de Jean Dutour de l'Académie française.