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JeanDutourd_LBJFerre_10_2003

JeanDutourd_LBJFerre_10_2003

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"L'euthanasie serait un mot trop dur selon la gauche. Puisqu'il y a eu les RTT = réduction du temps de travail, nous pourrions dire le RTV = réduction du temps de vie" Echange sur les 40 ans du décès de Jean Cocteau

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Transcription

This is a radio transcript where the host and guest discuss various topics including euthanasia, the 35-hour workweek, Jean Cocteau, and art exhibitions. They also mention a book about Cocteau and a painting of a dead cat. The guest, Jean Dutour, shares his thoughts and memories on these subjects. Radio Courtoisie, la radio libre du pays réel et de la francophonie. Dans le cadre des archives de Radio Courtoisie, vous écoutez le libre journal de Jean Ferré du 6 octobre 2003. Nous revoilà avec les mêmes dans le studio et au bout du fil, si tout va bien, Jean Dutour de l'Académie française. Oui, oui, oui, je suis là, toujours fidèle au poste. Eh bien, je suis heureux que vous soyez là, cher Jean Dutour. Et comme nous étions en train de parler de l'euthanasie, je voudrais avant vous poser une question, mais c'est à l'académicien, c'est au membre de l'Académie française que je la pose, parce que c'est l'Académie française qui gère le langage. J'ai entendu sur une importante radio d'État, un homme de gauche, dont j'ai oublié le nom, qui disait, oui, je suis pour la légalisation de l'euthanasie, mais il faudrait changer le mot qui vraiment a une mauvaise sonorité. Alors, moi, je voulais proposer, soit de remplacer euthanasie par euthanasie nationale socialiste, ou bien le RTV, parce que nous aurons le RTT, la réduction du temps de travail, ou bien le RTV, la réduction du temps de vie. Oui, c'est pas mal, c'est une bonne idée, tout ça. Qu'en pense l'Académie française ? Je ne peux pas répondre au nom de l'Académie française dans son entier, mais enfin, je trouve que vous avez eu une heureuse initiative. Maître Varro avait aussi trouvé un mot, interruption... Volontaire de vie. Voilà. Du VV ? Oui, du VV. Oui, mais comme ils ont lancé le RTT, je ferai le RTV. Est-ce que l'Académie française... Bonjour, Jean Dutour, très heureux de vous entendre. Bonjour, monsieur, vous allez bien ? Très bien, et vous ? J'espère que oui. Mais est-ce que l'Académie française accepte les abréviations ? Pourquoi faire ? Pour le RTV. Non, pour le dictionnaire. Oui. Non, je ne crois pas qu'elle accepte les abréviations, nous ne l'acceptons pas. Donc, ce serait euthanasie nationale socialiste. Voilà, très bien. Quoi de nouveau ? Qui vous demandait ça ? A vous. Parce que c'est votre chronique radiophonique. Oui, enfin, vous savez très bien que le nouveau, ce n'est pas mon affaire. Comme nous étions dans le RTT, Comme nous étions dans le RTT, ces 35 heures ne vous inspirent rien ? J'ai lu dans les journaux comment se débarrasser des 35 heures. C'est en effet une très bonne question, mais je ne vois absolument pas comment, une fois qu'on a flanqué la peste, on peut arriver à l'enrayer. Il y a peut-être une façon de s'en débarrasser, c'est de passer à 30. Oui, c'est la seule façon, je n'en vois pas d'autre. Vous savez, est-ce que vous connaissez une petite formation musicale qui s'appelle Licence 4, qui était patronnée par Patrick Sébastien ? Il y a une chanson très amusante qui avait été faite comme ça, vers 18 ans, 1990 ou 1995, et qui était à peu près ça. Je vais la chanter, mais je vais la voir que je suis comme Clo-Clo dans Jean de la Lune. Je chante faux, mais j'entends juste. Alors, Demain on reste au pieu, Demain on reste au lit, A se faire des bisous, à se faire des guillis, Demain on reste au pieu, Pour plus aller bosser, pas besoin d'être vieux, La retraite à 20 ans, Ça va être voté par le gouvernement, Vive le président de la République des feignants ! Bravo ! Je vois que c'est pas mal quand même. Ah oui ! Et dans votre bouche, c'est mieux encore. Oui, enfin je vous le dis comme Clo-Clo. J'entends Parmigiane Piment disant cette réplique, Je chante faux, mais j'entends juste. A propos de grands hommes, Cette année, cette semaine, je crois que c'est le 10 ou le 11, c'est le 40e anniversaire de la mort de Jean Cocteau. Oui. Et comme je sais que vous l'aimez bien... Je vais vous dire, j'ai toutes les raisons de l'aimer bien, d'abord parce que c'est un homme de talent, qui a trouvé souvent des formules remarquables. Il y en a un particulier, dont j'ai éprouvé la justesse pendant toute ma vie d'écrivain, si j'ose dire. Il disait ceci qui est si vrai, rien n'est plus invisible que le talent. Parlez plus près du téléphone. Vous savez, je fais ce que je peux. Ah, c'est bon. Je crée ça où je peux, mon pauvre. Oui, parlons de Cocteau, l'aigle a dix têtes. Oui. Eh bien Cocteau, cet été, je suis tombé sur le journal de Cocteau. Il a tenu un journal entre 1943 et 1945. Et c'est absolument épatant. C'est plein d'idées remarquables, très intelligentes. C'était vraiment quelqu'un qui faisait mieux que la réfutation d'un museur public qu'on lui a si volontiers faite. Et j'ai l'honneur d'être sur le fauteuil de Cocteau à l'Académie. Il n'y a que M. Horwath qui m'en sépare. C'est la gloire post-mortem de Cocteau. Il disait quelque chose de très juste. Il disait, cent ans après ma mort, je me retirerai fort une fête. Eh bien, c'est en train de se passer. Il n'avait pas tort. Bon, il faut dire aussi, non seulement vous êtes un successeur de Cocteau à ce fauteuil, mais qu'également, vous succédez à Edmond Rostand. Et c'est quand même pas mal. Ah, ben, qu'est-ce que vous voulez ? L'Académie, il y a eu comme ça de temps en temps. Des gens viennent. Parce qu'il y a en vous... Des inconnus. Il y a en vous un côté Cyrano qui est évident. Ah bon ? Vous trouvez que j'ai le nez si grand que ça ? Les arômes, c'est un pic, c'est un cap. Que disent-ils ? C'est un cap, c'est une péninsule. Non, je n'ai pas le nez si grand que ça. On parlait du talent, c'est en fait. En fait, ce n'est pas vraiment de Rostand que je veux raconter. C'est agréable de penser que vous êtes à ce fauteuil. Ah, ben, il a écrit le chef-d'oeuvre du théâtre romantique, mais avec 50 ans de retard. Lequel ? Cyrano. Ah oui. Vous, vous avez écrit Au Bombeur. On m'a demandé si c'était toujours édité. Et cet ouvrage était toujours édité. Oui, ça a paru. On peut l'avoir dans l'édition normale. On peut l'avoir en livre de poche folio. Ça a été repris plusieurs fois. Très bien. Non, ça marche très bien, celui-là. Il y a plein d'autres livres que j'ai écrits qui ne sont pas disponibles, que l'éditeur n'a pas envie de réimprimer. Mais si je mets Au Bombeur, ça marche toujours. Il y a ceux qui ont été mis au pilon également. Oui, on m'a mis au pilon. Je vous signale un très beau livre extraordinaire sur cocteau de Claude Arnault, dont j'ignorais tout, qui vient de faire une biographie. J'ai mis trois semaines à la lire parce qu'elle a 800 pages. Je la lisais comme les poules, vous savez, en remontant la tête pour que les phrases glissent bien. Oui, c'est ça. C'est un chef-d'oeuvre. Ah, c'est bien. La biographie ne pourra plus jamais être pareille. Après, cette biographie, elle est incomparable. Sur Proust, sur Jean Marais, sur le groupe Dessin, sur la musique, sur le surréalisme, tout est remarquablement... Sur Picasso, c'est ce que j'ai lu de plus intelligent. C'est-à-dire que ce n'est pas une biographie de cocteau, c'est la biographie de la vie littéraire artistique de la naissance de cocteau jusqu'à sa mort. C'est un tableau général. C'est un très grand livre. Mieux qu'Exposition Pompidou, qui est un peu confuse et difficile à suivre. Je croyais que vous vouliez également nous parler d'exposition. Il va y avoir deux expositions. C'est Gauguin et Botticelli. Et Vuillard. Grand, grand peintre, Vuillard. C'est formidable. Je suis allé voir Vuillard avant-hier. C'est très beau. Je comprends très bien. Vous aimez Gauguin. Oui, j'aime beaucoup. La bonne peinture, elle est partout. Gauguin n'est pas un des peintres que je préfère, mais c'est quand même quelque chose de formidable. J'ai vu l'exposition hier. Hier, il y a deux beaux tableaux. Pas plus ? Pas plus. Alors que Vuillard, il y en a une bonne quinzaine de très beaux. Vuillard, c'est inconfortable. Vuillard et Bonnard, les deux amis, c'était quand même les deux grands peintres de l'entre-deux-guerres. Il y a un portrait de Vuillard, embrassé par sa fille. C'est une merveille. Oui, oui, oui. Je le connais. Car vous avez une mémoire fabuleuse des verts. Vous êtes la personne que je jalouse le plus, avec l'endormeçon, pour votre merveilleuse mémoire de la poésie. Et vous avez en plus la mémoire de la peinture. Vous savez, quand j'étais gamin, quand j'avais comme ça entre 14 et 20 ans, vous croyez que je serais peintre. Et puis je n'ai pas pu parce que je n'avais pas le sou et que d'être peintre, ça coûte cher. Il faut acheter des toiles, des pinceaux, des couleurs. Tandis que ça ne coûte pas cher d'être écrivain. Alors je me suis mis écrivain plutôt que peintre. Crayon pour crayon. Vous avez choisi crayon sur le papier, et pas sur la toile. Je n'ai jamais écrit au crayon. J'ai toujours écrit avec une plume. Cocteau disait, à propos de ses dessins, il disait, je me soulage sur la toile. Le mot est un peu dur. On a retrouvé le chat mort qu'on a traduit à Chardin. Oui, j'ai vu ça en effet. Oui, alors c'est bien Géricault. Alors là, je ne sais pas du tout. Géricault, moi je vois surtout des cuirassiers, des carabiniers. Mais pas beaucoup de chat mort. Et Géricault est très bien. Mais c'est malheureux qu'un raconte soit pas là. Il vous l'aurait dit parce qu'il connaissait Géricault sur le bout du doigt. Il en a même fait le héros d'un de ses meilleurs livres qui s'appelle La semaine sainte. C'est émouvant, le chat mort. C'est un très beau tableau. Et d'habitude, on fait peu de peintures avec les animaux morts. On a fait beaucoup de peintures avec les hommes morts sur leur lit de mort. Audrey a fait beaucoup de peintures avec des oiseaux pendus par les pattes. Il y a quand même un rembrandt, un morceau de viande. Le boeuf est caché à la rembrandt, ce qui est superbe. Oui, c'est quand même, ça s'est fait, ça. Mais le chat mort, non, je n'ai pas de souvenirs de nombreux chats morts dans la peinture. Ah non, pas spécialement des chats. C'est plutôt d'autres espèces qu'on extermine dans la peinture. Mais ce chat mort est très émouvant parce qu'on a l'impression qu'il dort en confiance. Et puis, il y a quand même un petit quelque chose qui n'est pas normal. Donc, on hésite entre la vie et la mort, ce qui n'est pas le cas pour le boeuf écorché de rembrandt. Non, ça, effectivement. Quelles autres nouveautés dans La semaine ? Je n'ai pas de nouveautés. Je ne sais pas. Je vis dans mon coin comme un ermite dans sa cabane. Alors, il passe des choses. Je les vois de temps en temps dans le journal, mais c'est ce qui m'a le raconté. Je n'ai pas le courage d'aller jusqu'au bout des articles. Dans une conversation, vous m'aviez montré de l'intérêt pour la présence de Bouche à l'UNESCO. Ah, pas de Bouche, de sa femme. Ah oui, de Mme Bouche, pardon. Oui, oui, Mme Bouche. J'ai trouvé qu'elle avait l'air plus gentille que son mari, elle est plus épanouie. Elle est plus gentille. Et puis, elle est venue à Paris, comme ça, faire un petit tour à l'UNESCO. Il y a des choses. C'est plutôt une visite aimable, non ? Oui, Jacques Chirac lui a embrassé les mains. Oui. Elle avait l'air toute étonnée. Ça doit être chose dont elle n'était pas très habituée. Ah, pourtant. Elle avait un petit geste de recul et de surprise. La photo est assez amusante. Ah bon ? Il y a une auditrice qui trouve que Botticelli ne vous inspire pas, sans du tout. Ah bon ? Je ne peux pas parler de Botticelli. On a tout dit sur Botticelli, chère madame. Je vous dis que c'est un des plus grands pannes du monde. Qu'est-ce que vous me direz ? Oui, c'est pourquoi je m'étonnais que vous exprimiez dans une même phrase Gauguin et Botticelli. Non, c'est pour les expositions. C'est pour les expositions. C'est une exposition intéressante. Vu l'art, il n'y a pas beaucoup de monde. Il y en a déjà beaucoup, mais quant à Botticelli... On n'en parle pas. C'est la messe de 11h à Saint-Eustache, il n'y a pas eu de place. Ce n'est pas vrai. Il y a 1000 personnes dehors. Vous savez qu'un jour, en passant dans devant une galerie de peinture de ma rue, j'ai vu un dessin qui m'a absolument enchanté. C'était un dessin de Dufy, Raoul Dufy, qui s'était amusé à reproduire la tête de la Vénus de Botticelli au fusain. Elle était jolie comme tout. Quelque chose de Botticelli était passé dans les mains de Raoul Dufy. C'est celle qui sort de l'eau. Oui, c'est ça. Je demande à Mme Gérgès de Galart que je n'ai pas salué et que je salue avec joie. Bonjour, monsieur. Bonjour, madame. Ce qu'elle porte de cette conversation à bâton rompu chaque lundi soir avec Jean Dutour. Un pinceau rompu. C'est un petit peu inattendu, mais c'est sympathique. Alors, avez-vous des questions à lui poser ? Profitez-en. Non, non. J'ai l'intention d'aller voir ses expositions, en particulier celle de Bulliard, puisqu'il nous dit qu'elle est excellente. Mais moi, j'aime bien la couleur de Gauguin, alors j'irai peut-être quand même. Vous aurez raison, parce que Gauguin, c'est quand même pas mal. Général Le Boudin, des questions posées à Jean Dutour ? Moi, j'ai des réponses à rien. Bien. Il faut d'abord savoir si... Essayez les questions au cas où. Au cas peu probable où. Monsieur Israël ? Moi, j'aurais eu une question pour madame Bousque. Que veux-tu ? Ce qui... Vous l'auriez dit en anglais ? Non. Dans l'actualité, vous n'avez rien trouvé qui inspire votre charité, parce qu'en général, vous êtes très charitable pour les hommes politiques. Non, je ne vous dis rien du tout. Je ne vous dis rien du tout. Vous savez, il y a des semaines qui ne sont pas très marrantes. J'avais un ami, j'ai dû vous raconter cette histoire-là dix fois, qui avait été mobilisé dans la météo. Parlez plus fort ! J'avais un ami qui avait été mobilisé dans la météo pendant la guerre. Je ne sais pas si je vous ai raconté cette histoire-là. Ah oui, c'est un très joli mot. Il fallait... Il ne connaissait rien à la météo, mais il fallait quand même produire un communiqué tous les matins. Ça vaut une formule épatante. Aujourd'hui, même tant qu'hier. Ça vaut exactement la même chose pour l'actualité. Vous savez que si les prévisionnistes de la météo tous les matins répétaient cette phrase, ils commettraient moins d'erreurs. Enfin, c'est évident. Tout ceci revient à la fameuse définition du journalisme. Le journalisme, c'est ce qui est moins intéressant demain qu'hier. Oui, c'est Gilles qui disait ça. Ah oui, c'est ça. Voilà, c'est très bien. Allez, mon cher, je vous ai assez parlé de l'actualité. Il n'y a plus rien dans ma pesace. Une autre quart d'heure est passée. Monsieur, je vous délivre. Comme dit mon cher Rodin, n'est-ce pas ? Et je vous dis à la semaine prochaine. À la semaine prochaine. Au revoir, sergent Ducos.

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