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This transcription is about the speaker's fascination with mushrooms and their symbolism of vulnerability and strength. They discuss how mushrooms emerge from the ground after the rain, their connection to the underground mycelium network, and their ability to be both nourishing and dangerous. The speaker also mentions the popularity of mushrooms and the idea that they are more easily found when not actively searched for. They touch on the themes of nature, creativity, and gender in relation to mushrooms. The conversation then transitions to discussing the singer Pomme and her song "Grandiose," which explores the idea of living a magnificent life that may not align with societal expectations. The speaker concludes by mentioning Pomme's upcoming film role. Je voudrais ce matin vous raconter l'histoire de la vulnérabilité, de la vulnérabilité et de la force, ou plutôt l'histoire d'une femme, et même d'une femme qui ramasse des champignons. Pourquoi donc, me direz-vous, que viennent faire ces champignons dans l'aventure de cette vulnérabilité se transformant en force ? Vous ne voyez pas ? Vous ne voyez vraiment pas ? Il suffit pourtant de se promener en forêt juste après la pluie et d'ouvrir les yeux. Ils sont là, tout petits, fragiles, ridicules parfois, à la merci du moindre pied de chasseur ou du moindre groin de sanglier. Et pourtant, quelle présence ! Quelle manière de se dresser, de surgir, de jaillir, fiers et légitimes comme éclos du ventre de la terre. Si nous avions le quart de cette fierté du champignon sortant de la terre à la manière d'un miracle, nous n'aurions plus aucun problème de confiance en soi. Voilà pourquoi elle aime tant les champignons. Elle les regarde et la force vient, la confiance revient comme les champignons juste après la pluie. Mais ce n'est pas tout. Il y a autre chose qui lui plaît dans le champignon. Avec son pied, son chapeau mignon, il dit la promesse d'une maison, d'un abri, d'un lieu où l'on serait chez soi, protégé et pourquoi pas, consolé. Il dit, ce petit champignon, la promesse d'un toit haut, pas arrogant du tout, pas le toit d'un manoir ni d'une grande demeure bourgeoise, juste un petit toit où trouver refuge quand le moi est en peine. Elle aime aussi comment son regard s'habitue. Au début, elle ne les voit pas, elle ne voit rien et puis peu à peu, elle devient comme un chat la nuit. Elle apprend à les distinguer. Elle se rend compte qu'ils sont bien là, partout. Il y en a plein, plein de cette vie qu'ils ont puisée dans la force souterraine, invisible mais pourtant bien présente de ce vaste mycélium dont ils ne sont que la partie émergée. Ils n'ont l'air de rien, mais qu'ils soient vénéneux ou nourriciers, mortels ou hallucinogènes, ils disent la force obscure et spontanée d'une nature qui est aussi la nôtre. Pour en parler ce matin, de champignons certes, mais aussi de force et de fragilité, j'ai la joie de recevoir la chanteuse Pomme, autrice, compositrice, interprète. Pomme, dont le troisième album, Consolation, donne justement à voir sur sa pochette une femme coiffée d'un champignon. Pomme qui n'hésite pas à se produire sur scène, coiffée de ce champignon. Pomme donc, qui nous a rejoint ce matin dans cette caverne de France Inter aussi chaleureuse qu'un sous-bois. Sous le soleil, pour le coup, un peu pâle de Platon, pour nous aider à réfléchir à cette belle question. Faut-il que nous ayons des failles pour devenir forts ? Sous le soleil de Platon. Charles Pépin sur France Inter. Bonjour Pomme. Bonjour, bonjour. Merci beaucoup d'être là déjà. Avec plaisir. Et d'avoir accepté ce live qui va bientôt arriver. C'est vraiment un plaisir, je suis très heureux de vous recevoir, surtout que ça fait deux jours que je vis dans la joie de vous réécouter et de vous écouter pour préparer l'émission. Mais est-ce que vous êtes prête à parler de champignons pendant une heure ? Moi, il n'y a pas de problème à ce niveau-là. Je ne suis pas une scientifique, je ne suis pas calée à tous les niveaux sur ce sujet-là, mais je suis très intéressée par le sujet, c'est vrai. Vous n'êtes pas une mycologue, vous voulez dire ? Pas encore. J'avais un projet de faire un podcast où je voulais inviter des mycologues, justement, des scientifiques, des philosophes. C'est toujours en cours, mais j'ai beaucoup de projets dans la vie, donc il faut choisir un peu. Mais alors, je vous ai entendu dans une émission de France Inter, Le Grand Atelier, parler des champignons, et moi, je ne connaissais pas du tout, en fait, je suis encore moins compétent que vous. Mais c'est vrai que j'ai été surpris. C'est fascinant, c'est complètement fascinant. En fait, depuis que je suis toute petite, ça m'a toujours fascinée, j'ai toujours trouvé ça beau. Je pense qu'il y a la culture populaire, il y a Alice au Pays des Merveilles, il y a les schtroumpfs, des choses aussi simples que celles-là. Mais en fait, en creusant un petit peu dans les dernières années, avant que ça devienne de la mode, parce qu'il y a aussi une mode du champignon, c'est en si, ce qui est assez ... Je ne savais pas. Oui, oui, c'est à la mode. Les champignons hallucinogènes sont à la mode, mais aussi même l'idée de s'intéresser à la mycologie, c'est devenu un peu fancy, un peu un truc de hipster. Oui, mais tu vois, c'est ce qui prouve ma regardise. Voilà. Et du coup, en s'y intéressant scientifiquement, on découvre un peu des merveilles. C'est vraiment un monde à part. C'est un peu comme les plantes et les arbres et la nature, mais c'est encore plus complexe et fascinant, je trouve. Oui, c'est sûr que ce que les gens ne savent souvent pas, c'est qu'en fait, les champignons, ils émergent comme ça à la surface, mais ils sont reliés à une immense force souterraine qu'on appelle le mycélium, qui est ramifié comme ça, comme une toile. Une toile. Et le champignon, c'est le fruit du mycélium et c'est seulement ce qu'on voit à l'œil nu. C'est la partie visible de l'iceberg. Mais en effet, en dessous de la Terre, il y a des espèces de filaments de mycélium qui créent des réseaux immenses. Par exemple, il y a des arbres dans la forêt qui ne peuvent vivre que grâce au mycélium qui apporte de la lumière et des vitamines qui viennent de très, très loin et qui, sous la Terre, apportent ce qu'il faut aux racines des arbres. C'est assez fou. Ça veut dire que l'essentiel de la force est invisible et que ce qui jaillit, c'est la partie émergée de l'iceberg. Voilà, c'est ça. Et le champignon est comme la pomme du point de vue du fruit. Oui, c'est un fruit. C'est un fruit qu'on peut manger, qui peut être dangereux. Il y a ça aussi qui est fascinant. Il y a l'idée que dans la culture populaire, dans les légendes, le champignon, la manite, c'est une mouche qui est le champignon qu'on voit souvent, celui qui est rouge à poids blanc. Il est dangereux, il est hallucinogène, il y a des champignons qui sont mortels. Ça, ça fait toujours un peu peur. Ça amène tout de suite dans un univers un petit peu fantastique et de contes, en fait. Il y a aussi une autre idée, c'est qu'on les trouve d'autant plus qu'on ne les cherche pas. On pourrait presque dire qu'à la base, quand on va cueillir, ramasser des champignons, on a envie d'en trouver. Et finalement, ce que disent les spécialistes, et peut-être vous faites ça pour le plaisir, c'est qu'à un moment, c'est quand on arrête d'être obsédé par le fait d'en voir que finalement on les voit. Est-ce que ce n'est pas une métaphore aussi de la créativité ou de la composition de chansons ? C'est vrai, c'est vrai, c'est totalement vrai. En fait, il y a quelque chose avec les champignons qui cristallise beaucoup de thématiques qui moi me sont chères. Il y a en effet cette idée de connexion à la nature, cette idée de l'invisible, cette idée du fantastique. Il y a aussi cette idée de la créativité et il y a aussi quelque chose dans le champignon qui n'est pas du tout genré dans le sens où le champignon n'est ni une plante ni un animal. Et c'est une catégorie à part. Il a son règne à lui, je crois, le règne fongique. Exactement. Et du coup, c'est spécial parce qu'on ne peut pas dire c'est une plante ni un animal. Donc qu'est-ce que c'est dans ce cas-là ? Et c'est toute une partie de la biodiversité qui est un peu méconnue. C'est dingue. Moi, j'ai remarqué en tout cas quand je vais chercher des champignons qu'en effet, au début, il y a toute une phase où on ne voit rien et on n'en voit pas. Et quand on commence à en voir, en fait, il y en a vraiment partout et c'est complètement maboule parce qu'on se rend compte que toutes les balades qu'on a faites en forêt depuis toujours étaient remplies de champignons qu'on ne voyait pas en fait. On se rend compte qu'on ne sait pas voir. Exact. Et c'est aussi des petits camouflages en fait parce qu'ils sont complètement fondus dans le décor. Pour certains, on ne peut presque pas les voir. Ils sont sur les troncs d'arbres et d'autres sont bleus turquoise, complètement magnifiques. C'est irréel, merveilleux, ça indique une force souterraine qui est là mais qu'on ne voit pas. Et aussi, j'ai envie de dire, il y a quelque chose comme une fierté quand même. Oui, complètement. Complètement. Cette idée de surgir et de sortir. Je suis là. Je suis là. Alors, on ne va pas parler non plus que des champignons, Flob, pendant une heure. On va essayer de vous connaître mieux en écoutant plein de sons. Et le premier que je vous propose d'écouter, c'est « Grandiose ». Et vous allez voir pourquoi. J'ai envie d'un enfant dans le ventre, qu'on s'aime, qu'on ait une vie grandiose, grandiose. Alors, « Pomme », c'est « Grandiose », sublime chanson extraite de votre deuxième album « Les Failles ». J'ai l'impression d'écouter à la fois Barbara, d'écouter un champignon. Et surtout, est-ce que vraiment ça n'existe pas, une vie grandiose ? Je pense que c'est une déconstruction que j'ai faite en grandissant parce que je crois que je me suis projetée dans une vie, en tout cas, parfaite et très « normée ». En fait, je pense qu'une vie grandiose existe mais que la vie qu'on a prévue n'est jamais vraiment celle qui nous arrive, je ne sais pas comment dire ça autrement à 9h du matin. Mais je pense que cette chanson, c'est au-delà du sujet de la maternité, du sujet de l'orientation sexuelle et de l'identité. Il y a cette idée que la vie qu'on nous voit bien tracée, une vie comme ça n'existe pas, mais ça ne veut pas dire qu'une vie grandiose n'existe pas. C'est vraiment l'idée de réinventer les codes de ce qu'on attendait et de ce qu'on veut en fait. Et il y a cette idée aussi, quand même, qui nous appartient de la conquérir, de se battre pour elle. Vous avez le premier rôle dans un film « La Vénus d'argent » d'Hélèna Klotz qui sort je crois dans quelques mois et il se trouve que c'est aussi l'histoire d'une jeune fille qui veut bouffer la vie, conquérir le monde. Elle vient d'un milieu où on ne bosse pas du tout dans la finance, mais son truc c'est de conquérir le monde de la finance, peut-être pour avoir une vie grandiose. Oui, c'est un rôle qui m'a tout de suite vachement parlé parce que c'est un film qui parle d'ambition féminine et du fait de vouloir partir d'un point A et d'arriver à un point B. C'est un film qui parle du chemin vers un désir de carrière et une ambition. Et en fait, même si c'est la finance, ça m'a beaucoup ramené à mon propre cheminement dans l'industrie de la musique et dans la vie en général. Finalement, vous avez cette voix que moi, je suis envie de qualifier un peu « samanique habité ». Et pourtant, il y a beaucoup de... comme une volonté au fond, une valeur qui n'est pas souvent mise en avant par les artistes, mais j'ai l'impression que dans votre cas, cette conquête d'une vie grandiose, d'une vie qui n'est pas celle qu'on m'a prévue, qu'on m'a réservée, elle demande de la volonté. Oui, je pense que c'est en tout cas, quand je parle de déconstruction, c'est cette idée de faire le deuil de certaines notions de « normalité ». Moi, c'est vraiment le chemin que j'ai fait, c'est entre 18 ans et 25 ans, d'accepter que tout ce que j'avais prévu de basique et de normal et de simple, et tout ce qu'on nous propose aussi dans les médias et tout ce qui est représenté dans les médias, n'était absolument pas adapté à ce que je suis aujourd'hui et à ce que j'allais devenir, et qu'en fait, c'est aussi une force de pouvoir habiter dans cette société et vivre et trouver une place dans cette société en contournant la norme, justement, et je pense que j'ai de la chance aujourd'hui parce que moi, je suis dans un milieu avec de la créativité, avec des possibilités de me réinventer et de me chercher, mais ce n'est pas évident, je pense, pour les gens de ma génération et même les plus jeunes, de trouver un espace de sécurité et de confiance et de se dire « ok, moi, c'est ça que je veux faire ». C'est compliqué, quoi. Mais c'est beau aussi de leur dire que c'est possible et de leur dire de ne pas renoncer. Il y a un de vos titres, « 1 million », dans lequel vous dites « il faut garder ses larmes pour avoir l'air normal ». Oui, il y a vraiment cette notion de la normalité qui m'a beaucoup pesée et qui transparaît dans mon travail. J'ai l'impression que cette normalité, c'est tout simplement ce qu'on appelle la famille nucléaire. Aujourd'hui, c'est la famille hétérosexuelle avec des enfants, avec une maison, avec des vacances, avec cette espèce de normalité écrasante qu'on voit dans les médias, justement, quand on va voir un film, quand on regarde une série, quand on lit un livre, quand on écoute la radio, justement, en tout cas à l'époque où j'ai grandi et dans le milieu dans lequel j'ai grandi. Cette normalité, elle était la seule option, et c'est vrai que le fait d'avoir complètement dévié et d'avoir fait mon propre chemin, d'avoir quitté le domicile familial très jeune et de m'être inventée justement autrement et en dehors de ces codes-là, ça a été libérateur pour moi. On en parle encore beaucoup parce que j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de gens qui sont encore beaucoup empêchés par ça. Et puis, ça n'a pas été si longtemps que ça, vous avez 27 ans, vous êtes partie à 18 ans. Je crois quand même que vos parents vous ont donné deux ans, donc ils vous ont quand même soutenu, enfin au moins pendant deux ans. Est-ce que vous pensez, Pomme, qu'une vie grandiose, ça se fait avec ses failles ? Je pense, oui, je pense que c'est un grand sujet pour moi parce que c'est le sujet de mon deuxième album déjà, donc c'était vraiment le principal sujet d'inspiration pour Les Failles, qui était un album qui parlait vraiment de tout ce qui était imparfait et de comment accepter que ce soit imparfait. Et en même temps, je suis quelqu'un d'extrêmement exigeante et d'extrêmement perfectionniste justement et c'est quelque chose qui peut me peser au quotidien et c'est toute cette question de trouver l'équilibre entre l'idée d'être perfectionniste et d'aller vers le travail et la rigueur et en même temps de ne pas être mangé par ça. Et encore aujourd'hui, je suis toujours un peu dans cette recherche d'équilibre, même après cet album, après Les Failles, après avoir été récompensé, après avoir rencontré un public. Et je pense que Consolation, justement, c'est une réponse à ça aussi, c'est de se dire ben en fait, j'ai parlé de mes failles à la France entière et j'ai dit que j'étais en train de les accepter, mais c'est pas forcément le cas à tous les niveaux et c'est pas possible de s'accepter complètement du jour au lendemain juste parce que j'ai un album qui a marché. Et la Consolation, c'était aussi un peu la réponse à ça, c'était l'idée que plutôt que d'essayer de lutter contre ces failles et cette vulnérabilité, de vivre avec vraiment et... De le dire oui. Oui, c'est ça. Et d'arrêter de... Ni de la valoriser, ni de la rendre méchante, de vraiment juste lui laisser une place dans ma vie. Lui consentir, on pourrait dire, consentir à ce qu'elle existe. Exact. C'est aussi, on connaît le mot de Léonard Cohen, c'est parce qu'il y a une faille, une faillure que passe la lumière, c'est bien sûr ce qu'on entend dans votre voix. Je vous propose d'écouter un deuxième son, c'est votre reprise de Göttingen de Barbara, parce que s'il y en a une qui a su faire passer les lumières dans ses failles, c'est bien Barbara. Ce n'est pas la scène, ce n'est pas le bois de Vincennes, mais c'est bien joli toi-même, à Göttingen, à Göttingen. Pas de quête, pas de rengaine, qui se lame, qui se trame, mais l'âme est fleurie quand même, à Göttingen, à Göttingen. C'est dur d'interrompre cette sublime reprise. Quand j'entends ça, je me dis, je pense qu'on est nombreux à se dire ça, que c'est étonnant une reprise quand même, c'est comme si vous deveniez encore plus vous-même, nous laissiez encore plus entendre votre voix grâce à la voix d'une autre. C'est particulier cette chanson-là, en plus il y a une version sur Youtube de cette chanson-là que je chante quand j'ai huit ans, sur ma chaîne Youtube, parce que c'est la première chanson de Barbara que j'ai chantée quand j'avais huit ans, et j'ai découvert cette chanson-là par le biais de ma prof de chant qui s'appelle Jeanne Garot, qui est une personne incroyable que je cite parce que c'est elle qui m'a fait découvrir Barbara quand j'avais huit ans, et elle m'avait chanté cette chanson qui est absolument sublime et tellement chargée, et à l'époque je pense que je n'ai pas du tout compris l'ampleur de ce texte et l'ampleur de cette chanson, et du coup quand on m'a proposé de faire une reprise dans cette émission qui était une émission symphonique arrangée par Yvon Cassart, j'ai voulu faire cette chanson-là, et c'était au Châtelet, et c'est un théâtre que Barbara a beaucoup pratiqué parce qu'elle a joué là-bas, et en fait il y avait un truc un peu magique, c'était pendant le Covid, et c'est une chanson qui est, enfin au-delà de la chanson, c'est une artiste qui pour moi est immense et très très très importante, et que j'ai découverte à huit ans, donc elle a vraiment fait partie de ma construction, et je pense qu'en effet j'ai tellement écouté qu'il y a une partie d'elle qui m'habite, et en tout cas il y a une place pour elle dans mon travail qui est énorme. Est-ce que vous vous souvenez du moment où vous vous êtes dit, j'imagine enfant, et essayez de répondre honnêtement, avec cette voix, avec mes instruments, avec la musique, avec les reprises, en étant traversé par la vie, les souffrances, les joies de quelqu'un comme Barbara, je vais pouvoir faire de ma vie une vie grandiose ? Alors si j'associe ce sentiment-là au sentiment de vouloir être artiste, ça remonte à très longtemps, et ça remonte à ces années-là, quand j'avais sept, huit ans, quand j'ai pris des cours de chant pour la première fois, et que je me suis dit, en fait c'est ça que j'ai envie de faire, et en fait c'est marrant parce que quand j'étais enfant, j'étais à la fois très triste et mélancolique, et j'étais déjà un peu sombre dans ma façon de voir les choses et dans mes réflexions, et en même temps j'avais une sorte de confiance en la vie que j'ai toujours aujourd'hui, et cette joie de vivre, et ce besoin de rire, et d'être aussi dans une sorte de légèreté, donc c'est une espèce d'équilibre hyper fragile, mais quand j'étais enfant, j'étais déjà dans cette dualité, d'aimer Barbara et d'aimer ses textes, et de pleurer en écoutant de la musique triste, et en même temps, d'être vraiment tellement investie dans la vie, et d'être en activité tout le temps, et en ébullition, et je me souviens pas d'un moment où je me suis dit, la vie va être grandiose, parce qu'en fait, je crois qu'à l'époque, j'étais trop insouciante encore, et je pense que c'est plus tard, je pense que ça fait pas si longtemps que j'ai vraiment confiance en l'avenir, et en ma place dans cette vie, je pense que quand j'étais enfant, j'étais encore dans une espèce de naïveté propre à l'enfance. Alors il y a quelques jours, vous avez été chantée au Francopholis, devant des milliers de personnes, je crois 20 000, je crois que c'était avant ou après, enfin peu importe, tout près de Louise Attac et de Paul Naresque, Paul Naresque que vos parents écoutaient quand vous étiez enfant, est-ce que là, quand vous êtes devant 20 000 personnes, et que ça se passe hyper bien, vous vous sentez envahie par un fort sentiment de puissance ? Il y a des émotions positives, ça c'est sûr, alors comment les nommer ? Un sentiment d'être à ma place en tout cas, et un sentiment de fierté, un sentiment aussi d'acceptation justement, et il y a un petit rituel que je fais depuis quelques semaines avant de monter sur scène, je donne une intention au concert avec un petit morceau de Palo Santo, c'est un petit bois d'Amérique du Sud qui sent hyper bon, et un peu appropriation culturelle du coup, c'est vraiment pas un truc de France, mais c'est vraiment un rituel où je donne une intention avant chaque concert, et si je sens que pendant le concert je perds confiance ou que quelque chose me sort du concert, je me ramène à cette intention-là, et dans les derniers temps, mes intentions c'était vraiment être fier de moi, m'amuser, ne rien devoir à personne, donc il y a vraiment cette idée où sur scène, j'ai l'impression que c'est mon espace de liberté, et qu'en fait je suis un peu intouchable, alors qu'en réalité il y a aussi une immense vulnérabilité de chanter ces chansons-là devant 20 000 personnes qui ne connaissent plus ou moins, et qui découvrent pour la plupart sur scène mon album et mon projet, c'est aussi à la fois hyper vulnérabilisant, mais en même temps il y a cette idée que pendant cette heure-là, c'est un espace qui m'appartient, et que j'en fais vraiment ce que je veux, et qu'il n'y a pas de limites justement, c'est l'inverse de ces injonctions à la normalité, quand je suis sur scène j'ai l'impression de réinventer tout quoi en fait. Et bien écoutez Pomme, merci de nous donner ce petit secret, l'intention, et maintenant on va votre voix, on va l'entendre en live, vous avez gentiment accepté cette proposition, donc je vous laisse vous installer, pendant qu'on écoute résonner cette belle idée de se donner une intention pour monter sur scène, et pour savoir conquérir un espace à soi, comme une chambre à soi un petit peu, mais partagée avec 20 000 personnes quand même. Quand même, alors je suis installée à mon nouveau poste, je vais juste enlever ma casquette. Je dis juste le titre, c'est Rivière, un extrait de votre dernier album Consolation, qui est d'ailleurs co-écrit avec Flavien Berger, qui était ici même hier matin. C'est ce qu'on m'a dit. Alors... Quand même, alors je suis installée à mon nouveau poste, je vais juste enlever ma casquette. Je dis juste le titre, c'est Rivière, un extrait de votre dernier album Consolation, qui est d'ailleurs co-écrit avec Flavien Berger, qui était ici même hier matin. Quand même, alors je suis installée à mon nouveau poste, je vais juste enlever ma casquette. Quand même, alors je suis installée à mon nouveau poste, je vais juste enlever ma casquette. Mais souviens-toi toujours Si tout ça fait trop lourd À porter Retrouve-moi en fier J'ai ramassé les plus belles pierres Envoie-toi si tu préfères Je reste là, les bras ouverts Tu apprendras tous les noms de fleurs Ça t'aidera à soigner ton cœur Mais ne pars pas en chemin Il y a des choix qu'on ne fait pas bien Dans ma façade Retrouve-moi en fier J'ai ramassé les plus belles pierres Envoie-toi si tu préfères Je reste là, les bras ouverts Le train passe et ne passe pas La nuit tombe et tout faillit déjà Retrouve-moi en fier J'ai ramassé les plus belles pierres Envoie-toi si tu préfères Je reste là, les bras ouverts Je te connais, tu as souffert Tu as gardé sous tes paupières Tant de secrets, tant de couleurs Et sur ton front, de la poussière Merci, c'était un beau cadeau Et là, vous aviez quelle intention ? Je pensais un peu à Flavien C'est une chanson qu'il aime beaucoup sur l'album Sur laquelle on a fait des chœurs tous les deux Il y a une ligne de chœurs un peu magique C'était un peu magique quand on l'a enregistré en studio On s'est mis un peu à ça, à ce moment de décembre 2021 Où on a enregistré ce morceau au Québec Je reviens sur l'idée de chamanique Surtout que les chamanes aiment bien utiliser parfois les champignons Pour communiquer avec les esprits Est-ce que pour vous, chanter, c'est convoquer un esprit ? C'est une question un peu mythopédique juste après le live Mais c'est vrai qu'on entend quelque chose qui est très spirituel J'ai été très marquée par mon éducation qui était chrétienne, catholique Donc j'ai été très marquée par les rituels de la religion Même si aujourd'hui je ne pratique plus du tout Et qu'il y a plein de choses avec lesquelles je ne suis vraiment pas en accord Mais l'idée de ritualiser, de chanter Quand j'étais enfant, quand j'allais au catéchisme avec grand bonheur Toujours les gens disaient que chanter c'était comme une façon de prier deux fois C'était plus intense que de faire une simple prière Et en fait je pense que j'ai vraiment associé le chant et la musique à quelque chose d'un peu sacré Même si aujourd'hui j'y donne un sens beaucoup plus intime Et personnel et pas du tout religieux Mais je pense que oui, j'ai été marquée par les rituels Et par l'idée de chanter, d'aller tous les dimanches à l'église Et d'avoir ces intentions-là quand je chante Après il y a aussi maintenant quelque chose qui est lié à l'instant présent Quand je chante, il y a cette envie de me raccrocher à l'instant présent Parce que je suis quelqu'un qui... J'arrive pas du tout moi à être dans l'instant présent Donc je suis soit dans le passé, soit dans le futur tout le temps Je suis jamais en train de me connecter à l'instant présent Et pour moi chanter c'est aussi une façon de rester présente à la vie du moment Et de pas m'échapper dans des pensées Alors que la rivière ça emmène un peu ailleurs Voilà, c'est vrai qu'il y a cette envie Et même pendant les concerts c'est quelque chose aussi que j'essaie de mettre en place De me dire, peu importe ce qu'il se passe, de me raccrocher aux gens Et de me raccrocher au présent Et j'imagine qu'en ce sens-là c'est comme une invocation un peu spirituelle En tout cas cette envie de me connecter au présent Alors vous écrivez vos textes C'était pas d'ailleurs le cas depuis le début C'est le cas et vous racontez que ça a été important dans ce chemin vers la confiance Je vais lire un de vos textes, Les séquoias Donc c'est dur ce que je fais parce qu'il n'y a pas la musique Et c'est pas fait pour ça Mais comme je le trouve très beau, très bien écrit Et qu'il est encore question d'une rivière Je me permets de faire ça Donc c'est Les séquoias, extrait de l'album Les failles Que vous avez fait avec Albin de la Simonne Mais c'est un texte de vous, Claire Paumé Les séquoias Quand j'ai marché dans l'allée des séquoias J'ai respiré en entier pour une fois Et envoyé 2000 prières au vent Pour nous sauver de toutes les peines d'avant Avant la rivière asséchée Avant que tout soit emporté Je veux retourner dans l'allée Entendre les séquoias chanter Apprivoiser le silence, les faiblesses de ma voix Et habiter mon corps pour la première fois J'ai bien gardé tous les secrets du vent Entremêlé la sève épaisse et mon sang Avant les arbres déracinés Avant que tout soit emporté Je veux retourner dans l'allée Entendre les séquoias pleurer Quand j'ai marché dans l'allée des séquoias J'ai respiré en entier pour une fois Oui C'est agréable d'entendre lu comme ça C'est comme un poème Il y a ce rythme avec les rimes et le rythme d'un texte chanté et un peu poétique forcément Mais il y a aussi une rivière encore J'ai une obsession des rivières et de l'eau en général je crois qui pour moi est liée à l'évolution à la mort et à la naissance Je pense que l'élément de l'eau est important pour moi Après il y a le fait tout simplement que je me sers beaucoup de souvenirs et je vais beaucoup chercher dans mon enfance et j'ai une partie de ma famille du côté de ma mère qui vient du sud de la France mais pas là où il y a la mer, là où il y a des rivières en Provence Il y a l'Eau Vèse qui est la rivière qui coule à côté de cette maison dans laquelle ma grand-mère a grandi et j'ai beaucoup été à la rivière quand j'étais enfant à la mer mais aussi à la rivière et j'aime beaucoup les rivières Il y a comme un microcosme Je ne sais pas comment expliquer mais je trouve que c'est rassurant les rivières, c'est petit Il y a ce petit monde qui est le bord de la rivière Au bord de la rivière il y a un micro-système de vérité Je ne connais pas encore le nom Je pense que ce qui est rassurant c'est les choses qui ont des contours et la mer, je trouve ça incroyable mais comme c'est infini, c'est un peu angoissant alors que la rivière, il y a des contours et il y a une enveloppe à la rivière et je trouve que c'est très rassurant Alors je vous propose d'écouter maintenant une autre évocation de la rivière que vous allez je crois reconnaître A coup, écoute-moi, ce que je vais te dire je ne m'en souviens pas vraiment moi-même mais je sais que ma maman me l'a raconté Quand j'étais toute petite, je suis tombée dans une rivière Le temps a passé Ils l'ont remblayé, ils ont mis des immeubles dessus Mais il y a une chose dont je me souviens Ça vient de me revenir Cette rivière, c'était là La rivière Kohaku Donc vraiment c'est Kohaku Comme la rivière Alors c'est le voyage de Shihiro, vous l'avez reconnu Oui, ça me donne des petits frissons même J'ai les poils hérissés La chanson La rivière que je viens de chanter elle est directement inspirée du voyage de Shihiro et de ce rapport qu'ont les deux personnages à cette rivière et à l'eau Au souvenir, pour moi, ça cristallise toutes mes passions L'enfance, la rivière, l'eau, la mort, la vie, l'amour Et c'est vraiment mon film de chevet, je ne sais pas Je l'ai inventé C'est un film qui m'a vraiment marquée J'ai eu la chance de grandir avec les films de Miyazaki et pas les films du Disney C'était vraiment un choix de ma mère de nous priver de Disney Maintenant je me suis rattrapée et j'ai grandi avec ces figures féminines de personnages incroyables et hyper puissants et je pense que ça m'a évidemment formée en tant que petite fille et en tant que femme Le voyage de Shihiro, ça reste pour moi la référence ultime même dans la musique les arrangements sont magnifiques je suis en train de préparer des concerts avec des orchestres et pour moi, la musique de Joey Izaishi c'est une référence vraiment très importante D'ailleurs jeudi au passage à Québec c'est l'orchestre que vous êtes en train de créer Vous êtes retournés dans toute la France pendant tout l'été mais vous serez aux Nuits de Fourvière à Lyon le 26 juillet et tout ça comme le champignon final arrivera aux deux zéniths de Paris le 11 novembre et le 17 novembre je crois qu'une des dates est déjà complète Le 16 est complet et le 17 n'est pas complet Mais il reste de la place pour le 17 novembre donc dépêchez-vous de réserver Il y a aussi dans cette rivière l'idée d'esprit et aussi l'idée de fluidité peut-être on entend que la joie peut-être à la différence du bonheur relève de la liquidité on pourrait dire que la joie est liquide et le bonheur est plus solide Oui c'est vrai mais il y a quelque chose de rassurant dans l'eau parce qu'on dirait que l'eau rend tout possible l'eau c'est aussi ce qui lave, ce qui rafraîchit, ce qui purifie c'est lié aussi à la naissance c'est lié à tellement de choses rassurantes et oui dans le voyage de Chihiro le personnage de Haku qui est un dragon et aussi un humain c'est l'esprit de la rivière et c'est cette espèce aussi de notion très importante dans la culture japonaise de donner une âme à la nature c'est l'animisme et du coup d'animer et de donner une âme et de donner un corps et des émotions à la nature pour moi c'est quelque chose d'assez important dans mon travail parce que ça permet de rendre la nature vivante et du coup d'avoir de l'empathie d'ailleurs dans les sequoias il y a aussi une forme de je dis que les arbres vont pleurer chanter chanter, pleurer donc pour moi je crois que ça vient aussi de l'art et ça vient aussi de ces films d'animation japonais qui donnent une voix à la nature et qui donc permettent d'avoir de l'empathie une voix ou plusieurs d'ailleurs c'est la polyphonie de la nature vous êtes une sorte de panthéiste en fait vous avez ce projet de faire quelque chose avec le livre de Goliarda Sapienza l'art de la joie je suis trop contente qu'on en parle encore en plus pas plus tard qu'il y a une heure j'ai reçu un message sur Instagram de sa maison d'édition qui m'a dit qu'ils allaient sortir un nouveau livre d'elle et j'ai presque pleuré de joie parce que j'ai lu tous ses livres et comme elle est décédée il n'y a plus de possibilité de dévorer encore mais l'art de la joie c'est un petit peu la pièce maîtresse de Goliarda Sapienza qui est un énorme pavé de 700 ou 800 pages que j'ai lu il y a deux ans et en fait c'est une autrice sicilienne qui est née je crois en 1924 et qui est morte en août 96 donc l'année et le mois de ma naissance et qui a écrit toute sa vie des essais des livres, des pensées qui maintenant sont quasiment tous publiés et c'est une femme bisexuelle au 20ème siècle ce qui est assez rare dans la littérature en tout cas on découvre aujourd'hui beaucoup plus d'écrits de femmes bisexuelles mais c'est pas évident à trouver à dénicher et l'art de la joie ça parle de sa vie mais c'est un petit peu romancé ça part de son enfance jusqu'à ses 30 ou 40 ans et c'est complètement fou c'est un espèce de voyage dans la Sicile du 20ème siècle avec le fascisme, le communisme la bourgeoisie, la prison à un moment donné elle vole des bijoux, elle va en prison et elle tombe constamment amoureuse et en fait elle raconte ses histoires d'amour avec des hommes, avec des femmes et sa vie de femme sicilienne du 20ème siècle et avec une pensée tellement libre que c'est un peu renversant parce que c'est une autre époque et d'ailleurs l'art de la joie est sorti après sa mort c'est vrai que c'est un grand livre qui nous dit la puissance qu'on peut trouver quand on consent à ce qu'on est quand on arrête de se justifier et quand on dit c'est comme ça, c'est ce que je suis et vous allez faire avec on va écouter maintenant un autre de vos titres 1 Million je précise que ce disque qui est sorti en single il a annoncé la réédition de votre 3ème album Consolation et d'ailleurs c'est marrant parce que sur la pochette il y a encore une fois un champignon 1 Million c'est pas facile non combien de fois j'ai retenu mes lords combien de fois pour avoir l'air normal 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million combien de fois j'ai retenu mes lords combien de fois pour avoir l'air normal 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million 1 Million