In the town, strange things are happening. Buildings are changing, and a bulldozer threatens to destroy a majestic old tree. But then, colorful murals and a golden dome appear, and a magician saves the tree. The tree becomes the centerpiece of a magical house, and the children learn that we are all tenants of the earth. The fairy tale is just beginning.
Une maison fantastique. Ăcrit par GĂ©raldine Huffner et Lucille Vandeweld. Mais que se passe-t-il dans la ville ? Notre ville si grande, notre ville si sage, notre ville si grise. Depuis quelques temps, on y voit des choses bien Ă©tranges. La vieille fabrique d'AuxiĂšme, l'immeuble de Mamie, s'est zĂ©brĂ©e le drĂŽle de damier. Plus loin, une grande cheminĂ©e d'usines s'est mise Ă briller. Qui s'amuse ainsi Ă tout chambouler ? « Le fantĂŽme des toits ? » chuchote LĂ©a. « La sorciĂšre des bois ? » murmure LĂ©o.
« Tokyo ? » en reste sans voix. « Il est pourtant bavard, mon bel Ara. » Le plus incroyable, c'est encore ce qui est arrivĂ© chez nous, juste en face de la boutique de fleurs de maman. LĂ , dans le grand terrain sauvage, coincĂ© entre les maisons, vit un vieil arbre grand et majestueux, au beau milieu des herbes folles. Cet arbre, c'est le vieux roi de notre petite forĂȘt. Tokyo aime se cacher dans ses branches et Ă l'ombre de sa couronne.
Je fĂȘte tous mes anniversaires avec LĂ©o et LĂ©a. Ce jour-lĂ , un jour par an, la petite reine, c'est moi. Mais un beau matin, des bulldozers sont arrivĂ©s. Des grues, des pelleteuses, des camions. En un rien de temps, ils ont envahi tout le terrain. Moi, les chantiers, j'aime bien ça. Cette fois, pourtant, j'ai hurlĂ©. « Stop ! Touchez pas Ă mon arbre ! » Mais personne ne m'a Ă©coutĂ©e. Un homme coiffĂ© d'un casque m'a mĂȘme barrĂ© la route.
Encerclé et saumé par le bruit, il s'est retrouvé là , mon roi. Tout seul, tout poussiéreux, tout miséreux, emprisonné dans la ville. Pendant la nuit, quelqu'un a dû passer par là . Car le lendemain, une drÎle de cape entourait le vieux trÎne. Une cape d'ogre. Une cape d'ogre a balboussé les hauts. Une cape de diable a bafouillé les hauts. C'était son signe qui ordonnait de l'abattre. Tous les jours, on le guettait, ce pauvre roi déchu. Mais entre lui et moi, les murs de briques grandissaient, grandissaient.
Et brusquement, les feuilles ont disparu de notre vue, pour de bon. Pendant ce temps, sur le chantier, des taches de couleurs éclaboussaient les murs. Et tout autour, les lignes filaient, telles des vagues qui serpentaient, qui couraient. Par endroits, des spirales de mosaïque s'enroulaient. Et se déroulaient comme des escargots dans leurs coquines. De leurs grands yeux clairs, les murs nous observaient. Chacun d'eux avait un petit quelque chose bien à lui. Un bonnet, un béret, une écharpe colorée.
Face Ă face, on se regardait. Alors, avec nos craies et nos pinceaux, on s'est mis Ă dĂ©corer nos fenĂȘtres, nous aussi. En bas, un ruisseau de pavĂ© semblait s'Ă©chapper de la cour pour couler le long des rues. Un vrai vent de folie soufflait sur la ville. Ici et lĂ , de drĂŽles de troncs ont commencĂ© Ă sortir de terre. « C'est peut-ĂȘtre une forĂȘt qui font pousser », s'est demandĂ© LĂ©o. « Une forĂȘt fantastique ? » « Avant, chĂ©ri, LĂ©o, pleine d'or et d'animaux extraordinaires, ils se sont mis Ă rire.
Moi, je les imaginais en train de tenir compagnie à mon arbre des troncs bigarrés. » « Qu'est-ce qui se racontait la nuit ? » Quelques temps plus tard, nous sommes restés bouche bée. L'or s'était bel et bien invité sur le toit. Au perché, un gros bulbe brillait. « C'est magique ! C'est géant ! » On n'en revenait pas. Et si c'était un chùteau qu'ils construisaient ? Tokyo s'en étranglait. Le lendemain, ding dong, la cloche du magasin a résonné.
C'est un jardinier venu acheter toutes les plantes de la boutique de maman et des fleurs et des arbustes. Et il en voulait plus, beaucoup plus encore. Toute une forĂȘt. Mais oĂč allait-il mettre tout ça ? Enfin, le grand jour est arrivĂ©. En dĂ©couvrant la maison toute entiĂšre, mon cĆur a bondi de joie. Elle Ă©tait tellement belle, avec toutes ses couleurs et toutes ses formes biscornues. Ainsi couleur et quelle, un homme s'est avancĂ©. Costume Ă rire, drĂŽle de chapeau, souliers rigolos.
Ăa ne pouvait ĂȘtre qu'un magicien, le magicien des toits. LĂ©o et LĂ©a m'ont poussĂ© vers lui. « Vas-y Maya, demande-lui ! » Je n'y tenais plus. Alors, j'ai pris mon courage Ă deux mains. « Pardon monsieur, vous savez qui est devenu mon arbre ? » « Enfin, celui qui possĂšde lĂ , le vieux. » « Tu l'aimes bien Ă ce qu'on dirait, a sourit l'homme. » « Eh bien, moi aussi, venez voir. » Quelques minutes plus tard, nous Ă©tions tous rĂ©unis autour du gros tronc qui trĂŽnait dans la cour centrale, sous les reflets du beuve dorĂ©.
« On aurait dit le roi d'une nouvelle petite forĂȘt. » « Nous l'avons bien protĂ©gĂ© ton arbre, » a racontĂ© l'homme. « Tu pourrais t'occuper de lui et de mes chers locataires avec tes amis. » « Vous voulez dire, les habitants ? » « Non, les arbres, ils sont aussi chez eux, dans ma maison, et doivent se sentir bien. » « Ne sommes-nous pas tous locataires de la terre ? » « Terre ! Terre ! » a confirmĂ© Tokyo, en filant de cacher dans les branches.
« Et maintenant, les enfants, je vais vous faire visiter les lieux. » Le conte de fées ne faisait que commencer.