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A giant arrives in a tiny world and causes panic among its inhabitants, the Crocs. Three brave Crocs explore the giant's body, encountering cells and eventually reaching the heart. They continue to the brain, but find no indication of the giant's intentions. The giant is asleep and appears to be dreaming. The Crocs discover a beautiful scene of kites in the sky and realize that the giant is an artist. They conclude that there is nothing to fear from him. Le géant qui rêvait, Kandinsky, de Véronique Massonot et Peggy Neal, aux éditions L'Elon Vert. Il était depuis toujours un monde minuscule en tout. Un gratte-ciel, une ville, une autoroute y dépassait rarement le maître. Ses habitants, les Crocs, ne mesuraient eux-mêmes que quelques millimètres. Or, un jour, on ne sait trop comment, on se demande encore pourquoi, voilà qu'un géant débarqua là-bas. Panique à bord ! Avec ses chaussures pointures 612, on peut dire qu'il mettait les pieds dans le plat. Que voulait-il ? Était-ce juste un voisin tranquille en visite de courtoisie, ou l'éclaireur d'un peuple hostile sur le point de les envahir ? Pendant que le géant faisait sa pause pique-nique, l'une de ses fesses aplatissant gaiement le dos, et l'autre le jardin botanique, les Crocs s'interrogeaient. Une fois sa maxi-tartine avalée, le géant, repu, s'assoupit. « Vite, c'est le moment d'agir ! Il faut comprendre ce qu'il nous veut ! » Un trio de Crocs courageux, Zig, Zag et le jeune Tourbillon, se portent à volontaire pour partir en exploration. « Suivez-moi ! » commanda le premier, plus expérimenté. « Il suffit d'entrer par la bouche et de se laisser glisser dans le tuyau du fond. Vous verrez, c'est comme un toboggan ! » Le premier Croc disparut dans l'ouverture, suivi de près par ses compagnons d'aventure. « Comme c'est beau ! » souffla Zag. Dedans, la lumière était douce, teinte et de rose, et de drôles de bulles flottaient devant eux. « Des cellules ! » dit Zig. « Montons à bord. Ce sont de parfaits véhicules. Nous verrons bien où ils nous mènent. » Mais pas de veine. La circulation semblait difficile, et Tourbillon s'impatientait dans les bouchons. « Avancez donc, bande de globules ! Allez, plus vite ! On coagule ! » Soudain, Zag lança un « Hourra ! » Elle avait trouvé la fréquence des Crocs sur son antenne télépathique. « Allô ? Allô ? Ici les trois explorateurs. Est-ce que vous m'entendez ? » « Oui ! 5 sur 5 ! Où êtes-vous ? Donnez-nous votre position ! » Zig évita de justesse un groupe de molécules folles en excès de vitesse, et poursuivit. « D'après le bruit du moteur, nous approchons du cœur. Et de votre côté ? Rien à signaler ? » « R.A.S. ! Le géant dort comme un bébé. Vous pouvez continuer ! » Voilà ! Ils étaient dans le cœur, où la vie bat tambour. Des vagues d'ondes les portaient, tantôt rouges, tantôt bleus. Et le tempo les emportait, leur donnait envie de danser, d'entrer en trance. « Quelle ambiance ! » D'ailleurs, en pleine traversée du ventricule gauche, le jeune tourbillon sauta soudain du véhicule. « J'adore cette musique ! Écoutez ! C'est comme un cœur qui chante à mille voix ! C'est merveilleux ! Laissez-moi là ! » Mais Zieg n'était pas d'accord. Il remit les gaz, rattrapa le filard, et bifurqua dans une artère. « Nous sommes à contre-courant ! Accrochez-vous, les gars, et gardez votre sang-froid ! Le cerveau est en vue ! » Tourbillon soupira. « Mais tout à l'heure, dans le cœur, vous ne sentiez pas faire partie d'un grand tout, quelque chose de géant, de plus géant que le géant lui-même ? » « Chut ! » répondit Zieg. « Nous arrivons près de l'oreille ! » Ils garèrent la cellule, entrèrent par le vestibule, prisent l'escalier en collimation, et découvrirent enfin la salle de commande. Pour l'instant, tout semblait mis en veille. Seuls quelques points lumineux clignotaient dans la plénombre. Zieg observa le poste de contrôle. C'est ici qu'arrivent les données de l'extérieur, les sons, les odeurs, les formes, les couleurs. Regardez ! Là ! Il a aimé le goût de sa tartine, mais ses fesses trouvent notre sol un peu dur. Hélas, les trois explorateurs avaient beau regarder partout, rien, nulle part, n'indiquait la moindre intention, ni bonne, ni mauvaise, du géant endormi. Zieg reprit contact avec les crottes du dehors. « Allô ? Allô ? Nous ne trouvons pas grand-chose. Dort-il toujours profondément ? Eh bien, non, justement, j'allais vous appeler. » Les yeux fermés, pourtant, il a sursauté, s'est retourné, s'est gratté un peu. Nous avons eu très peur, mais finalement, il ne s'est pas réveillé. Là ! Il sourit. Nous pensons qu'il rêve. Soyez prudents ! Au même instant, dans la salle des commandes, une large fenêtre s'ouvrit en grand. Zieg, Zag et Tourbillon, d'abord éblouis par le flot de lumière, s'approchèrent doucement. Le spectacle était fantastique. Dans un ciel pur, bleu-azur, flottaient des dizaines de cerfs-volants, tous plus beaux, plus colorés, plus bigarrés, plus amusants les uns que les autres, et peut-être même vivants. D'ailleurs, l'un d'entre eux, soudain, les aborda. « Bonjour, petit ! Quelques loopings vous feraient-ils plaisir ? » Le trio n'hésita qu'un micro-dizaine de secondes avant d'embarquer pour un tour de manège extraordinaire. Ils se sentaient si bien, si légers, si apaisés dans ce décor aérien, si surpris, si émus par toutes ces formes, ces couleurs. Pas de doute, cette créature étrange est un artiste, un grand. Il n'y a rien à craindre de lui, qui vit beau, pense beau, et fait des rêves si géants. Sous-titrage Société Radio-Canada